Israël-Palestine: le Président palestinien propose devant le Conseil de sécurité une conférence internationale pour une reconnaissance mutuelle
Accusé par les délégués d’Israël et des États-Unis de se « dérober » à tout effort de paix, le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, a proposé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’organisation d’une conférence internationale de paix d’ici à mi-2018, dont l’un des objectifs serait une reconnaissance mutuelle entre l’État de Palestine et l’État d’Israël, sur la base des frontières de 1967.
Cette séance a été en outre marquée par les appels du Secrétaire général, M. António Guterres, et du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, en faveur de la solution des deux États –« il n’y pas de plan B », a déclaré M. Guterres- et par ceux de nombreuses délégations pour un appui financier à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Le Secrétaire général a déploré qu’après des décennies de soutien, le consensus global pour la solution des deux États était en train de s’éroder. « Les obstacles sur le terrain ont le potentiel de mener à la réalité irréversible d’un État unique », a-t-il estimé. M. Guterres a jugé impossible qu’un tel État unique puisse concilier à la fois les aspirations des Israéliens et des Palestiniens.
Le Secrétaire général a donc réitéré son engagement personnel à soutenir les parties en vue de parvenir à la solution des deux États. Le Coordonnateur spécial a indiqué, pour sa part, que « la fenêtre d’opportunités » pour une telle solution était en train de se refermer. « Si nous ne la gardons pas ouverte, le conflit israélo-palestinien se perdra dans le tourbillon de la radicalisation religieuse présente dans la région », a-t-il prévenu.
Le Président de l’Autorité palestinienne, dont l’intervention a été applaudie par plusieurs membres du Conseil, a indiqué que la conférence qu’il propose aura également pour objectifs l’entrée de la Palestine aux Nations Unies en tant qu’État Membre à part entière et la formation d’un mécanisme multilatéral international afin d’assister les deux parties à résoudre les questions en suspens identifiées par les accords d’Oslo (« Jérusalem, la sécurité, les colonies de peuplement, les réfugiés, l’eau et les prisonniers »).
Dénonçant la décision « dangereuse et illégale » des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, M. Abbas a en effet jugé qu’il était impossible « pour ce pays de résoudre à lui seul un conflit régional sans la participation d’autres partenaires internationaux ». Il a en outre demandé l’arrêt immédiat des colonies de peuplement israéliennes et la suspension de la décision américaine relative à Jérusalem.
De son côté, l’État de Palestine s’abstiendrait de rejoindre d’autres organisations, a-t-il assuré. Le Président de l’Autorité palestinienne a enfin affirmé que la Palestine restait engagée en faveur des efforts de paix, en citant l’invitation du Président russe de le rencontrer à Moscou avec le Premier Ministre israélien. « Mais ce dernier a, de manière regrettable, choisi de ne pas participer à une telle réunion », a-t-il regretté, en reprochant son intransigeance au Gouvernement israélien.
Une position balayée par le délégué d’Israël qui a accusé M. Abbas de se « dérober » et « de brandir le poing » chaque fois « qu’Israël lui tend la main ». « M. Abbas fait partie du problème, non pas de la solution », a-t-il dit, en déplorant que M. Abbas ait quitté la salle dès la fin de son intervention. « Parlez-nous! Ne fuyez-pas le dialogue », a lancé le représentant israélien.
Le Président de l’Autorité palestinienne a également essuyé les vives critiques de la déléguée des États-Unis. « Je suis assise ici aujourd’hui avec la main tendue des États-Unis au peuple palestinien pour la cause de la paix. Mais je vais refuser le conseil que m’a donné récemment votre meilleur négociateur, M. Saeb Erekat. Je ne vais pas me taire », a-t-elle lancé.
La représentante a déclaré que la voie restait ouverte à la direction palestinienne, pour autant que celle-ci soit assez courageuse pour l’emprunter. « Vous n’êtes pas obligé d’aimer notre décision de déplacer notre ambassade à Jérusalem. Vous n’avez pas à la saluer. Vous n’avez même pas à l’accepter. Mais sachez ceci: cette décision ne changera pas. »
Elle a en outre invité M. Abbas à mettre de côté sa colère et « à aller de l’avant avec nous » vers un compromis négocié pour améliorer la vie du peuple palestinien. « Nos négociateurs sont assis juste derrière moi, prêts à parler. Mais nous ne vous courrons pas après. À vous, Monsieur le Président, de faire votre choix », a conclu la représentante.
Certaines délégations ont accueilli favorablement les propositions de M. Abbas, le représentant de la France se disant prêt à étudier « une évolution des formats d’accompagnement international du processus de paix ». « Une telle évolution n’a pas vocation à remettre en cause le rôle des États-Unis », a-t-il indiqué, en invitant ce pays à formuler des propositions s’inscrivant dans le cadre agréé par la communauté internationale. « Le leadership des États-Unis reste indispensable », a renchéri le délégué du Royaume-Uni.
À l’instar de MM. Guterres et Mladenov, les délégations ont été nombreuses à demander un soutien financier accru à l’UNRWA, confronté à des coupes budgétaires. Le délégué de la Suède a souligné que son pays avait donné une contribution de 59 millions de dollars pour 2018 à l’agence. « La Suède, en collaboration avec la Jordanie, l’Égypte et l’UNRWA, va organiser une conférence sur la situation financière de cette agence onusienne au printemps prochain », a-t-il dit.
En début de séance, le Conseil de sécurité a observé une minute de silence à la mémoire de l’ancien représentant de la Fédération de Russie, Vitaly Churkin, décédé il y a tout juste un an.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué qu’il revenait d’un déplacement au Moyen-Orient et qu’il avait participé à une conférence sur la reconstruction de l’Iraq, accueillie par le Koweït. La communauté internationale a montré sa gratitude au peuple iraquien pour sa victoire sur Daech, a-t-il dit, ajoutant que ce soutien était un vote de confiance pour le Gouvernement et le peuple iraquiens. « Malheureusement, ces développements positifs en Iraq sont une exception dans la région. »
Ce contexte souligne la nécessité d’une solution politique au conflit israélo-palestinien qui dure depuis trop longtemps, a poursuivi le Secrétaire général. Il a réitéré son engagement personnel et l’engagement de l’ONU à soutenir les parties dans leurs efforts en vue de parvenir à la solution des deux États: « La solution de deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix au sein de frontières sûres et reconnues. » Il a précisé qu’une telle solution règlerait toutes les questions en suspens sur la base des résolutions de l’ONU, du droit international et d’accords mutuels. « Il n’y a pas de plan B. »
« Pourtant, nous devons faire face à la triste réalité d’aujourd’hui. » M. Guterres a indiqué qu’après des décennies de soutien, le consensus global pour une telle solution était en train de s’éroder. Les obstacles sur le terrain ont le potentiel de mener à la réalité irréversible d’un État unique, a-t-il déploré.
Le Secrétaire général a jugé impossible qu’un État unique puisse concilier à la fois les aspirations légitimes, nationales, historiques et démocratiques des Israéliens et des Palestiniens. Dans le même temps, les conditions de vie des Palestiniens à Gaza, placé sous le contrôle du Hamas pendant une décennie, sont précaires, a-t-il dit.
Il a ajouté que les lacunes dans le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) étaient une source de préoccupations internationales. La sécurité humaine, les droits et la dignité de cinq millions de réfugiés de la Palestine sont en jeu, a-t-il dit. « La stabilité de la région est également en jeu », a-t-il poursuivi, en appelant la communauté internationale à accroître son soutien.
Jugeant qu’il était temps que le dialogue, la réconciliation et la raison prévalent, M. Guterres a appelé, en cette conjoncture dangereuse, à une action concertée efficace de toutes les parties. « Cela est plus important que jamais. »
« Nous nous réunissons au moment où les tensions régionales prennent un tour de plus en plus dangereux », a prévenu M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient. Il a rappelé les propos qu’il a tenus, le mois dernier, à la réunion ministérielle extraordinaire du Comité spécial de liaison. « Nous devons d’abord, a-t-il réaffirmé, dire clairement que la paix exige une solution des deux États. » Israéliens et Palestiniens doivent définir ensemble les questions liées au statut final et eux seuls peuvent déterminer leur règlement.
« Nous devons aussi, a poursuivi le Coordonnateur spécial, rechercher des mesures concrètes et transformatives, y compris pour mettre fin à l’expansion des colonies de peuplement et promouvoir des changements, en particulier dans la zone C. » Il s’agit de favoriser une autorité civile palestinienne plus forte comme le demande le rapport que le Quatuor a publié en 2016.
« Nous devons également, a ajouté le Coordonnateur spécial, obtenir que l’Autorité palestinienne s’attache au renforcement de ses capacités institutionnelles, à la fourniture des services sociaux de base et au rétablissement de son contrôle sur Gaza. Nous devons enfin faire en sorte que toute future proposition de paix s’appuie sur la solution des deux États et sur toutes les questions liées au statut final. Un échec dans ce domaine pourrait avoir des répercussions dangereuses. »
S’attardant sur la crise des réfugiés palestiniens, le Coordonnateur spécial a rappelé l’appel d’urgence lancé le 30 janvier dernier, visant à collecter une somme de 800 millions de dollars pour la Cisjordanie, Gaza et la crise régionale créée par la situation en Syrie. Quelque 1,5 million de personnes sont dans une situation vulnérable.
Revenant à la situation politique, il a appelé les parties à rejeter la violence, à condamner la terreur, à établir les responsabilités en cas de violations et à travailler à apaiser les tensions. Il a encouragé la communauté internationale à relayer l’appel des Nations Unies pour que les militants à Gaza cessent leurs provocations, la construction de tunnels et les tirs de roquettes sur Israël. Il a souligné la nécessité de résoudre la question des soldats israéliens disparus et des civils détenus à Gaza.
Le Coordonnateur spécial a aussi dénoncé l’expansion des colonies, les démolitions et les confiscations de biens palestiniens et a prévenu que selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 44 écoles risquent d’être détruites en Cisjordanie. Il s’est dit encouragé par la réunion qu’il a eue la semaine dernière avec le Premier Ministre palestinien et le Coordonnateur israélien pour les activités dans les territoires sur les problèmes humanitaires à Gaza.
Alors que ces problèmes s’aggravent, la mise en œuvre de l’accord intrapalestinien conclu grâce à la médiation de l’Égypte est dans l’impasse. Il est temps, s’est impatienté le Coordonnateur spécial, de replacer Gaza sous le contrôle de l’Autorité palestinienne parce qu’il ne peut y avoir d’État palestinien sans unité palestinienne.
« Nous devons, a-t-il conclu, promouvoir un véritable changement dans la politique israélienne, travailler collectivement à la crise humanitaire et apporter tout l’appui nécessaire aux efforts égyptiens de réconciliation. Notre appui à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) est “vital” », a ajouté le Coordonnateur spécial qui a attiré l’attention sur ces Israéliens, ces Palestiniens, ces organisations de la société civile, ces groupes de jeunes et de femmes et ces leaders communautaires et religieux qui militent pour la paix et qui travaillent inlassablement pour changer les choses. Ils doivent être reconnus et soutenus.
« Dans cette salle, a encore dit le Coordonnateur spécial, nous parlons souvent de la nécessité d’un vrai leadership pour parvenir à un accord mais n’oublions pas que les négociations ne se déroulent pas sur un pied d’égalité: une partie vit sous occupation militaire. » Le Coordonnateur spécial a exhorté la communauté internationale à soutenir fermement le leadership palestinien modéré et le renforcement des capacités institutionnelles, ce qui ne peut que multiplier les chances de succès.
« Notre fenêtre d’opportunités se referme et si nous ne la gardons pas ouverte, le conflit israélo-palestinien se perdra dans le tourbillon de la radicalisation religieuse présente dans la région », a prévenu le Coordonnateur spécial.
M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’Autorité palestinienne, a commencé par attirer l’attention sur le sort des réfugiés palestiniens, qui sont six millions à souffrir depuis la Nakba, il y a 70 ans. « Ils continuent d’errer à travers le monde, après avoir été spoliés de leur vie pacifique et stable sur leur terre natale », a-t-il déclaré. « Ils font partie des 13 millions de Palestiniens, dont le pays n’a pas encore été complètement reconnu en tant qu’État Membre des Nations Unies, malgré les nombreuses résolutions réaffirmant leur droit à l’autodétermination et à disposer d’un État sur leur territoire national », a ajouté le Président.
Il a ensuite souligné la conviction profonde de sa délégation à propos des armes, plaidant pour le démantèlement des armes nucléaires, et s’opposant aux armes conventionnelles qui ont causé tant de destructions au Moyen-Orient et dans le monde.
Il a assuré que la Palestine est engagée en faveur de la promotion d’une culture de paix, souhaitant que son peuple vive dans la paix et la dignité, « loin des guerres, et des destructions, et du terrorisme et de l’extrémisme ». M. Abbas en a voulu pour preuve le fait que la Palestine est devenue partie à 83 accords sécuritaires avec d’autres États à travers le monde, y compris les États-Unis, la Fédération de Russie, des pays européens, entre autres.
« Pourquoi sommes-nous ici aujourd’hui? » a poursuivi le Président. « Après de nombreux efforts pour nous frayer un chemin politique fondé sur les négociations, nous avons participé à la Conférence de Madrid en 1991 et signé l’accord d’Oslo en 1993, qui affirmaient l’impérieuse nécessité de parvenir à une solution avant 1999. Malheureusement, cela n’est pas devenu une réalité. »
« Néanmoins, nous avons persisté dans nos efforts de paix », a estimé M. Abbas, étayant ses propos en citant plusieurs réunions auxquelles s’est rendue la délégation palestinienne, y compris à l’invitation du Président russe, M. Vladimir Putin, de le rencontrer à Moscou avec le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu.
« Mais il a, de manière regrettable, choisi de ne pas participer à une telle réunion », a-t-il déploré, en reprochant son intransigeance au Gouvernement israélien. « À la lumière de tout ceci, comment peut-on dire que c’est nous qui rejetons les négociations? » s’est-il interrogé.
« Face à cette impasse, nous n’avons pas renoncé, ni perdu espoir », a assuré le Président. « Nous sommes venus aux Nations Unies, confiant que les buts et principes de la Charte des Nations Unies prévaudraient, même si la communauté internationale a échoué à mettre en œuvre les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité », a regretté M. Abbas.
« Israël se comporte comme un État au-dessus des lois », a-t-il dit, accusant ce pays d’avoir transformé une occupation temporaire en une situation de colonisation permanente et imposé « une réalité à un État d’apartheid ». « Il a refermé toutes les portes menant à la réalisation d’une solution à deux États sur la base des frontières de 1967. »
« En 2017, nous nous sommes entretenus à quatre reprises avec le Président des États-Unis, M. Donald Trump, en lui signifiant que nous étions prêts à un accord de paix historique. » Pourtant, cette administration n’a pas encore clarifié sa position, a ajouté M. Abbas. « Est-elle en faveur d’une solution à deux États ou d’une solution à un État? » a-t-il demandé. Puis, prenant une décision « dangereuse, sans précédent et illégale », Washington a retiré « de la table des négociations » la question de Jérusalem, ville qu’elle a déclaré capitale d’Israël, et où son ambassade serait transférée.
« L’Administration américaine a pris cette décision en ignorant le fait que Jérusalem-Est fait partie du territoire palestinien occupé depuis 1967, et qu’elle est notre capitale », a précisé le Président, en rappelant que la Ville sainte devrait être ouverte aux trois religions monothéistes, l’islam, le christianisme et le judaïsme.
Les États-Unis sont revenus sur leurs propres engagements, et ont violé le droit international et les résolutions pertinentes avec leur décision sur Jérusalem. « Il est donc devenu impossible pour un pays de résoudre à lui seul un conflit régional sans la participation d’autres partenaires internationaux, a estimé M. Abbas, qui a demandé l’établissement d’un « mécanisme multilatéral international émanant d’une conférence internationale et conforme au droit international et aux résolutions pertinentes ».
Il a aussi demandé l’organisation d’une conférence internationale de paix d’ici à mi-2018, comptant avec une large participation internationale, y compris les deux parties concernées et les parties prenantes internationales et régionales, avec les objectifs suivants: l’entrée de la Palestine aux Nations Unies en tant qu’État Membre à part entière; la reconnaissance mutuelle entre l’État de Palestine et l’État d’Israël sur la base des frontières de 1967; et la formation d’un mécanisme multilatéral international en mesure de prêter assistance aux deux parties dans leurs négociations pour résoudre les questions en suspens identifiées par les accords d’Oslo (« Jérusalem, la sécurité, les colonies de peuplement, les réfugiés, l’eau et les prisonniers »).
Par ailleurs, au cours de la période de négociations, toutes les parties doivent s’abstenir d’actions unilatérales, en particulier « celles qui préjugeraient du résultat d’une solution définitive ». Il a donc demandé l’arrêt immédiat des colonies de peuplement sur le territoire occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, et la suspension de la décision américaine relative à Jérusalem. Parallèlement, l’État de Palestine s’abstiendrait de rejoindre d’autres organisations, comme il s’y était engagé préalablement, a-t-il assuré.
Enfin, le Président Abbas a défendu la mise en œuvre de l’Initiative de paix arabe et la conclusion d’un accord régional si un accord de paix est conclu entre Palestiniens et Israéliens.
« Le Conseil de sécurité de l’ONU est l’entité supérieure vers laquelle les peuples du monde se tournent pour obtenir protection; après quoi, il ne nous restera plus que le Tout-Puissant. Si la justice ne peut être obtenue ici, alors, où irons-nous? »
M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a déploré le fait que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, soit parti après son intervention. Il a indiqué que le Président palestinien a refusé, au cours des sept dernières années, de rencontrer le Premier Ministre Benjamin Netanyahu et de négocier la paix. « Aujourd’hui, une fois de plus, au lieu de faire le trajet en voiture de 12 minutes entre Ramallah et Jérusalem, il a préféré un vol de 12 heures pour New York afin d’éviter la possibilité de la paix. »
Il a indiqué que M. Abbas fait partie du problème, pas de la solution. « Parlez-nous! Ne fuyez-pas le dialogue », lui a-t-il lancé. « Vous venez de vous adresser aux membres du Conseil et parlez de vos engagements pour la paix. C’est ce que vous faîtes souvent dans les enceintes internationales, mais lorsque vous vous adressez à votre peuple en arabe, vous délivrez un message très différent. »
Le délégué a rappelé un propos récent de M. Abbas, dans lequel il avait qualifié le mouvement du peuple juif de projet colonial sans lien avec le judaïsme. « Dans ce même discours honteux, vous avez eu l’audace d’accuser les Juifs de soutenir l’antisémitisme en vue de promouvoir le sionisme. »
Il a ensuite accusé M. Abbas de promouvoir une culture de haine au sein de la société palestinienne, de donner des noms de terroristes à des écoles et jardins publics et d’encourager la haine parmi les enfants par des enseignements scolaires qui expliquent que les Juifs sont des descendants des singes.
Il a également accusé M. Abbas de parrainer le terrorisme. « En 2017, vous avez dépensé 345 millions de dollars pour payer des terroristes afin qu’ils tuent des Israéliens innocents », a-t-il dit, ajoutant que cette somme représente la moitié de l’aide étrangère donnée à l’Autorité palestinienne. « Vous ne voulez pas négocier avec Israël. »
M. Danon a indiqué que le comportement irresponsable de M. Abbas n’était pas nouveau, en mentionnant « l’offre sans précédent » faite par le Premier Ministre israélien de l’époque, M. Ehud Barak, en 2000 lors du Sommet de Camp David. « Qu’a fait Mahmoud Abbas? Il a préféré prendre le parti de Yasser Arafat, prétendre qu’il s’agissait d’un piège et rejeter cette proposition. » Lorsqu’il a été élu en 2005 à la tête de l’Autorité palestinienne, le monde a espéré qu’il s’inscrive dans les pas du Président Anouar el-Sadate et du Roi Hussein de Jordanie qui ont cherché la paix avec Israël et à forger un avenir meilleur pour les Palestiniens. « Mais il a abandonné son peuple », a-t-il dit, ajoutant que M. Abbas avait rejeté tous les plans de paix acceptés par Israël.
Le délégué a indiqué que M. Abbas a rencontré trois premiers ministres israéliens et trois présidents américains pendant sa présidence. « À chaque fois que nous avancions d’un pouce dans la bonne direction, M. Abbas s’est dérobé », a-t-il accusé.
M. Danon a mentionné l’offre faite par le Premier Ministre Ehud Olmert en 2007, refusée par M. Abbas, avant de citer le gel de 10 mois des « constructions juives en Judée et en Samarie » initié par le Premier Ministre Benjamin Netanyahu en 2009. « Mais M. Abbas ne s’est jamais assis à la table des négociations. »
Il l’a également accusé d’avoir rompu son engagement avec le Secrétaire d’État John Kerry, puis d’avoir recherché la paix avec le Hamas, une organisation terroriste reconnue comme telle sur le plan international. « L’actuelle Administration américaine est de nouveau à l’ouvrage afin d’aboutir à des progrès vers la paix », a-t-il dit, en accusant M. Abbas d’à nouveau se dérober. Cette fois, M. Abbas explique que c’est l’annonce américaine autour de Jérusalem qui motive son refus de négocier, a-t-il poursuivi. « En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, le Président Donald Trump a pourtant simplement affirmé ce qui est clair pour tout le monde. »
M. Danon a rappelé que depuis des millénaires, Jérusalem est « le cœur et l’âme de notre peuple ». « Jérusalem va demeurer pour l’éternité la capitale exempte de division d’Israël. » Insistant sur la souveraineté israélienne sur la ville réunifiée de Jérusalem, il a indiqué que les observateurs les plus impartiaux convenaient que Jérusalem, aux termes de n’importe quel accord de paix, serait reconnue internationalement comme la capitale d’Israël. « Après toutes ces années d’obstructionnisme de Abbas, une chose est sûre: lorsque nous tendons la main, Abbas brandit le poing. » Il a accusé M. Abbas de n’accepter que la main tendue du Hamas et de l’accueillir à bras ouverts.
Enfin, M. Danon a néanmoins déclaré qu’il n’avait aucun doute qu’un jour viendrait où les Palestiniens, avec un nouveau leadership, partageraient les mêmes aspirations de paix que les Israéliens. Ce sera un leadership qui condamnera la violence, éduquera son peuple plutôt que de propager l’antisémitisme et reconnaîtra qu’Israël est pour toujours la patrie du peuple juif. « Israël attend ce jour avec impatience », a-t-il conclu.
Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déclaré que nous nous réunissons aujourd’hui dans une enceinte familière, où cette session sur le Moyen-Orient a lieu chaque mois depuis des années. Or, ce forum s’est concentré presque exclusivement sur les problèmes auxquels sont confrontés les Israéliens et les Palestiniens. « Et nous avons entendu maintes fois les mêmes arguments et idées. C’est comme si répéter les mêmes choses à l’envi, sans vraiment faire les compromis nécessaires, allait nous permettre d’atteindre nos objectifs », a ironisé la représentante.
Depuis un an, a-t-elle poursuivi, l’on a essayé d’élargir la focale, « convaincus que l’ONU consacre un temps tout à fait disproportionné » aux questions israélo-palestiniennes ». « Ce n’est pas que ces questions soient sans importance, au contraire. Le problème, c’est que l’ONU a prouvé à maintes reprises qu’elle était une organisation extrêmement biaisée vis-à-vis d’Israël », a accusé la représentante. Et cette attention disproportionnée a rendu le problème plus difficile à résoudre, en ravivant les tensions et les griefs entre les deux parties, a analysé Mme Haley.
Une autre raison pour laquelle l’on a tenté de « changer de conversation », c’est en raison de l’ampleur des défis auxquels la région est confrontée, qui éclipse le conflit israélo-palestinien.
« Au Yémen, sévit une des pires catastrophes humanitaires sur terre, avec des millions de personnes confrontées à la famine. Pendant ce temps, des milices tirent des roquettes iraniennes depuis le Yémen vers les pays voisins.
En Syrie, le régime de Bashar Al-Assad utilise des armes chimiques pour gazer son propre peuple. Cette guerre a coûté la vie à plus d’un demi-million de Syriens », a dénoncé la délégation américaine. Des millions de Syriens, a-t-elle dit, ont été expulsés vers la Jordanie, la Turquie et le Liban, pays voisins, en tant que réfugiés, pensant lourdement sur ces pays.
Et au Liban, les terroristes du Hezbollah exercent de plus en plus de contrôle, accumulant illégalement un stock d’armes offensives, et invitant à une escalade dangereuse qui pourrait menacer la sécurité régionale. Quant à l’État islamique, il est engagé dans un « niveau inhumain de cruautés » dans la grande partie de la région, malgré ses revers en Iraq et en Syrie.
L’Égypte fait face à des attaques terroristes répétées. Et bien sûr, il y a le parrainage des terroristes par la République islamique d’Iran, « à l’origine de la plupart des problèmes que je viens de décrire », a assuré Mme Haley. Ces immenses défis sécuritaires et humanitaires dans toute la région devraient retenir davantage notre attention, au lieu de nous inciter à faire du « pays le plus démocratique du Moyen-Orient » le « bouc émissaire » des problèmes de la région.
« C’est un pays prospère, avec une économie dynamique et dont les contributions dans le monde sont reconnues dans les domaines de la technologie, des sciences et des arts. » Elle a reconnu que le peuple palestinien est celui qui souffre le plus. « Les Palestiniens de Gaza vivent sous l’oppression terroriste du Hamas. Je ne peux même pas l’appeler une autorité gouvernementale, car le Hamas fournit si peu de services de base dignes d’un gouvernement », a critiqué la représentante.
« Nous sommes rejoints aujourd’hui par le Président de l’Autorité palestinienne », a poursuivi Mme Haley, qui a donc décidé de s’adresser à lui en dépit du fait que celui-ci avait quitté la salle au terme de son intervention. « Président Abbas, lorsque la nouvelle Administration américaine est entrée en fonctions en janvier dernier, nous l’avons fait dans le contexte de l’adoption de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité », a rappelé la représentante. Lors des derniers jours de la « précédente administration », les États-Unis ont commis une « grave erreur » en permettant l’adoption de cette résolution, « erronée » à plusieurs niveaux.
Son plus grand défaut peut-être, c’est que ce texte encourageait la fausse idée qu’Israël pouvait être poussé à conclure un accord qui saperait ses intérêts vitaux, menacerait les perspectives de paix et renforcerait la méfiance entre les Israéliens et les Palestiniens, a-t-elle estimé. Au cours de l’année écoulée, les États-Unis ont travaillé à corriger cette erreur, a ajouté la déléguée.
« Je suis assise ici, aujourd’hui, avec la main tendue des États-Unis au peuple palestinien pour la cause de la paix. Nous sommes entièrement prêts à envisager un avenir de prospérité et de coexistence. Nous vous souhaitons la bienvenue en tant que leader du peuple palestinien ici aujourd’hui. Mais je vais refuser le conseil que m’a donné récemment votre meilleur négociateur, Saeb Erekat. Je ne vais pas me taire. Au contraire, je parlerai respectueusement de certaines vérités. L’Autorité palestinienne a le choix entre deux voies. Il y a celle des exigences absolutistes, de la rhétorique haineuse et de l’incitation à la violence. Ce chemin n’a conduit, et ne continuera à mener, qu’à des difficultés pour le peuple palestinien. Ou bien, il y a la voie de la négociation et du compromis. L’histoire a montré que cette voie était couronnée de succès pour l’Égypte et la Jordanie, y compris s’agissant de transfert de territoires. Cette voie reste ouverte à la direction palestinienne, si seulement elle est assez courageuse pour l’emprunter. Les États-Unis savent que les dirigeants palestiniens sont très mécontents de la décision de déplacer notre ambassade à Jérusalem. Vous n’êtes pas obligé d’aimer cette décision. Vous n’avez pas à la saluer. Vous n’avez même pas à l’accepter. Mais sachez ceci: cette décision ne changera pas. Donc encore une fois, deux chemins s’offrent à vous. Vous pouvez choisir de dénoncer Washington, de rejeter le rôle des États-Unis dans les pourparlers de paix et de prendre des mesures punitives contre Israël dans des forums internationaux comme l’ONU. Je vous assure que cette voie ne mènera nulle part le peuple palestinien. Ou vous pouvez choisir de mettre de côté votre colère au sujet de l’emplacement de notre ambassade et d’aller de l’avant avec nous vers un compromis négocié pour améliorer les vies du peuple palestinien. Les États-Unis sont prêts à travailler avec les dirigeants palestiniens. Nos négociateurs sont assis juste derrière moi, prêts à parler. Mais nous ne vous courrons pas après. À vous, Monsieur le Président, de faire votre choix. »
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné l’importance de la présence du Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, au Conseil. Il a mis en garde contre toute tentative visant à reléguer la question palestinienne au second plan, -« celle-ci est l’épicentre de l’instabilité chronique au Moyen-Orient »-, avant de déplorer l’annonce malheureuse récente autour de Jérusalem.
L’accroissement de la cadence de la construction de colonies juives sape la solution des deux États, a-t-il déclaré. Le délégué russe a demandé un appui renforcé de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Nakba, avant de déclarer que seule la solution des deux États ramènera la stabilité.
Il a plaidé pour une relance des pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens et souligné la pertinence du Quatuor à cette fin. Il a appelé à la mise en œuvre des recommandations du rapport du Quatuor de juin 2016.
Enfin, le représentant russe a invité à se concentrer sur l’élaboration d’une solution acceptable par tous, avant de mentionner le rôle actif de la Fédération de Russie pour accueillir des pourparlers entre Palestiniens et Israéliens.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré que la situation qui prévaut sur le terrain n’est pas un statu quo, mais est marquée par une dégradation quotidienne, liée notamment à la colonisation. Elle est également marquée par la violence qui continue d’être utilisée et encouragée par plusieurs mouvements, notamment le Hamas. Il a averti que le risque d’escalade est particulièrement manifeste à Gaza, soulignant par ailleurs qu’il n’y aura pas de solution durable à Gaza sans retour de l’Autorité palestinienne.
Il a réitéré son attachement à l’accord signé au Caire le 12 octobre par le Fatah et le Hamas, et a souligné que ce processus doit se traduire par une amélioration rapide des conditions de vie de la population à Gaza et s’accompagner d’une levée du blocus. Il a aussi appelé à ne pas dissocier la situation à Gaza de la question palestinienne dans son ensemble. « L’unité palestinienne est une pièce essentielle de la paix au Proche-Orient », a-t-il notamment affirmé.
M. Delattre a ensuite fait observer que si le conflit israélo-palestinien est le plus ancien de ceux qui déchirent le Moyen-Orient, c’est aussi le seul dont la solution soit aussi largement connue et partagée. Cette solution, a-t-il rappelé, repose, entre autres, sur le principe de deux États vivant en paix et en sécurité le long de frontières sûres et reconnues. Il a indiqué que toute négociation devra reposer sur les paramètres internationalement agréés. Ces paramètres ne sont pas des options, mais le cadre même de la négociation, a-t-il insisté.
« Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins », a poursuivi M. Delattre, à un moment critique où chacun des paramètres est fragilisé. S’agissant des lignes de 1967, le représentant a constaté que l’entreprise de colonisation des territoires palestiniens, et toutes les mesures législatives et administratives qui l’accompagnent sont en train de mettre en œuvre un projet incompatible avec la solution des deux États.
Il a ensuite souligné que le statut de Jérusalem ne peut être déterminé que par les parties dans le cadre d’un accord de paix. En l’absence d’accord, la France ne reconnaît aucune souveraineté sur Jérusalem et n’approuve donc aucune annonce qui s’écarterait du consensus international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 478 (1980).
Le délégué a aussi regretté l’adoption, au début de cette année, de la loi israélienne sur Jérusalem, faisant observer que celle-ci rendra beaucoup plus difficile un partage de la ville dans le cadre d’un futur accord de paix.
Enchaînant, M. Delattre a aussi averti que la situation des camps de réfugiés palestiniens constitue une bombe à retardement à Gaza, comme dans la région tout entière. Il a indiqué que tant qu’une solution réaliste et juste pour les réfugiés restera hors d’atteinte, la fourniture de services de base à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens restera indispensable.
Il a souligné qu’il s’agit là d’une exigence humanitaire, d’un enjeu de développement humain et d’un impératif pour la sécurité et la stabilité de la région, « la situation du Liban étant particulièrement inquiétante à cet égard ».
Il a également fait observer que plus l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) est faible, plus les groupes terroristes peuvent utiliser les camps de réfugiés palestiniens comme des viviers de recrutement. La France appelle donc les États-Unis à ne pas renoncer au rôle historique et essentiel qu’ils jouent auprès de l’UNRWA.
M. Delattre a ensuite pris acte de l’engagement des États-Unis à rechercher une reprise des négociations israélo-palestiniennes en vue d’un accord sur le statut final. Il a souligné qu’il leur revient de formuler des propositions dans ce sens et souhaité qu’elles s’inscrivent dans le cadre agréé par la communauté internationale.
Il a aussi accueilli avec intérêts « les propositions formulées aujourd’hui » par le Président palestinien Mahmoud Abbas et a indiqué être prêt à étudier une évolution des formats d’accompagnement international du processus de paix. Une telle évolution n’a pas vocation à remettre en cause le rôle des États-Unis, mais permettrait de mieux associer les acteurs qui peuvent jouer un rôle constructif auprès des parties pour leur permettre de reprendre et de mener à bien les négociations de paix, a-t-il indiqué. S’il y a une urgence aujourd’hui, a-t-il ajouté, c’est celle de redonner un horizon politique aux Israéliens comme aux Palestiniens en travaillant activement à restaurer l’espoir des deux États et la possibilité d’une négociation entre les parties.
M. OLOF SKOOG (Suède) a relevé un ensemble de sujets inquiétants de l’heure, notamment le regain d’installation de colonies illégales, des lois israéliennes néfastes, la résurgence de la violence, y compris les tirs de roquettes, la grave détérioration de la situation humanitaire à Gaza et la menace sur le statut de Jérusalem.
« Malgré cela, notre destination commune n’a jamais été aussi claire: deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, en paix et en sécurité. Mais pour arriver à cette solution des deux États, il faut regarder la cause profonde du conflit qui est l’occupation. Les efforts pour des actions humanitaires, économiques et politiques durables sont nécessaires certes, mais ils ne suffiront pas si l’occupation illégale de la Palestine ne prend pas fin. »
M. Skoog a rappelé que la solution des deux États, avec Jérusalem comme capitale pour les deux, est le souhait de la Suède et l’option politique de l’Union européenne (UE). De ce fait, « aucune action ne doit être prise pour changer le statut final ». La Suède a reconnu la Palestine en 2014, a-t-il rappelé.
En outre, la Suède appelle à la réconciliation entre Palestiniens. Elle insiste aussi sur l’implication des femmes dans le processus de paix, sans oublier les jeunes, le secteur privé et les sociétés civiles palestinienne et israélienne.
Au sujet des difficultés financières de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), la Suède a averti que cette situation pourrait avoir des conséquences humanitaires dans la région. C’est pourquoi le pays a déjà donné sa contribution de 59 millions de dollars pour 2018 au bureau, et il invite d’autres donateurs à agir en payant leur contribution au plus vite.
La Suède, en collaboration avec la Jordanie, l’Égypte et l’UNRWA, va organiser une conférence sur la situation financière de cette agence onusienne au printemps prochain.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a jugé que s’il y a deux parties au conflit, elles ne sont pas à pied d’égalité, sachant que l’une occupe le territoire de l’autre. Il s’est lancé dans une diatribe à l’encontre d’Israël, qu’il a notamment accusé de violer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.
Il s’est ensuite ému du sort de Gaza, où les populations souffrent de la détérioration de la situation humanitaire, aggravée par la crise de financement que traverse l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). On ne peut pas évoquer de statu quo quand on voit l’aggravation de la situation en Cisjordanie et Jérusalem-Est, qui découle notamment, selon lui, de l’intensification des activités de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
La délégation a estimé que la seule manière de garantir une paix durable, c’est de rechercher une solution pacifique par la voie du dialogue et des négociations. Selon la Bolivie, la seule alternative à long terme serait le retour aux frontières de 1967. « À cet égard, nous condamnons vigoureusement la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer leur ambassade », a ajouté le représentant.
M. MUKHTAR TLEUBERDI, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a invité les parties à préserver le statut historique de Jérusalem. Le Kazakhstan soutient l’option de la solution des deux États, laquelle passe par la reprise de négociations bilatérales et sans conditions. Le pays soutient l’avènement d’un État palestinien indépendant et installé sur les frontières qui étaient en vigueur en 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, et coexistant dans la paix avec Israël. Le délégué a aussi reconnu le droit d’Israël à la sécurité.
Le Kazakhstan souligne que la situation humanitaire à Gaza pourrait renforcer l’instabilité et la frustration qui peuvent mener à la reprise du conflit et à l’augmentation d’actes terroristes. Pour le délégué, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) doit recevoir les fonds adéquats pour son fonctionnement.
Il s’est aussi dit inquiet de la poursuite des colonies de peuplement israéliennes. Il a invité le Quatuor à œuvrer à la reprise des pourparlers de paix, notamment dans le contexte des efforts américains, et saluant dans le même temps les efforts russes et égyptiens vivant à assurer la réconciliation nationale palestinienne et la création d’une seule structure politique nationale.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a redit l’attachement de son pays à la solution des deux États. Le leadership des États-Unis est indispensable, a-t-il dit, en attendant avec impatience les annonces des États-Unis en vue de relancer le processus de paix.
Il a appelé les deux parties à réaffirmer leur attachement à tous les accords diplomatiques agréés jusqu’à présent. Il a dénoncé ceux qui sapent les efforts de paix, dont les auteurs de la récente attaque perpétrée contre la colonie d’Ariel. Il n’y a pas d’excuse à la violence, a-t-il déclaré.
Le délégué a exhorté les parties à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire, laquelle ne fait que saper la confiance et les perspectives de paix. Les deux parties doivent agir avec courage pour que la paix prévale, a-t-il dit.
Le délégué a appelé Israël à inverser l’expansion actuelle des colonies, avant d’affirmer que le manque d’unité des Palestiniens était un autre obstacle à la paix. Il a jugé que les conditions à Gaza étaient catastrophiques, avant de dire son attachement au travail de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Il a soutenu le droit d’Israël à se défendre, puis appelé de ses vœux un État palestinien vivant côte à côte avec l’État d’Israël dans la paix et la sécurité. « Travaillons main dans la main pour jeter les fondations de la paix. »
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a réitéré son engagement en faveur de la stabilisation et de la pacification de toute la région du Moyen-Orient, se désolant de l’escalade de violence et de tensions entre Palestiniens et Israéliens. Il a invité les parties impliquées dans le conflit en présence à faire leur possible pour arriver à la normalisation de la situation et pour faire cesser les souffrances de la population.
La solution des deux États, a-t-il prévenu, implique des concessions douloureuses de la part des deux parties, mais des concessions nécessaires. Il a ajouté que les négociations devaient se tenir dans le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Initiative de paix arabe, voyant le statut final de Jérusalem comme la conséquence de ces négociations.
Il s’est, enfin, inquiété de la situation humanitaire à Gaza et a appelé la communauté internationale à lui donner la priorité, en félicitant d’ailleurs le Qatar et les Émirats arabes unis pour leur soutien financier.
Il a conclu en lançant un appel au dialogue intrapalestinien et en rendant un hommage à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a noté avec préoccupation l’augmentation du nombre d’incidents le long de la frontière avec la bande de Gaza, faisant état notamment des roquettes tirées depuis la bande et les mesures de représailles d’Israël. Elle a aussi dit être particulièrement inquiète de la situation humanitaire à Gaza, soulignant que les pénuries de carburant risquaient d’aggraver les livraisons d’eau ainsi que les services sanitaires et médicaux.
La représentante s’est également vivement souciée de la détérioration de la situation financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), avertissant que les effets d’une réduction de l’aide octroyée par l’Office pourraient avoir de graves conséquences sécuritaires et humanitaires dans les territoires palestiniens et les pays avoisinants qui hébergent des réfugiés palestiniens.
Elle a appelé la communauté internationale à veiller à ce que l’UNRWA puisse poursuivre son travail et dépendre d’une base financière solide.
Mme Wronecka a poursuivi en faisant part de son appui à la solution des deux États. Elle a appelé Israël et les Palestiniens à s’abstenir d’adopter des mesures unilatérales susceptibles de préjuger l’issue des négociations sur le statut final.
Elle a également engagé le Conseil de sécurité à appuyer le processus de réconciliation intrapalestinien, pour ensuite souligner que la résolution du conflit israélo-arabe doit avoir pour base l’Initiative de paix arabe de 2002.
M. MA ZHAOXU (Chine) a déclaré que seul un règlement complet, durable et viable des questions en suspens pourra mettre fin au conflit israélo-palestinien. Il a demandé à Israël de cesser la construction des colonies de peuplement, appelant de manière plus générale toutes les parties à s’abstenir de violences susceptibles d’aggraver la situation sur le terrain. Le représentant a donné l’assurance que son gouvernement restait attaché au principe d’une solution à deux États reposant sur le retour aux frontières d’avant 1967.
En décembre dernier, la Chine a d’ailleurs accueilli un symposium pour la paix auquel ont été conviés des Israéliens et des Palestiniens. La délégation a estimé que la communauté internationale doit, de son côté, continuer de prêter assistance aux réfugiés palestiniens, se félicitant à cet égard du rôle joué par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans les camps. Elle a demandé aux États Membres de soutenir son financement.
M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a constaté que 24 ans après la signature des accords d’Oslo, l’espoir d’un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien s’est amenuisé et que cette absence de perspective politique a contribué à détériorer gravement la situation humanitaire au sein des communautés palestiniennes de Cisjordanie.
Évoquant les heurts de ces derniers jours qui ont causé la mort de deux Palestiniens, il a appelé les parties israéliennes et palestiniennes à faire preuve de la plus grande retenue. Il a également appelé les parties à renoncer, « d’un côté comme de l’autre », à toute initiative unilatérale qui ne ferait qu’hypothéquer les chances d’un règlement politique et pacifique de la crise.
Après avoir réaffirmé la position de principe de la Côte d’Ivoire en faveur d’une solution à deux États, le représentant s’est inquiété des conséquences désastreuses du conflit pour les populations vivant dans la bande de Gaza.
Il a ensuite appelé à la réouverture des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne. Il a par ailleurs encouragé les parties palestiniennes à poursuivre le dialogue pour un retour effectif de l’Autorité palestinienne à Gaza, « qui permettrait une meilleure prise en charge des questions humanitaires ».
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation en Palestine, dénonçant la rigidité des positions, l’absence de dialogue entre les parties et la répétition des épisodes de violence, autant d’obstacles au processus de paix. Il a attiré l’attention sur l’urgence qu’il y a à parvenir à un accord minimum sur la voie vers une solution viable: celle de deux États vivant avec des frontières sûres et reconnues mutuellement.
Le représentant a fait référence aux accords d’Oslo en soulignant leur pertinence toujours actuelle, mentionnant aussi le rôle important du Quatuor. Il a jugé nécessaire, dans la poursuite des objectifs politiques, religieux et sociaux, d’agir avec respect en cherchant à instaurer la confiance mutuelle et à reprendre un dialogue constructif.
Le représentant a exhorté les parties à cesser toute violation des droits de l’homme et du droit international humanitaire, tout acte terroriste et toute attaque contre des civils, en demandant « par exemple des informations sur les soldats israéliens détenus ». Il faut, a-t-il ajouté, rejeter les discours de haine, l’antisémitisme et la discrimination dans toutes ses formes.
M. Meza-Cuadra s’est ensuite inquiété de la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, faisant remarquer que la pauvreté et la marginalisation rendent le terrain fertile à la radicalisation et l’extrémisme violent. Il a réitéré à cet égard sa reconnaissance à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et appelé à le financer de manière durable et prévisible.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a mis l’accent sur trois points. Il a rappelé, dans le premier, que la solution des deux États aurait dû être effective dans les cinq ans suivant la signature, en 1993, des accords d’Oslo que l’actuel Président palestinien, M. Mahmoud Abbas, avait alors paraphés. Les Pays-Bas invitent les deux parties à transformer leur désir de la paix en étapes tangibles, « des étapes qui construisent la confiance et contribuent à la préservation de la possibilité de la solution des deux États, en droite ligne de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité ».
Les Pays-Bas réitèrent leur forte opposition à la politique israélienne de peuplement et des actions y relatives telles que les démolitions continuelles, les plans de transfert forcé des communautés de bédouins en Cisjordanie, l’annonce de la légalisation du poste avancé de Havat Gilad en colonie de peuplement, et les propositions de lois qui visent l’annexion.
Pour les Pays-Bas, les colonies sont illégales en droite ligne du droit international, elles sapent la viabilité de la solution des deux États et elles sapent la possibilité d’une paix durable.
Le besoin d’engagement et de soutien international est le second point relevé par M. van Oosterom. Pour lui, le manque de confiance entre les parties et l’absence de nouveaux formats de négociation ont créé un dangereux vide. Cela a conduit les populations israélienne et palestinienne à perdre espoir. « Les négociations ne commencent pas par la confiance, mais par le courage », a-t-il argué, ajoutant que la communauté internationale peut certainement aider en favorisant un horizon politique pour la solution des deux États.
La communauté internationale peut également soutenir les parties pour trouver un chemin pour le retour à la table des négociations. À cette fin, la coopération entre les partenaires du Quatuor et les acteurs régionaux et avec les deux parties est cruciale.
Au sujet du troisième point de son intervention, la situation à Gaza, le représentant a déploré le chômage qui y a cours, le déficit énergétique qui affecte tous les aspects de la vie, ou encore le manque d’accès aux soins de santé adéquats.
Il a indiqué que la situation financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) empêche qu’elle n’offre les services de base aux habitants de Gaza. Les Pays-Bas sont inquiets du fait que cette situation négative ne conduise au désespoir à Gaza. « Il est de notre responsabilité d’assurer que l’UNRWA soit en mesure d’exécuter le mandat que lui a confié l’Assemblée générale », a souligné le délégué.
Il a aussi appelé à appliquer les mesures positives suggérées au cours de la réunion de Bruxelles du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens. La réconciliation entre Palestiniens est également une étape importante, a souligné le représentant.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est dit préoccupé par la gravité de la situation humanitaire à Gaza, avant d’appeler l’Autorité palestinienne à exercer son plein contrôle à Gaza, conformément à l’accord du Caire. Il a déploré le manque de progrès dans la mise en œuvre de cet accord, ce qui ne fait qu’exacerber la situation.
Il a résolument appuyé la solution des deux États, qui est la seule voie pour résoudre la crise entre Palestiniens et Israéliens. À ce titre, il a déploré certaines annonces et mesures récentes qui n’ont pas favorisé les progrès en vue de cette solution. Ces annonces et mesures ont accru les frustrations et sapé la solution des deux États, a-t-il déclaré.
Enfin, le délégué éthiopien a jugé qu’il incombait au Conseil de sécurité d’appuyer les efforts de paix.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé l’attachement de sa délégation à la cause palestinienne, « la plus importante qui soit » à ses yeux. Israël, Puissance occupante, continue de faire obstacle à la réalisation d’une paix durable dans la région, en violant les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Cette situation a exacerbé les tensions dans la région et aggravé la crise humanitaire, rendant d’autant plus nécessaire de se pencher sur les causes profondes de ce conflit, selon le représentant.
Il a appelé les États-Unis à travailler aux côtés d’Israël et de la Palestine pour les aider à parvenir à une solution agréée sur la base de l’Initiative de paix arabe, notamment. Mais, alors que la résolution 2334 (2016) stipule clairement que toute modification des frontières d’avant 1967 serait nulle et non avenue, Israël poursuit la construction des colonies de peuplement à Gaza, a dénoncé M. Alotaibi.
Il a condamné les pratiques inhumaines d’Israël à Gaza, s’élevant contre le blocus imposé par la Puissance occupante. Après avoir soutenu l’idée de l’Autorité palestinienne d’institutionnaliser le Quatuor en élargissant le nombre des États qui en sont membres, le représentant a invité tous les États qui le souhaitent à participer à la réunion en formule Arria qui se tiendra jeudi sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016).