L’observateur de la Palestine appelle le Comité des droits des Palestiniens à agir avant le 14 mai, date du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem
Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a entendu, cet après-midi, un appel de l’Observateur permanent de l’État de Palestine « à se préparer et à réagir à l’approche du 14 mai, date choisie par l’Administration américaine pour transférer son ambassade à Jérusalem ».
La décision unilatérale des États-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem est contraire à la dernière résolution 2334 (2017) du Conseil de sécurité, a ajouté M. Riyad Mansour qui a demandé aux membres du Comité de réfléchir à la marche à suivre « parce que visiblement, rien ne fera reculer l’Administration américaine et tout semble mis en place pour que cette annonce soit suivie d’effet ». La représentante de Cuba a repris cet appel et demandé au Comité « d’agir vite ».
Dans son exposé, l’Observateur permanent de l’État de Palestine s’est servi de la situation actuelle en Palestine pour expliquer l’urgence de son appel: la solution des deux États est devenue « la réalité d’un seul État ». Les États-Unis ont supprimé, en janvier 2018, leur aide alimentaire de 50 millions de dollars aux réfugiés palestiniens et divisé par 2 leurs contributions à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). La représentante de l’Indonésie a souligné l’acuité de cette situation.
Comment faire face à l’annonce de l’installation de l’ambassade américaine à Jérusalem? a repris M. Mansour qui a répondu « nous devons montrer un front uni ». Il a rappelé la proposition du Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, de créer « un collectif international pour sauver la solution des deux États ». Les représentants permanents des pays discutent d’ailleurs, en ce moment-même, à New York, avec les membres du Conseil de sécurité des voies et moyens de sauver la solution des deux États, de l’accession de l’État de Palestine comme membre permanent des Nations Unies et de la protection internationale du peuple palestinien. L’Observateur permanent de l’État de Palestine a attiré l’attention du Comité sur la date du 14 mai, choisie par les États-Unis pour déplacer leur ambassade, qui coïncide avec le soixante-dixième anniversaire du retrait des troupes britanniques de la Palestine, de la création de l’État d’Israël et du début de la première guerre arabo-israélienne dont l’issue a conduit à l’expulsion de 750 000 à 800 000 Palestiniens de leur terre.
M. Riyad Mansour a aussi appelé le Comité à s’opposer à l’élection d’Israël au Conseil de sécurité pour la période 2019-2020 « dès le premier tour ». Israël, a-t-il souligné, poursuit son occupation des territoires palestiniens. Il ne cesse d’étendre sa colonisation et refuse ostensiblement de respecter les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. « Israël ne mérite pas d’être membre du Conseil de sécurité », a martelé l’Observateur permanent, en prévenant que l’accession d’Israël n’entache le respect dû au Conseil.
L’autre temps fort de la réunion a été l’exposé du Chef du Bureau de l’UNRWA à New York, M. Peter Mulrean, qui a annoncé « de bonnes nouvelles », tout en brossant « un tableau sombre de la situation ». Au chapitre des bonnes nouvelles, il a rappelé que depuis son existence, l’Office a réussi à contenir l’extrémisme dans la région grâce à son travail « unanimement reconnu », selon le Président du Comité, M. Fodé Seck, du Sénégal. M. Mulrean s’est aussi réjoui des promesses de contributions de 100 millions de dollars faites au cours de la Conférence des donateurs, organisée à Rome, le mois dernier. « Nous avons mobilisé un appui international considérable », s’est-il félicité.
Braquant son regard sur le « tableau sombre », M. Mulrean a reconnu que dès le début de l’année 2018, l’Office a en effet subi la défection d’un très grand donateur qui a retenu plus de 80% de ses contributions, alors qu’en 2017, il manquait déjà à l’Office 87 millions de dollars pour faire son travail. Aujourd’hui, il nous manque 173 millions de dollars et nous attendons « une réponse collective majeure », a poursuivi le Directeur pour lequel « ce qui est en jeu, c’est l’éducation et la santé des enfants réfugiés et le maintien des emplois que l’UNRWA offre. Le Directeur a dit craindre l’impact économique d’un « chômage massif ».
S’il a assuré que l’année scolaire en cours ira jusqu’à son terme, il a prévenu que la situation risque d’exploser si le 1,2 million de réfugiés de Gaza n’a plus accès aux services sociaux de base. La question n’est pas de savoir si la situation va basculer mais quand elle va basculer, s’est alarmé Mulrean qui a exhorté le Comité à refuser de voir l’UNRWA « pieds et poings liés ».
Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a également décidé, cet après-midi, d’organiser, les 17 et 18 mai, à Rabat, au Maroc, la cinquième Conférence internationale sur la question de Palestine.
Après avoir entendu le rapport de mission que sa délégation a effectuée à Kampala, en Ouganda, les 26 et 27 février derniers, le Comité a décidé d’organiser une visite au Panama, les 9 et 10 avril 2018 pour, comme à Kampala, promouvoir et informer l’opinion publique sur son rôle et son mandant mais aussi sur la solution des deux États. Un forum sur la question de Palestine sera aussi organisé, à New York, entre les 17 et 18 mai, sur le thème « 70 ans après 1948: des leçons pour une paix durable ».