En cours au Siège de l'ONU

8113e séance – matin
CS/13091

Syrie: le huitième cycle de pourparlers de Genève, un « moment de vérité » pour les parties au conflit, affirme l’Envoyé spécial de l’ONU au Conseil de sécurité

À la veille du huitième cycle de pourparlers intrasyriens, « moment de vérité » qui s’ouvrira demain à Genève, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, a annoncé avoir été informé, « hier soir », par Damas, qu’aucune délégation n’avait encore quitté le pays pour participer à ce processus supervisé par l’ONU.

Selon le haut fonctionnaire, le Président syrien, M. Bashar Al-Assad, avait pourtant assuré, le 24 novembre dernier à Sotchi, à son homologue russe, M. Vladimir Putin, qu’il ne souhaitait pas « faire machine arrière » et était déterminé à se lancer sur « la voie d’un règlement politique » du conflit qui fait rage dans son pays depuis plus de six ans. 

S’exprimant depuis Genève par visioconférence, M. de Mistura a annoncé qu’en revanche, l’opposition syrienne serait, pour la première fois, représentée à la table des négociations par une délégation « unie », fruit d’un processus mené à Riyad, en Arabie saoudite.

À cette occasion, a-t-il assuré, « le terrorisme a été rejeté au profit d’un processus politique », et la délégation chargée de se rendre à Genève « sans conditions préalables », comme cela est exigé des parties.  Plus de 200 représentants de la société civile seront également présents à Genève, y compris le Conseil consultatif des femmes syriennes.

Malgré l’effondrement des bastions de Daech à Raqqa et Deïr el-Zor, l’Envoyé spécial s’est toutefois dit préoccupé par l’« incroyable escalade » récente de la violence dans la Ghouta et la « restriction de l’aide humanitaire » dans ces faubourgs de Damas, exhortant les parties à cesser les hostilités.  Les représentants de l’Uruguay et de la Bolivie se sont pour leur part félicités des progrès observés dans les « zones de désescalade » négociées dans le cadre du processus d’Astana.

D’une manière générale, M. de Mistura s’est déclaré favorable aux initiatives parallèles au processus politique défini par les paramètres de la résolution 2254 (2015).  Outre la réunion de Riyad, il a mentionné les « réunions importantes » qui se sont tenues à Sotchi et à La Haye, lesquelles pourraient contribuer à de « véritables négociations » à Genève, de même que l’initiative de la France visant à réunir sur place les membres permanents du Conseil de sécurité.

Il s’est d’ailleurs félicité que les Présidents russe et américain, MM. Putin et Trump, viennent tous deux de réaffirmer que le processus politique passe par la pleine mise en œuvre de la résolution 2254 (2015), dont les dispositions principales sont « une gouvernance crédible, inclusive et non sectaire », et l’arrêt d’un calendrier et les modalités d’une nouvelle constitution, suivie d’élections « libres et régulières » sous la supervision de l’ONU, avec, a ajouté M. de Mistura, « la participation de tous les Syriens, y compris la diaspora et les réfugiés ».

La Fédération de Russie, a précisé le haut fonctionnaire, continue également d’œuvrer à son projet de « grand rassemblement » ou de « congrès des peuples de Syrie », sans aucune date fixe pour l’heure.  Moscou, a-t-il ajouté, a demandé l’appui de l’ONU pour la tenue de cette conférence, une proposition qui « doit être considérée à part égale avec toute les autres », toujours avec pour objectif de renforcer le processus de négociations et de mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).

La Bolivie a apporté son appui à la mise en œuvre complète de ce texte et des objectifs principaux du processus de négociation de Genève, qui, outre la bonne gouvernance, l’adoption d’une nouvelle constitution et la tenue de nouvelles élections, inclut la lutte contre le terrorisme.  Le représentant bolivien a également appelé les parties syriennes à progresser sur la question des « personnes détenues, séquestrées et disparues », sur laquelle « il n’est pas possible de faire l’impasse ».

Pour sa part, le délégué de l’Uruguay a estimé que, « tôt ou tard », les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en Syrie devront être tenus pour responsables de leurs actes.  Il a regretté que la « victoire » militaire du Gouvernement syrien ait été obtenue au « prix d’un coût humain, social et économique sans précédent », celui de la reconstruction ayant été chiffré à plus de 250 milliards de dollars par M. de Mistura. 

Tout en appuyant l’intégralité des initiatives visant à mettre fin aux hostilités, le représentant uruguayen a apporté son soutien aux efforts récents visant à unir l’opposition syrienne sous une même bannière et à s’assurer de la participation « réelle » du Gouvernement syrien au processus de Genève.  Il a également appelé les garants de l’accord d’Astana –Fédération de Russie, Turquie et Iran– à finaliser les termes de l’accord censé garantir l’accès humanitaire dans les zones de désescalade, ainsi qu’à prendre des mesures de confiance mutuelles, ce qui devrait, selon lui, être facilité par la défaite de Daech.  Le représentant a enfin insisté sur la nature purement transitoire de ces zones, qui ne doivent aucunement remettre en cause l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie.

En début de séance, une minute de silence a été observée en mémoire des victimes de l’attentat terroriste « odieux et lâche » qui a visé, le 24 novembre 2017, des fidèles priant à la mosquée Raouda, dans la localité de Bir al-Abed, dans le Sinaï, en Égypte.

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