Commission du développement social: « sans les jeunes, point de succès pour les objectifs de développement durable », avertissent des délégations
En cette deuxième journée de la session 2017 de la Commission du développement social, marquée par une table ronde et la poursuite du débat général, des voix ont appelé à l’élargissement d’espaces de participation des jeunes, avertissant que l’implication de ces derniers était cruciale pour la réalisation des objectifs de développement durable.
L’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, M. Ahmad Alhendawi, s’exprimant au cours d’une table ronde tenue en matinée, a ainsi estimé que l’on peut considérer que l’épanouissement de la jeunesse apparaît comme un « objectif invisible » parmi les 17 objectifs de développement durable.
Il a expliqué que la soixantaine d’indicateurs qui font référence aux jeunes démontrent à souhait l’importance de ces derniers dans le Programme 2030. Il a également appelé à la révision du Programme d’action mondial pour la jeunesse, adopté il y a plus de 20 ans par l’Assemblée générale des Nations Unies, et taxé désormais de « désuet ».
Cette table ronde, qui portait sur la promotion des politiques d’élimination de la pauvreté et l’épanouissement des jeunes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a permis à des experts, aux États Membres et à la société civile de souligner que le succès de la mise en œuvre des objectifs de développement durable passe par la mise en place de politiques et stratégies nationales en faveur des jeunes.
Ils ont également insisté sur la nécessité pour ces politiques de se concentrer sur l’éducation, l’emploi, la participation, ainsi que la disponibilité de données fiables sur les jeunes.
« Une politique pour la jeunesse doit en outre prendre en compte l’approche genre », a rappelé l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse. La Sous-Directrice générale pour les sciences sociales et humaines à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Mme Nada Al-Nashif, a, pour sa part, mis l’accent sur la nécessité de faire en sorte que les jeunes aient les capacités de pouvoir participer à la bonne marche de leur société.
La question de l’éducation a été de ce fait évoquée par plusieurs intervenants qui ont relevé qu’une bonne formation était une condition préalable à l’accès à un emploi décent. C’est fort de ce constat que dans l’espace de l’Union européenne, le programme « Garantie pour la jeunesse » permet d’assurer une formation continue des jeunes de moins de 25 ans qui n’ont pas un emploi.
Dans le cadre de la participation, concept plusieurs fois mentionné au cours des échanges, la Ministre de la famille et de la jeunesse de l’Autriche, Mme Sophie Karmasin, a relevé que dans son pays, les jeunes étaient consultés pour les politiques les concernant, et, s’est-elle félicitée, l’Autriche est l’unique pays d’Europe où les jeunes peuvent voter dès l’âge de 16 ans.
Dans l’après-midi, la Commission a poursuivi son débat général portant sur son thème prioritaire intitulé « stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous ».
Les États Membres ont ainsi présenté les efforts nationaux consentis en vue d’éliminer la pauvreté, à travers des politiques, programmes et projets. Certains de ces pays ont établi des filets de protection sociale et des initiatives en direction des groupes les plus vulnérables. Certains pays en développement ont plaidé pour un soutien international afin de financer leurs efforts.
La Commission du développement social reprendra ses travaux demain, vendredi 3 février, à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2017/2)
Questions nouvelles: promotion de politiques intégrées pour l’élimination de la pauvreté: l’épanouissement de la jeunesse dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (E/CN.5/2017/7)
Table ronde: « Promotion de politiques intégrées pour l’élimination de la pauvreté: l’épanouissement de la jeunesse dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 »
Le succès de la mise en œuvre des objectifs de développement durable passe par la mise en place de politiques et stratégies nationales en faveur des jeunes, ont observé, ce matin, les participants à une table ronde portant sur la « promotion de politiques intégrées pour l’élimination de la pauvreté: l’épanouissement de la jeunesse dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».
Lors de cette table ronde, qu’animait Mme Vivian Onano, de l’organisation non gouvernementale SEED, ils ont en outre insisté sur la nécessité pour ces politiques de se concentrer sur l’éducation, l’emploi, la participation, ainsi que la disponibilité de données fiables sur les jeunes.
En 2015, au moment de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il y avait 1,2 milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde, soit un humain sur six. Ce nombre devrait atteindre 1,3 milliard à la date butoir de 2030.
Mme SOPHIE KARMASIN, Ministre de la famille et de la jeunesse de l’Autriche, a relevé que dans son pays, tous les ministères devaient vérifier l’impact des législations sur les jeunes. Les jeunes y sont également consultés pour les politiques les concernant, et, s’est-elle félicitée, l’Autriche est l’unique pays d’Europe où les jeunes peuvent voter dès l’âge de 16 ans. Avec un taux de chômage des jeunes de 11%, le pays s’attache à créer des emplois, a-t-elle dit, rappelant que 2016 fut l’« Année du travail décent en faveur des jeunes ».
M. SANTIAGO SOTO, Directeur de l’Institut national de la jeunesse de l’Uruguay, a estimé que parier sur les jeunes était un engagement moral, car cela permettait de faire un pont entre le bien-être des générations actuelles et futures. Il a déploré le fait qu’en Uruguay, les jeunes sont plus pauvres que les personnes âgées. Des politiques ont été mises en place afin d’assurer une protection sociale en faveur des jeunes notamment. Dans le cadre de l’éducation, une loi permet à tout jeune de 6 ans d’avoir accès à Internet.
Mme GEMMA WOOD, statisticienne et consultante sur les questions de jeunesse, a parlé des cas de l’utilisation des données pour améliorer le bien-être social des jeunes. Elle a expliqué qu’au début, les jeunes défavorisés étaient reçus par une équipe multidisciplinaire et que leurs besoins étaient évalués. Elle a pris l’exemple d’une jeune dame aborigène qui, après quatre ans de prise en charge, est passée du statut de sans domicile fixe à chef d’une petite et moyenne entreprise (PME) dans le domaine de la vente d’objets d’art.
Mme NADA AL-NASHIF, Sous-Directrice générale pour les sciences sociales et humaines à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a mis l’accent sur la nécessité de faire en sorte que les jeunes aient les capacités de pouvoir participer à la bonne marche de leur société. Elle a cité quelques exemples d’implication des jeunes dans certains pays du monde, précisant que pour s’engager, les jeunes devaient avoir des capacités et des compétences.
Pour M. AHMAD ALHENDAWI, Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse, il faut offrir des opportunités aux jeunes pour faire changer les choses et leur ouvrir l’accès à des services de base. Pour éradiquer la pauvreté, il faut des emplois, a-t-il argué, en se désolant du fait qu’en moyenne, 19 mois de transition sont nécessaires entre la fin des études et le premier emploi.
L’Envoyé pour la jeunesse a ensuite estimé que 20 ans après son adoption, le Programme d’action mondial pour la jeunesse est désormais désuet et mériterait d’être modifié. Il a aussi parlé de l’épanouissement de la jeunesse comme d’un objectif invisible parmi les 17 objectifs de développement durable. Il a dit espérer que la soixantaine d’indicateurs qui impliquent la jeunesse permettraient d’évaluer les progrès en faveur des jeunes.
Mme NEVENA VUKAŠINOVIĆ, Secrétaire générale de l’organisation non gouvernementale ENGSO jeunesse de la Serbie, a parlé de l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) pour l’épanouissement des jeunes. Elle a plaidé pour un bon usage des TIC, notamment en les vulgarisant dans les pays en développement notamment.
M. MARK KAMPERHOFF, Ministre de la famille de l’Allemagne, a indiqué que son pays venait de publier sa stratégie nationale de développement durable qui s’inspire des objectifs de développement durable. Son gouvernement entend améliorer la qualité de l’éducation en réduisant le taux d’abandon scolaire. Il a également dit que son gouvernement accordait du prix à la mise en œuvre de la « Garantie pour la jeunesse », un programme de l’Union européenne qui permet d’assurer que les jeunes de moins de 25 ans soient pris en charge, soit dans un cadre professionnel ou alors dans l’optique d’une formation. Un programme mis en place permet aussi de soutenir les jeunes directement là où ils vivent.
Au cours des échanges ayant suivi ces exposés, les représentants de plusieurs pays, dont ceux de la Chine, du Portugal et de Madagascar, ont présenté des mesures prises par leurs gouvernements afin de favoriser l’essor des jeunes.
La Vice-Gouverneure de l’État de Parana, au Brésil, a insisté pour sa part sur la prévention des grossesses précoces, et, quand cela ne marche pas, la politique de « l’enfance heureuse » prend alors le relais afin d’assurer une bonne prise en charge des enfants à domicile.
Le représentant de l’Iraq a demandé pourquoi les jeunes étaient parfois enclins à céder aux sirènes de la violence. Mme Gemma Wood, de l’Australie, a estimé qu’il serait judicieux que les jeunes aient des espaces de participation et ressentent qu’ils sont des membres utiles de la société.
Un jeune de l’Organisation de la jeunesse ibéro-américaine a également insisté sur le besoin d’élargir les espaces de participation des jeunes.
Dans l’espace de l’Union européenne, a dit son représentant, la jeunesse est assurée de s’épanouir grâce au programme « Garantie pour la jeunesse ». Dans l’espace francophone, a expliqué le représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le projet finance entend soutenir l’entreprenariat jeune.
L’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse a pour sa part indiqué qu’une bonne politique de la jeunesse devait bénéficier de la volonté politique au plus haut niveau. Elle doit également se matérialiser par un cadre juridique adéquat, et les jeunes doivent être impliqués, pas seulement ceux des milieux aisés, a-t-il insisté. « Une politique pour la jeunesse doit en outre prendre en compte l’approche genre », a poursuivi M. Alhendawi, qui a déploré le fait que les jeunes femmes ont davantage de problèmes que les jeunes hommes.
Il faut aussi que toutes ces politiques en faveur des jeunes s’appuient sur des données fiables et que les ressources pour leur mise en œuvre soient disponibles, a-t-il martelé. Il s’est dit surpris de voir que très souvent, on ne fait pas confiance aux organisations de jeunes et aux jeunes en général sous le prétexte fallacieux qu’ils ne savent pas gérer des fonds. Battant en brèche cette idée, il a fait observer que la plupart des nouveaux milliardaires du monde sont des jeunes de moins de 30 ans.
De toutes les façons, a averti un représentant de la jeunesse d’Europe, si les jeunes ne sont pas inclus dans les processus, alors le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sera voué à l’échec.
Thème prioritaire: stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous (E/CN.5/2017/3)
Suite du débat général
Mme AISHA JUMMAI ALHASSAN, Ministre des affaires féminines et du développement social du Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, a fait remarquer que si les taux de croissance des États africains étaient élevés, les économies de ces pays restaient à la traîne. Pour avancer, l’Union africaine a adopté l’Agenda 2063 ainsi que d’autres programmes d’action pour traiter des inégalités.
Elle a également parlé de ce qui était fait en faveur de la jeunesse et assuré que les pays africains adoptaient des mesures pour parvenir à un développement durable qui leur soit profitable. Les jeunes doivent, notamment, avoir accès à un système de santé de qualité, a-t-elle dit, avant de rappeler que l’Union africaine avait pris pour thème cette année l’investissement pour la jeunesse.
La Ministre a insisté sur le caractère indispensable de l’institution de la famille. Le renforcement des systèmes d’appui traditionnels aux personnes vulnérables est un autre axe des efforts des pays de l’Afrique, a-t-elle indiqué.
Parlant ensuite en sa capacité nationale, la Ministre a indiqué que le Nigéria s’était engagé à éradiquer la pauvreté en agissant sur plusieurs fronts. Elle a mentionné un programme d’investissement social lancé en 2016, ainsi qu’un programme intitulé « N-POWER » en faveur de l’emploi des jeunes. Le Nigéria s’est aussi doté d’un Fonds national pour l’autonomisation des femmes. Un programme de cantine scolaire permet de fournir des repas gratuits aux élèves, a-t-elle également indiqué.
Un autre pilier d’éradication de la pauvreté du Nigéria est basé sur une initiative qui promeut l’entreprenariat, en accordant des prêts sans intérêt avec une enveloppe de 140 millions de dollars. En outre, pour multiplier la production agricole, le Nigéria mène un programme qui fournit des engrais aux agriculteurs. La Ministre a également mentionné le programme de logement national qui offre des abris abordables aux plus nécessiteux.
En outre, a-t-elle poursuivi, le Nigéria œuvre en faveur des personnes handicapées avec un système de distribution d’appareils et d’équipement adaptés. Enfin, la Ministre s’est félicitée de la libération de 21 jeunes filles enlevées par Boko Haram et assuré que son gouvernement s’employait à les réhabiliter en évitant la stigmatisation.
Mme CAYETANA ALJOVÍN GAZZANI, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a présenté les mesures mises en place pour l’éradication de la pauvreté dans son pays, notamment grâce à la fourniture d’un accès à l’eau, à l’éducation, à la santé, et ce, pour tous les Péruviens. Actuellement, le taux de pauvreté et celui de la pauvreté extrême sont respectivement de 20,4% et 3,4%. « Nous œuvrons notamment pour réduire la vulnérabilité urbaine », a-t-elle expliqué, sachant que 77% des Péruviens vivent en zone urbaine et que 45% de cette population est pauvre.
Une autre priorité est de combler le fossé en ce qui concerne les services de base (eau, assainissement, électricité). Le Pérou veut aussi réduire les cas d’anémie chez les enfants, a-t-elle ajouté avant de parler aussi des zones exclues, comme l’Amazonie, où les services de téléphonie mobile sont fournis. Enfin, elle a souligné l’importance du rôle du secteur privé dont la participation est encouragée pour réduire la pauvreté.
Mme OTIKO AFISAH DJABA, du Ministère ghanéen du genre, de l’enfance et de la protection sociale, a indiqué que des programmes avaient été introduits ces dernières années afin de lutter contre la pauvreté par les autorités du Ghana. Le pays a mis en œuvre un cadre de protection sociale intégré qui favorise la création d’emplois. Elle a noté que les progrès de ce programme seront mesurés à l’aune des indicateurs des objectifs de développement durable.
L’objectif global est d’établir un véritable système de sécurité sociale. Cela passe, a-t-elle expliqué, par la promotion de l’autonomisation des femmes, notamment en favorisant leur implication dans la vie publique et politique. Elle a également parlé de mesures en faveur d’enfants, de personnes âgées, des handicapés, et d’autres groupes vulnérables.
Mme PAULINE IRÈNE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a indiqué que le Gouvernement camerounais avait placé la lutte contre la pauvreté au cœur de ses investissements. En 2009, le pays a établi un document de vision de développement du pays à l’horizon 2035, afin de faire du Cameroun un pays émergent. Un cadre de développement économique a été également mis en place afin de favoriser certains secteurs clefs tels que ceux de l’industrie extractive et surtout de l’agriculture.
Elle a cité un certain nombre de projets en rapport au secteur agricole, notamment en faveur des jeunes ruraux. En matière d’emploi, le Gouvernement a initié, l’an dernier, un plan triennal « spécial jeunes » d’insertion professionnelle d’un million et demi de jeunes, financé à hauteur de 102 milliards de francs CFA.
Mme ALELI B. BAWAGAN (Philippines), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a assuré que son pays redoublait d’efforts pour renforcer son économie et donner des chances égales à tous, grâce à une bonne utilisation des ressources et une tolérance zéro pour la corruption. Les Philippines ont mis en place un système de santé universel, qui permet de couvrir 9 citoyens sur 10, gratuitement pour une certaine catégorie de la population ainsi que pour les personnes handicapées.
Par ailleurs, le Gouvernement a repris les pourparlers de paix avec le Front démocratique national, a-t-elle rappelé en s’appuyant sur l’Accord global sur le Bangsamoro signé en 2014. Elle a aussi parlé des transferts de fonds en faveur des autochtones et de personnes handicapées, qui bénéficient à plus de 10 millions d’enfants. L’an dernier, a-t-elle indiqué, une nouvelle loi a modifié la grande charte pour les personnes handicapées en accordant à celles-ci des avantages plus importants, grâce à des revenus fiscaux.
M. ADRIAN MARIUS DOBRE (Roumanie) a affirmé que son pays misait sur la lutte contre l’exclusion sociale, en vue de parvenir à la prospérité de la nation. La façon la plus efficace est de créer des emplois, a-t-il relevé, en expliquant les mesures prises à cet effet, sans oublier de viser le développement personnel. Le Gouvernement roumain assure un suivi de l’application de ces mesures, a-t-il précisé, avant de mentionner l’octroi de microcrédits et la création d’emplois verts. Le représentant a expliqué que ces mesures étaient soutenues par des cadres fiscaux adéquats.
Par ailleurs, afin d’encourager la mobilité des travailleurs, le Gouvernement subventionne partiellement le loyer de citoyens qui se déplacent à cause de leur emploi. Il a donné des précisions sur le système de protection sociale qui complète ces politiques, parlant notamment du revenu minimum d’insertion qui sera appliqué à partir de 2018.
M. OSMANI (Afghanistan) a rappelé que son gouvernement avait présenté, lors d’une réunion du Groupe g7+ à Kaboul, l’an dernier, son New Deal d’évaluation des fragilités sur le « sentier de l’Afghanistan vers la résilience et la stabilité ». Il a aussi indiqué avoir adopté le Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan, présenté à la Conférence de Bruxelles en octobre 2016. Il a présenté l’infrastructure de développement de son pays, qui passe par la coopération régionale.
Le représentant a souligné l’importance du secteur privé, se félicitant de l’augmentation du volume des exportations qui atteint aujourd’hui 570 millions de dollars, soit 150 millions de plus qu’en 2013. En ce qui concerne le développement social, il a fait part des efforts menés pour faire participer les femmes à la vie politique, avec notamment cinq femmes et un grand nombre d’Afghanes diplomates.
Le représentant a ensuite présenté les mesures prises pour garantir le bien-être des personnes handicapées et pour fournir les services de santé et l’éducation nécessaire à sa population. Dans le cadre de la Décennie de la transformation 2015-2024, l’Afghanistan fait face au défi de la pauvreté et du terrorisme, avec l’aide de l’ONU, a-t-il assuré.
M. IURIE TABUNCIC (République de Moldova) a souligné que la lutte contre la pauvreté devait être au cœur des efforts internationaux de développement. En 2016, le Gouvernement a engagé le processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable. Il a estimé que des changements structurels étaient inévitables afin d’avoir un modèle qui favorise l’essor de l’industrialisation.
Il a aussi appelé à œuvrer en faveur de l’épanouissement de la jeunesse, toutes les catégories de jeunes, a-t-il précisé. Il a également indiqué que la participation des jeunes allait être promue dans son pays, notamment en ce qui concerne les processus de prise de décisions sur les sujets les concernant.
M. JAN ZLONICKY, Ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a déclaré que 14% de la population de son pays était exposée au risque de pauvreté et d’exclusion sociale. C’est le troisième taux le plus bas parmi les pays de l’Union européenne, a-t-il dit. Il a déclaré que la stratégie suivie par son pays visait à promouvoir l’accès au logement, à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé en vue de ramener le taux de pauvreté et d’exclusion à son niveau de 2008.
Le Ministre a détaillé la politique de son pays pour remédier au phénomène des sans-abri et permettre aux individus ayant perdu leur domicile ou en passe de le perdre d’avoir accès aux services et ressources nécessaires. Les résultats de cette politique sont évalués annuellement, a-t-il noté. M. Zlonicky a enfin mentionné les efforts de son pays visant à développer le logement social, avec, notamment, une loi sur le sujet qui est en cours d’examen et qui, a espéré le Ministre, permettra de contribuer à remporter la bataille contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
M. SIDY GUEYE, Secrétaire général du Ministère de la femme, de la famille et de l’enfance du Sénégal, a déclaré que son gouvernement avait mis en place des programmes ciblant notamment les jeunes et les femmes, identifiés comme les groupes sociaux les plus vulnérables. Les projets visant ces groupes sont ainsi mis en œuvre dans tout le pays. La lutte contre l’exode rural a aussi guidé la mise en place de projets pour les jeunes ruraux et dans le domaine agricole notamment.
Le Projet de promotion des jeunes (PPJ) propose également des services de santé sexuelle et reproductive aux jeunes. Une carte d’égalité des chances permet en outre d’offrir un certain nombre de facilités aux personnes handicapées, tandis que le Programme d’appui à la promotion des aînés a permis de réaliser, en 2016, un nombre total de 624 projets socioéconomiques individuels et collectifs en faveur des personnes âgées.
M. NICHOLAS N. BOTONGORE (Kenya) a présenté la feuille de route de son pays pour le développement, appelée « Vision 2030 », qui s’appuie sur trois piliers (économique, social et politique) et qui a pour but de transformer le pays en nation prospère et d’assurer aux citoyens une bonne qualité de vie. L’objectif est de passer de statut de pays à revenu moyen à celui de pays industrialisé d’ici à 2030. Il a énuméré les réformes adoptées dans plusieurs domaines, comme la gestion des risques de sécheresse, l’accès à l’emploi, l’agriculture et la productivité.
Le Gouvernement promeut l’autonomisation de la population grâce à des programmes dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’assainissement. Il a mentionné les politiques de promotion de l’égalité homme-femme, ainsi que celles en faveur de l’emploi des personnes handicapées qui se voient réserver 5% des emplois. Le pays a adopté un programme de protection sociale en 2013, pour étendre la couverture sociale et améliorer sa qualité. Le représentant a cité, en outre, les mécanismes d’inclusion des personnes âgées et de développement social des familles.
M. BERZACK MAPHAKWANE (Botswana) a indiqué que son pays assurait à la population l’accès aux services sociaux tels que l’éducation, l’eau propre, l’assainissement, la santé et la sécurité alimentaire. De plus, les petites et moyennes entreprises bénéficient de mesures qui leur permettent de créer des revenus et, en conséquence, contribuer à la lutte contre la pauvreté. Il a présenté le système de protection sociale du Botswana, axé sur l’humain, qui prévoit notamment des transferts de fonds aux personnes les plus touchées par la pauvreté.
Notant que le manque d’opportunités d’emploi s’ajoutait à la faiblesse de la formation des jeunes, le Botswana a créé le Fonds de développement de la jeunesse qui alloue des fonds supplémentaires aux écoles. Les jeunes qui bénéficient de bourses dans ce cadre doivent travailler à des projets visant la création d’emploi pour d’autres jeunes, a-t-il expliqué. Les personnes handicapées bénéficient, elles, de programmes d’entreprenariat, d’accès à la terre et d’éducation. Quant aux personnes âgées, le Gouvernement mène une sensibilisation sur leurs problèmes, au cours de la journée spéciale qui leur est consacrée chaque année.
M. ZHUGAIEVYCH (Ukraine) a déclaré que son pays entendait lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Dans le document stratégique de lutte contre la pauvreté, les propositions des syndicats ont été prises en compte. Le salaire minimum devrait être multiplié par deux pour sortir deux millions de travailleurs de la pauvreté, a-t-il plaidé. Il a en outre relevé que le conflit dans l’est du pays avait augmenté la précarité de l’emploi en Ukraine. .
M. ZANE DANGOR (Afrique du Sud) a dit appuyer la vision selon laquelle il faut cibler les plus vulnérables afin d’assurer la justice sociale. Il a déploré que certaines tendances politiques et des « nationalismes économiques » semblent aujourd’hui attiser les pratiques discriminatoires.
Il a dit que cette session se tenait alors que les aspirations vers un ordre économique mondial plus équitable étaient menacées. « Pointer du doigt les gens en les identifiant par leur statut migratoire ou leur religion n’est pas la solution pour la réduction des inégalités », a-t-il argué. Il a expliqué que, de par son histoire, l’Afrique du Sud s’engageait à être le défenseur de tous les droits de l’homme.
M. CUENI (Suisse) a reconnu que s’il faut une bonne protection sociale au plan national, ce sont les autorités locales qui sont au front de la lutte contre la pauvreté. En Suisse, un programme national encourage les différents acteurs de la lutte contre la pauvreté à s’engager dans leurs priorités respectives. Il a indiqué que les personnes pauvres étaient consultées à propos des politiques et mesures qui les concernaient, en collaborant aussi avec les organisations nationales de personnes pauvres. Sur le terrain, il a dit la nécessité de composer avec ces personnes en respectant leur projet de vie.
Pour éviter que les personnes sorties de la pauvreté n’y retombent, la Suisse a adopté des mesures dans les domaines de la santé et de l’éducation. La protection sociale à l’échelle nationale est un outil important, a-t-il aussi reconnu, en attirant l’attention sur la Déclaration sur la justice sociale adoptée en 2008 par l’Organisation internationale du Travail (OIT), ainsi que sur la recommandation de cette organisation relative au socle de protection sociale. La Suisse a d’ailleurs ratifié plusieurs conventions de l’OIT, dont la Convention no 189 sur les travailleurs domestiques.
M. TANMAYA LAL (Inde) a estimé que les bénéfices de la mondialisation avaient été distribués de manière déséquilibrée, se plaignant aussi du fossé technologique entre les pays. Notant qu’une personne sur 10, dans le monde, vit dans la pauvreté, il a jugé cette proportion trop importante tout en se félicitant des progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté. L’Inde compte un sixième de la population mondiale, a-t-il souligné en présentant les mesures prises dans son pays pour contribuer à cette lutte.
Dans le secteur agricole, l’Inde a amélioré les systèmes d’irrigation, l’accès aux assurances et aux marchés, les techniques de recensement à distance, ainsi que les techniques numériques. Comme autre progrès, il a indiqué que de nombreux Indiens avaient maintenant des comptes bancaires et des cartes d’identité numériques. Il a estimé que les Nations Unies étaient une plateforme unique pour le partage des expériences et des compétences. L’Inde, a-t-il ajouté, présentera son examen national volontaire en juillet prochain.
Mme LISE GREGOIRE-VAN HAAREN (Pays-Bas) a indiqué que son pays avait investi 7 milliards de dollars en 2015 dans des programmes d’assistance internationale. Les niveaux de pauvreté sont assez bas aux Pays-Bas, mais les crises économiques récentes ont terni ce tableau. Avoir un emploi permet de stimuler la participation à la société, a-t-elle noté, tout en soulignant que la pauvreté était mieux combattue au niveau local, par le biais des municipalités. Elle a appelé à tenir compte de la nature multidimensionnelle du phénomène de pauvreté, invitant les pays qui en ont les moyens à aider ceux qui nécessitent un soutien pour lutter contre la pauvreté.
M. DIANGUINA DIT YAYA DOUCOURÉ (Mali) a présenté son cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté 2012-2017 et son plan décennal de développement sanitaire et social 2014-2023. Il a énuméré les orientations de son programme de développement, qui sont les suivants: renforcement de la solidarité et lutte contre l’exclusion; promotion de l’intégration socioéconomique des personnes âgées, des personnes handicapées, des femmes et des enfants en situation difficile; renforcement de l’action humanitaire et de l’aide sociale pour les indigents et les personnes victimes de catastrophes naturelles.
Le représentant a présenté les mesures favorisant l’accès à l’emploi et aux services de base. Le Gouvernement a, par exemple, mis en place depuis 2007 des milliers de logements sociaux décents au bénéfice des Maliens à revenu faible et intermédiaire. Il a aussi présenté la politique nationale de protection sociale, avec l’assurance maladie obligatoire et le régime d’assistance médicale qui bénéficient à plus d’un million de Maliens. Enfin, il s’est félicité d’une loi instituant des mesures de promotion du genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.
Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) s’est félicitée des succès de la lutte contre la pauvreté dans son pays. Elle a noté la persistance de disparités entre zones rurales et urbaines dans le pays. Le Gouvernement s’assure que ceux qui sont sortis de la pauvreté n’y retombent plus, notamment en leur donnant « du poisson et la canne à pêche » en même temps.
Elle a plaidé pour davantage d’implication des femmes et des jeunes dans l’élaboration des politiques de lutte contre la pauvreté. Elle a invité les partenaires du pays à continuer de soutenir les initiatives engagées par le Gouvernement.
M. JEAN-CLAUDE DO REGO (Bénin) a indiqué que son pays s’était résolument tourné vers la réalisation d’une croissance économique durable et inclusive, à travers l’adoption puis le lancement officiel, le 16 décembre 2016, du Programme d’action gouvernemental intitulé « Bénin révélé ».
Ce programme, qui couvre la période 2016-2021, envisage la consolidation de la démocratie, de l’état de droit et la bonne gouvernance; la transformation structurelle de l’économie; et l’amélioration des conditions de vie des populations. À l’horizon 2021, le Gouvernement entend créer pas moins de 500 000 emplois, en particulier au profit des jeunes et des femmes. De nombreux filets sociaux déjà existants vont être renforcés, et quatre millions de Béninois vont bénéficier de l’assurance médicale universelle.
M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a expliqué que, depuis 10 ans, son pays faisait des progrès dans les processus sociaux, grâce aux mesures politiques comme aux actions menées par la société civile. « Nous apprécions le réveil des citoyens qui participent activement aux débats sur le développement durable », a-t-il dit. Pour le Chili, c’est à l’État de corriger les inégalités qui résultent du déséquilibre du marché.
Depuis 1990, les différents gouvernements du Chili ont lutté contre ces inégalités, a-t-il expliqué, en regrettant que les problèmes locaux soient amplifiés par les relations de pouvoir au niveau international qui fixent les normes du commerce et de la production. En matière d’environnement, il s’est plaint de la surexploitation des ressources naturelles et des conséquences du réchauffement climatique.
Dans un monde où 1% de la population détient la moitié de la richesse mondiale, le problème n’est pas la croissance mais la distribution de la richesse, a fait remarquer le représentant. Le Chili mesure désormais la pauvreté non plus en fonction des revenus, mais de manière multidimensionnelle.
L’analyse des inégalités dans le pays montre que les disparités dans la distribution des revenus augmentent quand c’est le marché qui régule seul l’équilibre, tandis que les inégalités diminuent quand l’État opère des transferts monétaires au bénéfice des familles. Le représentant a enfin indiqué que son pays était en train de se coordonner pour rédiger son rapport national sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. KHALED KHIARI (Maroc) a indiqué que les politiques sociales de son pays avaient été modifiées au cours de ces dernières années. Le Maroc a adopté une approche fondée sur les droits pour assurer le développement, en particulier les droits de l’homme, et cela a été inscrit dans la Constitution marocaine. « Nous cherchons à lutter contre l’exclusion dans les territoires ruraux et les zones pauvres », a-t-il dit. En outre, une politique vise les droits des femmes pour garantir leur inclusion dans les politiques publiques. Il a aussi parlé d’un projet de loi sur la lutte contre la violence sexiste.
S’agissant des enfants, une politique les protège contre toute forme de violence. Dans le domaine de l’aide sociale, le représentant marocain s’est félicité de l’amélioration des services offerts aux citoyens pauvres, grâce notamment à un fonds de cohésion sociale et à une aide qui bénéficie à 800 000 étudiants.
Faire avancer les droits des personnes handicapées est une autre priorité du Maroc qui a signé la Convention relative à ces personnes. Le délégué a évoqué la loi-cadre qui a pour but d’appliquer les dispositions de cette convention, ainsi que l’existence d’un comité chargé d’examiner les avancées en la matière.
Mme CHIDINMA ONYEJIUWA, de la Bilie Human Rigths Initiative, une organisation représentant des peuples autochtones de la région du Biafra au Nigéria, a indiqué que ceux-ci étaient pétris de talent mais manquaient de débouchés. Elle a relevé que si des politiques conséquentes étaient mises en place, les jeunes ne seraient plus tentés par des actes illégaux. Elle a aussi précisé que l’autonomisation de ces jeunes passait par l’éducation et l’existence de moyens de production.
Exerçant son droit de réponse, la représentante de la Fédération de Russie a rappelé que la Crimée faisait partie du territoire de son pays après le référendum de 2014. La déclaration de l’Ukraine est une tentative de politiser la question, a-t-elle estimé, notant qu’elle n’avait pas de lien avec les points à l’ordre du jour de la Commission du développement social.