Quatrième Commission: l’efficacité des missions de maintien de la paix exige une présence plus marquée des femmes et des ressources adéquates
« La paix coûte toujours moins cher que la guerre. » C’est en ces termes que la représentante du Pakistan a cadré, ce matin, le débat de la Quatrième Commission consacré aux opérations de maintien de la paix. Elle se faisait l’écho d’autres délégations, comme celles de la Tanzanie, qui ont regretté la baisse du financement des opérations de maintien de la paix à cause de contraintes budgétaires.
C’est l’efficacité de ces missions qui est ainsi remise en cause, selon certains intervenants, car sans moyens adéquats on ne peut demander aux Casques bleus « de faire plus avec moins », comme l’a dit hier le représentant de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). La délégation argentine a, elle aussi, relevé cette tendance à faire assumer aux missions des responsabilités supplémentaires dans des opérations chaque fois plus dangereuses et complexes tout en gelant, ou réduisant, leurs ressources budgétaires.
C’est d’une seule voix que les délégations ont dit, une fois de plus, leur appui à la réforme du Secrétaire général pour prioriser la prévention des conflits au travers de la négociation, du dialogue et de la médiation, tout en renforçant l’efficacité et la cohérence des opérations de maintien de la paix. Saluant en particulier son initiative intitulée Action pour le maintien de la paix ou « A4P », de nombreuses délégations ont rappelé faire partie des 150 pays à avoir endossé la Déclaration des engagements communs concernant ces opérations, tout en disant être conscientes, comme l’a souligné l’Égypte, que le succès de cette initiative dépend largement du respect des engagements pris par les parties prenantes.
Qu’elles représentent des pays contributeurs de troupes ou pas, beaucoup de délégations ont souligné que l’efficacité des efforts de maintien de la paix de l’ONU passe notamment par une présence plus marquée des femmes dans les effectifs des missions, y voyant des agents privilégiés de la pacification. Celles-ci sont en effet des partenaires essentielles pour la réconciliation, la cohésion sociale et la reprise économique ainsi que pour la transition de la guerre à la paix, a noté le représentant du Costa Rica, alors que le Cambodge leur a reconnu un rôle de premier plan dans la lutte contre les violences sexuelles en situation de conflit. Le Pérou a d’ailleurs annoncé que, d’ici à la fin de l’année, il allait atteindre l’objectif fixé l’an dernier par les Nations Unies de déployer 15% de femmes dans les contingents armés.
La formation des personnels déployés sous la bannière des Nations Unies a également retenu l’attention des intervenants. « Des soldats de la paix bien formés et adéquatement équipés seront en mesure de décourager la violence », a fait valoir le représentant de l’Égypte, pour lequel une bonne formation prédéploiement doit inclure un module sur la déontologie. Son homologue de la Jordanie a expliqué que face à l’évolution des mandats des missions de maintien de la paix, son pays avait mis en place un bureau de formation du personnel de la paix, y compris pour les contingents de police. De son côté, la délégation du Brésil, forte de son expérience de principal pays fournisseur de contingents (55 000 Brésiliens déployés dans plus de 40 opérations de l’ONU en 13 ans), a mentionné les partenariats qu’elle offre en matière de formation, y compris par le biais d’unités mobiles qui peuvent se rendre sur le terrain.
La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er novembre à 10 heures.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (SUITE)
Déclarations
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déclaré que son pays, un des plus grands contributeurs de troupes, avait fourni plus de 200 000 Casques bleus ces 60 dernières années, dans 456 missions de maintien de la paix. Il accueille aussi l’une des plus récentes missions des Nations Unies, à savoir le Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP), qui surveille la ligne de contrôle au Jammu-et-Cachemire. Le Pakistan a également perdu 156 de ses plus valeureux soldats dans le maintien de la paix, a rappelé la déléguée, avant de plaider pour que les opérations de maintien de la paix aient des mandats clairs et soient bien équipées en termes financiers, matériels et humains.
La paix ne peut être établie par les seuls Casques bleus, a poursuivi la représentante, en demandant de soutenir le maintien de la paix par des solutions politiques et des processus de médiation, en se penchant notamment sur les causes profondes des conflits. Elle a aussi averti que de brusques coupes budgétaires risquent de réduire l’efficacité des opérations de maintien de la paix. « La priorité devrait être de renforcer les capacités et non de réduire le budget des missions. La paix coûte toujours moins chère que la guerre », a souligné la représentante. Le Pakistan pense, enfin, que le mandat de protection des populations civiles n’absout pas les gouvernements hôtes de leurs responsabilités de protéger leurs populations civiles.
M. LUIS FERNANDO OROZCO BARRERA (Colombie) a rappelé qu’en 2018, il y a déjà eu 69 morts parmi les Casques bleus déployés en opérations, « ce qui rappelle la pertinence et la nécessité d’améliorer la sécurité des membres des opérations de maintien de la paix ». Le représentant a ainsi prôné des ajustements dans les chaînes de commandement. Il a aussi recommandé d’améliorer les entraînements et de mieux gérer les situations complexes. Selon lui également, les efforts en matière de paix devraient être concentrés sur la prévention. Pour autant, a-t-il poursuivi, les missions de maintien de la paix sont plus pertinentes que jamais. « Mais nous, les États Membres et les membres de cette Commission, devons mettre en œuvre les actions pour transformer la prise de décisions. » Le représentant s’est félicité du travail mené aux Nations Unies pour contribuer au succès des opérations de maintien de la paix. « Malgré les obstacles et le prolongement de certains conflits, le mandat original de la Charte des Nations Unies est toujours pertinent et d’actualité », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne la fin des missions au Libéria et en Haïti, le représentant a estimé qu’il fallait y voir un espoir sur le chemin de la paix et de la sécurité. Par ailleurs, il a assuré que son pays allait respecter son engagement auprès de l’ONU de contribution en troupes, en apportant également une aide technique en matière de renseignement et de lutte contre le trafic de drogue. Il a rappelé la disposition de son pays à participer à toutes les missions de l’ONU. « L’avenir est prometteur », a-t-il déclaré en forme de conclusion.
M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a estimé que la responsabilité première en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale revient aux Nations Unies, même si la Charte ne dit rien sur les opérations dans ce domaine. Elles sont supposées jouer un rôle efficace pour réduire les tensions, régler les différends et créer un environnement propice à des solutions durables, a-t-il rappelé. Les objectifs et principes de la Charte rappellent l’importance de l’intégrité territoriale, de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans les affaires internes, des principes qui devraient être respectés par les opérations de maintien de la paix, a poursuivi le représentant. Il a également insisté sur l’importance du consentement des parties à la présence d’une telle opération dans un pays, de même que sur la nécessité de leur impartialité et du non-recours à la force, soulignant que les opérations de maintien de la paix ne sont pas une alternative à des solutions durables. Celles-ci supposent que l’on traite des causes profondes des conflits, a-t-il rappelé.
Si un certain nombre d’opérations de maintien de la paix ont pour but de protéger les civils, il a estimé que cette responsabilité revient en premier lieu aux autorités des pays hôtes. Il ne faut pas utiliser ce concept de protection des civils à des fins politiques ou autres, a exigé le représentant, avant d’appeler à élaborer une définition juridique de cette expression. Il a aussi souligné que le Gouvernement syrien fournit son aide et son assistance à la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), notamment en facilitant le redéploiement de ses forces de sécurité.
En ce qui concerne la question israélo-palestinienne, il a rappelé que l’occupation par Israël de territoires arabes est la raison de l’existence de trois opérations de maintien de la paix dans la région, soulignant que « cela a des conséquences sur le budget de l’ONU ». « La Syrie demande aux Nations Unies de faire pression sur Israël pour qu’il mettre fin à cette occupation. » Avant de conclure, M. Mounzer a accusé Israël d’appuyer certains groupes affiliés à Al-Qaida qui ont attaqué des membres et des sites de la FNUOD.
M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a présenté ses condoléances au Gouvernement du Burkina Faso après la perte de ses soldats de la paix tués, la semaine dernière, au Mali. « Cela rappelle la nécessité de relever les défis qui se présentent à nous dans le domaine des opérations de maintien de la paix », a-t-il dit. Le représentant a salué l’initiative du Secrétaire général « Action pour le maintien de la paix », qui vise à rendre les opérations de maintien de la paix plus efficaces, et a appelé à en tirer parti pour transformer les paroles en actes. Les opérations de maintien de la paix doivent avoir plus de capacités, a-t-il plaidé, surtout dans l’environnement de plus en plus complexe dans lequel elles évoluent.
Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le Gouvernement de la République de Corée prévoit d’accueillir le séminaire de formation pour les responsables de mission. Les Casques bleus sud-coréens ont toujours estimé qu’il est important de créer des liens avec les communautés locales, a-t-il ajouté. En ce qui concerne les défis multidimensionnels, son pays appuie les efforts de l’Union africaine pour aider les opérations de maintien de la paix sur le continent. « Ainsi, au Mali, nous avons financé un hôpital à Gao et nous espérons que cela contribuera à la paix dans la région », a déclaré le représentant. Enfin, il a annoncé que l’an prochain, son pays ferait partie des 10 contributeurs principaux aux opérations de maintien de la paix.
M. CHRISTIAN GUILLERMET FERNÁNDEZ (Costa Rica) a expliqué que, en tant que démocratie sans armée depuis 70 ans, son pays croit fermement au règlement pacifique des conflits et reconnaît la contribution des opérations de maintien de la paix de l’ONU à la recherche de ces solutions. Il a constaté que la nature même des opérations de maintien de la paix avait évolué au fil des ans pour devenir des opérations complètes multidimensionnelles, se félicitant à cet égard des propositions de réforme du Secrétaire général qui devraient permettre plus d’efficacité et une meilleure coordination entre la prévention des conflits, la médiation et la consolidation de la paix. Il a plaidé en faveur de mandats clairs pour les opérations de maintien de la paix, avec des priorités axées sur la médiation et la prévention des conflits, ainsi que pour la participation des femmes aux processus de paix. Celles-ci sont, en effet, des partenaires essentielles pour la réconciliation, la cohésion sociale et la reprise économique ainsi que pour la transition de la guerre à la paix.
En général, le Costa Rica encourage l’inclusion systématique d’observateurs et d’experts des droits de l’homme dans les processus de planification des missions politiques et des opérations de maintien de la paix, non seulement pour la protection des femmes en situation de conflit, mais aussi dans toutes les commissions d’enquête en cas d’abus et de violences sexuels. La représentante a également mis l’accent sur les mécanismes de justice et de transition, et a plaidé pour le suivi des atteintes sexuelles commises dans le contexte de conflits. Le Costa Rica soutient l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et se dit satisfait des mesures prises dans le contexte de la politique de tolérance zéro de l’Organisation car « il en va de l’image et de la crédibilité de l’ONU », ce qui inclut, à ses yeux, le dédommagement des victimes.
M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a déclaré qu’il ne fallait pas s’illusionner quant à la possibilité pour les opérations de maintien de la paix de fonctionner correctement sans le financement et les capacités suffisantes. Ces opérations devraient en outre bénéficier de mandats robustes, permettant aux Casques bleus d’assurer la sécurité des civils, y compris en empêchant l’afflux d’armes et de mercenaires dans la zone de déploiement. Simultanément, la mise en œuvre du mandat devrait être étroitement surveillée, pour identifier les besoins de réforme structurelle dans le but de soutenir en dernière instance une solution politique négociée, a recommandé le représentant. Il a également appuyé la politique de tolérance zéro du Secrétariat de l’ONU en matière d’exploitation et d’atteintes sexuelles, soulignant que le comportement des personnels de maintien de la paix devait être exemplaire.
M. ALEJANDRO VERDIER (Argentine) a déclaré qu’il attendait que les opérations de maintien de la paix s’inscrivent dans une stratégie systémique englobant la prévention des conflits, le maintien de la paix et l’instauration d’une paix durable intégrant une perspective de développement durable et l’analyse des causes profondes des conflits. Il a vivement appuyé la composante promotion et protection des droits de l’homme et de l’égalité des sexes. M. Verdier a, en outre, estimé nécessaire que les opérations prennent en compte les contextes spécifiques dans lesquels se déroulent les missions. Il a toutefois relevé la tendance croissante à faire assumer aux missions des responsabilités supplémentaires dans des opérations chaque fois plus dangereuses et complexes tout en gelant, ou réduisant, les ressources budgétaires. En conséquence, il a prôné plus d’efficacité et de souplesse pour les missions, avec des mandats et paramètres clairs pour le personnel et pour les États d’accueil, ainsi qu’une planification anticipée et des priorités établies dès le début de la consultation avec les États pourvoyeurs de troupes et de personnel de police.
Si les États Membres ont la réelle volonté d’améliorer l’efficacité et le travail du système de maintien de la paix, a-t-il poursuivi, il leur faudrait analyser de nouvelles idées et alternatives. À cet égard, il a estimé que la Commission de consolidation de la paix (CCP) serait susceptible de jouer un rôle clef dans la planification, la modification des mandats et le retrait des opérations de maintien de la paix. Il a enfin appuyé la réforme du pilier paix et sécurité telle que proposée par le Secrétaire général, insistant notamment sur l’importance du rôle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) en tant que forum unique de l’Assemblée générale chargé de l’examen des questions relatives aux opérations sous tous leurs aspects. M. Verdier a ensuite appuyé tous les efforts visant à la pleine application du volet « les femmes, la paix et la sécurité », précisant que l’Argentine avait rejoint l’Initiative Elsie sous la houlette du Canada, pour qu’un nombre plus élevé de Casques bleus femmes permette d’améliorer l’efficacité des missions. Il a réitéré l’engagement de son pays en faveur de la politique de tolérance zéro de l’ONU dans les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles et en faveur des mesures adoptées par le Secrétaire général à ce sujet. L’Argentine a elle-même adhéré au Pacte volontaire pour la prévention et la lutte contre ces phénomènes. Il a aussi invité à envisager la protection des civils sous l’angle politique et humanitaire au lieu d’une perspective purement militaire.
Mme TRACY QUEK (Singapour) a déclaré que, même en étant un petit pays avec des ressources limitées, Singapour participe à des opérations de maintien de la paix utiles et significatives. Depuis 1989, il a envoyé 2 000 personnels militaires et de police dans 15 missions de maintien de la paix. Singapour, en coopération avec le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions, a également aidé à développer l’application NOTICAS, qui permet d’améliorer l’efficacité dans l’établissement de rapports concernant les pertes sur le terrain.
Fort de ce bilan, Singapour encourage une coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes. Une coopération inclusive avec les pays hôtes est également essentielle pour parvenir à des mandats réalistes et conformes aux principes du maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, excepté en cas de défense. L’Assemblée générale doit, pour sa part, prévoir les financements adéquats pour les opérations de maintien de la paix, en temps voulu et sans y adjoindre de conditions. « Pour que les opérations de maintien de la paix réussissent, toutes les parties prenantes doivent jouer leur rôle », a conclu le représentant.
M. DAVID MERARDO MARTÍNEZ SUGASTTI (Paraguay) a approuvé l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies « Action pour le maintien de la paix ». En tant que pays fournisseur de contingents, nous savons à quel point il est important de respecter les mandats, a-t-il déclaré. Ainsi, nous avons mis en place différents cours et formations au Paraguay dans lesquels nous mettons l’accent sur l’aspect éthique des opérations de maintien de la paix.
Le représentant a rappelé que son pays est présent dans cinq différentes missions, notamment en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en République centrafricaine, à Chypre ainsi qu’en Colombie. Il a également évoqué la participation de femmes paraguayennes à ces missions. Mais comme l’a dit le Secrétaire général, « le drapeau des Nations Unies n’offre plus de protection au personnel du maintien de la paix », a-t-il regretté. Aussi, a-t-il jugé important que les Nations Unies et les États fournisseurs de personnels mettent en place les mesures nécessaires pour réduire les risques des opérations de maintien de la paix.
Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) s’est félicitée de la réforme initiée par le Secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix, notamment l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Il est essentiel, considérant la complexité politique, économique et sociale croissante de ces opérations, que le Département des affaires politiques (DPA) reste engagé à tout moment, a-t-elle dit en faisant valoir que, pour être totalement efficaces, ces opérations doivent être accompagnées par une volonté politique et soutenues sur le terrain. Elle a recommandé une complète coopération et une bonne coordination entre l’ONU, l’architecture de la consolidation de la paix des Nations Unies, les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la paix et la sécurité internationales, les opérations de maintien de la paix. Elle a salué le dévouement du personnel du Département de l’appui aux missions.
La représentante a jugé essentiel de donner plus de place aux femmes dans les opérations de maintien de la paix. Elles ont une approche différente que les hommes et comprennent différemment les problèmes, notamment dans de nombreuses communautés. Elles pourraient aussi aider à réduire les risques d’exploitation sexuelle, a-t-elle déclaré. À cet égard, « nous avons mis en place un contrôle très strict des antécédents dans les procédures de sélection des soldats déployés dans les opérations de maintien de la paix », a-t-elle déclaré. La représentante a souligné la sincérité de l’engagement de son pays envers la paix, étant donné qu’il participe depuis des décennies aux opérations de maintien de la paix et a acquis une expérience considérable dans le combat des éléments violents incontrôlables et l’assistance humanitaire.
M. SOKSAMPHEA LAO (Cambodge) s’est félicité de la vision du Secrétaire général pour la consolidation et le maintien de la paix ainsi que de ses engagements pris au titre du Plan d’action pour la prévention des conflits. Il a saisi cette opportunité pour rappeler que le Cambodge fait partie des 150 signataires de la Déclaration des engagements communs pour le maintien de la paix. Des Casques bleus cambodgiens sont actuellement déployés en République centrafricaine, à Chypre, en République arabe syrienne, au Liban, au Tchad, au Soudan, au Soudan du Sud et au Mali, a rappelé le représentant. L’an dernier, l’un de ces soldats est décédé du paludisme alors que cette année quatre autres ont trouvé la mort dans une embuscade en République centrafricaine. Le Cambodge condamne dans les termes les plus forts toute attaque délibérée visant le personnel de la paix de l’ONU et lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle trouve collectivement des réponses à ce phénomène.
Les opérations de maintien de la paix sont souvent confrontées à des processus politiques paralysés et des attaques directes d’acteurs transnationaux, a-t-il souligné, appelant dans la foulée à améliorer les processus de prise de décisions en vue de permettre notamment de trouver de nouveaux moyens pour assurer la protection des soldats de la paix et des civils en situation de conflit. Sa délégation encourage, en outre, des partenariats plus forts avec les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix pour mobiliser un plus grand soutien politique aux actions de maintien de la paix. S’il salue la réforme du maintien de la paix, le Cambodge plaide aussi pour des ressources et des équipements suffisants, des structures sanitaires adéquates et une formation prédéploiement correcte. Il encourage la participation des femmes aux opérations, « car elles sont mieux à même de comprendre les problématiques des femmes et des filles en situation de conflit ».
Mme ELSA HAILE (Érythrée) a déclaré que les opérations de maintien de la paix doivent s’adapter à un environnement en pleine évolution, dans le respect des principes fondamentaux. Elle a appelé toutes les initiatives de maintien de la paix à se concentrer sur la prévention et la prise en compte des causes profondes des conflits, tout en priorisant le développement de long terme, parallèlement au processus de paix. À cet égard, la délégation a apporté son soutien à la réforme du Secrétaire général pour prioriser la prévention au travers de la négociation, du dialogue et de la médiation, tout en renforçant l’efficacité et la cohérence des opérations de maintien de la paix. La coopération entre les organisations régionales et sous-régionales, l’ONU, et les États Membres est cruciale pour maintenir la stabilité régionale et la paix, a reconnu la délégation, qui a cependant souligné l’importance de faire preuve de prudence dans le déploiement de troupes en provenance d’États voisins, dont les intérêts nationaux prévalent dans la paix régionale.
M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a remarqué que, depuis quelques années, les mandats des opérations de maintien de la paix se déroulent dans un environnement de plus en plus compliqué, tandis que le monde contemporain fait face à des défis sécuritaires accrus. Les personnels des opérations sont trop souvent les victimes de lutte entre factions, a-t-il déploré en appelant à mettre en place des mécanismes pour protéger les Casques bleus, ceux-ci devant à leur tour protéger les civils innocents. Le représentant a regretté la baisse du financement des opérations de maintien de la paix à cause de contraintes budgétaires.
Dans la lignée de la Réunion de haut niveau pour les opérations de maintien de la paix qui s’est déroulée le mois dernier, le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devait veiller à fixer des mandats clairs pour les opérations de maintien de la paix. Il a, par ailleurs, demandé aux États Membres et à toutes les composantes des missions de renforcer les mesures de confiance. Concernant les attaques contre les soldats de la paix, le représentant a souhaité que toutes les missions aient des capacités et des contingents suffisants pour apporter le soutien nécessaire. L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, les États Membres et la communauté internationale, tous doivent être engagés pour s’assurer que toutes les missions reçoivent les ressources nécessaires pour remplir leur mandat, a-t-il déclaré. Enfin, le représentant a assuré que toutes allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles sont prises très au sérieux par son pays qui est entièrement engagée à appliquer la tolérance zéro.
M. ISAAC BACHMAN (Israël) a déclaré que la Syrie et le Liban avaient un dénominateur commun – comme d’ailleurs le Yémen, l’Iraq et Gaza: « Ces pays sont infestés d’acteurs non étatiques financés et armés par ce dénominateur commun qui cherche à instaurer son hégémonie et sa domination. Si nous devions examiner ce dénominateur commun, dont l’empreinte est visible partout, nous découvririons que le régime iranien est la raison pour laquelle il n’y a pas de paix », a-t-il expliqué.
Avant qu’une opération de maintien de la paix pour stopper Téhéran ne soit approuvée par l’ONU, les opérations déjà existantes dans la région devraient s’acquitter pleinement de leurs mandats, en particulier dans leur réponse aux milices pro-iraniennes, a encouragé la délégation.
Après avoir apporté son soutien à la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), Israël a assuré être engagé en faveur de l’Accord sur de dégagement de 1974, mais que les violations de la zone de séparation ou de la zone de limitation ne seraient pas tolérées. « Pour être clair: Israël tient le Gouvernement de la Syrie pour responsable de toute activité depuis son territoire visant Israël », a mis en garde M. Bachman.
Il a ensuite vivement encouragé la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) à s’acquitter pleinement de son mandat, sous peine, a-t-il averti, d’accroître les risques d’escalade et de remettre en cause la souveraineté du Liban et la sécurité d’Israël. Devant les efforts déployés par le Hezbollah pour développer ses capacités militaires et renforcer son arsenal avec l’aide constante de l’Iran, la FINUL doit prendre toutes les mesures nécessaires sur le terrain pour veiller à ce que les zones de déploiement ne soient pas utilisées pour des activités hostiles.
M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a fait observer que plus de 55 000 Brésiliens avaient contribué à plus de 40 opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), placée sous commandement brésilien, à laquelle sont pays a été le principal fournisseur de troupes depuis 13 ans. Le Brésil est actuellement à la tête de la force opérationnelle maritime de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), à laquelle il fournit son navire amiral, s’est encore enorgueilli le représentant, avant de rappeler que c’est également un général brésilien qui commande la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).
Cette « expérience considérable » de son pays est déterminante pour développer une perspective intégrée des processus de paix, a-t-il souligné tout en précisant que ces processus ne dépendent pas uniquement de moyens militaires. Alors que les opérations de maintien de la paix sont déployées dans des environnements de plus en plus instables et hostiles et que leurs ressources sont mises à rude épreuve, le Brésil offre des partenariats en matière de formation, a déclaré M. Giacomelii da Silva. Réitérant la condamnation la plus ferme possible de son pays de toutes violences sexistes et sexuelles commises par des soldats de la paix, il a demandé que les auteurs de tels actes soient traduits en justice.
M. MOHANNAD ADNAN MOUSA SHADDAD (Jordanie) a déclaré que son pays « croit au rôle humanitaire des forces de maintien de la paix et en la paix », ce dont témoigne le fait qu’il a déployé plus de 100 000 personnes au fil des ans dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU. La réussite de ces opérations dépend selon lui de la performance de tous les acteurs pertinents, mais avant tout d’un mandat clair et réaliste et de ressources adéquates. Soulignant aussi que le pays hôte a un rôle à jouer, il a insisté sur l’importance du dialogue triangulaire (Conseil de sécurité, Secrétariat, pays fournisseurs de contingents). Saluant les réformes engagées par le Secrétaire général sur le pilier paix et sécurité, il a dit que la Jordanie soutient l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». Toutefois, les missions de maintien de la paix ne peuvent pas se substituer aux réponses à apporter pour résoudre les causes profondes des conflits.
Étant donné l’évolution des missions et de la nature de leurs mandats, la Jordanie a mis en place un bureau de formation du personnel de la paix, y compris des contingents de police, pour leur permettre de participer aux opérations avec les compétences nécessaires, a signalé le représentant. Elle est également déterminée à augmenter la participation des femmes aux contingents jordaniens et vise un taux de 15% d’ici à la fin de l’année. En conclusion, le représentant a rappelé que le maintien de la paix doit s’accompagner de la consolidation de la paix, de la pérennisation de la paix mais aussi de la promotion de la paix, regrettant que des générations entières d’enfants et de jeunes ne savent pas ce que signifie vivre en paix. Ce sont précisément ces jeunes qu’il faut sensibiliser à la promotion de la paix dans les zones de conflit, a-t-il estimé.
M. ISSA KONFOUROU (Mali) a indiqué que le thème d’aujourd’hui revêt une importance particulière pour le Mali, qui est à la fois contributeur de contingents, et hôte de l’une des plus importantes missions de maintien de la paix à savoir la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Il a rendu hommage aux femmes et aux hommes qui servent dans les opérations de maintien de la paix, souvent dans des conditions difficiles et au péril de leur vie, pour préserver la paix là où elle est menacée, y compris au Mali où l’environnement sécuritaire est marqué par des attaques asymétriques indiscriminées. Saluant l’adoption de la résolution 2423 (2018) du Conseil de sécurité qui a renouvelé pour un an le mandat de la MINUSMA, il a souligné que cette résolution confirme le mandat robuste que le Conseil a confié à cette Mission, en soutien au processus de paix au Mali. Elle renforce notamment l’appui des Casques bleus au redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes ainsi que la coopération entre les Casques bleus, la Force conjointe du G5 Sahel en cours d’opérationnalisation et les forces françaises de l’opération Barkhane.
Pour sa délégation, la réussite des opérations de maintien de la paix relève de la responsabilité collective mais différenciée de tous les intervenants que sont le Conseil de sécurité, le Secrétariat, les pays contributeurs de contingents et les autres États Membres. À cet égard, le représentant a insisté pour que des consultations régulières soient instaurées et maintenues entre toutes les parties prenantes tout au long du processus de planification et d’exécution des missions. En ce qui concerne le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34), qui reste à ses yeux l’instance par excellence pour débattre des opérations de maintien de la paix, M. Konfourou a fait part de l’intérêt du Mali pour la réforme du pilier paix et sécurité initiée par le Secrétaire général. Il a endossé la Déclaration des engagements communs concernant ces opérations, tout comme le Pacte visant à mettre fin au fléau de l’exploitation et des atteintes sexuelles dans ces opérations, signé en 2017. Sa délégation se félicite en outre du partenariat stratégique établi entre l’UA et l’ONU dans le domaine du maintien de la paix qui s’est matérialisé par la signature du Cadre commun ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appuyé les réformes du Secrétaire général en matière de maintien de la paix et soutenu l’initiative « Action pour le maintien de la paix » qui contribue à améliorer l’efficacité des opérations, rappelant que « leur objectif principal est de créer des espaces qui jettent les bases de solutions pérennes ». Il a estimé que la chaîne de commandement qui encadre les personnels des opérations de maintien de la paix est essentielle pour atteindre les objectifs des Nations Unies. À cet égard, le Pérou vient de mettre en place un centre d’entraînement et de formation de son personnel de la paix dont le curriculum insiste notamment sur la protection des civils, le droit international humanitaire et la lutte contre la violence sexuelle en situation de conflit. Le Président péruvien a d’ailleurs participé au Cercle de dirigeants dirigeantes du Secrétaire général sur la question d’exploitation et d’atteintes sexuelles commis par des Casques bleus, et le Pérou défend la politique de tolérance zéro.
Le représentant a aussi plaidé pour un renforcement de la sécurité du personnel déployé sous la bannière des Nations Unies et a encouragé un dialogue triangulaire plus profond, notamment sur les objectifs des missions, leur planification et l’évaluation de leurs résultats, sans oublier la question des promesses de contributions. Le Pérou vise une participation de femmes dans ses contingents à hauteur de 15%, a ajouté M. Meza-Cuadra.
M. NASREDDINE NAOUALI (Tunisie) a salué les efforts du Secrétaire général pour réformer le dossier paix et sécurité. Il a souligné la responsabilité primordiale de l’ONU en termes de maintien de la paix et de la sécurité, en vertu de la Charte des Nations Unies, jugeant par conséquent essentiel de se conformer à ces principes. Il a énoncé un ensemble de mesures qui lui paraissent essentielles pour la bonne réussite des opérations de maintien de la paix: donner un mandat clair et des ressources adéquates; renforcer la communication entre les différents organes des Nations Unies; éviter la récurrence des conflits en créant un climat propice au développement; renforcer la sécurité des Casques bleus; respecter les droits de l’homme; faire face avec fermeté à tout cas d’exploitation sexuelle. Il faut également, selon les résolutions 1325 (2000) et 2242 (2015) du Conseil de sécurité, renforcer la place des femmes dans les opérations de maintien de la paix.
Le représentant a rappelé que son pays avait participé à 23 opérations de maintien de la paix depuis les années 60 et que la Tunisie est actuellement présente dans six missions. Dans le cadre des initiatives onusienne, il a salué la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine en Afrique. « Nous devons encourager ce partenariat et lui fournir les ressources adéquates », a-t-il déclaré. « Il est de notre devoir de redoubler d’efforts en la matière. »
Pour Mme AMAL MUDALLALI (Liban), les opérations de maintien de la paix jouent un rôle majeur et sont un instrument utile de réduction des tensions lors de crises; elles évitent qu’elles se transforment en guerres. Le Liban appuie les réformes proposées dans ce domaine par le Secrétaire général. Il a endossé la Déclaration des engagements communs pour le maintien de la paix et salue l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». La représentante a insisté sur l’importance d’un dialogue régulier entre Conseil de sécurité, Secrétariat, pays hôte et pays contributeurs de contingents. Elle a souligné la nécessité de partenariats renforcés aux niveaux régional et sous-régional. À cet égard, elle a soulevé deux questions qui « méritent d’être traitées » pour améliorer les activités de maintien de la paix: l’augmentation de la participation des femmes à ces activités et le strict respect de la politique de tolérance zéro.
La représentante a également mis l’accent sur l’importance de la prévention des conflits, ce qui signifie à ses yeux de s’attaquer au plus tôt aux causes profondes des conflits. En tant que pays hôte de deux missions de maintien de la paix des Nations Unies, le Liban salue le renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) par le Conseil de sécurité qui, ce faisant, « reconnaît le rôle constructif de cette Force ». Les forces libanaises essayent de coopérer dans la mesure du possible avec la FINUL pour parvenir à un cessez-le-feu définitif, a assuré la représentante, qui a toutefois estimé que le problème se « situe de l’autre côté de la ligne bleue ». Elle a en effet fait état d’incursions israéliennes au Liban, comme cela a été reconnu par le Conseil de sécurité. Enfin, la représentante a rendu hommage aux membres du personnel de la paix qui ont perdu sa vie au service de la FINUL et d’autres missions de maintien de la paix.
M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a indiqué que son pays est le vingt septième pays contributeur le plus important aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec près de 900 personnels de police et militaire déployés dans cinq opérations, l’un des chiffres les plus élevés parmi les pays fournisseurs de contingents, une fois ramené au nombre d’habitants. Tout récemment, le Conseil mongol de sécurité nationale a décidé de déployer un bataillon d’infanterie supplémentaire au sein de cinq opérations de maintien de la paix, s’est enorgueilli le représentant, qui a également souligné la détermination de son gouvernement à déployer des femmes, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité. À l’heure actuelle, 78 femmes officiers et 9 commissaires de police travaillent dans les zones de déploiement de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Il s’est également félicité du fait que le contingent mongol de Casques bleus de la MINUSS est connu pour s’acquitter de son mandat professionnellement et a été salué pour être « robuste, calme et approprié ».
Mme MARI SKÅRE (Norvège) a souligné que les engagements doivent être suivis d’actions concrètes. Comme sa délégation l’avait annoncé lors de la Déclaration de haut niveau du 25 septembre, la Norvège est préparée à étendre le concept de rotation multinationale pour le transport aérien au Mali pour deux années supplémentaires, soit jusqu’à fin 2022. Rappelant que le prix Nobel de la paix a été donné cette année à Denis Mukwehe et Nadia Murad, il a souligné les conséquences désastreuses de la violence sexuelle lorsqu’elle est utilisée comme arme de guerre. La Norvège, en collaboration avec le Département des opérations de maintien de la paix, est activement engagée dans le développement d’un livret qui fournit des outils pratiques aux Casques bleus afin de prévenir cette menace. « Nous devons nous assurer que les opérations de maintien de la paix soient en mesure de soutenir les efforts des gouvernements hôtes pour protéger les civils des abus de toutes sortes. » Avancer des solutions politiques est important à cet égard; cela bénéficiera aussi aux Casques bleus, a déclaré Mme Skåre.
En outre, la représentante a indiqué que la sécurité des personnels de maintien de la paix est une préoccupation majeure de sa délégation. Elle a salué à cet égard, les étapes importantes prises pour appliquer le Plan d’action basé sur le rapport Cruz. Elle a également salué l’importance donnée par les Nations Unies à la question du genre dans les opérations de maintien de la paix, même si elle considère que beaucoup reste à faire dans ce domaine. Elle a estimé qu’un poste de conseiller aux questions de genre devrait être créé de façon permanente dans tous les sièges opérationnels de l’ONU.
M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a salué les initiatives de réforme du maintien de la paix de l’ONU que le Secrétaire général a lancées et s’est félicité de l’initiative « Action pour le maintien de la paix », soulignant que son succès dépend largement de sa mise en œuvre et du respect des engagements pris par les parties prenantes. Contributeur de longue date aux opérations de maintien de la paix de l’ONU- 38 missions et 30 000 Casques bleus depuis 1960- l’Égypte déploie actuellement 2 300 effectifs militaires et de police sous la bannière des Nations Unies au Darfour (MINUAD), au Soudan du Sud (MINUSS), en République démocratique du Congo (MONUSCO), au Mali (MINUSMA), en République centrafricaine (MINUSCA), ainsi qu’au sein de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), ce qui témoigne de son engagement en faveur des efforts de maintien de la paix de l’ONU. En tant que Président actuel du Groupe des 77 et la Chine, l’Égypte est « fière » de sa contribution aux négociations réussies qui visaient l’amélioration de l’efficacité des missions en adoptant un budget de maintien de la paix, pour 2019, solide et les propositions de réforme du Secrétaire général dans ce domaine.
Pour l’Égypte, il ne faut déployer des opérations de maintien de la paix ou des missions de consolidation de la paix qu’en tant que mesures d’accompagnement de stratégies politiques qui s’attaquent aux causes profondes des conflits. Le représentant a ainsi souligné la primauté de la politique en matière de règlement de conflit. À cet égard, il a estimé que les efforts visant une efficacité renforcée des opérations doivent être ancrés dans des analyses intégrées des opportunités et défis à la paix en vue d’identifier les solutions au cas par cas, et pour orienter la planification intégrée des missions de maintien de la paix. L’Égypte estime qu’il faut se doter de cadres de référence pour s’assurer que les missions restent pertinentes et adaptables, une position qu’elle a défendue lors de sa présidence du Conseil de sécurité notamment dans la déclaration présidentielle S/PRST/2017/27, dans laquelle elle avait proposé des lignes directrices à cet effet. Le représentant, a d’ailleurs, demandé qu’elles soient prises en compte dans le contexte de la mise en œuvre de la Déclaration d’engagements communs pour le maintien de la paix.
Par ailleurs, il a exhorté le Conseil de sécurité à concevoir des mandats réalistes et clairs, appelant aussi à des consultations approfondies avec les pays fournisseurs de contingents à toutes les étapes, allant de la conception à l’examen des mandats des missions. « Des soldats de la paix bien formés et adéquatement équipés seront en mesure de décourager la violence », a ensuite déclaré le représentant, appelant à dispenser une bonne formation aux troupes y compris en matière de déontologie. Avant de conclure, le représentant a annoncé la Conférence régionale sur l’amélioration de la performance des opérations de maintien de la paix qui aura lieu au Caire, les 18 et 19 novembre, sur le thème « du mandat au retrait ».
Droits de réponse
Le représentant d’Israël, exerçant son droit de réponse face au délégué de la Syrie, a estimé que « le royaume syrien a bâti son pouvoir sur le sang des Syriens ». Ce régime n’a aucune légitimité, a-t-il lancé, ce qui a provoqué une interruption, par le Président de la Quatrième Commission, qui a soulevé une motion d’ordre au motif que le représentant israélien était allé au-delà du thème du jour.
Exerçant également son droit de réponse, le représentant de la République islamique d’Iran a estimé que le délégué israélien avait fait des « allégations fallacieuses ». « Ce régime a fondé sa politique sur les agressions au cours des 70 dernières années et cela continue face au peuple palestinien », a-t-il estimé. Insistant sur la « nature agressive » d’Israël, il a pris pour preuve que trois opérations de maintien de la paix avaient été déployées dans la région. Le représentant a ajouté que les conseillers militaires iraniens sont invités par le régime syrien pour lutter contre les terroristes, y compris le Front el-Nosra. « Le régime criminel d’Israël est la principale source d’instabilité au Moyen-Orient », a-t-il déclaré, avant d’appeler ce pays à rendre des comptes pour tous les crimes commis.
Le représentant de la République arable syrienne a jugé « ironique » d’écouter « les mensonges d’Israël ». « Ce pays apporte son aide à Daech et au Front el-Nosra », a-t-il affirmé en ajoutant que ces terroristes ont attaqué de nombreux sites en Syrie. Il a accusé Israël d’apporter son aide à ces terroristes. « Hier, a-t-il ajouté, les forces d’occupation d’Israël ont mis en place une véritable mascarade en organisant des élections municipales ». Le Golan est arabe, a-t-il lancé, en ajoutant qu’Israël contrevient à l’accord de désengagement. Le représentant a cité le Wall Street Journal dont les interviews prouvent qu’Israël appuie des terroristes. De plus, les forces d’occupation israéliennes ont apporté des soins médicaux à des terroristes, avant de les ramener dans la zone de désengagement afin qu’ils se rendent en Syrie, a-t-il avancé.
Le représentant d’Israël a trouvé « ironique » que la Syrie et l’Iran aient évoqué le sauvetage de vies humaines comme étant des crimes, or « c’est bien là ce que nous avons fait dans le Golan en sauvant des gens de la violence du régime syrien », a-t-il argué. « Nous sommes la seule démocratie au Moyen-Orient qui doit se défendre de toute part, alors que l’Iran et la Syrie sont occupées à maltraiter leurs propres populations », a affirmé le représentant, expliquant que c’est en cela que « nos approches sont très différentes ». Il a poursuivi en affirmant que les réfugiés accueillis par Israël confirmaient cette « haine d’Israël qui leur a été inculquée par le lavage de cerveau de leurs régimes ».
Reprenant la parole, son homologue de la République arabe syrienne a réaffirmé que le Golan syrien est arabe et le restera. Il a accusé Israël d’avoir maltraité des personnes âgées qui manifestaient contre « une mascarade israélienne », à savoir l’organisation d’élections municipales au Golan. Il a également demandé à la délégation israélienne comment elle peut se vanter d’accueillir des réfugiés alors même qu’elle soutient des groupes terroristes.
Le représentant d’Israël, soulevant une motion d’ordre, a relevé que le représentant syrien semblait très préoccupé par les incidents au Golan lors des élections municipales, et lui a demandé de rappeler quand il y avait eu des élections démocratiques en Syrie.
Le représentant de la République islamique d’Iran, exerçant son droit de réponse pour la deuxième fois, a jugé étonnant d’entendre Israël affirmer qu’elle est la seule démocratie au Moyen-Orient. Il y a consensus sur le fait que l’occupation d’Israël est réelle, car elle concerne des sites saints « chrétiens et musulmans » et est liée à la question palestinienne, a-t-il déclaré. Des agressions commises par Israël contre des femmes, des vieillards et des enfants ont choqué le monde, a-t-il dit.