Le Conseil de sécurité examine les moyens de tirer le meilleur profit des opérations de l’ONU au service de la pérennisation de la paix
Le Conseil de sécurité a débattu, aujourd’hui, des moyens pour faire en sorte que les opérations de paix de l’ONU soient à la « hauteur de leur potentiel », selon l’expression utilisée par la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina J. Mohammed, et servent l’objectif fondamental de la pérennisation de la paix.
Coûteuses, « symboles de l’inaction de l’ONU », ces opérations ont en effet essuyé les critiques de nombreux intervenants, parmi la cinquantaine qui se sont exprimés. Pour y remédier, ils ont notamment plaidé pour des mandats de mission réalistes et des stratégies de retrait pensées en amont.
Pour ce débat, la présidence égyptienne avait fait distribuer une note de cadrage*, précisant le concept novateur de « pérennisation de la paix » que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont entériné en 2016 dans deux résolutions jumelles.
Celle-ci est un « objectif et un processus tendant à la définition d’une vision commune d’une société, prenant forme au sortir d’un conflit » et englobe les activités visant à prévenir et régler les conflits, à s’attaquer à leurs causes profondes et à s’engager sur la voie de la réconciliation nationale, du relèvement et du développement.
« La pérennisation de la paix est par nature un processus politique », a affirmé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Mohammed. Elle a indiqué que ce concept exigeait de promouvoir des synergies accrues au sein du système onusien, trop « fragmenté », et de faire de la prévention des conflits la priorité de l’Organisation.
Au titre des mesures prises, Mme Mohammed a mentionné les liens accrus entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la pérennisation de la paix, ainsi que l’autorité renforcée des coordonnateurs résidents.
De son côté, le Conseiller à l’Institut international pour la paix et ancien membre du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, M. Youssef Mahmoud, a rappelé, à l’instar de nombreux intervenants, qu’une paix durable dépendait des solutions politiques apportées aux conflits.
À cet égard, les acteurs internes, notamment les jeunes et les femmes, « agents principaux de la paix », ont un rôle crucial à jouer, a-t-il dit. « Les pays sortant de conflit ne sont pas des « pages blanches » et leurs populations ne sont pas des « projets ».
« En se référant régulièrement à la consolidation de la paix comme relevant d’une “phase postconflit”, le Conseil la relègue au second plan », a estimé, pour sa part, le Président du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix, M. Gert Rosenthal. Il a en conséquence pleinement approuvé la priorité du Secrétaire général de prévenir la violence en répondant en amont aux griefs qui la nourrissent.
Il a en outre invité à tirer pleinement parti de la Commission de consolidation de la paix, véritable « passerelle », selon le représentant du Kazakhstan.
Les délégations ont avancé d’autres propositions pour améliorer l’efficacité des opérations de paix, à la fois « pour les personnes qu’elles servent et celles qui payent les factures », selon l’expression de la déléguée des États-Unis, qui s’en est pris aux « rapports jargonneux » de l’ONU. Prenant l’exemple de la Mission en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui s’est « fourvoyée », la représentante a, en particulier, plaidé pour une stratégie claire de retrait des missions.
Même son de cloche du côté du représentant de l’Égypte, qui a déploré le déploiement trop long des missions de l’ONU en Haïti et au Libéria. Il a en outre insisté sur la confiance dont les efforts onusiens doivent bénéficier au sein du pays hôte.
De son côté, le délégué de l’Éthiopie a exhorté le Conseil à adopter des mandats clairs, réalistes, actualisés et bien séquencés, tandis que son homologue du Sénégal l’a invité à doter les missions de ressources suffisantes.
Le délégué de la Fédération de Russie a demandé à ne pas « surcharger les mandats de fonctions génériques », ce qui entraînera d’inévitables dépassements budgétaires.
Parmi les autres pistes explorées, le délégué du Royaume-Uni a souhaité qu’un rôle accru soit joué par les équipes de pays de l’ONU, toute situation n’exigeant pas en effet le déploiement d’une opération de paix. Les délégations ont également été nombreuses à souhaiter un partenariat renforcé avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, qui a démontré sa capacité de réaction face aux crises sur le continent.
Le concept de pérennisation de la paix, « fort large » comme le reconnaît la note de cadrage précitée, n’a néanmoins pas fait l’unanimité parmi les intervenants. Le représentant russe a fait entendre une note discordante en indiquant que son pays ne pouvait pas approuver l’idée que la pérennisation de la paix passe par une intégration des piliers de la paix et du développement.
LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES
Leur possible contribution à l’objectif premier du maintien d’une paix durable
Lettre datée du 7 août 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Égypte auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/692)
Déclarations
Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a rappelé que les États Membres avaient reconnu les liens étroits entre paix et sécurité, droits de l’homme et développement durable dans les deux résolutions jumelles votées en 2016 par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.
La pérennisation de la paix requiert une stratégie inclusive soutenant toutes les activités des opérations de paix et prenant en compte le « continuum » de la paix, de la prévention et de la résolution des conflits jusqu’au maintien et à la consolidation de la paix et au développement de long terme.
Elle a souligné la nécessité que les opérations de maintien de la paix disposent de mandats clairs, réalistes, actualisés, bien séquencés, flexibles et assortis de priorités correctement identifiées. « Le maintien de la paix doit être à la hauteur de son potentiel en tant qu’outil essentiel de la pérennisation de la paix. »
Mme Mohammed a indiqué que la pérennisation de la paix était par nature un processus politique conjuguant activités de développement, mesures préventives, médiation, gestion et résolution des conflits. « La vision du Secrétaire général va au-delà de la prévention des crises et des conflits violents et prend en compte la nature changeante de ces crises », a-t-elle dit, ajoutant que cette vision demandait des synergies accrues au sein du système onusien.
La montée en puissance de la diplomatie au service de la paix, prônée par le Secrétaire général, s’inscrit dans cette vision, a-t-elle poursuivi. La Vice-Secrétaire générale a indiqué que les mesures de prévention devaient être le fait des autorités nationales reconnaissant les besoins de toutes les composantes de la société, y compris les femmes et les jeunes, véritables « agents du changement ».
Elle a ensuite affirmé que la pérennisation de la paix passait également par un partenariat avec la société civile, les institutions financières et les partenaires régionaux et sous-régionaux, tels que l’Union africaine. « La Commission de consolidation de la paix a un rôle unique à jouer dans la mobilisation de tous ces partenaires et j’invite ce Conseil à engager ladite commission plus activement. »
Elle a également appelé le Conseil à doter les missions de paix d’un financement adéquat.
Soulignant la nécessité d’améliorer l’examen des opérations de maintien de la paix et de les réformer, Mme Mohammed a jugé qu’il était impératif d’un point de vue opérationnel de recruter davantage de femmes. L’implication des femmes accroît les chances de pérenniser la paix et réduit les risques d’abus sexuels, a-t-elle dit.
Elle a ensuite défendu une vision plus large de la prévention, laquelle doit devenir la priorité de l’ONU. « À cette fin, nous avons pris des mesures importantes pour faire pièce à la fragmentation du système et améliorer la manière dont l’ONU sert les personnes dans le besoin », a-t-elle dit. « Il est crucial de reconnaître que le développement est une fin en soi et une composante centrale de notre travail. »
La réforme du système de l’ONU a été pensée pour renforcer les liens entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la pérennisation de la paix, a-t-elle poursuivi. Le Secrétaire général a également appelé au renforcement de l’autorité des coordonnateurs résidents afin d’assurer une meilleure reddition de comptes et efficacité, a-t-elle dit.
La Vice-Secrétaire générale a déclaré que chaque mission de paix devait être considérée dans le contexte particulier dans lequel elle s’inscrivait. L’une des plus importantes contributions à la paix est la préparation d’un retrait de la mission et d’une transition sans heurt vers l’équipe de pays, a-t-elle dit, en citant les succès enregistrés à cet égard au Libéria et en Côte d’Ivoire.
« En Haïti et au Darfour, les programmes communautaires de réduction de la violence visent à prévenir le recrutement des jeunes par les groupes criminels, contribuant, ce faisant, à la stabilité. »
Mme Mohammed a en outre souligné la nécessité de promouvoir l’égalité entre les genres, en particulier lorsque la composante civile des missions prend le relais de la composante militaire.
Enfin, la Vice-Secrétaire générale a déclaré que les opérations de maintien de la paix étaient des instruments politiques accompagnant « idéalement » les processus de paix locaux.
« Un engagement accru de tous les membres d’un Conseil uni et fort –tant individuellement que collectivement- est essentiel pour faire en sorte que les États Membres, le système onusien et tous les partenaires se mobilisent en faveur d’une vision et d’un but communs intégrant véritablement tous les piliers et activités de l’ONU », a-t-elle conclu.
M. YOUSSEF MAHMOUD, Conseiller à l’Institut international pour la paix et ancien membre du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, venu présenter le rapport de ce groupe et ce qu’il implique en termes de changement dans les opérations de maintien de la paix, a mis l’accent sur les « trois P » -politique, partenariats et personnes– termes clefs qui dévoilent l’esprit du rapport.
Parmi les changements suggérés par le Groupe dans l’objectif de pérenniser la paix, il en a cité trois. Le premier consiste à reconnaître que les pays sortant de conflit ne sont pas des « pages blanches » et que leurs populations ne sont pas des « projets », mais que les acteurs internes de tous les niveaux de la société sont les agents principaux de la paix.
Il a souligné l’humilité et le respect qu’exige une telle démarche, ce qui va à l’encontre de l’idée que se font certains intervenants extérieurs convaincus que les pays concernés manquent des compétences et ressources nécessaires pour s’en sortir.
Cette « myopie », a-t-il poursuivi, conduit au deuxième changement qui consisterait à remettre en question des hypothèses et valeurs qui étayent certains modèles et certaines approches techniques basés sur les réserves. Une telle approche repose sur le renforcement des institutions étatiques centrales mais ne tient pas compte des risques de corruption de groupes puissants, a-t-il expliqué.
La troisième chose à changer relève de la politique. M. Mahmoud a rappelé qu’une paix durable dépend de solutions politiques, ce qui veut dire que les belligérants doivent abandonner la violence pour travailler sur le terrain politique.
Sur le plan pratique, ces modifications obligent à repenser la façon dont on analyse la paix et les conflits au moment où se préparent ou sont revues les opérations de paix. Il faut évaluer non seulement les facteurs de la violence et de l’instabilité mais aussi ce qui fonctionne encore, sans se concentrer uniquement sur ce qui doit être réparé.
Cela peut se faire par le biais d’enquêtes sur les capacités de résilience des sociétés et des gens ordinaires, et en évaluant les engagements en faveur de la cause de la paix des acteurs aux plans national, bilatéral et régional.
M. Mahmoud a insisté sur l’importance de la perspective régionale et de celle, unique, des femmes et des jeunes. Il a tenu à préciser que plusieurs missions de maintien de la paix mènent certaines analyses de ce type.
Outre l’analyse nécessaire, il faut également mettre au point un accord stratégique de pérennisation de la paix, comme le souhaite clairement le Conseil de sécurité, un accord qui reflète une compréhension commune de ce que recouvre le concept de pérennisation de la paix, conformément à l’esprit et à la lettre de la résolution 2282 (2016). Cet accord donnerait les grandes lignes des responsabilités du pays hôte et des acteurs nationaux, en précisant le rôle de soutien du système de l’ONU et en prévoyant des seuils pour mesurer les résultats et faciliter l’appropriation nationale.
De même, cela répondrait à l’appel du Secrétaire général de créer des synergies entre les piliers de l’ONU, dont le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Pour conclure, il a posé quatre questions au Conseil de sécurité: Les missions ont-elles la capacité au plus haut niveau de trouver des solutions politiques? Ont-elles les connaissances et expertises nécessaires pour mener des analyses stratégiques et participatives afin d’évaluer leurs chances de contribuer à la pérennisation de la paix? Ont-elles un accord stratégique et contraignant, ainsi qu’une stratégie de sortie, visant la pérennisation de la paix? Enfin, est-ce que les missions ont des mécanismes de consultation mettant les personnes au centre pour garantir l’appropriation nationale incluant tous et suscitant la confiance?
M. GERT ROSENTHAL, Président du Groupe consultatif d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix, a expliqué que cet examen avait fait ressortir une contradiction, « enracinée dans la Charte des Nations Unies », et qui revêt trois aspects principaux.
Tout d’abord, a-t-il dit, la « segmentation » des responsabilités assignées par la Charte à chacun des organes intergouvernementaux –Assemblée générale, Conseil de sécurité et Conseil économique et social (ECOSOC)– a conduit à une approche « fragmentée et confuse ». « Même s’il y a des empiètements dans l’exécution des mandats, il n’en reste pas moins que les piliers traditionnels de la paix, des droits de l’homme et du développement “opèrent” séparément dans les “silos” auxquels nous nous sommes habitués », a déclaré le Président.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité, a-t-il analysé, continue d’agir comme si les conflits dans le monde répondaient à une « séquence inaltérable de dynamiques », comme si le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix s’imbriquaient dans une sorte de « continuum naturel ». En se référant régulièrement à la consolidation de la paix comme relevant d’une phase « postconflit », le Conseil la relègue au second plan, en a conclu M. Rosenthal. Enfin, selon lui, la priorité numéro un est de prévenir la violence en répondant en amont aux griefs qui la nourrissent.
Depuis le précédent examen en date de 2015, plusieurs nouveaux faits ont émergé, a-t-il dit, à commencer par le fait que le nouveau Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a vigoureusement plaidé en faveur de la prévention des conflits, « y compris avant de prendre ses fonctions ».
En outre, l’adoption, le 25 septembre 2015, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a fait de la « promotion de sociétés pacifiques et inclusives » un élément à part entière du développement durable. De plus, l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 2282 (2016), simultanément à la résolution 70/262 par l’Assemblée générale, a parachevé l’examen des activités onusiennes dans le domaine de la consolidation de la paix, a observé M. Rosenthal.
Celui-ci s’est également félicité de l’adoption, par l’Assemblée, de la résolution 71/243, qui définit les mandats des examens quadriennaux complets des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Enfin, le Président s’est réjoui de la proposition « imminente » du Secrétaire général concernant la restructuration du pilier « paix et sécurité », qui s’appuiera sur les documents préliminaires déjà en circulation.
Pour M. Rosenthal, la tâche la plus importante dans ce contexte est d’assurer la cohérence de l’action. « Même si elle est partielle, une solution se trouve dans la résolution 2286 (2016). Elle consiste à tirer pleinement parti du potentiel offert par la Commission de consolidation de la paix (CCP) et ses organes subsidiaires en vue de lier entre elles les contributions des trois principaux organes intergouvernementaux pour répondre aux causes profondes des conflits et promouvoir une paix durable. »
C’est d’autant plus pertinent, a-t-il expliqué, que la CCP est un organe consultatif formé aux deux tiers d’États Membres issus de l’Assemblée, du Conseil de sécurité et de l’ECOSOC.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a rappelé que, depuis des années que les États Membres travaillent pour adapter les opérations de maintien de la paix aux complexités des conflits actuels, on était passé de missions classiques à des missions multidimensionnelles chargées de tâches variées en vue de la pérennisation de la paix.
Reconnaissant qu’il fallait faire davantage d’efforts en ce sens, il a suggéré de mener des analyses exhaustives du contexte opérationnel. Il faudrait également, une fois que le déploiement d’une opération est décidé, définir des objectifs clairs et réalisables, ce qui permettra ensuite de mieux planifier la stratégie de retrait de la mission.
Le représentant a en outre recommandé d’envoyer un personnel bien entraîné pour exécuter toutes les tâches confiées à la mission. M. Rosselli a aussi plaidé en faveur de solutions politiques lorsque l’on planifie les opérations de maintien de la paix.
Il a ensuite souhaité voir renforcer la coordination entre ces opérations et la Commission de consolidation de la paix, les équipes de pays et les diverses entités chargées du développement.
Enfin, outre les ressources nécessaires à la mission, il est indispensable de prévoir un processus de transition.
M. CARL SKAU (Suède) a estimé qu’il faut reconnaître « la primauté de la politique » dans les stratégies de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Des stratégies à long terme tenant compte des causes sous-jacentes des conflits sont « essentielles », a insisté le représentant. Le travail doit être axé sur les personnes et orienté vers les résultats.
La consolidation de la paix doit être un processus ouvert, impliquant les gouvernements et tous les segments de la société, y compris les femmes, et mettre en place les bonnes stratégies politiques exige des analyses d’une qualité supérieure, au fait du contexte particulier et couvrant tout le cycle d’un conflit.
L’ensemble du système des Nations Unies doit s’y impliquer, a prôné le représentant, en particulier la Commission de consolidation de la paix (CCP) qui est particulièrement bien placée pour réunir les acteurs internationaux autour de la réponse coordonnée et stratégique qu’il faut pour consolider la paix.
Pour véritablement y parvenir, a poursuivi le représentant, tous les instruments de paix et de sécurité des Nations Unies doivent fonctionner en tandem avec les efforts déployés dans les domaines du développement, des droits de l’homme et de l’aide humanitaire, et ce, dès le début d’une mission.
La manière dont le système des Nations Unies travaille ensemble doit être la question que l’on se pose tous les jours et pas seulement quand on réfléchit à la stratégie de sortie. Quand le Conseil de sécurité demande à une équipe de pays des Nations Unies d’avancer sur le devant de la scène, il doit reconnaître sa responsabilité de lui donner les capacités et les ressources nécessaires à son mandat. Il faut à tout prix éviter « la falaise financière » de laquelle on s’approche trop souvent lors des processus de transition.
Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a partagé la vision du Secrétaire général pour la réforme de l’ONU. L’ONU doit garantir que les civils auxquels elle vient en aide puissent, à terme, vivre de manière indépendante, sans sa présence, a-t-elle dit, ajoutant que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient pas à elles seules produire une paix durable.
Elle a indiqué que la paix durable ne pouvait être atteinte que lorsque les autorités des pays hôtes assumaient leurs responsabilités. Elle a fait part de son inquiétude devant les « rapports jargonneux » de l’ONU et des termes aussi vagues que ceux de « synergies ». L’essentiel est d’accroître la valeur de l’action de l’ONU, pour les personnes qu’elle sert et pour celles qui payent les factures, a-t-elle déclaré.
« Tous les outils de l’ONU sont-ils nécessaires? Veut-on créer l’indépendance ou la dépendance? » a demandé Mme Haley. Elle a mis en garde contre des missions telles que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) « dont on ne voit pas la fin et qui s’est fourvoyée ».
La mission doit travailler avec un gouvernement qui ne coopère pas et lui est parfois hostile, a-t-elle dit. La déléguée a souligné la nécessité d’une stratégie claire de retrait des missions et d’une transition viable, comme cela a été le cas au Libéria, exemple à suivre « même si toutes les situations sont uniques ».
Elle a évoqué la situation très difficile au Soudan du Sud, où elle a appelé l’ONU à « rassembler les pièces du puzzle » et à mobiliser ses ressources en vue de rechercher une solution politique. Celle-ci ne pourra néanmoins devenir réalité que si les parties sud-soudanaises ont la volonté d’y parvenir, a-t-elle affirmé.
En conclusion, Mme Haley a estimé que le programme pour la pérennisation de la paix du Secrétaire général constituait une « occasion historique » pour tirer le meilleur profit des ressources considérables de l’ONU et achever une paix durable.
Après avoir indiqué que des améliorations étaient nécessaires aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, M. KORO BESSHO (Japon) a affirmé que la question devrait être: Comment pouvons-nous renforcer l’impact de la consolidation de la paix sur le terrain? Les Casques bleus d’aujourd’hui doivent être suffisamment préparés pour répondre aux défis actuels.
Comment pouvons-nous y parvenir? Le représentant a annoncé plusieurs domaines prioritaires dont le premier est le renforcement de capacités. Les pays fournisseurs de contingents ont l’obligation d’envoyer du personnel doté de la formation et de la capacité à respecter les normes de l’ONU et de faire leur travail de manière efficace.
M. Bessho a ajouté que des troupes capables et bien préparées ne pouvaient pas fonctionner sans mandats réalistes qui répondent aux besoins actuels. Le rôle du Conseil ici est d’une importance essentielle. « Nous devons nous engager dans des discussions plus sérieuses sur des mandats concis et stratégiquement prioritaires qui donnent aux missions les outils pour réussir », a-t-il dit.
Des évaluations franches de ce dont on a besoin sur le terrain sont également nécessaires. Des repères plus clairs contribueront grandement à répondre et à adapter les tâches des missions à court et à long terme, a estimé le représentant pour lequel la consolidation de la paix et les efforts locaux de réconciliation devraient aussi recevoir une attention accrue dans les efforts pour une paix durable.
Le Japon soutient le développement de la pratique consistant à s’appuyer régulièrement sur les conseils de la Commission de consolidation de la paix (CCP) tout au long du cycle de vie de la mission, y compris lors de la formation, de l’examen et de la réduction des missions. À l’étape de retrait, les conseils de la CCP pourraient favoriser des transitions plus fluides entre les missions et l’équipe de pays des Nations Unies, a estimé le représentant.
Mme ANNE GUEGUEN (France) a souligné la nécessité de continuer de placer la paix durable au cœur des objectifs des opérations de maintien de la paix. Le Conseil, a-t-elle dit, doit jouer un rôle dans l’adaptation permanente des missions, mandatées bien souvent aussi pour renforcer les capacités des autorités locales dans de nombreux domaines, du désarmement à la réforme du secteur de la sécurité, en passant par la lutte contre l’impunité.
Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix ne peuvent jouer le rôle décisif qui est le leur toutes seules, a fait remarquer la représentante, qui a rappelé la responsabilité du pays hôte, tout en soulignant l’importance de la synergie entre des initiatives politiques prises par le Conseil de sécurité, les voisins du pays en crise, les organisations régionales et les médiateurs ad hoc. « Il est également un domaine crucial pour la stabilité de long terme mais trop souvent négligé: le domaine économique et social », a noté Mme Gueguen.
En outre, elle a estimé que les transitions du maintien de la paix vers la consolidation de la paix constituent un pivot pour assurer l’enracinement de la paix durable. « Ces transitions ne peuvent réussir qu’en favorisant l’appropriation par le gouvernement des enjeux politiques et sécuritaires, mais aussi économiques et sociaux liés au départ de l’opération », a-t-elle prévenu. Cela a été le cas en Côte d’Ivoire où, dès 2014, l’ONUCI a changé de paradigme, passant d’un mandat largement sécuritaire à un mandat de soutien au renforcement des capacités ivoiriennes, a ajouté la représentante. « Aujourd’hui, au Libéria et en Haïti, un mouvement comparable est en marche », s’est-elle félicitée.
M. TEKEDA AEMU (Éthiopie) a demandé que les opérations de paix suivent une stratégie politique claire, ainsi qu’une stratégie de retrait définie en amont afin d’assurer une transition sans heurts. Il a exhorté le Conseil à adopter des mandats clairs, réalistes, actualisés et bien séquencés, comme l’avait prôné le Secrétaire général devant le Conseil en avril dernier.
La pérennisation de la paix exige un « changement d’état d’esprit » au sein de l’ONU et une meilleure coordination entre ses diverses entités, a-t-il dit. Il a ensuite souligné l’importance des partenariats mondiaux et régionaux de l’ONU, tels qu’avec l’Union africaine (UA), organisation qui a montré sa capacité à réagir immédiatement à des crises. Cette division du travail doit être utilisée à bon escient, a-t-il affirmé.
Enfin, il a espéré que la prochaine consultation entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA soit l’occasion de renforcer la coopération entre les deux organisations.
M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé que les menaces sécuritaires et non sécuritaires ne cessent d’évoluer, ce qui exige du Conseil qu’il adapte les opérations de maintien de la paix, et de l’ONU qu’elle mette l’accent sur la prévention des conflits. Il a jugé essentiel de s’engager en faveur des objectifs de la Charte des Nations Unies, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.
Beaucoup de questions à l’ordre du jour du Conseil relèvent en effet des affaires internes des États concernés, a estimé le délégué, qui a plaidé pour des approches sur mesure pour chaque situation. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour empêcher la diffusion des idéologies extrémistes et renforcer les capacités des pays en développement pour lutter contre les groupes terroristes, a poursuivi le représentant.
En outre, l’ONU doit prendre au sérieux les préoccupations des pays fournisseurs de contingents, à l’heure où leurs Casques bleus sont tenus d’exercer des responsabilités de plus en plus nombreuses et complexes dans le paysage du maintien de la paix.
M. JONATHAN ALLEN (Royaume-Uni) a appuyé la vision du Secrétaire général en faveur de la pérennisation de la paix, laquelle exige des synergies accrues au sein du système onusien. Le point de départ de toute opération de maintien de la paix est constitué par les informations rassemblées par l’ONU sur une situation de conflit donnée, a-t-il dit.
Il a exhorté le Conseil à se montrer davantage « discipliné » quand il établit les mandats des missions. Ceux-ci doivent être séquencés et comprendre « des seuils de réussite », a-t-il poursuivi. Le délégué a souligné la nécessité de miser davantage sur les équipes de pays, toutes les situations n’exigeant pas en effet le déploiement d’une opération de maintien de la paix.
Il a en outre demandé un examen plus régulier de ces opérations et s’est réjoui du prochain examen de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Le délégué a affirmé qu’il ne pouvait pas y avoir de retrait satisfaisant d’une mission sans qu’une solution politique n’ait été trouvée dans le pays hôte.
À cette fin, il a appelé les représentants du Secrétaire général à explorer toutes les pistes possibles et souligné le rôle que pouvaient jouer les équipes de pays.
Enfin, il a exhorté le Conseil à « hausser le ton » lorsque cela est nécessaire, ce dernier étant trop souvent dans l’impasse et dans l’incapacité d’agir même lorsque ses résolutions sont bafouées.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que les missions de maintien de la paix devraient privilégier des mandats clairs qui puissent être mis en œuvre de manière réaliste. « Les mandats ne doivent pas être figés, mais susceptibles d’évoluer » en fonction de la situation sur le terrain, a-t-il préconisé, soulignant qu’il ne faut pas craindre de réduire les effectifs d’une mission ou de mettre l’accent sur les tâches de police ou de réforme du secteur de la sécurité lorsque c’est nécessaire.
La transition de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) à la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) permettra ainsi de passer d’une phase de gestion de la crise à une phase de renforcement des institutions de l’état de droit et de la police nationale et de suivi de la situation en matière de droits de l’homme dans le pays, a déclaré le représentant à titre d’exemple.
Il a rappelé qu’il existe à Brindisi, en Italie, un Centre stratégique de ressources de maintien de la paix. Pour sa délégation, l’ONU doit œuvrer à « notre objectif commun » en étroite coopération avec les organisations régionales et ses autres partenaires. L’implication de la société civile est essentielle à cet égard, notamment s’agissant des femmes, qui peuvent jouer un rôle déterminant dans la médiation et la prévention des conflits.
Lui aussi opposé au cloisonnement entre les piliers des Nations Unies, M. Lambertini s’est déclaré favorable à la revitalisation de la Commission de consolidation de la paix (CCP).
M. FODÉ SECK (Sénégal) a indiqué que le concept de pérennisation de la paix permettait de remédier à la fragmentation de l’action de l’ONU et des acteurs pertinents dans le domaine de la paix et de la sécurité. Il a ensuite souligné les obstacles qui empêchent les opérations de paix de l’ONU de remplir pleinement leur mandat en évoquant la situation au Mali.
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) opère dans un environnement délicat marqué par des attaques contre le personnel de l’ONU et peine à réunir les capacités nécessaires, a-t-il déploré.
Le délégué a souligné la nécessité que les missions de l’ONU soient dotées des capacités nécessaires et de mandats réalisables définis sur la base d’informations objectives. Cela requiert, avant tout déploiement, une évaluation franche et claire des exigences, notamment en matière de ressources, a-t-il dit.
Le délégué a estimé que les opérations de paix, en tant qu’outils politiques, pouvaient aider à promouvoir la prévention des conflits, la médiation, la protection des civils en période de conflit et le maintien de la paix.
Enfin, le représentant du Sénégal a exhorté le Conseil à renforcer sa coopération avec l’Union africaine et à « réussir » les stratégies de sortie des missions afin de pérenniser la paix.
M. DOVGANYUK (Kazakhstan) a considéré que la formulation des mandats devrait être informée, dès le départ, par une vision stratégique du Conseil, dans le cadre de laquelle tous ses membres puissent avoir le temps de se lancer dans des consultations intensives avec des experts.
Le maintien de la paix exige en effet une cohérence, un engagement et une coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC), ainsi qu’avec les équipes de pays de l’ONU et la Commission de consolidation de la paix (CCP), laquelle peut jouer le rôle de « passerelle » entre tous les acteurs, et prêter main forte dans la mobilisation des ressources.
Aussi est-il important de renforcer le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le Fonds pour la consolidation de la paix, avec l’engagement de long terme des bailleurs de fonds, de la Banque mondiale et des banques régionales.
Pour le Kazakhstan, le succès dépendra aussi de « chronologies réalistes » pour le déploiement des opérations de maintien de la paix et l’assistance au développement. Il sera également garanti par l’implication des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix, a fait remarquer le délégué, qui a également encouragé à se pencher sur les causes profondes des conflits, telles que les crises socioéconomiques ou la gestion frauduleuse et l’appropriation des ressources naturelles.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a dit qu’en ce qui concerne la transition entre les activités de maintien de la paix vers la consolidation de la paix, cinq éléments étaient à retenir. Premièrement, l’appropriation nationale est une condition indispensable pour la création de capacités de base à la fois efficientes et efficaces pouvant conduire à l’établissement d’un État plus stable et plus viable. L’objectif du renforcement institutionnel est de réduire la dépendance des gouvernements des pays sortant de conflit à la communauté internationale et de promouvoir l’autosuffisance.
Deuxièmement, le consensus entre les parties prenantes nationales et internationales sur un large programme de consolidation de la paix est important pour la réussite du renforcement institutionnel et des efforts de consolidation de la paix dans leur ensemble. S’il y a un manque de compréhension des deux côtés, il y aura peu de progrès tangibles pour assurer une paix durable.
Troisièmement, a continué le représentant, l’Ukraine soutient l’approche consistant à intégrer la perspective du renforcement institutionnel, adaptée à chaque pays et situation, dans les mandats respectifs des missions de l’ONU dès leur début.
Quatrièmement, le représentant a dit croire au pouvoir transformateur des organisations régionales et sous-régionales en matière de consolidation de la paix.
Enfin, la Commission de consolidation de la paix (CCP) est la mieux à même de rassembler des acteurs externes et non étatiques dans le but d’assurer la création d’institutions crédibles, légitimes, responsables et résilientes dans les pays sortant d’un conflit. Le Conseil devrait la considérer comme un outil viable à sa disposition lorsque les situations ne sont plus une « étape de crise » mais encore considérées comme fragiles et méritent une attention plus dévouée, ciblée et soutenue.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’un long chemin avait été parcouru dans l’évolution de l’architecture de consolidation de la paix depuis les deux précédents examens. Toutefois, ces deux examens ont reconnu que le pays hôte portait la responsabilité première de rétablir et maintenir la paix sur l’ensemble de son territoire et d’assurer la sécurité de ses citoyens.
Pour sa délégation, « surcharger les mandats de fonctions génériques » n’améliorera pas leur efficacité, et entraînera d’inévitables dépassements budgétaires. La délégation russe a été d’avis que les Casques bleus eux-mêmes ne devaient pas prendre part à un conflit. Il s’est déclaré heureux d’entendre aujourd’hui de la part de plusieurs membres du Conseil de sécurité que le principal objectif des opérations de maintien de la paix était d’accompagner les processus politiques.
En revanche, la Fédération de Russie ne peut pas appuyer l’idée que la pérennisation de la paix passe par une intégration des piliers de la paix et du développement, deux concepts qui ne sont pas forcément liés entre eux, selon lui.
M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a déclaré qu’une paix durable n’était possible qu’en s’attachant à comprendre les causes profondes des conflits. La pérennisation de la paix, a-t-il relevé, dépend de la « diplomatie préventive », telle que la médiation, menée par le biais d’un « processus politique actif », ainsi que d’objectifs clairs et mesurables des missions de maintien de la paix, définis en fonction des ressources et des capacités, ainsi que du strict respect des mandats.
Le succès des interventions, a ajouté le représentant, dépend également de l’établissement d’échéances réalistes des opérations de maintien de la paix et des activités de consolidation de la paix.
En outre, l’indépendance, la neutralité et le respect des États et des droits de leurs peuples doivent être respectés en tout temps afin que l’ONU demeure un acteur légitime, capable de promouvoir un règlement politique des conflits.
Le représentant a également plaidé pour un renforcement des alliances stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales, telles que l’Union africaine.
Enfin, il a souligné que, comme l’a démontré l’exemple de la Colombie, l’inclusion de la société civile était essentielle au succès de tout processus de pérennisation de la paix.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a dénoncé le « fardeau irréaliste » qui pèse sur les opérations de maintien de la paix, celles-ci étant devenues, selon lui, le symbole de l’inaction de l’ONU. Il a souligné la nécessité de remédier aux failles opérationnelles et techniques de ces missions, de promouvoir une vision globale des mandats et de prévoir des ressources suffisantes, sous peine de ruiner les efforts d’ores et déjà consentis.
Prenant l’exemple de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), qui a permis de diminuer la souffrance humaine dans cet État du Soudan, le délégué a défendu une coordination plus étroite avec le pays hôte, en invitant à méditer les leçons du passé.
Il a insisté sur la confiance dont les efforts onusiens doivent bénéficier au sein du pays hôte. C’est un critère de base, a-t-il insisté, en prenant l’exemple vertueux de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a des difficultés pour parvenir à un partenariat stratégique en raison de l’absence d’une vision commune du Conseil sur la situation au Soudan du Sud, a-t-il déploré.
Il a demandé que les stratégies de retrait des missions obéissent à des critères clairs, définis en amont, et à un échéancier, en prenant les contre-exemples de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), missions qui ont été déployées trop longtemps.
M. Aboulatta a plaidé pour une révision des mandats des missions de l’ONU en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo (RDC) pour prendre en compte les impératifs opérationnels et politiques.
Enfin, il a souligné le rôle important joué par la Commission de consolidation de la paix et mentionné la réunion ministérielle sur les opérations de paix de l’ONU que son pays devrait accueillir en 2018.
M. DUCLOS (Pérou) a indiqué que l’institutionnalisation des objectifs concrets devait faire systématiquement partie de la phase de planification des opérations de maintien de la paix, en s’appuyant sur les contributions de tous les acteurs nationaux, y compris des femmes et des enfants.
Après avoir plaidé pour un renforcement du rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), le Conseil de sécurité, en établissant les mandats, doit prendre en compte les aspects politiques, en faisant preuve de pragmatisme et de souplesse.
Pays contributeur de troupes, qui se prépare à servir la communauté internationale en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, le Pérou a réaffirmé en conclusion son attachement à la formulation de réponses plus efficaces de la part des Nations Unies, pour leur permettre de s’acquitter des objectifs de la Charte.
M. TORE HATTREM (Norvège), s’exprimant au nom des pays nordiques, a déclaré que le Conseil de sécurité pouvait contribuer à la pérennisation de la paix en mettant l’accent sur une perspective à long terme dans les mandats de ses missions de maintien de la paix. Il a donné pour exemple la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), qui prendra la relève de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), permettant à Haïti de consolider les gains réalisés afin de parvenir à une paix durable.
Les opérations de maintien de la paix, a poursuivi le représentant, devraient également être axées sur les populations et sur l’inclusion, en collaboration avec les communautés locales, y compris les femmes, comme l’a recommandé le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.
En outre, a conclu M. Hattrem, un financement stable et durable est essentiel à la consolidation de la paix, afin d’éviter les conséquences économiques négatives associées au processus de transition à la fin des missions de maintien de la paix.
M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a déclaré que le grand défi pour la paix est la résilience de courte durée « aux tensions et aux velléités déstabilisatrices récurrentes » dans les pays encore fragiles, avertissant que les efforts de l’ONU pour instaurer, maintenir et consolider la paix resteraient vains si la paix recherchée n’est pas pérenne.
Il a également pointé du doigt le cloisonnement qui existe entre les différents organes concernés par la recherche de la paix et le « prisme étroit » à travers lequel la consolidation de la paix a été perçue « jusqu’à présent ».
Pour le représentant, lorsqu’elles disposent de mandats clairs, réalistes et réalisables, tout en bénéficiant de l’appui politique nécessaire, les opérations de maintien de la paix restent l’un des outils les plus souples et les plus adaptés dont l’ONU dispose pour faire face aux défis du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Il a néanmoins constaté que les mandats non adaptés aux situations sur le terrain engendrent des résultats mitigés et peuvent mettre en danger aussi bien les populations à protéger que les contingents sur le terrain. M. Laassel a jugé primordial d’adapter les missions de maintien de la paix aux mandats et aux besoins sur le théâtre des opérations, estimant notamment que chaque mission devait être considérée dans son contexte politique et sécuritaire particulier.
Il a également estimé que la création d’une opération ne devait pas être une fin en soi, ni la seule solution envisagée. Il est important, a-t-il par ailleurs affirmé, que des efforts de stabilisation et de règlement pacifique du conflit soient entrepris simultanément aux opérations militaires de protection des civils.
À hauteur de 0,5% des dépenses militaires mondiales, a poursuivi le délégué marocain, le rôle crucial des opérations de consolidation de la paix et d’instauration d’une paix durable est indéniable.
Mme CAITLIN WILSON (Australie), intervenant au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), a constaté que les transitions ratées au sortir d’une mission de maintien de la paix faisaient augmenter le risque de rechute dans un conflit. Elle a jugé urgent d’améliorer les transitions, évoquant notamment la fermeture prochaine de la Mission des Nations Unies au Libéria, la réduction de la présence au Darfour et la transition en Haïti.
Des transitions effectives, a-t-elle souligné, nécessitent un processus de consultations élargi et l’accès à des financements pour veiller à ce que les approches en matière de ressources et de politiques soient appropriées. La représentante a aussi appelé le Conseil à travailler de manière rapprochée avec le Secrétariat et la Commission de consolidation de la paix (CCP). Elle a ensuite noté un manque de capacité « troublant » en ce qui concerne l’aptitude de l’équipe de pays de l’ONU au Libéria à s’atteler à des tâches importantes.
Tournant ensuite son attention sur la question du financement « qui doit être prévisible et durable », Mme Wilson a appelé à une meilleure coordination avec les autres contributeurs à la consolidation de la paix, qu’il s’agisse d’agences de l’ONU, d’institutions financières internationales ou de partenaires régionaux et bilatéraux.
Elle a aussi estimé que les donateurs avaient un rôle clef à jouer pour faire face à la fragmentation du financement de la consolidation de la paix. Outre la rationalisation des ressources existantes consacrées à la consolidation de la paix, la déléguée a aussi appelé à autonomiser l’architecture de consolidation de la paix pour lui permettre d’interagir auprès des institutions financières internationales afin d’obtenir des financements. Il faut également mettre davantage l’accent sur la participation des femmes, a-t-elle ajouté.
Mme Wilson a par ailleurs appelé à poursuivre les efforts pour aligner les processus de réforme avec les perspectives de pérennisation de la paix, exhortant notamment le Conseil, le Secrétariat et les fonds et programmes à maintenir l’attention sur les raisons pour lesquelles les réformes ont été lancées.
Elle a estimé que la Conférence des ministres de la défense sur le maintien de la paix, qui doit se dérouler à Vancouver au mois de novembre, permettra de faire avancer cet objectif.
M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a soutenu toute initiative visant à renforcer la relation du Conseil de sécurité avec le Conseil des droits de l’homme et ses mécanismes. Remarquant que les opérations de maintien de la paix ne s’attaquaient pas toujours aux causes des conflits, il a suggéré de mieux aborder la situation sur le terrain en tenant compte des expériences couronnées de succès. Il a jugé nécessaire d’avoir une connaissance très fine des circonstances du pays.
Le représentant a rappelé le rôle important que doit jouer le dispositif des Nations Unies pour la consolidation de la paix pour recenser les conditions devant être réunies dans le pays hôte pour la pérennisation de la paix et éviter le prolongement du mandat de la mission de l’ONU. Le risque de retomber dans le conflit étant très important, la transition doit être menée avec l’appui du pays d’accueil, a-t-il souligné en attirant aussi l’attention sur l’importance de disposer de ressources adéquates pour les missions onusiennes.
Enfin, a-t-il plaidé, le Conseil de sécurité doit déterminer l’existence de toute menace à la paix et formuler des recommandations pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Il a engagé le Conseil de sécurité à intégrer le concept de paix durable dans ces recommandations.
M. SAMUEL MONCADA (Venezuela), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que les opérations de maintien de la paix de l’ONU ne devraient pas être utilisées comme substituts au règlement pacifique des conflits et à la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des conflits.
La mise en œuvre des tâches confiées aux opérations de maintien de la paix doit être fondée sur « l’appropriation nationale », de la préparation jusqu’au terme des missions. Il devrait exister une synergie entre les activités de maintien de la paix et la consolidation de la paix, afin d’en garantir la pérennisation.
Les principes de souveraineté, de l’intégrité territoriale et de non-ingérence des États doivent être assurés, a-t-il ajouté, afin d’assurer le succès des opérations de maintien la paix. La prévention des conflits est une responsabilité collective et nationale, a relevé le représentant, ajoutant que la diplomatie préventive et le strict respect du droit international étaient également nécessaires à la prévention et à la pérennisation de la paix.
Il réitéré l’attachement du Mouvement au rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix en tant que forum unique à même de procéder à l’étude de tous les aspects de la question. Enfin, il a souhaité que les consultations en cours tiennent compte des ressources durables et prévisibles nécessaires à la pérennisation de la paix.
M. MEYER (Brésil) s’est dit favorable à une stratégie qui tienne compte de tout le processus de paix, de la prévention au développement à long terme, en passant par la résolution du conflit et le maintien de la paix. Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit garantir le financement total des opérations de maintien de la paix et prévoir des mandats appropriés avec un équipement adéquat.
Pour le succès de ces opérations, il a recommandé de faire le lien entre la formulation des politiques et la mise en œuvre sur le terrain, ainsi qu’entre les consultations au sein du Conseil et le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes.
Éviter de replonger dans le conflit est tout aussi essentiel que le maintien de la paix, a-t-il poursuivi avant de commenter les conclusions du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix. Il a ainsi souligné l’importance de donner la priorité au processus politique dans les efforts de pérennisation de la paix.
Il a aussi estimé que les activités de consolidation de la paix ne devaient pas être subordonnées à des financements volontaires. Le représentant a globalement appuyé l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, notamment en sa qualité de Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP). Le Brésil a assuré la promotion des projets à impact rapide par exemple. Il a espéré que la pérennisation de la paix serait intégrée dans le plus de missions possible.
M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a déclaré que des ajustements structurels sont nécessaires pour que les missions de maintien de la paix soient véritablement efficaces. Cependant, il s’est dit convaincu que « nous avançons dans la bonne direction dans la tâche cruciale d’unir nos efforts afin de contribuer à la pérennisation de la paix et de la sécurité à l’échelle mondiale ».
Il a donné pour exemple le processus de paix dans son pays qui, en tenant compte des réalités politiques et sociales sur le terrain, et avec la volonté politique du Gouvernement et le soutien du Conseil de sécurité, a été un succès. En outre, l’appropriation nationale de ce processus, a-t-il relevé, a été déterminante.
Il a plaidé pour que la prévention des conflits devienne l’un des piliers essentiels de l’action des Nations Unies. Cette « culture de prévention des conflits », a ajouté le représentant, devra inclure des aspects tels que le développement économique, la cohésion sociale et la protection des droits de l’homme.
M. TANMAYA LAL (Inde) a déclaré que les problèmes structurels des opérations de maintien de la paix étaient dus au fait que la nature des interventions avait changé de façon importante au cours des dernières années, avec l’implication croissante d’acteurs non étatiques et de réseaux terroristes internationaux.
Il est essentiel d’investir davantage dans le dialogue politique et de combler l’écart entre les ressources allouées aux opérations de maintien de la paix et à celles dévolues à la pérennisation de la paix, a-t-il ajouté. Il a déploré le fait que les agences de l’ONU chargées de mettre en œuvre les programmes liés à la paix opèrent hors du cadre du Conseil de sécurité et disposent de peu de ressources financières.
Il est important que les missions de maintien de la paix soient financées de façon adéquate à long terme et prévoient des mesures de transition, notamment afin de restaurer la légitimité de l’État et de mettre en place les conditions nécessaires à une paix durable, a relevé le représentant.
Il a proposé d’étudier la possibilité d’octroyer un pourcentage des fonds destinés aux opérations de maintien de la paix aux activités de construction et de pérennisation de la paix.
M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déclaré qu’il y avait beaucoup de mérite à donner la priorité à l’obtention de solutions politiques en matière de prévention et de résolution de conflit. Il a estimé que la médiation était un instrument clef dans lequel il importait d’investir davantage, affirmant que celui-ci devrait être utilisé plus souvent afin de trouver une issue politique pacifique aux conflits et de répondre à leurs causes profondes.
Le représentant a ensuite constaté que la pérennisation de la paix comprend les objectifs de développement durable, de même que la protection et la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit. Afin de renforcer l’efficacité des efforts de pérennisation de la paix, le délégué a engagé l’ONU à déployer des missions plus intégrées sur le terrain, capables de renforcer les capacités des pays hôtes et de créer des partenariats avec des organisations régionales et internationales pertinentes. Il a également appelé à doter les missions de mandats plus clairs et moins ambigus.
M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a axé son intervention sur trois aspects: l’intégration d’une vision de long terme dès le début de la mission, le caractère inclusif de l’ensemble de l’appui, et en particulier le rôle central des femmes et de la jeunesse, et l’importance de garder en perspective les causes profondes des conflits pour agir à toutes les étapes.
Selon le représentant, la pérennisation de la paix passe par une vision d’ensemble. Les objectifs à atteindre sont à définir dès le début d’une intervention dans un pays, de façon à permettre à l’opération de paix de se retirer une fois les objectifs remplis. Dans ce contexte, la mission doit mettre à disposition et offrir dès ses premiers jours les outils qui permettront plus tard, au pays d’assumer seul sa sécurité. Un élément important de la pérennisation de la paix réside dans l’existence d’un secteur de la sécurité fiable.
En outre, une paix pérenne implique la participation de tous dans le processus décisionnel, hommes et femmes. Afin de garantir la prise en compte des besoins et aspirations spécifiques des femmes, il est indispensable de permettre à celles-ci de participer à la prise de décisions concernant les aspects qui sont susceptibles d’exercer un impact sur leur vie.
La résolution 1325 (2000) a tracé la voie en cette matière. La résolution 2250 (2015) sur les jeunes, la paix et la sécurité est complémentaire en soulignant l’importance de la jeunesse dans le domaine des actions menées en faveur de la paix et de la sécurité.
Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance de la médiation, de la réconciliation et le fait de garder une attention particulière pour les causes des conflits. Il s’agit de soutenir les autorités pour recréer un contrat social fort dans lequel l’État se montre capable de fournir les services de base.
Enfin, la coopération avec l’équipe de pays doit être absolue: son travail sur des thèmes fondamentaux, tels que la gouvernance, la chaîne pénale, les élections, la justice transitionnelle, est essentiel pour pérenniser la paix et complémentaire aux efforts de l’opération de maintien de la paix, a indiqué le représentant.
M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a dit, en sa qualité de Président du Groupe des Amis de la paix durable, vouloir continuer à travailler avec le Secrétaire général et les États Membres à faire mieux comprendre le défi systémique de la fragmentation des travaux de l’Organisation. Il a souhaité pour cela que l’ONU utilise tous les outils de la diplomatie préventive et de la consolidation de la paix.
Il faut également que le Conseil de sécurité continue à concevoir des mandats d’opérations de maintien de la paix et de missions politiques spéciales suffisamment flexibles, en lien avec la réalité du terrain, et qui couvrent toute les phases de l’après-conflit.
Le représentant a aussi souhaité une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents, les contributeurs sur le plan financier, les États hôtes, les organisations régionales, les agences du système, les autorités nationales et la société civile.
Il a émis l’espoir de voir la réforme proposée par le Secrétaire général se traduire en une architecture de pérennisation de la paix plus efficace en termes de prévention, de maintien et de consolidation de la paix.
Il a plaidé en faveur d’un vrai changement institutionnel qui repose sur les piliers de la transparence, l’inclusion, la responsabilité et un plus grand appui financier et logistique des opérations de maintien de la paix.
Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a plaidé pour une action et une coopération internationales « sans précédent » afin de faire face à l’échec des mesures de pérennisation de la paix, qui est à la base des défis multiples auxquels fait face la communauté internationale. Il est urgent, a-t-elle insisté, de confronter cette insécurité globale grandissante.
Pour ce faire, elle a préconisé la poursuite de solutions politiques, à travers la prévention et la résolution politique des conflits. Le maintien de la paix n’est pas une fin en soi, a poursuivi la représentante, ajoutant que les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être souples et s’adapter aux conditions sur le terrain.
Les activités de prévention des conflits de l’ONU devraient s’articuler de concert avec la Stratégie globale de l’Union européenne de façon stratégique et cohérente, en accord avec la Charte des Nations Unies, et inclure le partage des renseignements et de l’analyse lors de leurs opérations respectives. Cette stratégie doit mettre l’accent sur une action rapide afin de favoriser la prévention des conflits, a ajouté la représentante.
En outre, a-t-elle relevé, une plus grande intégration entre les activités de maintien de la paix et de développement doit être une priorité.
Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a rappelé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies jouaient un rôle essentiel, en donnant pour preuve que, selon les recherches sur le sujet, les activités menées dans ce cadre permettent de réduire de plus de 90% le nombre de morts parmi les civils.
Notant cependant le caractère de plus en plus instable et complexe des crises, elle a reconnu la nécessité de rechercher tous les moyens possibles de s’attaquer aux instabilités dans le monde avant qu’elles ne se transforment en conflits armés. Pour l’Estonie, il faut mettre l’accent sur les mesures préventives et les solutions politiques. « Nous soutenons pleinement les efforts du Secrétaire général à cet égard », a-t-elle dit.
La représentante a en outre jugé important de se concentrer sur une transition postconflit capable de mettre en œuvre une paix durable, expliquant qu’il fallait pour cela des mandats plus concrets et plus forts pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Mme Lind a ensuite appelé les différents acteurs du maintien de la paix à travailler ensemble pour résoudre les conflits, en recommandant de veiller à bien comprendre les causes du conflit. Elle a jugé utile de disposer d’unités spécialisées au sein des missions de maintien de la paix de l’ONU lorsque cela est nécessaire, par exemple pour le renseignement. Parmi les autres recommandations qu’elle a faites, elle a mis l’accent sur l’importance de la prévention en vue de la pérennisation de la paix.
Mme NOA FURMAN (Israël) a dit qu’avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) à ses frontières, Israël avait appris que son soutien ne valait rien si ces forces étaient inefficaces. La communauté internationale doit insister sur la mise en œuvre intégrale des mandats de maintien de la paix. Comme le Conseil étudie actuellement le renouvellement du mandat de la FINUL, il est temps d’examiner la situation dans le sud du Liban, a indiqué la représentante.
Malgré la présence de la FINUL sur le terrain, « nous avons remarqué une tendance inquiétante », a-t-elle dit. Le Hezbollah a multiplié par 10 son arsenal de missiles et de roquettes et a stocké des armes sophistiquées, a dénoncé Mme Furman. Il installe délibérément ces armes dans les villages et les villes, exploitant les civils libanais comme boucliers humains.
Le Hezbollah a même tenté de dissimuler ses activités militaires sous la prétendue organisation non gouvernementale « Green Without Borders ». Ces activités montrent, selon elle, la récurrence des violations flagrantes par le Hezbollah de la résolution 1701 (2006).
Il est extrêmement important que la FINUL s’attaque aux activités illégales qui se déroulent dans le sud du Liban et aide le Gouvernement libanais à étendre son contrôle sur l’ensemble de son territoire. Le Conseil de sécurité doit garantir l’accomplissement complet du mandat de la FINUL et devrait rester pleinement informé de la situation réelle sur le terrain, y compris des obstructions et des contestations à la mise en œuvre du mandat.
« Nous aimerions également saisir cette occasion pour affirmer le soutien d’Israël à la FNUOD dont les forces vont progressivement revenir aux positions de l’ONU dans la zone de séparation », a ajouté la représentante.
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que son pays était un des principaux contributeurs de troupes d’opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans le monde depuis six décennies. Cet objectif exige des mandats avec des tâches réalistes, de la flexibilité pour s’adapter aux changements sur le terrain et des stratégies claires de retrait. Lorsque des vies sont menacées, l’objectif du maintien de la paix doit primer sur la limitation des coûts.
Le manque de ressources suffisantes résulte inévitablement de la non-mise en œuvre des mandats des Casques bleus, a estimé la représentante. « Nous devrions parler de l’amélioration des capacités, et non des compressions du budget de maintien de la paix », a encore suggéré Mme Lodhi.
La pleine mise en œuvre des mandats exige une communication entre leurs concepteurs et leurs rédacteurs et ceux qui les mettent en œuvre sur le terrain. Pour y parvenir, a conseillé la représentante, « nous devrions renforcer l’interaction entre les parties prenantes, améliorer la circulation des informations dans toutes les directions et à toutes les étapes, et améliorer les capacités pour générer des analyses et évaluations précises et objectives et puis les introduire dans les processus décisionnels ».
Un partenariat efficace avec les pays fournisseurs des contingents devrait s’étendre du déploiement et des aspects opérationnels à un rôle dans la prise de décisions et la formulation des politiques. Le Conseil de sécurité doit conduire ce partenariat. Le dialogue est important et doit être continu et durable.
Il faut également une interface plus complète entre les activités de maintien de la paix et de consolidation de la paix grâce à l’engagement précoce de la Commission de consolidation de la paix (CCP) dans le cadre des stratégies de sortie et de transition.
Une convergence accrue entre les perspectives des partenaires de développement et des pays hôtes, basée principalement sur les priorités de ces derniers, est essentielle, a encore suggéré Mme Lodhi.
M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a encouragé le rôle du Conseil de sécurité à trouver de meilleurs moyens de promouvoir des solutions politiques durables aux crises. Les solutions sont aussi multidimensionnelles que les causes des conflits, a souligné le représentant, expliquant que les missions seules ne peuvent pas apporter la paix mais qu’elles peuvent néanmoins faire leur part dans un contexte plus large. En traitant des causes structurelles et sous-jacentes des conflits, nous devons, a insisté le représentant, étudier les véritables moteurs de tous les cycles d’un conflit et pas seulement les différentes étapes. Le Conseil devrait donc exploiter les informations recueillies par le système des Nations Unies, les bureaux sur le terrain et les différents mécanismes et procédures. Une analyse intégrée lui permettrait de mieux définir les objectifs stratégiques et élaborer des mandats « intelligents » pour pouvoir utiliser plus efficacement les différents instruments.
Il faut, a poursuivi le représentant, un engagement international bien coordonné et bien séquencé. Nous n’avons toujours pas compris, a-t-il regretté, que le retrait des soldats de la paix ne saurait marquer la fin de l’engagement de l’ONU et de la communauté internationale. Cet engagement, dans lequel les opérations de maintien de la paix sont une « partie organique », exige une planification soigneuse, des critères bien précis et des mécanismes de surveillance fiables de même qu’une approche véritablement intégrée et des ressources adéquates et souples. Le représentant s’est d’ailleurs attardé sur l’exemple de la Mission au Mali que l’Allemagne soutient. Mon pays, a-t-il rappelé, est le plus gros contributeur du Fonds pour la consolidation de la paix et du Fonds d’affectation du Département des affaires politiques, sans compter les contributions importantes qu’il a faites aux mécanismes de stabilisation mis en place par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans différents pays dont l’Iraq. Le représentant a enfin conseillé le renforcement du rôle de conseiller de la Commission de consolidation de la paix auprès du Conseil de sécurité. Il a aussi estimé que le rôle des coordonnateurs résidents devrait davantage tendre vers un appui à l’agenda pour une paix durable.
M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a estimé que, dans ses efforts de maintien de la paix, l’ONU doit insister sur la promotion et le renforcement de l’état de droit et de ses institutions aux niveaux national et régional. La dissuasion est un instrument essentiel de la prévention et, en la matière, la Cour pénale internationale (CPI) est le dernier recours, la responsabilité primaire d’enquêter et de poursuivre les crimes graves revenant aux États, a insisté le représentant. Mais, a-t-il poursuivi, adhérer au Statut de Rome est un moyen de renforcer l’état de droit et les institutions judiciaires au niveau national parce que les États sont obligés de prouver leur capacité et leur volonté de poursuivre les responsables des crimes graves. Adhérer au Statut de Rome et coopérer avec la CPI est donc un exemple concret de la mise en œuvre du seizième objectif de développement durable. Il est important, dans ce cadre, que le Conseil de sécurité appuie ce travail, en assurant coopération et cohérence avec la Cour, y compris en partageant les informations et en aidant les États à protéger les témoins et exécuter les mandats d’arrêt.
Le Conseil de sécurité, a encore insisté le représentant, a la responsabilité de mettre fin et de prévenir les atrocités de masse dans les situations de conflit. Le Code de conduite de l’ACT sur l’action du Conseil contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, lequel compte 113 États signataires, est une bonne illustration de la volonté des Membres de l’ONU de rappeler le Conseil à sa responsabilité. L’Assemblée générale aussi se sent plus responsable, s’est réjoui le représentant, en se félicitant de la création du Mécanisme d’établissement des responsabilités pour la Syrie qu’elle a créé quand le Conseil de sécurité s’est retrouvé dans l’impasse.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a déclaré que la pérennisation de la paix pouvait permettre de prévenir les conflits et d’assurer la reconstruction postconflit. Les opérations de maintien de la paix doivent faire partie intégrante des outils disponibles afin d’assurer la pérennisation de la paix. Les fonctions de diplomatie politique et de prévention des conflits doivent être mieux intégrées aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.
En outre, a ajouté le représentant, la coopération entre l’ONU, les États Membres, et les organisations régionales et sous-régionales doit être accrue. Il a de plus encouragé les Nations Unies à consulter de façon approfondie les parties prenantes impliquées dans les opérations de maintien de la paix, y compris les pays contributeurs de troupes.
Le représentant a demandé au Secrétaire général d’examiner les options à sa disposition afin de restructurer les mécanismes liés à la paix et à la sécurité de l’ONU. Enfin, il a plaidé pour un financement stable et adéquat des opérations de maintien de la paix et des activités de pérennisation de la paix.
M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a plaidé en faveur du renforcement de la prévention des conflits, ce qui implique de mettre davantage l’accent sur le rôle principal des politiques. La mise en place de systèmes d’alerte précoce est tout à fait pertinent à cet égard. L’Afrique du Sud et la Slovaquie coprésident le Groupe des Amis de la réforme du secteur de la sécurité, a-t-il rappelé en mettant l’accent sur les approches préventives de la pérennisation de la paix.
Une action préventive est d’autant plus utile que le coût de la gestion des conflits est élevé, a-t-il remarqué. Il faut donc, a-t-il déduit, que les Nations Unies passent de la gestion des conflits à la mise en place d’un environnement propice au dialogue inclusif, à une transition pacifique et à une paix sur le long terme.
L’Architecture africaine de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) se concentre sur la prévention et la gestion des conflits, ainsi que sur la consolidation de la paix, a-t-il poursuivi en donnant l’exemple de la Force africaine en attente et de sa capacité de déploiement rapide.
La mise en œuvre conjointe d’un cadre de l’UA pour des partenariats renforcés dans le domaine paix et sécurité reflète l’engagement de l’UA dans quatre domaines: prévention et médiation des conflits et paix durable; réponse aux conflits; gestion des causes profondes; et examen permanent et renforcement des partenariats.
Le représentant a par ailleurs plaidé en faveur d’une bonne représentation des deux sexes au sein des structures de maintien de la paix des Nations Unies, une condition importante selon lui pour parvenir à des processus efficaces de pérennisation de la paix.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a rappelé son statut de pays contributeur de troupes depuis 1958, dont six missions en cours. Elle s’est prévalue de son expérience pour affirmer que les missions ne peuvent pas se contenter d’adopter des formules toutes prêtes. Elle a appelé à saisir l’occasion du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour améliorer les mandats prévus par l’ONU.
Soulignant la nécessité de développer les capacités d’édifier des États pacifiques, inclusifs et résilients, elle a relevé la responsabilité de permettre un leadership, une appropriation et une reddition de comptes sur le long terme.
Insistant sur l’absence de solution unique, elle a souhaité que les mandats des opérations de maintien de la paix tiennent compte des différents facteurs qui causent les conflits et la fragilité. Elle a recommandé aux Casques bleus de rester pleinement engagés sur le terrain avec les communautés locales.
En outre, a-t-elle remarqué, « nous savons que les personnes sont moins tentées de revenir à la violence si leurs droits sont respectés ». Elle a donc appelé à tenir compte des droits de l’homme dans le maintien de la paix. Pour l’Irlande, les mandats dans ce domaine doivent aussi prendre en compte les besoins spécifiques des femmes et des enfants, ainsi que l’égalité entre les sexes.
La représentante a aussi considéré que le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) serait un test pour le système de l’ONU, dans la mise en œuvre de l’approche de pérennisation de la paix.
M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a appelé à élargir le rôle du processus politique au sein des opérations de maintien de la paix afin de résoudre les conflits et d’assurer la pérennisation de la paix. Il a déclaré que l’ONU devrait concentrer son action là où des opérations de maintien de la paix ont des chances réalistes d’atteindre leurs objectifs, à l’aide d’une orientation stratégique claire.
Il a proposé la création d’un mécanisme institutionnel permettant des consultations régulières entre les pays contributeurs de troupes, les forces de sécurité nationales et le Conseil de sécurité. Il a en outre plaidé pour que la mise sur pied des opérations de maintien de la paix se fasse sur une base réaliste, afin de préserver la crédibilité et la sécurité du personnel des Nations Unies.
Enfin, a-t-il conclu, l’allocation de ressources prévisibles et durables doit être une priorité afin d’assurer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a fait une analogie entre un traitement médical et les opérations de maintien de la paix pour plaider en faveur non seulement de la prévention mais aussi de la prescription nécessaire lorsque les symptômes apparaissent. Une mission de l’ONU doit être basée sur un diagnostic soigneux, a-t-il expliqué en recommandant de s’adapter aux situations changeantes.
Il a pris l’exemple de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour laquelle l’ONU a fait preuve de souplesse en procédant à des modifications sur le plan géographique lorsque la situation s’est détériorée au centre du Mali.
Rappelant que les missions de l’ONU ne devaient pas durer pour toujours, le représentant a recommandé de fixer des jalons pour mesurer les progrès, notamment au niveau des institutions des droits de l’homme et du statut des femmes. Le Conseil de sécurité devrait être ferme avec les pays qui ne coopèrent pas avec les Nations Unies, a-t-il lancé, souhaitant que les pays hôtes soient tenus responsables et visant en particulier le Soudan du Sud.
Tout comme un médecin, un Casque bleu doit avoir les bons outils, a-t-il ajouté en prônant une modernisation des opérations de maintien de la paix. Enfin, il a demandé aux pays fournisseurs de contingents qui ne l’ont pas encore fait de souscrire aux Principes de Kigali.
Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de fournir des hélicoptères aux missions qui en ont besoin pour le bon accomplissement des mandats.
M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre) a déclaré que son pays avait continuellement bénéficié, depuis les années 60, de l’implication des Nations Unies dans le but de parvenir à la paix et à la réunification de l’île, par l’intermédiaire de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) et aux bons offices du Secrétaire général.
Cette Force est un exemple d’opération de maintien de la paix efficace dont la continuation est indispensable aussi longtemps qu’un règlement du conflit n’est pas trouvé.
D’après la longue expérience de Chypre, a ajouté le représentant, la priorité la plus importante est d’arrêter le conflit et de s’assurer qu’il ne reprend plus. En outre, assurer une paix durable et prévenir les conflits sont tout aussi importants.
Par ailleurs, éradiquer les causes profondes des conflits devrait servir de base à la participation de l’ONU. Tout examen des opérations de maintien de la paix devrait être guidé par la situation sur le terrain, a indiqué M. Korneliou, qui a estimé que l’objectivité et l’impartialité sont des principes clefs garantissant la crédibilité et l’efficacité des Nations Unies.
Aussi longtemps que Chypre reste sous occupation militaire turque, il est clair que la présence de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre est absolument nécessaire. Dans le même temps, l’ONU demeure le forum par lequel un règlement peut être atteint et devrait être la priorité de tous les efforts, a soutenu le représentant.
M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a appelé à prendre en compte les différentes composantes de chaque mission et recommandé de faire participer activement les pays hôtes à la consolidation de la paix. Ceux-ci et le Conseil de sécurité doivent passer d’une approche paix et sécurité à une approche centrée sur le citoyen, a-t-il précisé.
Il a conseillé de développer des opérations de maintien de la paix en suivant des approches plus stratégiques et en faisant participer les communautés. La Malaisie a acquis une expérience en matière de formation au maintien de la paix, a-t-il indiqué, notamment pour rapprocher les intervenants de la population locale et gagner sa confiance.
Il a souligné le rôle des femmes et des jeunes en tant que médiateurs pour la pérennisation de la paix. De leur côté, les Casques bleus peuvent aider le pays hôte à parvenir à cet objectif, a-t-il ajouté.
M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a appelé à une plus grande cohérence entre les activités de construction, de maintien et de consolidation de la paix, ainsi que de développement. Il déclaré que les mandats des opérations de maintien de la paix devaient être clairs et réalistes, et constamment adaptés en fonction des réalités sur le terrain.
Il a ajouté que les principes de consentement des parties, d’impartialité et de non-usage de la force sauf en cas de défense et de défense du mandat devaient être observés. Certaines incertitudes concernant les fondements juridiques de l’utilisation de la force doivent être clarifiées, a-t-il noté.
En outre, les États qui se relèvent d’un conflit doivent être en mesure d’identifier les priorités de reconstruction et de mettre en œuvre les activités de développement.
Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de l’indépendance politique, de l’égalité souveraine des États et de l’intégrité territoriale, de même que le droit international humanitaire et les droits de l’homme.
M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a expliqué que la doctrine de la prévention dans les opérations de maintien de la paix ne visait pas seulement à éviter que des conflits n’éclatent, mais aussi à rester engagé dès les premiers signes de conflit et jusqu’à la phase de redressement. Même lorsque le déploiement d’une mission n’est pas encore nécessaire, la menace de la force a un effet dissuasif à l’égard des parties, a-t-il aussi noté.
Une approche unique n’est pas envisageable, a-t-il dit en souhaitant que chaque mandat s’adapte au conflit en présence. Il a suggéré de prévoir des mandats progressifs pour mieux s’adapter à l’évolution de la situation sur le terrain.
Pour la pérennisation de la paix, le représentant a misé sur l’implication de la société civile et de toutes les parties prenantes y compris les dirigeants communautaires et religieux. Il faut aussi, a-t-il plaidé, que les pays hôtes s’approprient les processus de paix.
M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a déclaré que, pour briser le cycle des conflits et arriver à des solutions durables, « nous devons constamment évoluer et adapter les outils de maintien de la paix ». Une stratégie globale visant à mettre en place des solutions pérennes fondées sur un accord politique ferme est essentielle, a-t-il noté.
« Nous devons nous assurer, a poursuivi le représentant, que les opérations de maintien de la paix redonnent espoir aux populations et favorisent la crédibilité de l’ONU, et non le contraire. » Il a salué les initiatives visant à éliminer l’exploitation sexuelle et la reddition de comptes des Casques bleus.
Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être flexibles lorsque les circonstances l’exigent afin de refléter les réalités politiques et opérationnelles sur le terrain, et ce, pour toute la durée du conflit, a-t-il dit. Cependant, l’action des agences de l’ONU n’est pas toujours aussi coordonnée qu’elle le devrait, a déploré le représentant, ajoutant qu’une approche intégrée et cohérente était donc nécessaire.
À cet effet, a-t-il relevé, le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix a formulé des recommandations importantes visant à réformer et à renforcer les opérations de maintien de la paix par le biais d’une stratégie politique plus efficace.
Pour le représentant, la réforme du secteur de la sécurité est un élément clef permettant de résoudre les causes profondes de l’insécurité, de favoriser le développement, la protection des civils et l’état de droit, de même que la consolidation de la paix.
M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a rappelé que son pays coprésidait le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, avec la Norvège et l’Éthiopie. Il a estimé que le Secrétariat et les États Membres devaient augmenter le niveau d’investissement en termes d’analyse, de stratégie et de planification, en vue de disposer de missions plus efficaces.
Le Secrétariat doit notamment améliorer ses analyses pour que le Conseil de sécurité puisse mieux comprendre les dynamiques de terrain lorsqu’il doit ajuster les mandats. Le représentant a aussi plaidé en faveur d’une stratégie politique complète qui prenne en compte tout le processus de pérennisation de la paix.
En outre, la stratégie globale de pérennisation de la paix doit refléter les partenariats stratégiques avec les parties prenantes autres que l’ONU, a ajouté le représentant avant de souligner l’importance des partenariats stratégiques avec les organisations régionales et notamment l’Union africaine.
En ce qui concerne les activités de consolidation de la paix, il a recommandé les mêmes partenariats ainsi que d’autres avec des acteurs tels que les banques de développement et la société civile.
En tant que Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP) cette année, il s’est attaché à renforcer de tels partenariats, a-t-il témoigné. Il faut respecter l’appropriation nationale, a-t-il aussi recommandé.
M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a estimé qu’un dispositif unique regroupant l’ensemble des opérations de paix était le mieux adapté pour faire face à la complexité des défis actuels. Les mandats de maintien de la paix devraient, dès le début et sans discontinué, couvrir tout l’éventail des réponses appropriées.
Les transitions seraient ainsi plus fluides entre les différentes phases d’une mission. Une telle approche cadrerait par ailleurs avec la vision du Secrétaire général en matière de prévention qui intègre sur un même plan tous les piliers de l’action de l’ONU, à savoir la paix, la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme.
Abordant la question du financement, le représentant a dit que pour que le Conseil de sécurité puisse pleinement assumer son rôle central dans la prévention et le règlement pacifique des conflits, il devait pouvoir tirer pleinement parti des divers outils à sa disposition.
Un budget insuffisant au départ est souvent à l’origine de coûts élevés par la suite, a-t-il constaté avant d’inviter l’ensemble des États Membres « à apporter leur soutien au financement de tout le cycle du conflit, en particulier des mesures de prévention et du dispositif de consolidation de la paix ».
M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a appelé à passer d’un état d’esprit réactif à une attitude proactive, soulignant que le concept de pérennisation de la paix appelle à envisager la consolidation de la paix d’une manière plus holistique qui englobe la prévention et la résolution de conflit ainsi que l’établissement des fondements d’une paix durable.
Il a également indiqué que les efforts de pérennisation de la paix ne doivent pas uniquement dépendre des opérations de paix et de sécurité, mais reposer sur une approche qui assure le bien-être des populations locales tout en promouvant leurs droits sociaux et politiques.
Le représentant a aussi insisté sur l’importance de l’appropriation nationale, jugeant nécessaire de doter les missions de mandats réalistes, « taillés sur mesure » en fonction de chaque contexte local, et mis en œuvre en tenant compte des perspectives locales et nationales. Il a également souligné que la participation des femmes était « politiquement indispensable » pour assurer l’efficacité opérationnelle de l’ensemble du processus.
Poursuivant son intervention, M. Plasai a appelé à veiller à ce que chaque Casque bleu soit doté du savoir, des aptitudes et des attitudes nécessaires pour pouvoir s’acquitter de ses fonctions. Il a aussi plaidé pour une bonne gestion des stratégies de sortie, estimant que la planification de la transition et de l’appui « postmission » devait être mise en place à un stade précoce.
Le représentant a également jugé important d’aligner le mandat des missions aux priorités nationales, pour ensuite appeler au renforcement des capacités des organisations régionales et sous-régionales. Les échanges de vues entre ces dernières, le Conseil de sécurité et les autres entités de l’ONU doivent aussi être encouragés, a-t-il ajouté.
M. MHER MARGARYAN (Arménie) a rappelé que son pays était un contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, en particulier à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), ainsi qu’aux opérations sous commandement de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) au Kosovo et en Afghanistan.
« L’Arménie maintiendra son niveau actuel de participation au Liban et au Mali et nous disposons des capacités suffisantes pour accroître le nombre de troupes au sein de la FINUL et celui des personnels de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) », a précisé le représentant.
Il a ajouté que seul un dialogue global et sincère entre les parties à un conflit serait de nature à éviter une escalade de la situation sur le terrain et à ouvrir la voie à une solution politique et à la réconciliation entre les peuples.
Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a jugé important d’améliorer l’efficacité des missions de maintien de la paix en définissant clairement les mandats de chacune en rapport avec le contexte du pays hôte. Elle a salué à cet égard les récentes évaluations menées au sujet des activités de maintien de la paix avec une attention accrue sur la diplomatie préventive et la médiation.
La représentante a également plaidé en faveur d’une plus grande cohérence entre les activités de maintien de la paix et de la consolidation de la paix, ce qui requiert une plus grande coordination entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix (CCP) dans les discussions sur les politiques à long terme de pérennisation de la paix.
Il faut aussi mener des consultations plus inclusives, lors de la formulation des mandats des missions, entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes.
La représentante a aussi misé sur la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dont l’expérience sur le terrain est significative. Elle a tenu à rappeler l’importance, dans toutes ces activités, de respecter pleinement le droit international et la Charte des Nations Unies, en particulier les principes d’impartialité politique et de non-ingérence dans les affaires internes des pays. Elle s’est aussi montrée soucieuse de la sécurité et de la bonne conduite du personnel de l’ONU.
Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a rappelé que la phase d’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix prenait désormais en compte de multiples composantes pour en faire de véritables « tremplins » de la paix durable.
Le nouveau concept de paix durable exige en effet de concevoir des mandats qui tiennent compte des processus politiques à l’œuvre dans les pays en conflit. Il faut donc, dans cette perspective, s’attacher à l’expertise de la Commission de consolidation de la paix.
La représentante a enfin cité en exemple le Plan commun de transition mis au point par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et l’équipe de pays des Nations Unies en Haïti.
M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a jugé très important de disposer d’un cadre analytique permettant au Conseil d’examiner les changements nécessaires dans les mandats des missions de maintien de la paix de l’ONU. Un tel cadre peut établir une meilleure coordination et une cohérence opérationnelle entre les opérations de maintien de la paix et l’équipe de pays des Nations Unies sur le terrain.
Il faut aussi que la phase de définition des opérations de maintien de la paix prenne en compte les contextes historique, politique et économique des situations en présence, grâce à des outils analytiques pertinents. De l’avis de la délégation, une telle analyse permet de faire le bon diagnostic des causes sous-jacentes du conflit et donc de la situation de conflit.
L’autre question importante pour les Maldives est le développement des capacités de l’État et de ses institutions, un objectif que les opérations de maintien de la paix peuvent aider à atteindre.
Mme BELEN SAPAG MUÑOZ DE LA PEÑA (Chili) a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’agir de manière efficace et cohérente afin de remédier aux causes profondes des conflits. Elle a défendu une appropriation nationale des efforts de paix, en concertation avec les acteurs internationaux, avant d’insister sur le rôle important joué par la société civile.
La Commission de consolidation de la paix (CCP) est très utile pour la mobilisation de tous les acteurs, a affirmé la déléguée chilienne. Elle a demandé que les opérations de paix soient examinées périodiquement et s’est félicitée des efforts en cours visant à accroître le nombre de femmes occupant des postes de haut niveau en leur sein.
Enfin, elle s’est prononcée en faveur d’une vision pratique et cohérente du concept de la pérennisation de la paix.
M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a plaidé en faveur du concept de diplomatie préventive, que le Conseil doit systématiser dans la phase d’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix.
Partisan de consultations intensives avec les pays contributeurs de troupes, le représentant a souligné l’importance du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, qu’il a considéré comme un exemple à suivre en matière de coopération pour le déploiement des opérations de paix.
M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a adhéré à l’avis selon lequel la responsabilité des Nations Unies est de faire en sorte que les solutions politiques promeuvent la prévention, intègrent les droits de l’homme et renforcent l’engagement et l’autonomisation des femmes et des filles. Le représentant a insisté sur la prévention des conflits et sur le fait que le maintien de la paix doit viser à promouvoir la réconciliation nationale, le renforcement des capacités nationales et la mise en place d’institutions garantes d’une paix durable. Il a rappelé la participation de son pays à différentes opérations de maintien de la paix et sa contribution au budget de ces opérations. Il a aussi rappelé le rôle de chef de file que son pays a joué dans les efforts de médiation en République démocratique du Congo, au Mozambique ou encore au Lesotho. Il n’a pas oublié de souligner que son ancien Président, M. Festus Mogae, dirige actuellement la Commission mixte de suivi et d’évaluation pour le Soudan du Sud. Il s’est à ce propos félicité du Cadre pour un partenariat renforcé dans les domaines de la paix et de la sécurité que viennent de signer l’ONU et l’Union africaine.
M. DENIS RÉGIS (Haïti) a indiqué que la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) touchait à sa fin. Le Gouvernement et le Conseil en sont convenus, a-t-il dit, en soulignant le retour de la stabilité dans son pays et la bonne tenue des dernières élections. « À travers la Mission, l’ONU a largement contribué à ce résultat. »
Il a jugé essentielle la consolidation continue des acquis par le renforcement des institutions nationales. L’appropriation par ces institutions des fonctions exercées par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) sera le critère déterminant du succès de la Mission, a-t-il noté.
M. Régis a indiqué que son gouvernement et l’ONU œuvraient de conserve à la mise en place d’un nouveau cadre de coopération stratégique, qui reflétera la nouvelle réalité sur le terrain. Le délégué a souhaité que le débat sur l’objectif de la pérennisation de la paix ne fasse pas abstraction de la question de l’extrême pauvreté.
Déclarant que l’ONU ne pouvait pas se soustraire à ses responsabilités, il a salué le plan du Secrétaire général prévoyant la nomination de défenseurs des droits des victimes dans le cadre des activités de paix de l’ONU. « Cette approche –nous le souhaitons vivement- doit s’étendre à tous les cas d’atteinte aux droits humains et de préjudices moraux et matériels dont une mission aurait été elle-même la cause », a conclu le délégué.
M. TEODORO LOPEZ LOCSIN, JR. (Philippines) a rappelé les règles qui régissent les nombreuses participations de son pays aux opérations de maintien de la paix: la prérogative exclusive du Président philippin de décider du déploiement des troupes, l’autorité du Conseil de sécurité, un mandat clair et réaliste, un calendrier et une stratégie de sortie fixes et le consentement du pays hôte. Le représentant a estimé qu’il faut davantage investir dans les solutions politiques locales, lesquelles seraient appuyées par les opérations de maintien de la paix de l’ONU. S’agissant de la déontologie et de la discipline, il a préconisé une formation avant et pendant le déploiement des Casques bleus, laquelle formation insisterait sur le leadership et la responsabilité de toute la chaîne de commandement. Pour surmonter la culture de l’impunité, il faut aussi, a-t-il poursuivi, de véritables échanges d’informations et des initiatives novatrices pour renforcer les capacités sur la base des meilleurs pratiques. Quant à la sécurité des Casques bleus, le représentant a estimé que les opérations de maintien de la paix devraient travailler plus étroitement avec les communautés et les ONG locales. S’agissant du renforcement de la capacité opérationnelle, il s’est joint aux appels pour que le Secrétariat de l’ONU se montre plus transparent dans la sélection des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police.
Après avoir souligné la participation active de son pays à différentes opérations de maintien de la paix, M. LUKE DAUNIVALU (Fidji) a estimé qu’une partie importante des efforts visant à parvenir à une paix durable réside dans les règles applicables aux Casques bleus. La loi cardinale qui voulait que ces soldats n’interviennent qu’avec la permission du pays hôte, qu’ils fassent preuve d’impartialité et qu’ils ne recourent à la force qu’en cas de légitime défense, doit peut-être être réexaminée pour répondre aux nouvelles menaces et s’adapter à la réalité du terrain. Dans ce cadre, le mandat d’une mission est de la première importance, a souligné le représentant, en rappelant que lorsque l’ONU a évalué celui de sa mission en Somalie, elle en était venue à la conclusion qu’il était « vague et prêtant à une myriade d’interprétations ». Il est donc impératif, a plaidé le représentant, d’avoir des objectifs clairs pour éviter toute ambiguïté voire des pertes en vies humaines.
L’élaboration d’un bon mandat exige des consultations structurées entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police et le Secrétariat de l’ONU. Il faut aussi sensibiliser le personnel des opérations de maintien de la paix aux discussions politiques en cours et aux approches à l’étude. La manière dont l’ONU équipe les soldats de la paix est cruciale pour tout succès. En toutes choses, a conclu le représentant, il faut s’attarder sur le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, dont les débats de cette année sont une source incontournable.