Quatrième Commission: les délégations reconnaissent le COPUOS comme un moteur et une plateforme unique de la coopération internationale dans les activités spatiales
Au deuxième jour du débat de la Quatrième Commission (questions de politiques spéciales et décolonisation), sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace, les délégations ont été nombreuses à reconnaître le rôle de premier plan que joue le Comité des Nations Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), et ses organes subsidiaires pour la promotion de la coopération internationale dans ce domaine.
Le Canada a ainsi encouragé le Comité et le Bureau des affaires spatiales de l’ONU à capitaliser sur l’élan impulsé par la célébration, cette année à Vienne, du Cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50) et la finalisation des travaux du Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales, pour développer un ordre du jour résolument orienté vers l’avenir. La Présidente du COPUOS avait d’ailleurs reconnu hier qu’UNISPACE+50 avait fait avancer les discussions sur la formulation de nouvelles orientations concernant la gouvernance mondiale des activités spatiales.
En effet, compte tenu de la complexité croissante du programme spatial et de l’intérêt renouvelé pour l’exploration de l’espace par l’homme ainsi que pour la viabilité de la terre et de l’espace, les délégations ont été nombreuses à juger que « le moment est opportun » pour que le Comité se penche sur la direction à prendre pour garantir que l’espace soit mis au profit de toute l’humanité et de la planète, en privilégiant la coopération internationale.
De nombreux intervenants ont revendiqué un accès « universel » à l’espace et aux avantages à tirer des technologies et sciences spatiales afin de les mettre au service du développement durable et de la lutte contre les changements climatiques notamment. Certaines délégations, comme celles de l’Équateur et de l’Algérie, ont averti du risque de saturation des orbites satellitaires, réfutant le principe du « premier venu, premier servi », tandis que l’Iran a plaidé pour une exploitation rationnelle de l’orbite géostationnaire.
Allant dans le même sens, la Malaisie a estimé que les sept priorités thématiques approuvées en 2015 par le COPUOS, ainsi que son travail sur quatre piliers qui sont l’économie spatiale, la société spatiale, l’accessibilité de l’espace et la diplomatie spatiale, devraient orienter les préparatifs et le développement du programme « Espace 2030 » et son plan de mise en œuvre.
De son côté, l’Iraq a plaidé en faveur d’une amélioration de l’accès aux données satellitaires pour les pays en développement, soulignant leur importance pour la gestion des catastrophes naturelles, l’impact des changements climatiques et la nutrition, entre autres.
Ce débat a également donné l’occasion à certaines délégations de brosser un tableau de leurs programmes spatiaux, mais aussi des différentes formes que peut prendre la coopération internationale dans ce domaine.
Ainsi le Japon a évoqué l’initiative KiboCUBE, le programme de coopération ONU/Japon en vue du déploiement de satellites CubeSat depuis le module d’expérimentation japonais (Kibo) de la Station spatiale internationale. Lancée en 2015, cette initiative a permis à ce jour à des institutions du Kenya, du Guatemala, de Maurice et de l’Indonésie d’utiliser Kibo, et le Kenya a réussi à lancer avec succès son premier satellite cette année, en mai.
De son côté, le représentant algérien a évoqué un programme satellitaire africain qui permettrait l’accès aux données satellitaires à moindre coût aux pays du continent.
La Quatrième Commission se réunira à nouveau demain, jeudi 25 octobre, à partir de 15 heures.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE (SUITE)
Déclarations
Mme KIMBERLY K. LOUIS (Canada) a estimé que l’année 2018 a été une année phare pour le Comité des Nations unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) avec la célébration du Cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50) et la finalisation des travaux de son Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales. En tant que Président sortant du Comité, le Canada est honoré d’avoir joué un rôle de leadership sur ces deux dossiers, a indiqué la représentante. Il encourage le Comité, et ses sous-comités, ainsi que le Bureau des affaires spatiales à capitaliser sur le nouvel élan, notamment à travers le Groupe de travail récemment mis en place sur le programme « Espace 2030 ».
Compte tenu de la complexité croissante du programme spatial, de l’intérêt renouvelé pour l’exploration de l’espace par l’homme, ainsi que celui pour la viabilité de la terre et de l’espace, le moment est opportun pour que le Comité se penche sur la direction à prendre en matière de coopération mondiale pour mettre l’espace au profit de toute l’humanité et la planète. Pour que cette coopération soit couronnée de succès, a-t-elle enchaîné, il faut pouvoir compter sur l’engagement et les contributions de tous les pays pertinents, en particulier les puissances spatiales établies et celles qui émergent, a poursuivi la représentante.
La représentante a ensuite passé en revue le rôle joué par le Canada dans l’exploration spatiale depuis 1962, date du lancement de son premier satellite – Alouette 1. Il fait aujourd’hui partie de la station spatiale internationale (ISS) et contribue à l’exploration de Mars, en collaboration avec la NASA et ESA. Les prochains mois seront importants pour le programme spatial canadien, a précisé la déléguée, avec la mission de l’astronaute canadien, David Saint-Jacques, auprès de l’ISS et le lancement de la mission Constellation Radarsat. Elle a reconnu toutefois que l’avenir de l’exploration spatiale exigera une coopération internationale soutenue et une gouvernance spatiale mondiale.
Pour le Canada, l’espace extra-atmosphérique représente un instrument de la paix, de la diplomatie et de la coopération entre nations, et c’est la coopération internationale qui rend son exploration possible.
M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a réaffirmé son attachement aux principes et accords qui doivent régir les activités des États dans l’exploration et l’utilisation de l’espace, qui doivent se baser sur quatre aspects fondamentaux qui sont l’utilisation commune et à des fins pacifiques, l’utilisation égalitaire, la coopération et la solidarité internationales.
Sa délégation soutient, en outre, le processus visant l’élaboration du programme « Espace 2030 » qui vise à promouvoir les bénéfices et la coopération dans l’utilisation pacifique de l’espace au service du développement humain, et ce, dans un contexte marqué par la complexité croissante du programme spatial.
Le représentant s’est par ailleurs dit d’avis que l’un des principaux objectifs du COPUOS devrait être la promotion de la viabilité des activités dans l’espace extra-atmosphérique pour que les générations futures puissent également profiter de l’accès à l’espace. Le Gouvernement d’El Salvador estime par ailleurs que la science et les technologies spatiales peuvent être très utiles, notamment pour ce qui est de la gestion des catastrophes naturelles, la protection de l’environnement, la télésanté et la télééducation. Dans cette optique, El Salvador a mis en place une équipe inter institutions qui sera l’homologue du COPUOS.
M. KHALID MANZALAWI (Arabie saoudite) a souligné que son pays continue de s’impliquer dans les activités spatiales, citant notamment l’ouverture d’un centre pour la science et la technologie. Le Royaume saoudien a aussi mis au point un programme de développement pour les satellites et les technologies spatiales de pointe. Le représentant a aussi indiqué que ces dernières années, 17 satellites ont été lancés et que plusieurs autres sont sur le point d’être mis en orbite dans le but de développer la télédétection. Ces technologies ont été mises au point avec une société privée, ce qui a aussi permis de former des ingénieurs saoudiens, a-t-il ajouté.
Le représentant a également indiqué que le Royaume s’intéresse aux technologies permettant d’étudier la face cachée de la Lune. Il a aussi parlé de la création d’un centre de pointe pour renforcer la participation de l’Arabie saoudite aux activités d’exploration de l’espace, et ce, en coopération avec un institut californien, et un centre de la NASA. Nous mettons au point des satellites pour étudier les dunes de sable et les sources d’eau, afin, notamment d’éviter les catastrophes naturelles.
Mme SHIORI AMIYA (OKU), (Japon) est revenue sur la célébration, cette année, à Vienne, d’UNISPACE+50. S’agissant des sept priorités thématiques approuvées par le COPUOS en 2016, « qui cristallisent l’essence même d’UNISPACE », la représentante a indiqué que le japon avait étroitement coopéré avec la communauté internationale pour les arrêter. À titre d’exemple, il a cité sa contribution à la priorité thématique 1 qui porte sur « les partenariats mondiaux dans l’exploration spatiale et l’innovation », puisque le deuxième International Space Exploration Forum s’est tenu à Tokyo cette année. Il a précisé que les documents finaux du Forum peuvent servir de base aux gouvernements pour engager le dialogue en vue de promouvoir la coopération internationale et l’exploration spatiale à long terme au service de l’humanité.
Le délégué a ensuite fait le point sur l’initiative KiboCUBE, le programme de coopération ONU/Japon en vue du déploiement de satellites CubeSat depuis le module d’expérimentation japonais (Kibo) de la Station spatiale internationale. Lancée en 2015, cette initiative a permis à ce jour à des institutions du Kenya, du Guatemala, de Maurice et de l’Indonésie d’utiliser Kibo, et le Kenya a réussi à lancer avec succès son premier satellite cette année en mai.
Le Japon est également activement impliqué dans la coopération régionale pour renforcer l’utilisation pacifique de l’espace et pour développer des capacités spatiales d’acteurs émergeants. Il coaccueille, chaque année, le Forum régional Asie-Pacifique des agences spatiales.
M. MOHD AINI ATAN (Malaisie) a salué les progrès réalisés en matière de coopération internationale dans les activités spatiales à des fins pacifiques grâce aux efforts du COPUOS et du Bureau des affaires spatiales de l’ONU. Il a notamment cité le développement d’un « curriculum juridique pour l’espace », les programmes de renforcement des capacités en particulier pour les pays en développement, les systèmes de navigation et de chronométrage satellitaires ainsi que les programmes éducatifs sur l’espace offerts par les centres régionaux affiliés aux Nations Unies. Le représentant a encouragé l’échange d’informations en termes de découverte, d’observation et de caractérisation physique des objets potentiellement dangereux aux alentours de la terre. Il a ensuite mis l’accent sur les problématiques des débris spatiaux, de la course aux armements dans l’espace, ainsi que sur la consolidation de la résilience aux catastrophes, sans oublier la promotion des sciences, technologies et applications spatiales et leurs pertinences pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
S’agissant du Cinquantenaire d’UNISPACE, il a espéré que sa commémoration aura contribué à ouvrir la voie au renforcement du rôle du COPUOS et de ses organes subsidiaires, ainsi que du Bureau des affaires spatiales, dans la promotion de la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace. Dans la foulée, il a confirmé le soutien de sa délégation au projet de résolution adopté à Vienne en juin 2018, « UNISPACE+50 »: l’espace comme moteur du développement durable. Le représentant a salué les sept priorités thématiques d’UNISPACE et le travail sur ses quatre piliers qui sont l’économie spatiale, la société spatiale, l’accessibilité de l’espace et la diplomatie spatiale qui devraient, à son avis, orienter les préparatifs et le développement du programme « Espace 2030 » et son plan de mise en œuvre.
Sur le plan national, la Malaisie a commencé à préparer sa législation spatiale nationale.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a déclaré que l’espace extra-atmosphérique est un bien commun de l’humanité, en vertu de quoi il faut en garantir le libre accès à toutes les nations, sur la base de la coopération internationale dans les domaines notamment de la coopération scientifique et le transfert de technologies. L’exploration et l’usage de l’espace extra-atmosphérique doivent toutefois se faire à des fins exclusivement pacifiques et conformément au droit international, a-t-il indiqué. Il a salué le rôle du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) et de ses deux sous-comités.
En outre, le représentant a estimé que le déclenchement éventuel d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique représenterait indubitablement une menace à la paix et la sécurité internationales. Des mesures de transparence et de promotion de la confiance pourraient jouer un rôle important pour la paix, a-t-il estimé. Il a salué le projet de traité proposé par la Chine et la Fédération de Russie, relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, estimant que c’est une bonne base pour lancer des négociations sur la possible adoption d’un instrument juridiquement contraignant. Il a exprimé sa préoccupation concernant la mise au point de satellites conçus pour capter certaines communications, ce qui est contraire à la souveraineté des États, s’est-il indigné. Enfin, le représentant vénézuélien a demandé aux pays développés de fournir une assistance et une coopération aux pays en développement pour la mise en œuvre de programmes spatiaux.
M. PAUL BATIBONAK (Cameroun) a dit que les sciences et techniques spatiales et leurs applications fournissent des outils indispensables pour trouver des solutions viables propres à assurer le développement durable. Nous devons donc chercher à tirer profit des avantages qu’offrent les techniques spatiales, en particulier disposer d’informations géospatiales fondamentales pour relever les défis dans le domaine des changements climatiques et des catastrophes naturelles, ainsi qu’en matière de réalisation des objectifs de développement durable.
Toutefois, a nuancé le délégué, ce panorama prometteur s’assombrit toujours plus à cause de la tendance croissante à la militarisation de l’espace, de la part des puissances qui y transplantent la course aux armements ainsi que la prolifération des débris spatiaux. Ce caractère militaire et paramilitaire des activités spatiales constitue une menace non seulement à l’utilisation pacifique de l’espace mais également à la survie de l’être humain. En réponse à cette menace croissante, la communauté internationale doit réfléchir sur la meilleure façon de relever ces défis de l’exploitation et de l’utilisation pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.
M. YONG JIN BAEK (République de Corée) a constaté que, sans coordination adéquate, l’évolution des technologies spatiales et le nombre croissant des acteurs et objets spatiaux représentent à la fois une bénédiction et une menace pour l’humanité. Dans la situation actuelle, ce rôle de coordination joué par le Comité des Nations Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique est plus important que jamais, a-t-il souligné.
À ce titre, il a salué l’ensemble des directives développées par le Comité pour garantir la viabilité à long terme des activités spatiales. Même si le Comité n’a pas pu parvenir à un consensus sur cet ensemble de lignes directrices au cours de sa soixante et unième session, son Président et son Groupe de travail ont travaillé d’arrache-pied, a reconnu le représentant.
Il a ensuite salué la célébration du Cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50) cette année à Vienne, ainsi que l’adoption, à cette occasion, du projet de résolution sur l’espace comme moteur du développement durable.
Pour la République de Corée, l’espace doit rester sûr et viable. Dans le même temps, le potentiel énorme des sciences et technologies spatiales pour le développement durable ne devrait pas être entravé, a poursuivi le représentant, expliquant que son gouvernement avait développé, en février dernier, son troisième plan-cadre pour le développement de l’espace afin de mettre les technologies spatiales au service de la lutte contre les changements climatiques, les catastrophes naturelles ou encore les objets spatiaux. Dans ce contexte, le représentant a mis l’accent sur l’importance de la transparence et de mesures de confiance dans l’environnement spatial actuel « qui est de plus en plus complexe ».
M. ALI HILAL ALHADI (Iraq) a appelé à adopter des mesures collectives qui permettront à tous les pays de tirer parti de l’espace extra-atmosphérique. Il a estimé que les conclusions du Cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50) devraient profiter à tous les États Membres, indépendamment de leur niveau de développement. Des lors, l’Iraq appelle la communauté internationale à utiliser l’espace extra-atmosphérique conformément au droit international, et à développer une stratégie commune pour l’exploration et l’utilisation de l’espace au profit du développement durable.
L’Iraq plaide en faveur d’une amélioration de l’accès aux données satellitaires pour les pays en développement, soulignant leur importance pour la gestion des catastrophes naturelles, l’impact des changements climatiques et la nutrition, entre autres.
Le représentant a ensuite présenté certaines avancées positives dans l’utilisation des données et technologies spatiales en Iraq, notamment pour surveiller la pollution des cours d’eau dans certaines parties du pays grâce à des images à haute définition et des données satellitaires. Des données spatiales ont également été utilisées pour mesurer les dégâts infligés par le groupe EILL, a indiqué le représentant qui a, par ailleurs, plaidé contre une militarisation de l’espace.
M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a souligné que les technologies de l’espace extra-atmosphérique sont indispensables pour le développement durable des nations. Ainsi, la coopération internationale est indispensable pour que progressent les programmes spatiaux, notamment ceux des pays en développement. Insistant sur le rôle des partenariats, il a rappelé qu’au cours des années 1980, le Brésil et la Chine ont collaboré au programme satellite d’exploitation des ressources terrestres, qui a permis de construire et lancer avec succès tout un ensemble de satellites permettant de gérer les ressources de la planète. Les prochains lancements auront lieu en 2019, a-t-il précisé. Plus récemment, le Brésil a été l’un des premiers partisans de l’initiative italienne « Univers ouvert », qui doit permettre le partage d’informations sur la question via des universités.
Il a insisté sur l’importance des systèmes multilatéraux pour trouver des solutions aux défis associés aux activités dans l’espace extra-atmosphérique, saluant au passage le rôle du COPUOS, ainsi que le programme « Espace 2030 » et UNISPACE+50.
Cependant, le représentant a noté que des préoccupations substituent concernant des risques de conflit dans l’espace extra-atmosphérique. « Tous les efforts doivent être faits pour préserver la sécurité dans les activités dans l’espace extra-atmosphérique », a-t-il déclaré. Certes, le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique n’est pas une instance de désarmement, mais il fournit une contribution importante dans la gouvernance mondiale des activités dans l’espace, a par ailleurs commenté le représentant, qui a fait part de la fierté du Brésil, qui le présidera en 2019.
M. KENNETH HODGKINS (États-Unis) a présenté certains développements notables dans la politique spatiale des États-Unis, à commencer par la stratégie nationale du Président Trump pour l’espace. Il a expliqué que cette stratégie concerne l’ensemble du Gouvernement, pour ce qui est du leadership américain dans l’espace. Elle sera mise en œuvre en partenariat avec le secteur privé et « nos alliés ».
S’agissant des efforts américains pour améliorer la viabilité des activités spatiales, le représentant a indiqué que la directive 3 de cette stratégie était consacrée à la gestion du trafic spatial. Elle stipule que les États-Unis doivent encourager l’adoption de nouvelles normes de comportement et de meilleures pratiques par la communauté internationale au moyen de discussions bilatérales et multilatérales avec d’autres puissances spatiales et à travers la participation américaine à différents organismes, y compris le COPUOS « qui doit demeurer une instance multilatérale importante pour faciliter un environnement propice au renforcement de la sûreté, stabilité et viabilité des activités spatiales », a souligné le représentant.
À cet égard, il a reconnu les progrès faits par le Sous-Comité scientifique et technique du Comité et par son Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales. Il a notamment salué l’adoption, par le Groupe de travail, de 21 directives volontaires qui « représentent un jalon historique » pour l’utilisation sure et responsable de l’espace pour que toutes les nations puissent continuer à en tirer parti à long-terme.
Le représentant a également souligné que le sous-comité juridique a joué un rôle clef pour élaborer les traités sur l’espace, et a salué son nouveau programme pluriannuel sur le régime juridique et la gouvernance mondiale de l’espace.
Il a aussi salué le fait que l’année 2018 a été l’année du bilan d’UNISPACE, et s’est félicité du succès de la Conférence marquant cette année le Cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50), ainsi que du programme « Espace 2030 » qui en a émergé.
Mme HUDA AL ABDALI (Émirats arabes unis) a jugé nécessaire de promouvoir les partages des pratiques optimales relatives à l’exploration spatiale. Elle a indiqué que les Émirats arabes unis ont lancé une série de projets notables, notamment la planification d’une mission d’exploration de Mars, ainsi que la construction d’une ville pour simuler les conditions sur cette planète. Par ailleurs, elle a jugé essentiel d’enrayer la course aux armements dans l’espace.
En outre, les Émirats arabes unis ont accueilli, en 2017, en collaboration avec les Nations Unies, un Forum de haut niveau sur l’espace en tant que moteur du développement durable qui a abouti à la formulation de recommandations précieuses. Les Émirats arabes unis font de nombreux efforts pour mettre en place des partenariats avec des entités de premier plan. Ainsi, nous avons signé un accord pour le lancement du premier astronaute des Émirats arabes unis dans l’espace.
Pour M. DIEGO ALONSO TITUAÑA MATANGO (Équateur), le moment est propice pour évaluer les objectifs du contexte normatif international de l’espace. Il est conscient des liens entre l’accès et l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques et pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. L’Équateur plaide en faveur d’un meilleur accès à l’espace pour les pays en développement, à travers des accords de coopération pour la mise en œuvre de programmes responsables qui profitent à toute l’humanité, a expliqué son représentant.
Il a mis l’accent sur les politiques de prévention des catastrophes naturelles au moyen de technologies de l’espace, précisant que l’Équateur défend la protection de l’environnement en tirant partie des sciences spatiales.
Le représentant a également souligné l’importance de promouvoir la coopération internationale dans l’exploration et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques et scientifiques et pas seulement commerciales. Il a également soulevé les risques de saturation de l’orbite géostationnaire.
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a d’abord souligné l’importance de l’accès sans discrimination à la science et aux technologies spatiales pour les États, citant leur rôle indispensable pour le développement durable. Il a aussi insisté sur le strict respect du principe d’égalité du droit de l’espace, appelant à une exploitation rationnelle de l’orbite géostationnaire. Le représentant a ensuite appelé à répondre au problème des débris spatiaux.
Poursuivant, le délégué a aussi souligné que l’un des principes cardinaux du droit de l’espace est l’exploitation exclusivement à des fins pacifiques de l’espace. Toutefois, l’annonce par les États-Unis de créer une nouvelle force militaire pour l’espace extra-atmosphérique constitue une évolution alarmante. Les Américains, a-t-il affirmé, cherchent à dominer l’espace, le considèrent comme une zone de guerre et travaillent à développer des systèmes d’armement pour l’espace. De telles politiques et de telles mesures augmentent la possibilité d’une course aux armements ou même des conflits dans l’espace extra-atmosphérique, s’est-il alarmé. Nous devons déployer tous les efforts possibles pour assurer que l’espace extra-atmosphérique soit exploré et utilisé uniquement à des fins pacifiques. L’Iran appuie les négociations pour un instrument juridiquement contraignant de prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.
M. IBRAHIM MODIBBO UMAR (Nigéria) a estimé que l’exploration et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique et des corps célestes doivent être faites à des fins pacifiques et pour le bénéfice de tous. À cet égard, les États dotés de capacités spatiales importantes doivent contribuer activement à l’objectif d’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, a-t-il déclaré, ainsi qu’à la prévention de la course aux armements dans l’espace. Ils devraient aussi se retenir d’agir de manières contraires à cet objectif.
Le représentant a ensuite expliqué que le Nigéria entend utiliser ses capacités spatiales à des fins de développement, notamment pour procéder à des analyses environnementales et suivre l’évolution de questions essentielles comme la désertification. Nous estimons que les stratégies spatiales peuvent et doivent bénéficier à toute l’humanité de manière équitable, que ce soit pour les pays développés ou ceux en développement, a-t-il insisté.
M. Umar s’est ensuite attardé sur l’impact des changements climatiques et des importants mouvements migratoires qu’ils entraînent, notamment dans la région du lac Tchad. Le Nigéria essaie de reconstituer l’écosystème du bassin en menant des opérations de télédétection et rappelle, à cet égard, l’importance du partage d’informations.
M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a expliqué que le programme spatial algérien vise à satisfaire les besoins nationaux dans divers domaines. Il veille notamment à ce que les technologies spatiales puissent contribuer au développement socioéconomique tout en gardant à l’esprit l’importance de la coopération dans ce domaine, a expliqué le représentant. Il a également expliqué que le système satellitaire algérien, qui est composé de 10 satellites mis en orbite par l’Algérie, vise à favoriser la protection de l’environnement et le suivi de la désertification, entre-autres.
Pour ce qui est des applications spatiales, le représentant a indiqué qu’elles ont notamment été utiles au projet de développement urbain grâce à des images satellitaires. L’Algérie a participé à divers programmes régionaux organisés par le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies. Sur le plan régional, elle soutient toutes les initiatives dans les domaines des sciences et technologies spatiales pour favoriser le développement durable de l’Afrique. À ce titre, il a cité un plan commun africain de satellites qui fournissent des données à moindre coût.
L’Algérie suit de près toutes les questions portées à l’attention du COPUOS et contribue à ses efforts en faveurs d’activités spatiales pacifiques au service du développement durable et du bien-être de l’humanité. Elle appelle à définir les limites de l’espace extra-atmosphérique et à sa protection, ainsi qu’à une répartition équitable des positions orbitales réfutant le principe du « premier arrivé, premier servi ». Le représentant a également mis l’accent sur la menace que représentent les débris spatiaux. Il a demandé au COPUOS de tenir compte des inquiétudes exprimées par certains pays et de les aider à développer leurs capacités spatiales nationales.