Quatrième Commission: Israël appelle les Palestiniens à se réconcilier et s’engage à être alors un véritable partenaire
« Tant que le Hamas continuera d’augmenter ses arsenaux de missiles et à s’engager activement à détruire Israël, comme en témoigne le lancement, cette semaine, d’un nombre sans précédent de roquettes vers Israël, nous continuerons à faire tout le nécessaire pour nous protéger, comme chaque pays ici le ferait. » C’est l’avertissement qu’a lancé aujourd’hui Israël devant la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) au dernier jour de l’examen du rapport sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien.
Le représentant israélien a notamment reproché au Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes d’avoir publié un document biaisé, contenant « plus de trous qu’un gruyère », et qui ignore les violations graves commises par le Hamas et l’Autorité palestinienne à l’encontre, non seulement des droits des Israéliens, mais aussi de leur propre peuple.
Devant la Commission, la délégation israélienne en a profité pour contextualiser les évènements historiques qui ont poussé Israël à gagner le contrôle de ces zones en premier lieu, et a rappelé ses tentatives pour trouver des solutions et jeter des ponts, s’indignant que dans le rapport, il soit simplement question d’invectiver et de dénigrer Israël.
« C’est au Hamas et à l’Autorité palestinienne de rendre des comptes pour la situation grave des droits fondamentaux qui prévaut à Gaza et en Cisjordanie », a estimé le représentant, ajoutant que si la terreur palestinienne cessait, il n’y aurait plus besoin de blocus, ni de restrictions pour protéger les civils israéliens.
Refusant les accusations d’occupation illégitime de ces territoires et de « machine de guerre » à l’encontre d’Israël, il a expliqué que cette région a été prise par son pays à un « agresseur » dans une guerre d’autodéfense en 1966, soulignant, en outre, que, lorsqu’Israël a pris le contrôle de la Cisjordanie, en 1967, il n’existait pas d’entité souveraine palestinienne.
« Au Moyen-Orient, une minorité ne peut pas être faible et Israël n’a pas d’autre choix que de se défendre dans une région qui lui est hostile », a-t-il affirmé dans le cadre d’un droit de réponse, décriant par ailleurs que les pays de la région apprennent à leurs enfants « la haine des juifs », génération après génération.
Ne fermant pas pour autant la porte à une solution possible sur la base du principe de la « terre contre la paix », il a estimé que les différends entre Palestiniens et Israéliens ont bien plus de chances d’être réglés par le biais de négociations directes, que par des « tentatives unilatérales » pour prédéterminer les résultats de telles négociations ou en les évitant par le truchement d’organisations internationales.
Ces tentatives « ne peuvent qu’échouer », a-t-il mis en garde. Cela suppose aussi, a-t-il ajouté, que les Palestiniens résolvent d’abord leurs problèmes internes, rappelant qu’il n’y a pas eu d’élections en 13 ans et que le Hamas a pris les Gazaouis « en otage ».
Mais pour l’observatrice de l’État de Palestine, il est vraiment question ici de l’oppression du peuple palestinien et de l’annexion de facto de leur terre par une puissance « violente », et non pas d’un conflit religieux, comme elle l’a souligné dans le cadre d’un droit de réponse. À ses yeux, Israël cherche à gagner du temps pour gagner du terrain en élargissant ses colonies « colons après colons », justifiant cette occupation brutale comme si les Palestiniens étaient des êtres non civilisés. Certains hauts responsables israéliens ont même qualifié les Palestiniens « d’insectes à détruire », s’est-elle indignée. « Mais c’est un peuple épuisé par les décennies d’occupation. »
« Personne ici ne dénigre Israël, mais les preuves sont connues et multiples », a affirmé l’observatrice, qui a souligné qu’appeler à la cessation des crimes israéliens n’a rien à voir avec la haine des juifs.
La Turquie a de son côté décerné « un effort systématique d’exercer une pression sur les Palestiniens afin qu’ils se satisfassent du statu quo », condamnant une situation qui viole « le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité » et qui se traduit par un usage excessif de la force par l’armée israélienne, la poursuite des colonies de peuplement illégales en Cisjordanie et le déplacement des populations bédouines de Khan al-Ahmar. « L’UNRWA est la dernière cible de cet effort collectif pour punir les Palestiniens », a ajouté le délégué, pour lequel ces récents développements ne font qu’accentuer le désespoir de ce peuple.
Abondant dans ce sens, la Jordanie voisine a estimé « qu’il est grand temps de penser à l’avenir et de prendre conscience du fait que la crise chronique dans les territoires occupés va engendrer encore plus de haine et de violences dans le monde ». Son représentant a exhorté les États à œuvrer de concert pour créer les conditions favorables à un règlement pacifique du différend israélo-palestinien, ajoutant qu’il importe de traiter la situation à Gaza dans un cadre politique pour garantir le retour des parties à la table des négociations.
Sur une note plus optimiste, le représentant sud-africain a évoqué le parcours de son propre pays, tout en reconnaissant qu’il est clair que la perpétuation de ce conflit est due aux violations systématiques et continues des droits des Palestiniens, ce qui renforce la haine et alimente le cycle de violence entre deux sociétés « qui auraient pourtant plus à gagner dans le renforcement de leur développement mutuel, que dans les forces destructives d’un conflit violent ».
Dans le même esprit, le représentant israélien a rappelé qu’il aura fallu 20 ans pour faire la paix avec l’Allemagne en 1965, alors que six millions de juifs y avaient été exterminés. « Alors oubliez votre haine des Israéliens et essayez de poursuivre une voix meilleure », a-t-il exhorté, en invitant les Palestiniens à commencer par faire la paix entre eux. « Une fois que ce sera fait, vous aurez en Israël un véritable partenaire », leur a-t-il assuré.
La Quatrième Commission adoptera les projets de textes sur la question palestinienne le vendredi 16 novembre, à 10 heures.
RAPPORT DU COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS
Débat général (fin)
M. MOHANNAD ADNAN MOUSA SHADDAD (Jordanie) s’est inquiété des dernières violences à Gaza et a salué les efforts déployés par l’Égypte en faveur d’une désescalade des tensions. Cependant, a-t-il estimé, il importe de traiter la situation à Gaza dans un cadre politique pour garantir le retour des parties à la table des négociations.
Il s’est également soucié de la poursuite de la politique de colonies de peuplement, avertissant que cela envoie un message dangereux, amoindrit les espoirs de paix et la possibilité de dégager des solutions pacifiques et donne de surcroît aux terroristes et aux extrémistes une justification pour recruter encore davantage. Il est grand temps de penser à l’avenir et de prendre conscience du fait que cette crise chronique va engendrer encore plus de haine et de violences dans le monde, a-t-il déclaré, avant d’exhorter les États à œuvrer de concert pour créer les conditions favorables à un règlement pacifique du différend.
Après avoir rappelé la responsabilité du Royaume hachémite de protéger le statut d’Al-Qods, le représentant a constaté que l’occupation de 61% de la Cisjordanie a poussé les Palestiniens à quitter leurs logements et à construire sans permis, au risque de voir leurs nouveaux logements détruits par la suite. Il a souligné que la création d’un État palestinien est d’un intérêt stratégique pour la Jordanie.
Compte tenu de la situation actuelle, M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a jugé que les chances de parvenir à la solution des deux États et à une paix durable s’amenuisent. Mais, évoquant le parcours de son propre pays, le délégué sud-africain a voulu rester optimiste quant à l’avenir des peuples palestiniens et israéliens, tout en affirmant regarder la réalité en face: « Il est clair que la perpétuation de ce conflit est due aux violations systématiques et continues des droits des Palestiniens. » Selon lui, ce sont ces violations qui renforcent la haine et alimentent le cycle de violence entre deux sociétés qui auraient pourtant plus à gagner dans le renforcement de leur développement mutuel, que dans les forces destructives d’un conflit violent.
L’Afrique du Sud, a-t-il rappelé, a dénoncé la réaction des forces israéliennes face à la manifestation non armée des Palestiniens, suite à la décision américaine de déplacer leur ambassade à Jérusalem. Appelant à ce qu’une enquête soit menée pour identifier les responsables, le délégué a souligné que cet incident est exemplaire de la répression systématique et délibérée à l’encontre des Palestiniens. Il a par ailleurs insisté sur le fait que ces violations des droits de l’homme se traduisent aussi par des punitions collectives comme la construction de murs. Selon lui, ceux-ci divisent les populations et permettent l’installation de points de contrôle qui contribuent à leur tour à humilier et imposer des restrictions draconiennes. S’inquiétant du manque de progrès dans le processus de paix, il a considéré que les responsables de cette situation étaient la polarisation des points de vue, l’érosion du multilatéralisme et les actions unilatérales.
M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a estimé qu’il existe actuellement un effort systématique d’exercer une pression sur les Palestiniens afin qu’ils se satisfassent du statu quo. Selon lui, cette situation viole « le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité » en se traduisant par un usage excessif de la force par l’armée israélienne, la poursuite des colonies de peuplement illégales en Cisjordanie et par le déplacement des populations bédouines de Khan al-Ahmar. « L’UNRWA est la dernière cible de cet effort collectif pour punir les Palestiniens », a ajouté le délégué. À ses yeux, tous ces récents développements ne font qu’accentuer le désespoir de ce peuple.
M. BASHAR A. A. A. E. ALDUWAISAN (Koweït) a remercié les membres du Comité spécial pour la « façon transparente » avec laquelle ils ont rédigé leur rapport. Rappelant la position de sa délégation, il a souligné la situation catastrophique des droits de l’homme des Palestiniens qui dure depuis 50 ans, accusant Israël d’en être responsable au premier plan. À ce titre, il a rappelé « le massacre » de la Grande marche du retour qui a coûté la vie à plus de 60 Palestiniens, non armés pour la plupart.
« Pendant combien de temps la machine de guerre israélienne continuera-t-elle à détruire les vies palestiniennes sans réponse de la part de la communauté internationale » a-t-il demandé, constatant que, malheureusement, le Conseil de sécurité s’est avéré incapable de mettre un terme à ces violations graves et de lancer des enquêtes pour que les auteurs de ces crimes soient tenus pour responsables. « Israël défie la volonté internationale », a-t-il dénoncé, citant pour preuve le retrait de la candidature d’Israël au sein du Conseil de sécurité, « se sachant isolé sur la scène internationale ».
Le Koweït dénonce, en outre, les tentatives israéliennes pour changer la donne sur le terrain, notamment ses activités illégales de peuplement. Le représentant a soutenu la proposition palestinienne de revitaliser le Quatuor en l’élargissant et a appuyé toutes les mesures justes et légales pour maintenir l’Autorité palestinienne sur leur territoire et sur Jérusalem-Est. En outre, sa délégation demande la protection des civils palestiniens, comme cela a été demandé par la récente résolution de l’Assemblée générale, ainsi que le retrait d’Israël de tous les territoires occupés pour revenir aux frontières de 1967 et permettre la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. Le représentant n’a pas manqué d’exiger la levée du blocus de Gaza, avant d’exhorter la communauté internationale à y appuyer la reconstruction.
M. IBRAHIM MODIBBO UMAR (Nigéria) s’est inquiété des répercussions de la politique de colonies de peuplement israéliennes dans les territoires palestiniens et le Golan occupés. Il a notamment averti que l’expansion et la consolidation des colonies auront des répercussions négatives sur le processus de paix au Moyen-Orient car elles entravent la création d’un État palestinien. De plus, ces colonies déplacent les populations et limitent leurs mouvements.
Le représentant a appelé Israël à cesser la colonisation du simple fait qu’elle transforme le statut et la géographie des territoires. Le gel de ces implantations est la clef de la paix entre Israël et la Palestine qui pourront alors coexister sous forme de deux États, a-t-il souligné. Il s’est par ailleurs préoccupé de la grave situation humanitaire qui prévaut dans la bande de Gaza en raison du blocus dont il a réclamé la levée. Il a réitéré son soutien au Comité spécial et demandé aux parties et aux autres États arabes de la région d’œuvrer de concert en faveur de la solution des deux États.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a regretté que malgré les efforts consentis pour parvenir à une solution juste, à l’amiable, durable et respectueuse du droit international à la question palestinienne, l’impasse perdure et les violations des droits de l’homme des Palestiniens se poursuivent à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza. À cet égard, il a dénoncé le recours excessif à la force par Israël contre les manifestants palestiniens qui ont participé à la Grande marche du retour.
La Namibie reste préoccupée une fois de plus par le manque de coopération d’Israël avec le Comité spécial qui n’a pas pu se rendre dans les territoires occupés. Elle dénonce les mesures qui sapent le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et représentent un obstacle à la paix, en particulier les colonies de peuplement israéliennes, la destruction et la confiscation de propriétés palestiniennes, l’exploitation des ressources naturelles palestiniennes ou encore le blocus de Gaza. Ces mesures sont illégales en vertu du droit international, a rappelé le représentant. De plus, depuis le début de la Grande marche du retour, le 30 mars dernier, un grand nombre de manifestants dont des femmes et des enfants ont trouvé la mort ou ont été blessés par les Forces armées israéliennes, ce qui représente, à ses yeux, un crime de guerre.
Le représentant a en outre dénoncé le blocus terrestre et maritime de Gaza imposé par Israël depuis plus de 12 ans, soulignant que le chômage y atteint plus de 50% pour les femmes et les jeunes et que l’économie a baissé de 6% en six mois. Ces mesures empêchent des perspectives de paix et provoquent des pressions accrues sur l’UNRWA, a-t-il souligné, estimant que cet environnement instable dans lequel vivent les Palestiniens n’est pas viable.
M. ACHSANUL HABIB (Indonésie) a regretté que, année après année, Israël continue de violer les résolutions du Conseil de sécurité et le droit international, en démolissant les infrastructures civiles palestiniennes, en poursuivant ses activités de peuplement et en faisant un usage excessif de la force. « Cela démontre un désintérêt de la recherche de la paix, a déploré le délégué, et une détermination à altérer la démographie, les caractéristiques et le territoire du peuple palestinien. » Il a condamné la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et dans l’ensemble des territoires occupés et a appuyé toute nouvelle mesure qui permettrait de protéger le peuple palestinien, y compris le déploiement d’une force de protection internationale. Le représentant a aussi critiqué les efforts unilatéraux d’Israël pour altérer le caractère et préjuger du statut final de Jérusalem. « Cela ne rend pas seulement la route vers la paix plus longue et plus difficile, cela la rend également plus dangereuse », a-t-il affirmé.
M. MOHAMMAD QORBANPOUR (République islamique d’Iran) s’est dit sérieusement inquiet par les « horribles conclusions » contenues dans le rapport du Comité spécial. À titre d’exemple, il a cité le paragraphe 37 qui indique qu’à la fin du mois d’août, on comptabilisait 130 Palestiniens tués, dont 23 enfants, et 18 700 blessés, dont 4 600 par balles réelles. Selon le délégué, l’occupation israélienne de la Palestine est l’épicentre de tous les conflits au Moyen-Orient. Décriant cette politique « brutale », il a estimé qu’elle consiste à priver les Palestiniens de leurs terres, à leur refuser l’accès à des services essentiels, mais aussi en des violences et harcèlements. À ce propos, il a considéré le blocus de Gaza comme « inhumain et illégal » et a réclamé sa levée ainsi que la cessation des mesures de punition collective imposées aux Palestiniens qui voient leur liberté de mouvement entravée, leurs domiciles détruits et leurs villes fermées.
Il a aussi condamné dans les termes les plus forts la poursuite de la politique de colonie de peuplement et de confiscation des terres dans les territoires palestiniens occupés et le Golan syrien. Il a affirmé que les politiques discriminatoires à l’égard de la population syrienne t l’existence de bases de l’armée israélienne dans et aux alentours des zones résidentielles syriennes, ainsi que la construction de colonies de peuplement constituent une violation du droit international, de la Charte, des résolutions des Nations Unies, et de la quatrième Convention de Genève.
M. ISAAC BACHMAN (Israël) a commencé par remarquer que les droits fondamentaux dans les zones A et B, où l’Autorité palestinienne a le contrôle total du point de vue civil et un contrôle significatif sur le plan sécuritaire, ainsi qu’à Gaza, qui se trouve sous contrôle de facto du Hamas depuis 2007, sont dans une situation grave. Le droit à la vie, le droit de manifester, la liberté d’expression et la sécurité, ainsi que les droits des femmes et des fillettes sont en danger, comme cela a été confirmé par un certain nombre de groupes de droits de l’homme, a indiqué le représentant, avant de citer des extraits de leurs rapports avec des données chiffrées.
« Mais les droits fondamentaux ne sont pas le véritable sujet de la discussion d’aujourd’hui, ni le rapport biaisé dont nous sommes saisis par la Comité spécial », a ironisé le représentant, reprochant à ce rapport de « d’avoir plus de trous qu’un gruyère ».
Chaque année, a-t-il poursuivi, ce comité partial produit des comptes rendus qui ignorent les violations graves commises par le Hamas et l’Autorité palestinienne à l’encontre non seulement des droits des Israéliens mais aussi de leur propre peuple. Ce rapport ne contextualise pas non plus les évènements historiques qui ont poussé Israël à gagner le contrôle de ces zones en premier lieu, ni les tentatives d’Israël pour trouver des solutions et jeter des ponts, a-t-il fait valoir, s’indignant qu’il y soit simplement question d’invectiver et de dénigrer Israël.
« Alors permettez-moi de remplir certains des trous de ce rapport biaisé afin que le monde puisse avoir la vraie image de la situation sur le terrain. » Il a commencé par rappeler le classement d’Israël à la trentième place de l’index de démocratie de la Economist Intelligence Unit, alors que l’Autorité palestinienne y figure à la cent-huitième place.
Il a également rappelé qu’Israël a pris le contrôle de Gaza, de la Cisjordanie et des hauteurs du Golan suite à la guerre des six jours de 1967, précisant qu’il s’agissait d’une guerre d’autodéfense et non pas d’expansionnisme. Il aura fallu une deuxième guerre, 40 ans plus tard, pour parvenir à l’accord de paix historique avec l’Égypte, fondé sur le principe de « la terre contre la paix », un principe qui reste un pilier de la stabilité stratégique dans « notre » région volatile, et une source d’espoir pour les Israéliens, a précisé le représentant. Il a toutefois indiqué que cette approche ne pouvait s’appliquer de l’autre côté du rift syro-africain, affirmant que « personne dans cette enceinte ne se fait d’illusions aujourd’hui quant à la crédibilité du régime d’Assad à faire la paix ou même à maintenir la stabilité régionale ».
Après avoir été interrompu par une motion d’ordre de la délégation syrienne, le représentant a poursuivi en rappelant qu’avant mai 1948, la Cisjordanie, l’ancienne Judée et la Samarie biblique, était sous mandat britannique et que, à la suite au retrait des Britanniques, la Légion arabe de Jordanie a illégitimement occupé cette région. Même l’Armistice israélo-jordanien de 1949 qui précisait explicitement la ligne de démarcation, connu sous le nom de la ligne verte, ne peut être considéré comme une frontière, mais uniquement comme une ligne militaire, a encore précisé le représentant.
De ce fait, lorsqu’Israël a pris le contrôle de la Cisjordanie en 1967, il n’a traversé aucune frontière internationale. La Cisjordanie n’a pas non plus été prise d’une entité souveraine palestinienne, puisqu’il n’en existait pas à l’époque. Cette région a été prise à un « agresseur » dans un acte d’autodéfense, et, par conséquent, la présence d’Israël y est légitime, a soutenu M. Bachman.
Depuis les Accords d’Oslo, a-t-il poursuivi, Israël a fait une série de propositions assorties de concessions aux Palestiniens pour mettre fin à la situation actuelle, mais elles ont toutes été rejetées. « Nous ne cherchons pas à contrôler les Palestiniens », a martelé M. Bachman, mais même après la Conférence d’Annapolis, la réponse du Hamas a été de tirer 750 missiles sur Israël. Il a également reproché à Mahmoud Abbas de soutenir « en anglais » la solution des deux États, et de revendiquer « en arabe », le droit au retour des Palestiniens.
En l’absence d’un partenaire palestinien, Israël s’est retiré de la bande de Gaza en 2005, mais, au bout de deux ans, les terroristes du Hamas ont jeté « leurs frères et sœurs de l’Autorité palestinienne » depuis les toits de Gaza et y ont construit leur « cité de la terreur souterraine ».
C’est au Hamas et à l’Autorité palestinienne de rendre des comptes pour la situation catastrophique qui prévaut à Gaza, a estimé le représentant, ajoutant que si la terreur palestinienne cessait, il n’y aurait plus besoin de blocus, ni de restrictions pour protéger les civils israéliens. « Mais tant que le Hamas continue d’augmenter ses arsenaux de missiles et à s’engager activement à détruire Israël, comme en témoigne le lancement, cette semaine, d’un nombre sans précédent de roquettes vers Israël, nous continuerons à faire tout le nécessaire pour nous protéger, comme chaque pays ici le ferait », a tranché M. Bachman.
S’adressant à la partie palestinienne, il a estimé que leurs différends ont bien plus de chances d’être réglés par le biais de négociations directes, que par des « tentatives unilatérales » pour prédéterminer les résultats de telles négociations ou en les évitant par le truchement d’organisations internationales. Ces tentatives « ne peuvent qu’échouer », a-t-il mis en garde.
M. YOUSSEF EL-MEZOUAGHI (Maroc) a salué le rôle central de l’UNRWA pour atténuer les souffrances des réfugiés palestiniens. Il a regretté le déficit budgétaire dont souffre l’Office et a invité les partenaires à le soutenir davantage. Il a ensuite averti que la politique de colonisation israélienne, « violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire », ne fait que peser sur les efforts de paix et empêche la recherche d’une solution juste et d’un règlement qui garantisse aux Palestiniens l’établissement d’un État indépendant. La communauté internationale doit assumer ses responsabilités pour sortir de l’impasse, prendre les choses en main, et peser de tout son poids pour revigorer les négociations selon un calendrier établi de bonne foi, a-t-il affirmé, insistant également sur l’importance de restaurer la confiance entre les deux parties.
M. MANUEL MADRIZ (Nicaragua) a exprimé sa solidarité avec les Palestiniens et a réitéré son souhait de paix dans la région par le biais de la solution des deux États, avec un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale. Il a insisté sur l’importance de la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la question de Palestine « qui sont les instruments diplomatiques de choix pour régler ce différend ».
Droits de réponse
Le représentant d’Israël a estimé qu’il fallait « énormément de patience » pour écouter les accusations proférées par certains représentants. Si un martien débarquait sur Terre et écoutait la farce d’hier et d’aujourd’hui, il en conclurait qu’Israël est une superpuissance diabolique et ne comprendrait pas le bien-fondé de ces accusations, une fois qu’il se rendra sur place, a affirmé le représentant. Loin d’être une « machine de guerre », comme cela a été affirmé, Israël est en fait une « machine de défense » car il est entouré par des pays qui ne reconnaissent pas l’existence même d’un État juif. Ces pays, a-t-il dénoncé, apprennent à leurs enfants la haine des juifs, génération après génération, alors qu’Israël investit dans la protection de ses citoyens, contrairement à ce qui se fait dans les territoires occupés qui utilisent des zones densément peuplées pour lancer leurs attaques contre Israël. D’ailleurs le Gouvernement israélien a dû investir des milliards dans un système antimissiles pour intercepter les missiles envoyés notamment depuis Gaza.
Décrivant Israël comme un îlot de stabilité et de démocratie dans la région, il a dit souhaiter « que certains des intervenants d’aujourd’hui puissent bénéficier un jour d’un tel environnement ».
Au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi, une minorité ne peut pas être faible et Israël n’a pas d’autre choix que de se défendre dans une région qui lui est hostile. Déplorant que les Palestiniens choisissent, selon lui, de « vivre dans la misère », il a estimé que c’est à eux de décider s’ils souhaitent accepter l’existence d’un État juif. Dès lors, il y aurait la paix, a-t-il soutenu. Cela suppose aussi, a-t-il ajouté, que les Palestiniens résolvent leurs problèmes internes, rappelant qu’il n’y a pas eu d’élections en 13 ans et que le Hamas a pris les Gazaouis en otage.
Le représentant a ensuite rappelé l’histoire difficile du peuple juif, et le fait qu’il aura fallu 20 ans pour faire la paix avec l’Allemagne en 1965, alors que six millions de juifs y avaient été exterminés. « Alors oubliez votre haine des Israéliens et essayez de poursuivre une voix meilleure », a-t-il exhorté, en invitant les Palestiniens à commencer par faire la paix entre eux. Une fois que ce sera fait, vous aurez en Israël un véritable partenaire en face, leur a-t-il assuré.
Le représentant de la Jordanie a fait observer que la Cisjordanie n’a jamais été occupée par la Jordanie mais qu’elle en faisait partie à la demande de Palestiniens. Il n’y a jamais eu d’occupation illégale, a-t-il souligné.
« La communauté internationale ne doit pas se taire alors qu’Israël moque le droit international et ne prend pas au sérieux nos délibérations », a lancé à son tour l’observatrice de la Palestine. Ainsi tout le monde a tort et seul Israël a raison? Personne ici ne dénigre Israël, mais les preuves sont connues et multiples grâce au travail des ONG israéliennes de défense des droits de l’homme. Selon elle, critiquer ces crimes et appeler à leur cessation n’a rien à voir avec la haine des Juifs, pointant la perpétuation de violences de la part d’Israël en tant que Puissance occupante. Elle a souligné qu’il ne s’agit pas d’un conflit religieux, mais de l’oppression du peuple palestinien et de l’annexion de facto de leur terre par une puissance « violente ».
Israël cherche à gagner du temps pour gagner du terrain en élargissant ses colonies colons après colons, et nous avons entendu les explications qui justifient cette occupation brutale comme si les Palestiniens étaient des êtres non civilisés. Mais c’est un peuple épuisé par les décennies d’occupation, a-t-elle lancé. Elle a souligné que les Palestiniens ont accepté ensuite que leur État soit créé sur 22% de leur territoire, et a dénoncé le fait qu’Israël n’ait jamais reconnu le droit du peuple palestinien à vivre dans un État indépendant sur la base du droit international. Israël transforme la vérité et omet de parler de la vie des Palestiniens sous occupation. Elle a également affirmé que certains hauts responsables israéliens emploient une rhétorique dangereuse, qualifiant les Palestiniens « d’insectes à détruire », et considèrent l’ensemble de la population civile comme des « terroristes » alors qu’il n’y existe qu’une poignée d’extrémistes.
L’observatrice a ensuite salué les nombreuses déclarations de soutien au droit international et aux résolutions des Nations Unies, soulignant que cette solidarité des États du monde entier était très importante pour les Palestiniens.
Réagissant, le représentant d’Israël a déclaré que « dans cette enceinte », la majorité ne signifie pas que les décisions sont justes et équitables, constatant que certaines résolutions sont adoptées « automatiquement » depuis des années. Il a par ailleurs affirmé que l’existence d’ONG israéliennes critiques envers les autorités le remplit de fierté: si une seule ONG de ce type active à Gaza, elle serait immédiatement éliminée, a-t-il assuré. Il a également relevé l’existence, chez les Palestiniens et dans de nombreux États arabes, d’émissions de télévision qui enseignent « la haine des juifs » à la population, décriant par ailleurs leur manque de réaction suite aux attentats terroristes à caractère antisémite commis notamment en France et au Danemark.
Il a aussi accusé le Hamas d’envoyer des enfants en première ligne, avant d’exhorter les Palestiniens à cesser de se présenter en victimes et de venir discuter avec les Israéliens.
À son tour, le représentant de la Syrie a accusé Israël de mentir pour voler les ressources des territoires qu’il occupe. Le représentant de « l’autorité d’occupation » pense pouvoir duper le monde, mais aucune tentative ne pourra couvrir la « face laide » de la pire occupation, s’est-il indigné, dénonçant par ailleurs qu’Israël fasse fi des centaines de résolutions lui demandant de mettre fin à son occupation de ces territoires. N’est-ce pas Israël qui soutient les terroristes du Front el-Nosra et qui a détruit plus de 260 villes, villages et fermes dans le Golan syrien occupé et a déplacé sa population? N’est-ce pas Israël qui a ciblé les structures au sein du territoire syrien en violation du cessez-le feu et qui a planté un million de mines dans le Golan syrien occupé coûtant ainsi la vie à plus de 200 enfants?