En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
112e séance plénière – matin
AG/12046

Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale pour commémorer la Journée internationale contre les essais nucléaires

Ce matin, pour la première fois, la Journée internationale contre les essais nucléaires a été commémorée dans le contexte d’une réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, en présence d’une victime de ces essais au Kazakhstan.

À cette occasion, le Président de l’Assemblée, M. Miroslav Lajčák, a vivement regretté que 20 ans après son adoption, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) n’ait toujours pas pu entrer en vigueur, une position partagée par tous les intervenants de la réunion de ce matin, et en particulier par le Secrétaire exécutif du TICEN, M. Lassina Zerbo.

C’est d’autant plus urgent qu’en dépit des instruments multilatéraux de la non-prolifération et du désarmement nucléaire, certains pays n’ont eu de cesse de moderniser leurs armes et leurs installations nucléaires.  Comme l’a souligné M. Lajčák, ces progrès immenses dans les sciences et technologies nucléaires se sont malheureusement accompagnés d’énormes souffrances humaines et ont eu des impacts négatifs sur l’environnement au fil des décennies, une empreinte laissée par les essais et les accidents nucléaires.

Plus de 2 000 essais nucléaires ont eu lieu dans le monde depuis 1945, a rappelé le Président en soulignant l’ampleur des répercussions en termes de santé, de contamination de ressources naturelles et de détérioration de l’environnement.

Abondant dans son sens, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a d’abord rendu compte de sa visite récente au Japon où il a rencontré des survivants de l’explosion de la bombe atomique à Nagasaki, les Hibakusha.  « Nous nous souvenons également des victimes de l’ère désastreuse des essais nucléaires à grande échelle », a-t-il dit en déplorant leurs conséquences sur les communautés dans de nombreuses régions, allant des habitants de Semipalatinsk et de la steppe du Kazakhstan aux habitants des îles du Pacifique Sud et au peuple Maralinga Tjarutja d’Australie méridionale.

Pour prendre toute la mesure de ce fléau, l’Ambassadeur honoraire du projet ATOM, M. Karipbek Kuyukov, était là pour parler au nom des victimes des essais nucléaires, puisqu’il est lui-même né sans mains, il y a 50 ans, alors qu’il vivait près du site d’essais de Semipalatinsk, au Kazakhstan.  Militant du désarmement nucléaire, il s’est fait le porte-parole de l’initiative ATOM, qui a pour objectif d’impliquer davantage la société civile mondiale en lui soumettant une pétition à signer en faveur de l’adoption de mesures actives contre la menace nucléaire.

Le rôle de chef de file du Kazakhstan dans ce domaine s’inscrit directement dans la prise de position politique courageuse de son Président qui, en 1991, avait décidé de fermer le site nucléaire de Semipalatinsk, un site où 470 essais nucléaires soviétiques avaient eu lieu.

Mais, comme l’a souligné à juste titre le Secrétaire exécutif du TICEN, M. Lassina Zerbo, l’interdiction complète et vérifiable de ces essais ne représente que la première étape sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires.

Il a rappelé qu’en 20 ans, 183 pays ont signé le TICEN et 166 l’ont ratifié.  Il a également assuré que le régime de vérification du Traité a fait ses preuves, affirmant qu’aujourd’hui « aucun État ne pourrait mener des essais nucléaires sans être repéré ».  La représentante de l’Union européenne a d’ailleurs partagé ce point de vue.  Il n’en demeure pas moins que la véritable victoire ne sera obtenue qu’une fois le TICEN entré en vigueur, ce qui a amené M. Zerbo à pointer du doigt les huit pays dont cela dépend, à savoir la Chine, l’Iran, le Pakistan, Israël, l’Inde, les États-Unis, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et l’Égypte. 

En vue d’y parvenir, la Belgique, en tant que coordinatrice du processus de l’Article XIV avec l’Iraq, a expliqué qu’un programme d’initiatives encourageant l’adhésion de ces États au Traité est en cours.  Dans ce programme, une importance particulière est donnée à l’engagement de la nouvelle génération et de la société civile pour renforcer la sensibilisation à tous les niveaux, même si la décision finale revient aux gouvernements, une approche qui a été soutenue par M. Zerbo.

« Chacune des ratifications nous rapproche de notre objectif commun de non-prolifération et de coopération internationale technique dans le domaine de la sécurité », a estimé M. Zerbo saluant dans la foulée la décision de la Thaïlande de ratifier le Traité dans un proche avenir, une décision que le représentant de ce pays a confirmée.  À cet égard, la représentante de l’Union européenne a rappelé le rendez-vous de la réunion ministérielle des amis du TICEN, qui aura lieu le 27 septembre en marge du segment de haut niveau de l’Assemblée générale, et qui représente une bonne opportunité pour signer et ratifier le Traité.

Si les intervenants de ce matin ont reconnu que depuis son adoption il y a vingt ans, le TICEN a permis de cimenter une norme internationale interdisant les essais nucléaires, une première étape vers l’objectif plus large du Traité sur la non-prolifération (TNP), le Secrétaire général leur a rappelé qu’un État avait néanmoins violé cette norme.  Ainsi, pour M. Guterres, les essais nucléaires menés par la RPDC sont bien la preuve qu’aucune mesure ponctuelle ne peut remplacer une interdiction mondiale et juridiquement contraignante des essais nucléaires.

Les représentants du Groupe des États d’Afrique, du Groupe des États de l’Europe de l’Est, du Groupe des États arabes, de l’Union européenne et d’autres États Membres ont tous soutenus la nécessité de l’universalisation et de l’entrée en vigueur urgente du TICEN.  Ils ont fait valoir que ce Traité s’inscrit dans une vision de sécurité commune coopérative, qui a besoin d’un nouvel élan politique fort.  Pour les intervenants, le TICEN représente l’un des éléments clef du régime de non-prolifération et du désarmement.  Certaines délégations, comme celle de l’Uruguay, ont même souligné la contribution du TICEN au développement durable.

Ainsi, ces Groupes, et les autres délégations qui sont intervenus ce matin, ont tous appelé les pays dotés de l’arme nucléaire à éliminer la menace existentielle qu’elle représente en signant et ratifiant le TICEN dans un premier temps.  Cette demande s’adresse plus précisément aux huit États qui figurent toujours à l’Annexe II du Traité.

Dans la même veine, de nombreux intervenants sont également revenus sur l’adoption historique, l’an dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, un autre traité qui mérite le plein appui de la communauté internationale en vue de son entrée en vigueur.

Sur une note optimiste, le Groupe des amis du TICEN a rappelé qu’avec 183 signatures et 166 ratifications, ce Traité est l’un des plus soutenus.  En attendant son entrée vigueur, ce Groupe appelle au respect du moratoire sur les essais nucléaires, et encourage la RPDC à signer et ratifier le TICEN de manière prioritaire, ainsi que les sept autres États qui doivent encore le faire.  De nombreux intervenants ont pris note avec optimisme de l’annonce par la RPDC de mettre fin à ses tests nucléaires.

S’impatientant face aux théories selon lesquelles la situation internationale n’est pas propice pour aller de l’avant dans la dénucléarisation, le représentant du Groupe arabe a estimé que ces puissances nucléaires devaient enfin honorer leurs obligations: « C’est la moindre des choses qu’elles doivent à la communauté internationale, compte tenu des dommages énormes infligés par les essais nucléaires qu’elles ont menés. »  En effet, alors que les États dotés de l’arme nucléaire envisagent de moderniser leurs armes et leurs installations nucléaires, il est plus que jamais impératif de mettre un terme aux essais.  Il s’agit là d’une responsabilité commune, comme l’a souligné le représentant de la République islamique d’Iran. 

Le représentant du Groupe des États arabes a ainsi annoncé vouloir revitaliser les efforts multilatéraux en vue de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

À l’instar du Groupe des amis du TICEN, le représentant de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a salué la décision de la Thaïlande de le signer très prochainement.  Ils ont également pris note du sommet intercoréen du 27 avril 2017, ainsi que celui entre les États-Unis et la RPDC, avant d’encourager les parties à continuer de travailler vers la réalisation d’une paix durable et la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

RÉUNION DE HAUT NIVEAU POUR COMMÉMORER LA JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE LES ESSAIS NUCLÉAIRES

Déclarations liminaires

Dans sa déclaration liminaire à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale contre les essais nucléaires, le Président de l’Assemblée générale, M. MIROSLAV LAJČÁK, a souligné que cette Journée internationale est célébrée pour la première fois dans le contexte d’une réunion de haut niveau officielle. 

Les immenses progrès dans les sciences et technologies nucléaires ont malheureusement été accompagnés d’énormes souffrances humaines au fil des décennies, a rappelé M. Lajčák.  En effet, depuis 1945, plus de 2 000 essais ont eu lieu dans le monde, a-t-il précisé, ce qui a eu des répercussions en termes de santé, de contamination de ressources naturelles et de détérioration de l’environnement.  Au-delà de ces questions, M. Lajčák voit dans les tests nucléaires un problème politique dans la mesure où ils contribuent à intensifier les tensions internationales et suscitent des incompréhensions politiques.  « C’est pour cette raison que cette réunion est essentielle », a estimé le Président de l’Assemblée.

Après avoir noté que 20 ans après son adoption, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) n’a toujours pas pu entrer en vigueur, il a demandé que le moratoire sur les essais nucléaires soit respecté à tout prix.  Il a exhorté les huit États qui doivent encore signer et ratifier le TICEN pour son entrée en vigueur à le faire sans plus tarder.

M. Lajčák s’est félicité des développements encourageants dans la péninsule coréenne, saluant les efforts de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), de la République de Corée et des États-Unis qui ont permis ces avancées.  Pour M. Lajčák, il ne fait toutefois pas de doute que la signature et la ratification du TICEN par la RPDC, et par les autres États, auraient des répercussions positives dans la péninsule coréenne.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a rappelé que, le mois dernier, il a visité le Japon et a rencontré des survivants de l’explosion de la bombe atomique à Nagasaki.  À travers les témoignages des survivants, les Hibakusha, il nous est rappelé qu’il faut veiller à ce que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées, a-t-il plaidé.  Par la présente commémoration, le Secrétaire général a dit que « nous nous souvenons également des victimes de l’ère désastreuse des essais nucléaires à grande échelle ».  En effet, l’héritage de plus de 2 000 essais nucléaires a touché des gens et des communautés dans de nombreuses régions, allant des habitants de Semipalatinsk et de la steppe du Kazakhstan aux habitants des îles du Pacifique Sud et au peuple Maralinga Tjarutja d’Australie méridionale.

M. Guterres a rappelé que l’impact catastrophique des essais nucléaires avait eu de profondes répercussions sur l’environnement, la santé humaine, la sécurité alimentaire et le développement économique.  « C’est pourquoi nous devrions tous nous féliciter de la norme stricte contre les essais nucléaires qui s’est développée depuis la fin de la guerre froide », a-t-il dit en citant notamment les moratoires volontaires mis en place par la plupart des États possédant des armes nucléaires.  Depuis le début du siècle, un seul État a violé cette norme, a-t-il rappelé en notant que, par le biais du Conseil de sécurité, la communauté internationale a réagi de manière décisive à chaque violation.  Selon le Secrétaire général, les essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont montré qu’aucune mesure ponctuelle ne peut remplacer une interdiction mondiale et juridiquement contraignante des essais nucléaires.

Le Secrétaire général a invité à déployer tous les efforts nécessaires pour permettre l’entrée en vigueur immédiate du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  En effet, « en limitant le développement et l’amélioration qualitative des armes nucléaires, le Traité freine la course aux armements nucléaires ».  Il constitue une puissante barrière contre les États qui pourraient chercher à mettre au point, fabriquer et utiliser, ou acquérir, des armes nucléaires en violation de leurs engagements de non-prolifération.  Pourtant, plus de 20 ans après sa négociation, le traité n’a pas encore pris effet, a—t-il regretté, avant de réitérer son appel afin que les huit États restants, dont la ratification est nécessaire pour que le TICEN puisse entrer en vigueur, s’engagent à signer le Traité et achever le processus de ratification.  Il les a tous exhortés à ne pas attendre que les autres agissent avant d’aller de l’avant.  Pour le Secrétaire général, la cessation complète et vérifiable de tous les essais nucléaires est un pilier essentiel d’un monde exempt d’armes nucléaires et d’un monde plus sûr pour tous.

Dans sa déclaration de soutien au TICEN, le Secrétaire exécutif du Traité, M. LASSINA ZERBO, est revenu sur sa récente visite au Kazakhstan, où il a assisté à une conférence de cinq jours qui rassemblait des experts du désarmement nucléaire.  Leurs discussions de fond avaient pour objectif de promouvoir l’entrée en vigueur du TICEN pour que les essais nucléaires soient abandonnés à jamais, a-t-il expliqué.  Il a salué le courage politique du Président du Kazakhstan qui avait décidé de fermer le site nucléaire de Semipalatinsk en 1991, un site où 470 essais nucléaires soviétiques avaient eu lieu.  Par ce geste, le Kazakhstan est devenu chef de file des efforts de non-prolifération et de désarmement nucléaire.

Pour M. Zerbo, il est impératif que la communauté internationale interdise à jamais ces essais compte tenu de leurs conséquences sur les êtres humains et la nature.  Il a précisé cependant que l’interdiction complète et vérifiable des tests nucléaires ne représente que la première étape sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires. 

Depuis son adoption il y a 20 ans, 183 pays ont signé le TICEN, et 166 l’ont ratifié, a rappelé le Secrétaire exécutif assurant de plus que le régime de vérification du Traité a fait ses preuves et est résolument efficace.  Il n’a pas hésité à dire que, de nos jours, aucun État ne pourrait mener des essais nucléaires sans être repéré.  « Mais la victoire ne sera réelle qu’une fois que le TICEN sera entré en vigueur », a poursuivi M. Zerbo en pointant du doigt les huit pays figurant à son Annexe II dont cela dépend, à savoir la Chine, l’Iran, le Pakistan, Israël, l’Inde, les États-Unis, la République populaire démocratique de Corée et l’Égypte.  Si la décision finale revient aux gouvernements, M. Zerbo a aussi encouragé une mobilisation de la société civile et des jeunes pour soutenir le Traité et sensibiliser le public à son importance.

« Depuis la première Journée internationale contre les essais nucléaires en 2010, nous ne pouvons ignorer l’anxiété croissante liée aux tensions dans le monde, or la coopération internationale dans le domaine de l’interdiction des essais nucléaires n’est toujours pas suffisamment forte », a-t-il regretté.  « L’unité des nations en faveur d’un monde sans armes nucléaires s’est évaporée au cours de ces 20 dernières années, mais ne nous laissons pas abattre, soyons encore plus déterminés et exigeons des actions immédiates à commencer par l’entrée en vigueur du TICEN », a-t-il lancé à la salle.  « Chacune des ratifications nous rapproche de notre objectif commun en faveur de la non-prolifération et de la coopération internationale technique dans le domaine de la sécurité. »  À cette occasion, M. Zerbo a salué la décision de la Thaïlande de ratifier le Traité dans un proche avenir.

M. KARIPBEK KUYUKOV s’est exprimé en tant qu’Ambassadeur honoraire du projet ATOM, une initiative du Kazakhstan ayant pour objectif de consolider la société civile mondiale en lui soumettant une pétition à signer en faveur de l’adoption de mesures actives contre la menace nucléaire.  L’Ambassadeur Kuyukov a dit parler au nom des victimes des essais nucléaires, puisqu’il est lui-même né sans main il y a 50 ans, alors que sa famille habitait près du site d’essais de Semipalatinsk, au Kazakhstan.  Il a parlé des répercussions sanitaires des essais qui y étaient menés, en plus d’expérimentations sur les animaux et les humains du temps de l’Union soviétique.  Depuis l’âge de 25 ans, M. Kuyukov dit « exprimer sa peine et sa protestation par la peinture en tenant le pinceau par la bouche ou grâce à ses orteils ».

Il a ensuite salué le projet ATOM, qui a permis de collecter pas moins de 312 000 signatures des internautes de plus de 100 pays, dans le cadre d’une pétition qui vise un million de signataires afin de contribuer à bâtir un monde exempt d’armes nucléaires.  Au nom des victimes des essais nucléaires, l’Ambassadeur d’ATOM a demandé aux États dont la signature est cruciale pour l’entrée en vigueur du TICEN de ratifier cet important instrument, afin de préserver les générations futures des effets néfastes des essais nucléaires.  Il a terminé en invitant la communauté internationale à tirer les « leçons amères » de l’histoire des conséquences des essais nucléaires, et d’œuvrer à l’élimination complète des armes nucléaires.

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