Maintien de la paix: le Secrétaire général adjoint souligne, devant le Conseil de sécurité, les progrès et les lacunes dans la constitution des forces
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a détaillé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, les progrès et les lacunes constatés dans la constitution des forces de ces opérations, dans un contexte marqué par la tenue en novembre prochain, à Vancouver, de la Conférence des ministres de la défense sur le maintien de la paix, au cours de laquelle des engagements devraient être pris pour combler lesdites lacunes, en particulier capacitaires.
Certains pays contributeurs de troupes, dont le Bangladesh, ont profité de ce tout premier débat du Conseil sur ce sujet pour demander des mandats correspondant aux ressources allouées.
« La constitution des forces est une façon de mettre en œuvre la vision d’un maintien de la paix plus ajusté, agile et flexible, capable de répondre rapidement et avec pertinence aux besoins sur le terrain », a affirmé M. Lacroix, au début de son intervention.
La constitution des forces est par conséquent inséparable des efforts plus larges du Secrétariat pour rendre les opérations de maintien de la paix plus efficaces et responsables, a-t-il poursuivi. Au titre des progrès accomplis, le Secrétaire général adjoint a mentionné, à l’instar de la plupart des délégués, dont celui de la France, la création du Système de préparation des moyens de maintien de la paix en 2015.
Ce système nous permet de savoir en permanence quelles unités étaient disponibles et de mieux connaître le niveau de préparation, a expliqué M. Lacroix. Il a indiqué, qu’à ce jour, 81 États Membres ont enregistré des contributions dans le système, ce qui constitue « un succès impressionnant deux ans après sa création ».
Convenant que les problèmes disciplinaires constatés au sein de certaines missions entachaient la réputation de l’ONU, M. Lacroix a indiqué qu’un bataillon de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) avait pu être remplacé par trois différents contingents « en moins de 60 jours ».
M. Lacroix s’est dit ensuite déçu par le manque de progrès pour atteindre les cibles retenues s’agissant de la proportion de personnel féminin. Il a surtout insisté sur le manque d’éléments habilitants des missions, tels que les hélicoptères, des forces de réaction rapide et des unités de déminage des engins explosifs improvisés.
Pour y remédier, M. Lacroix a exhorté le Conseil à prendre en compte les lacunes actuelles et potentielles, avant d’adopter ou de renouveler un mandat.
Le Conseil devrait aussi s’assurer que le pays hôte se conforme pleinement aux accords agréés relatifs à la mission, a-t-il dit, tandis que certains délégués, tels que celui de la Bolivie, ont demandé le plein respect de la souveraineté du pays hôte.
De son côté, le délégué du Canada a assuré que la Conférence de Vancouver sera précisément l’occasion de combler les lacunes capacitaires et de faire le bilan des engagements pris. « Nous trouverons ensuite des solutions concrètes pour renforcer les partenariats sur les activités de formation et l’établissement d’une capacité entre les troupes de l’ONU, les forces policières et d’autres intervenants », a-t-il noté, ajoutant que l’objectif était de rehausser l’efficacité desdites opérations.
Il a précisé que des mesures concrètes pour éliminer l’exploitation et la violence sexuelles seraient examinées, répondant, ce faisant, aux vœux exprimés par de nombreux délégués.
Le délégué du Bangladesh a, lui, indiqué que son pays était le premier État Membre à avoir affecté 13 contingents et 50 observateurs et personnels au Système de préparation des moyens de maintien de la paix. Il a ensuite rappelé les engagements pris par les États Membres, lors du Sommet sur le maintien de la paix du 28 septembre 2015, en vue fournir 40 000 militaires et policiers ainsi que des hélicoptères, de l’ingénierie, de la logistique et d’autres moyens de transport.
« Les opérations continuent pourtant d’être grevées par des déficits criants de financement, de personnels et d’équipement », a noté le délégué du Sénégal.
Le délégué de la France a ainsi rappelé que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) souffrait d’un déficit en personnel de près de 2 500 hommes. Il a ensuite insisté sur les défis spécifiques des opérations en milieu francophone, une question qui devrait également être examinée lors de la réunion de Vancouver.
Son homologue du Royaume-Uni a, lui, préconisé d’intégrer des technologies modernes, comme les drones.
Enfin, la représentante des États-Unis a insisté sur l’engagement de son pays en faveur de programmes de formation pour résoudre les problèmes rencontrés par les composantes de police de ces opérations.
OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES
Constitution des forces stratégiques
Déclarations
M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé que c’était la première réunion du Conseil consacrée à la constitution des forces. Il a affirmé que le maintien de la paix devait être un outil « plus ajusté, agile et flexible », capable de répondre rapidement et avec pertinence aux besoins sur le terrain.
La constitution des forces est une façon de mettre en œuvre cette vision, a poursuivi M. Lacroix. « Cela implique d’identifier les besoins actuels et futurs des opérations et de communiquer de façon ciblée et soutenue avec les États Membres qui pourraient les combler. »
Il a salué les engagements pris par les États Membres pour combler les lacunes capacitaires des missions actuelles, renforcer certaines missions et faire face à de nouveaux déploiements. Les récentes réunions à Londres et à Paris ont permis d’annoncer des contributions pour des unités rapidement déployables et d’identifier les besoins spécifiques en milieu francophone, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.
« La création du Système de préparation des moyens de maintien de la paix a été décisive dans notre nouvelle approche de la constitution des forces, en nous permettant de savoir en permanence quelles unités étaient disponibles et de mieux connaître le niveau de préparation », a expliqué M. Lacroix. Il a précisé que 37 visites avaient été conduites en 2016. Ces visites permettent en outre d’expliquer aux pays contributeurs les spécificités techniques attendues et de mieux lutter contre les abus sexuels, a-t-il noté.
M. Lacroix a indiqué que ces visites avaient aussi permis des contributions additionnelles, comme les hélicoptères jordaniens qui seront déployés au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). « À ce jour, 81 États Membres ont enregistré des contributions dans le système, un succès impressionnant deux ans après sa création. »
Il a précisé que 29 unités du Système de préparation des moyens de maintien de la paix ont été déployées au sein notamment de la MINUSMA mais aussi de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).
Il a indiqué que la constitution des forces avait pour objectif clef de faciliter un déploiement plus rapide de capacités sur le terrain, avant d’insister sur la difficulté d’un tel déploiement. « Dans les semaines qui suivent l’adoption d’un mandat, jusqu’à ce qu’une mission atteigne un seuil opérationnel critique, des vies peuvent être perdues et notre crédibilité peut être entamée », a convenu M. Lacroix, en soulignant également les implications financières et les dangers d’un déploiement trop tardif.
Le Secrétaire général adjoint a mentionné les progrès accomplis à cet égard. « Le bataillon de la MINUSCA qui était en proie à des problèmes de discipline a pu être remplacé par trois différents contingents en moins de 60 jours », s’est-il félicité.
M. Lacroix a insisté sur les lacunes capacitaires persistantes, s’agissant notamment des éléments habilitants, tels que les hélicoptères, des forces de réaction rapide et des unités de déminage des engins explosifs improvisés.
Il s’est dit également déçu par le manque de progrès pour atteindre les cibles retenues s’agissant de la proportion de personnel féminin, a-t-il déclaré. Le Secrétaire général adjoint a souligné la nécessité de mieux lier la constitution des forces à la planification de chaque mission.
La conférence sur la constitution des forces de la MINUSMA en mai a été un jalon, en permettant aux États Membres de discuter de leurs futures contributions pour le Mali et de partenariats stratégiques pour des capacités critiques, a-t-il noté. M. Lacroix a exhorté les États Membres à fournir de nouvelles capacités et à partager le fardeau au Mali.
M. Lacroix a indiqué que le Conseil pouvait contribuer à répondre aux demandes capacitaires en prenant en compte les lacunes actuelles et potentielles, telles que pour la MINUSMA, avant d’adopter ou de renouveler un mandat. « Des mandats clairs, hiérarchisés, nous permettront de mieux guider et évaluer la performance des capacités. »
Prenant l’exemple de la MINUSS, le Secrétaire général adjoint a aussi invité le Conseil à faire en sorte que le pays hôte se conforme pleinement aux accords agréés relatifs à la mission et à en tirer les conséquences si cela n’est pas le cas.
La constitution des forces est inextricablement liée à la notion de performance, a continué M. Lacroix, en appelant le Conseil à remédier, avec le Secrétariat, aux cas de sous-performance ou de problèmes de conduite observés au sein d’une mission.
Enfin, M. Lacroix a exhorté le Conseil à encourager une constante amélioration et adaptation des missions via la constitution des forces et d’autres réformes, qui se nourriraient l’une l’autre et créeraient un cercle vertueux.
La constitution des forces est une initiative importante et relativement nouvelle, qui vise à un meilleur emploi des capacités et doit être vue comme faisant partie des efforts plus larges du Secrétariat pour que les opérations de maintien de la paix soient plus efficaces et responsables, a conclu M. Lacroix.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), qui présentait aux membres du Conseil un exposé sur la Cellule stratégique de constitution des forces et de planification des moyens, a notamment rappelé que les défis en matière de déploiement rapide étaient discutés de manière approfondie depuis 2015 et la publication du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.
Ce document, a-t-il indiqué, soulignait les difficultés rencontrées pour obtenir suffisamment de forces sur le terrain, et ce, dans les délais requis. Le représentant a ajouté que la résolution 2378 (2017) du Conseil de sécurité avait, « une fois encore », réaffirmé l’appui du Conseil aux observations et recommandations du Groupe indépendant.
Concernant les réponses apportées par son pays aux problèmes récurrents de constitution des forces, le représentant a indiqué que le Bangladesh était le premier États Membre à avoir affecté 13 contingents et 50 observateurs et personnels au Système de préparation des moyens de maintien de la paix.
Le représentant est également revenu sur le Sommet sur le maintien de la paix du 28 septembre 2015, que son pays avait coorganisé, et qui a représenté, a-t-il dit, un jalon dans le domaine stratégique de la constitution des forces. À cet occasion, des engagements furent pris par les États Membres de fournir 40 000 militaires et policiers ainsi que des hélicoptères, de l’ingénierie, de la logistique et d’autres moyens de transport.
Le représentant a souhaité que les États Membres s’appuient sur l’élan donné par le Sommet et améliorent encore la réponse aux besoins spécifiques des opérations de maintien de la paix, en particulier ceux de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH).
Par ailleurs, le représentant a souligné l’importance d’une féminisation accrue du maintien de la paix de l’ONU, l’objectif à atteindre étant une augmentation de la participation des femmes à ses opérations de 15% d’ici à la fin de 2017. M. Bin Momen a conclu en demandant au Conseil de sécurité de continuer à prêter attention aux suggestions des pays contributeurs de troupes et de définir des mandats correspondant aux ressources allouées.
M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a indiqué qu’il n’était pas possible de combler les lacunes relatives aux capacités des opérations de maintien de la paix de l’ONU en affectant seulement des ressources sur le terrain. « Il faut fournir aux troupes la formation, les capacités et l’équipement, et ce, en temps opportun », a-t-il dit.
Il a mentionné l’accueil par son pays, les 14 et 15 novembre prochain, à Vancouver, de la prochaine Conférence des ministres de la défense sur le maintien de la paix, en vue de combler l’écart entre les besoins opérationnels des opérations de maintien de la paix de l’ONU et les « formidables capacités » des États.
Les États annonceront de nouveaux engagements en matière d’opérations de maintien de la paix, a-t-il assuré, avant de souligner les attentes élevées placées en cette conférence.
Les participants combleront les lacunes relatives à la capacité de ces opérations et feront le bilan des engagements pris, a poursuivi le délégué. Il a précisé que cela comprendrait le renforcement des capacités liées au sexe, aux forces policières participant à ces missions et aux opérations de maintien de la paix en milieu francophone.
« Nous trouverons ensuite des solutions concrètes pour renforcer les partenariats sur les activités de formation et l’établissement d’une capacité entre les troupes de l’ONU, les forces policières et d’autres intervenants », a noté M. Blanchard, ajoutant que l’objectif était de rehausser l’efficacité desdites opérations.
Il a jugé qu’il était temps que les forces militaires et policières, de même que le Secrétariat, collaborent plus étroitement avant de déployer des troupes sur le terrain pour que les hommes et les femmes qui les composent reçoivent la même formation.
« Nous examinerons comment nous pouvons mieux protéger les personnes à risque, en veillant à ce que les stratégies soient conformes aux réalités sur le terrain », a-t-il dit. Il a précisé que les mesures concrètes pour éliminer l’exploitation et la violence sexuelles seraient notamment examinées.
Le délégué a indiqué que la Conférence aura pour autre objectif de favoriser la cohérence des alertes précoces et le déploiement rapide en établissant des approches, des capacités et des technologies novatrices pour améliorer les alertes précoces, l’analyse rapide et les capacités de planification. « Nous étudierons également les moyens pour réduire le temps de démarrage des nouvelles missions et nous nous assurerons de satisfaire aux exigences du déploiement rapide de l’ONU d’ici à 2018. »
Enfin, M. Blanchard a souligné la nécessité d’améliorer le recrutement du personnel féminin au sein de ces opérations.
Pour M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni), l’ONU doit disposer de la capacité de déployer dans les délais les plus stricts les personnels du maintien de la paix là où ils sont nécessaires. Il a préconisé d’intégrer à cette fin les technologies modernes, comme les drones, « mais il en existe d’autres que nous pourrions utiliser pour répondre aux besoins futurs des missions ». Lesquelles missions sont supposées évoluer en fonction de la situation sur le terrain, ce qui justifie de renoncer à la pratique consistant à « fixer des plafonds de contingents arbitraires » pour leur préférer du sur-mesure.
Ainsi, le mois prochain, au moment où le Conseil de sécurité devra proroger le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), il ne fait guère de doute que plusieurs membres du Conseil de sécurité demanderont une hausse des effectifs autorisés, a annoncé le représentant britannique.
Sa délégation serait davantage favorable à un redéploiement des forces en présence dans les « points chauds » où l’action des Casques bleus peut faire une différence.
M. FODÉ SECK (Sénégal) a constaté lui aussi que les opérations de maintien de la paix continuent d’être grevées par des déficits « criants » de financement, de personnels et d’équipement. Elles peinent également à atteindre leurs capacités dans la composante civile, notamment dans les missions multidimensionnelles, déployées dans des environnements complexes, où pèsent des menaces asymétriques.
Pour sa délégation, les capacités requises pour une pleine mise en œuvre font défaut dans nombre de situations où les missions sont déployées en l’absence de processus politique et de stratégie de sortie de crise, ce qui ne fait que prolonger indéfiniment la durée de vie des opérations de maintien de la paix. C’est la raison pour laquelle une nouvelle réflexion s’impose selon le représentant.
Ainsi, le Sénégal a-t-il fait l’expérience du concept de déploiement mutuel aux côtés de la Guinée, dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Par ailleurs, le Sénégal avait proposé, avec le Burkina Faso, le déploiement d’hélicoptères de manœuvre en Côte d’Ivoire, à l’époque où était déployée l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). De telles approches peuvent s’ouvrir à des partenariats internationaux, a préconisé le représentant.
M. Seck émis l’espoir que le prochain sommet de Vancouver permettra d’imprimer un nouvel élan aux « promesses de contributions intelligentes ».
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rappelé que l’ONU dépendait des États Membres pour fournir les capacités de ses missions de maintien de la paix. Il a jugé essentielle l’adoption d’une nouvelle approche s’agissant de combler les lacunes capacitaires des missions.
La mise en place du Système de préparation des moyens de maintien de la paix est un pas important, a-t-il dit, avant de plaider pour des formations du personnel plus étoffées. Le délégué a demandé des consultations plus fréquentes avec les pays contributeurs de troupes afin de prendre des décisions éclairées.
Une intensification de la coopération triangulaire entre le Secrétariat, le Conseil et les pays contributeurs de troupes est essentielle, a-t-il affirmé. Le délégué s’est réjoui de la prochaine tenue de la Conférence de Vancouver.
Enfin, il a demandé le renforcement des capacités des missions de maintien de la paix de l’Union africaine, celles-ci étant bien souvent déployées avant que l’ONU n’arrive.
M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré que le rôle du Secrétariat, qui supervise la constitution des forces en vue de permettre la meilleure mise en œuvre des mandats du Conseil, était essentiel pour combler les lacunes identifiées. Par conséquent, le Japon exhorte le Secrétariat à continuer de conduire des efforts réalistes pour faciliter l’adaptation des missions aux réalités du terrain, a-t-il dit.
M. Bessho a affirmé que le succès de la constitution des forces reposait sur le déploiement au bon moment de Casques bleus dotés des capacités adéquates. Le Japon souligne que la formation et les capacités sont essentielles à la réussite des déploiements et il fait sienne la recommandation du Secrétaire général de mener une réflexion sur l’élaboration d’un mécanisme dédié à la formation et au renforcement des capacités, a également noté le représentant.
Pour le représentant, la réussite, en début d’année, de la Conférence sur la constitution des forces de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a offert un modèle positif qui pourrait être dupliqué afin de maximiser les bonnes pratiques des autres missions de l’ONU.
M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a préconisé que le Département des opérations de maintien de la paix accroisse davantage les capacités de réponse des États Membres déjà dotés de moyens de déploiement rapide. Cela permettrait de réagir de façon plus immédiate encore dans des contextes de crises où le déploiement des Casques bleus est en cours, a-t-il dit.
Il a ainsi estimé que l’amélioration du Système de préparation des moyens de maintien de la paix pourrait combler les lacunes les plus criantes des missions qui ont été identifiées à ce jour.
Le représentant a également souligné l’efficacité des initiatives conduites au niveau régional, les missions hybrides de l’ONU et de l’Union africaine jouant un rôle précieux dans les domaines tant humanitaire et sécuritaire que du développement.
L’expérience montre que le maintien de la paix n’est jamais plus efficace que lorsqu’il se déploie de manière multidimensionnelle, a souligné le représentant. Par conséquent, a-t-il dit, il est important que l’effort de maintien de la paix s’inscrive dans le contexte de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déclaré que les Casques bleus devaient disposer de toutes les ressources nécessaires pour s’acquitter correctement de leur mandat et à cet égard, il est nécessaire de s’assurer d’une bonne coordination entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité de l’ONU et le Secrétariat.
Les missions devraient également s’assurer du consentement du pays hôte, non seulement pour ses activités politiques, mais aussi pour ses activités opérationnelles, a-t-il ajouté.
Pour le représentant, toute information relative aux abus et exploitations sexuels doit faire l’objet d’un signalement immédiat. La Fédération de Russie, a-t-il annoncé, travaille à l’établissement d’un « nouveau centre militaire de formation » pour ses personnels de maintien de la paix.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a demandé une harmonisation des efforts de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et salué la création du Système de préparation des moyens de maintien de la paix. La constitution des forces des missions dépend d’une bonne interaction entre le Conseil, les pays contributeurs et le Secrétariat, a-t-il poursuivi.
Il a jugé une telle interaction essentielle en cas d’adoption par le Conseil de mandats hiérarchisés. Grâce à des consultations plus intenses, le Conseil pourra prendre des décisions réalistes, a-t-il dit. M. Aboulatta a ensuite déclaré que la constitution des forces et l’augmentation recherchée du nombre de pays contributeurs ne devaient pas se faire aux dépens de la performance des missions et du comportement de leurs troupes qui doit être irréprochable.
Enfin, il a rappelé que son pays avait fourni des unités spécialisées à des missions sous-équipées et souligné l’intention de l’Égypte d’accueillir en 2018 la Conférence des ministres de la défense sur le maintien de la paix.
M. WU HAITAO (Chine) a estimé que l’amélioration des opérations de maintien de la paix était indispensable, mais que les principes d’impartialité, de neutralité et de consentement du pays hôte doivent rester inchangés.
Selon lui, des efforts doivent être fournis préalablement au déploiement, notamment en matière de formation et d’équipement. Il faut à cet effet répondre aux attentes des pays contributeurs de troupes, a dit le représentant, en soulignant la nécessité d’élaborer des mandats clairs et ciblés pour chaque mission de maintien de la paix. C’est un élément essentiel de ces opérations, qui doit faire l’objet d’une concertation, a insisté le délégué.
Le Secrétariat devrait en outre mieux soutenir les forces et garder à l’esprit que les opérations de l’ONU doivent faire face à des situations complexes, en optimisant son soutien logistique, a ajouté la Chine.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a rappelé qu’une opération de maintien de la paix s’appuyait sur une constitution des forces adaptée afin de s’acquitter du mandat confié par le Conseil. La création du Système de préparation des moyens de maintien de la paix a été une avancée, a-t-il dit. Ce système permet en effet de doter les missions d’une constitution de force flexible et prévisible.
Il a exhorté le Conseil à intensifier son dialogue avec les pays contributeurs, y compris en tenant avec eux des consultations formelles et informelles avant l’établissement et le renouvellement des mandats. Les missions doivent être dotées de mandats clairs, cohérents et hiérarchisés, a poursuivi le délégué.
Il a aussi invité le Conseil à engager le pays hôte et les acteurs pertinents afin de garantir une utilisation sûre des technologies modernes par le Département des opérations de maintien de la paix.
Enfin, il a souligné la nécessité que ce département soit doté d’un personnel bien formé et capable de prendre des actions fortes s’agissant de l’exécution des mandats sur le terrain.
M. OLOF SKOOG (Suède) a mis l’accent sur l’importance d’explorer des options concrètes afin de rendre le financement du maintien de la paix « prévisible et durable ». Il s’agit de devenir plus efficace avec les ressources disponibles, a-t-il précisé, soulignant la nécessité d’établir des critères de succès et des indicateurs de performance fiables. « Nous devons savoir précisément dans quelle mesure nous préservons la paix et protégeons ceux qui en ont le plus besoin », a-t-il dit.
Le représentant a par ailleurs salué l’adoption de la résolution 2378 (2017) du Conseil de sécurité ainsi que la recommandation du Secrétaire général de mettre en place un mécanisme destiné à combler les lacunes en termes de constitution des forces.
À cette fin, l’accent doit effectivement être mis sur la formation et le renforcement des capacités, a abondé le représentant. Il a ajouté qu’il était de la responsabilité des pays fournisseurs de troupes de déployer des Casques bleus préparés, formés et équipés de façon à pouvoir relever les nombreux défis qui les attendent sur le terrain.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que son pays était l’un des premiers contributeurs de troupes au Liban, à Chypre et au Mali. Pour sa délégation, il est urgent d’améliorer la mobilité des troupes et d’accroître la sécurité des Casques bleus grâce aux nouvelles technologies, en particulier les drones.
En outre, le recrutement d’un nombre croissant de femmes permettrait d’atteindre un rééquilibrage à moyen terme, le rôle de celles-ci étant indispensable.
Selon l’Italie, des unités de police spécialisées seront de plus en plus nécessaires dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité voulue par le Secrétariat.
M. Lambertini s’est enorgueilli en conclusion de la présence dans son pays de la Base de soutien logistique des Nations Unies de Brindisi, qui est essentielle pour permettre aux opérations de maintien de la paix de fonctionner.
M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a souligné la complexité du processus de constitution des forces des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Cette constitution doit résulter des synergies entre tous les acteurs du système onusien, a-t-il indiqué. Il a demandé que le processus de planification des missions soit moins bureaucratique, avant de souligner la nécessité que ces missions soient dotées d’unités spécialisées.
Le délégué de la Bolivie a demandé que ces missions respectent la souveraineté des États dans l’exécution de leur mandat. Ces missions doivent être plus efficaces, a-t-il dit, en rappelant que la responsabilité de tous les États était engagée avec ces missions et pas seulement celle des pays contributeurs.
Enfin, le délégué a rappelé qu’une bonne coopération avec le pays hôte était essentielle pour assurer le succès d’une mission.
Favorable à l’amélioration du maintien de la paix, Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a indiqué qu’en 2015, son pays s’était engagé à élaborer des programmes de formation en vue de résoudre les problèmes rencontrés par les composantes de police des opérations de maintien de la paix, dont ont bénéficié des contingents camerounais par exemple.
Elle s’est félicitée des progrès accomplis par la Cellule stratégique de constitution des forces et de planification des moyens. Pour sa délégation, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) est un exemple de la manière dont il faut procéder pour combler les lacunes des opérations de maintien de la paix en matière de protection des civils.
Ainsi, a expliqué la déléguée, le Secrétaire général avait demandé à la Mission une évaluation des problèmes qu’elle avait rencontrés dans l’exercice de ses fonctions, évaluation à l’issue de laquelle elle a été en mesure de faire un meilleur usage de ses effectifs disponibles.
Si les forces déployées dans le cadre d’une opération de l’ONU ne sont pas capables de s’acquitter de leur mandat, alors il faut réfléchir à une solution, a ajouté Mme Tachco.
M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a souligné les progrès accomplis dans la constitution des forces, en prenant pour exemple la création de la Cellule stratégique de constitution des forces et de planification des moyens en 2015. Le Conseil doit veiller à ce que les Casques bleus soient déployés dans des conditions optimales, a-t-il affirmé.
Il a exhorté le Conseil à accorder une plus grande attention aux moyens requis pour une bonne exécution du mandat et à préparer le retrait de la mission. Le Département des opérations de maintien de la paix a un rôle de conseil essentiel à jouer, a-t-il affirmé.
Il a aussi souhaité que le Conseil prenne dûment en compte les avis des pays contributeurs de troupes. Le délégué a demandé que le Conseil s’attaque avec plus de détermination aux obstacles qui entravent le déploiement d’une mission. Le Conseil doit ainsi s’assurer que le pays hôte respecte pleinement le statut des forces, a-t-il affirmé.
Enfin, le délégué de l’Uruguay a rappelé les contributions de son pays aux missions de l’ONU, dont la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que sans forces adéquatement formées, équipées et commandées, les opérations de maintien de la paix ne pouvaient pas réussir. Dans ce contexte, la constitution stratégique des forces doit répondre à trois exigences: lucidité, innovation et globalité, a-t-il dit.
Le délégué a plaidé la lucidité et le pragmatisme sur les besoins de ces opérations. La constitution des forces doit s’appuyer sur l’identification des lacunes actuelles, des éléments obérant la performance des opérations, a-t-il dit.
Il a souligné la nécessité de mobiliser les capacités critiques pour répondre de manière rapide et adaptée à une situation changeante sur le terrain. Instrument de long terme, la constitution des forces permet de construire le maintien de la paix de demain, a-t-il dit. « À travers elle, l’ONU doit anticiper les capacités en personnel, en équipements, en technologies, qui permettront de répondre aux conflits dans 5, 10, 20 ans. » Il a demandé que le Conseil s’en nourrisse pour établir des mandats ambitieux et réalistes.
Le délégué a rappelé que ces opérations devaient disposer des compétences linguistiques en phase avec la langue des pays hôtes pour gagner la confiance des populations et poser les fondations d’une paix durable. La France a mis en place des programmes linguistiques pour les pays contributeurs, a-t-il dit.
Le Système de préparation des moyens de maintien de la paix a été une avancée historique pour le maintien de la paix, a-t-il dit. Ce système permet d’identifier un réservoir de forces formées, équipées, dotées d’une doctrine d’emploi et opérationnelles, et de les déployer en moins de 60 jours, a noté M. Delattre.
S’il a observé que la Conférence sur la constitution des forces pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) avait permis de lui donner des « perspectives opérationnelles solides », M. Delattre a invité à ne pas relâcher les efforts. La Mission souffre d’un déficit de près de 2 500 hommes, a-t-il rappelé.
Le délégué de la France a en outre demandé le développement d’engagements conjoints, associant plusieurs États Membres pour générer des capacités critiques. Ces dispositifs tirent parti des complémentarités de chacun en termes d’offres de troupes, de formations, de financements ou d’équipements, a-t-il dit, en soulignant les formations apportées par la France à plus de 25 000 militaires africains.
Le délégué français a demandé que la constitution des forces s’inscrive dans une approche globale. Les efforts de modernisation du déploiement stratégique doivent s’amplifier pour que ces unités puissent se trouver au plus vite sur le terrain, dès le besoin identifié, a relevé M. Delattre.
Enfin, il a plaidé pour une augmentation de la part des femmes au sein des unités de police des opérations.