La pauvreté accentuée des personnes handicapées et des autres groupes vulnérables au cœur des débats de la Commission du développement social
La réunion-débat organisée, ce matin, dans le cadre de la cinquante-cinquième session de la Commission du développement social, a attiré l’attention sur le fait que les personnes handicapées couraient un risque plus élevé que les autres de vivre dans la pauvreté. Des pistes et des solutions ont été proposées pour sortir 125 millions de personnes handicapées de l’extrême pauvreté.
La séance de l’après-midi a été consacrée à un débat général sur la « suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale », en particulier en ce qui concerne les personnes handicapées, les jeunes, les personnes âgées et les familles.
Au cours du débat, traduit en langue des signes, les délégations ont fait remarquer que les personnes handicapées ont du mal à s’intégrer dans la vie active. En Amérique latine, 80 à 90% des personnes handicapées n’ont pas d’emploi, a témoigné la Vice-Présidente du Costa Rica, Mme Ana Helena Chacón. Si elles ont la chance d’avoir un emploi, elles sont plus susceptibles de faire partie de l’économie informelle et de percevoir des revenus largement inférieurs à la moyenne nationale.
De plus, la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées du Conseil des droits de l’homme, Mme Catalina Devandas Aguilar, a souligné les frais supplémentaires que doivent engager les personnes handicapées du fait de leur handicap, des coûts évalués à 30% en plus par rapport au salaire moyen dans un pays.
Face à ces difficultés et à bien d’autres obstacles, les intervenants ont lancé des appels à fournir l’assistance nécessaire à ces personnes, notamment en matière de transport, de soins de santé et de formation professionnelle. Cela exige un partenariat entre les gouvernements et la société civile, les organisations non gouvernementales en particulier, pour sensibiliser sur cette question et agir de manière efficace.
En amont, la collecte de données est apparue comme l’outil essentiel pour formuler des politiques bien adaptées aux besoins. À cet égard, on a mentionné un partenariat entre la Banque mondiale et l’UNICEF pour la collecte de données sur le terrain, notamment en Afrique subsaharienne.
Certains intervenants étaient venus avec un équipement particulier –chaise roulante ou terminal braille– signifiant ainsi combien cette catégorie de la population veut prendre sa place dans les débats les concernant. La participation des personnes handicapées, non seulement aux politiques et aux mesures prises pour leur inclusion, mais aussi à tous les domaines de la vie publique et privée, a d’ailleurs été largement encouragée, notamment par l’expert d’ADD International, M. Mosharraf Hossain, et celui du Groupe de la Banque mondiale, M. Steen Lau Jorgensen.
Au cours du débat de l’après-midi, les États Membres ont présenté les mesures prises dans leurs pays ou régions en faveur des groupes vulnérables. Dans l’Union européenne, par exemple, la Garantie pour la jeunesse oblige ses États membres à veiller à ce que tous les jeunes de moins de 25 ans se voient proposer une offre d’emploi décent, une éducation continue, un apprentissage ou une formation dans les quatre mois suivant le début du chômage ou après la fin de leurs études.
De son côté, le Ministre de la jeunesse et des sports de Madagascar, M. Jean Anicet Andriamosarisoa, s’est félicité du nouveau document de politique nationale de la jeunesse qui prend en compte les préoccupations de cette frange sociale représentant 65% de sa population.
La Commission du développement social reprendra ses travaux lundi 6 février, à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2017/2)
Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies
i) Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées (E/CN.5/2017/4)
ii) Règles pour l’égalisation des chances des personnes handicapées
iii) Programme d’action mondial pour la jeunesse (E/CN.5/2017/5)
iv) Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement (E/CN.5/2017/6)
v) Questions, politiques et programmes relatifs à la famille
Table ronde: « Ne laissez personne de côté: pauvreté et invalidité »
Partant du constat que les personnes handicapées courent un risque plus élevé de vivre dans la pauvreté, dans les pays développés comme dans les pays en développement, les experts et les délégations ont souligné l’importance de leur fournir un accès équitable aux ressources et aux soutiens, ce qui exige en amont une bonne collecte de données.
« C’est la première fois qu’on cherche à inclure le handicap dans toutes les questions transversales », a relevé la modératrice de la réunion, Mme NORA GROCE, professeur et Directrice du Centre Leonard Cheshire pour le handicap et le développement inclusif, de l’Université du Collège de Londres, en expliquant qu’on dispose aujourd’hui de davantage de données et d’expertise sur ces questions, tandis que les ministères ont de plus en plus souvent une personne spécialisée. « On ne peut pas dire qu’il n’y pas a d’engagement et de compétences », a-t-elle relevé.
Mme ANA HELENA CHACÓN, Vice-Présidente du Costa Rica, a demandé de comprendre que les personnes handicapées sont des sujets de droits, qui ne doivent pas obtenir des « miettes de droits ». Insistant sur la dignité de chacun, elle a estimé que « le handicap est une circonstance dynamique », qui dépend du milieu ambiant. Mme Chacón a noté les « barrières psychologiques » qui empêchent souvent les enfants handicapés d’être scolarisés. En Amérique latine, 80% à 90% des personnes handicapées n’ont pas d’emploi ou, si elles en ont un, elles ne sont pas rémunérées.
La Vice-Présidente s’est félicitée d’une loi costaricienne sur l’autonomie des personnes handicapées. Elle a assuré que son pays faisait son possible pour mettre en œuvre les objectifs de développement qui tendent à améliorer la vie des personnes handicapées, notamment en matière d’accessibilité et de partage d’informations sur les résultats des mesures prises.
« Comment en finir avec le cercle vicieux qui maintient les personnes handicapées dans la pauvreté? » s’est interrogée Mme CATALINA DEVANDAS AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées du Conseil des droits de l’homme, en faisant le constat qu’il y a encore 125 millions de personnes handicapées dans le monde qui vivent dans l’extrême pauvreté. Elle a ajouté que 25% des foyers comptent un membre handicapé. Si le handicap n’empêche pas d’avoir un emploi, c’est le marché du travail qui empêche les personnes handicapées d’accéder à un emploi rémunérateur, a-t-elle noté. À cela s’ajoutent les frais supplémentaires auxquels les personnes handicapées doivent faire face à cause de leur handicap, des coûts évalués à 30% en plus par rapport au salaire moyen dans un pays.
Elle a remarqué que les responsables politiques ont toujours un regard assez fataliste par rapport au handicap. À titre d’exemple, seuls 2% des projets de la Banque mondiale incluent les personnes handicapées, a-t-elle noté, en se désolant que certaines personnes de cette institution mettent même en doute le lien qui existe entre handicap et pauvreté.
Elle a plaidé pour des politiques qui incluent les besoins des personnes handicapées –dans leur formulation et dans leur mise en œuvre-, ainsi que pour la création de systèmes de protection sociale qui tiennent compte des personnes handicapées et promeuvent leur indépendance et leur inclusion. La Rapporteuse spéciale a également demandé de collecter des données ventilées, notamment lors des recensements.
M. STEEN LAU JORGENSEN, Directeur chargé de la protection sociale et du travail au Groupe de la Banque mondiale, a reconnu que les besoins des personnes handicapées ne sont pas toujours satisfaits, en expliquant cette situation par les problèmes d’accessibilité, de participation, de financement et par le manque de données. En amont, il a conseillé d’éviter les problèmes médicaux, en prévenant les maladies non transmissibles qui peuvent entraîner des handicaps, ainsi qu’en réduisant les accidents de la route et les conflits, par exemple. Il faut, a-t-il ajouté, améliorer l’environnement dans lequel vivent les personnes handicapées pour ne pas accentuer les désagréments qu’entraîne le handicap.
S’il a confirmé que la majorité des projets de la Banque mondiale ne tiennent pas compte du handicap, il a toutefois cité une étude relative à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient sur les personnes handicapées travaillant dans le secteur informel. L’expert a également mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la participation des personnes handicapées, ainsi que la collecte des données en citant à cet égard un partenariat de la Banque mondiale avec l’UNICEF sur la collecte de données sur le terrain et notamment en Afrique subsaharienne.
Il a aussi mentionné un partenariat de la Banque mondiale avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la protection sociale universelle. « Il ne faut pas oublier qu’il y a de vraies personnes derrière ces chiffres », a-t-il dit.
M. MOSHARRAF HOSSAIN, Directeur des politiques globales, de l’influence et de la recherché d’ADD International, a indiqué que, selon une étude récente d’OXFAM, huit personnes dans le monde, à elles seules, détiennent autant de richesse que 3 milliards de personnes, soit la moitié de la population. Il a rappelé que 80% des personnes handicapées vivaient dans la pauvreté. Si les marchés à eux seuls ne peuvent pas résoudre les inégalités, des marchés qui fonctionnent mieux doivent permettre d’atteindre les personnes les plus marginalisées. Le système doit devenir inclusif, a-t-il réclamé en prônant la participation des personnes handicapées à la vie active et la mise en place de structures inclusives.
Il a conseillé aux personnes handicapées de s’organiser pour pouvoir participer, avant de demander aux employeurs de mieux les intégrer. Au Bangladesh, ADD International a influencé les décideurs et l’industrie, ce qui a conduit à la création d’emplois dans l’industrie textile.
Il a voulu, en outre, que les dirigeants politiques veillent à la sécurité des personnes handicapées et s’attachent à rendre accessibles les transports et les écoles. Pour y arriver, il a demandé aux ONG de s’engager aux côtés des gouvernements. Au niveau mondial, il a suggéré d’organiser une réunion de haut niveau sur les marchés comme solution à la pauvreté extrême, ainsi qu’un plan du XXIe siècle pour les personnes handicapées.
Pour lancer le débat interactif, Mme MARIA APARECIDA BORGHETTI, Vice-Gouverneur de l’État de Paraná au Brésil, a fait part de l’engagement de cet État en faveur de la mobilité et de l’accès des personnes handicapées. Un « programme famille » a été créé pour compléter le programme national Bolsa Familia, a-t-elle indiqué, avec l’objectif d’atteindre 250 000 familles. Ce programme a permis une réduction de la pauvreté de 57%. Un autre programme, intitulé « Enfance heureuse », organise des visites à domicile deux fois par semaine pour renforcer les capacités des familles en matière de soins et d’éducation.
La délégation du Maroc, qui a attiré l’attention sur les personnes handicapées chez les populations déplacées, a indiqué avoir institué une journée nationale du handicap. C’est également le cas au Malawi, a dit la représentante de ce pays.
La question de la sensibilisation a intéressé de nombreux autres participants, comme le représentant de l’ONG Disability Alliance, lui-même vivant avec un handicap, qui a conseillé de bien communiquer sur les besoins des personnes handicapées et de veiller à leur inclusion dans les sociétés. « Nous voulons être assis à la table des négociations », a-t-il dit en précisant: « rien sur nous sans nous ».
Une secrétaire d’État du Portugal, qui lisait sa déclaration en braille, a illustré les efforts menés par son pays pour faire participer des personnes handicapées aux politiques. Elle a indiqué que le Portugal avait depuis peu un premier député handicapé et que son pays s’attache à changer les mentalités au sujet du handicap.
Pour la délégation de l’Union européenne, l’assistance financière aux personnes handicapées est importante pour ceux qui ne peuvent pas travailler. En Chine, par exemple, un système de subventions publiques a bénéficié en 2015 à 15 millions de personnes handicapées, a souligné la délégation qui veille en même temps à la formation professionnelle de ces personnes quand cela est possible.
Pour répondre à une question de la délégation de la Nouvelle-Zélande sur le rôle des Nations Unies dans ces problématiques, l’expert d’ADD International a souhaité que l’ONU facilite la participation des personnes handicapées à tous les domaines de la politique, et pas uniquement aux questions qui les concernent directement.
La Vice-Présidente du Costa Rica a rappelé que la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées avait été traduite dans le droit national de chaque État Membre. La Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées du Conseil des droits de l’homme a insisté, pour sa part, sur l’obligation qu’a l’ONU de fournir son assistance aux pays pour ces questions. « C’est une question transversale », a tenu à rappeler l’animatrice.
Le représentant de l’Association d’entraide somalienne a indiqué qu’un quart de la population de la Somalie vit avec un handicap. Au Ghana, la plupart des personnes handicapées n’ont pas d’emploi et vivent de l’aumône, a indiqué une ministre de ce pays. Elle a souhaité que l’ONU adopte une approche holistique pour fournir un accès aux matériels tels que des béquilles, des chiens guides et des chaises roulantes.
Le représentant du Sénégal, pays qui s’est doté d’une loi sur le handicap en 2010, a mis l’accent sur l’importance des données. Pour le cas du Botswana, un bureau du handicap a été mis en place en 2015, qui est rattaché au Bureau du Président afin que les questions du handicap soient examinées au cœur du pouvoir.
Le délégué du Kenya a mentionné, pour sa part, l’existence du Conseil national kényan pour les personnes handicapées, ainsi que de 12 institutions qui renforcent les capacités de ces personnes.
Suite du débat général
M. MICHAEL FARRUGIA, Union européenne (UE), a déclaré que l’Union européenne avait l’ambition de faire avancer le progrès économique « main dans la main » avec l’amélioration de la vie des gens. Pour y parvenir, les investissements et les réformes seront d’une importance déterminante, avec notamment un accent sur les jeunes.
C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que la Commission européenne a proposé un train de mesures pour les jeunes, dont la Garantie pour la jeunesse, un engagement pris par les États membres pour veiller à ce que tous les jeunes de moins de 25 ans se voient proposer une offre d’emploi décent, une éducation continue, un apprentissage ou une formation dans les quatre mois suivant le début du chômage ou après la fin de leurs études.
L’Union, a poursuivi le représentant, prête également attention au sort des personnes atteintes d’un handicap, qui continuent d’être surreprésentées parmi la population inactive. En outre, l’UE s’efforce de promouvoir l’égalité entre les sexes dans toutes ses politiques et activités, non seulement pour permettre aux femmes de bénéficier des mêmes chances d’accès à l’emploi, mais aussi pour combler le fossé entre les salaires, a expliqué M. Farrugia.
Enfin, il a souligné que l’Union européenne accordait beaucoup d’importance aux questions familiales, en cherchant à réconcilier l’équilibre entre famille et temps de travail.
S’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a déclaré que l’organisation régionale à laquelle son pays appartenait avait constamment promu les droits et la dignité de toutes les personnes et de tous les groupes qui sont vulnérables ou marginalisés. Alarmée par le pourcentage de jeunes sans emploi sur le continent, la CELAC s’est engagée à créer des opportunités plus nombreuses à leur intention et à faciliter leur participation pleine et entière aux processus de prise de décisions qui détermineront le développement durable de nos sociétés.
Parallèlement, le représentant a indiqué que la Communauté était préoccupée par le fait que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans est supposé croître de 56% d’ici à 2050, tout particulièrement dans le monde en développement. Autant un défi qu’une opportunité selon lui, cette tendance démographique exige de concevoir et de mettre en œuvre des politiques qui promeuvent l’inclusion sociale, la solidarité intergénérationnelle, et la jouissance et la protection de tous les droits humains des personnes âgées.
M. JEAN ANICET ANDRIAMOSARISOA, Ministre de la jeunesse et des sports de Madagascar, a relevé que le Gouvernement malgache ne ménageait aucun effort pour la mise en œuvre effective des plans d’action mondiaux, qu’il s’agisse de ceux ciblant les personnes handicapées, les personnes âgées, de la famille ou de la jeunesse. Il a indiqué qu’un nouveau document de politique nationale de la jeunesse avait été adopté en février dernier dans le pays afin de prendre en compte les préoccupations de cette frange sociale représentant 65% de sa population.
Ainsi, 13 espaces jeunes et 54 maisons des jeunes sont opérationnels dans le pays. Des efforts sont nécessaires pour remédier à certaines réalités négatives concernant les jeunes. Par exemple, 48% des jeunes filles de moins de 18 ans ont au moins un enfant ou sont enceintes et seulement 12% des jeunes de 15 à 19 ans et 33,5% des jeunes de 20 à 24 ans utilisent une méthode contraceptive.
Sur le plan de l’emploi, un programme sur l’entrepreneuriat avec octroi des fonds d’insertion des jeunes a été également mis en œuvre par le Ministère de la jeunesse et des sports.
M. HÉCTOR CÁRDENAS MOLINAS (Paraguay) a indiqué que son gouvernement avait mis en place le Secrétariat national de la jeunesse pour tabler sur les problèmes propres à ce groupe représentant 70% de la population du pays. De même, le plan national de protection des personnes âgées envisage d’assurer la pleine inclusion des membres de ce groupe social qui compte pour 10% de la population. Des pensions alimentaires sont ainsi garanties aux personnes âgées démunies.
Le représentant a aussi argué que son pays avait progressé dans la prise en charge des personnes handicapées. Une loi a été adoptée afin d’offrir des facilités fiscales aux entreprises qui emploient les personnes handicapées, et plus de 10% des handicapés du pays bénéficient déjà d’une protection sociale totale.
Mme ALELI B. BAWAGAN (Philippines) a indiqué que la stratégie de son pays pour l’éradication de la pauvreté prenait dûment en compte les besoins des personnes handicapées. Elle a précisé que la question du handicap était considérée aux différents échelons d’administration du pays, ajoutant qu’une loi votée l’an dernier octroyait aux personnes handicapées un rabais de 20% lors de l’achat de certains biens. Selon la législation nationale, 1% des emplois administratifs doit revenir à des personnes handicapées, a-t-elle dit.
La représentante a déclaré que son pays fournissait une aide financière mensuelle aux personnes âgées n’ayant pas un revenu régulier, une pension de retraite ou une aide des proches. Les Philippines luttent également contre les discriminations frappant les personnes âgées et apportent à ces dernières des soins de santé, a-t-elle conclu, en rappelant que son pays comptait sept millions de personnes âgées.
Mme CHANTAL GATIGNOL (France) s’est félicitée des développements du plan international d’action sur le vieillissement, dont son pays vient d’établir le bilan national, à l’occasion du troisième cycle de revue et d’évaluation 2012-2017. Elle a souligné la nécessité d’efforts accrus pour que « les standards existants et les normes en vigueur aux niveaux international, régional et national, soient pleinement mis en œuvre ».
Les récentes réformes intervenues en France s’inscrivent dans le droit fil du Plan d’action de Madrid, a-t-elle dit. La déléguée a mentionné la loi du 28 décembre 2015 pour l’adaptation de la société au vieillissement, qui est un texte novateur et appelle à « un changement de regard sur la vieillesse ». L’une de nos priorités est de lutter contre la maltraitance des personnes âgées, en particulier la maltraitance financière, a-t-elle conclu.
Mme KARLA VANESSA LEMUS DE VASQUEZ (El Salvador) a indiqué que le Gouvernement de son pays entendait ne laisser personne dans la pauvreté. La législation a été modifiée afin de protéger les groupes les plus défavorisés. Désormais, les gouvernements locaux, la famille et les communautés auront un rôle prépondérant dans la prise en charge des plus démunis et des groupes vulnérables.
Pour ce qui est des jeunes, le renforcement de leurs compétences et aptitudes vise à faciliter leur insertion au monde de l’emploi, a dit le délégué salvadorien.
M. MAGINO CORPORÁN (République dominicaine) a jugé que cette commission avait un rôle clef à jouer dans le suivi des actions visant à réaliser les objectifs de développement durable. Il a indiqué deux axes de la politique de la jeunesse suivie par son pays, l’un qui accorde des bourses d’études nationales et internationales à 300 jeunes par an, le second qui vise à remédier au défi des grossesses adolescentes.
Six mille jeunes ont été aidés en 2015, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP), a-t-il avancé. Le délégué s’est dit favorable à une participation accrue des jeunes aux processus de prise de décisions, « pas uniquement pour les décisions qui les concernent ».
Enfin, au titre de la politique en faveur des personnes handicapées, il a évoqué le lancement en 2018 d’un centre d’interprétation en ligne pour les personnes sourdes.
M. STEPHAN CUENI (Suisse) a dit que l’éradication de la pauvreté était du ressort des politiques sociales des pays. L’autonomisation des personnes handicapées est essentielle, a-t-il dit. Pour ce faire, il a défendu le maintien dans l’emploi, par le biais, notamment, d’une accessibilité accrue des bâtiments. Le manque d’accessibilité accroît le risque d’exclusion, a-t-il dit, en demandant des transports en commun « exempts de barrière ».
Il a plaidé pour le renforcement des liens entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Convention relative aux droits des personnes handicapées, jugeant nécessaire une mise en œuvre concomitante de ces deux instruments. Enfin, le délégué s’est dit désireux de recueillir les bonnes pratiques suivies par les entreprises pour le maintien dans l’emploi des personnes handicapées.
M. MIRWAIS BAHEEJ (Afghanistan) a indiqué que la stratégie de son pays pour réduire la pauvreté combinait les investissements destinés à améliorer la croissance et la productivité et les programmes ciblés visant à renforcer la formation professionnelle. Il a cité les trois piliers sur lesquels repose le cadre pour le développement et la paix de l’Afghanistan pour les cinq prochaines années: la protection sociale, l’autonomisation des femmes et la « Charte des citoyens ». S’agissant du premier pilier, il a convenu que son pays n’avait pas encore les moyens d’un système de protection sociale à l’échelle nationale.
Pour les 2,5 millions de personnes vivant avec un handicap dans le pays, le Gouvernement projette d’appuyer les initiatives des communautés visant à générer un revenu pour ces personnes, a-t-il dit. En vue d’autonomiser les femmes, il a mentionné un programme destiné à apporter un appui technique et financier aux entrepreneuses.
Le délégué a indiqué que la « Charte » était l’engagement de fournir à chaque village afghan les services publics vitaux, tels que les soins de santé, les infrastructures ou bien encore l’éducation. Enfin, M. Baheej a demandé un appui international pour aider son pays à relever le défi de la toxicomanie. L’Afghanistan compte en effet près de trois millions de toxicomanes, a-t-il conclu.
M. GHANIM AL-HUDAIFI AL-KUWARI (Qatar) a souligné l’accroissement des dépenses sociales dans son pays au bénéfice des jeunes, qui représentent aujourd’hui 25% de la population du pays. La politique suivie au Qatar vise à doter les jeunes des qualifications adéquates et à renforcer leur participation aux processus de prise de décisions, a-t-il dit.
Il a indiqué que le Qatar œuvrait pour éliminer les obstacles s’opposant à une bonne inclusion sociale des personnes handicapées, par le biais, notamment, d’une meilleure accessibilité des espaces physiques. Enfin, le représentant a souligné le rôle fondamental des familles pour le développement social et l’importance d’une résolution de l’Assemblée générale adoptée lors de sa soixante et onzième session visant à éliminer la pauvreté des familles.
Mme TATIA DOLIDZE (Géorgie) a déploré la précarité de l’emploi des jeunes dans son pays, notamment du fait des capacités limitées des jeunes. Elle a souligné l’engagement de son pays en faveur du Programme d’action mondial pour la jeunesse. Elle a salué la mise en place d’un centre de promotion de l’innovation et la création des jeunes en Géorgie, ainsi que de financements dont bénéficient les jeunes entrepreneurs.
La représentante, elle-même jeune, a insisté sur l’éducation des jeunes, expliquant qu’une bonne éducation s’apparentait à offrir « une canne à pêche » à défaut du poisson.
Deux jeunes de la Roumanie, Mme DENISA BRATU et M. GABRIEL UIFALEAN, ont pris la parole en alternance pour passer leur message. Ils ont déclaré que le modèle économique dominant dans le monde n’était pas durable et va probablement priver les générations futures de ressources. Les jeunes d’aujourd’hui sont voués à l’échec si la solidarité intergénérationnelle n’est pas de mise, ont-ils averti en appelant à une éducation de qualité et à la formation professionnelle susceptibles de donner aux jeunes les compétences requises pour le marché de l’emploi.
Prenant la parole à tour de rôle, Mme SHAMAR AFSAL et M. ELIAN YANYE (Pays-Bas) ont raconté qu’au cours de l’année écoulée, ils avaient mené à bien un projet relatif aux objectifs de développement durable, dans le cadre duquel ils sont entrés en contact avec des milliers de jeunes gens comme eux pour partager leurs idées. « L’inclusion des jeunes dans la mise en œuvre du Programme 2030 devrait être une priorité, dans la mesure où ils ne sont pas seulement les habitants de la planète aujourd’hui, mais aussi de celle de demain », ont-ils souligné, avant de préciser que les jeunes devaient pouvoir s’exprimer en personne à ce sujet, et pas simplement n’être qu’au cœur des discussions.
C’est la raison pour laquelle le Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC) fournit l’opportunité idéale pour engager les jeunes gens dans ce combat, ont estimé les deux intervenants, en plaidant pour l’institutionnalisation de cette instance.
Mme ZUZANA VUOVA, déléguée de la jeunesse de la République tchèque, a souligné l’importance de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité, qui reconnaît pour la première fois les jeunes comme étant des acteurs cruciaux dans les processus de paix. Elle a demandé le renforcement de la participation des jeunes aux processus de prise de décisions. Les objectifs de développement durable ont été créés au bénéfice de tous et ne pourront être réalisés que si nous nous tenons aux côtés des groupes marginalisés et vulnérables, a-t-elle insisté.
Elle a affiché sa solidarité avec les jeunes femmes issues des minorités, les personnes handicapées, les réfugiés et les personnes appartenant à la communauté lesbiennes, homosexuels, bisexuels, transsexuels et intersexués (LGBTI). « En ferez-vous de même », a-t-elle lancé en conclusion.
M. MINORI ITO (Japon) a déclaré que mettre fin aux discriminations contre les personnes handicapées et soutenir leur participation sociale sont des défis d’importance à relever pout parvenir à une société inclusive. Le partage de la connaissance et des expériences entre pays est important, a estimé le représentant, qui a expliqué que son gouvernement avait déployé des « entraîneurs » pour des projets professionnels, qui prêtent assistance aux personnes handicapées sur leur lieu de travail, y compris à l’étranger, comme en Malaisie.
Par ailleurs, dans la mesure où le Japon est l’une des sociétés les plus âgées au monde, « nous reconnaissons l’importance d’autonomiser les personnes les plus âgées et leur donnant accès à des offres d’emploi », a dit le délégué. C’est là le sens de la loi sur la stabilisation de l’emploi des personnes âgées, qui est entrée en vigueur en 2013, a-t-il expliqué.
Mme KARIMA BARDAOUI (Tunisie) a annoncé que son gouvernement venait de signer, le 26 janvier dernier, un accord avec le Fonds international de développement agricole (FIDA) en faveur d’un projet de promotion des filières pour le développement territorial du gouvernorat de Siliana, une région montagneuse et défavorisée du pays.
Un conseil national de la jeunesse est en train de prendre forme en Tunisie. Par ailleurs, le pays connaît un vieillissement de sa population. De ce fait, des équipes mobiles pluridisciplinaires, composées de cadres médicaux et paramédicaux, d’agents sociaux et d’auxiliaires de vie se déplacent périodiquement à domicile et dispensent aussi bien des services sanitaires que des aides en nature.
Pour l’État tunisien, « la lutte contre l’exclusion des personnes à besoins spécifiques est une responsabilité nationale », a rappelé l’oratrice qui a estimé que le handicap ne devait en aucun cas être un frein, citant ainsi les 19 médailles, dont 7 en or, gagnées par les athlètes tunisiens aux derniers Jeux paralympiques de Rio de Janeiro.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a assuré que le dispositif juridique et les programmes mis en place par le Gouvernement algérien mettaient l’accent sur la participation pleine et entière des personnes handicapées à la vie de la nation. Il en a voulu pour preuve la loi relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées adoptée le 8 mai 2002, ainsi que le plan d’action destiné à mettre en place une structure de base pour une politique en faveur des personnes handicapées.
En vue d’encourager les employeurs à recruter celles-ci, le législateur a prévu des incitations en leur faveur, notamment des subventions pour tous ceux qui procèdent à l’aménagement des postes de travail. De plus, a poursuivi le représentant, les personnes handicapées bénéficient de différents dispositifs d’aide sociale, d’insertion ou d’emploi mis en place par l’État et gérés par le secteur de la solidarité nationale.
En outre, le dispositif de microcrédit contribue à l’autonomie au développement personnel, familial et professionnel des personnes handicapées, a relevé M. Bessedik. Au nombre des autres mesures prises par son gouvernement, il a cité l’octroi de subventions pour des projets associatifs d’insertion des femmes handicapées.
M. FONSECA (Brésil) a indiqué que son pays comptait 50 millions de jeunes qui représentaient 25% de la population. La politique nationale de la jeunesse, adoptée en 2005, a été depuis modifiée en 2013. Le Brésil entend également favoriser l’épanouissement des personnes handicapées. Les familles ayant des enfants victimes de microcéphalies sont par exemple soutenues, et les fonctionnaires ayant un conjoint ou un enfant handicapé bénéficient d’aménagements de leurs horaires de travail.
Il a en outre noté que les plus pauvres se retrouvaient dans la frange des personnes âgées, et il a appelé à l’adoption d’une convention internationale en faveur de la protection de cette couche sociale. Pour sa part, le Gouvernement assure le versement d’un salaire minimum aux citoyens âgés de plus de 60 ans. Elle a aussi souligné l’importance, pour son pays, de la protection de la famille, quelle qu’en soit la forme.
Mme LEE EUN JOO (République de Corée) a souligné que si les personnes handicapées, la jeunesse, les personnes âgées et les familles devaient faire l’objet de politiques ciblées, elles devaient aussi être des acteurs du changement sociétal. Elle a dit que son pays adoptait régulièrement des plans quinquennaux pour le développement des personnes handicapées et qu’il avait contribué à la création, en 2013, du Centre d’accessibilité de l’ONU.
Pour ce qui concerne les jeunes, son gouvernement encourage la participation des jeunes et renforce leur réseau de sécurité sociale. Les jeunes coréens disposent d’une plateforme pour proposer des politiques et suivre leur mise en œuvre, a-t-elle ajouté. Elle a également fait valoir les revenus qui sont garantis aux personnes âgées grâce à un système d’assistance sociale. Quant aux familles, des conseillers professionnels leur font des visites à domicile et s’assurent de l’éducation des parents.
M. YAO SHAOJUN (Chine) a souligné la nécessité de répondre aux besoins spécifiques des personnes handicapées et a demandé l’accélération de la mise en œuvre des instruments internationaux les concernant. La Chine compte 85 millions de personnes handicapées, a-t-il dit. Il a précisé que 30 lois et décrets avaient été adoptés pour améliorer leurs conditions de vie. Il a souligné la nécessité d’encourager les personnes âgées à jouer un rôle plus actif dans la société.
Le Chine œuvre en ce sens par le développement d’une culture de respect pour les personnes âgées, a-t-il affirmé. Le délégué a détaillé la politique de la jeunesse de son pays en 2015, en mentionnant la fourniture d’une formation pour 100 000 jeunes résidant dans des zones rurales et l’apport d’une aide au démarrage d’une entreprise pour 200 000 jeunes.
En conclusion, le délégué chinois a souligné l’importance des familles pour le développement social.
M. VINICIUS PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que le taux de chômage des jeunes au niveau mondial devrait être de 13% en 2017. Plus de 40% des jeunes actifs dans le monde devraient être sans emploi ou vivre dans la pauvreté bien qu’ayant un emploi, a-t-il dit.
Pour y remédier, il a demandé des politiques de création d’emplois, de développement de l’entreprenariat des jeunes et d’octroi de droits permettant de garantir un traitement égal des jeunes par rapport à d’autres catégories. Enfin, le délégué a salué le lancement en 2016, lors du Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC), d’une initiative globale en faveur d’emplois décents pour les jeunes, à laquelle 22 agences onusiennes participent.
La représentante de la Fédération internationale du vieillissement a indiqué que son organisation visait à améliorer la qualité de vie des personnes âgées, un grand nombre d’entre elles comptant parmi « les plus pauvres des pauvres ». La pauvreté est vécue différemment en raison de « l’intersectionnalité » des discriminations telles que le jeunisme, le racisme, le sexisme, l’homophobie, la phobie du handicap et l’ethnocentrisme, a-t-elle insisté.
Elle a plaidé pour le développement de politiques de réduction de la pauvreté basées sur une compréhension fine de cette « intersectionnalité » des discriminations vécues par les populations les plus marginalisées.
Enfin, elle a souhaité que les voix de ces populations soient prises en compte dans l’élaboration des politiques de réduction de la pauvreté.
Le représentant de l’Institut international de la famille de Doha, en anglais « Doha International Family Institute » (DIFI), a plaidé pour une place centrale de la famille dans la lutte contre la pauvreté. Il a expliqué que la famille, en tant que cellule naturelle et fondamentale de la société, est incontournable pour le soutien des personnes vulnérables de la société. Il a indiqué que l’effondrement de la famille peut être une cause ou une conséquence de la pauvreté.
Le délégué a appelé au renforcement de la résilience des familles par des réseaux de sécurité sociale, afin qu’aucune famille ne soit laissée pour compte.
Le représentant de la Fédération internationale pour le développement de la famille (IFFD) a dit qu’il existait un lien entre les revenus de la famille et la pauvreté, car les enfants de familles pauvres ont plus de probabilité de devenir eux-mêmes pauvres. Il a noté que les pays allaient mieux lorsque les familles étaient épanouies. Il a ainsi appelé à soutenir les enfants des familles défavorisées.
Droit de réponse
Le représentant du Nigéria a fait usage de son droit de réponse pour des précisions au discours tenue, hier après-midi, par une représentante d’une organisation non gouvernementale défendant les peuples autochtones du Biafra. Il a précisé que le Nigéria était « un et indivisible » et que la région du Biafra n’existait pas dans son pays. Il a aussi expliqué que le Gouvernement fédéral avait mis en place des mesures pour garantir la protection sociale de tous les citoyens, et pour assurer la réalisation des objectifs de développement durable.