En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
10e séance – matin
CPSD/670

Quatrième Commission: des délégations insistent sur l’importance du multilinguisme dans le travail du Département de l’information de l’ONU

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a entamé, ce matin, l’examen des questions relatives à l’information, l’occasion pour la Secrétaire générale adjointe à la communication, Mme Alison Smale, de faire le point sur l’état du processus de réforme du Département de l’information.  Au cours de ses échanges avec les délégations, ainsi que lors du débat des États Membres, l’importance du multilinguisme a été citée à de nombreuses reprises.

Dans un premier temps, Mme Smale a expliqué que la réforme en cours du Département lui permettra d’être plus agile et d’avoir plus d’impact dans les communications, aussi bien au sein de l’Organisation, qu’auprès des parties externes et du public.

Concrètement, elle a fait savoir que l’appui administratif et programmatique du réseau mondial des 59 centres d’information des Nations Unies a d’ores et déjà été décentralisé afin de leur assurer une assistance en temps réel.  De plus, face au défi majeur que sont les changements climatiques, le Département utilisera tous ses leviers d’action au cours des prochains mois pour renforcer la sensibilisation autour de cette question, moyennant notamment une couverture étendue de la Convention-cadre sur les changements climatiques de Katowice (Pologne) en décembre, et du sommet que le Secrétaire général compte convoquer en septembre prochain au Siège, à New York.

En outre, a indiqué Mme Smale, le changement de nom du Département, qui sera connu, à partir du début de l’an prochain, sous le nom de « Département des communications mondiales », sera le signe de son renforcement, « d’un département mieux positionné pour répondre aux défis de communication du XXIsiècle », capable « d’amplifier les messages de l’ONU et de veiller à ce que tous ceux qui délibèrent et prennent des décisions dans ses enceintes entendent la voix des peuples ».

« Si nous réussissons dans notre mission, nous autonomiserons les peuples pour qu’ils fassent partie de la solution, et partagerons également le message que nous avons plus à gagner en travaillant ensemble qu’en se frayant un chemin seul », a-t-elle notamment déclaré.

À l’issue de son intervention, les délégations, à l’instar de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ou du G77 et de la Chine, n’ont eu de cesse de souligner à quel point le multilinguisme est inhérent au travail des Nations Unies et essentiel pour créer des liens entre les peuples.

« Le multilinguisme est véritablement le fondement d’un multilatéralisme effectif, il est nécessaire au maintien des équilibres, à la dignité et à l’égalité de tous », a souligné le Groupe des ambassadeurs francophones, par la voix du Madagascar qui y a vu la condition d’une ONU « véritablement comprise » et acceptée par les populations locales, notamment la jeunesse.

Aussi, Trinité-et-Tobago, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a souligné l’importance, pour tous les Départements du Secrétariat, d’intégrer le multilinguisme dans l’ensemble de leurs activités d’information et de communication et d’assurer l’égalité entre les langues officielles.

Intervenant au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole, le Paraguay a rappelé que l’espagnol était la seconde langue la plus parlée dans le monde et a réitéré sa préoccupation au sujet de la disparité persistante entre l’usage de l’anglais et celui des cinq autres langues de travail de l’ONU, une observation partagée par de nombreuses délégations.

Il faut changer de paradigme et sortir de la culture de la traduction, ont demandé certaines délégations.  Mais pour cela, « il faut s’assurer que le Département ait les capacités et les ressources nécessaires pour travailler et publier dans toutes les langues officielles de l’ONU », a rappelé la CARICOM.

Souhaitant que cet aspect soit inclus dans les futures propositions budgétaires pour le Département, la CELAC a également regretté que les communiqués de presse ne soient toujours pas disponibles dans chacune des six langues officielles des Nations Unies, l’Argentine ayant de plus relevé que « cette discrimination n’est justifiée par aucune norme ».

Les communiqués de presse, « qui fournissent des comptes rendus durant les sessions des organes principaux et subsidiaires, constituent dans de nombreux cas le seul moyen d’assurer la transparence, la reddition de comptes et la mémoire institutionnelle », a notamment justifié la délégation argentine.

De son côté, l’Algérie a affirmé que les communiqués de presse ne reflètent pas ce qui se passe au cours des débats, « notamment lorsqu’il s’agit des travaux de la Quatrième Commission ».  Il a dénoncé des « titres sensationnels » et a demandé que des mesures soient prises pour que les communiqués de presse reflètent réellement ce qui s’est passé.  Ceux qui sont à l’origine des communiqués ne doivent émettre aucun commentaire, ni de prise de position, a affirmé le délégué qui a souligné que le département concerné doit se limiter au mandat qui lui a été assigné.

Face aux changements dans la diffusion de l’information et la prééminence du numérique, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’est par ailleurs préoccupée de l’étendue du fossé numérique.  En conséquence, a estimé la délégation, le Département ne devait pas oublier dans le bouquet de ses médias la radio, la télévision et la presse écrite.

Compte tenu de la difficulté actuelle de disposer d’une information crédible, l’ASEAN a également exhorté le Département de l’information, en tant que « messager de l’ONU », à rester en alerte et à filtrer les fausses nouvelles pour diffuser « une information impartiale et non biaisée ».

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 19 octobre, à partir de 10 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL PORTANT SUR LES POINTS RELATIFS À l’INFORMATION

Déclarations

M. HAJIME KISHIMORI, Rapporteur du Comité de l’information, a présenté le rapport des travaux du Comité de l’information à sa quarantième session.  Il a souligné que le paysage des médias vit des changements rapides.  « Les personnes veulent participer, recevoir des informations, mais aussi décider », a-t-il déclaré.

Concernant les questions de fond, des sujets récurrents comme le multilinguisme, les langues officielles et locales, l’utilisation des nouveaux médias, l’importance de la jeunesse et la réforme du Département ont été partagées par les délégations.  Un grand nombre d’orateurs ont mis en exergue la qualité des contributions.  La question du multilinguisme reste une priorité pour un grand nombre de délégations qui ont demandé la parité dans l’utilisation des langues officielles et ont notamment rappelé l’importance de l’espagnol, plusieurs délégations ayant démontré qu’il y a un intérêt évident, pour le Département, d’interagir auprès des hispanophones.

D’autres parties ont insisté sur le besoin de parvenir au multilinguisme dans les documents et l’archivage des retransmissions par Webcast.  Certains orateurs ont aussi averti des dangers de la désinformation et des « fausses nouvelles ».  La simplicité d’utilisation du nouveau site Internet de l’ONU, notamment pour les « smarts phone », a également été relevée.

Poursuivant, M Kishimori a estimé que la rationalisation des Centres d’information des Nations Unies devait se faire au cas par cas.  L’importance de parvenir à communiquer avec la jeunesse a aussi été soulignée.  Concernant le nouveau nom du Département qui sera changé en « Département des communications mondiales », certaines délégations ont souligné qu’une réforme de ce type devrait prendre en compte et inclure le multilinguisme.  La réforme ne devrait pas mener à la « déformation de l’information », a-t-il été souligné.  Une délégation a fait observer que les opérations des Nations Unies et sa communication devaient aller main dans la main, pour amplifier le message des Nations Unies.  Certains représentants ont plus particulièrement appuyé le programme de communication sur l’Holocauste et celui sur l’esclavage.

Le besoin de « raconter les Nations Unies » fait partie des efforts en cours, ce qui implique de faire des ajustements, a ajouté le Rapporteur, citant la Secrétaire générale adjointe à la communication.  Il a enfin attiré l’attention sur le fait que le Département de l’information avait dû faire face à des restrictions budgétaires.

Mme ALISON SMALE, Secrétaire générale adjointe à la communication, a déclaré que les défis auxquels nous sommes confrontés sont innombrables et complexes.  À cette fin, il est essentiel de disposer d’un département vital, souple, qui serve de source d’information sur le travail et l’agenda des Nations Unies et qui autonomise les peuples pour leur permettre de participer pleinement à la vie économique, politique, sociale et culturelle de leurs communautés, a-t-elle souligné.

Mme Smale a ensuite indiqué que le Département est en train de mettre en œuvre un plan de réforme conçu pour lui permettre de devenir plus agile dans les opérations et d’avoir plus d’impact dans les communications, aussi bien au sein de l’Organisation qu’auprès des parties externes et du public. Nous avons commencé à mettre en œuvre un plan de travail axé sur trois impératifs: leadership et stratégie; gestion des ressources; et efficacité opérationnelle, a-t-elle expliqué.

La réforme a d’ores et déjà commencé.  Ainsi, l’appui administratif et programmatique du réseau mondial des 59 centres d’information des Nations Unies a été décentralisé afin de leur assurer une assistance en temps réel.  Des discussions sont également en cours pour définir comment intégrer et colocaliser ces centres avec les Coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies, mais aussi fournir une meilleure communication aux équipes de pays lorsque qu’un centre n’est pas physiquement présent sur le territoire d’un État Membre.

De plus, le changement de nom du Département, qui sera connu à partir du début de l’an prochain, sous le nom « Département des communications mondiales », sera le signe de son renforcement, d’un département mieux positionné pour répondre aux défis de communication du XXIe siècle pour amplifier les messages de l’ONU et veiller à ce que tous ceux qui délibèrent et prennent des décisions dans ses enceintes entendent la voix des peuples.

Un des défis majeurs est le changement climatique, qui est une priorité du Département qui utilisera tous ses leviers d’action au cours des prochains mois pour renforcer la sensibilisation autour de cette question et des efforts déployés par l’ONU pour assurer une action concertée.  Une couverture étendue de la Convention-cadre sur les changements climatiques de Katowice (Pologne) en décembre est prévue, et il en sera de même jusqu’au sommet que le Secrétaire général compte convoquer en septembre prochain au Siège, à New York.

Mme Smale a ensuite souligné qu’il y a quelques semaines à peine, le débat général de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies avait démontré l’étendue de la capacité du Département à mettre en place une couverture multimédia et multilingue, à la fois sur les plateformes traditionnelles et de nouveaux médias.

Ainsi, le Département a accrédité environ 4 000 journalistes de 150 pays venus au Siège de l’ONU et le Département a diffusé lui-même des informations dans neuf langues.  Plus de 310 000 articles sur l’ONU ont été rédigés dans le monde au cours de cette semaine de haut niveau.  Les trois thèmes qui ont suscité le plus d’intérêt étant ceux de la sexospécificité, des changements climatiques et des migrations.

Grâce à une meilleure planification, le Département a produit des contenus plus intégrés, plus visuels et avec un plus large impact, s’est-elle félicitée.  De UN News au Webcast, d’UNifeed au Service photographique de l’ONU en passant par les médias sociaux, presque tous les indicateurs indiquaient un public plus large et un plus grand engagement. 

Une série de vidéos avec la Vice-Secrétaire générale signalaient sur NowThis et la plateforme ICTV d’Instagram a notamment permis d’attirer un public plus jeune, et a donné des résultats impressionnants.

« Nous avons attiré l’attention du monde, s’est-elle félicitée.  Près de neuf millions de personnes ont visionné une partie de la diffusion Web de l'ONU pendant cette période de haut niveau ».  De plus, l’espace VIP dédié aux médias sociaux et la SDG Media Zone ont attiré un nombre important de dirigeants, de personnalités et de militants.

La Secrétaire générale adjointe a également parlé du lancement, le mois dernier, de SDG Media Compact, une alliance mondiale de réseaux d’information et de médias de divertissements pour sensibiliser et motiver l’action en ce qui concerne les objectifs de développement durable.

De plus, la création, avec les conseils du Département, du prix Sustainable Development Goals Lions décerné cette année au Cannes Lions International Festival of Creativity représente une poussée notable de l’engagement de l’industrie publicitaire et créative.

La société civile reste également un pilier essentiel d’un système multilatéral fondé sur des règles et travaillant à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle par ailleurs souligné.  La soixante-septième Conférence annuelle du Département de l’information pour les organisations non gouvernementale, a débouché sur l’adoption par acclamation d’un document final intitulé « Pour un multilatéralisme centré sur les personnes: appel à l’action. »  Elle a ensuite annoncé que la prochaine conférence aura lieu à Salt Lake City en août 2019, renforçant l’idée que les communications mondiales ne sont pas seulement internationales, mais peuvent également atteindre des groupes moins explorés au sein des États Membres.

Poursuivant, Mme Smale s’est félicitée du fait que l’engagement des jeunes auprès des Nations Unies a pris un nouvel élan avec le lancement de la stratégie pour la jeunesse qui a eu un impact notable sur les médias sociaux, avec plus de trois millions de publications utilisant le hashtag #Youth2030.

Pour ce qui est du renforcement des partenariats, elle a indiqué avoir conclu des accords importants avec l’industrie du divertissement.  Notre collaboration avec le fabricant de jouets Mattel intègre les objectifs de développement durable au récit de la série télévisée animée « Thomas and Friends », qui présente le Programme 2030 aux enfants d’âge préscolaire et à leurs parents.  Depuis son lancement le mois dernier, plus de 133 millions de personnes ont été atteintes à ce jour avec le hashtag #AllAboardForGlobalGoals et des vidéos pédagogiques ont généré au moins 320 000 vues.  En outre, « Hello Kitty », personnage japonais bien connu, a publié en septembre sa première vidéo promotionnelle sur les objectifs de développement durable sur une chaîne YouTube dédiée, s’est-elle félicitée.

Intervenant ensuite en Russe, Mme Smale a rappelé l’appui que fourni le Département de l’information aux programmes de formation de journalistes afin de renforcer leurs capacités de couverture des travaux des Nations Unies.  En septembre, le Programme de bourse Reham Al-Farra a accueilli sa trente-huitième cohorte de jeunes journalistes de pays en développement et en transition.  Les 15 boursiers ont été signalés dans six langues (anglais, khmer, kiswahili, serbe, espagnol et tamoul) sur les plateformes de radio, de télévision, imprimées et numériques des Nations Unies.  En outre sept journalistes ont été sélectionnés pour participer au programme de formation annuel des journalistes palestiniens organisé par l'ONU.

Passant au sujet de l’Afrique, cette fois en français, la Secrétaire général adjointe a noté que le continent est toujours au centre des activités du Département qui, a-t-elle précisé, met un accent particulier sur les jeunes.  Les États africains sont parmi les contributeurs les plus importants et les plus loyaux aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, a-t-elle rappelé.  Notre campagne novatrice « Service et Sacrifice », qui a commencé au début de cette année, reçoit un écho partout dans le monde comme l’illustre la contribution très réelle des Casques bleus.

Revenant à l’anglais, la Secrétaire générale adjointe a regretté que le travail de l’ONU soit assailli de toutes parts par la mésinformation, la désinformation et le manque d’information.  Nous souffrons de ce que le Secrétaire général a qualifié de « déficit de confiance » - un manque de confiance dans l’actualité que nous lisons, dans nos institutions nationales et internationales, ainsi qu’en matière de confiance entre les États.  Mme Smale a émis l’espoir que le Département de la communication mondiale aidera à combler le fossé de la confiance en devenant une source d’informations fiable, en étant une source dialogue faisant autorité et en étant une source d’énergie pour animer les nombreuses communautés qui constituent les Nations Unies.  Si nous réussissons dans notre mission, nous autonomiserons les peuples pour qu’ils fassent partie de la solution, et partagerons également le message que nous avons plus à gagner en travaillant ensemble qu’en se frayant un chemin seul.

Débat interactif avec les États Membres

À l’issue de ces interventions, les délégations ont participé à un débat interactif avec la Secrétaire général adjointe à la communication et d’autres responsables du Département de l’information.

Dans un premier temps, le représentant de l’Algérie a regretté que les questions récurrentes posées au sujet des communiqués de presse ne trouvent pas de réponse.  Il a affirmé que les communiqués de presse ne reflètent pas ce qui se passe au cours des débats, notamment lorsqu’il s’agit des travaux de la Quatrième Commission.  Il a dénoncé des « titres sensationnels » et a demandé que des mesures soient prises pour que les communiqués de presse reflètent réellement ce qui s’est passé.  Ceux qui sont à l’origine des communiqués ne doivent émettre aucun commentaire, ni de prise de position, a affirmé le délégué qui a souligné que le Département concerné doit se limiter au mandat qui lui a été assigné.  Nous exigeons des explications rationnelles et de savoir quelles mesures seront prises pour que ces pratiques fassent partie du passé.

Le représentant du Soudan a souhaité que la culture de paix et la lutte contre la haine et les idéologies extrémistes fassent également partie des questions prioritaires traitées par le Département.  Celui-ci, a-t-il estimé, devrait également traiter toutes les langues sur un pied d’égalité pour atteindre toutes les personnes qui vivent dans des États Membres de l’Organisation.  Il n’est pas simple de couvrir toutes les commissions et toutes les réunions, a-t-il reconnu, mais certaines questions sont cruciales et devraient se voir attribuer la priorité, et la couverture quotidienne des Nations Unies doit en tenir compte.

Le représentant du Paraguay a pour sa part mis l’accent sur les besoins croissants du public hispanophone et a souhaité savoir quelles mesures avaient été prises pour faire face à cette demande croissante en matière d’information.

Réagissant aux interventions de la salle, la Secrétaire générale adjointe a souligné l’engagement du Département en faveur du multilinguisme, précisant que celui-ci avait demandé une augmentation de son budget à cette fin qui lui a été refusée.  Certaines délégations avaient en effet estimé que toutes les initiatives en faveur du multilinguisme devaient être financées à partir des ressources existantes, a-t-elle précisé.  Il n’en reste pas moins que cette question est une priorité pour le Département, qui a d’ailleurs mis en place un service en langue hindoue, ce qui témoigne, à son avis, de sa volonté de communiquer dans le plus de langues possibles.

Répondant à l’intervention de l’Algérie elle a indiqué que le Département garde toujours à l’esprit les moyens de présenter au mieux ses produits.  Au Paraguay, elle a réaffirmé à nouveau que le multilinguisme est très important pour son Département, notamment en renforçant son offre en langue espagnole.

Mme HUA JIANG, Directrice de la Division de l’information et des médias, a également répondu à l’intervention de l’Algérie au sujet des communiqués de presse « un produit qui est tenu en haute estime par de nombreuses délégations », mais, a-t-elle reconnu, il peut arriver que « nous commettions des erreurs et lorsque ces erreurs nous sont signalées, nous les corrigeons ».  Les communiqués de presse ne sont pas des procès-verbaux de réunions, a-t-elle rappelé, mais plutôt une synthèse des interventions.  « Les attachés de presse sont très professionnels, mais il peut leur arriver de commettre des erreurs et le Département prend cela très au sérieux », a-t-elle indiqué.

Lui répondant, le représentant de l’Algérie s’est dit d’accord, « à un certain degré », avec les explications fournies, mais a toutefois estimé que, lorsque des erreurs sont commises de manière régulière, il faut y remédier, soulignant que ces documents ciblent le grand public et sont utilisés par les médias.  Lorsqu’ils sont erronés, ils sapent le principe de l’indépendance de l’information des Nations Unies, a-t-il averti.  Lorsqu’on lit des titres qui déforment la réalité de ce qui s’est passé dans une réunion, il faut rectifier le titre immédiatement, a-t-il estimé.  Ceux qui rédigent ces communiqués ne devraient pas refléter leurs propres opinions dans ces communiqués, et le titre doit simplement refléter la réalité, a-t-il insisté.  Aucune ressource supplémentaire n’est nécessaire, il suffit de s’en tenir au travail demandé a-t-il tranché.

L’Argentine a attiré l’attention sur les implications du changement de nom du Département, notant que la communication est une activité collective.  Il a aussi attiré l’attention sur l’importance croissante du multilinguisme et a souhaité savoir comment la réforme allait le promouvoir.

Lui emboitant le pas, la France a appelé à tenir compte du multilinguisme dans la limite des ressources existantes.  La communication doit être considérée comme devant être multilingue dès le début d’un processus donné et les programmes calibrés en fonction.

La Fédération de Russie a souhaité obtenir des précisions sur la fin de l’archivage des réunions du Conseil économique et social et de l’Assemblée générale et de leurs métadonnées.

À son tour, le Maroc s’est félicité des efforts considérables déployés par le Département et a salué la neutralité et le professionnalisme dont il a fait preuve, notamment lors de la couverture de réunion

Reprenant la parole, la Secrétaire générale adjointe à la communication a affirmé que contrairement à cette impression « que l’on fait du sur place », le Département avance dans ses réformes.  Mais, a-t-elle souligné, il n’est pas toujours facile de promouvoir le multilinguisme dans le contexte actuel où les moyens financiers « sont ce qu’ils sont ». 

De son côté, M. MAHER NASSER, Directeur de la Division de la sensibilisation du public du Département de l’information, a parlé de différents sujets promus par sa Division, en dehors du Programme de développement durable à l’horizon 2030, citant à titre d’exemple le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, la Journée internationale de la tolérance ou encore la Journée internationale de la paix, et autres où le Département travaille en coopération avec la société civile et fait aussi appel aux nouvelles technologies.

S’agissant des archives, la Directrice de la Division de l’information et des médias a expliqué que l’archivage des enregistrements audio des réunions ne dépend pas du Département de l’information mais du Département de la gestion et du Bureau de l'informatique et des communications.  Elle a précisé que les réunions officielles sont diffusées en ligne, mais que les fichiers plus anciens sont éliminés en raison des frais de stockage.  S’agissant du maintien des métadonnées dans toutes les langues officielles, elle a expliqué que cela était extrêmement difficile dans le contexte des coupes budgétaires de 4 millions de dollars que sa Division a connues.  Elle a d’ailleurs expliqué avoir dû demander des ressources supplémentaires pour pouvoir couvrir toutes les réunions du débat général pendant le segment de haut niveau.

Le représentant de la Fédération de Russie a signalé que les métadonnées ne sont pas disponibles dans toutes les langues et que les archives ne peuvent pas être cherchées en russe ou en chinois, entre autres.  Il a voulu que toutes les métadonnées soient préservées dans l’ensemble des six langues.

À cela, la Secrétaire générale adjointe a dit ne pas savoir s’il sera possible de financer cette requête.

Déclarations (suite)

M. TAREK MAHFOUZ (Égypte), s’exprimant au nom du G77 et de la Chine, a demandé que le Département de l’information couvre à égalité de traitement tous les sommets, conférences internationales et réunions de haut niveau sous l’égide de l’Assemblée générale.  Il a notamment insisté sur l’importance du multilinguisme, « promoteur d’unité et de compréhension internationales », rappelant que la résolution 71/328 a reconnu le multilinguisme comme une valeur centrale de l’Organisation et qui contribue à la réalisation de ses objectifs.

Le multilinguisme est l’une des valeurs clefs de l’Organisation et permet de créer des liens entre les Nations Unies et les peuples, a poursuivi le représentant, expliquant que l’emploi de langues locales leur permet de prendre conscience du travail et des activités de l’ONU.  Ainsi, le G77 demande de renforcer le soutien aux centres d’information des Nations Unies, tant en termes de personnel que d’équipements.

Le représentant a ensuite dit rester préoccupé par la disparité entre les langues officielles dans les différents supports d’information de l’ONU.  À ce titre, il a souligné les différences de traitement dans la couverture des différentes réunions, en particulier les communiqués de presse, ainsi que leurs titres.  Le G77 demande qu’à l’avenir on évite tout type d’informations erronées.

L’importance des nouvelles technologies d’information et des communications ne saurait être niée, a poursuivi le représentant, mais les médias traditionnels restent pertinents pour certaines générations de la communauté mondiale.

Il a appelé les Nations Unies, et en particulier le Département de l'information, à respecter les normes de transparence, d’intégrité et de précision dans l’information publique.  Le G77 demande en outre de mettre un terme à l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC), y compris les réseaux sociaux, lorsque cela va à l’encontre du droit international et se fait au détriment de tout État, et en particulier des États membres du G77 et la Chine.  L’utilisation de ces technologies devrait se faire conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, a insisté le représentant, en mettant un accent particulier sur les principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires internes des États.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) intervenant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appuyé les constats du Secrétaire Général vis-à-vis d’un paysage médiatique en recomposition accélérée.  Face à l’émergence des mégadonnées, de nouvelles technologies et d’une compétition accrue sur le front de l’actualité, le représentant a appelé le Département de l’information à créer un système de communication stratégique, rapide et intégrée.  Selon lui, c’est au Comité de l'information de faire des recommandations en ce sens et d’assurer le premier rôle dans ce processus.  « La réforme doit tenir compte des priorités et recommandations, a-t-il ajouté, particulièrement celles ayant trait au multilinguisme. »

Si la CELAC reconnaît la flexibilité des nouveaux moyens de communication, le fossé numérique qui sépare les peuples des pays riches de ceux en développement oblige l’ONU, selon elle, à continuer de communiquer au travers des canaux traditionnels que sont la TV, la radio et la presse écrite.  Le représentant a par ailleurs insisté sur la Déclaration spéciale sur les processus de gouvernance de l'Internet qui réaffirme l’importance de l’édification d’un cadre de gouvernance du réseau basé sur le droit international et les droits de l’homme qui garantirait la souveraineté des États et la non-interférence dans les affaires intérieures de chacun.  À ce titre, la CELAC s’est inquiétée des violations des fréquences radio-électroniques et a rappelé que ces fréquences ne devaient être utilisées que dans l’intérêt public.

Le délégué a poursuivi en stipulant que le multilinguisme est inhérent aux Nations Unies et à ses buts.  C’est la raison pour laquelle il considère que l’information devrait être diffusée dans le plus de langues possibles, incluant le portugais et les langages autochtones.  À cet égard, la CELAC a regretté que les communiqués de presse ne soient toujours pas disponibles dans chacune des six langues officielles des Nations Unies.  S’il a salué le fait que la couverture en direct des réunions soit disponible dans les six langues, il a regretté que le fichier vidéo en archive ne le permette pas, et a exhorté le Secrétariat de trouver une solution à ce problème, quitte à réallouer les ressources existantes.  Pour la CELAC, développer une stratégie permettant de concrétiser l’objectif d’un principe de parité entre les six langues doit être une priorité.  Dans le même esprit, afin de réduire le poids de l’anglais, il a demandé au Secrétaire général de s’assurer que le Département ait les capacités et les ressources nécessaires pour travailler et publier dans toutes les langues officielles de l’ONU.  Il a demandé que cet aspect soit inclus dans les futures propositions budgétaires pour le Département.

Intervenant au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole, M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay), a rappelé que l’espagnol était la seconde langue la plus parlée dans le monde et a réitéré sa préoccupation au sujet de la disparité persistante entre l’usage de l’anglais et celui des cinq autres langues de travail de l’ONU.

Le site Internet et les réseaux sociaux étant les premières voies d’accès aux Nations Unies pour le public, il a jugé essentiel d’accroître le volume et la qualité d’informations disponibles dans toutes langues et que celles-ci soient constamment actualisées.  De plus, le Groupe se préoccupe une fois encore du fait que les communiqués de presse quotidiens ne soient diffusés qu’en anglais et en français et réclame qu’ils le soient dans toutes les langues officielles. 

Mme INA H. KRISNAMURTHI (Indonésie), au nom de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), a espéré que le processus de réforme améliorera encore les activités de communication de l’ONU.  Elle s’est aussi félicitée des priorités du Département pour l’année en cours, à commencer par la promotion de la croissance économique et du développement durable, le maintien de la paix, le développement de l’Afrique et la promotion des droits de l’homme.

La représentante a toutefois estimé que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour mettre en valeur le maintien de la paix et sa construction.  « Tout spécialement à un moment où les Nations Unies changent leur approche du maintien de paix pour une vision holistique sur la continuité de paix. »  À cet égard, elle a trouvé important que le Département se rapproche des Département des opérations de maintien de la paix, Département de l'appui aux missions, Département des affaires politiques et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix pour rendre compte, en temps réel, des réalités du terrain.  Il a par ailleurs encouragé toutes ces entités à travailler ensemble pour développer une stratégie de communication efficace et mieux diffuser au public les réformes en cours en matière d’architecture de la paix et de la sécurité, notamment l’initiative Action for Peacekeeping.

Tout en reconnaissant l’importance des médias sociaux dans la communication contemporaine, la déléguée a souligné que tout le monde ne disposait pas du même accès à l’informatique et que le Département ne devait donc pas oublier dans le bouquet de ses médias la radio, la télévision et la presse écrite.  Compte tenu de la difficulté actuelle de disposer d’une information crédible, elle l’a également exhorté, en tant que « messager de l’ONU », à rester en alerte et à filtrer les fausses nouvelles pour diffuser « une information impartiale et non biaisée ».  Enfin, l’ASEAN a insisté sur la nécessité, pour le Département, de travailler avec les 59 centres d’informations régionaux afin de communiquer non seulement dans les six langues officielles de l’ONU, mais également dans des langues locales lorsque cela est nécessaire.

Mme ARISOA LALA RAZAFITRIMO (Madagascar), qui s’exprimait en sa qualité de Vice-Présidente chargée du multilinguisme au sein du Groupe des ambassadeurs francophones, a souligné que porter l’information aux peuples du monde par l’ensemble des moyens de communication, et ce, à travers les langues qu’ils comprennent le mieux, est plus que jamais indispensable à l’accomplissement des mandats confiés au Secrétariat et à la réalisation des objectifs communs. 

« Les langues ont un impact sur la substance et sur les politiques », a-t-elle soutenu, ajoutant que l’appropriation nationale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne peut se faire sans prise en compte du multilinguisme à toutes les phases de mise en œuvre.  De la même manière, les mandats confiés par le Conseil de sécurité ne peuvent être menés à bien sans prendre en compte les contextes, notamment les langues, dans lesquels ils sont déployés.

Au nom de son Groupe, elle a rappelé combien la vitalité du multilatéralisme dépend de sa capacité à permettre un dialogue réel entre les États.  « Le multilinguisme est véritablement au fondement du multilatéralisme effectif, il est nécessaire au maintien des équilibres, à la dignité et à l’égalité de tous », a-t-elle déclaré à cet égard.  Chaque pays doit disposer des mêmes opportunités de prendre part aux débats et d’avoir accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU ainsi que dans les autres langues dans lesquelles elle opère, a poursuivi la représentante.  Elle a mis l’accent sur la transparence, le respect des règles et la redevabilité, donc l’accès à l’information dans les différentes langues.  Elle est la condition d’une ONU véritablement comprise et acceptée par les pays hôtes, et par les populations locales, notamment la jeunesse.  À ce sujet elle a souligné la forte progression du nombre de locuteurs francophones dans le monde. 

Ainsi le Groupe des ambassadeurs francophones appelle à consacrer la diversité linguistique, dans le cadre de sa modernisation actuelle.  Il tient à souligner l’importance, pour tous les Départements du Secrétariat, d’intégrer le multilinguisme dans l’ensemble de leurs activités d’information et de communication et d’assurer l’égalité entre les langues officielles en collaboration avec la Coordonnatrice pour le multilinguisme.  Il demande aussi un emploi équilibré des six langues officielles sur les sites Internet du Secrétariat en vue de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et les cinq autres langues.  Conscient des défis que connaît le Secrétariat en termes de moyens et de ressources, le Groupe se félicite des solutions concrètes proposées par ses États Membres, de même que par le Secrétariat de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à travers la mise à disposition d’expertises de haut niveau pour contribuer à une meilleure intégration du multilinguisme à l’ONU.  Il appelle, enfin, le Département à préserver ses budgets dédiés à la garantie du multilinguisme et se dit confiant qu’en travaillant de façon concertée, il sera possible de trouver des solutions limitant l’impact des tensions pesant sur les ressources.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé que, dans un monde de plus en plus interconnecté et dans lequel des informations erronées circulent, la voix des Nations Unies doit, plus que jamais, pouvoir se faire entendre.

La représentante a estimé que des efforts sérieux doivent donc être faits pour s’assurer de l’utilisation efficace des plateformes de communication existantes ainsi que pour trouver de nouvelles manières de faire évoluer les pratiques des nouveaux médias.  Elle a encouragé le Département de l’information à poursuivre ses mécanismes efficaces de partage de l’information, en utilisant les médias contemporains et traditionnels.  La CARICOM a, en outre, réitéré la nécessité d’utiliser toutes les langues officielles dans les activités du Département et d’éliminer la disparité entre l’utilisation de l’anglais et des cinq autres langues.  Nous pensons que toutes les langues officielles devraient avoir les mêmes conditions de travail et de ressources, et ce, dans tous les aspects du travail des Nations Unies, y compris le site Internet de l’Organisation.

Par ailleurs, la représentante de la CARICOM a salué le soutien du Département lors de nombreuses conférences de haut niveau durant cette année et d’événements.  Elle s’est notamment félicitée des activités du Département pour marquer la Journée internationale de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.  Elle a salué l’exposition « Remember Slavery », organisée au Siège des Nations Unies, ainsi que de l’inauguration du mémorial pour honorer les victimes de l’esclavage.  Elle a dit l’importance d’attirer l’attention sur l’héritage tragique des victimes de la traite des esclaves.

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde), qui s’exprimait au nom de la Communauté des pays de langue portugaise, a expliqué qu’à travers la promotion de la langue portugaise dans les contextes national et international du multilinguisme, la Communauté reconnaît la diversité culturelle et le dialogue interculturel comme faisant partie du développement durable et comme un élément clef pour la réalisation du Programme 2030 ainsi que pour le renforcement le multilatéralisme au sein des Nations Unies.

Le travail du Département de l’information est la pierre angulaire pour la promotion et la diffusion du message des Nations Unies dans le monde, dans les six langues officielles mais aussi dans d’autres langues, a souligné le représentant.  Dans la foulée, il a rappelé la place qu’occupe le portugais avec ses trois cents millions de locuteurs dans le monde.  La Communauté des pays lusophones salue l’utilisation des TIC, en parallèle avec les médias traditionnels, par le Département, a-t-il indiqué, rappelant au passage que les réseaux sociaux sont particulièrement populaires auprès des jeunes lusophones avec une augmentation de 40% des souscriptions au canal YouTube en portugais en juste cinq moi.  Il a espéré la mise en place d’un centre de l’information à Luanda, conformément à la résolution 64/243 (2009).

Reconnaissant la volonté du Département de l’information de se réformer, il a appelé à tout faire pour que les « histoires des Nations Unies soient racontées aux peuples du monde dans leurs langues locales », à la fois sur des plateformes traditionnelles et digitales.

M. GERTON VAN DEN AKKER, délégué de l’Union européenne, s’est félicité de voir que l’intérêt pour les travaux de l’ONU augmente, comme en témoigne l’augmentation du nombre de suiveurs sur ses médias sociaux ou de son trafic sur ses différentes plateformes.  Il a mis cette dernière sur le compte d’une attention au multilinguisme qui, mécaniquement, permet d’attirer davantage de visiteurs.  L’Union européenne compte 24 langues officielles et communique dans toutes, a-t-il rappelé.  Conscient des contraintes budgétaires auxquelles l’ONU est soumise, mais profondément convaincu en même temps de l’importance du multilinguisme en tant que gage de sa transparence et condition d’un véritable multilatéralisme, le représentant a considéré qu’il est essentiel que l’agenda des Nations Unies et ses idéaux continuent d’être diffusés dans différentes langues et sur différentes plateformes.  D’ailleurs, compte tenu du fossé numérique qui sépare les peuples de la planète, il a aussi encouragé l’Organisation à passer des partenariats avec des télévisions et des radios pour diffuser ses messages.  « Il sera impossible d’atteindre les objectifs de développement durable sans impliquer la société civile et le secteur privé », a-t-il notamment jugé.

Le délégué a ensuite regretté que l’attention médiatique se soit peu focalisée sur la réforme des Nations Unies.  Étant donné l’importance des efforts entrepris en matière de repositionnement et d’architecture de la paix et de la sécurité, il a souhaité que la réforme des communications à l’échelle régionale et au Siège fasse plus de place à cette réforme.  Par ailleurs, il a encouragé le Département de l’information à prêter la plus grande attention aux travaux du Groupe d'experts de haut niveau sur la coopération numérique.  Rappelant que nous dépendrons toujours plus des technologies numériques et de leurs innovations, il a souligné qu’elles seront cruciales dans la concrétisation des objectifs de développement durable.  Cette attention accrue est rendue d’autant plus nécessaire par l’accélération des développements dans les champs de l’intelligence artificielle, de la blockchain ou encore de la robotique.  Face au côté obscur de tous ces progrès –les risques sur la cybersécurité, les cyberarmes, la diffusion de discours de haine– il estime que les communications globales ont également leur rôle à jouer.

M. ALEJANDRO VERDIER (Argentine) a estimé que la stratégie de communication des Nations Unies doit s’adapter à un environnement mondial dans lequel tout ce qui était certain s’est récemment transformé.  Les changements impliqués par les nouvelles technologies impliquent que les Nations Unies doivent s’adapter pour communiquer à un public de plus en plus large et divers.  Concernant l’information numérique, le Département de l’information ne doit pas oublier qu’il existe un fossé numérique entre les pays, a-t-il déclaré.

S’agissant du multilinguisme, le représentant a jugé important que toutes les caractéristiques de chaque langue soit prises en compte au moment où se conçoit la campagne de communication et non pas après.  Il faut dépasser la culture de traduction, a-t-il estimé.

Le représentant a notamment cité la valeur du travail de la Section des communiqués de presse, « qui fournissent des comptes rendus durant les sessions des organes principaux et subsidiaires, et qui, dans de nombreux cas, constituent le seul moyen d’assurer la transparence, la reddition de comptes et la mémoire institutionnelle ».  Bien que les communiqués ne soient pas des résumés officiels, leur disponibilité quasi immédiate et leur facilité d’accès au public, en général, exigent que le Département mette en place tous les mécanismes pour assurer la plus grande précision possible des informations publiées sans que cela affecte leurs temps de publication.  Le représentant a fait part de sa préoccupation du fait que les communiqués ne soient publiés que dans deux langues, « sans que cette discrimination ne soit justifiée par une norme quelconque », et non pas dans les six langues officielles.

Il s’est par ailleurs déclaré préoccupé par l’interruption de la disponibilité des archives audio et vidéo dans toutes les langues officielles.  « Nous demandons au Secrétariat de prendre toutes les mesures nécessaires pour restaurer la disponibilité de ces archives dans toutes les langues officielles. »

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a insisté sur la nécessité de réformer le Département de l’information compte tenu des rapides changements dans le monde de la communication avec l’apparition de mégadonnées, de nouvelles technologies et de sources concurrentes d’informations.  Le Département doit évoluer pour créer des modes de communication plus rapides et plus stratégiques à travers des plateformes d’information qui garantissent que le message des Nations Unies parvient aux peuples dans des langues qu’ils comprennent, a-t-il souligné

À cet égard le Guatemala a réitéré l’importance du multilinguisme et réclamé que l’ONU diffuse à égalité dans les six langues de travail, notamment les communiqués de presse du Département, jugeant que la transparence et l’efficacité de l’Organisation en seraient démultipliées.  S’il a reconnu qu’il est important de développer de nouvelles technologies au sein de l’ONU, le représentant a insisté sur la nécessité de travailler dans les six langues officielles.  Le Département devrait ainsi développer sa présence sur les réseaux sociaux dans ces six langues pour tenir compte de l’impact d’une communication immédiate dans un monde globalisé.

M. PEERAPAT TONGROD (Thaïlande) a estimé que l’objectif ultime de la réforme en cours du Département de l’information doit être de parvenir à une stratégie de communication efficace au sein et à l’extérieur des Nations Unies.  Étant donné les nombreux niveaux au sein desquels le travail des Nations Unies intervient, la clarté, la cohérence et la coordination sont requises, car ce n’est qu’avec une compréhension mutuelle en interne qu’on parviendra à un plan de communication cohésif à l’externe, a-t-il estimé.  Après avoir mis l’accent sur le multilinguisme comme élément de transparence et de responsabilité, il a encouragé le Département à continuer d’œuvrer en ce sens.

Selon le délégué, « une stratégie de communication efficace n’est plus seulement vouée à promouvoir des résultats, mais également à en livrer ».  Affinant sa pensée, il a expliqué que les interactions directes et le dialogue en temps réel permis par les médias sociaux offrent aux Nations Unies l’opportunité d’augmenter la participation et l’influence des perceptions et idées venues de l’extérieur.  À une époque où il est devenu si difficile de diffuser une information précise efficacement, il a également insisté pour qu’une attention toute particulière soit accordée à la coordination, l’actualité et au moment choisi pour la publication des contenus.

Il a conclu en évoquant le sauvetage récent des 13 personnes bloquées au fond d’une grotte qui a tenu le monde en haleine pendant plusieurs jours.  Selon lui, la large couverture médiatique de cet événement est la démonstration de la capacité des médias modernes à non seulement nous connecter, mais également nous rassembler autour d’une cause.

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