En cours au Siège de l'ONU

8081e séance – après-midi
CS/13049

Conseil de sécurité: en Syrie, une crise humanitaire toujours aiguë, marquée par des déplacements massifs de population, selon le Coordonnateur des secours d’urgence

Avec plus de 13 millions de personnes à l’intérieur de la Syrie en besoin d’assistance, dont 6,3 millions « excessivement vulnérables », l’impact de la crise dans ce pays est toujours très profond, a constaté, cet après-midi, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock. 

« Le conflit et les violations du droit international humanitaire restent le principal facteur de cette situation », à l’origine de déplacements toujours massifs, a déclaré, par visioconférence depuis Amman, celui qui est aussi le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU.  En dépit d’un léger déclin du nombre total de personnes déplacées depuis un an –de 6,3 à 6,1 millions–, le nombre de nouveaux déplacements est élevé, avec 1,8 million de personnes entre janvier et septembre 2017.

M. Lowcock s’est dit tout particulièrement préoccupé par les frappes aériennes dirigées contre les civils et les infrastructures civiles dans la province de Raqqa, qui est touchée par des affrontements.  « Daech a été expulsé, mais après des années d’oppression et pratiquement un an de combats acharnés, les besoins humanitaires continueront d’être criants pour un certain temps encore », a expliqué le haut fonctionnaire, en mentionnant le chiffre de 436 000 personnes fuyant l’ancien fief de l’organisation terroriste, en outre infesté de mines terrestres.

Dans la province de Deïr el-Zor également, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, les combats et les frappes aériennes se poursuivent, provoquant pertes humaines, blessures et déplacements à large échelle, 350 000 personnes depuis août, dont 250 000 rien qu’au mois d’octobre, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Parallèlement, dans la province de Homs, pendant plus de 20 jours ce mois-ci, Daech aurait exécuté au moins 128 personnes au cours d’attaques commises en représailles contre des civils accusés de collaborer avec le Gouvernement syrien.  Pendant ce temps, 50 000 Syriens environ demeurent coincés dans le désert à Rubkan, le long de la frontière avec la Jordanie.  Leur situation, a prévenu le haut fonctionnaire, risque de s’aggraver à l’approche de l’hiver.

Dans son rapport*, que M. Lowcock a présenté au Conseil de sécurité, le Secrétaire général indique qu’en septembre, près de trois millions de personnes vivaient dans des régions difficiles d’accès ou assiégées, en particulier la Ghouta orientale, l’une des quatre zones de désescalade dans lesquelles est concentrée près de 95% de la population assiégée du pays.

L’accès humanitaire sur place a été considérablement réduit depuis des mois, a déploré le Coordonnateur des secours d’urgence, en estimant qu’en septembre, à peine 110 000 personnes avaient pu bénéficier d’une aide humanitaire sur les 400 000 que compte la population de la Ghouta orientale, alors que le nombre d’enfants malnutris ne cesse de croître.

Dans ce contexte alarmant, l’ONU et ses partenaires continuent de mettre en œuvre une des plus vastes opérations humanitaires dans le monde.  « Nous venons en aide à des millions de personnes chaque mois.  En septembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a fourni une aide à plus de 3,3 millions de personnes, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), à plus de 1,5 million, et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à plus de 800 000 », a mentionné le haut fonctionnaire.

Dans les zones sous le contrôle du Gouvernement, entre janvier et août, l’ONU et ses partenaires de la société civile ont réussi à atteindre, en étroite coopération avec différents ministères, plus de quatre millions de personnes par mois, s’est cependant félicité M. Lowcock. 

Mais il a, à nouveau, regretté que les Nations Unies continuent de se heurter à des difficultés considérables pour répondre aux besoins humanitaires dans les régions difficiles d’accès ou assiégées.  Les progrès en matière de désescalade, dans ces régions, doivent se traduire par un accès humanitaire élargi, qui peine cependant à se matérialiser pour le moment.  Ainsi, au mois d’octobre, pas plus de 200 000 personnes ont pu recevoir une aide provenant des convois interagences.

« Comme je l’ai dit le mois dernier, l’assistance transfrontalière autorisée par la résolution 2165 (2014) du Conseil de sécurité est d’une importance vitale », a expliqué le Secrétaire général adjoint, en précisant que chaque mois, entre janvier et août de cette année, 2,76 millions de personnes avaient reçu une aide arrivée de l’extérieur par les points de passage.  Aussi a-t-il appelé de ses vœux à un renouvellement de cette autorisation, dont dépendent des millions de personnes. 

« Nous appelons les États bénéficiant d’une influence sur le Gouvernement syrien à faire en sorte que l’acheminement de l’aide se fasse de manière fluide, sûre et sans entrave », a exhorté le représentant de l’Uruguay.  Mais pour lever les « obstacles sérieux » qui se posent, Damas doit permettre la pleine mise en œuvre des plans bimensuels du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), notamment en délivrant tous les permis nécessaires aux acteurs concernés, a-t-il demandé. 

Son homologue de la Bolivie a pour sa part salué le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes sur le territoire de la République arabe syrienne pour le rôle qu’il a joué dans l’acheminement de l’aide.  Malgré cela, a déploré le représentant, le mois de septembre a été l’un des plus meurtriers pour les civils en 2017.  Il a par conséquent appelé à relancer le processus politique de Genève, l’objectif étant de pouvoir adopter des mesures de confiance mutuelles.

*    S/2017/902

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