L’Assemblée générale entame son débat de haut niveau sur la consolidation et la pérennisation de la paix en mettant l’accent sur la prévention
Face à la multiplication des conflits dans le monde, les impératifs de la prévention, de la médiation et du développement ont figuré au cœur des appels des délégations venues participer, aujourd’hui, au lancement du débat de haut niveau de l’Assemblée générale sur la consolidation et la pérennisation de la paix. « La paix durable, c’est la mise en place d’un environnement respectueux de la dignité humaine », a résumé le Roi des Belges Philippe 1er.
Mais actuellement, « le monde, dans une grande mesure, recule », a diagnostiqué le Secrétaire général de l’ONU, prenant pour preuve, outre l’augmentation des conflits, le nombre record de personnes déplacées par la violence et de civils tués par des explosifs dans les villes, ainsi que la montée du nationalisme, du racisme et de la xénophobie.
C’est dans ce contexte qu’en 2016, l’Assemblée générale* et le Conseil de sécurité avaient adopté des « résolutions jumelles » dans le but de définir une nouvelle approche en matière de consolidation et de pérennisation de la paix, textes auxquels s’est ajouté par la suite le vaste projet de réforme de l’architecture de maintien de la paix engagé par l’actuel Secrétaire général.
« La difficulté aujourd’hui, c’est de faire de cette vision une réalité et de définir les manières d’agir les plus optimales », a constaté le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, souhaitant pour cela que l’ONU serve de moteur pour la diplomatie.
En la matière, le Secrétaire général a vu dans le développement inclusif, ancré dans le respect des droits de l’homme, le meilleur outil de prévention contre les conflits violents et l’instabilité. Investir dans la paix durable revient à investir dans les services de base, la protection des droits de l’homme, la promotion de la cohésion sociale et de l’énergie durable, sans oublier une éducation de qualité et des emplois décents pour les jeunes, a-t-il notamment indiqué.
Cette première journée de débat a été marquée par des appels pour des investissements plus solides dans le maintien de la paix et la prévention. Le financement est essentiel, ont dit les délégations en s’appuyant sur un rapport de la Banque mondiale selon lequel chaque dollar dépensé pour la prévention permet de mettre 7 dollars de côté et de les investir dans le développement au lieu d’être dépensés en riposte.
M. António Guterres a, de son côté, souhaité que l’on porte les ressources du Fonds pour la consolidation de la paix à 500 millions de dollars par an. Il a fait valoir notamment que le Fonds avait démontré sa capacité à intervenir rapidement face à l’imminence d’une situation de crise.
Outre ce fonds, le Secrétaire général a cité les autres moyens dont s’est récemment dotée l’ONU, comme son Conseil consultatif de haut niveau sur la médiation qui a été mandaté pour renforcer l’expertise des diplomates, ou encore le lancement, le mois dernier, d’une « Action pour le maintien de la paix » pour mobiliser davantage de soutien et rendre les missions de maintien de la paix de l’ONU plus fortes et plus sûres. À cela s’ajoute le renforcement de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et la revitalisation du Bureau d’appui à la consolidation de la paix.
Les délégations ont par ailleurs été nombreuses à réclamer une plus grande cohérence entre les trois piliers de l’ONU et à insister sur l’importance des partenariats, notamment avec les organisations régionales et sous-régionales, le maintien de la paix ne devant pas, pour citer le Président de l’Assemblée, être un domaine d’expertise réservé à l’ONU. « L’ONU ne peut pas se permettre de faire cavalier seul », a dit en écho la Ministre des affaires étrangères de la Suède. Le cas de la Gambie a été cité comme exemple de ce qui peut être fait au niveau régional pour prévenir l’escalade, et grâce à une coopération étroite entre les tous les acteurs.
Les appels se sont aussi multipliés en faveur d’une plus grande participation des femmes, à l’instar de l’actrice et Ambassadrice de bonne volonté pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme Michelle Yeoh, pour qui les femmes doivent être des agents actifs dans la résolution de conflits, pas seulement des bénéficiaires.
« Il faut opter pour une approche plus holistique qui mette les femmes au centre des discussions », a renchéri Mme Joy Onyesoh, Présidente de Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF), au Nigéria, qui a jugé nécessaire d’appuyer la participation des femmes au niveau local.
Mais pour l’Envoyée du Secrétaire générale pour la jeunesse, ce qui importe avant tout, c’est de mettre un terme à l’exclusion des jeunes des processus de participation politique. « La participation effective des jeunes, c’est de la prévention », a ainsi déclaré Mme Jayathma Wichramanayake.
Dans la même veine, M. Ishmael Beah, défenseur pour l’UNICEF des enfants affectés par la guerre, a invité les États Membres à se soucier du sort des enfants trouvés dans les rangs des groupes terroristes et extrémistes. Cet ancien enfant soldat s’est notamment inquiété du fait que dans certains pays, comme l’Iraq, le Nigéria ou encore la France, ces enfants font face, dans le cadre des efforts de lutte contre le terrorisme, à des procès ou des châtiments, au lieu de bénéficier d’une véritable réhabilitation.
Enfin, le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, a insisté sur l’importance d’ouvrir les « portes de la démocratie » aux anciens combattants, citant le cas des Forces armées révolutionnaires de Colombie - Armée populaire (FARC-EP) qui sont devenues un parti politique de l’opposition, « ce qui leur permet d’agir auprès des populations sans brandir les armes ».
L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau sur la consolidation et la pérennisation de la paix demain, mercredi 25 avril, à partir de 10 heures.
RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA CONSOLIDATION ET LA PÉRENNISATION DE LA PAIX (A/72/L.49)
Déclarations liminaires
M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a estimé que si d’une certaine façon, l’ONU avait tenu ses promesses en évitant une autre guerre mondiale, d’un autre côté elle n’avait pas réussi à honorer son engagement découlant de la Charte: « Nous avons attendu trop longtemps pour agir. Nous n’avons pas été là quand les gens avaient besoin de nous. Nous aurions pu faire plus, répondre aux conflits et encore davantage pour les empêcher de se produire. » C’est pourquoi, a-t-il rappelé, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont adopté en 2016 une nouvelle approche avec des résolutions sur la pérennisation de la paix et se sont ainsi engagés à agir de manière plus précoce et optimale pour prévenir les souffrances découlant des conflits.
La difficulté, aujourd’hui, c’est de faire de cette vision une réalité et de définir les manières d’agir les plus optimales, a-t-il constaté en citant les peuples qui attendent cela, en Syrie, au Soudan du Sud, au Yémen, en Libye, ou encore en Somalie et en Afghanistan. Il s’est aussi alarmé de la montée en flèche des discours haineux et du mépris croissant pour les principes et systèmes que la communauté internationale a mis 70 ans à façonner.
Le Président de l’Assemblée générale a déclaré que la prévention devait être la priorité, mettant l’accent sur l’importance de la médiation et de la diplomatie menées au niveau tant local que national. L’ONU doit agir davantage dans ce sens et être prête à agir grâce à ses bons offices, a-t-il souhaité en misant aussi sur les acteurs régionaux qui ont également un rôle critique à jouer. Et finalement, cela doit se produire ici - sur la scène internationale, a-t-il ajouté en souhaitant que l’ONU serve de moteur pour la diplomatie. Pour M. Lajčák, « on ne peut laisser les graines de violence contaminer les graines de la paix ».
Il a ensuite appelé à une plus grande cohérence entre les trois piliers de l’ONU. On ne peut plus isoler le travail humanitaire ou le maintien de la paix, ni le développement durable, a-t-il constaté, plaidant pour plus de cohérence et de liens.
M. Lajčák a aussi insisté sur l’importance des partenariats, car le maintien de la paix ne doit pas, a-t-il dit, être un domaine d’expertise de l’ONU seule. « Sans écouter les partenaires régionaux, tous nos efforts seront voués à l’échec », a-t-il fait observer, citant le cas de la Gambie comme exemple de ce qui peut être fait au niveau régional pour prévenir l’escalade. Il a également appelé à faire appel davantage au secteur privé et à élaborer des partenariats novateurs pour attirer des financements.
Le financement est essentiel, a-t-il poursuivi en plaidant pour des investissements plus solides dans le maintien de la paix. Citant un rapport de la Banque mondiale, il a indiqué que pour chaque dollar dépensé pour la prévention, 7 dollars sont mis de côté, 7 dollars qui, a-t-il insisté, pourront être investis dans le développement au lieu d’être dépensés en riposte.
Le Président de l’Assemblée générale a enfin plaidé pour une approche sans exclusive, déplorant notamment que les femmes soient souvent considérées comme des victimes et les jeunes comme des fauteurs de trouble. Les enjeux sont bien trop élevés et les conséquences des conflits bien trop odieuses et c’est pour cela qu’il faut aller au-delà des déclarations et ajouter de la substance à nos paroles, a-t-il conclu.
Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a rappelé les « résolutions jumelles » adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité il y a deux ans, qui ont envoyé un message sans équivoque qu’il faut travailler mieux ensemble pour la pérennisation de la paix à toutes les étapes d’un conflit et dans toutes ses dimensions.
Tout en relevant les avantages que présente la mondialisation, le Secrétaire général a remarqué que le monde, dans une grande mesure, recule. Il en a pris pour preuve le nombre croissant de pays qui font l’expérience d’un conflit violent, le chiffre record de civils tués ou blessés par des explosifs dans les villes, le nombre record de personnes obligées de se déplacer à cause de la violence, de la guerre et de la persécution, les atroces violations des droits de l’homme, ou encore la montée du nationalisme, du racisme et de la xénophobie.
Le Secrétaire général a également noté que les inégalités augmentent, notamment pour les femmes et les filles. « Tout cela nous indique que nous avons besoin d’une plus grande unité et de plus de courage », a-t-il dit en voulant jeter les bases d’une paix et d’un développement durables.
M. Guterres a souligné le message central de son rapport sur la consolidation et la pérennisation de la paix qui est que « nous devons renforcer la cohérence des efforts internationaux qui soutiennent les gouvernements nationaux et leurs peuples ». Il a mis l’accent sur le besoin de partenariats opérationnels entre les acteurs les plus importants comme les gouvernements, l’ONU et les autres organisations internationales, les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, les organisations de la société civile, les groupes de femmes, les organisations de jeunes et le secteur privé.
Un renforcement des partenariats est en cours, a-t-il assuré avant de parler de ce que fait son Conseil consultatif de haut niveau sur la médiation qui a été mandaté pour renforcer l’expertise des diplomates chargés de soutenir l’action en faveur de la paix partout dans le monde. Il a aussi indiqué avoir lancé, le mois dernier, une initiative appelée « Action pour le maintien de la paix », qui vise à mobiliser davantage de soutien et à rendre les missions de maintien de la paix de l’ONU plus fortes et plus sûres.
À cela s’ajoute un renforcement de la Commission de consolidation de la paix (CCP), en revitalisant le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et en renforçant son rôle, a dit le Secrétaire général. « Tous ces efforts commencent à porter des fruits », a-t-il constaté en citant le cas du Libéria, tout en reconnaissant qu’il reste encore beaucoup à faire.
À ce propos, il a mis l’accent sur l’inclusion des femmes dans les processus de consolidation de la paix et cité le Plan d’action en sept points des Nations Unies sur la participation des femmes dans ce domaine. Il a aussi salué le nouveau rapport sur les jeunes, la paix et la sécurité qui reconnaît aussi la contribution majeure des jeunes à la cause de la paix.
Par-dessus tout, c’est le développement inclusif, ancré dans le respect des droits de l’homme, qui est le meilleur outil de prévention contre les conflits violents et l’instabilité, a affirmé le Secrétaire général en se référant à la feuille de route, le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a appelé à investir dans la paix durable, ce qui signifie des investissements dans les services de base, le travail en commun des agences de développement et humanitaires, la protection des droits de l’homme, la promotion de la cohésion sociale et de l’énergie durable. Il a ajouté à cette liste une éducation de qualité et des emplois décents pour les jeunes, en plaidant au final pour « une approche holistique ».
Le Secrétaire général a ensuite détaillé ce que contient son rapport: des propositions visant à ce que l’appui concerté apporté aux États Membres par l’ensemble des organismes des Nations Unies soit plus efficace et plus efficient, grâce à une réforme des secteurs du développement, de la gestion et de la paix et la sécurité. « Je suis déterminé à préparer l’Organisation des Nations Unies au monde de demain », a-t-il réitéré.
Pour cela, son financement est essentiel, a averti le Chef de l’ONU en rappelant que, ces 10 dernières années, la communauté internationale avait consacré 233 milliards de dollars aux interventions humanitaires, au maintien de la paix et à l’accueil des réfugiés.
Appelant à investir beaucoup plus dans la prévention -parce qu’elle est efficace, économique et sauve des vies-, le Secrétaire général a fait remarquer ce que le Fonds pour la consolidation de la paix a déjà été capable de réaliser. Le Fonds a en effet démontré sa capacité à apporter un appui aux partenaires nationaux, à soutenir la transition vers la paix et la stabilité, à renforcer la cohérence en distribuant des ressources par l’intermédiaire de plus de 25 organismes des Nations Unies et partenaires, y compris des gouvernements, et à faire concorder ses objectifs avec ceux des institutions financières internationales et d’autres acteurs.
« Le Fonds est réactif et peut intervenir rapidement face à l’imminence d’une situation de crise », a relevé M. Guterres en soulignant aussi son rôle de catalyseur pour mobiliser des fonds auprès d’autres bailleurs. Le Fonds finance des projets dans lesquels personne d’autre ne se risque à investir et il favorise la diversité et l’inclusion puisque nombre de ses programmes viennent en aide aux femmes et aux jeunes, a-t-il aussi remarqué.
Il a réitéré sa proposition d’accroître, de restructurer et de hiérarchiser le financement des activités de consolidation de la paix en faisant appel à des contributions volontaires, régulières et à des financements innovants. « Je demande une nouvelle fois que l’on porte les ressources du Fonds à 500 millions de dollars par an », a plaidé M. Guterres avant de rappeler sa proposition d’augmenter de 50% le nombre de postes permanents au Bureau d’appui à la consolidation de la paix, ce qui pourra être fait sans engager de frais supplémentaires grâce aux économies découlant de la réforme.
Le Secrétaire général, qui a annoncé faire une intervention demain devant le Conseil de sécurité sur le même sujet, a appelé cet organe et l’Assemblée générale à continuer leurs efforts pour consolider la paix à tous les niveaux.
Mme MICHELLE YEOH, actrice et Ambassadrice de bonne volonté pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a remarqué que dans un grand nombre de conflits de longue durée, « les civils sont devenus des cibles », ajoutant que la moitié des réfugiés dans le monde sont des enfants, « la plupart séparés de leur famille ».
Trop souvent, les femmes et filles sont en proie à l’esclavage et au mariage forcé, et les enfants victimes de violences, a insisté Mme Yeoh, pointant l’effet dévastateur de ces crimes sur leur développement et le risque pour ces victimes de répéter un cycle malheureux en devenant elles-mêmes prédatrices une fois adultes. « Nous devons prévenir les conflits avant tout pour épargner des vies et des millions de dollars », a-t-elle aussi plaidé, soulignant le coût énorme des conflits pour la communauté internationale quand elle doit répondre à ces crises.
La communauté internationale ne doit pas faillir à ses responsabilités car « la prévention des conflits est notre mandat, nous devons l’assumer », a-t-elle poursuivi, avant d’évoquer l’autonomisation des femmes et leur participation dans la société comme facteurs essentiels pour la paix et la prospérité à long terme. Dans le même sens, « les femmes devraient être des agents actifs dans les résolutions de conflits, pas seulement des bénéficiaires », a-t-elle insisté, ajoutant que l’égalité des sexes constituait un facteur important dans la réalisation de la paix et du développement durables et de la prévention des conflits.
Dans ce but, Mme Yeoh a appelé à une levée de fonds et à davantage de ressources pour faire avancer ce projet, « élément clef dans la réalisation du Programme 2030 ». Mettant enfin en parallèle paix durable et développement durable, Mme Yeoh a argué qu’on ne pouvait pas avoir l’un sans l’autre, et que les inégalités menaient elles aussi à des conflits.
M. ISHMAEL BEAH, défenseur pour l’UNICEF des enfants affectés par la guerre, a déclaré que si on consolide la paix sans tenir compte du sort des enfants, sans les protéger pour qu’ils deviennent des citoyens actifs de leur société et des êtres humains décents, tous les efforts déployés par l’ONU auront échoué. Il s’est inquiété de l’état actuel du monde où tant d’enfants vivent en situation de conflit et sont la cible de violences. Dans de nombreuses régions du monde, les enfants sont sujets à un niveau de brutalité inouïe, s’est-il alarmé, citant des cas d’enfants utilisés comme boucliers humains, d’enfants violés ou encore mariés de force. M. Beah a relevé que ces pratiques sont devenues normales dans certains conflits, auxquelles il faut ajouter les problèmes de malnutrition et le manque d’accès à la santé et à l’éducation dont souffrent de nombreux enfants.
Parmi toutes ces horreurs, M. Beah a toutefois relevé quelques lueurs d’espoir citant notamment la libération, la semaine dernière, au Soudan du Sud, de 250 enfants soldats.
Le défenseur des enfants affectés par la guerre a déploré le manque d’engagement des États à mettre en œuvre les « idées magnifiques » mises sur papier, regrettant aussi que nombre d’entre elles ne soient pas non plus juridiquement contraignantes.
M. Beah a encouragé les délégations à prendre connaissance d’un rapport de l’Université des Nations Unies consacré à la radicalisation et à la déradicalisation. Il les a aussi invités à adopter des approches différentes pour traiter de la situation des enfants qui se trouvent au sein de groupes terroristes et extrémistes.
Il a en effet déploré que dans certains pays ces enfants fassent l’objet de procès ou de châtiments, car leur association avec des groupes extrémistes est criminalisée, au lieu de faire un véritable effort de réhabilitation. Il a noté que certains États poursuivent les jeunes dans le cadre de la législation contre le terrorisme, citant notamment le cas de l’Iraq où 1 400 femmes et enfants sont détenus en raison de leur affiliation à Daech. Et au Nigéria, des milliers de jeunes sont détenus pour leur association avec Boko Haram alors que nombre d’entre eux auraient été arrêtés de manière arbitraire au moment où ils cherchaient à fuir le groupe.
M. Beah a également pointé la situation en France où, dans le cadre du durcissement de la lutte contre le terrorisme, une période de détention préventive allant jusqu’à trois ans est prévue pour les jeunes de moins de 16 ans arrêtés dans l’attente de leur procès ayant trait au terrorisme. Ailleurs, les enfants soupçonnés d’appartenir à des groupes armés se voient retirer leur passeport et nier la possibilité de regagner leur pays d’origine, comme par exemple en Grande-Bretagne.
En conclusion, M. Beah a plaidé pour des exceptions à ces systèmes, pour pouvoir assurer avant tout la protection des enfants. « Pour construire la paix dans le monde, nous devons veiller à ne pas violer les principes mêmes de la dignité humaine », a-t-il argué.
Mme JOY ONYESOH, Présidente de Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) au Nigéria, a rapporté l’histoire d’Amina, une très jeune mère de trois enfants qu’elle a rencontrée dans le nord-est du Nigéria. Amina a fui les assauts de la secte terroriste Boko Haram avec un enfant dans le dos, a-t-elle relaté. Mme Onyesoh a donné cet exemple pour sonner l’alerte et attirer l’attention sur le coût humain des conflits et le coût démesuré que payent les femmes. « Il faut opter pour une approche plus holistique qui mette les femmes au centre des discussions », a-t-elle plaidé en demandant aussi d’amplifier la participation des femmes au niveau local.
Mme Onyesoh a souligné le nombre important de femmes qui doivent vivre chaque jour en situation de conflit dans le monde et appelé à réduire les violences « issues du genre masculin ». Elle a également recommandé de « prioriser » et de « hiérarchiser » ces questions en veillant à ce que la société civile participe activement à les résoudre. Un accès amélioré à la justice et des aides financières pour le microdéveloppement sont aussi des éléments cruciaux, a-t-elle ajouté.
Se félicitant des travaux accomplis par les différentes missions sur le terrain et des propositions du Secrétaire général en matière d’amélioration du droit des femmes, Mme Onyesoh a cependant remarqué que « le financement dans ce but reste très inadéquat », un financement qui a même diminué chez les grands pays donateurs, a-t-elle remarqué. Elle a donc appelé à un financement accru, notamment pour aider les associations de femmes de la société civile. En outre, elle a rappelé le rôle des Nations Unies qui peut donner une lueur d’espoir dans beaucoup de pays en proie aux conflits. Mais « sommes-nous engagés à prendre des mesures audacieuses? » s’est-elle demandé en guise de conclusion.
« Et si je vous disais que les conflits sont positifs? » a lancé d’emblée, Mme JAYATHMA WICHRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse. Citant les propos d’un jeune iraquien qu’elle avait rencontré dans un camp de déplacés près de Mossoul, elle a fait observer que l’émergence d’un conflit signifie qu’il y a des divergences d’opinions et une remise en cause du statu quo « qui met le monde en marche ». Ce qui est problématique, a-t-elle poursuivi, c’est la manière dont nous cherchons à résoudre un conflit donné. « Il revient donc à notre génération, a-t-elle souligné, de savoir comment résoudre les conflits par la paix. »
L’Envoyée du Secrétaire général a appelé à utiliser le potentiel et la créativité des jeunes à cette fin, notant que 408 millions d’entre eux vivent actuellement dans des situations de conflit et de violence.
Elle a invité les États à lire l’étude sur les jeunes, la paix et la sécurité, qui a été présentée hier, devant le Conseil de sécurité, soulignant deux questions charnières qui s’imposent: comment atténuer la méfiance qu’éprouvent les jeunes vis à vis des institutions internationales et comment mettre un terme à l’exclusion des jeunes des processus de participation politique?
« La participation effective des jeunes, c’est de la prévention », a-t-elle souligné, en faisant valoir que celle-ci permettra dans la foulée de contrer leur méfiance envers les systèmes élaborés par la communauté internationale.
L’Envoyée pour la jeunesse a aussi appelé les États Membres à mettre l’accent sur la consolidation de la paix et à axer leur action sur le programme sur les jeunes, la paix et la sécurité mis en place par la résolution 2250 (2015). Ce programme, a-t-elle expliqué, a été élaboré pour veiller à ce que les jeunes soient pris au sérieux en ce qui concerne leur avenir. Elle a ensuite appelé l’Assemblée générale à se montrer prête à « faire la différence » et à aider la nouvelle génération en plaçant les droits des jeunes au centre de la pérennisation de la paix.
Elle a également appelé à augmenter les fonds consacrés aux initiatives des jeunes, plaidant notamment pour un financement adéquat de l’instrument jeunesse du Fonds pour la consolidation de la paix. Aux yeux de l’Envoyée pour la jeunesse, les jeunes doivent être considérés comme des partenaires et non pas comme « des notes de bas de page ou des problèmes à gérer ». Les gouvernements, a-t-elle ajouté, doivent être équipés de structures pour impliquer les jeunes et les intégrer à toutes les étapes du maintien et de la consolidation de la paix.
Mme Wichramanayake a cité en exemple un groupe de jeunes somaliens qui ont créé un groupe de riposte d’urgence aux attaques terroristes, tandis qu’en Colombie, un groupe de jeunes fait pression pour l’élaboration d’un nouvel accord de paix. Enfin, elle a exhorté une nouvelle fois les États Membres à agir en faveur des jeunes. « Une génération entière compte sur vous », a-t-elle déclaré.
Déclarations
S. M. PHILIPPE Ier, Roi des Belges, a rappelé comment son pays, situé au cœur de l’Europe, a souffert de deux conflits mondiaux avant de s’engager pleinement dans le projet des Nations Unies et la construction européenne parce qu’il s’agissait de deux projets de paix durable, fondé sur le dialogue, la solidarité et le respect d’autrui. « Pour un pays comme le mien, qui a été, pendant des siècles, une terre de champs de batailles, accueillir la capitale de l’Europe pacifiée est non seulement une victoire sur l’histoire mais surtout l’aboutissement d’efforts soutenus. » La paix durable, a poursuivi le Roi, c’est la mise en place d’un environnement respectueux de la dignité humaine. C’est cette même paix durable que prône la Charte des Nations Unies. Le Roi des Belges a donc déclaré « soutenir fermement » la direction donnée par le Secrétaire général de mettre la prévention de la violence au premier plan. Le Programme 2030 est un instrument de prévention et donc de développement, a souligné le Roi. Utilisons pleinement les instruments performants de détection de risques et de médiation que notre organisation a développés, a-t-il encouragé, ajoutant: « Unir ses forces en vue de mieux atteindre un objectif, ce n’est pas faire abandon de souveraineté mais au contraire en faire pleinement usage. »
Notre organisation, a encore dit le Roi, a également développé une longue expérience de consolidation de la paix. C’est le travail commun des leaders, des institutions inclusives et représentatives, des femmes et des jeunes, et l’appropriation du processus qui créent le socle solide d’une paix durable. Si la paix se forge par l’action, elle se réalise dans le temps, a reconnu le Roi. Il faut du temps pour guérir les blessures causées par l’humiliation et la violence, pour démobiliser, désarmer et réinsérer, pour juger et punir, pour faire mémoire et pour que les victimes des humiliations trouvent en elles la force de tendre à nouveau la main. Notre devoir collectif est de construire, sans tolérer de retard, le cadre qui rende possible une paix durable, et la Belgique entend assumer pleinement cet engagement et poursuivre cette ambition avec détermination, a conclu le Roi.
M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a affirmé que mettre un terme à un conflit long d’un demi-siècle avait été le défi le plus difficile à relever pour son pays. Il est plus difficile d’assurer la paix que de faire taire les canons, a-t-il souligné, avant d’appeler à faire de la paix une « possibilité historique » pour résoudre les problèmes liés à la guerre.
Le Président colombien a relevé que de nombreux défis découlaient des « tensions » entre la paix et la justice. Face à une telle situation, l’approche de la Colombie a été de placer les victimes du conflit au centre des efforts de paix en privilégiant la justice transitionnelle, a-t-il expliqué. M. Santos Calderón s’est félicité du fait que, pour la première fois en Colombie, les deux parties se sont accordées sur l’élaboration d’un même système de justice. Il a expliqué que celui-ci était chargé de traduire en justice les auteurs des pires exactions commises durant le conflit et d’octroyer des réparations aux victimes. Mais, pour nombre d’entre elles, a-t-il poursuivi, le plus grand espoir n’est pas d’identifier les coupables, mais de savoir ce qui est advenu de leur proche. Une commission pour la vérité a donc été établie, de même qu’une unité de recherche des personnes disparues. En moins d’un an et demi, ces trois entités ont obtenu des résultats notables, s’est félicité le Président.
M. Santos Calderón a ensuite rappelé que la Colombie avait déjà adopté, il y a sept ans, une « loi historique » sur le droit des victimes et la restitution des terres. Le pays dispose aussi d’un système unique en matière de réparations qui permit de bénéficier à 800 000 victimes. Dans ce cadre, 300 000 hectares de terres ont été restitués et 500 000 autres sont dans l’attente d’une décision judiciaire. Huit mois après la signature de l’Accord de paix, les combattants ont commencé leur processus de réintégration, a poursuivi le Président, qui a cependant fait observer que la formulation de véritables projets de vie n’était pas chose aisée. Il faut en effet trouver des ressources et former les personnes, sans quoi, a-t-il averti, tout est voué à l’échec.
M. Santos Calderón a aussi insisté sur l’importance d’ouvrir les « portes de la démocratie » aux anciens combattants, précisant que les Forces armées révolutionnaires de Colombie - Armée populaire (FARC-EP) s’étaient désormais transformées en un parti politique de l’opposition, ce qui leur permet d’agir auprès des populations sans brandir les armes.
Le Président s’est ensuite attardé sur le problème du fléau du trafic de stupéfiants, qui a longtemps alimenté le conflit en Colombie. Il a indiqué que la fin du conflit avait permis, pour la première fois, de régler « le problème de la feuille de coca ». Une lutte a également été engagée contre les derniers maillons de la chaîne d’approvisionnement, qui a débouché sur des saisies record de drogue. Cependant, a-t-il tempéré, une stratégie axée seulement sur la répression et le durcissement de la lutte contre le commerce de la drogue engendre trop de violence. M. Santos Calderón a donc appelé à mettre un terme à la « destruction sociale » ainsi engendrée et à protéger le Colombie et la région, en changeant la stratégie mondiale de lutte contre les drogues. Il a lancé un appel urgent, exhortant les États à se rendre compte qu’en continuant d’agir comme par le passé, on ne déboucherait que sur un plus grand nombre de prisonniers et d’organisations mafieuses. Incarcérer les consommateurs de drogue ne sert à rien, a-t-il souligné, ce qu’il faut, c’est travailler ensemble pour réduire la demande.
« Construire la paix, c’est comme construire une cathédrale », a poursuivi le Président, évoquant un processus long et complexe. Il a indiqué que l’année dernière, la Colombie avait enregistré son taux d’homicide le plus bas en plus de 40 ans. Parmi les défis les plus complexes à relever dans l’immédiat, il a insisté sur l’importance des perspectives économiques et sociales à long terme. C’est là que se joue le maintien de la paix, a-t-il souligné.
M. Santos Calderón a expliqué avoir fait de l’éducation et du droit à la santé des axes fondamentaux de l’approche de son gouvernement. Quarante millions de dollars ont été investis dans la santé, l’infrastructure et le logement dans les régions qui ont le plus souffert du conflit. L’accent est également mis sur l’autonomisation des femmes, notamment celles des communautés autochtones et afro-colombiennes, qui ont particulièrement souffert du conflit. En Colombie, avec l’appui de la communauté internationale, nous avons rendu possible ce qui avait été jusqu’alors impossible, s’est-il félicité en conclusion.
M. MICHAEL D. HIGGINS, Président de la République d’Irlande, a déclaré que l’Accord de paix pour l’Irlande du Nord, signé le jour du vendredi saint il y a 20 ans, avait manifesté certaines des conditions identifiées par le Secrétaire général pour assurer la pérennisation de la paix. M. Higgins a cité comme facteur bénéfique la participation directe des deux gouvernements engagés dans les négociations, l’octroi continu d’aides financières à la consolidation de la paix, le soutien fort de l’Union européenne et l’appui généreux des autres États Membres des Nations Unies. Il a aussi cité l’engagement courageux d’organisations de la société civile, dont beaucoup étaient dirigées par des femmes, irlandaises du nord ou du sud.
Investir dans la prévention des conflits n’est pas seulement un devoir moral mais aussi une preuve de prudence financière, a remarqué M. Higgins, qui a regretté que beaucoup d’États Membres aient hésité à engager des ressources dans la prévention des conflits. « Nous savons que, quand les Nations Unies et les États Membres travaillent de manière cohérente pour soutenir les piliers de la paix et de la sécurité, des droits de l’homme et du développement, un véritable progrès durable et mesurable est possible », a-t-il affirmé.
Rappelant que l’activité humanitaire ne saurait être un substitut au dialogue politique et à la médiation, le Président a également affirmé que, si les Casques bleus avaient sauvé un nombre incalculable de vies, ils ne pouvaient être qu’« une seule partie d’une réponse plus complète ». Pour nous engager en faveur de la pérennisation de la paix, nous devons renoncer au réalisme étroit et cynique, a encore déclaré le Président, qui a affirmé que la jeunesse était consternée à l’idée que ce qui est normatif relève de l’Assemblée générale alors que la force des puissants et des détenteurs du pouvoir prévaudrait au Conseil de sécurité. Souvenons-nous de l’énergie et du courage qui ont animé nos prédécesseurs et consacrons-nous nous-mêmes à la cause de la paix universelle, a conclu M. Higgins.
M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADÉRA, Président de la République centrafricaine (RCA), a mis en avant les progrès de son pays depuis son arrivée au pouvoir en 2016 et a appelé à un renforcement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Qualifiant le moment de « charnière » pour l’histoire de son pays, il a énuméré les progrès réalisés depuis son arrivée au pouvoir, citant en particulier le redéploiement des forces armées nationales dans tout le pays et le « retour de l’état de droit ».
En plaçant la situation politique en RCA « sous le sceau de la responsabilité partagée », le Président a dit pleinement souscrire à la vision globale des Nations Unies, y compris en ce qui concerne la participation des femmes comme facteur de consolidation et de maintien de la paix. Il a ainsi rappelé l’objectif d’une représentation politique paritaire que s’est fixé son pays pour 2030.
M. Touadéra a remarqué que l’accord de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement avait enregistré un franc succès et que les jeunes du pays y avaient massivement participé. Il s’est félicité du Plan-cadre des Nations Unies accompagnant le processus de consolidation de la paix en RCA, et a appelé à soutenir les efforts de la Commission de consolidation de la paix sur les questions transfrontalières et régionales.
M. Touadéra a renouvelé ses remerciements aux Nations Unies et à la MINUSCA pour le « rôle incontournable de protection des populations civiles » joué par cette dernière. C’est pour « éviter de faire échec aux efforts de consolidation de la paix » qu’il a appelé à un renforcement des effectifs de la Mission, avant de conclure en affirmant que son pays voudrait « devenir un modèle pour la communauté internationale ».
M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, a mentionné les avancées réalisées au cours de la transition réussie dans son pays, en premier lieu la réforme du secteur de la sécurité. La sécurité s’est largement améliorée, a-t-il dit. Le Président a insisté sur les politiques macroéconomiques, qui ont notamment permis une diminution des taux d’intérêt et une réduction des dépenses publiques, qui représentaient, en 2017, 1% du PIB. « Le budget de la présidence a été diminué de 75% », a-t-il fait valoir.
M. Barrow a mentionné la consultation nationale conduite en 2017 en vue de la mise en place de la Commission vérité, réconciliation et réparation pour rendre justice aux victimes des violations des droits de l’homme commises par le régime précédent. « La suppression de la liberté d’expression et les attaques contre l’indépendance de la justice appartiennent au passé », a-t-il affirmé.
Le Président a affiché son optimisme concernant l’avenir de la Gambie, qu’il a présentée comme résolument engagée dans la voie de la pérennisation de la paix grâce à l’appui de ses partenaires internationaux. « L’expérience de mon pays souligne l’importance de la solidarité internationale », a estimé M. Barrow, qui a assuré que la consolidation des dividendes de la paix était la priorité de son gouvernement. Il a aussi reconnu les défis qui subsistent, les jugeant inhérents à toute transition démocratique. En conclusion, M. Barrow a exhorté les partenaires de son pays à lui apporter leur soutien financier et matériel. Il a notamment plaidé pour que le Fonds pour la consolidation de la paix soit « généreusement abondé, afin de financer rapidement des interventions cruciales pour appuyer les gouvernements ».
Pour M. JÜRI RATAS, Premier Ministre de l’Estonie, se concentrer sur la prévention des conflits permettrait d’économiser des ressources et surtout de sauver des vies. L’Estonie, a-t-il assuré, est en faveur d’un système multilatéral fort et qu’il faut continuer de renforcer. Il a toutefois reconnu que l’ONU n’avait pas toujours réalisé son plein potentiel. C’est pour cette raison que le système des Nations Unies doit travailler de manière plus intégrée, flexible et coordonnée.
L’Estonie appuie le programme de réformes du Secrétaire général et le concept de pérennisation de la paix, a poursuivi le Premier Ministre. La paix ne sera pérenne que si l’on progresse en matière de développement et s’attaque aux causes profondes des conflits, a-t-il ajouté, soucieux de bâtir « une ONU avec une vision adaptée au but recherché ».
Toutefois, a averti M. Ratas, il ne s’agit pas de se reposer uniquement sur le système des Nations Unies, car le rôle des États Membres est critique. « Nous devons avoir la volonté de traduire en pratique des politiques adéquates pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable », a-t-il insisté. Pour sa part, l’Estonie a été membre de la Commission de consolidation de la paix l’année dernière. Au fil des ans, le pays a participé à diverses opérations de maintien de la paix, y compris au Liban et au Mali actuellement, et il contribue globalement à l’aide humanitaire et au développement, a fait valoir M. Ratas.
M. MIKHEIL JANELIDZE, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a rappelé que son pays faisait face à une occupation étrangère depuis 25 ans. La cessation du mandat de la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG), du fait d’un veto au Conseil de sécurité, et la fin de la mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), après l’agression militaire de la Fédération de Russie, ont créé un vide au niveau de la présence internationale dans les régions occupées, où les détentions arbitraires, les enlèvements et les assassinats sont monnaie courante, a déploré le Vice-Premier Ministre.
Le dispositif actuel de consolidation de la paix ne peut pas combler cette lacune, a déploré M. Janelidze. En dépit des appels de la communauté internationale et de l’accord de cessez-le-feu obtenu avec la médiation de l’Union européenne en 2008, aucun progrès n’a été réalisé en matière de sécurité. Même la mission civile de surveillance de l’Union européenne n’est pas autorisée à pénétrer dans les régions « illégalement occupées par la Russie », a-t-il ajouté. Soulignant le lien important entre justice et pérennisation de la paix, il a dit espérer que la Russie finirait par respecter ses obligations internationales pour régler pacifiquement son conflit avec la Géorgie.
Le Gouvernement géorgien agit en faveur de la réconciliation et s’efforce de renforcer la confiance, d’améliorer les liens économiques et les contacts entre les gens des deux côtés des lignes de séparation, a assuré le Vice-Premier Ministre. Ce mois-ci, le Gouvernement a ainsi annoncé une initiative de paix intitulée « Vers un avenir meilleur » pour rapprocher les communautés des régions d’Abkhazie et de Tskhinvali.
Mme MARIJA PEJČINOVIĆ BURIĆ, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a plaidé pour que l’accent soit mis sur les dimensions politique, sécuritaire, de développement ainsi qu’environnementale, afin d’assurer une véritable pérennisation de la paix. Elle s’est félicitée des initiatives de réformes lancées par le Secrétaire général en la matière.
En tant que victime d’agression, la Croatie a une expérience de première main en matière de redressement et de maintien de la paix, a poursuivi Mme Pejčinović Burić, qui a également cité la récente présidence croate de la Commission de consolidation de la paix. Elle a récusé les stratégies « taille unique », plaidant pour l’adoption d’approches souples et adaptées à une situation donnée. Aussi a-t-elle jugé nécessaire d’améliorer la collecte et l’analyse de données au sein de l’ONU. Une participation active des organisations régionales et sous-régionales s’impose également, de même que la garantie d’un cadre financier approprié, notamment durant la période de transition fragile entre un conflit et la paix durable.
La Vice-Première Ministre a insisté sur l’importance de la prévention, moyen le plus idoine pour investir les ressources des États dans l’amélioration des conditions de vie de la population mondiale. Elle a mis en garde contre les « conséquences effroyables » de l’absence de réaction appropriée de la part de la communauté internationale, rappelant que la Croatie en avait elle-même souffert. Elle a toutefois fait observer qu’enterrer la hache de guerre ne revient pas à enterrer les problèmes existants, les parties à un conflit devant au contraire parvenir à régler leurs différends de manière ouverte et ne pas hésiter à aborder les questions difficiles. Elle a aussi appelé à placer l’être humain au centre des efforts et insisté sur l’importance de l’appropriation nationale, de la santé, de l’emploi, de l’éducation, des infrastructures, sans oublier les partenariats public-privé.
M. JORGE ARREAZA, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que l’un des objectifs du Mouvement était l’adoption de mesures efficaces pour supprimer les actes d’agression et autres atteintes à la paix, promouvoir et encourager le règlement des différends internationaux par des moyens pacifiques. Si la prévention des conflits est une responsabilité collective, c’est aussi une responsabilité nationale, a-t-il rappelé. Il est en outre important que la communauté internationale et l’ONU utilisent « de bonne foi » les outils à leur disposition, sans interférer dans les affaires intérieures des États Membres et en respectant strictement les principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il souligné.
M. Arreaza a souligné la nécessité d’inclure tous les segments de la société dans les processus de paix, y compris les femmes et les jeunes. Lors de la dix-huitième Conférence ministérielle du Mouvement des pays non alignés, qui vient de se tenir à Bakou, en Azerbaïdjan, les ministres ont reconnu que les causes profondes des conflits devaient être traitées de façon coordonnée et exhaustive, en relation avec d’autres instruments sociaux, économiques et développementaux. Ils ont également souhaité que ces efforts soient entrepris dès l’engagement des Nations Unies dans les situations de postconflit et continuent sans interruption après le départ des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Parmi les causes structurelles des conflits, le représentant a cité la pauvreté, la faim, les inégalités, les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’injustice, le chômage, le manque de redevabilité et la mauvaise gestion des ressources naturelles.
M. Arreaza a pris note de l’accent mis par le Secrétaire général sur le renforcement de l’interface entre les engagements politiques des Nations Unies et les opérations de paix sur le terrain, ainsi que de ses propositions de réformes relatives à la paix et la sécurité, au développement et à la gestion interne, et au dispositif de consolidation de la paix. En conclusion, il a rappelé qu’il ne peut y avoir de développement sans paix, ni de paix sans développement.
M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, s’exprimant d’abord au nom du Mexique, de l’Indonésie, de la République de Corée, de la Turquie et de l’Australie, le groupe MIKTA, a présenté celui-ci comme formé de fervents soutiens de la pérennisation de la paix. Il a estimé que la résolution adoptée par l’Assemblée générale, et qui le sera sous la même forme par le Conseil de sécurité demain, fournissait aux Nations Unies l’orientation stratégique nécessaire. Si des progrès ont été réalisés, il faut faire encore plus, a-t-il ajouté.
En outre, les États du groupe MIKTA rappellent que la pérennisation de la paix est une tâche qui doit être assumée collectivement, par l’ensemble des acteurs concernés et de manière inclusive. En même temps, les gouvernements nationaux ont la responsabilité première de l’établissement des priorités, stratégies et activités. Par ailleurs, les membres du MIKTA soulignent le rôle clef joué par les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, avant d’appuyer la vision du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix.
S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, M. Çavuşoğlu a déclaré qu’il y avait « trop de conflits dans le monde, trop de souffrances humaines », ajoutant: « Il est temps d’agir! » Les États Membres s’accordent sur les paramètres de base, tels que la nécessité de remédier aux causes profondes des conflits, d’intervenir à un stade précoce ou de faire encore davantage appel à la médiation, a-t-il noté. Dès lors, « nous connaissons les principes, nous avons les outils de base à notre disposition, mais alors, pourquoi n’avons-nous pas réussi »?
Pour le Ministre, souvent la communauté internationale se montre sélective dans ses réponses. « Lorsque le régime Assad utilise des armes chimiques pour tuer des femmes et des enfants, nous réagissons tous. Lorsque les membres permanents du Conseil de sécurité sont d’accord, c’est bien, nous pouvons faire respecter le droit international. Lorsqu’ils ne sont pas d’accord, oubliez le droit international! Lorsque Daech tue des civils innocents, nous réagissons tous et c’est la bonne chose à faire. Mais lorsque PDY/FETÖ ou le PKK/PYD/YPF tue des civils innocents, certains pays préfèrent fermer les yeux, parce que ces organisations terroristes peuvent être utiles. » Le Ministre a également déploré qu’une attaque terroriste au Moyen-Orient et en Afrique ne fasse pas les gros titres des journaux, à la différence d’une attaque en Occident. « La vie humaine a-t-elle plus de valeur dans certaines régions du monde? » a-t-il demandé.
Dénonçant l’hypocrisie de l’époque, M. Çavuşoğlu a réclamé un changement de paradigme qui commencerait par l’ONU, jugeant que la réforme de l’Organisation est plus nécessaire que jamais. Le Ministre a en particulier demandé une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus « transparent, représentatif et démocratique ». « Le Conseil ne fonctionne que lorsqu’il sert les intérêts de ses cinq membres permanents », a-t-il accusé.
M. NEVEN MIMICA, Commissaire pour la coopération internationale et le développement de l’Union européenne, a salué la vision du Secrétaire général telle que présentée dans son rapport sur la consolidation et la pérennisation de la paix et a souhaité que la résolution qu’adoptera l’Assemblée générale permette de poursuivre les efforts en ce sens. La pérennisation de la paix relève de la responsabilité tant des gouvernements que des sociétés et doit reposer sur les trois piliers des Nations Unies que sont la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a poursuivi le Commissaire, qui s’est dit encouragé par les progrès réalisés jusqu’à présent, y compris par la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Bureau de consolidation de la paix, dont il a salué le « rôle charnière ». La pérennisation de la paix constitue un cadre adapté pour les différentes phases de la réforme des Nations Unies, a-t-il ajouté en assurant que l’Union européenne appuyait une articulation équilibrée de ce processus.
Pour l’Union européenne, la pérennisation de la paix exigerait le recours à l’ensemble des outils dont disposent les Nations Unies, y compris la diplomatie préventive et la médiation. M. Mimica a rappelé que la pérennisation de la paix était liée organiquement à la bonne gouvernance et à l’état de droit. Le primat annoncé de la volonté politique devait être transcrit en actions concrètes, a-t-il ajouté. Il a également insisté sur le respect, la protection et le développement des droits de l’homme et libertés fondamentales.
De même, le développement économique et le renforcement de la résilience figurent au cœur de la prévention. En ce sens, l’Union européenne est disposée à renforcer sa coopération et à échanger ses meilleures pratiques avec des partenaires multilatéraux.
Il faut également renforcer les capacités du système de développement des Nations Unies, a plaidé M. Mimica en rappelant que la paix était l’une des cinq priorités du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme l’ont décidé les États Membres en 2015. L’Union européenne souhaite également un renforcement du lien entre activités humanitaires, de développement et de consolidation de la paix.
M. Mimica a ensuite présenté les mesures prises par l’Union européenne, notamment sa stratégie mondiale adoptée en 2016, son approche stratégique de la résilience dans l’action extérieure adoptée l’an dernier et le consensus européen sur le développement. En janvier de cette année, l’Union européenne a en outre adopté son approche intégrée, qui constitue désormais le cadre pour un engagement plus inclusif dans les conflits et crises extérieures et pour la promotion de la sécurité humaine. Ce approche, qui fait la part belle à l’appropriation locale et l’inclusivité, met aussi l’accent sur la nécessité d’une approche multilatérale forte, a poursuivi le Commissaire. Enfin, l’Union européenne continuera de mettre l’accent sur le rôle des femmes et des jeunes et entend travailler en étroite collaboration avec les partenaires internationaux et régionaux. Elle considère notamment comme très important le partenariat des Nations Unies avec la Banque mondiale.
M. JAVAD ZARIF, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a déclaré que l’attention renouvelée envers le maintien et la pérennisation de la paix revêt une importance singulière, notamment au vu des tensions que connaît sa région. Il a appelé à répondre aux causes sous-jacentes des conflits, pointant notamment l’occupation, l’intervention étrangère et l’extrémisme. Il a aussi averti que la promotion d’« illusions hégémoniques » et les tentatives d’obtenir la sécurité aux dépens des autres, par l’exclusion et la création de blocs, avaient « invariablement » provoqué tensions, conflits et courses à l’armement.
Le Ministre a appelé à s’orienter vers un nouveau paradigme qui permette de créer des régions fortes, au lieu de chercher à être « le plus fort d’une région ». Il faut aussi, a-t-il enchaîné, se départir des blocs sécuritaires pour accepter les réseaux sécuritaires qui, a-t-il expliqué, privilégient le respect des intérêts de toutes les parties.
Le Ministre iranien a dénoncé les stratégies qui cherchent à créer des hégémonies régionales dans sa région et a appelé les États Membres à appuyer les efforts de l’Iran pour créer un réseau régional et sécuritaire solide. L’Iran a d’ailleurs proposé d’organiser, dans le golfe Persique, un forum pour le dialogue régional, afin de relever les défis et de bâtir une paix durable dans la région. Il a invité les pays de cette « voie navigable stratégique et volatile » à se joindre à cette initiative. L’Iran s’attend également à ce que les Nations Unies appuient ce processus par le biais des dispositifs envisagés il y a 30 ans, mais jamais mis en œuvre, dans le paragraphe 8 de la résolution 598 du Conseil de sécurité.
M. HEIKO MAAS, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, qui a énuméré les conflits et les problèmes auxquels fait face la communauté internationale, a jugé nécessaire de repenser l’approche du futur: le dialogue et non la confrontation, le désarmement au lieu du réarmement, et la prévention à la place de l’intervention. La communauté internationale doit montrer son aptitude à agir dans toutes les phases d’un conflit, de la prévention à la résolution du conflit, à la stabilisation, en passant par la consolidation de la paix après le conflit et le développement durable. Nous devons être déterminés dans notre quête de solutions politiques, a poursuivi le Ministre. Plus important encore, nous avons besoin que toutes les parties impliquées, en particulier le Conseil de sécurité, assument leur responsabilité politique.
Prenant l’exemple de la présence de la communauté internationale dans la région du Sahel, où elle mène un large éventail de missions de paix et de formations, d’aide humanitaire et un soutien à la gestion des frontières, le Ministre a déclaré que ces mesures ne seraient couronnées de succès que si des processus de paix et de réconciliation acceptés par tous pouvaient être menés à leurs termes.
Pour M. Maas, préserver et améliorer un ordre mondial reposant sur des règles et plaçant les Nations Unies en son centre est le meilleur moyen de créer la paix. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne soutient l’objectif du Secrétaire général de rendre l’ONU plus efficace et de se focaliser sur la prévention. En outre, la politique de paix moderne doit être financée de la bonne manière, a déclaré le Ministre. Elle n’est pas efficace quand des missions de maintien de la paix qui coûtent des milliards sont suivies par des plans de consolidation de la paix qui manquent de fonds. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne a répondu au saut qualitatif souhaité par le Secrétaire général.
L’Allemagne a ainsi plus que triplé son budget de prévention de crise, de stabilisation et d’aide humanitaire, le portant à 2,5 milliards d’euros en 2017, a fait valoir M. Maas. L’Allemagne a été l’an dernier le deuxième plus important donateur du Fonds pour la consolidation de la paix l’année dernière, a-t-il ajouté, avant d’annoncer que son pays ferait une autre grande contribution cette année et d’appeler les autres États Membres, y compris ceux qui ne le font pas habituellement, à apporter leur part. Rappelant en conclusion la candidature de l’Allemagne à un poste non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2019-2020, le Ministre s’est engagé, en cas d’élection de son pays, à travailler avec tous les États Membres sur une politique de paix moderne et tournée vers l’avenir.
M. NÉSTOR FRANCISCO POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a estimé nécessaire « d’incorporer la nouvelle stratégie de paix pérenne sur le terrain » et rappelé que la paix, le développement et les droits de l’homme sont interdépendants. « Il faut investir davantage dans la prévention et prendre en compte les causes profondes de conflits », a-t-il jugé. Il s’est félicité de travailler avec les organisations régionales et avec les institutions financières pour faire de cette vision holistique une réalité.
Le Ministre a mis en avant la réussite péruvienne en matière de lutte contre le terrorisme, d’avancées démocratiques et de réduction des inégalités, notant aussi que la classe moyenne péruvienne constitue un vrai « moteur du développement national ». Il a néanmoins relevé des défis importants pour son pays, touché de plein fouet par les changements climatiques et les catastrophes naturelles, et par la corruption, « qui érode la gouvernance démocratique et mine nos efforts pour une paix durable et pérenne ».
Il a rappelé que lors du huitième Sommet des Amériques qui s’est récemment déroulé à Lima, il a été décidé de prioriser la lutte contre la corruption dans la région. En tant que Président actuel du Conseil de sécurité, « nous avons voulu organiser une réunion de haut niveau pour une paix pérenne », a-t-il indiqué en annonçant un projet de résolution identique à celui de l’Assemblée générale sur la pérennisation de la paix, « pour travailler de concert ». Estimant « indispensable de renforcer le multilatéralisme » avec des mesures efficaces, le Pérou accueille la réforme du Secrétaire général avec satisfaction, a-t-il dit en conclusion.
Mme INE ERIKSEN SØREIDE, Ministre des affaires étrangères de Norvège, a d’abord déploré que le nombre de conflits violents dans le monde ait triplé en moins d’une décennie, et que la nature de ces conflits ait changé, devenant plus complexe et s’étirant davantage dans le temps. Elle s’est félicitée que la Norvège soit à la pointe en matière de donations en soutien de la paix, avant d’annoncer les accroître pour cette année encore. La Ministre a appelé à modifier profondément l’investissement des ressources pour mieux prévenir les conflits et pérenniser la paix. Rappelant que la Norvège dépense 1% de son PIB pour la pérennisation de la paix, la Ministre a invité les États Membres à faire de même. Elle a proposé de réallouer certaines ressources et de les dépenser plus efficacement.
Dans ce contexte, « l’agenda de la pérennisation de la paix est un changement de paradigme », a-t-elle observé. En notant que les Nations Unies adoptent une nouvelle approche dans ce domaine, elle a appelé ses États Membres à lui permettre de s’équiper pour arriver à la suivre. « Pour atteindre la paix, nous nous éloignons d’une approche compartimentée et embrassons une approche plus holistique et intégrée », a-t-elle souligné, tout en plaidant pour que les femmes et les enfants soient davantage associés au processus. Enfin, Mme Søreidea a relevé que « la paix et le développement sont les deux faces d’une même pièce », en prenant l’exemple concret de la Colombie. Adopter les accords de paix entre les différentes parties du conflit colombien « ne créerait pas seulement la paix, mais un développement plus durable et inclusif et solidaire » qui diminuerait les probabilités de conflits similaires dans le futur, a-t-elle conclu.
M. SRDAN DARMANOVIĆ, Ministre des affaires étrangères du Monténégro, a constaté que les politiques de paix souffrent d’un manque de reconnaissance et de ressources. Il a insisté sur l’importance des mécanismes d’alerte précoce et a appelé à privilégier une « culture de prévention », ainsi que la médiation. Il a fait savoir que le Monténégro travaille actuellement à l’organisation d’une conférence de l’Initiative pour la médiation en Méditerranée dont il est membre. M. Darmanović a expliqué que l’engagement de son pays envers la médiation découle de son expérience directe du temps du démantèlement de la Yougoslavie, le Monténégro ayant réussi à préserver la paix et à consolider l’« harmonie multiethnique » au sein de ses frontières.
Le Ministre a appelé à mieux exploiter le potentiel de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et à renforcer sa complémentarité avec le Conseil de sécurité. Il a aussi insisté sur l’importance du financement pour répondre aux causes sous-jacentes des conflits. La CCP peut avoir un effet catalyseur en la matière et il importe aussi d’élaborer de partenariats avec les institutions financières internationales, a-t-il préconisé.
Le Ministre a aussi jugé nécessaire de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales. Si nous voulons une paix durable, a-t-il poursuivi, il faut aussi privilégier l’inclusion, la responsabilité et la diversité. Il a aussi recommandé de renforcer la capacité des femmes à exercer une influence sur les politique de consolidation de la paix et de développement, de même que l’investissement dans la jeunesse. Le Monténégro a d’ailleurs joué un rôle actif dans la création du Bureau régional pour la coopération en faveur de la jeunesse dont l’objectif, a-t-il expliqué, est de favoriser la réconciliation entre les jeunes d’Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de l’ex-République yougoslave de Macédoine, du Kosovo, du Monténégro et de la Serbie.
M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a fait part de sa déception en ce qui concerne le Conseil de sécurité et notamment sur le dossier syrien. « Cette instance responsable de la paix est entravée par son incapacité à s’entendre et à progresser sur les questions les plus pressantes », a-t-il déploré. « Nous devons exiger du Conseil de sécurité qu’il montre l’exemple; des milliers de vies en dépendent », a-t-il ajouté.
Sur une note positive, le Ministre a salué les efforts que l’ONU entreprend sous l’égide du Secrétaire général pour mieux garantir la paix et la sécurité. Le budget des opérations de maintien de la paix, a-t-il rappelé, est quatre fois plus élevé que le budget ordinaire. De plus, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est le cadre le plus puissant dont dispose la communauté internationale pour consolider et pérenniser la paix, a-t-il fait valoir. « Si nous réalisons les objectifs de développement durable, nous consoliderons la paix et créerons les conditions nécessaires pour la pérenniser. » M. Thórdarson s’est félicité de l’accent que met le Secrétaire général sur le rôle crucial des femmes à cet égard.
M. DITMIR BUSHATI, Ministre des affaires étrangères de l’Albanie, a invité à réfléchir aux nombreuses fois où l’ONU a été confrontée à des crises sans moyens suffisants pour y répondre, comme actuellement en Syrie. « De nouvelles approches sont nécessaires, une meilleure gestion des ressources et des outils » si les États Membres veulent placer la prévention, la paix, le développement et les droits de l’homme au cœur du projet onusien.
L’Albanie se déclare attachée à la protection des droits de l’homme et aux libertés fondamentales qui, si négligées, peuvent entraîner des conflits violents. Le Ministre, qui a rappelé que l’Albanie soutient la CCP et les actions préventives, a réclamé un fonds pour financer des actions préventives sur le terrain. Il a aussi rappelé que les femmes et les jeunes sont des atouts pour la pérennisation de la paix, invitant à les inclure davantage.
Les conflits en ex-Yougoslavie semblent désormais loin derrière, a dit M. Bushati en se félicitant des progrès en matière de sécurité et du développement d’un marché commun et d’un dialogue renoué entre le Kosovo et la Serbie. Enfin, il a plaidé pour que le Western Balkans Found et le Regional Youth Cooperation Office, deux organismes dirigés de concert avec cinq autres pays des Balkans occidentaux, bénéficient d’un plus grand soutien de la part de l’ONU, y compris du Fonds pour la consolidation de la paix.
M. SALAHUDDIN RABBANI, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a estimé que la réussite de l’agenda de pérennisation de la paix dépend du respect de principaux principes de la Charte et du droit international. Il a rappelé que l’Afghanistan est l’une des questions majeures à l’agenda des Nations Unies. Depuis 2001, a-t-il indiqué un Afghanistan démocratique a pu voir le jour, doté d’institutions viables et d’une société civile vibrante, et malgré les défis sécuritaires, le Gouvernement d’unité nationale est en train de consolider ces acquis. Il a estimé que l’appui international doit être maintenu jusqu’à ce que les principaux facteurs d’instabilité aient été résolus.
Outre la promotion de la paix, l’Afghanistan doit combattre un réseau odieux de groupes terroristes qui menacent la stabilité du pays, a poursuivi le Ministre. Il a espéré que la création du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU déboucherait sur la création de nouveaux modes de coopération entre les États Membres. Des efforts supplémentaires s’imposent par ailleurs dans le domaine de la prévention pour détecter et désamorcer les facteurs de conflit, a-t-il estimé.
Le Ministre a aussi jugé impératif d’éliminer la pauvreté, de créer des perspectives économiques et de créer une culture de respect de l’état de droit. En outre, l’octroi de l’aide publique au développement doit pouvoir s’adapter à l’évolution des situations au fur et à mesure que les États consolident leurs institutions et définissent leurs objectifs de développement. M. Rabbani a enfin indiqué que le Processus de Kaboul pour la paix et la sécurité avait apporté un nouvel élan aux efforts de paix. La proposition de paix présentée par le Président Ghani au mois de février contient en outre de nouvelles incitations en privilégiant l’appropriation nationale et le rôle des femmes.
M. IGOR CRNADAK, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a indiqué que le développement est le meilleur moyen de prévenir les conflits. Le renforcement des institutions doit être un élément clef des efforts de consolidation de la paix et être pris en compte dès la fin des hostilités, a-t-il dit. Le Ministre a déclaré que dans son pays, la mise en place de mécanismes de consolidation de la paix solides avait été essentielle pour éviter un retour de la violence. Il a en même temps prévenu que bâtir des institutions légitimes et efficaces pouvait prendre des années, voire des décennies.
Le Ministre a souligné le rôle éminent joué par l’ONU et l’Union européenne dans le processus de relèvement de la Bosnie-Herzégovine après le conflit. « Le processus d’intégration européenne a permis d’améliorer le dialogue dans la région », a-t-il relevé. Selon le délégué, la colonne vertébrale de tout effort de paix est composée des citoyens du pays concerné qui doivent être ouverts au dialogue et respectueux les uns des autres. Enfin, M. Crnadak a indiqué que la pérennisation de la paix requiert avant tout une forte volonté politique.
Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a appelé à mobiliser la volonté politique à tous les niveaux pour opérationnaliser le programme de pérennisation de la paix. Elle a insisté sur l’importance d’investir dans la paix, soulignant que des dizaines de milliards de dollars pourraient être économisés en privilégiant la prévention et le développement. Des ressources adéquates sont donc nécessaires, et la Suède compte d’ailleurs apporter 24 millions de dollars au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix.
La Ministre a ensuite souligné que la création de sociétés inclusives était essentielle pour assurer la pérennisation de la paix et a appelé à s’attaquer à toutes les dimensions de l’inégalité, que ce soit sur la base des origines, du sexe, de la religion ou de l’orientation sexuelle d’une personne. Pour éviter de replonger dans un conflit, a-t-elle poursuivi, il faut parvenir à des solutions politiques qui répondent aux causes profondes des conflits. L’autonomisation des femmes est essentielle à cet égard. Elle a aussi plaidé pour l’établissement d’un système indépendant pour accompagner les États dans leurs efforts de développement. L’ONU ne peut pas non plus se permettre de faire cavalier seul, d’où l’importance d’appuyer les structures des organisations régionales et sous-régionales, a-t-elle ajouté.
M. ASADUZZAMAN KHAN, Ministre de l’intérieur du Bangladesh, a rappelé les crimes contre l’humanité endurés par son peuple lors de la guerre de libération de 1971. C’est pourquoi nous avons ouvert nos portes aux millions de personnes déplacées de l’État Rakhine, au Myanmar, a-t-il dit, en soulignant les lourdes conséquences sociales et économiques de cet accueil. Il a plaidé pour la pleine mise en œuvre des recommandations de la Commission Annan, avant de souligner les conséquences de la crise pour la paix dans la région et au-delà.
M. Khan a ensuite rappelé la politique de « tolérance zéro » de son gouvernement vis-à-vis du terrorisme et souligné la nécessité de susciter l’engagement des communautés locales pour faire face à ce défi. Enfin, il a demandé que les opérations de maintien de la paix de l’ONU soient dotées d’un financement suffisant, avant d’appuyer la vision du Secrétaire général concernant la pérennisation de la paix.
Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères du Ghana, a approuvé le glissement normatif et conceptuel des Nations Unies vers une « démarche plus proactive » et transsectorielle vis-à-vis des problématiques de sécurité. Elle a rappelé l’importance de se concentrer sur la prévention et de renforcer les partenariats aux niveaux national et international. Le Ghana, contributeur de troupes de maintien de la paix sans discontinuer depuis plus de 40 ans, s’engage à continuer à jouer un rôle important « au sein des organisations régionales et sous-régionales » pour résoudre pacifiquement les différends, via ces contributions en hommes, mais aussi par la diplomatie et la médiation. La représentante a notamment cité en exemple le partenariat stratégique entre l’ONU et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) responsable, a-t-elle appuyé, de nombreux succès dans la région.
Soulignant le rôle crucial des femmes, des jeunes et du secteur privé pour consolider une paix durable et pérenne, Mme Botchwey s’est aussi montrée préoccupée par la diminution, ces dernières années, des fonds alloués à l’aide aux pays touchés par des conflits violents. Après avoir réitéré sa volonté de réintroduire une « culture de paix » au sein des États Membres, le respect interculturel et interconfessionnel, la Ministre a enfin réaffirmé son fort attachement à la Charte des Nations Unies, et renouvelé le souhait que l’Organisation soit financièrement mieux dotée pour réaliser ses buts.
M. JESUS DUREZA (Philippines), Conseiller présidentiel sur le processus de paix, a expliqué que le Gouvernement philippin, par le biais du Bureau du Conseiller présidentiel sur le processus de paix (OPAPP), approchait la consolidation de la paix de différentes façons, en ligne avec la vision de l’ONU sur la pérennisation de la paix et en prenant en compte tous les segments de la population. Ainsi l’OPAPP se concentre-t-il sur les objectifs suivants: signature et mise en œuvre d’un accord de paix final avec le Parti communiste des Philippines-Nouvelle Armée populaire-Front démocratique national; développement socioéconomique dans les zones affectées par le confit; édification d’une culture de paix; appui continu au processus de paix.
Diverses initiatives font participer les jeunes, les populations autochtones, les femmes, les sultanats et d’autres parties prenantes au processus de paix, a continué M. Dureza. Il a évoqué la création d’un mécanisme de cessez-le-feu entre le Gouvernement philippin et le Front de libération islamique Moro (MILF) et d’un mécanisme consultatif avec le Front de libération nationale Moro (MNLF). En outre, pour préserver les gains de l’accord de paix final de 1996, le Gouvernement a proposé au Congrès de promulguer la loi fondamentale dite de Bangsamoro, « une plateforme de convergence » entre le Gouvernement et ces deux partis. Enfin, a rappelé l’intervenant, quand la ville de Marawi a été assiégée par des terroristes en mai 2017, le Président Rodrigo Duterte a approuvé la création d’un « couloir de paix ».
M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a insisté sur l’importance du développement pour créer un monde sûr et prospère. Il a souligné que l’action menée par l’ONU aux niveaux local et régional revient à consolider la paix. Le Ministre a aussi noté que l’ampleur des défis actuels est un obstacle important pour la mise en œuvre de la Charte des Nations Unies. Il a appelé à prendre des mesures de prévention tant au niveau national qu’international, avant d’appuyer le projet de réforme de l’architecture du maintien de la paix engagé par le Secrétaire général.
Pour que la paix devienne pérenne, il importe d’utiliser tous les outils dont dispose la communauté internationale de manière cohérente, a prôné le Ministre. Il a souligné que la prévention et la pérennisation de la paix résident au cœur des objectifs et des discours sur le repositionnement du système de développement. Il a aussi appelé au plein respect des droits de l’homme, et des traités conclus en la matière, relevant que chaque fois que les principes consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme sont violés, un risque élevé de conflit est encouru.
Mme MARGARET KOBIA (Kenya) a rappelé que les efforts visant la pérennisation de la paix devaient être dotés d’un financement adéquat et demandé la mobilisation de toutes les instances à cette fin, y compris la CCP. Elle a souligné la contribution de son pays aux efforts de paix, tant régionaux qu’internationaux, en citant notamment l’aide au processus de relèvement de la Somalie, pays qui a vu la tenue d’élections démocratiques en 2016. « Nous sommes également impliqués dans le processus de paix au Soudan du Sud », a-t-elle dit, en appelant la communauté internationale à appuyer politiquement et financièrement ces deux pays. Enfin, la déléguée du Kenya a dit s’attendre à un document final fort et souhaité une revitalisation des travaux de l’Assemblée générale qui permette de mieux appuyer les efforts nationaux de paix.
M. ZAKI ANWAR NUSSEIBEH, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a estimé que, pour être efficace, l’approche de la consolidation et de la pérennisation de la paix devait être exhaustive et prendre en compte le contexte national spécifique, les dynamiques régionales et les facteurs internationaux des conflits actuels. Il a fait remarquer que les Émirats arabes unis étaient le seul pays arabe à avoir participé à six coalitions internationales en Afghanistan, en Libye, en Somalie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, pendant la guerre du Golfe et dans la lutte contre Daech. Le pays appartient également à la coalition arabe qui a lancé la campagne d’opérations humanitaires au Yémen.
De plus, a continué M. Nusseibeh, les Émirats arabes unis ont déboursé plus de 861 millions de dollars depuis 2012 pour aider les réfugiés et les déplacés syriens. En Iraq, ils se sont engagés à préserver l’héritage culturel dans les zones libérées de Daech, en contribuant notamment à la reconstruction de la Grande Mosquée et du minaret Hadba à Mossoul. Ailleurs, les Émirats arabes unis apportent une aide humanitaire aux Rohingya déplacés. Pays arabe moderne, progressif, qui autonomise les femmes et la jeunesse et reste résilient face aux idéologies nihilistes, les Émirats arabes unis peuvent servir de modèle, s’est enorgueilli le Ministre.
M. TUDOR ULIANOVSCHI, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a interpellé l’Assemblée générale sur la cruauté des interventions militaires récentes dans le monde. Soulignant, dans ce contexte violent, la force des idéaux de l’ONU et de son réseau, il a regretté que, trop souvent, l’Organisation ne parvienne pas à ses fins, voire qu’elle brille par son « inefficacité ». « Nous sommes tombés dans le piège de formalités rigides qui nous écartent de nos objectifs, qui sont la paix et la sécurité internationales », a-t-il critiqué. Prenant pour exemple l’est de la République de Moldova, où un conflit s’est enlisé depuis plus de 25 ans, M. Ulianovschi a appelé l’ONU à protéger la souveraineté des États indépendants et, dans le même temps, les États Membres à davantage se responsabiliser eux-mêmes. « La responsabilité de maintenir la paix n’appartient pas seulement à l’ONU, mais à toute la communauté internationale », a-t-il rappelé.
Qualifiant les réformes entamées par le Secrétaire général de « mesures audacieuses », le Ministre s’est félicité du projet de résolution sur la consolidation et la pérennisation de la paix. « Il nous faut faire front sur cette dynamique », a-t-il conclu.
Mme PASCALE BAERISWYL, Secrétaire d’État au Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, s’exprimant au nom des pays membres du Caucus des droits de l’homme et de la prévention des conflits, a été d’avis que la Déclaration universelle des droits de l’homme et les traités qui en découlent sont, comme le dit lui-même le Secrétaire général, « le meilleur outil de prévention dont nous disposons ». En effet, les violations des droits de l’homme peuvent être à la fois la cause et la conséquence des conflits. Si les pires violations des droits de l’homme surviennent souvent dans des situations de conflit où la population civile, y compris les femmes et les enfants, est particulièrement vulnérable, elles peuvent aussi signaler une instabilité potentielle ou l’escalade d’un conflit.
La Secrétaire d’État a salué les efforts du Secrétaire général visant à intégrer la promotion et la protection des droits de l’homme dans toutes les activités des Nations Unies. Elle a encouragé les États Membres à utiliser pleinement les liens entre les trois piliers de l’Organisation pour renforcer les activités de prévention et de pérennisation de la paix. Convaincu que le Conseil des droits de l’homme peut jouer un rôle plus important à cet égard, elle a appelé les États à intensifier leurs échanges avec cet organe, et avec le reste du système onusien, à savoir le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.
S’exprimant également en sa capacité nationale, Mme Baeriswyl a salué le rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix et a souligné trois éléments cruciaux. Premièrement, la meilleure prévention est le respect des normes agréées par tous, comme la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit international humanitaire. À cet égard, elle a vanté une initiative suisse, « l’appel du 13 juin », qui demande que l’on utilise pleinement le potentiel de prévention des instruments des droits de l’homme.
Deuxièmement, a considéré la Secrétaire d’État, la pérennisation de la paix n’est pas possible sans une meilleure cohérence à l’intérieur du système onusien. À cet effet, la Suisse met un accent particulier sur le renforcement du rôle du Coordonnateur résident et soutient un financement durable, innovant et prévisible de ce dernier. Troisièmement, en ce qui concerne les partenariats, elle a cité l’exemple de la Gambie qui montre la valeur ajoutée d’une coopération étroite entre les tous les acteurs. Immédiatement après le règlement pacifique de la crise postélectorale, l’effort conjoint de plusieurs acteurs, dont la Suisse, a apporté un appui déterminant à l’action menée par le nouveau gouvernement de ce pays pour pérenniser la paix.
M. TARIQ AHMAD, Ministre d’État pour le Commonwealth et les Nations Unies du Royaume-Uni, a déclaré que « si, face aux immenses souffrances, nous voulons réaliser l’ambition de la Charte de préserver les générations futures du fléau de la guerre, alors le besoin de paix est plus grand que jamais ». C’est pourquoi son pays soutient la vision du Secrétaire général en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix, a-t-il dit, et en particulier son attention nouvelle sur la prévention des conflits.
La pérennisation de la paix devrait être une priorité partagée par l’ensemble du système de Nations Unies, a estimé le Ministre d’État avant de fixer trois priorités sous-tendues par les valeurs de protection: un partenariat pour la paix plus fort entre l’ONU et la Banque mondiale; davantage de diplomatie préventive au sein des Nations Unies; et des transitions plus souples vers et à partir des opérations de maintien de la paix. Il a aussi attiré l’attention sur l’importance de la lutte contre les violences et abus sexuels dans les conflits, dans laquelle son pays joue un rôle prédominant. Enfin, il a appuyé la réforme des Nations Unies, dont la pérennisation de la paix est une composante, et souhaité davantage de créativité pour élargir la base des contributeurs à la consolidation de la paix, et davantage de partenariats.
M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a insisté pour que l’ONU passe d’une approche de résolution des conflits a posteriori à une approche préventive, « juste moralement, mais aussi moins coûteuse », s’alignant ainsi sur les projets de réformes du Secrétaire général. Constatant les dangers que les changements climatiques faisaient peser sur le petit archipel, le Ministre les a évoqués comme une source d’instabilité, à mettre sur le même plan que les troubles politiques. Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait déjà cité les changements climatiques comme une cause de conflit potentiel dans d’autres régions du globe, au lac Tchad ou en Somalie. « Nous devons examiner plus en détail les impacts des changements climatiques sur les conflits, et préparer une réponse à ce défi », a-t-il insisté.
M. Asim a décrit la consolidation de la paix comme une responsabilité collective, partagée entre les États, la société civile, les organisations internationales « et plus encore, par les Nations Unies ». Ce faisant, il a rappelé qu’un seuil de coopération et de dialogue plus élevé était nécessaire entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, l’ECOSOC et les autres organes des Nations Unies pour progresser: « Nous devons regrouper les initiatives morcelées », a conseillé M. Asim en proposant une approche « holistique ». Soulignant que les petits États avaient « une marge de manœuvre réduite en matière de prise de décisions » au sein des Nations Unies, il a émis le souhait que les Maldives soient élues au Conseil de sécurité pour le cycle 2019-2020. Défendant la cause des petits États, il a enfin appelé l’ensemble des États Membres, quelle que soit leur taille, à œuvrer main dans la main, dans le respect de la Charte.
M. ILDEFONSO CASTRO LÓPEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a souligné que la paix ne peut être réelle que si elle inclut tout le monde, précisant que son gouvernement accorde une attention particulière à la situation des femmes et des jeunes à cet égard. La refonte de l’architecture de maintien de la paix à l’ONU doit donc être l’occasion de réaffirmer leur rôle central, a-t-il estimé. Le Vice-Ministre a appelé à donner en particulier aux jeunes les moyens de contribuer à la paix et de contrer l’extrémisme violent.
M. Castro López a dénoncé les violations flagrantes des droits de l’homme, y voyant une grave menace à la paix. En outre, les violations du droit international humanitaire peuvent parfois être si éhontées qu’elles mettent en péril toutes perspectives de paix, a-t-il averti, dénonçant notamment la tendance « affreuse » à prendre pour des cibles militaires les travailleurs et installations humanitaires. Il a ensuite fait savoir que son gouvernement profitera du siège qu’il occupe au sein du Conseil des droits de l’homme pour attirer l’attention sur ce problème. L’Espagne accueillera par ailleurs la troisième conférence internationale sur les écoles sûres.
M. ANDREJ LOGAR, Secrétaire d’État et Vice-Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a appuyé la volonté du Secrétaire général de mettre l’accent sur la prévention. « Si nous pensons que le coût de la prévention est trop élevé, rappelons-nous qu’aucun coût n’est au-dessus de la vie humaine. » Il a souligné l’importance de sociétés résilientes pour la pérennisation de la paix, avant de souhaiter que les opérations de paix de l’ONU soient dotées de mandats robustes mais aussi flexibles. Leur personnel doit être bien formé et l’équipement doit être adéquat, a-t-il ajouté. En outre, « tous les efforts de pérennisation de la paix doivent respecter les droits humains », a exigé le Vice-Ministre. Enfin, M. Logar a souligné la nécessité de mettre fin à l’impunité pour une paix durable et a apporté son appui à la Cour pénale internationale.
M. JEAN-BAPTISTE LEMOYNE, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a mis l’accent sur le lien intrinsèque entre paix et développement, nombre de conflits et de guerres trouvant leur origine dans les questions de développement et de gouvernance. Il a également rappelé qu’il était nécessaire, pour garantir une paix durable, que personne ne fût laissé de côté.
Le Secrétaire d’État a salué le départ ordonné de l’ONUCI et la reconstruction des institutions ivoiriennes, rendant par ailleurs hommage à la mémoire de l’Ambassadeur Tanoh-Boutchoué, le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire récemment décédé.
La France plaide pour que les pays les plus vulnérables se voient dotés des moyens de développer leurs propres capacités, afin d’être en mesure de traiter en amont les fragilités dont les crises se nourrissent, notamment le chômage des jeunes, l’absence de services et d’infrastructures publics, d’une administration forte ou encore d’un système judiciaire de qualité. M. Lemoyne a ensuite estimé que la situation actuelle en Syrie montrait bien qu’il ne peut y avoir de solution durable à ce conflit tant que de tels éléments ne seront pas pris en compte et qu’une solution politique inclusive ne sera pas sérieusement engagée.
Le Secrétaire d’État a ensuite fait observer qu’au Sahel, la France défend une approche transversale et intégrée qui allie actions sécuritaires, humanitaires, politiques, de développement et de lutte contre les changements climatiques.
Après avoir apporté l’appui de la France à la volonté du Secrétaire général de donner plus de moyens au Fonds pour la consolidation de la paix, le Secrétaire d’État a affirmé que son pays mettait « très concrètement » en pratique le concept de pérennisation de la paix. Il a notamment cité un réengagement massif de son gouvernement dans l’aide publique au développement, ainsi que l’élaboration d’une stratégie française pour la lutte contre les fragilités et la réponse aux crises. Cette stratégie, a-t-il précisé, met l’accent sur la restauration ou le renforcement du contrat social entre l’État et la société. Un fonds « paix et résilience » a aussi été mis en place, qui a vocation à financer des initiatives sur des bassins régionaux de crise, notamment autour du lac Tchad, au Sahel occidental, en République centrafricaine et au Moyen-Orient.
M. SOLTAN BIN SAAD AL-MURAIKHI, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a encouragé une approche préventive et pacifique, et rappelé que le Qatar avait pour principe d’appuyer toutes les organisations capables de créer la paix. Mettant un fort accent sur l’éducation comme principale force préventive de la radicalité et des conflits, M. Al-Muraikhi a mis en avant les aides fournies par son pays à « des dizaines de millions d’enfants à travers le monde » vivant en zone de conflit pour « leur permettre d’échapper au fléau de l’extrémisme et du terrorisme ».
Pour le Qatar, l’absence de justice sociale, la corruption, mais aussi les violations de la souveraineté des États sont à l’origine de la plupart des conflits. En ce sens, le Ministre a appelé à éviter « les crises imaginaires » en s’abstenant de pratiquer de telles politiques. Enfin, M. Al-Muraikhi a jugé que la coopération entre les différents organes des Nations Unies et les organisations régionales était « la clef » pour lutter contre les conflits à la racine.
Évoquant les conflits en Syrie, en Iraq, au Yémen et en République démocratique du Congo, M. TERENS NIKOLAOS QUICK, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a mis l’accent sur la prévention, combinée avec une approche intégrée de la gestion des conflits et des crises. D’où l’importance de renforcer la capacité de l’ONU à s’impliquer à toutes les phases, de l’identification des causes profondes jusqu’à ce que la paix s’enracine. La prévention requiert aussi que les États Membres fassent preuve de leadership et donnent à l’ONU les moyens opérationnels, politiques et financiers dont elle a besoin, a fait valoir le Vice-Ministre.
« La paix mondiale est l’affaire de tous », a déclaré M. Nikolaos Quick. Elle ne peut pas être réalisée si les États n’améliorent pas leur gouvernance démocratique et l’état de droit. Les droits de l’homme et les libertés fondamentales doivent être respectés et les objectifs de développement durable mis en œuvre. La Grèce, a-t-il ajouté, considère que la consolidation et la pérennisation de la paix impliquent aussi l’inclusion des femmes et des jeunes, à la fois au niveau des missions onusiennes et en tant que membres de la société civile. Depuis deux ans, la Grèce accueille la Conférence de Rhodes sur la sécurité et la stabilité, une réunion informelle au niveau ministériel des pays de la Méditerranée orientale. La prochaine conférence se tiendra les 21 et 22 juin 2018.
M. ANDREJS PILDEGOVIČS, Secrétaire d’État auprès du Ministère des affaires étrangères de la Lettonie, a plaidé pour que la protection et la promotion des droits de l’homme soient intégrées à tous les aspects du maintien de la paix, seule façon pour assurer une paix durable. Il a indiqué que l’appui à la bonne gouvernance et à des institutions démocratiques solides compte parmi les contributions de la Lettonie à la mise en œuvre du développement durable. Son pays mène en effet des projets dans les domaines de la gestion des eaux usées, la gouvernance électronique et les technologies vertes.
M. Pildegovičs a aussi insisté sur la nécessité, pour les femmes, de jouer un rôle clef dans le maintien de la paix, citant notamment les activités d’ONG lettones qui appuient les efforts des pays pour élargir les perspectives économiques des femmes et des filles. L’éducation est également essentielle pour répondre aux défis sécuritaires et faire face au risque de radicalisation chez les jeunes, a-t-il ajouté. Le Secrétaire d’État a aussi insisté sur le rôle des organisations régionales, précisant que des experts civils de son pays sont actuellement déployés au sein de la Mission de surveillance de l’Union européenne en Géorgie et de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine.
M. SERGIY KYSLYTSYA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a loué le rapport du Secrétaire général pour son aspect pratique et prospectif, et a approuvé ses recommandations, à la fois sur la plus grande mixité des forces sur le terrain et sur le renfort des opérations de maintien de la paix. Le Vice-Ministre s’est aussi dit encouragé par le concept de prévention des conflits et s’est félicité que l’ONU « diversifie sa boîte à outils ». Malgré des « lacunes » et des secteurs à améliorer, M. Kyslytsya a assuré qu’il n’y existait pas d’alternative à l’ONU.
Dans le cadre du conflit opposant l’Ukraine et la Russie depuis quatre ans dans les « régions occupées » du Donbass et la Crimée, M. Kyslytsya a évoqué un « moment charnière » pour l’ONU. Il a dressé un parallèle avec le funeste exemple du Rwanda où, « en 1994, l’ONU n’avait pu empêcher un génocide ». Le Vice-Ministre a ensuite accusé le Président russe Vladimir Putin « d’essayer d’annexer une partie de notre terre en violation de la Charte des Nations Unies ». Pour lui, « l’attitude de la Russie est une tentative agressive de gouverner le monde en ne respectant pas la civilisation ».
S’agissant du recours aux armes chimiques en Syrie, le Vice-Ministre a, là aussi, pointé du doigt la Russie, et son statut de membre permanent du Conseil de sécurité, lui reprochant de protéger le régime syrien. « L’impunité alimente l’impunité », a-t-il lancé, regrettant que le régime syrien, « comme Daech », ne soit pas inquiété pour ses actions.
Il a espéré que la réforme de l’Organisation, « qui a tant tardé » selon lui, s’accompagne du rétablissement de la confiance et de mesures préventives, « au lieu de se limiter à une aide à posteriori ». L’Ukraine a invité les États Membres à s’atteler à la tâche avec une plus grande détermination. « Mon pays, depuis quatre ans, est l’exemple d’un potentiel non réalisé en matière de consolidation de la paix. Nous sommes prêts à stopper l’agression de la Russie, et invitons l’ONU à intervenir dans le conflit. L’ONU devrait jouer le rôle qui lui revient », a insisté le Vice-Ministre ukrainien.
Mme TERESA RIBEIRO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a indiqué que son pays participe à sept opérations de maintien de la paix de l’ONU et compte accroître encore son engagement. Ces opérations devraient suivre, chaque fois que possible, une stratégie de sortie réaliste et faisable, a-t-elle estimé, en souhaitant une plus grande synergie entre efforts de maintien de la paix et efforts de consolidation de la paix. Elle a insisté sur le rôle essentiel joué par les femmes, les jeunes et les personnes âgées dans les processus de réconciliation après un conflit. Mme Ribeiro a en outre souhaité un renforcement des liens entre l’ONU et la Communauté des pays de langue portugaise. Enfin, Mme Ribeiro a insisté sur l’importance de doter les activités de consolidation de la paix d’un financement adéquat.
M. YURI STERK, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a appuyé l’approche du Secrétaire général consistant à mettre la pérennisation de la paix au cœur de ses efforts de réforme de l’ONU. Il a ensuite mentionné la décision de son pays de faire une contribution au « Fonds d’affectation spéciale de l’ONU pour la médiation ». Pour la Bulgarie, « la pérennisation de la paix requiert une approche intégrée par le biais de liens plus robustes entre la paix, le développement, les droits de l’homme et l’action humanitaire ». M. Sterk a rappelé l’aide de son pays au financement des activités onusiennes menées en Iraq et en Afghanistan. Enfin, le Vice-Ministre a souhaité que l’Assemblée générale délibère de tous les aspects de la pérennisation de la paix.
M. FERNANDO SIMAS MAGALHÃES, Sous-Secrétaire pour les affaires politiques multilatérales, l’Europe et l’Amérique du Nord du Brésil, a rappelé le rôle actif joué par son pays lors de la création de la CCP, ainsi que sa présidence de la formation pays pour la Guinée-Bissau. En matière de paix et de sécurité, il a appuyé les approches qui privilégient la primauté de la politique, la prévention de conflits et les approches non militaires, y voyant des éléments essentiels du maintien de la paix. Il a aussi plaidé pour plus de liens entre les trois piliers de l’ONU. Cependant, a-t-il ajouté, il ne faut fusionner ces piliers, ni amalgamer les mandats des différentes entités de l’ONU, mais examiner comment rendre les mandats existants plus efficients.
M. Simas Magalhães a ensuite relevé que les recommandations du rapport du Secrétaire général, notamment celles ayant trait au rôle du Coordonnateur résident, mettent l’accent sur les pays en développement. Il a appelé à éviter les fausses corrélations entre la pauvreté et les conflits, soulignant que la prévention des conflits ne concerne pas uniquement le monde en développement. Nous ne devons pas perdre de vue le fait que l’Organisation a été créée suite à un conflit destructeur entre certains des pays les plus développés de l’époque, a-t-il fait observer.
Mme KATERINA SEQUENSOVA, Vice-Ministre des affaires étrangères pour la sécurité et les questions multilatérales de la République tchèque, a appuyé l’idée de placer la paix pérenne au cœur même des activités de l’ONU à travers ses trois piliers, à savoir paix et sécurité, développement et droits de l’homme. Elle s’est félicitée à cet égard de l’engagement du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale vis-à-vis de la prévention des conflits. Selon elle, l’assistance de l’ONU aux États Membres devrait contenir trois aspects: renforcement de l’appropriation nationale du processus; mise au point de réponses ajustées au contexte des pays; et suivi de l’obtention de résultats sur le terrain.
Mme Sequensova a jugé crucial d’intensifier la coopération avec les partenaires internationaux, régionaux, sous-régionaux et nationaux et de promouvoir des partenariats innovants avec des institutions financières internationales et régionales. Elle a également reconnu le lien direct qui existe entre parité des sexes et prévention des conflits. Enfin, a-t-elle noté, la République tchèque contribue depuis longtemps au Fonds pour la consolidation de la paix et elle est membre du Comité d’organisation de la CCP.
M. HALEBONOE SETSABI, Vice-Ministre des affaires étrangères et des relations internationales du Lesotho, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du règlement pacifique des différends et insisté, à la suite du Mouvement des pays non alignés, sur la nécessité d’utiliser les outils à la disposition des Nations Unies de bonne foi et non pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États Membres. M. Setsabi en a appelé à une coopération plus étroite entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, tant au plan stratégique qu’opérationnel. Le Lesotho peut témoigner que cette coopération peut aider à relever les défis qui affectent la stabilité, a poursuivi le Vice-Ministre, qui a attribué la « relative paix et stabilité » que connaît son pays à une telle coopération. Le Lesotho a récemment adopté un programme national de réforme, qui touche notamment au secteur de la sécurité, mis en place en coopération avec divers partenaires régionaux et avec le PNUD.
M. Setsabi a ensuite rappelé que les processus de consolidation et de pérennisation de la paix relevaient en premier lieu de la responsabilité de l’État, mais a ajouté que d’autres acteurs nationaux pouvaient jouer un rôle clef, et notamment les femmes et les jeunes, dont la participation est indispensable pour la pérennisation de la paix comme pour le développement durable. Il a également appelé à la participation d’organisations de la société civile et régionales, ainsi que des institutions financières internationales. M. Setsabi a ensuite appelé à consacrer davantage de ressources à la mise en place de systèmes et structures qui permettent de soutenir la paix et le développement, et d’éviter toute escalade d’un conflit. Enfin, le Vice-Ministre a estimé qu’en l’absence de réforme du Conseil de sécurité, l’architecture de paix et de sécurité continuera de subir des contraintes. Le Lesotho demande donc une telle réforme, afin de rendre le Conseil de sécurité plus représentatif, plus démocratique et plus réactif face à l’imminence de conflits.
M. GITESH SHARMA, du Ministère des relations extérieures de l’Inde, a approuvé le rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix, jugeant les suggestions utiles pour augmenter l’efficacité du système onusien. Il a aussi salué le projet de résolution à ce sujet qui devrait être adopté par l’Assemblée générale. Néanmoins, il a jugé difficile de progresser en matière de pérennisation de la paix quand les fonds disponibles pour la consolidation de la paix ne représentent que 1% du budget annuel de l’ONU. Les options de financement spécifique présentées par le Secrétaire général dans le rapport pour résoudre ces problèmes de fonds inadéquats seraient une bonne piste, selon lui. Quoi qu’il en soit, « les actions concrètes nécessiteront un investissement plus soutenu », a-t-il insisté.
Les efforts d’autonomisation des femmes et des jeunes dans le cadre de la pérennisation de la paix ont aussi été salués par le représentant, qui a cité en exemple une brigade entièrement féminine déployée par l’Inde au Libéria dans le cadre de la MINUL et ce, dès 2007. « Tous les piliers des Nations Unies doivent être enclenchés » pour atteindre les objectifs de paix et de prospérité, a-t-il conclu.