La Commission du développement social à l’écoute des ONG sur la mise en œuvre des programmes mondiaux sur les handicapés, les jeunes et les personnes âgées
La Commission du développement social a poursuivi, ce matin, son débat en entendant les attentes d’une vingtaine de représentants d’organisations non gouvernementales (ONG) sur la mise en œuvre des programmes d’action mondiaux concernant les personnes handicapées et les jeunes, ainsi que celle du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement.
« La dignité humaine doit être au cœur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable », a de son côté conclu le Président de la Commission, avant de rappeler que « nous ne menaçons personne ni aucun groupe en défendant les droits humains de certains groupes vulnérables ».
Le représentant de l’Association internationale de gérontologie et gériatrie a dit l’importance de favoriser l’activité des personnes âgées en précisant que la couverture retraite représentait un outil inestimable de lutte contre la pauvreté en renforçant la stabilité de la famille.
De son côté, le représentant de l’Association des étudiants de relations internationales de l’Université McGill, à Montréal, au Canada, a dit l’anxiété de la jeunesse face à la menace des changements climatiques et surtout face à l’indifférence d’une partie de l’opinion par rapport à cette menace.
Celui de l’Association Miraisme International a regretté que 60% des personnes handicapées dans le monde ne recevaient aucune aide financière, avant d’appeler les États membres à se concentrer sur les compétences et capacités des personnes handicapées et leur donner accès à l’information et à la formation.
Point commun de tous ces groupes vulnérables, la famille a été présentée comme le centre de l’attention et de l’action en matière de développement social. Pour cette séance, les délégations étaient notamment saisies d’un rapport* exposant les initiatives et activités menées par les États Membres et d’autres parties intéressées au titre de la commémoration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille à tous les niveaux et les faits nouveaux récents dans le domaine des politiques familiales.
Dans sa résolution 68/136, l’Assemblée générale a engagé les États Membres à élaborer des politiques et des programmes qui permettent de lutter contre la pauvreté des familles et l’exclusion sociale, de concilier vie professionnelle et vie familiale, et de s’attaquer aux questions d’ordre intergénérationnel; ce sont là les trois thèmes autour desquels sont axés les préparatifs pour le vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille.
Dans cette résolution, les États Membres sont en outre engagés à promouvoir des politiques de prévention de la violence au sein de la famille, dont la violence conjugale et la maltraitance des personnes âgées.
En dépit de ces efforts, la protection sociale demeure un droit non réalisé pour la plupart des enfants et des familles. Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), dans 108 pays, la législation prévoit des programmes spécifiques de prestations à l’enfance et aux familles, mais ils ne couvrent le plus souvent qu’un faible pourcentage de la population.
Dans 75 pays, ce type de programme ou de mesure est totalement inexistant. Les pays ne consacrent en moyenne que 0,4% de leur produit intérieur brut (PIB) aux prestations à l’enfance et aux familles –ce pourcentage s’échelonnant entre 0,2% (en Afrique et en Asie et dans le Pacifique) et 2,2% (en Europe occidentale). En Amérique latine et dans les Caraïbes, même avec l’élargissement des programmes de transferts monétaires, ces dépenses ne représentent que 0,7% dans cette région, ce chiffre étant du même ordre pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ainsi que pour l’Europe centrale et orientale.
Dans les pays à revenu élevé, la consolidation et les ajustements budgétaires ont eu des effets négatifs sur les enfants et les familles, le taux de pauvreté des enfants s’étant ainsi accru dans 19 pays de l’Union européenne entre 2007 et 2012.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2017/2)
Thème prioritaire: stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous (E/CN.5/2017/3)
Suite et fin du débat général
Mme ANA MARIA MARTINEZ DE LUCO, Partnership for Global Justice, a déclaré que 50 personnes allaient mourir de faim pendant les trois minutes de son discours. Notant que 50 millions de personnes sont mortes de faim en 2016 alors que le monde a produit 13% d’excédents alimentaires en moyenne par habitant, la représentante de cette organisation non gouvernementale a appelé à une réelle volonté politique pour faire évoluer une modèle économique et social qui, actuellement, tue des gens. Elle a appelé à une émergence d’un pouvoir du peuple basé sur la terre.
M. VALERIU PASCALU, EcoGreen Modern Technologies Center, a cité les initiatives de son organisation non gouvernementale moldave pour aider les jeunes à échapper et à faire face à la pauvreté. Seuls 27% des jeunes ont des emplois en République de Moldova, a-t-il dit. « Cela représente une perte de capital humain et social », a-t-il précisé. Il a cité la création d’un environnement propice sur un site de 5 hectares qui sera un modèle en matière d’accès aux ressources et de communication.
M. SYMEON SIDIROPOULOS, Hellenic Association of Political Scientists, a expliqué que son organisation non gouvernementale se concentrait sur les crises actuelles liées à l’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre le développement de la xénophobie liée au mouvement croissant des réfugiés.
Mme VERONICA BRAND, de Religious of the Sacred Heart of Mary, a précisé que son organisation non gouvernementale venait en aide aux enfants handicapés dans le monde. Le manque de données fiables empêche d’apporter une réponse appropriée à leurs besoins spécifiques, a-t-elle poursuivi. Elle a souligné l’importance d’un accès à l’éducation de ces enfants et du droit à une vie décente. La pleine participation des personnes handicapées est un élément clef de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle conclu.
M. STEFANO GENNARINI, de Catholic Family and Human Rights Institute, a dit que la protection de la famille était une obligation du droit international. Seule la « famille naturelle » jouit de cette protection internationale, a-t-il fait remarquer. Le délégué a estimé que l’autonomisation des familles était un élément clef de l’éradication de la pauvreté. Enfin, M. Gennarini a souligné l’importance pour un enfant de grandir « dans l’amour et dans un environnement naturel », avant de souhaiter une sortie de l’impasse qui existe au sein de l’ONU au sujet de la famille.
Mme KINNARI MURTHY, de Brahma Kumaris World Spiritual University, a estimé que l’état troublé du monde reflétait l’état intérieur troublé de l’humanité. Elle a insisté sur l’importance, trop souvent oubliée, des dimensions non matérielles de l’existence, avant de souhaiter une sensibilisation des esprits s’agissant des efforts visant à éradiquer la pauvreté. Enfin, la déléguée a déploré la cupidité excessive de l’humanité et mis en exergue les bénéfices d’un certain type de méditation.
Mme NEREA LOPETEGUI, de la FEMM Foundation, a dit l’importance de programmes de santé qui répondent vraiment aux besoins des femmes en matière de recherche et d’éducation. Les femmes qui comprennent leur corps peuvent faire des choix plus éclairés en matière d’éducation ou de procréation, a-t-elle dit en mettant l’accent sur la nécessité de programmes s’attaquant aux déséquilibres hormonaux.
M. JACOB MOHAN THAZHATU, de HelpMeSee, a souligné les efforts de son organisation non gouvernementale pour éliminer les souffrances liées à la malvoyance notamment celle liée à la cataracte. Il a appelé à former dans les pays en développement les soignants aux technologies modernes d’opération de la cataracte en notant que des millions de personnes sont malvoyantes dans les pays en développement en raison de problèmes de cataracte.
Mme ALEJANDRA PEÑA POUS, de Mayama Asociación civil, a appelé à promouvoir les droits humains des enfants, notamment ceux vivant dans la pauvreté. Elle a exhorté les États Membres à faire preuve de volonté politique pour faire respecter le droit à l’identité, à l’éducation et à la famille. Il faut édifier un monde plus juste et plus équitable pour les enfants, a-t-elle insisté en mettant l’accent sur la nécessité de protéger les enfants de la violence.
M. CHARLES COURTNEY, de Triglav Circle, a indiqué que les politiques de lutte contre la pauvreté devaient intégrer les aspects non matériels de l’existence des individus. Il a souligné l’importance de lutter contre les inégalités, avant de mettre en exergue le principe cardinal du respect de la nature. Il faut entendre l’appel de la terre et l’appel des pauvres, a-t-il déclaré. Il s’est interrogé sur le rôle « incertain » joué par cette Commission, « même si j’espère me tromper ».
Mme KINZ FRANCIS, de World Youth Alliance, a dit que la pauvreté contrariait le « désir ardent » éprouvé par les jeunes de disposer des mêmes chances pour réaliser tout leur potentiel. Les politiques de promotion de la dignité des personnes permettent de saisir les individus dans leur globalité, a-t-elle dit. Elle a souligné l’importance d’édifier des collectivités au sein desquelles les individus peuvent vivre dans la dignité. Les jeunes ne sont pas le problème, mais bien la solution, a-t-elle dit.
Mme ADA OKIKA, de Tabernacle Worship and Prayer Ministry Inc and UNESCO Center, a rappelé que la pauvreté touchait tous les aspects du développement humain et souhaité le développement de nouvelles approches pour y remédier. La paix est indispensable pour éliminer la pauvreté, a-t-elle dit. Elle a insisté sur l’importance de la culture de la paix, en particulier sa promotion dans les écoles. Enfin, la déléguée a encouragé la Commission à défendre l’idée de la paix auprès de tous les groupes par le biais de campagnes de communication.
Mme KAJA WOLD, de World Education Foundation, a dit que la technologie et l’accès au marché pouvaient aider à créer une société plus ouverte. Elle a dit la nécessité d’aider les jeunes à trouver eux-mêmes des solutions à leurs problèmes. « Nous offrons aux communautés des moyens et compétences techniques de maîtriser leur destin. » Elle a appelé à de nouveaux partenariats dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’énergie et du développement des collectivités.
Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies (A/70/61–E/2015/3)
i) Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées
ii) Règles pour l’égalisation des chances des personnes handicapées
iii) Programme d’action mondial pour la jeunesse
iv) Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement
v) Questions, politiques et programmes relatifs à la famille
Suite et fin du débat général
Mme GARCIA (Colombie) a jugé indispensable de garantir une vieillesse active et un bon service de santé tout au long de la vie. Elle s’est inquiétée de la fragmentation normative en ce qui concerne les droits et la dignité des personnes âgées. Dans ce contexte, la représentante de la Colombie a appelé à un instrument juridiquement contraignant qui aborde de manière intégrée la question des droits humains des personnes âgées.
Elle a estimé que la Commission du développement social devait tirer parti de toutes les opportunités de son mandat pour traiter les questions relatives aux personnes handicapées, sans négliger les autres groupes vulnérables. Elle a jugé indispensable de favoriser la participation des jeunes à la formulation des politiques publiques.
M. CASTILLO (Cuba) a appelé à placer l’être humain au centre des efforts d’intégration sociale. Il a cité la qualité des stratégies de Cuba visant à favoriser l’intégration sociale des personnes handicapées. Il a appelé à continuer d’encourager des mesures permettant de jouer un rôle plus actif dans leur avenir au centre de la dynamique de transformation. « Cuba accorde une grande importance au Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement », a-t-il dit.
Notant que 26% de la population mondiale aurait 60 ans ou plus en 2025, il a dit la nécessité d’améliorer la prise en charge des personnes âgées. Il a aussi appelé à promouvoir des liens plus forts entre les générations et a cité la contribution des 173 centres d’orientation cubains pour la femme et la famille.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que les personnes handicapées représentaient 1,4% de la population de son pays. Le Bangladesh joue un rôle de chef de file dans la promotion des droits des personnes autistes, a-t-il déclaré. Le délégué a détaillé l’action de son gouvernement face à la transition démographique que vit son pays, la part des seniors dans la population devant atteindre les 20% en 2050. Des programmes de protection sociale ont notamment été mis en place pour répondre aux besoins des personnes âgées.
L’égalité entre les genres étant l’une des priorités de son pays, M. Bin Momen a indiqué que 100% des filles quasiment étaient scolarisées dans les écoles élémentaires. En conclusion, le délégué a exhorté tous les États Membres à garantir les droits de tous les travailleurs migrants, lesquels contribuent aux économies des pays d’origine comme de destination.
M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a rappelé que son pays avait accueilli, en octobre 2014, le tout premier Forum mondial sur les politiques de jeunesse. L’Engagement de Bakou sur les politiques de jeunesse, adopté à l’issue de ce forum, souligne l’importance de politiques inclusives, axées sur l’égalité entre les sexes et la défense des droits humains et dotées de ressources suffisantes, a-t-il dit.
Il a précisé que son pays allait, cette année, accueillir la quarante et unième Conférence mondiale du mouvement scout. La politique de jeunesse dans mon pays vise à offrir aux jeunes une éducation et des emplois de qualité, a-t-il affirmé. En conclusion, le délégué a indiqué que son pays avait, en 2016, appuyé 1 008 projets pour la jeunesse.
M. HANS STOHRER, de l’Association internationale de gérontologie et de gériatrie, a souligné la nécessité du maintien dans l’emploi des personnes âgées, en luttant notamment contre les discriminations qui les frappent. Il a rappelé que de nombreux pays ne prévoyaient pas de retraite pour les personnes âgées, alors que les retraites sont un élément essentiel pour une vie digne. Enfin, M. Stohrer a déploré le manque de personnel qualifié dans le domaine de la gérontologie et de la gériatrie.
M. ALI RIFAT CAGLAYAN, de la Société Darussafaka, a expliqué que cette organisation non gouvernementale turque aidait les personnes défavorisées, notamment les orphelins, à accéder à une éducation de qualité pour accéder au marché de l’emploi mais aussi créer des entreprises. « Tous les enfants doivent avoir les mêmes chances de réussir », a-t-il insisté, en jugeant essentiel que la Commission du développement social exploite la puissance que représentent les jeunes dans les pays en développement. Il a rappelé que la moitié des réfugiés enregistrés dans le mode étaient des enfants.
M. CARLOS ALBERTO BAENA LÓPEZ, de l’Association Miraisme International, a rappelé que 60% des personnes handicapées ne recevaient aucun type d’aide financière pour subsister dans le monde. Il appelé à se concentrer sur les compétences et capacités des personnes handicapées plutôt que sur leur handicap. Il a jugé indispensable que les personnes handicapées aient accès à l’information et à la formation.
M. STEVAN TEMPESTA, de l’Association des étudiants de relations internationales de l’Université McGill, a dit l’anxiété de la jeunesse face à la menace des changements climatiques et les inquiétudes face à l’indifférence d’une partie de la population face à cette menace. Il a jugé effrayant que les milliers de pages écrites depuis le Protocole de Kyoto et jusqu’à l’Accord de Paris ne semblent pas être en mesure d’altérer l’augmentation des températures.
Deux représentants de SustainUS ont souligné l’importance capitale de défendre l’environnement. Les jeunes doivent être des agents du changement dans la protection de l’environnement, ont-ils dit. Ils ont ensuite appelé à des efforts accrus pour lutter contre les inégalités, qu’ils ont jugées inacceptables. Les jeunes entrepreneurs doivent jouer un rôle de chef de file dans l’élimination de la pauvreté, ont-ils conclu.