À la tête du Bureau de lutte contre le terrorisme fraîchement créé, M. Vladimir Voronkov présente ses priorités devant le Conseil de sécurité
Exactement 16 ans après l’adoption de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité qui avait demandé aux États d’agir de concert pour contrer la menace du terrorisme, le Secrétaire général adjoint nouvellement nommé pour diriger le Bureau de lutte contre le terrorisme, créé en juin 2017, a présenté aujourd’hui, au Conseil de sécurité, ses priorités pour son mandat.
Son intervention a précédé celles des présidents du Comité contre le terrorisme (CCT) et de sa Direction exécutive, et des 15 membres du Conseil qui se sont montrés tout aussi enthousiastes à voir des progrès dans ce domaine.
M. Vladimir Voronkov a tout d’abord assuré vouloir contribuer à cette lutte de manière qualitative, en apportant le soutien nécessaire aux États Membres, en mobilisant des ressources et en faisant preuve de leadership, le tout dans un cadre cohérent et bien coordonné.
« Je serai à l’écoute de vos priorités, ce sera ma priorité », a-t-il dit en prenant pour preuve sa participation à plus de 50 réunions de haut niveau, la semaine dernière, avec des États Membres et des organisations internationales et régionales.
À partir de ces consultations, M. Voronkov a identifié six domaines clefs, en citant d’abord le renforcement de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme. Les autres domaines sont la prévention de l’extrémisme violent propice au terrorisme dans le contexte de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, l’utilisation d’Internet par les terroristes, le dialogue interculturel, la menace des combattants terroristes étrangers, et l’échange d’informations et de bonnes pratiques antiterroristes.
La résolution 1373 (2001) avait été adoptée peu après les attaques terroristes commises le 11 septembre 2001 à New York, à Washington et en Pennsylvanie, résultant en la création du Comité contre le terrorisme puis, en 2004, de la Direction exécutive de ce comité. Ces organes ont largement contribué à la mise en œuvre de la résolution, de même que l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, a souligné M. Voronkov.
Seize ans plus tard, par la résolution 71/291 adoptée le 15 juin 2017 par l’Assemblée générale, l’ONU s’est dotée du nouveau bureau placé sous la direction de M. Voronkov, en lui confiant cinq mandats principaux, en premier lieu celui de piloter l’action menée au titre des divers mandats de lutte contre le terrorisme qui ont été confiés au Secrétaire général.
Dans le cadre de cette première réforme institutionnelle majeure de l’Organisation voulue par le Secrétaire général, M. António Guterres, le Bureau de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme ont été détachés du Département des affaires politiques du Secrétariat pour former le Bureau de lutte contre le terrorisme.
Dans cet élan, M. Voronkov a appelé à bâtir un nouveau partenariat international de lutte contre le terrorisme. Pour que la lutte contre le terrorisme s’inscrive dans un cadre cohérent et bien coordonné, il a recommandé de bien aligner les quatre sphères d’action des Nations Unies: le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires; l’Assemblée générale, sa Stratégie antiterroriste mondiale et ses résolutions et instruments internationaux; le Secrétaire général et le Secrétariat des Nations Unies qui comprend le Bureau de lutte contre le terrorisme; et les 38 entités et agences de l’ONU qui contribuent à la lutte contre le terrorisme.
Le haut fonctionnaire a donné quatre exemples concrets d’initiatives en cours que l’on doit aux entités existantes, avant de dénombrer les 224 projets et initiatives de lutte contre le terrorisme en cours, dont 82 projets mondiaux et 67 régionaux.
En ce qui concerne la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, son Président, M. David Scharia, a indiqué baser ses travaux principalement sur les visites de terrain, 16 États Membres ayant été visités depuis le début de l’année et sept autres voyages étant prévus d’ici à décembre. Il s’est cependant inquiété que certaines recommandations du Comité contre le terrorisme ne soient toujours pas mises en œuvre.
« Certains États n’ont pas pris les mesures antiterroristes nécessaires », a reconnu M. Amr Abdellatif Aboulatta, Président dudit comité, tout en expliquant que de nombreux États n’ont pas les capacités et les ressources nécessaires pour se conformer aux résolutions du Conseil.
Faisant le même constat, le délégué russe a souligné les lacunes dans les systèmes nationaux de lutte antiterroriste, citant en particulier les problèmes liés aux combattants étrangers qui passent d’un pays à l’autre, ainsi que la propagande et le recrutement des terroristes sur Internet.
Pour la représentante des États-Unis, la prévention de l’extrémisme violent doit être intégrée dans les piliers 1 et 4 de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. Comme ses collègues, elle a appelé à apporter une assistance technique aux États Membres qui n’ont pas les ressources pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Parmi les membres du Conseil, le représentant du Kazakhstan, dont le pays préside le Comité 1267 sur les sanctions contre Daech et Al-Qaida et le Comité 1988 du Conseil de sécurité, a lui aussi demandé aux États Membres de continuer à coopérer avec le Comité contre le terrorisme et avec l’Équipe de surveillance en leur transmettant des informations.
Beaucoup ont d’ailleurs plaidé pour un meilleur échange de renseignements sur les questions terroristes.
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME
Déclarations
M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint, du Bureau de lutte contre le terrorisme, s’est félicité de l’organisation de cette réunion à l’occasion du seizième anniversaire de l’adoption de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité. Présentant pour la première fois un exposé devant le Conseil de sécurité en sa nouvelle qualité, il a dit partager la vision du Secrétaire général qui veut voir une coopération internationale renforcée dans la lutte contre le terrorisme.
Le Bureau créé par le Secrétaire général entend contribuer à cette lutte de manière qualitative, a-t-il poursuivi en expliquant vouloir apporter le soutien nécessaire aux États Membres, en mobilisant des ressources et en faisant preuve de leadership, le tout dans un cadre cohérent et bien coordonné. « Je serai à l’écoute de vos priorités, ce sera ma priorité », a-t-il assuré.
Il a dit à ce propos avoir déjà participé à plus de 50 réunions de haut niveau la semaine dernière avec des États Membres et des organisations internationales et régionales.
De ces consultations, six domaines clefs ont déjà été identifiés, a-t-il indiqué, en citant d’abord le renforcement de la coopération internationale de lutte contre le terrorisme. Les autres domaines sont la prévention de l’extrémisme violent propice au terrorisme dans le contexte de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le règlement du problème de l’utilisation d’Internet par les terroristes, le renforcement du dialogue interculturel, le traitement de la menace des combattants terroristes étrangers, et l’augmentation de l’échange d’informations et de bonnes pratiques antiterroristes.
Depuis 2001, le Comité contre le terrorisme (CCT) et sa Direction exécutive ont contribué à la mise en œuvre de la résolution 1373 (2001), de même que l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, a souligné le Secrétaire général adjoint en appelant à renforcer les efforts collectifs en ce sens.
Il a appelé à prendre des mesures concrètes en lançant des initiatives. Il a donné quatre exemples de ce que les deux parties constituantes du Bureau de lutte contre le terrorisme –l’Équipe spéciale, dont la Direction exécutive du CCT est un membre crucial, et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme– accomplissent déjà.
« Nos 12 groupes de travail interinstitutions de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme représentent un bon exemple de la coordination antiterroriste en œuvre », a-t-il tout d’abord indiqué. Le Bureau envisage de rationaliser encore sa logique intégrée à l’échelle du système, aussi bien au Siège que sur le terrain pour les efforts de lutte antiterroriste. Le renforcement de cette coordination et de cette cohérence sera la plus grande priorité du Bureau, a-t-il dit.
Le deuxième exemple concerne le Groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers de l’Équipe spéciale, grâce auquel a été mis au point un plan de mise en œuvre de la logique intégrée de l’Équipe spéciale pour le renforcement des capacités sur cette question, qui comprend plus de 50 projets impliquant 13 entités différentes. Ces projets ont été classés selon le thème, le lieu géographique et le degré d’urgence pour que les ressources soient utilisées au mieux.
Comme troisième exemple, il a cité l’initiative antiterroriste d’assistance intégrée dans la région G5 Sahel ainsi qu’au Nigéria et au Mali, mise en place par le Centre de lutte contre le terrorisme. Dernier exemple, la résolution 2242 (2015) du Conseil de sécurité appelle à une plus grande participation et leadership des femmes dans le développement de stratégies de prévention et de lutte contre le terrorisme, a-t-il aussi rappelé en soulignant que l’Équipe spéciale intègre la question du genre dans ses travaux.
« Nous devons être conscients que quatre domaines d’action des Nations Unies doivent être bien alignés si nous voulons un cadre cohérent et bien coordonné de lutte contre le terrorisme. » M. Voronkov a ainsi cité le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires; l’Assemblée générale, sa Stratégie antiterroriste mondiale et ses résolutions et instruments internationaux de lutte contre le terrorisme; le Secrétaire général et le Secrétariat des Nations Unies qui comprend le Bureau de lutte contre le terrorisme; et les 38 entités et agences de l’ONU qui contribuent tout autant à la lutte contre le terrorisme.
Ces quatre sphères des Nations Unies doivent être plus étroitement liées si on veut bâtir un nouveau partenariat international de lutte contre le terrorisme, a-t-il recommandé, avant de s’adresser aux États Membres pour leur demander de mettre en œuvre toutes les résolutions des Nations Unies et les conventions de lutte contre le terrorisme.
M. DAVID SCHARIA, de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a rappelé que cet organe subsidiaire était chargé de fournir au Comité contre le terrorisme des expertises indépendantes sur la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité relatives au terrorisme.
Les visites de pays, auxquelles prennent part des experts de nombreuses organisations partenaires, sont l’un des principaux outils à sa disposition, a-t-il indiqué. Depuis le début de l’année, la DECT s’est ainsi rendue dans 16 États Membres et sept autres visites sont prévues d’ici à la fin de l’année, « plus que n’importe quelle autre année depuis la création du Comité contre le terrorisme en 2001 ».
La DECT a effectué 133 visites jusqu’à présent, dont 45 depuis le précédent examen en date, a précisé le haut fonctionnaire. Selon lui, beaucoup a été fait depuis l’adoption de la résolution 1373 (2001), de nouvelles lois ayant été adoptées aux niveaux national et régional, de nouvelles institutions établies et des capacités renforcées.
« De tels progrès ne reflètent pas seulement l’impact de cette résolution, mais aussi les efforts déterminés des États Membres à s’acquitter de leurs obligations internationales », s’est-il félicité, avant de reconnaître que de nombreux États n’avaient pas adopté toutes les mesures attendues d’eux.
Certaines des recommandations formulées par le Comité contre le terrorisme attendent toujours d’être mises en œuvre par les États Membres, y compris par des pays où il s’est rendu à plus d’une reprise, a relevé M. Scharia. Ces recommandations sont généralement divisées en deux catégories, selon qu’elles nécessitent une assistance technique pour leur mise en œuvre ou non.
Or, en dépit des efforts déployés pour aider les États Membres concernés, il faudrait « éviter la perception » selon laquelle la fourniture d’une assistance technique est une « condition préalable » à la mise en œuvre des résolutions juridiquement contraignantes du Conseil de sécurité.
Au cours d’une période relativement brève, le Conseil a adopté six nouvelles résolutions relatives au terrorisme, à l’élaboration desquelles la DECT a souvent collaboré, a poursuivi le responsable, comme par exemple la résolution 2354 (2017).
Outre ces recommandations, la Direction exécutive a également renforcé sa capacité à identifier de nouvelles tendances grâce à son Réseau de recherche mondial. Pour continuer de s’acquitter de ses tâches de plus en plus nombreuses et complexes, la DECT doit bénéficier des ressources suffisantes de la part du Conseil de sécurité.
Un rapport sera prochainement présenté par sa Directrice exécutive, Mme Michèle Coninsx, sur les moyens de renforcer l’impact de la coopération entre le Conseil de sécurité et la DECT, a annoncé M. Scharia.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA, Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste (CCT), a détaillé les défis que les États doivent relever dans la lutte antiterroriste. Certains États n’ont pas pris les mesures antiterroristes nécessaires, a-t-il dit, tandis que d’autres éprouvent des difficultés à adapter leurs actions face aux nouvelles méthodes opérationnelles développées par les terroristes.
Le Président a encouragé les États à renforcer leurs efforts dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil et des recommandations découlant des visites d’évaluation de son Comité. « Nos analyses et évaluations montrent que de nombreux États n’ont pas les capacités et les ressources nécessaires pour se conformer de manière efficace aux résolutions du Conseil », a—t-il noté. Les recommandations du Comité sont mises en œuvre de manière inégale, a poursuivi M. Aboulatta.
Sur le plan politique, le Président a indiqué qu’un suivi efficace de la mise en œuvre des normes antiterroristes dépendait de la manière dont le Conseil considérait les États qui ne se conforment pas à ses résolutions. Les obligations antiterroristes incombant aux États Membres doivent leur être rappelées parce qu’il est dans leur intérêt de protéger leur population, leurs frontières et institutions, a-t-il relevé.
Le Président a ensuite déclaré que les visites du Comité sur le terrain étaient de plus en plus complexes et exigeantes, en raison notamment du caractère très évolutif de la menace terroriste. Alors que les États demandent des évaluations plus fines et des visites de suivi, le Comité doit être capable d’apporter des réponses flexibles répondant aux besoins, a-t-il observé.
M. Aboulatta a indiqué que les six nouvelles résolutions sur la lutte antiterroriste adoptées récemment par le Conseil exigeaient toutes du Comité et de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme qu’ils fournissent un appui à leur mise en œuvre, y compris par la tenue de réunions spéciales sur la coopération internationale ou bien encore la sécurité aérienne.
Le mandat de la Direction exécutive est allé en s’élargissant, en raison des demandes formulées pour qu’elle se saisisse des questions des données biométriques et du déclassement des renseignements sur les menaces terroristes, a-t-il affirmé. Il a noté que la Direction exécutive devait en outre appuyer le travail de partenaires clefs dans de nombreux domaines.
La Direction exécutive assiste le Comité dans la définition de ses priorités, ainsi que le Conseil dans la promotion de sa stratégie globale antiterroriste, a expliqué le Président. M. Aboulatta a souligné la nécessité que la Direction exécutive soit dotée des ressources nécessaires, tant en personnel que financières, pour qu’elle puisse appuyer le Comité dans ses tâches.
En conclusion, le Président a affirmé que le Comité et la Direction exécutive continueraient de coopérer étroitement avec le Comité créé par la résolution 1540 (2004) et le Bureau de lutte contre le terrorisme et de promouvoir les meilleures pratiques dans le domaine de l’antiterrorisme.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a fait remarquer que les lacunes dans le système antiterroriste ne passent pas inaperçues, citant les combattants étrangers qui passent dans d’autres pays. Il a relevé que, trop souvent, une législation nationale de lutte contre le terrorisme n’était pas mise en place, ce qui rendait difficile la lutte contre le terrorisme. Il a aussi souligné le manque des mécanismes d’échange d’informations dans plusieurs pays, notant en outre que le contrôle de l’immigration et des visas est souvent insuffisant.
Les attentats-suicides sont le fruit d’une forte propagande, a-t-il aussi relevé en soulignant la difficulté de maîtriser ce phénomène. Il a dès lors appelé à mettre l’accent sur la prévention, estimant qu’il y a des lacunes dans la résolution 1624 (2005). La propagande et le recrutement des terroristes sur Internet sont des phénomènes très inquiétants, a-t-il estimé.
Il a regretté que certains pays n’aient pas coopéré avec sa délégation lorsqu’elle avait proposé un texte sur la lutte contre l’idéologie du terrorisme. Il faut créer un climat de responsabilité et renforcer les systèmes nationaux de lutte contre le terrorisme, a-t-il insisté.
Pour le représentant russe, une nouvelle page est en train de s’ouvrir dans la lutte contre le terrorisme. Il a plaidé en faveur d’un meilleur échange d’informations. Comment le Conseil de sécurité peut-il renforcer la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a-t-il enfin demandé en souhaitant que les recommandations faites à l’issue des visites de pays soient mieux mises en œuvre. Il a espéré que la Direction exécutive utiliserait pleinement son mandat pour faire des suggestions.
Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) s’est alarmée des nouveaux modus operandi privilégiés par les organisations terroristes à travers le monde, notamment les attaques isolées perpétrées à bord de véhicules. Selon elle, les États Membres qui exportent le terrorisme doivent rendre des comptes, le premier d’entre eux étant, à ses yeux, la République islamique d’Iran.
Pour sa délégation, la prévention de l’extrémisme violent doit être intégrée dans les piliers 1 et 4 de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le premier consistant à analyser les conditions propices à la propagation du terrorisme, le deuxième à garantir le respect des droits de l’homme pour tous et la primauté du droit dans la lutte contre le terrorisme.
Les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ne peuvent rester lettre morte, a-t-elle poursuivi, en soulignant que c’est la raison pour laquelle les États Membres qui n’ont pas les ressources pour les mettre en œuvre doivent bénéficier d’une assistance technique pour combler leurs lacunes face à une menace en perpétuelle évolution.
Si elle a dit appuyer les efforts du Secrétaire général pour remanier l’approche de l’ONU en matière de lutte antiterroriste, la représentante américaine a toutefois observé qu’il ne s’agit pas de refaire un « organigramme ».
Mme Haley a vivement encouragé l’ONU à réfléchir aux moyens de prévenir le retour des combattants terroristes dans leurs pays d’origine, et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) à intensifier ses visites dans les États Membres, lesquels doivent agir dans le respect du droit. La délégation a, en conclusion, insisté sur la nécessité pour l’ONU de passer à la vitesse supérieure.
M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan), dont le pays préside le Comité 1267 sur les sanctions contre Daech et Al-Qaida et le Comité 1988 du Conseil de sécurité, a jugé important que ces entités continuent à œuvrer en tenant compte de l’évolution des groupes terroristes.
Pour cela, les comités s’appuient sur le travail de l’Équipe de surveillance des sanctions, celle-ci fournissant des évaluations des menaces et surveillant l’application des mesures. L’Équipe travaille étroitement avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) et le Groupe d’experts du Comité 1540, tout en participant activement aux activités menées dans la cadre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
L’Équipe de surveillance contribue aussi aux rapports du Secrétaire général sur la menace posée par Daech, a-t-il dit, avant d’assurer qu’elle est prête à coopérer avec le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme.
Le représentant a également souligné l’importance d’une bonne coopération avec d’autres organes spécialisés, comme l’Association du transport aérien international (IATA), l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), INTERPOL et les organisations régionales comme l’Organisation de coopération de Shanghai.
Il a dit effectuer lui-même des visites dans les régions pour expliquer le mandat des comités, ayant l’intention, pour ses prochains voyages, de se rendre en Afghanistan, en Ouzbékistan et en Fédération de Russie.
Pour conclure, le représentant a demandé aux États Membres de continuer à coopérer avec le Comité contre le terrorisme (CCT) et avec l’Équipe de surveillance en leur transmettant des informations.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a dit que le système multilatéral est plus que jamais nécessaire pour venir à bout du terrorisme, système au cœur duquel le Conseil de sécurité joue un rôle essentiel. Il en va de même, selon lui, de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), dont il a notamment salué les activités de sensibilisation.
Le représentant s’est également félicité des efforts de cet organe pour renforcer les liens avec le secteur privé. Pour la délégation britannique, le renouvellement du mandat de la Direction exécutive cette année est l’occasion de veiller à ce que qu’il soit tiré le meilleur parti de l’expertise qu’elle propose.
Un État peut déployer des moyens considérables sur les fronts policier et militaire, mais « si nous ne brisons pas le cycle de la radicalisation, la menace terroriste continuera de peser », a-t-il déclaré.
Il a insisté en conclusion sur l’importance pour le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies de jouer son rôle de coordination.
M. KORO BESSHO (Japon) a plaidé pour une mise en œuvre rigoureuse des résolutions antiterroristes du Conseil pour faire pièce aux « tactiques évolutives des terroristes ». Une telle mise en œuvre est « vitale », a-t-il en effet jugé.
Au titre des mesures antiterroristes prises par son pays, le délégué a mentionné la promulgation de lois visant à empêcher l’utilisation par les terroristes des « bitcoin » et autres monnaies virtuelles et à interdire le survol d’installations critiques, d’ambassades et de sites nucléaires par des drones.
Le Japon a, en mars, fourni une contribution de 35 millions de dollars pour financer la réponse antiterroriste, principalement en Asie du Sud-Est, région qui fait face à une menace grandissante, a ajouté M. Bessho. Cette contribution visera à renforcer le système de renseignements préalables concernant les passagers d’avions civils, à promouvoir la coopération judiciaire internationale et à alimenter les bases de données de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL).
En conclusion, le délégué du Japon a exhorté le Conseil de sécurité à présenter un front uni dans la lutte contre le terrorisme et à développer de nouvelles mesures.
« La menace terroriste mondiale est malheureusement devenue un thème omniprésent qui se concrétise en actes avec une régularité intolérable », s’est indigné M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay), appelant la communauté internationale à agir de façon concertée pour lutter contre ce phénomène.
À cette fin, le représentant a renouvelé sa confiance dans le Bureau de lutte contre le terrorisme, créé cette année, par la résolution 71/291 de l’Assemblée générale, avec à sa tête M. Vladimir Voronkov. Entre autres priorités du nouveau bureau, le représentant a insisté sur la nécessité d’améliorer l’assistance apportée par l’Organisation aux États Membres victimes du terrorisme, pour qu’ils soient en mesure de renforcer leur capacité à lutter contre les terroristes.
Par ailleurs, le représentant a jugé « de la plus haute importance » les travaux réalisés par le Comité contre le terrorisme pour promouvoir la mise en œuvre de la résolution 1373 (2001) du Conseil, ainsi que pour fournir une assistance technique aux États Membres.
Pour sa part, a déclaré le représentant, l’Uruguay s’attelle à la mise en œuvre des résolutions du Conseil sur le terrorisme dans le cadre de deux projets de loi actuellement à l’étude, l’un pour l’adoption d’une « loi intégrale antiterroriste » et l’autre d’une « loi intégrale contre le blanchiment d’argent ».
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a exigé une « réponse organisée, ferme et unie » de la part de la communauté internationale face au terrorisme. S’il appartient avant tout aux États d’adopter les dispositifs et les mesures nécessaires pour lutter contre le terrorisme, les Nations Unies ont aussi un rôle majeur et croissant à jouer, a-t-il estimé en qualifiant la mission de l’ONU d’« irremplaçable ».
Cette lutte comprend la création de normes et obligations afin que les États se dotent de mécanismes robustes de lutte contre le terrorisme, a-t-il relevé en soulignant les résolutions adoptées en ce sens par le Conseil de sécurité depuis 2001. Il faut aussi adopter des sanctions pour priver les groupes terroristes des moyens de commettre des attentats, et renforcer la coopération internationale et le dialogue pour encourager l’échange de bonnes pratiques entre les États.
Face à la montée en puissance de Daech en 2014 et le phénomène du recours à Internet par les combattants terroristes, M. Delattre a apprécié la réelle avancée que représentent la création du Bureau la lutte contre le terrorisme et la nomination à sa tête d’un Secrétaire général adjoint.
Concernant l’action menée par le Comité contre le terrorisme (CCT) et sa Direction exécutive, le représentant a appelé à sensibiliser les États aux évolutions de la menace terroriste. La France joue un rôle moteur dans ce domaine, ayant organisé un évènement de haut niveau sur l’utilisation d’Internet par les terroristes en marge de l’Assemblée générale. La France organisera en outre, début 2018, une conférence internationale sur le financement du terrorisme, comme l’a annoncé le Président Emmanuel Macron.
La seconde fonction du Comité et de sa Direction exécutive, a aussi rappelé le représentant, est d’examiner la façon dont les États appliquent les principales résolutions du Conseil de sécurité. Il a donc invité tous les États à accepter les visites de la Direction exécutive afin qu’elle puisse examiner leurs systèmes de lutte contre le terrorisme, la France ayant elle-même reçu cette visite en 2015.
M. Delattre a enfin invité les entités compétentes des Nations Unies à concevoir des programmes d’assistance technique.
Mme IRINA SCHOULGIN-NYONI (Suède) a demandé qu’une attention particulière soit portée aux rôles joués par les femmes s’agissant du terrorisme, y compris lorsqu’elles sont elles-mêmes terroristes, facilitatrices ou soutiens d’une entreprise terroriste ou bien victimes du terrorisme. Chacun de ces rôles nécessite une approche particulière, a-t-elle dit.
La déléguée a par ailleurs exhorté la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) à promouvoir le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. « La Suède continuera de proposer que des références aux femmes et la paix et la sécurité, ainsi qu’au rôle des femmes s’agissant du terrorisme et de l’extrémisme violent, soient incluses dans les textes du Conseil, y compris dans le nouveau mandat de la Direction exécutive ».
Évoquant la récente attaque terroriste perpétrée à Stockholm, la représentante suédoise a appelé à la vigilance face à une menace terroriste en constante évolution. « Il n’y a pas de place pour la suffisance dans la lutte contre le terrorisme. »
La déléguée a appuyé le travail du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans la prévention de l’extrémisme et salué son rapport récent intitulé « Vers l’extrémisme en Afrique ». Ce rapport montre clairement que l’édification de sociétés inclusives, l’éducation et la croissance doivent être au cœur des efforts de prévention, a-t-elle dit.
En conclusion, elle a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, cruciale pour prévenir l’extrémisme violent.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a déclaré que lorsque le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 1373 (2001), « on était loin de s’imaginer que 16 ans plus tard, le terrorisme international allait atteindre les proportions qui sont les siennes actuellement ».
Il est donc, pour sa délégation, « impératif » de réviser et rationaliser le dispositif juridique et institutionnel de lutte contre le terrorisme. C’est la raison pour laquelle elle s’est réjouie de la création, en juin 2017, du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies et de la nomination d’un secrétaire général adjoint à sa tête.
Pour empêcher les terroristes de poursuivre leurs opérations, le Sénégal a souligné l’importance de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, à travers le renforcement de la coopération entre États Membres et une meilleure collaboration avec les organismes privés fournisseurs de services.
Après avoir salué le travail « remarquable » accompli par le Comité contre le terrorisme (CCT) et sa Direction exécutive dans le suivi de la mise en œuvre, le représentant a évoqué l’approche de son pays en matière de prévention, de coopération et de réaction rapides.
Il a notamment fait mention de deux lois, adoptées en 2007, qui instituent un régime plus sévère contre les auteurs d’actes terroristes, cependant qu’un projet de stratégie nationale contre le terrorisme et l’extrémisme violent est en cours d’élaboration.
M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour intensifier la lutte contre le terrorisme. Le terrorisme ne peut pas ni ne doit être associé à une religion ou à des critères ethniques, a-t-il dit, avant d’assurer que son pays mettait l’accent sur la culture de la paix et accordait la priorité aux droits de l’homme. Le représentant a souligné que son pays avait mis en place une structure interne qui œuvre en faveur de la prévention des actes terroristes.
La Bolivie coopère au plan international pour mener des enquêtes dans ce domaine. Pour faire face au blanchiment d’argent, la Bolivie a pris des mesures comme le gel de fonds. Le pays dispose aussi d’un cadre normatif, assorti de sanctions pénales, qui réglemente l’utilisation et le port d’armes à feu et d’explosifs.
Sur le plan international, il a plaidé pour la coopération financière en vue de lutter plus efficacement contre le terrorisme. Face aux menaces croissantes, il a souhaité analyser les raisons profondes qui ont permis la propagation du terrorisme et éviter les erreurs du passé.
Le représentant a rappelé que les victimes des actes de terrorisme sont les personnes civiles, citant notamment les cas de violence sexuelle en augmentation. Il a souligné que les membres de la communauté internationale doivent enquêter pour identifier les paradis fiscaux auxquels auraient recours les groupes terroristes. Il a aussi appelé à traduire en justice les coupables, avant de demander à tous les États de s’engager dans la lutte contre ce fléau.
M. WU HAITAO (Chine) a qualifié le terrorisme d’« ennemi commun de l’humanité », contre lequel la communauté internationale doit lutter sans relâche. Elle doit miser sur le dialogue et la prévention, ainsi que sur la coopération pour s’en prendre notamment au financement du terrorisme.
Le représentant s’est ensuite félicité du rôle joué par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) pour prêter assistance aux États Membres en ayant besoin.
La Chine a en conclusion donné l’assurance qu’elle continuerait de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur le terrorisme.
M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a indiqué que son pays participait activement à la lutte contre le terrorisme, dans le cadre de la coalition anti-Daech pour laquelle elle fournit le deuxième contingent. En outre, l’Italie participe à la formation des unités de sécurité, notamment dans les domaines du contrôle des frontières.
Le représentant a jugé important le travail mené par le Comité contre le terrorisme (CCT), en particulier ses visites dans les pays. À ce propos, il a appelé les États à partager davantage d’informations. Il s’est aussi félicité de la mise à jour des outils techniques par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) et plaidé en faveur de la cohérence dans les efforts de mise en œuvre. Il a souhaité que les ressources nécessaires soient fournies à ces organes.
L’Italie joue un rôle de chef de file dans la lutte contre le terrorisme, en mettant l’accent sur la formation ainsi que sur la prévention du financement ou du soutien aux groupes terroristes, a poursuivi le représentant. « Nous agissons aussi contre la traite de personnes et les flux financiers illicites. »
Le représentant a également souhaité que l’on mette l’accent sur la radicalisation en prison. L’Italie, a-t-il dit, a pleinement appuyé les efforts de l’Assemblée générale pour renforcer l’architecture actuelle de lutte contre le terrorisme.
Le Bureau de lutte contre le terrorisme apportera une valeur ajoutée considérable, a-t-il estimé à cet égard, misant sur son rôle de coordination des différentes entités qui luttent contre le terrorisme pour éviter tout double emploi ou tout empiètement.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a insisté sur « l’expérience amère » vécue par son pays dans la lutte contre la menace terroriste, laquelle est alimentée par l’appui extérieur fourni aux groupes terroristes dans l’est de l’Ukraine. Il a salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme en espérant qu’il remédie aux facteurs propices à la propagation du terrorisme.
Le Bureau devra, en outre, renforcer l’appui stratégique apporté aux États Membres et intensifier la coopération entre toutes les entités onusiennes déployées sur le terrain, a-t-il dit.
Le représentant a ensuite salué l’excellente coopération de son pays avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), dont la dernière visite en Ukraine remonte à 2013. « Nous espérons que la Direction exécutive se rendra en Ukraine en novembre prochain pour une visite de suivi. »
Enfin, notant l’expansion conséquente du mandat de la Direction exécutive, le délégué a demandé qu’elle soit dotée des ressources nécessaires. L’Ukraine est prête à prendre sa part en proposant la candidature d’experts qualifiés à des postes professionnels, a-t-il conclu.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a déclaré que l’adoption de la résolution 1373 (2001) avait donné corps au dispositif du Conseil de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme. Il s’est également félicité de l’adoption par l’Assemblée générale de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qui fut un autre jalon majeur, de même que la création du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, dont il a espéré qu’il créerait des synergies.
Mais les progrès dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes restent insuffisants face à une menace évolutive par nature. Pour sa part, a dit M. Alemu, l’Éthiopie s’efforce de s’acquitter de ses obligations internationales, disant être prête à coopérer avec les autres États Membres, notamment ceux de la région.
Le représentant a indiqué que son gouvernement avait adopté des mesures juridiques et établi des cadres institutionnels à cette fin.
Reprenant la parole, M. Voronkov, Secrétaire général adjoint, du Bureau de lutte contre le terrorisme, a déclaré qu’il s’efforcerait de répondre aux attentes placées en lui. Une analyse préliminaire a été faite sur l’ensemble des priorités de lutte contre le terrorisme, a-t-il précisé, en se disant prêt à travailler en coopération avec les États Membres et les organisations régionales.
Le haut fonctionnaire a indiqué que son Bureau totalisait 224 projets et initiatives de lutte contre le terrorisme dans sept domaines prioritaires, dont 82 projets mondiaux et 67 régionaux, cependant que 77 pays ont fait l’objet d’une analyse.