En cours au Siège de l'ONU

Cinquante-cinquième session,
8e & 9e séances – matin & après-midi
SOC/4846

La Commission du développement social vivement critiquée pour son manque de pertinence et sa « vision du monde anachronique »

La quatrième journée de la session 2017 de la Commission du développement social a été marquée par les vives critiques de certaines délégations contre cet organe, accusé d’avoir perdu de sa pertinence et de suivre « une vision du monde anachronique », selon l’expression du délégué des États-Unis, lequel, lors du débat général sur les stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous, a exhorté la Commission à évoluer, sous peine de devenir « un vestige du Conseil économique et social (ECOSOC) ».

« Quelle est la cohérence des travaux de la Commission sur la jeunesse et le handicap avec ceux d’autres enceintes onusiennes qui traitent largement de ces sujets », a demandé le représentant américain, en pointant la faible participation à la séance de ce jour.  À la différence de ses homologues, qui ont présenté les axes et les résultats de leurs stratégies de lutte contre la pauvreté, le délégué a consacré son intervention exclusivement à la manière dont l’ONU pourrait mieux promouvoir le développement social.

Les efforts de la Commission ne s’appuient pas sur les efforts consentis ailleurs dans le système onusien pour parvenir à une compréhension cumulative du développement social, a-t-il déploré.  Le représentant a, en conséquence, demandé une meilleure coordination de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires et un « examen approfondi » du prochain programme de travail de la Commission.  Il a reçu l’appui du délégué du Mexique qui a jugé « inacceptable » que la Commission duplique le travail réalisé au sein de l’ECOSOC et du Forum de haut niveau.  « Nous devons réfléchir à l’avenir de la Commission, qui a perdu de sa pertinence », a-t-il déclaré.

Certains intervenants ont, au contraire, tenu à souligner l’importance de la Commission, à l’instar du représentant de la Colombie qui a insisté sur son rôle clef pour élaborer les stratégies d’élimination de la pauvreté et « rendre visibles les populations les plus marginalisées ».  Les résultats engrangés dans cette lutte ont été au cœur des autres interventions, à commencer par celle du délégué de la Bolivie, pays dans lequel le taux de pauvreté est passé de 38% en 2006 à 16,8% en 2016.  Les vertus du « modèle bolivien » découlent de la décision du Président bolivien de nationaliser l’exploitation des ressources naturelles, a-t-il expliqué.

De son côté, le délégué de l’Indonésie a indiqué que le taux de pauvreté était passé de 24,23% en 1998 à 11,13% en 2016, grâce à un appui financier octroyé à chaque village, tandis que les représentants du Népal, de la Namibie ou bien encore du Bangladesh ont fait état d’une baisse substantielle du taux de pauvreté.  « La Thaïlande met l’accent sur le développement urbain et l’aide au logement dans l’objectif de garantir un logement décent pour tous dans les 20 prochaines années », a, de son côté, affirmé le Ministre du développement social et de la sécurité humaine de ce pays, M. Maitri Inthusut.

Parmi les autres pistes explorées pour éliminer la pauvreté, les délégations ont cité le transfert de technologies au profit des pays en développement et le respect des promesses en matière d’aide publique au développement.  La déléguée de la Pologne a indiqué, à ce propos, que son pays ferait tout pour honorer sa promesse de consacrer, d’ici à 2030, 0,3% de son revenu national brut à cette aide.  De son côté, le délégué des Maldives a rappelé que les changements climatiques menaçaient l’existence même de son pays et réclamé une réponse internationale robuste pour y remédier. 

Il a également souligné les acquis considérables de la lutte contre la pauvreté au niveau mondial, puisqu’en 15 ans, un milliard de personnes sont sorties de la pauvreté.  Un point de vue tempéré par le délégué de l’Algérie qui a pointé les « incohérences » de la communauté internationale dans la lutte contre la faim.  « Au rythme actuel, il faudra plus de 110 ans pour éliminer la faim », a-t-il dit. 

Enfin, le délégué de l’Allemagne a dénoncé la montée en puissance du nationalisme et du populisme à travers le monde, qui dresse « des frontières dans les esprits », 27 ans après l’effondrement du mur de Berlin.

Après avoir entendu le Directeur de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social présenter le rapport de son conseil d’administration*, la Commission a décidé de désigner un seul nouveau membre, au lieu de deux, au sein de ce conseil, en raison de la situation financière actuelle de l’Institut et de la réduction des effectifs.

Mme Sylvie Durrer, de la Suisse, qui est Directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes, a été nommée pour un mandat de quatre ans expirant le 30 juin 2021.  La Commission a également reconduit pour une période de deux ans le mandat de cinq membres actuels.

La Commission du développement social reprendra ses travaux mardi 7 février, à partir de 10 heures.

* E/CN.5/2017/8

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2017/2)

Thème prioritaire: stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous (E/CN.5/2017/3)

Suite du débat général

Déclarations

M. MAITRI INTHUSUT, Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande, a déclaré que la philosophie de l’autosuffisance économique était au cœur des objectifs de développement social de son pays.  Il a dit que 190 000 nouveau-nés de la Thaïlande en 2016 avaient bénéficié de l’aide à l’enfance mise en place par la Royaume avec une bourse totale de 11 millions de dollars. 

Pour lutter contre la pauvreté, la Thaïlande met l’accent sur le développement urbain et l’aide au logement dans l’objectif de garantir un logement décent pour tous dans les 20 prochaines années.  Il a indiqué que le plan stratégique d’aide au logement 2016-2025 avait été créé pour répondre aux besoins des familles à faible revenu.  

Mme PRISCAH MUPFUMIRA, Ministre du service public, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a déclaré que différentes mesures avaient été prises par son gouvernement pour mener une politique favorable au développement pour l’ensemble de ses citoyens.  « Notre population, a-t-elle estimé, a très largement bénéficié de la redistribution des terres, du renforcement des infrastructures et de la mise en place de services publics. »  Elle a également fait état de la création de foyers communautaires, placés sous la supervision des autorités locales, et qui permettent aux plus pauvres de faire face aux risques. 

Son ministère s’est également occupé de délivrer à ses citoyens « un portefeuille biométrique de protection sociale ».  Par ailleurs, a poursuivi Mme Mupfumira, un programme d’appui aux petits agriculteurs et à la remise en état des systèmes d’irrigation dans le pays a été lancé sous son leadership.  Son gouvernement a également adopté une « législation d’autonomisation économique », s’est félicitée la Ministre, en citant aussi le système ayant permis de réaliser la parité dans les écoles primaires zimbabwéennes, « à l’exception de quelques disparités géographiques ». 

Toutefois, la mobilisation des ressources financières reste un véritable défi, aussi a-t-elle demandé aux bailleurs de fonds de se mobiliser en faveur des pays en développement.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a dit que la priorité de son pays était de lutter contre le chômage.  « Même si le chômage baisse, ceux qui y restent y restent de plus en plus longtemps », s’est-il inquiété.  Il a appelé à accorder une attention particulière à la jeunesse en expliquant que le programme national slovène pour la jeunesse avait pour objectif de favoriser l’inclusion des jeunes qui ont peu d’opportunités.  

Parmi les mesures, il a cité la mise en place de bourses et d’autres appuis aux études.  Le représentant de la Slovénie a aussi fait état de la mise en place d’aide au logement des jeunes afin de leur permettre de quitter le domicile des parents et de réaliser ainsi leurs aspirations à une vie indépendante.  

Mme ILMI SALMINEN (Finlande) a rappelé qu’alors que plus de la moitié de la population mondiale était âgée de moins de 30 ans, les jeunes n’étaient que 6% à siéger dans les parlements.  La résolution de l’Assemblée générale sur les jeunes, la paix et la sécurité encourage pourtant les États Membres à reconnaître la contribution de ce segment de la population, ce que s’est efforcée de faire la Finlande en amendant leur législation. 

Mais, a observé la représentante, les perspectives sur le marché du travail sont toujours moins favorables aux femmes qu’aux hommes.  La représentante a souligné que femmes et filles doivent participer pleinement aux processus décisionnaires.  Elle a ensuite expliqué que son gouvernement dispensait une « éducation aux technologies » pour relever les défis inhérents à un environnement en pleine mutation. 

« Nous devons nous attaquer à ces nouvelles dynamiques du monde du travail si nous voulons parvenir à offrir des emplois décents et réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. »

Prenant la parole à tour de rôle, Mmes ALEXANDRA MIRCHEVA et IVA TSOLOVA (Bulgarie) ont déclaré que la seconde consultation nationale de la jeunesse bulgare avait permis d’identifier la « qualité de l’éducation » et « l’inclusion économique et sociale » comme les deux priorités des objectifs de développement social.  Elles ont particulièrement mis l’accent sur les difficultés des jeunes dotés d’un handicap. 

Elles ont estimé que l’entrepreneuriat social était un des outils pour s’attaquer à des défis de manière durable.  Comme exemple de l’entrepreneuriat social, elles ont indiqué que la Bulgarie développait actuellement une plateforme pour la formation et l’emploi des jeunes handicapés en les mettant en relations avec des employeurs potentiels. 

Elles ont exhorté la communauté internationale à activement promouvoir l’entrepreneuriat social dans le souci de promouvoir le développement professionnel, l’inclusion sociale et la pleine réalisation du potentiel des jeunes.  

Mme KARIMA BARDAOUI (Tunisie) a indiqué que la pauvreté n’était pas naturelle.  Elle est le fait des hommes et ce sont eux qui la vaincront, a-t-elle dit.  Parmi les défis que la Tunisie doit relever, elle a mentionné un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes diplômés.  Elle a déclaré que la réduction de la pauvreté et une meilleure répartition des fruits de la croissance étaient au cœur des efforts de son gouvernement. 

Elle a détaillé deux programmes, le premier étant le programme régional de développement qui vise à consolider le développement rural dans les gouvernorats.  Le second est le programme spécifique exceptionnel de développement pour les zones frontalières de la Tunisie, qui vise à lutter contre le terrorisme, a-t-elle dit.

Enfin, la déléguée tunisienne a souligné le rôle essentiel de la société civile pour le développement social.  La pauvreté n’est pas une fatalité, a-t-elle conclu.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a souligné la persistance des inégalités en Namibie, en raison notamment des discriminations mises en place par l’ancienne administration coloniale.  La Namibie est l’un des pays où la répartition des richesses est la plus inéquitable, a-t-il convenu.  Il a insisté sur l’engagement de l’État dans la lutte contre la pauvreté depuis la fin de l’apartheid et l’indépendance du pays en 1990. 

Le Président namibien a déclaré la guerre à la pauvreté, a-t-il dit.  Il a indiqué, qu’entre 2001 et 2011, le taux de pauvreté extrême était passé de 23% à 15%, tandis que le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités dans une société, s’est amélioré.  La volonté politique du Gouvernement va de pair avec le lancement de banques alimentaires pour aider les plus pauvres, a conclu le délégué.  

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a expliqué que la protection sociale était basée, dans son pays, sur les politiques publiques qui assurent la couverture sociale des personnes à tous les stades de la vie.  Il a d’abord mentionné le Plan national de la petite enfance, le Plan national de la jeunesse datant de 2016, et le programme « Maisons du futur » qui offre un espace d’assistance aux jeunes en leur proposant des formations professionnelles. 

Pour atteindre les familles en situation d’extrême vulnérabilité, l’Argentine a un Plan national de protection sociale qui vise à briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté.  Autre politique sociale, le Plan pour l’économie populaire cherche à donner un accès plus facile aux financements pour la production et pour promouvoir la commercialisation des produits issus de l’économie populaire.

Le représentant a également cité le Programme de revenu social par le travail qui permet de se faire embaucher plus facilement, de gérer de façon autonome les coopératives et de développer des projets productifs.  En conséquence de ces efforts, les familles les plus vulnérables voient une amélioration de leur qualité de vie, a-t-il constaté. 

En outre, il existe un Plan national d’économie sociale appelé « Croire et créer » qui promeut le développement local et régional grâce à des projets socioproductifs visant l’inclusion sociale.  L’Argentine œuvre aussi en faveur de l’intégration dans le secteur formel des entrepreneurs qui en ont toujours été exclus. 

Le représentant a enfin parlé du Plan national de sécurité alimentaire et du programme de promotion des vergers, avant de citer la loi de pension universelle pour les personnes âgées qui garantit des revenus aux plus de 65 ans.

M. HASAN (Pakistan) a indiqué que l’élimination de la pauvreté figurait au cœur de la stratégie de développement de son gouvernement, qui envisage de réduire d’ici à 2025 la pauvreté de moitié au niveau national.  Le Pakistan a rivalisé d’initiatives dans le cadre du « programme de développement des compétences », a relevé le représentant. 

Selon lui, les politiques économiques du Gouvernement permettent de garantir une stabilité macroéconomique et de créer ainsi les conditions propices aux initiatives en cours, comme le « processus multipartite pour la protection sociale ».  La pauvreté est une question transversale qui exige des solutions transversales, a toutefois rappelé la délégation, en plaidant pour un soutien renforcé de la communauté internationale.

Mme ABDULLAH (Iraq) a souligné l’organisation récente d’ateliers de travail pour déterminer les idées principales qui figureront au cours de la deuxième Stratégie de développement, qui couvre le quinquennat 2017-2021, en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté. 

Elle repose sur cinq piliers: revenu, éducation, santé, protection sociale, habitat et inégalité entre femmes et hommes.  Si elle s’est félicitée de pouvoir annoncer que le taux de pauvreté est passé de 23% à 15%, elle s’est toutefois dite préoccupée de constater que les opérations terroristes de Daech et la chute du prix du pétrole avaient contribué à une hausse de la pauvreté.  

M. CARLOS ARTURO MORALES LOPÉZ (Colombie) a souligné la nature multidimensionnelle de la pauvreté.  « Nous devons passer de la parole aux actes pour y remédier », a-t-il dit.  Il a insisté sur le rôle clef de cette commission dans l’élaboration des stratégies à cette fin.  « Nous devons rendre visibles les populations les plus marginalisées pour que personne ne soit laissé de côté », a-t-il poursuivi.  Il a souligné la nécessité de disposer d’informations plus détaillées sur le phénomène de la pauvreté, avant de plaider pour une alliance internationale pour vaincre la pauvreté qui viendrait en appui des efforts nationaux.

Il faut éviter une solution universelle et prendre en compte les spécificités de chaque pays, a-t-il dit.  Le délégué a insisté sur les besoins spécifiques des pays à revenu intermédiaire émergeant d’un conflit, comme la Colombie.  L’aide internationale est un complément indispensable pour le financement du développement, a-t-il déclaré.  Enfin, le délégué a estimé que les transferts de technologies, à des conditions préférentielles pour les pays en développement, devaient être au cœur des efforts visant à combler les inégalités de développement entre les pays.

M. KANG SANGWOOK (République de Corée) a expliqué que son gouvernement avait adopté de nombreuses lois et politiques pour faire face aux attentes des personne âgées, des personnes handicapées, des jeunes sans emploi et pour s’attaquer à l’inégalité entre les sexes.  Il a notamment cité la mise en place d’un programme de pensions pour les personnes âgées et d’une législation garantissant l’accès gratuit aux soins pour les personnes handicapées et l’appui à la participation économique des femmes. 

Il a expliqué que la République de Corée avait identifié les femmes, les filles et les personnes handicapées comme les groupes sociaux méritant une attention prioritaire.  

Mme PUZ (Pologne) a détaillé la politique d’aide au développement de son pays.  La Pologne contribue au Fonds pour la consolidation de la paix et s’efforcera de parvenir à l’objectif de consacrer 0,3% de son revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2030, a-t-elle indiqué.  Elle a précisé que son pays était le deuxième pays donateur de bourses au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). 

Pas moins de 90 pays en développement ont un accès préférentiel au marché polonais, tandis que 50 pays les moins avancés bénéficient de l’Initiative Tout sauf les armes, a-t-elle déclaré.  Enfin, elle a détaillé la stratégie de son pays pour remédier au défi démographique de taille qui attend la Pologne, puisque celle-ci devrait perdre quatre ou cinq millions d’habitants d’ici à 2030.  Une bonne intégration de la main d’œuvre étrangère est l’une des pistes exploitées, a-t-elle conclu.

Mme NORLANDER (Suède) a dit l’importance du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement en appelant à tout mettre en œuvre pour que les personnes âgées puissent mener une vie active et exercer leur influence sur la société. 

Par ailleurs, la représentante de la Suède a salué la qualité du récent rapport de la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, Mme Catalina Devandas Aguilar.  Elle a expliqué que ce rapport mettait en exergue des politiques d’ouverture en phase avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  

M. YAO SHAOJUN (Chine) a estimé que la communauté internationale devait vigoureusement promouvoir la croissance économique en accélérant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et en saisissant l’opportunité historique que constitue la révolution scientifique et technologique dans laquelle le monde d’aujourd’hui est engagé. 

Ensuite, le développement se doit d’être inclusif et bénéficier à tous, a poursuivi le représentant, qui a plaidé pour des stratégies holistiques, intégrées et coordonnées d’éradication de la pauvreté, de redistribution des revenus et de création d’emplois.  Pour la Chine, les efforts de lutte contre la pauvreté doivent être plus efficaces et ciblés, en tenant compte de la spécificité des situations nationales. 

Enfin, le représentant a souligné la nécessité de renforcer la coopération internationale en matière de réduction de la pauvreté, appelant les pays développés à prêter une assistance financière et à faciliter le transfert de technologies aux pays en développement.

Mme YUMI OMIYA (Japon) a indiqué que le Gouvernement appuyait fermement l’objectif de sécurité humaine qui figure au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Japon, a-t-il dit, a signé une charte qui renforce son engagement à protéger les droits de ses concitoyens, en consacrant 1,1 milliard de dollars de plus au renforcement de la protection sociale.

Après avoir fait part des initiatives prises pour élargir l’accès des femmes au marché de l’emploi, le représentant a indiqué que son gouvernement s’était doté d’un principe directeur de mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Rappelant que la pauvreté a différentes causes, elle a estimé qu’il fallait adopter une approche holistique, notamment en se dotant d’une législation qui permette aux générations futures d’échapper à la pauvreté.

M. AHMED SAREER (Maldives) a insisté sur les investissements consentis par son pays dans une éducation universelle et gratuite, dans la création de mécanismes de protection sociale et dans la fourniture de formations qualifiantes pour les jeunes.  Cette stratégie a été couronnée de succès, a-t-il dit.  Au titre de l’égalité hommes-femmes, priorité des Maldives, il a précisé que les femmes étaient désormais payées de la même manière que les hommes, selon une loi récemment adoptée.

Le délégué a insisté sur les spécificités des Maldives, pays à revenu intermédiaire mais aussi petit État insulaire en développement.  Les changements climatiques sont une menace pour notre survie, a-t-il affirmé.

Enfin, il a souligné les acquis considérables de la lutte contre la pauvreté au niveau mondial, puisqu’un milliard de personnes sont sorties de la pauvreté en 15 ans.  Beaucoup reste encore à faire, a-t-il conclu.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a indiqué que le taux de pauvreté était passé de 24,23% en 1998 à 11,13% en 2016, grâce à l’action résolue des autorités.  « Notre objectif est de parvenir à un taux de pauvreté de 4% en 2019 », a-t-il dit.  Afin que la croissance économique contribue à la réduction de la pauvreté, le délégué a insisté sur les politiques visant à une meilleure répartition des ressources économiques.

« Mon gouvernement alloue des fonds à chaque village pour qu’il devienne le moteur de la réduction de la pauvreté », a-t-il noté.  Il a précisé que la dotation globale pour ce programme d’appui aux villages était passée de 1,5 milliard de dollars en 2015 à 3,6 milliards en 2016.

Enfin, le délégué a indiqué que son gouvernement comptait, dans les années à venir, améliorer l’efficacité de ses dépenses, synchroniser ses efforts contre la pauvreté avec ceux visant à stabiliser les cours des produits alimentaires de base et renforcer le système de protection sociale.

M. ILARIO SCHETTINO (Italie) a rappelé l’attachement de sa délégation à la question de la réalisation des droits des personnes handicapées.  Convaincue qu’il faut investir dans le lien social et le développement humain, en commençant par l’éducation, l’Italie a ensuite indiqué que la Chambre des députés de son pays examine actuellement une loi destinée à proclamer une journée nationale d’éradication de la pauvreté en vue de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de ce combat. 

En outre, l’article 1 de la loi de réforme de la coopération au développement inscrit l’éradication de la pauvreté au cœur des objectifs du Document politique triennal 2015-2017. 

Par ailleurs, l’Italie s’efforce de promouvoir un développement durable dans un certain nombre de pays partenaires, comme le Burkina Faso et le Sénégal, pays dans lesquels des programmes ont été mis en place pour répondre aux causes profondes des « migrations irrégulières » et de la pauvreté extrême.

Prenant la parole à tour de rôle, M. KLAUS et Mme BUCH (Allemagne) ont déclaré que la montée en puissance du nationalisme et du populisme à travers le monde limitait les jeunes physiquement et, de façon plus importante encore, « en dressant des frontières dans les esprits », 27 ans après l’effondrement du mur de Berlin. 

Ils ont souligné la nécessité de s’appuyer sur une mise en œuvre holistique du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en donnant un rôle de premier plan aux jeunes. 

Reconnaissant l’importance de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité relative aux jeunes, à la paix et à la sécurité, les intervenants ont plaidé pour que soit prise en compte la contribution de leur génération à la lutte contre l’extrémisme violent et l’exclusion sociale. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que son pays avait intégré la plupart des objectifs de développement social dans ses plans nationaux de développement.  Il s’est félicité du fait que le Bangladesh ait pu diminuer le taux de pauvreté de 57% à 22% entre 1991 et 2016 et soit passé en même temps de la catégorie de pays à faible revenu à celui de la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire. 

« Malgré la crise mondiale, les produits de nos exportations et les transferts de fonds ont été multipliés par 3 et nos réserves de devises étrangères multipliées par 8,5 », s’est-il félicité.  Fort de ce succès, il a dit les efforts de son pays visant à investir dans les ressources humaines et l’éducation. 

Il a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir l’autonomisation économique des femmes en précisant que les femmes représentaient 50% du potentiel de développement social.  Il a aussi souhaité que les migrants, en tant que groupe social vulnérable, reçoivent une meilleure attention de la part de la communauté internationale. 

M. MATTHEW DOLBOW (États-Unis) a déploré la faible participation aux travaux de la Commission, alors que les sujets traités en son sein sont de la première importance.  Il a centré son intervention sur les moyens à la disposition de l’ONU en vue d’une meilleure promotion du développement social.  « Nous devons adapter notre travail et le programme de la Commission à la réalité du monde moderne », a-t-il dit. 

M. Dolbow a en effet déploré la « vision du monde anachronique » de la Commission dans ses efforts de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Les priorités de l’ONU ont évolué ces dernières années et la Commission doit également évoluer, sous peine, j’en ai bien peur, de devenir un vestige du Conseil économique et social (ECOSOC). »

Le délégué a déploré que, trop souvent, lorsque les mécanismes onusiens ne s’acquittent pas de leur mandat, des structures alternatives sont créées pour répondre aux attentes qui entouraient les premiers.  « Nous voyons cela dans tout le système onusien », a-t-il déclaré.  « Nous devons faire montre d’un plus grand sens pratique dans l’alignement des mandats créés par la Commission avec le Programme à l’horizon 2030. » 

Il a demandé une révision du programme de travail de la Commission pour éviter tout double emploi avec d’autres entités onusiennes.  « Par exemple, quelle est la cohérence des travaux de la Commission sur la jeunesse et le handicap avec ceux d’autres enceintes onusiennes qui traitent largement de ces sujets? » a demandé le délégué. 

« Dans un monde où l’Union africaine a son propre Agenda 2063 et l’ONU son Programme à l’horizon 2030, apportons-nous le meilleur appui aux efforts de développement en Afrique avec nos résolutions annuelles sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD)?  Le faisons-nous pour parvenir à un objectif ou par pure habitude? »

Le délégué a appelé à une meilleure coordination du travail de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Les efforts de cette commission ne sont pas coordonnés et ne s’appuient pas sur les efforts consentis dans le système onusien pour parvenir à une compréhension cumulative du développement social, a-t-il déploré. 

M. Dolbow a indiqué que ces efforts étaient un gaspillage de ressources qui pourraient bénéficier à des initiatives visant à appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  « Alors que nous préparons la cinquante-sixième session de la Commission, nous exhortons à un examen approfondi de son programme de travail », a-t-il conclu.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a vanté les vertus du « modèle bolivien » qui a permis une réduction du taux de pauvreté, passé en 10 ans de 38% à 16,8%.  « En 2006, nous étions le quatrième pays d’Amérique latine avec le plus fort taux de croissance », a-t-il dit.  Il a également noté l’augmentation de 600% des investissements pour la santé en 10 ans et le fait que la Bolivie a été déclarée comme un pays sans analphabétisme par l’UNESCO.

Pas moins de 56% de la population bénéficie aujourd’hui d’un système d’assainissement, a-t-il ajouté.  Le délégué a indiqué que les vertus de ce modèle découlaient de la décision du Président Morales de nationaliser l’exploitation des ressources naturelles.  Dix-huit pour cent des recettes issues de l’exploitation de ces ressources allaient à la Bolivie avant cette décision, alors que cette proportion est aujourd’hui de 82%, a-t-il dit.  « C’est la clef de notre succès. »

Plaidant pour une « bonne compréhension du fonctionnement du monde moderne », il a rappelé que huit personnes, seulement, avaient aujourd’hui entre leurs mains plus de 50% de la richesse mondiale.  Les États doivent œuvrer pour y remédier, a-t-il conclu.

M. IBRAHIM K. M. ALMABRUK (Libye) a rappelé que la persistance de la pauvreté en Afrique subsaharienne expliquait les migrations importantes en provenance des pays de cette région, qu’il était donc nécessaire d’aider à développer des programmes de création d’emplois.  Plaidant pour une solidarité nationale de premier plan, la délégation a déclaré que le développement social était la pierre angulaire de la croissance inclusive à long terme. 

Selon elle, éliminer la pauvreté de manière durable exige de mettre en place des stratégies qui se renforcent mutuellement, en les dotant des ressources suffisantes.  « Face à la vulnérabilité de certaines économies, nous devons encourager des politiques de diversification de revenus et de développement des infrastructures », a ajouté le représentant.

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a déclaré que la communauté internationale se devait plus que jamais de relever le défi du développement durable, en s’efforçant de changer les normes sociales, culturelles et politiques qui continuent de prévaloir aujourd’hui.  Il a également encouragé à réfléchir aux meilleurs moyens, méthodes, politiques et programmes en vue de hâter le développement social, parallèlement au développement économique. 

Pour sa part, le Gouvernement de son pays a mis en place un programme de promotion de l’emploi des jeunes, par le biais du soutien à l’entrepreneuriat et à la formation.  Rappelant que Cabo Verde était un petit État insulaire en développement (PEID) passé de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) à celle des pays à revenu intermédiaire, le représentant a souhaité qu’à l’avenir, une meilleure stratégie soit mise en place pour la transition d’une catégorie à l’autre, afin de mieux accompagner les pays dans le renforcement de leur résilience économique.

Mme EI EI KHIN AYE (Myanmar) a expliqué que son pays mettait en place le Plan de la Communauté socioculturelle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour 2025 par le biais de plans nationaux sur l’éducation, la santé, le bien-être, le développement rural, le développement des infrastructures et l’éradication de la pauvreté. 

La représentante du Myanmar a estimé que l’éducation était au cœur de tous les objectifs, puisqu’elle était la clef et le catalyseur de l’amélioration de tous les autres domaines tels que la santé, la nutrition, l’autonomisation des femmes, la création d’entreprise et d’emplois.  Elle a expliqué le plan national de santé (2017-2021) visant à garantir la « couverture santé » à toute la population. 

Elle a aussi dit la volonté du Myanmar de parvenir à une protection des droits des travailleurs en accord avec les normes internationales.  Elle a assuré que la protection des groupes les plus vulnérables, tels que les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées était au cœur des objectifs de développement social du Myanmar.  La loi sur la protection et le bien-être des personnes âgées vient d’être adoptée et la nouvelle Stratégie nationale pour les personnes handicapées 2016-2025 a été lancée, s’est-elle félicitée. 

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a cité les priorités de son pays dans le domaine du développement social, telles que la prévention de la délinquance, le développement des peuples autochtones et l’égalité entre les sexes.  Il a détaillé le programme PROSPERA qui vise à renforcer les capacités productives des communautés les plus vulnérables.  Pas moins de 9,7 millions de personnes qui n’avaient pas accès aux soins de santé y ont désormais accès, a-t-il dit.

Il a indiqué que le Mexique allait créer un organe national pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Enfin, le délégué a souligné la nécessité de réfléchir à l’avenir de la Commission, « dont le travail a perdu de la pertinence ».  Il est inacceptable de dupliquer le travail réalisé au sein du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Forum de haut niveau, a-t-il conclu.

Mme SONIA GUARAGNA, de la Confédération générale italienne du travail, a jugé que la création d’emplois décents devait être au fondement des efforts visant à l’élimination de la pauvreté.  Elle a également souligné l’importance d’une augmentation des salaires réels et de l’égalité entre les genres. 

La pauvreté ne peut être éradiquée si les droits des travailleurs ne sont pas respectés, a-t-elle dit.  Elle a en conséquence plaidé pour une « nouvelle charte universelle pour les droits des travailleurs ».  Enfin, elle a souhaité que la Commission de statistique de l’ONU intègre dans son travail des indicateurs du travail décent.

Mme CÄCILIE SCHILDBERG, de la Coalition mondiale pour les socles de protection sociale, a insisté sur le rôle crucial des socles de protection sociale pour éviter l’exclusion.  Elle a demandé que le Conseil économique et social (ECOSOC) envisage l’adoption d’une résolution pour renforcer ces socles, dont l’existence facilitera la mise en œuvre de certains objectifs clefs du développement durable. 

« La protection sociale est un devoir, et pas une option », a-t-elle ajouté, en relevant toutefois que son financement reste un obstacle considérable à l’universalisation de ces socles.

Mme JUANA SANDOVAL (Nicaragua) a déclaré que l’élimination de la pauvreté avait été un « objectif suprême du sandinisme », et que les efforts déployés dans ce cadre avaient contribué à la justice sociale et à une croissance économique forte dans le pays.  Cela a permis d’augmenter les exportations et de sortir de l’ornière de la monoculture, s’est enorgueillie la représentante. 

En outre, a-t-elle dit, nous avons mis en place un processus permettant de renforcer les capacités, de sorte que les citoyens puissent subvenir à leurs besoins, et le Gouvernement a procédé à une redistribution équitable des richesses dans l’ensemble des secteurs économiques.  Le Nicaragua, a-t-elle poursuivi, a également défini des priorités en matière d’infrastructures ayant permis de garantir la mise en place de conditions propices à la mise en œuvre de nos programmes. 

Cela a permis d’appuyer des projets politiques d’élimination de la pauvreté incluant les femmes.  La délégation a également cité en exemple la participation de celles-ci et des jeunes au processus de prise de décisions dans son pays.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a fait remarquer que, dans la mise en œuvre de la dimension sociale du développement durable, l’approche centrée sur les personnes donnait de meilleurs résultats que les approches classiques.  Cela veut dire qu’il faut des projets durables et efficaces, d’un côté, et une inclusion, une équité et une appropriation, de l’autre.  Le Népal a fait de grands progrès dans ce processus, a-t-il indiqué en commençant par rappeler qu’une nouvelle Constitution avait été promulguée en 2015 après un processus démocratique.  Le Parlement doit maintenant comprendre 33% de femmes.

Le représentant a expliqué que l’éradication de la pauvreté était au cœur du programme de développement du Népal, ce qui a permis de faire passer le taux de pauvreté de 42% en 1995 à 21,6% en 2015, avec pour but d’arriver à 17% en 2018.  Le Népal, en outre, se prépare à sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) d’ici à 2022.  Il s’est prévalu d’un taux d’alphabétisation de 88,6% pour les personnes âgées de 15 à 24 ans. 

Il a cependant signalé les difficultés rencontrées sur la voie du développement, comme les inondations et les tremblements de terre.  C’est pourquoi il a demandé un soutien international, en tenant compte des besoins particuliers de son pays.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé crucial de combler les fossés existants entre les engagements juridiques pris au niveau international et leur mise en œuvre concrète au niveau national.  Soucieux d’appropriation, le Parlement a adopté une déclaration par laquelle il s’est engagé à intégrer les objectifs de développement durable dans le cadre juridique national sur les principes de protection des droits humains, de la bonne gouvernance et de l’accès aux services de base. 

Parallèlement, depuis 2012, le Kazakhstan a adopté des « principes de politique sociale » conformes à la Stratégie présidentielle « Kazakhstan-2050 », qui promeut notamment des programmes de formation professionnelle adaptés au marché de l’emploi. 

M. EBRAHIM ALIKHANI (République islamique d’Iran) a estimé que la lutte contre la pauvreté extrême représentait le plus grand défi pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il a appelé à des solutions novatrices pour éliminer la pauvreté.  Il a jugé pertinent pour la communauté internationale de favoriser les échanges d’expériences en matière de lutte contre la pauvreté. 

Il a appelé à repenser le développement social afin que la mise en œuvre de ces objectifs tiennent le plus grand compte des spécificités nationales.  « Sans soutien international accru, y compris par le biais d’un meilleur transfert de technologies et d’un appui au commerce international, le développement social de nombreux pays restera illusoire », a prévenu le représentant de l’Iran.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a estimé que la croissance économique n’était pas suffisante pour une réduction significative de la pauvreté si ces dividendes ne sont pas partagés entre tous les segments de la société.  Il a mis l’accent sur l’importance de la promotion de l’agriculture et des activités rurales, la création d’emplois, l’entrepreneuriat et l’innovation, la protection sociale et les investissements dans les services de base comme la santé et l’éducation.

L’économie de son pays a triplé au cours de la dernière décennie, a-t-il dit, en soulignant les améliorations qui en ont résulté pour les citoyens en termes sociaux et économiques.  Le taux de pauvreté et de chômage s’est réduit à 5%, a-t-il indiqué, en précisant que le Gouvernement fournissait une assistance sociale à 100 000 familles et que 3 000 écoles, 600 hôpitaux et centres de santé avaient été construits ou rénovés pendant la même période.  En outre, plus de 250 000 personnes déplacées ont reçu de nouveaux logements dans de nouveaux établissements.

Mme SAMANTHA O’BRIEN, déléguée de la jeunesse de l’Irlande, a jugé indispensable d’honorer « nos engagements vis-à-vis de l’Accord de Paris sur les changements climatiques ».  Elle a dit que la justice et l’état de droit étaient indispensables pour parvenir aux objectifs de développement durable.  « Car sans justice, l’élimination de la pauvreté restera une aspiration non exaucée », a-t-elle prévenu.  Parce que beaucoup de pauvres travaillent, elle a rappelé que travailler ne suffit pas toujours pour sortir de la pauvreté. 

C’est pourquoi, elle a appelé à la mise en place de salaires décents et à mettre fin à des pratiques commerciales discriminatoires.  Elle a aussi appelé à promouvoir les droits fonciers des femmes qui représentent 50% du potentiel de développement social. 

Toujours au nom de la jeunesse de l’Irlande, M. COLM O’ROURKE a jugé urgent de tout mettre en œuvre afin que les médias soient utilisés de matière éthique alors que nous sommes face à un développement sans précédent de la désinformation et de la fausse information.  Dans ce contexte, il a exhorté les États Membres à veiller à ce que les médias soient considérés comme une partie intégrante de la planification de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Il a estimé que le groupe le plus apte à freiner la diffusion de fausse information était le groupe des jeunes.  Il a estimé que la capacité à mettre en œuvre les objectifs de développement durable d’ici à 2030 résidait dans la volonté de financer le développement de technologies innovantes pour combattre la désinformation. 

M. ADNAN ALTAY ALTINÖRS (Turquie) a expliqué que la stratégie de développement de son pays intégrait la croissance économique rapide et la stabilité macroéconomique, de même que la protection sociale et l’inclusion.  Le dixième plan de développement turc, intitulé « L’avenir que nous voulons », et qui couvre la période 2014-2018, privilégie ainsi une approche multidimensionnelle, a expliqué le représentant, en citant la protection sociale comme instrument de réduction de la pauvreté et des inégalités. 

Ainsi, a-t-il relevé, l’an dernier, plus de trois millions d’habitants ont reçu une assistance sous la forme de vivres, de transports et de services de base de la part de notre gouvernement.  En outre, des programmes de dons en espèces pour les veuves et les personnes atteintes de handicap sont mis en œuvre avec succès par son gouvernement, a indiqué la délégation. 

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a rappelé que 1% de la population mondiale détenait 40% des richesses mondiales.  Conscient du creusement des inégalités sociales à travers le monde, son pays, a-t-il dit, a fait du développement social l’axe principal de sa politique, 71,4% du budget national étant consacré à l’éradication de la pauvreté. 

Désireux d’offrir à tous un logement décent, le Venezuela a proposé en 2016 333 000 logements de plus, qui viennent s’ajouter aux 1,3 million créés au cours des six dernières années.  Après avoir assuré que son pays a réalisé le droit à l’éducation à hauteur de 97% pour les adolescents garçons et filles, le délégué a évoqué les mesures prises pour venir en aide aux personnes âgées, à travers la sécurité sociale et le droit à un fonds de pension.

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a indiqué que son pays avait adopté un plan national de développement pour 2032 qui tend vers une transformation structurelle du pays.  Il a expliqué que ce plan s’attaquait aux causes structurelles qui freinent le développement, en plaçant la personne humaine au cœur de l’attention, afin de suivre un modèle de développement humain durable.

Le représentant a souligné la nécessité de promouvoir les droits des personnes handicapées, mais s’est plaint du manque de services publics et de ressources économiques.  En outre, au vu de la croissance rapide de la population jeune dans son pays, il s’est inquiété des menaces posées à leur développement et de la vulnérabilité de ceux qui se trouvent dans les zones rurales.

M. LOT THAUZENI PANSIPADANA DZONZI (Malawi) a indiqué que son pays, qui fait partie des pays les moins avancés (PMA), avait mis en place un programme national d’appui social qui avait identifié les stratégies les plus efficaces pour éliminer l’extrême pauvreté.  Parmi les projets engagés dans le cadre de ce programme, il a cité des travaux publics, des transferts en espèces, des programmes de nutrition à l’école, le microcrédit, et un dispositif de prêts pour les villages. 

Il a dit les efforts de son pays pour collaborer avec des organisations internationales et autres partenaires afin de maximiser les synergies avec d’autres pratiques sectorielles notamment en matière de parité entre les sexes.  Notant que l’agriculture, principale composante économique du pays, était constituée majoritairement de petits exploitants, le représentant du Malawi a mis l’accent sur les efforts de son pays pour rendre cette agriculture plus compétitive et plus rentable.

Mme MYRIAM AMAN SOULAMA (Burkina Faso) s’est particulièrement inquiétée des liens entre pauvreté et santé dans son pays qui compte aujourd’hui 19,6 millions d’habitants.  Dans ce contexte, elle a expliqué que le Programme national de développement économique et social (PNDES) répondait à un besoin de planification axé sur l’amélioration de la gouvernance et la réduction des inégalités sociales.  Elle a dit la priorité du Burkina Faso de rendre son économie plus performante avec un taux annuel de croissance de 7,7% et la création d’au moins 50 000 emplois productifs par an. 

Elle a également souligné l’objectif de ramener l’indice de pauvreté de 40% à 35% entre 2014 et 2020 et le taux de croissance démographique de 3,1% à 2,7% entre 2006 et 2020.  Parmi les autres objectifs, la représentante du Burkina Faso a cité l’accès pour tous à une éducation de qualité, le développement de la formation professionnelle des jeunes, le renforcement de la protection sociale des travailleurs et la promotion de la femme comme acteur dynamique du développement.

Elle a mis l’accent sur la nécessité de répondre aux besoins en eau potable, d’habitat et de logements décents, et de promotion d’un environnement sain.  Elle a expliqué que le Burkina Faso, dans le processus de mise en œuvre de son PNDES, entendait mettre à contribution les acteurs du secteur privé, de la société civile, les Burkinabé de l’extérieur et les partenaires techniques et financiers.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a jugé nécessaire de promouvoir l’investissement dans le développement social.  Cela passe par l’investissement dans l’être humain et son autonomisation, a insisté la représentante.  Elle a estimé que nous étions encore loin de disposer d’un environnement de coopération internationale propice au développement économique et social.  

Elle a rappelé que les dépenses militaires atteignaient 2 000 milliards de dollars par an et que ces moyens gagneraient à être consacrés au développement économique et social.  Notant qu’il n’existe pas un modèle de développement unique, la représentante de Cuba a jugé indispensable de tenir compte des spécificités nationales des pays en matière de développement. 

Elle a indiqué que le blocus économique dont était victime son pays demeurait le principal obstacle au développement économique et social de Cuba.  « Il n’y a pas d’analphabète à Cuba et la quasi-totalité de la population dispose d’une couverture médicale et sécurité sociale gratuite », s’est-elle félicitée.  Elle a précisé que 325 000 médecins cubains étaient intervenus dans un total de 158 pays en développement et que trois millions de personnes dans le monde avaient retrouvé la vue grâce à un programme médical cubain en coopération avec le Venezuela.  

Mme GERTRUDE K. MWAPE (Zambie) a déclaré que l’élimination de la pauvreté continuait d’être un défi de taille pour les pays en développement, dont le sien, où les femmes et les personnes handicapées sont les plus touchées, en particulier dans les zones rurales.  Le Gouvernement a donc mis en place différents programmes de protection sociale à leur intention, programmes formés de transferts en espèces, de dispositifs de sécurité sociale, d’aides alimentaires et de programmes éducatifs. 

Simultanément, le Gouvernement continue de promouvoir les programmes d’autonomisation des femmes et de créer des emplois en priorité pour les jeunes, conformément à son programme pour le travail décent.  La Zambie a également une politique nationale qui s’efforce de réduire la pauvreté et le chômage des personnes qui sont atteintes d’un handicap.

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie), faisant l’historique des conférences et sommets mondiaux des dernières décennies, a expliqué qu’on n’éliminait pas la faim par des slogans.  En comparant les objectifs des plans d’action avec la réalité, il a constaté qu’on ne pouvait pas prétendre éliminer la pauvreté à ce rythme. 

Avec les objectifs du Millénaire pour le développement, il aurait fallu 110 ans pour éliminer la faim, a-t-il fait remarquer en se basant sur une population mondiale stabilisée à neuf milliards d’âmes.  Alors qu’on vise aujourd’hui l’horizon 2030, il a fait le constat que l’on espère éradiquer la pauvreté et la faim 36 ans plus tard que ce que prévoyait la Conférence mondiale de l’alimentation de 1974.

En mettant en exergue ces incohérences, sa délégation a voulu lancer un appel pour souligner que le monde se trouve à un tournant complexe de son histoire.  Il a invité à trouver ensemble des solutions rapides et efficaces.  Les défis de la crise, a-t-il insisté, résident dans notre capacité à trouver ensemble des alternatives aux théories et pratiques du passé. 

Il a plaidé en faveur d’une bonne coordination entre les Nations Unies et les institutions multilatérales de la sphère économique et financière.  Il a assuré que son pays assumait sa part de responsabilité en gérant de façon rigoureuse ses dépenses, ce qui permet de financer la promotion sociale et la formation, en maintenant la cadence des investissements dans la croissance économique au titre de ses différents plans nationaux de développement. 

M. TOMASZ KRZYSZTOF GRYSA, du Saint-Siège, a déclaré que, tout en reconnaissant que la lutte contre la pauvreté est une condition sine qua non à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle ne constitue pas le seul aspect du développement durable.  Il a regretté de constater que la paix est un droit acquis auquel on réfléchit insuffisamment, alors qu’elle représente un rêve lointain pour de nombreuses populations. 

Le représentant a estimé que la priorité est à fournir un développement aux jeunes et aux plus marginalisés, ce qui les détournera de la radicalisation.  Selon sa délégation, la migration est un droit qu’il faut transformer en réalité, en œuvrant de concert à l’intégration des nouveaux arrivants dans les pays d’accueil. 

Mme PATRICIA HERDT, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a expliqué que celle-ci plaçait la jeunesse au cœur de l’action en matière de développement social et que le quinzième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la francophonie, tenu à Dakar en novembre 2014, avait consacré cette vision en adoptant sa Stratégie jeunesse.  Elle a cité la mise en place d’un fonds francophone de l’innovation qui soutient les projets de création numérique des jeunes francophones. 

Elle a précisé que l’OIF organisait tous les quatre ans les Jeux de la francophonie qui invitent la jeunesse francophone à se rencontrer au travers d’épreuves sportives et de concours culturels avant d’indiquer que les prochains jeux se tiendraient à Abidjan, du 21 au 30 juillet 2017. 

Elle a annoncé le lancement prochain par l’OIF d’une grande enquête sur les bonnes pratiques dans les politiques nationales de jeunesse afin d’intensifier le partage des expériences et des expertises.  

M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES (Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte) a attiré l’attention sur les souffrances des handicapés mentaux qui sont souvent peu visibles et qu’on a tendance à oublier.  L’Ordre de Malte est au service des malades, des pauvres et des exclus de plus de 120 pays, a-t-il rappelé. 

M. de Looz Karageorgiades a cité des exemples récents de ce qu’accomplit Malteser International, la branche internationale de l’Ordre, au Soudan du Sud où elle forme les familles aux méthodes agricoles efficaces, en Turquie où elle a mis en place un hôpital et deux écoles pour les réfugiés syriens, ainsi qu’en Ouganda où elle fournit une aide aux mères d’enfants handicapés. 

Des associations nationales ont aussi ouvert une maison pour adultes autistes ou souffrant de handicap mental, en France, et pour handicapés, en Allemagne, a ajouté M. de Looz Karageorgiades.

Mme Amber Barth, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a dit que l’un des piliers de la lutte pour le développement social était la création d’emplois.  Notant que nous avons plus de 200 millions de chômeurs dans le monde, elle a prévenu qu’aucun progrès ne sera réalisé en matière d’élimination de la pauvreté si nous ne faisons pas face à la fragilité du marché du travail. 

Elle s’est inquiétée du fait que la croissance des salaires dans le monde est à son niveau le plus bas depuis quatre ans.  Dans ce contexte, elle a appelé à réexaminer les engagements de la communauté internationale en faveur de l’insertion sociale et de l’emploi comme vecteurs de réduction de la pauvreté, ainsi que le respect des droits et principes fondamentaux au travail. 

Elle a estimé que la recommandation no 202 de l’OIT sur les socles de protection sociale était un cadre efficace pour permettre aux pays d’améliorer la protection sociale; une réalité d’autant plus urgente que 73% de la population n’a pas de protection sociale, a-t-elle ajouté 

Mme Carla Mucavi, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que le fait que 78% des pauvres vivaient dans des zones rurales montrait que ceux qui produisaient les aliments faisaient, plus que les autres, face à la pauvreté.  C’est pourquoi, elle a jugé indispensable d’investir dans l’agriculture et les zones rurales pour appuyer les petits exploitants, les femmes et autres groupes vulnérables afin d’améliorer les moyens de subsistance.  Elle a dit l’importance des partenariats avec le secteur privé, la société civile et les autres acteurs pertinents pour éliminer la pauvreté et la faim.

Mme FRANCESCA DE FERRARI, d’ONU-Habitat, a relevé que 85% des jeunes vivaient dans les pays en développement, un nombre toujours plus important dans les zones urbaines, et que la jeunesse fournit 25% de la population active, mais aussi 43,7% des chômeurs.  « Ceci signifie que presque une personne sur deux au monde est âgée de 15 à 24 ans », a-t-elle déclaré.

C’est la raison pour laquelle l’organisation au nom de laquelle elle s’est exprimée a conclu à la nécessité d’élargir l’accès aux opportunités en matière d’éducation, d’emploi et de gouvernance et d’espace public.  Selon elle, la mise en œuvre du Nouveau Programme des Nations Unies pour les villes, adoptée à Quito, en Équateur, en octobre 2016, jouerait un rôle déterminant dans l’éradication de la pauvreté.

Mme TAKYIWAA MANUH, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a adopté des programmes stratégiques afin d’aider les États africains à relever le défi du développement durable, en s’efforçant de promouvoir les politiques macroéconomiques stables.  En outre, la Commission coopère avec les organisations africaines pertinentes afin de mettre en œuvre des migrations harmonieuses à l’échelle du continent.

M. CHRIS RICHTER, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a expliqué que les migrations pouvaient constituer un outil important pour la promotion du développement et la lutte contre la pauvreté.  Il a dit que la migration représentait une stratégie de lutte contre la pauvreté en tant que moteur de la croissance.  Outre l’impact de l’envoi des fonds par les migrants à leurs familles, le représentant de l’OIM a expliqué que de multiples études montraient que les migrants créaient une nouvelle demande pour les biens et les services là où ils arrivent et élargissent le marché du travail. 

Il a jugé indispensable que les États adoptent des politiques pour éviter l’exclusion de groupes marginalisés.  Il a insisté sur le fait que l’exclusion des migrants avait un coût humain et social.  « Il faut investir dans les gens et promouvoir l’autonomisation, pour créer la résistance », a insisté le représentant de l’OIM.

M. NAGESH KUMAR, de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a indiqué que l’Asie était la région du monde qui connaissait la plus forte croissance économique.  Afin de mieux servir les intérêts, la Division du développement social de la CESAP fait en sorte que son travail s’appuie sur les objectifs de développement durable en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté. 

« Nous mettons l’accent sur la protection sociale et l’autonomisation des femmes et des jeunes », a-t-il dit, avant de citer aussi des programmes de renforcement des capacités des décideurs politiques pour mettre en œuvre des politiques axées sur l’équité.

Mme GARZON, de CORPROGRESO, a expliqué que le programme Familles en action avait été mis en place par cette organisation non gouvernementale colombienne à destination des plus vulnérables dans le pays.  Elle s’est félicitée du fait que 2,5 millions de personnes soient sorties de la pauvreté ces dernières années en Colombie, soulignant que le Gouvernement avait coopéré avec la société civile et les organisations régionales et internationales dans le cadre de plusieurs initiatives.

Mme MONICA JAHANGIR, d’International Movement ATD Fourth World, a déclaré que cette organisation avait élaboré un manuel sur la meilleure manière de mettre en œuvre les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits humains.

Au nom d’une alliance de 200 organisations non gouvernementales et 57 gouvernements, Mme BUSHHINI, de Mountain Institute, a regretté une prise en compte insuffisante des écosystèmes montagneux extrêmement fragilisés par les changements climatiques.  Elle a rappelé que la moitié de l’humanité utilise de l’eau provenant des montagnes.  « Si nous continuons à dégrader les écosystèmes des montagnes cela va avoir des conséquences en amont et en aval », a-t-elle prévenu.  C’est pourquoi, elle a appelé à des politiques d’aide aux communautés des montagnes et la création d’une entité de l’ONU spécifique aux montagnes et leurs habitants.  

La représentante de Youth Alliance for Leadership and Development in Africa a estimé que les solutions les plus intéressantes pour lutter contre la pauvreté étaient en Afrique.  D’ici à 2050, il y aura un milliard d’Africains de moins de 30 ans et ils constitueront la principale ressource de ce continent, a-t-elle dit.   

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