En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
90e séance plénière – matin
AG/12019

L’Assemblée générale examine comment renforcer les activités de la Commission de consolidation de la paix, avec un Fonds mieux financé

Les États Membres se sont réunis, aujourd’hui, au sein de l’Assemblée générale pour se pencher sur le rapport* de la onzième session de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et celui qu’a remis le Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix.  Les délégations ont passé en revue les accomplissements dans ce domaine, tout en préconisant des méthodes de travail plus en synergie avec d’autres organes onusiens, davantage de partenariats, ainsi qu’un financement plus adéquat, l’objectif étant d’accroître l’efficience de l’action menée au service de la consolidation et de la pérennisation de la paix.

Cette rencontre a permis de faire le point après l’adoption, il y a deux ans, de résolutions jumelles, à la fois par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, scellant le concept de pérennisation de la paix, dans le contexte des réformes globales engagées par le Secrétaire général.

Pour le Président de l’Assemblée, M. Miroslav Lajčák, il s’agit de faire un suivi pour évaluer certains des outils les plus importants en matière de pérennisation de la paix et de prévention des conflits. Aujourd’hui, la CCP est devenue un mécanisme plus souple, capable de mieux s’adapter, a-t-il fait valoir.  Un avis partagé par le délégué de la Gambie, qui a tenu à souligner le rôle crucial joué par la CCP dans la paix et la sécurité ainsi que dans la stabilisation de son pays.  « Nous attendons que la CCP se positionne comme un corps consultatif intergouvernemental efficace », a estimé, pour sa part, la représentante du Pakistan, en reconnaissant que l’examen de l’architecture de la CCP a permis de redynamiser les discussions à l’ONU.

Aujourd’hui, outre les six pays dont elle est saisie (Burundi, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, République centrafricaine, Sierra Leone), la CCP est déployée de façon flexible dans de nouveaux États tels que la Gambie et les Îles Salomon, ou encore la Sri Lanka et la Colombie.  La Commission s’intéresse en outre à la situation qui prévaut dans les régions du Sahel, des Grands Lacs et dans le bassin du lac Tchad.

Le Président de la CCP a promis un travail en synergie dans le cadre d’une démarche globale pour faire face à la menace multidimensionnelle qui entrave la consolidation de la paix.  La Commission réunira les États Membres, de hauts représentants des Nations Unies, les pays de la région, les institutions financières et la société civile, dans le cadre de partenariats fructueux, l’objectif étant d’examiner des voies nouvelles pour consolider la paix, a-t-il expliqué.

Le représentant de la Gambie a pu en témoigner, arguant que si le pays jouit aujourd’hui de la paix et la stabilité, c’est grâce à l’appui non seulement de l’ONU mais aussi de ses partenaires et des organisations régionales.  Des partenariats stratégiques et significatifs sont en effet essentiels, a commenté en écho la représentante du Kenya en évoquant ceux qu’a mis en place la Commission avec la Banque mondiale notamment.  Cependant, ont souligné plusieurs intervenants, la prise en main par les gouvernements, ce qu’on appelle « l’appropriation nationale », est un élément essentiel sur le chemin de la paix durable. Il est « nécessaire de respecter le principe de l’appropriation par les pays concernés », a insisté le délégué de Chine, car, a-t-il dit, l’objectif, ce sont ces pays: il s’agit de leur fournir une assistance constructive.

La Commission a également été invitée à perfectionner ses méthodes de travail, notamment pour éviter des doublons entre ses travaux et ceux que mènent les autres organes de l’ONU.  Car il y a un risque de fragmentation de l’action que mènent les Nations Unies dans ce domaine, a estimé la représentante de l’Estonie.  Améliorer la communication avec les organisations régionales et sur les activités de la CCP a été une préoccupation de la Chine et du Portugal.  Ce dernier a en outre favorablement accueilli l’engagement de la CCP d’accroître ses synergies avec le Fonds pour la consolidation de la paix, dans le respect de l’indépendance de ce dernier.

Les intervenants ont réclamé un financement adéquat des efforts de consolidation de la paix.  En 2017, le Fonds pour la consolidation de la paix a alloué 157 111 033 dollars à des projets mis en place dans 31 pays, un montant de loin inégalé.  Grâce aux 97 millions de dollars de contributions des États Membres en 2017, le Fonds s’est trouvé dans la situation financière la plus encourageante depuis des années.  Il est en passe d’atteindre l’objectif de financement de son plan stratégique triennal, fixé à 500 millions de dollars dans 40 pays d’ici à 2019, lit-on dans le rapport**.

Cependant, a relevé le délégué de l’Inde, les fonds disponibles pour la consolidation de la paix ne représentent même pas 1% du budget annuel consacré au maintien de la paix de l’ONU.  Il en a d’autant plus salué les options de financement présentées par le Secrétaire général, tandis que de nombreux intervenants ont plaidé en faveur d’un financement accru, fiable et prévisible.  La délégation des États-Unis a tempéré ces appels en insistant pour que la consolidation de la paix soit financée sur une base volontaire, sans être liée au budget de maintien de la paix.

Outre le manque chronique de ressources pour alimenter le Fonds, de nombreuses voix se sont fait entendre pour attirer l’attention sur la nécessaire prévention des conflits, en s’attaquant à leurs causes profondes et également à travers une diplomatie et une médiation plus efficaces.  À l’issue de la réunion, l’Assemblée a procédé à la nomination de la Sierra Leone comme membre du Comité des conférences pour un mandat qui expirera le 31 décembre 2020. Elle a également nommé neuf membres du Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables qui sont: l’Argentine, l’Azerbaïdjan, la Colombie, la Hongrie, Israël, le Japon, le Kenya, le Nigéria et la Suisse.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* A/72/721–S/2018/83

** A/72/740

RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

Déclarations

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a entamé son discours par un bref rappel des raisons qui ont conduit à la naissance de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) et du Fonds pour la consolidation de la paix.  « Il y a 15 ans, ici même aux Nations Unies, les leaders mondiaux se sont réunis pour combler une faille au sein du système international. »  En effet, « nous avions les moyens de répondre aux conflits, mais si peu pour l’après-conflit, notamment au moment où se finalise un plan de paix ou que la violence est prête à éclater de nouveau.  La question s’était posée alors de savoir pourquoi investir autant dans le règlement des conflits, si c’est pour voir les efforts réduits à néant?

En 2005, de nouveaux outils de coordination et de recommandation ont été mis en place pour y remédier.  Dix ans plus tard, « nous avons examiné les progrès accomplis et le résultat était positif », mais il restait encore insuffisant notamment en matière de prévention des conflits.  C’est alors que, pour prévenir l’éclatement d’un conflit ou sa récurrence, le concept de pérennisation de la paix est né, a expliqué le Président, un concept définitivement scellé en avril 2016, avec l’adoption de résolutions jumelles à la fois par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.

Plus récemment, la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la consolidation et la pérennisation de la paix a permis trois résultats concrets: d’abord, donner plus de visibilité à ce concept à travers la qualité et le nombre de délégations représentées, dont six chefs d’État et de gouvernement.  S’ensuivie l’adoption d’une résolution de consensus qui a établi un cadre pour le suivi.  Enfin, a-t-il ajouté, « il nous a été donné de comprendre ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas sur le terrain, et nous avons appris beaucoup! » Sur les horreurs de la guerre, son lot de victimes, son coût exorbitant et ses traumatismes sur l’ensemble de la société, et ce, bien après que les armes se soient tues.  D’autres histoires étaient plus optimistes: des gouvernements ont partagé les pratiques inscrivant la consolidation et la pérennisation de la paix en tête de leurs priorités: de nouveaux partenariats et stratégies.  En outre, des femmes ont pris la parole et fait part de leur préoccupation, tout en partageant le résultat de leurs actions sur le terrain.  Quant au secteur privé, il a exprimé son intérêt pour un profond engagement.

Certains ont cependant pointé du doigt les lacunes.  De nombreuses voix ont critiqué le manque chronique de ressources pour alimenter le Fonds pour la consolidation de la paix et appelé à focaliser l’attention sur la prévention des conflits en s’attaquant à leurs causes profondes et également à travers une diplomatie et une médiation plus efficaces.  Ils ont également indiqué que l’inclusion était encore une exception et non pas la norme, avec les femmes et les jeunes encore à la traîne.  Des questions, a-t-il dit, reflétées dans le compte rendu publié hier.

Cette rencontre aujourd’hui est pour le Président de l’Assemblée l’occasion de faire un suivi pour évaluer certains des outils les plus importants.  Tout d’abord, il a tenu à souligner que la CCP est devenue un mécanisme plus souple, capable de mieux s’adapter.  De fait, elle est déployée de façon flexible dans de nouveaux pays tels que la Gambie et les Îles Salomon, ou encore la Sri Lanka et la Colombie.  La Commission s’intéresse en outre à la situation qui prévaut dans les régions du Sahel, des Grands Lacs et dans le bassin du lac Tchad.

Au Libéria, la Commission a aidé à élaborer l’un des plans de paix les plus exhaustifs, a rappelé M. Lajčák.  Son action au Sahel mérite, selon lui, une mention spéciale: plus de 20 stratégies ont été mises en place, a-t-il indiqué en saluant les efforts tant des pays du Sahel que du partenariat global.  Si ce niveau de soutien est positif, il n’en demeure pas moins qu’il y a un risque de confusion et de double emploi, a cependant prévenu le Président, tout en relevant que la CCP et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix travaillent sans relâche pour la coordination et l’intégration.  Cela inclut l’engagement avec le Conseil de sécurité de l’ONU.  Il s’est également félicité que le Fonds ait investi dans une nouvelle approche en élargissant par exemple son programme transfrontière innovant et en promouvant l’inclusion: plus de 30% de l’ensemble de ses fonds en 2017 ont été dédiés aux initiatives relatives à l’égalité des sexes et aux jeunes.  En conclusion, il a rappelé la promesse lors de la signature de la Charte des Nations Unies de sauver les générations futures du fléau de la guerre.  « Certes, nous sommes encore loin mais tous nos efforts sont déployés dans ce sens! »

M. CHO TAE-YUL (République de Corée), est intervenu en sa qualité d’ancien Président de la CCP, pour présenter le rapport annuel de la Commission (A/72/721-S/2018/83).  Il a salué le renforcement de la coopération avec le Conseil de sécurité, en particulier s’agissant des pays inscrits à l’ordre du jour des deux organes, comme le Burundi ou le Libéria.  À la demande du Conseil, la CCP a également discuté de la situation dans la région du Sahel.  Il a mentionné le renforcement des partenariats de la Commission avec des acteurs clefs, tels que la Banque mondiale ou encore l’Union africaine.  Un financement adéquat des efforts de consolidation de la paix requiert des partenariats forts et une cohérence des flux financiers, a-t-il poursuivi, en appelant à un financement accru du Fonds pour la consolidation de la paix.  L’ancien Président a insisté sur la flexibilité des méthodes de la CCP, celle-ci ayant élargi son travail au-delà des formations pays pour porter notamment assistance à la Gambie à un moment critique de sa transition.  La CCP a ainsi délibéré pour la première fois de la situation dans les Îles Salomon, en Colombie et au Sri Lanka à la demande de ces pays.  Enfin, il s’est dit encouragé par le fort soutien politique et moral apporté aux pays en transition inscrits à l’ordre du jour de la CCP et a appelé à la poursuite de ce soutien. 

M. ION JINGA, Président de la Commission de consolidation de la paix, a salué l’examen du dispositif de consolidation de la paix en vue d’améliorer la souplesse et la réactivité de la CCP.  Son pays, la Roumanie, a l’intention de poursuivre sur cette voie, a-t-il dit.  Il a prédit que 2018 sera une autre année remarquable pour la Commission, qui appuie activement les efforts pour consolider et pérenniser la paix.  « Notre action s’inscrit avec l’objectif de renforcer les actions des Nations Unies. »  La priorité sera accordée à la région du Sahel.  Il a rappelé à cet égard que le Conseil de sécurité avait souligné l’importance de la Commission dans les efforts de consolidation de paix, dans l’objectif de promouvoir la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

La réunion de mars dernier, a poursuivi M. Jinga, a insisté sur une démarche globale pour faire face à la menace multidimensionnelle et sur un travail en synergie.  La Commission réunira les États Membres, de hauts représentants des Nations Unies, les pays de la région, les institutions financières et la société civile, l’objectif étant d’examiner des voies nouvelles pour consolider la paix.  Le Président de la CCP a insisté, à cet égard, sur l’appropriation nationale et la participation des jeunes et des femmes dans la résolution des conflits.  « Les partenariats ont toujours été une priorité pour la CCP et nous pouvons imaginer une telle démarche avec le secteur privé qui peut contribuer, pour sa part, aux efforts de paix. »  Pour finir, M. Jinga s’est félicité que la CCP continue de renforcer la synergie avec le Fonds pour la consolidation de la paix. 

M. MICHAEL BONSER (Canada), parlant également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a salué l’assistance portée à la Gambie et aux Îles Salomon par la CCP.  Il a encouragé cette dernière à diversifier son ordre du jour et à prendre en compte la dimension genre dans les efforts de consolidation de la paix.  Saluant le renforcement de sa coopération avec le Conseil, il a encouragé ce dernier à associer la Commission à son travail quotidien.  Le délégué s’est félicité que le Fonds pour la consolidation de la paix ait consacré plus de 15% de ses ressources à des projets axés sur l’émancipation des femmes, excédant la cible fixée par le Secrétaire général.  Enfin, il a souligné l’importance que toutes les composantes de l’ONU contribuent à la pérennisation de la paix. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a réitéré l’appui de longue date de son pays à la CCP et salué ses travaux.  Il a souligné les résolutions conjointes sur la réforme de l’architecture adoptée en 2016 ainsi que leur rôle en tant que pont entre les différents organes des Nations Unies.  Ces résolutions ont introduit la notion de pérennisation de la paix, a-t-il rappelé avant de constater une série d’excellentes initiatives sur cette question et de se réjouir que la Commission soit devenue plus souple.  Il en veut pour preuve son action en Gambie, aux Îles Salomon et au Sri Lanka.  La CCP a aussi utilisé son rôle fédérateur pour la mobilisation des ressources en faveur de la région du Sahel et pour appuyer la transition au Libéria.  Elle a renforcé son partenariat avec différents acteurs, notamment avec les organisations régionales et les institutions internationales comme en témoignent les réunions annuelles avec la Banque mondiale.  Il s’est également félicité, en conclusion, que le Fonds pour la consolidation de la paix se soit vu alloué un montant inégalé depuis sa création.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné le rôle vital de conseil que joue la CCP s’agissant des pays inscrits à son ordre du jour.  Dans un contexte marqué par la diminution de l’aide publique au développement (APD) qui est versée aux pays en proie à un conflit, il a exhorté la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix à explorer les pistes d’une mobilisation accrue de ressources financières au bénéfice de ces pays.  « Avec la délégation de la Norvège, nous continuerons d’attirer l’attention sur cette question. »  Enfin, le délégué a souligné l’importance du Fonds, ainsi que les bénéfices de la coopération Sud-Sud et triangulaire pour la pérennisation de la paix.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a souligné que l’examen de l’architecture de la CCP avait permis de redynamiser les discussions à l’ONU et de souligner le rôle et le potentiel de la Commission.  « Nous attendons que la CCP se positionne comme un corps consultatif intergouvernemental efficace », a-t-elle dit en souhaitant qu’elle soutienne activement les efforts de paix dans les pays touchés par les conflits.  La représentante a fait valoir que le Pakistan avait vu de près les résultats de la CCP en tant que membre de la Commission ainsi qu’en tant qu’un des plus importants contributeurs de troupes.  « Cette expérience nous conforte dans l’idée que renforcer l’architecture de la CCP est non seulement important mais impératif. »  Avec l’importance que prend la pérennisation de la paix, elle a voulu rappeler que cela ne peut intervenir sans un leadership politique national et la restauration de la confiance entre les citoyens et leurs institutions.  Car, a-t-elle conclu, une paix durable ne peut être imposée de l’extérieur mais uniquement se bâtir de l’intérieur. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a tout d’abord appelé à la modernisation des méthodes de travail de la CCP.  Elle a également attiré l’attention sur la nécessité de mettre fin à la fragmentation des efforts menés à l’ONU dans le domaine de la consolidation de la paix.  La CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix peuvent contribuer à mobiliser des ressources pour les pays touchés par un conflit ou émergeant d’un conflit, a-t-elle souligné.  « La paix est une cathédrale qui se construit brique par brique », a-t-elle dit, en prenant l’exemple du processus de paix dans son pays. 

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a déclaré que la prévention était le fondement de la construction et du maintien de la paix.  Il a ajouté que passer de la réaction à la prévention pourrait sauver des vies et réduire les coûts si des mesures étaient prises rapidement et de manière collective.  La CCP pourrait être le forum politique permettant de mettre en pratique la prévention en convoquant les parties prenantes concernées et en proposant des efforts ciblés pour s’attaquer aux causes profondes tout en prévenant l’apparition de crises.  Il a souligné que les rares ressources ne devraient pas être gaspillées et que les doublons devaient être évités, en particulier au sein du système des Nations Unies, soulignant que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix devait remplir son rôle de soutien à la consolidation de la paix. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a dit que le but de la CCP doit être de contribuer au programme de pérennisation de la paix et salué le fait que la situation au Sahel soit inscrite à son ordre du jour.  Il a indiqué que son pays est le plus important contributeur au Fonds pour la consolidation de la paix avec plus de 170 millions de dollars depuis 2006.  Le délégué a appuyé le désir du Secrétaire général de voir le Fonds prendre de l’importance, tout en ajoutant que des ressources accrues doivent s’accompagner d’un plan ambitieux pour aboutir à un véritable changement.  Enfin, il a souhaité que la CCP devienne un forum au sein duquel l’ONU forgerait des partenariats forts avec des organisations régionales. 

M. WU HAITAO (Chine) a rappelé la réunion qui s’est tenue en avril sur la pérennisation de la paix et les discussions approfondies auxquelles elle a donné lieu, qui allaient dans le sens de la promotion de la CCP.  À cet égard, il a estimé nécessaire de respecter le principe de l’appropriation par les pays concernés, car, a-t-il insisté, l’objectif ce sont ces pays: il s’agit de leur fournir une assistance constructive.  Les efforts devraient se fonder sur la réalité du terrain car les situations varient.  Il faut donc adapter les méthodes pour renforcer les capacités des pays concernés à mener un développement durable.  Le représentant a aussi recommandé d’aligner l’appui de la communauté internationale sur les besoins des pays concernés pour en maximiser les effets.  L’ONU, a-t-il ajouté, devrait jouer un rôle de plateforme, et ce, afin d’éviter les doublons et les gaspillages.  Il a appelé, en conclusion, la CCP à améliorer la communication avec les organisations régionales et sous-régionales et à s’aligner sur la stratégie des pays concernés pour promouvoir des synergies.

M. LEWIS GARSEEDAH BROWN II (Libéria) a vu le Fonds pour la consolidation de la paix comme un outil important dans ce domaine, avant de louer la flexibilité de ce Fonds et de se féliciter des contributions versées.  Le Fonds ne peut remplacer l’APD, a-t-il cependant averti.  Il s’est félicité que son pays soit souvent donné en exemple pour illustrer le succès de ce Fonds.  Le Libéria continue de promouvoir les principes démocratiques, a-t-il conclu, avant de saluer ceux qui ont contribué au développement durable de son pays. 

M. SANDEEP KUMAR BAYYAPU (Inde) a souhaité tirer profit de cette réunion pour réfléchir à ce qui a déjà été accompli et à la marche à suivre.  Il s’est félicité des efforts accomplis par la CCP au sein des pays et des régions, notamment à travers son renforcement et son appui aux Îles Salomon, à la Colombie et au Sri Lanka, ainsi que dans la région du Sahel, dans le bassin du lac Tchad.  Il a salué les partenariats avec les institutions financières et en tant que pont entre les principaux organes de l’ONU.  Il a de même salué les efforts déployés pour instaurer des partenariats avec des acteurs au sein et en dehors des Nations Unies, tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou encore d’autres institutions financières internationales. 

En tant que pont entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC), la CCP est un organe important et doit être renforcée, a plaidé le représentant.  Il a également salué les efforts déployés par la CCP pour tenir des délibérations sur des thématiques comme le genre, la jeunesse, le financement, le renforcement des institutions et l’appropriation nationale.  Il a ensuite noté que le Fonds pour la consolidation de la paix avait, l’année dernière, soutenu des projets dans 31 pays.  Au plan du financement, il a relevé que si les contributions des donateurs du Fonds étaient élevées en 2017, les fonds disponibles pour les efforts de consolidation de la paix ne représentent même pas 1% du budget annuel consacré au maintien de la paix de l’ONU.  C’est pourquoi il a salué les options de financement présentées par le Secrétaire général dans son rapport.  Il a, enfin, fait part de la détermination de l’Inde, qui est membre de la CCP depuis sa création, de s’engager activement avec les partenaires lors de la session annuelle en juin prochain.   

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a dit que la construction de la paix n’est pas, pour un pays, un processus transitoire mais bel et bien un processus permanent.  Il a salué la multiplication des activités thématiques et régionales de la CCP, louant aussi la flexibilité de ses méthodes.  « Mon pays a été l’un des 31 pays à avoir bénéficié du Fonds pour la consolidation de la paix en 2017 », a-t-il dit.  À son avis, la CCP doit jouer un rôle de pivot dans les efforts de pérennisation de la paix.  Enfin, le délégué a souhaité la poursuite du partenariat entre son pays et le Fonds. 

M. LAMIN FAATI (Gambie) s’est réjoui des avancées de son pays depuis la dernière crise politique en 2016.  Aujourd’hui, la Gambie jouit de la paix et de la stabilité grâce à l’appui des Nations Unies, de ses partenaires et des organisations régionales, a-t-il affirmé, avant de souligner le rôle crucial joué par la CCP dans la paix et la sécurité ainsi que dans la stabilisation dont jouit son pays.  La Gambie a pu ainsi se lancer sur la voie de la justice transitionnelle et de l’état de droit: « nous consolidons la paix que nous avons gagnée ».  Le représentant a saisi cette occasion pour évoquer la table-ronde de donateurs tenue récemment à Bruxelles et remercier les actions entreprises dans ce cadre en faveur du développement en Gambie.

Le représentant a aussi tiré les leçons de son expérience en expliquant que la mobilisation et l’intervention précoces de l’ONU et de la CCP avaient fait une différence dans le soutien qu’elles apportent au nouveau gouvernement.  En répondant aux besoins spécifiques du gouvernement, une plateforme d’appropriation nationale a été créée.  Il a aussi salué l’engagement avec les acteurs régionaux, y compris le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, estimant que c’était crucial dans la recherche des bons partenaires pour résoudre les problèmes critiques de transition. 

La CCP a porté un effort réel en vue de la consolidation de la paix, a-t-il estimé, appelant en conclusion à accroître la mobilisation des ressources potentielles pour renforcer les fonds affectés à cette cause.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a salué l’importante valeur ajoutée de la Commission et sa contribution significative au travail quotidien du Conseil de sécurité, ce qu’il a pu constater en 2017 en tant que membre non permanent du Conseil.  « Mon pays a augmenté sa contribution au Fonds pour la consolidation de la paix ces deux dernières années », a-t-il dit.  Enfin, le délégué a appelé à la mise en œuvre et au financement adéquat du programme de pérennisation de la paix. 

Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a souligné la nécessité d’un financement prévisible pour la consolidation de la paix.  Elle a appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un bond en avant à l’appui du Fonds pour la consolidation de la paix.  Le Kenya attache une grande importance aux opérations de soutien à la paix, y compris la prévention, la résolution des conflits et l’appropriation nationale, a-t-elle dit en observant que tous ces efforts nécessitent un financement approprié.  « Nous pouvons faire plus », a-t-elle insisté, souhaitant aller plus loin pour collaborer avec les propositions d’options financières du Secrétaire général.  « Nous continuons de croire que le versement de quotes-parts pour la consolidation de la paix reste l’option de financement la plus optimale. »

La représentante a apprécié que la Commission ait renforcé son partenariat avec des parties prenantes clefs telles que la Banque mondiale.  Elle s’est félicitée du Mémorandum d’accord signé par l’Union africaine et les Nations Unies pour fournir un cadre au maintien des efforts de paix en Afrique.  L’établissement de partenariats stratégiques et significatifs est, à son avis, essentiel pour assurer une participation réelle des gouvernements nationaux.  La collaboration entre la Commission, le Conseil de sécurité, l’ECOSOC et l’Assemblée générale doit être renforcée dans la mise en œuvre des résolutions relatives à l’architecture de la consolidation de la paix, a-t-elle conclu.

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a salué les importants efforts menés par la CCP pour améliorer ses méthodes de travail ces dernières années ainsi que les efforts déployés par les États Membres.  Elle a souhaité l’adoption de méthodes de travail plus transparentes et stratégiques, avant de plaider en faveur d’actions plus déterminées.  Elle s’est félicitée que la CCP ait servi de plateforme pour permettre à des pays comme la Colombie et les Îles Salomon d’échanger tant sur leurs avancées que sur les défis à relever et les enseignements tirés.  Le rôle consultatif de la CCP au sein du Conseil de sécurité est pertinent et doit être plus renforcé, à son avis.  Il faut nous associer et travailler horizontalement, a ajouté la représentante qui a également conseillé d’intégrer les priorités et programmes.  Et d’ajouter que la pérennisation de la paix exige l’examen de toutes les dimensions, notamment les inégalités basées sur le genre ou la race.  Enfin, la déléguée a appelé à répondre à l’appel du Secrétaire général pour une augmentation considérable des montants alloués au Fonds pour la consolidation de la paix. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a détaillé la situation en République centrafricaine (RCA), dont le Maroc préside la formation de la CCP qui lui est dédiée, et ce, depuis 2014.  Des progrès significatifs ont été obtenus en 2017 notamment en matière d’extension de l’autorité de l’État et de lutte contre l’impunité, a-t-il dit.  Il a ensuite invité le Fonds pour la consolidation de la paix à mieux communiquer sur ses activités, avant de plaider pour une coordination plus poussée avec les formations pays.  Il a mentionné les six projets financés en RCA par le Fonds, notamment celui visant à la réduction de la violence communautaire à Paoua et Bambari.  Enfin, le délégué a remercié le Département de l’information de souligner l’importance des travaux de la CCP. 

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a mentionné l’appui qu’apporte son pays à un projet en Somalie, financé en partie par le Fonds pour la consolidation de la paix.  Ce projet vise à améliorer l’accès aux services publics pour les communautés touchées par le conflit et aux personnes déplacées.  Le représentant a souhaité que le renforcement du Fonds soit mené dans le respect des vues des différents donateurs.  Le secteur privé devrait être sollicité davantage pour financer les projets de ce Fonds, les ressources des États étant limitées, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a déclaré que la promotion de la sécurité humaine doit être au cœur des efforts de pérennisation de la paix. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a dit que lors de sa onzième session, la CCP avait accompli des tâches importantes en vue de mettre en œuvre les recommandations issues des résolutions sur la consolidation de la paix de 2016.  Le concept de consolidation de la paix est aligné sur la priorité de la prévention des conflits et a entraîné un changement de paradigme dans la façon dont les États abordent les questions de paix et de sécurité, a-t-elle noté.  Elle a salué le récent avis de la Commission au Conseil de sécurité sur un certain nombre de questions régionales et nationales, soulignant la nécessité de renforcer les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, les gouvernements et la société civile. En conclusion, elle a estimé que la consolidation de la paix était une entreprise nationale exigeant l’appropriation et l’inclusion au plan national.  Ce qui est exigé de l’ONU, c’est l’aide au renforcement des capacités nationales et locales pour une véritable consolidation de la paix, celle-ci devant être bien expliquée et comprise par tous afin d’éviter tout malentendu.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a salué les efforts de la CCP visant à améliorer ses méthodes de travail tout en appelant à une meilleure visibilité de sa stratégie grâce à une communication accrue.  Il a favorablement accueilli l’engagement de la CCP d’accroître ses synergies avec le Fonds pour la consolidation de la paix, dans le respect de l’indépendance de ce dernier.  Mon pays a de nouveau contribué au Fonds en 2017, a-t-il dit, en appelant à la mobilisation d’un financement accru.  Enfin, il a appuyé le repositionnement du système onusien de développement pour une mise en œuvre améliorée du Programme 2030. 

Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a dit que son pays appuie la vision du Secrétaire général contenue dans son rapport sur la consolidation et la pérennisation de la paix et qui est conforme au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a estimé que la prévention des conflits doit être au cœur de l’action de l’organisation mondiale.  « La paix ne peut être pérennisée que si nous avançons sur la voie du développement et nous attaquons aux causes profondes des conflits. »  Pour la réalisation d’une paix durable, il faut promouvoir une gouvernance démocratique, l’état de droit et la protection des droits de l’homme, a-t-elle notamment plaidé.  De même, elle voit dans la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme et des jeunes des aspects essentiels de la paix durable.  Elle a, par ailleurs, mis en garde contre la fragmentation de l’action des Nations Unies qui sape la capacité de l’Organisation et l’appui apporté aux États Membres.  Elle a voulu, en conclusion, souligner les résultats remarquables du Fonds pour la consolidation de la paix auquel son pays contribue.

M. DAVID ASHLEY BAGWELL (États-Unis) a souligné l’importance de prévenir les conflits et encouragé le Secrétaire général à promouvoir la pérennisation de la paix, par le biais notamment d’une coopération accrue entre les piliers des travaux de l’ONU.  L’engagement de la CCP au Libéria est un bon exemple de ce que peut accomplir cet organe, en particulier lorsqu’elle travaille de concert avec le Conseil de sécurité, a-t-il dit.  Sur la question du financement, il a prévenu que l’argent ne créé pas la paix.  « Nous sommes d’avis que la consolidation de la paix doit être financée sur une base volontaire et ne doit pas être lié au budget de maintien de la paix. »  

M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) s’est félicité que les résolutions jumelles adoptées en 2016 par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité apportent une plus grande cohérence aux travaux de l’ONU.  Elles renforcent les trois piliers des Nations Unies, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a-t-il apprécié.  « Nous devons continuer de renforcer le dispositif de pérennisation de la paix. »  Il a également estimé importante l’action menée dans ce domaine par les organisations régionales et sous-régionales.  La CCP doit être adoptée par les organisations régionales car il faut joindre nos efforts pour que le dispositif soit connu et appliqué au plan régional, a-t-il recommandé.  Il a, par ailleurs, salué l’appui du Fonds pour la consolidation de la paix au profit de son pays et de sa sous-région, notamment pour le renforcement de la justice et en faveur de l’autonomisation de la femme.  Il a renouvelé, en conclusion, l’appui de son pays aux réformes du Secrétaire général car il met l’accent sur la prévention.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a rappelé que son pays fait partie de la Force multinationale mixte contre Boko Haram, aux côtés du Bénin, du Cameroun, du Tchad et du Niger.  Il a souhaité l’adoption d’une approche holistique pour faire face aux menaces multidimensionnelles qui pèsent sur la région du Sahel.  Saluant les précieuses contributions du Fonds pour la consolidation de la paix, le délégué a souligné l’importance que ce Fonds bénéficie d’un financement adéquat.  « La culture d’une paix durable doit être consolidée car c’est une valeur cardinale de l’ONU. » Enfin, il a réaffirmé l’engagement de son pays pour prévenir et régler les conflits. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est félicité que le Conseil de sécurité ait constaté la pertinence croissante des recommandations de la CCP.  Les témoignages sur l’efficacité du Fonds pour la consolidation de la paix ont validé son engagement à promouvoir l’appropriation nationale et à s’attaquer aux causes profondes du conflit de manière inclusive.  Il a noté la contribution du Fonds dans des projets au Myanmar dans ce contexte.  Notant que les propositions du Secrétaire général sur la réforme de la paix et de la sécurité reconnaissaient le rôle critique de la Commission, il a déclaré que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix pourrait ouvrir la voie à une coordination renforcée entre les trois piliers des Nations Unies.  Cette fonction charnière ne pourrait être assurée que par des mesures renforçant les ressources humaines du Bureau.  Il a recommandé que le Secrétaire général assume la responsabilité du suivi de la résolution adoptée après la réunion de haut niveau et désigne un haut fonctionnaire pour ce suivi.  Il a estimé que l’examen des méthodes de travail de la Commission devrait être un processus continu.  Le Bangladesh a reconnu la nécessité d’un « bond en avant » dans le financement du Fonds pour la consolidation de la paix, tout en maintenant sa réaction rapide, et a recommandé que l’on débatte des propositions du Secrétaire général à cet égard.

Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a dit que la CCP est devenue plus dynamique et flexible, contribuant notamment aux développements positifs constatés en Afrique de l’Ouest.  Elle a appuyé un engagement accru de la CCP dans la région du Sahel, avant d’appeler à un partenariat renforcé avec la Banque mondiale, les organisations régionales et sous-régionales, la société civile et le secteur privé.  Mme Stener a déclaré que son pays, déjà l’un des plus importants contributeurs au Fonds pour la consolidation de la paix, augmentera substantiellement sa contribution en 2018.  Enfin, la déléguée a appelé à une réaffectation des ressources vers la prévention des conflits. 

 

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