7996e séance – après-midi
CS/12902

RPDC: condamnation unanime des membres du Conseil de sécurité mais divergences sur la réponse à donner au tir de missile balistique du 4 juillet

Au lendemain du tir d’un missile balistique de longue portée réalisé par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques des Nations Unies, M. Miroslav Jenča, a exhorté aujourd’hui les dirigeants de la RPDC à cesser toute provocation et respecter leurs obligations internationales.  Mais si tous les membres du Conseil ont condamné cette violation par Pyongyang des résolutions prises à son encontre, la suite à donner à cette nouvelle provocation a fait l’objet d’un profond désaccord, particulièrement entre les représentants de la Chine et de la Fédération de Russie, d’une part, et les États-Unis, de l’autre.

À l’ouverture de cette réunion d’urgence du Conseil, convoquée par la présidence chinoise à la demande des États-Unis, du Japon et de la République de Corée, M. Jenča a rappelé les faits et les détails de ce tir de missile balistique survenu vers 9 heures, heure locale, le 4 juillet, et qualifié par la RPDC de « tir d’essai d’une fusée intercontinentale Hwason-14 ».  Rappelant que le missile a parcouru, selon les autorités nord-coréennes, une distance de 933 kilomètres en 39 minutes et en atteignant une altitude de 2 802 kilomètres, avant de s’abîmer en mer, M. Jenča a précisé que le missile aurait une portée d’environ 6 700 kilomètres s’il était tiré sur une trajectoire plus typique, ce qui en fait « un missile balistique intercontinental ».   

Alors que c’est la septième fois cette année que le Conseil doit examiner la situation en RPDC, et la cinquième à l’occasion d’un tir de missile en violation de ses résolutions, M. Jenča a précisé que la RPDC se targuait désormais de disposer « d’une capacité nucléaire à part entière grâce au missile intercontinental le plus puissant, capable de frapper n’importe quelle partie du monde avec des armes nucléaires ».

Lors du débat, auquel a également participé le représentant de la République de Corée, tous les intervenants ont condamné le tir comme une nouvelle atteinte au droit international et ont appelé la RPDC à renoncer à ses ambitions nucléaires.  En revanche, ils ont affiché de profonds désaccords sur l’attitude à adopter.

Parlant du 4 juillet 2017 comme d’une « journée sombre qui a rendu le monde plus dangereux », la représentante des États-Unis a averti que son pays était disposé à « utiliser toute la gamme de ses capacités » pour assurer sa défense et celle de leurs alliés.  Les États-Unis utiliseront les moyens militaires s’ils le doivent, mais préféreraient « ne pas avoir à le faire », a ajouté Mme Nikki R. Haley, qui a annoncé que son pays présenterait un projet de résolution afin notamment de renforcer les sanctions commerciales contre la RPDC.  Elle a en outre averti que les États qui commercent avec la Corée du Nord, en violation des sanctions économiques et commerciales internationales, « doivent s’attendre à un changement de comportement des États-Unis à leur égard ».

Plusieurs autres membres du Conseil ont exprimé des positions très fermes.  « Lorsque nos messages, nos appels, nos avertissements sont délibérément ignorés, de manière répétée et systématique, alors une réponse déterminée est nécessaire », a ainsi estimé le représentant de la France.  À l’instar des représentants du Royaume-Uni et du Japon, il a exhorté la Corée du Nord à montrer sincèrement, par des gestes concrets, qu’elle est prête à s’investir dans une solution négociée, faute de quoi la communauté internationale n’aura d’autre choix que d’exprimer sa fermeté.  Plus tard, le représentant de la République de Corée a demandé à la RPDC de « s’éloigner du point de non-retour » avant d’inviter Pyongyang à sortir de son illusion consistant à croire qu’elle peut assurer sa sécurité par un programme nucléaire et balistique, et à choisir au contraire la voie de la dénucléarisation.

Tout en condamnant elles aussi le tir, d’autres délégations ont appelé à la modération.  Les représentants de la Chine et de la Fédération de Russie ont ainsi tous deux appelé à s’abstenir de toute provocation et de rhétorique guerrière.  Le représentant russe a d’ailleurs émis des doutes sur le fait que le missile tiré soit un véritable missile intercontinental.

La Chine et la Fédération de Russie ont également mis en avant leur démarche conjointe, convenue entre leur président respectif, au lendemain du tir.  Celle-ci s’appuie sur le projet de « double moratoire » chinois et le plan par étapes russe.  Ce double moratoire prévoit la suspension par la RPDC des tests nucléaires et balistiques, en échange d’une suspension des manœuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes à grande échelle, que Pyongyang considère comme une menace directe.  Quant au plan par étapes, il invite à la réduction des tensions dans la péninsule coréenne, par l’arrêt de l’escalade de la situation.  Forts de leur proposition, les deux représentants ont exhorté les États-Unis et les autres pays à privilégier une « diplomatie créative ». 

Cette prise de position a suscité une vive réaction de la représentante des États-Unis.  « Si vous vous opposez à une nouvelle résolution, cela démontrera que vous tenez la main de Kim Jon Un », a–t—elle lancé aux représentants chinois et russe. 

Estimant comme beaucoup d’autres qu’il ne peut y avoir de solution militaire à la crise coréenne et qu’il est urgent de rétablir la confiance pour trouver une solution diplomatique dans l’intérêt de la péninsule et de la région, le représentant de la Suède a jugé indispensable la mise en place d’un mécanisme de sécurité régional.

Enfin, certains représentants ont insisté sur la nécessité de mettre déjà pleinement en œuvre les sanctions existantes.  Si le représentant de l’Italie s’est à cet égard félicité de l’augmentation du nombre de rapports remis par les États Membres au Comité des sanctions, il a jugé encore insuffisants les efforts pour les mettre en œuvre.

NON-PROLIFÉRATION/RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a rappelé les éléments factuels du tir du missile balistique par la République populaire démocratique de Corée, survenu vers 9 heures, heure locale, le 4 juillet, et qualifié par ce pays de « tir d’essai d’une fusée intercontinentale Hwason-14 ».  Rappelant que le missile a parcouru, selon les autorités nord-coréennes, une distance de 933 kilomètres à l’occasion d’un vol de 39 minutes et en atteignant une altitude de 2 802 kilomètres, avant de s’abîmer en mer, M. Jenča a précisé que le missile aurait une portée d’environ 6 700 kilomètres s’il était tiré sur une trajectoire plus typique.  Cela en fait un missile balistique intercontinental (ICBM), a constaté M. Jenča.  Le Sous-Secrétaire général a rappelé que la République populaire démocratique de Corée, « une fois de plus », n’avait pas fait de notifications préalables aux organisations internationales responsables de la sécurité aérienne ou maritime.

Citant les médias officiels de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), M. Jenča a relevé que ce pays se targue désormais de disposer « d’une capacité nucléaire à part entière grâce au missile intercontinental le plus puissant, capable de frapper n’importe quelle partie du monde avec des armes nucléaires ».

C’est la septième fois que le Conseil se réunit à propos de la RPDC en 2017, a encore rappelé le Sous-Secrétaire général, qui a précisé qu’en comptant celle d’aujourd’hui, cinq séances de consultations d’urgence avaient suivi des tirs de missiles balistiques effectués en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.

M. Jenča a rappelé que le Secrétaire général avait condamné fermement le tir, qui représente une escalade dangereuse.  Les dirigeants de la RPDC doivent cesser toute provocation et respecter leurs obligations internationales, a poursuivi le Sous-Secrétaire général, qui a mis l’accent sur l’appel du Secrétaire général en faveur du maintien de l’unité de la communauté internationale.

La RPDC doit cesser ces violations des résolutions du Conseil de sécurité, a répété M. Jenča.  Elle doit aussi laisser l’espace nécessaire à la reprise d’un dialogue sincère.  Toutes les parties doivent rouvrir tous les canaux de communication, y compris entre militaires, afin de prévenir les mauvais calculs ou les méprises.  

Avant de conclure, le Sous-Secrétaire général a aussi rappelé qu’au milieu de ces tensions croissantes, les Nations Unies et leurs partenaires jouaient un rôle essentiel pour sauver la vie des plus vulnérables en RPDC.  Il a donc insisté sur l’importance qu’il y a à distinguer préoccupations politiques et préoccupations humanitaires, et a appelé à soutenir l’action vitale des agences humanitaires qui travaillent en RPDC.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a présenté le 4 juillet 2017 comme une « journée sombre qui a rendu le monde plus dangereux », parlant du « tir imprudent et irresponsable » de la part de la Corée du Nord.  Ce qui s’est passé hier montre que « la Corée du Nord ne veut pas faire partie d’un monde pacifique », a tranché la représentante.  Elle a relevé que ce tir balistique intercontinental venait « du dictateur même » qui a renvoyé aux États-Unis un jeune étudiant, dans le coma, après avoir été emprisonné plusieurs mois.  Pour la représentante, c’est là « une personne parmi les millions qui ont été emprisonnées, torturées et privées de leurs droits humains » en Corée du Nord.  « Si la RPDC est prête à traiter un jeune étudiant innocent de cette façon, on sait qu’elle peut devenir barbare à plus grande échelle. »

Les États-Unis ne recherchent pas le conflit, a affirmé la représentante.  Ce qu’ils veulent, c’est la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Or, la Corée du Nord fait exactement le contraire.  Pour la représentante, ce ne sont pas seulement les États-Unis et leurs alliés qui sont menacés, mais la région tout entière et au-delà.  Les États-Unis sont disposés à « utiliser toute la gamme de leur capacités » pour assurer leur défense et celle de leurs alliés, y compris les moyens militaires.  La représentante a toutefois ajouté: « Nous les utiliserons si nous le devons, mais nous préférerions ne pas avoir à le faire ».  Elle a rappelé que les États-Unis avaient d’importantes capacités commerciales et a averti que les États qui commercent avec la Corée du Nord, en violation des sanctions économiques et commerciales internationales, « doivent s’attendre à un changement de comportement des États-Unis à leur égard ».

La représentante a annoncé que son pays comptait présenter un projet de résolution et, sans entrer dans les détails, elle a souligné qu’il était possible de restreindre l’approvisionnement du pays en pétrole ou de renforcer les restrictions maritimes et commerciales.  Depuis de nombreuses années, les États-Unis ont appliqué des sanctions contre la Corée du Nord mais elles n’ont pas été suffisantes, a prévenu la représentante, qui a affirmé qu’il fallait viser tous les pays qui commercent avec la Corée du Nord.  Nous ne nous contenterons pas d’une résolution diluée, a-t-elle averti.  

Faisant observer que « 90% du commerce de la Corée du Nord se faisait avec la Chine », elle a dit que son pays travaillera avec la Chine mais ne répétera pas les démarches du passé, qui ont permis ce tir de missile intercontinental.  « Nous ne retarderons pas l’action », a-t-elle conclu.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon), après avoir rappelé les caractéristiques techniques du tir, l’a condamné dans les termes les plus forts.  Il a demandé à la RPDC de cesser immédiatement la mise au point de tous les programmes de missiles nucléaires et les provocations.  Le Japon n’acceptera jamais une RPDC dotée de l’arme nucléaire, a averti le représentant.  

Pour le Japon, il est évident que les circonstances ne plaident plus actuellement pour un dialogue.  Il ne reste plus aucun choix que d’exercer davantage de pression sur la RPDC.  À cet égard, la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité est importante.  Les États Membres doivent travailler ensemble pour faire pression sur la RPDC, afin qu’elle prenne des actions concrètes en faveur de la dénucléarisation.  Nous avons besoin d’envoyer un message clair et uni que c’est à la RPDC qu’il appartient de changer et pas à nous, a poursuivi M. Kawamura.  Pour le représentant, il faut rappeler la détermination du Conseil de sécurité à prendre des mesures significatives dans le cas où la RPDC effectuerait un nouvel essai nucléaire ou lancerait un nouveau missile.  Le lancement qui vient d’avoir lieu exige une réponse rapide du Conseil sous la forme d’une résolution contenant des sanctions robustes.  Le Japon attend avec impatience de travailler avec les membres du Conseil à cette fin.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a dénoncé une fuite en avant inexcusable de la RPDC, qui s’obstine à rester sourde aux innombrables appels à la raison lancés par la communauté internationale.  La France condamne le tir de missile intercontinental effectué hier, comme elle a condamné les nombreux tirs balistiques effectués par la RPDC ces derniers mois.  

Pour M. Delattre, chacun est à présent concerné par cette menace, car la RPDC est désormais devenue une menace mondiale.  Ce nouveau tir, dans la continuité des essais précédents, représente un jalon de plus dans l’acquisition d’une capacité nucléaire, a ajouté le représentant.  Il a estimé que le programme nucléaire nord-coréen constitue une des principales menaces au régime de non-prolifération patiemment construit, pierre après pierre.  Pour la France, cette « dangereuse fuite en avant » doit cesser sans délai et sans précondition.  « Lorsque nos messages et avertissements sont ignorés de manière systématique, une réponse collective est nécessaire », a-t-il insisté.   

Pour M. Delattre, il appartient à la Corée du Nord de montrer concrètement qu’elle est prête à reprendre le dialogue, faute de quoi la communauté internationale n’aura d’autre choix que de montrer sa fermeté.  « La faiblesse et l’inaction ne sont pas une option face à la RPDC », a insisté M. Delattre, qui a appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour la réalisation des engagements déjà arrêtés.  « Notre objectif doit rester la dénucléarisation complète et irréversible de la péninsule coréenne », a insisté le représentant de la France, qui a appelé à l’adoption d’une nouvelle résolution qui définira de nouvelles mesures « robustes et opérationnelles ».  

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni), qui a condamné le tir de missile du 4 juillet, a déploré le fait que les dirigeants de la RPDC insistent pour développer son programme nucléaire alors que sa population meurt de faim et que les droits de l’homme sont violés.  Cela n’est pas acceptable, a poursuivi le représentant.  Avec ce dernier tir, la RPDC menace directement un grand nombre d’États et indirectement toute la communauté internationale.  Le représentant a annoncé que l’Ambassadeur de la RPDC à Londres avait été convoqué pour s’entendre signifier la condamnation par le Royaume-Uni de ce lancement. 

Toute capacité à élaborer des armes nucléaires par la RPDC est une grave préoccupation pour le Royaume-Uni.  Pour le représentant, la réaction de la communauté internationale doit être ferme et elle redoubler d’efforts pour répondre à ce tir, prendre davantage de mesures et contraindre la RPDC à retrouver le droit chemin.  En même temps, M. Rycroft a encouragé la RPDC à participer au dialogue. 

M. OLOF SKOOG (Suède) a condamné le tir de missile effectué par la RPDC avant d’exhorter ce pays à respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a estimé que le régime de sanctions adopté à l’encontre de la RPDC restait insuffisant et inconsistant.  Pour la Suède, il n’y a pas de solution militaire à la crise coréenne et il est urgent de rétablir la confiance pour trouver une solution diplomatique dans l’intérêt de la péninsule et de la région.  Face à l’augmentation de la tension ces derniers mois et face aux risques d’incompréhension et d’erreurs qui en découlent, le représentant a jugé indispensable la mise en place d’un mécanisme de sécurité régional.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a estimé que le dernier tir de missile balistique par la RPDC constituait un défi au régime de non-prolifération nucléaire.  L’Égypte est préoccupée par l’escalade dans la péninsule coréenne et son représentant a demandé à la RPDC de respecter ses engagements et d’éliminer tous ses arsenaux nucléaires.  Il a aussi invité ce pays à adhérer au Traité sur la non-prolifération en tant qu’État non doté d’armes nucléaires. 

L’Égypte est prête à prendre toutes les mesures visant à sanctionner la RPDC comme elle est prête à déployer tous les efforts pour aider la RPDC à la réunification.  Le représentant a en même temps appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à traiter de façon globale tous les défis au Traité sur la non-prolifération, afin de préserver sa crédibilité et celle des résolutions du Conseil de sécurité.  Se disant favorable au règlement pacifique de la situation, il a pris note des propositions de la Chine pour parvenir à la détente dans la péninsule coréenne.  Il a exhorté la RPDC à collaborer dans le cadre de tous les efforts pour la reprise du dialogue, à cesser toute mesure pouvant entraîner l’escalade et à œuvrer sur la base des buts et principes de la Charte et du Traité sur la non-prolifération.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a jugé particulièrement inquiétant le récent tir d’un missile à portée intercontinentale par la RPDC, estimant qu’il sape la sécurité collective.  Il a appelé la RPDC à prendre des mesures immédiates pour renoncer à ses provocations et aux mesures qui l’isolent.  Il a jugé indispensable que la communauté internationale continue d’exercer un niveau de pression fort sur le régime de Pyongyang.  Le représentant a aussi appelé à de nouvelles mesures restrictives et a dit la nécessité d’une solution pacifique et diplomatique par le biais d’un dialogue.  Il s’est en outre félicité de l’augmentation du taux de présentation de rapports relatifs à la mise en œuvre des sanctions à l’encontre de la RPDC, en notant la présentation de 94 de ces documents au titre de la résolution 2270 (2016) et de 70 au titre de la résolution 2321 (2016).  Néanmoins, il a jugé encore insuffisants les efforts de mise en œuvre du régime de sanctions.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a jugé symptomatique que la première séance présidée par la République populaire de Chine soit consacrée à la réponse du Conseil de sécurité au dernier tir par la RPDC d’un missile balistique alors même que nous venons tous de fêter le 4 juillet, fête de l’indépendance des États-Unis.  Le représentant a condamné le tir, y voyant aussi une nouvelle donne.  Ce tir d’un missile intercontinental montre que la RPDC est déterminée à acquérir une force de dissuasion nucléaire, a estimé le représentant.  C’est une menace à la fois pour la population de la péninsule coréenne et pour le régime de non-prolifération.  C’est une menace pour la libre circulation dans la région car le tir a été fait sans annonce préalable.  C’est aussi un défi lancé au Conseil de sécurité, dont la RPDC continue de violer les résolutions.  Déplorant cet état de fait, le représentant s’est interrogé: « Que faut-il faire, sinon continuer, renoncer à la provocation et revenir au dialogue?  Il n’y a pas de solution militaire sur cette question », a conclu M. Seck. 

Mme OLENA SYROTA (Ukraine) a estimé que les provocations répétées de la RPDC devaient inciter à se poser trois types de questions: Pyongyang entend-il les signaux envoyés par le Conseil de sécurité?  Ces signaux sont-ils assez clairs et forts?  Combien de temps faudra-t-il attendre pour que les missiles balistiques intercontinentaux nord-coréens soient équipés d’une tête nucléaire et lancés avec succès?  Pour la représentante, il faut reconnaître que les régimes de sanctions actuels semblent être inefficaces pour empêcher ce régime d’acquérir l’arme nucléaire.  Face à ce constat, l’Ukraine appelle le Conseil à durcir son régime de sanctions pour mettre fin à ces violations systématiques du droit international.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a condamné le tir de missile balistique de la République populaire démocratique de Corée, estimant qu’il constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité et du Traité sur la non-prolifération.  La RPDC doit renoncer à son programme nucléaire, a déclaré le représentant, qui voit dans toute menace ou recours aux armes nucléaires un crime contre l’humanité et une violation au droit international.  La seule garantie contre cette menace et l’utilisation d’armes nucléaire est leur élimination complète, a insisté M. Rosselli.  Le représentant a également regretté qu’alors que les États Membres s’efforcent actuellement de parvenir à un traité de désarmement nucléaire contraignant, ni la RPDC ni les autres pays dotés d’armes nucléaires n’y participent. 

Le Conseil de sécurité doit trouver une réponse au cycle de provocations et de condamnations avec la RPDC, a poursuivi le représentant.  Il a rappelé l’importance du dialogue sur cette question, ajoutant qu’il n’y avait pas d’autre solution.  Les membres du Conseil de sécurité doivent rester unis en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a-t-il ajouté, avant de conclure en rappelant qu’il est important de rester calme et de s’abstenir à toute escalade.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a fait observer que le tir du missile nord-coréen avait été constaté par les systèmes d’alerte russes.   Il a invité les délégations à se référer à la déclaration conjointe des Ministères des affaires étrangères russe et chinois publiée le 4 juillet après le tir.  Il a jugé cette situation inacceptable, avant de préciser que la Russie et la Chine appelaient la RPDC à respecter immédiatement toutes les résolutions pertinentes du Conseil. 

Face à l’escalade des tensions, le représentant a appelé à des mesures collectives pour parvenir à un règlement pacifique de la situation et demandé à chacun de s’abstenir de toute provocation et de rhétorique guerrière.  Il a appuyé le double moratoire et la feuille de route proposés par la Chine en estimant que cette démarche demeurait la meilleure option pour parvenir à une solution politique.  Il a appelé la RPDC à déclarer un moratoire sur les essais nucléaires avant d’exhorter les États-Unis et la République de Corée à s’abstenir de mener des manœuvres militaires de grande ampleur.  Il a aussi appelé au respect de la déclaration conjointe du 19 septembre 2005.  La Fédération de Russie est opposée à l’intensification de la présence de forces militaires étrangères en Asie du Nord-Est sous prétexte de s’opposer au programme nucléaire de la RPDC, a ajouté le représentant, qui a jugé contre-productive la tentative d’étouffer économiquement la RPDC.

M. RENÉ FERNÁNDEZ REVOLLO (Bolivie) a condamné le tir de missile de la RPDC et a demandé à ce pays de renoncer à son programme nucléaire.  Le représentant a encouragé toutes les parties à éviter toute provocation ou toute action unilatérale, de même que toute action qui serait menée en marge des initiatives des Nations Unies.  Il a salué la proposition de double moratoire de la Chine.  Le représentant a aussi appelé à rejeter les solutions militaires et a encouragé les solutions pacifiques et la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a jugé indispensable que la RPDC mette un terme à ses provocations.  Si elle a jugé nécessaire de trouver une solution politique et diplomatique durable à cette crise, elle a ajouté: « Mais, pour cela, il faut que la RPDC revienne à ses engagements en matière de dénucléarisation ».  Ce dernier tir de missile balistique nous rappelle que la pleine mise en œuvre des résolutions du Conseil par tous les États Membres est plus nécessaire que jamais, a conclu la représentante.  

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a condamné le lancement « irresponsable et dangereux » d’un missile balistique par la RPDC.  Cela ne fait que provoquer des graves préoccupations, a estimé le représentant, pour qui la RPDC doit faire l’inverse de ce qu’elle fait actuellement.  Pour le représentant, la communauté internationale devrait élaborer une solution non militaire à la situation complexe et sensible qui existe en RPDC.  Il a appelé ce pays à abandonner son programme nucléaire et a dit que le Kazakhstan était prêt à partager son expérience dans ce domaine.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que le tir du 4 juillet constituait une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et du droit international.  Appelant toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à éviter toute provocation ou rhétorique guerrière, il a expliqué que, hier, les Présidents russe et chinois étaient convenus que la question nucléaire coréenne devait être résolue par le dialogue. 

Pour M. Liu, l’initiative conjointe de la Chine et de la Russie s’appuie sur le double moratoire proposé par la Chine et le plan par étape proposé par la Russie.  La dénucléarisation de la péninsule est le meilleur moyen de parvenir à une paix durable, a ajouté le représentant, pour qui le déploiement de dispositifs antimissiles dans la région n’est pas propice à la dénucléarisation de la péninsule ni à la paix et la sécurité dans la région.  

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a jugé « profondément regrettable » que la RPDC ait répondu par une nouvelle provocation aux messages lancés à de multiples reprises par le Président sud-coréen Moon Jae-in sur la nécessité d’une solution pacifique et d’un dialogue.  Il s’est également dit « profondément déçu » que la RPDC ait « une nouvelle fois choisi le mauvais chemin » quelques jours seulement après le Sommet entre la République de Corée et les États-Unis, lors duquel les Chefs d’État des deux pays avaient demandé à la RPDC de s’abstenir de toute nouvelle provocation et l’avaient appelée à faire le choix stratégique du respect de ses obligations et engagements et internationaux. 

M. Cho, qui a condamné dans les termes les plus fermes la dernière provocation de la RPDC, a demandé à ce pays de ne plus chercher à tester la détermination imperturbable de la République de Corée et de la communauté internationale de dénucléariser la péninsule coréenne.  Ces provocations ne peuvent que renforcer la détermination de la communauté internationale et provoquer une riposte plus ferme, a-t-il ajouté, car « la poursuite obsessionnelle » du programme nucléaire et balistique de la RPDC « ne peut qu’aggraver son isolement diplomatique et sa situation économique ».

M. Cho a rappelé que le Conseil de sécurité avait dans le passé exprimé sa détermination à prendre de nouvelles mesures significatives si la RPDC effectuait un nouvel essai nucléaire ou un autre tir de missile.  Il a également mis l’accent sur la nécessité d’appliquer rapidement et pleinement les sanctions, y voyant un outil dont l’efficacité ne peut pas être surestimée pour ramener la RPDC à la table des négociations.  C’est « la dernière occasion » pour la RPDC de préparer un nouveau départ dans les relations intercoréennes, a encore averti le représentant, qui a demandé à ce pays de « s’éloigner du point de non-retour ».  Pyongyang doit sortir de ses illusions et arrêter de croire qu’elle peut assurer sa sécurité par un programme nucléaire et balistique.  Au contraire, la RPDC doit choisir la voie de la dénucléarisation, a conclu le représentant.

Réagissant aux interventions de la Chine et de la Fédération de Russie, la représentante des États-Unis a prévenu que les États-Unis choisiront leur propre chemin pour faire face à la menace nord-coréenne si ces deux pays s’opposent à une résolution vigoureuse.  « Si vous vous opposez à une nouvelle résolution, cela démontrera que vous tenez la main de Kim Jong-un », a lancé la représentante des États-Unis aux représentants des deux pays.  Réagissant ensuite plus spécialement à la déclaration du représentant russe pour qui le tir était celui d’un missile à moyenne portée, elle a indiqué qu’il n’y avait aucun doute sur la portée intercontinentale du missile incriminé, avant de conclure: « Si vous avez besoin de renseignements je serai ravie de vous les fournir. »

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a assuré de la volonté de son pays de travailler collectivement pour sortir de cette crise.  Mais il a prévenu qu’il n’y aurait pas de solution sans une démarche et des efforts régionaux et internationaux.  Notant que l’histoire a montré que les sanctions ne sont pas la panacée, le représentant a dit la nécessité d’une diplomatie créative et collective pour trouver une issue politique.  

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