7971e séance – matin 
CS/12871

Coopération ONU-Union africaine: le Conseil de sécurité examine la proposition de « processus conjoint » pour les opérations de paix de l’Union africaine

Ce matin, le Conseil de sécurité a examiné le rapport du Secrétaire général sur les modalités envisagées pour le processus d’autorisation des opérations de paix de l’Union africaine (UA) et la fourniture d’un appui de l’ONU à ces opérations, notamment sur le plan financier.  Le besoin de cadrer cette coopération pour mieux en tirer profit a été souligné par les membres du Conseil qui ont témoigné de l’intérêt croissant de la communauté internationale pour un partenariat efficace entre ces deux organisations.

Ce partenariat, qui n’a cessé d’évoluer au fil des ans, est devenu un élément essentiel de la réponse aux problèmes communs que posent les conflits armés en Afrique, ont fait remarquer les intervenants qui ont fait des exposés en introduction à la séance: la Directrice de Cabinet du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, le Commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité, M. Smaïl Chergui, et le Haut-Représentant de l’Union africaine chargé du Fonds africain pour la paix, M. Donald Kaberuka.

En effet, « la communauté internationale doit être en mesure de répondre de façon adéquate et créative aux contextes sécuritaires dans le monde », a fait valoir Mme Ribeiro Viotti, en présentant le rapport du Secrétaire général.  Elle a expliqué que ce rapport, qui propose un « processus conjoint de planification et d’établissement du mandat des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité », est le résultat de six mois de coordination et de coopération entre le Secrétariat et la Commission de l’Union africaine.

Le 19 avril dernier, a-t-elle rappelé, le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’Union africaine avaient déjà signé le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, lors de la première Conférence annuelle ONU-UA.  « Ce cadre en dit long sur la volonté de faire face aux menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité sur le continent », s’est félicité le représentant de l’Éthiopie, qui s’exprimait également au nom de l’Égypte et du Sénégal.

Élaboré sur la base de l’examen conjoint UA-ONU des mécanismes existants de financement et d’accompagnement des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil, le rapport du Secrétaire général propose pour l’avenir des approches plus prévisibles, notamment pour résoudre « l’éternelle question » du financement.

En plus de l’utilisation de fonds d’affectation spéciale alimentés par des contributions volontaires, le Secrétaire général a défini quatre moyens possibles d’utiliser les contributions de ses États Membres pour aider à répondre aux besoins des opérations de paix de l’UA, soulignant qu’il n’y avait pas d’option unique adaptée à toutes les situations.  Il s’agirait de fournir des subventions en cas de circonstance exceptionnelle ou de situation d’urgence; de financer en commun un budget élaboré conjointement; de créer de manière ad hoc un bureau d’appui des Nations Unies; ou encore de financer conjointement une mission hybride.

Le Commissaire pour la paix et la sécurité de l’UA, qui intervenait par visioconférence depuis Addis-Abeba, a assuré le Conseil que la Commission de l’UA était déterminée à promouvoir une bonne gouvernance et la bonne gestion des ressources non seulement du Fonds africain pour la paix, mais aussi de tous les financements de ses opérations de paix.

« Une architecture africaine de la paix bien financée est non seulement une priorité pour l’Afrique, mais aussi un bien commun mondial », a renchéri le Haut-Représentant de l’Union africaine chargé du Fonds africain pour la paix, après avoir fait des propositions sur la procédure à suivre pour soumettre les opérations de paix de l’UA à l’approbation du Conseil de sécurité, lorsqu’un appui financé par les contributions des États Membres de l’ONU est demandé pour ces opérations.

M. Kaberuka a saisi cette occasion pour expliquer la structure du Fonds africain pour la paix, articulée autour de trois axes: la médiation et la diplomatie préventive; les capacités institutionnelles; et les opérations de soutien à la paix.  Ce fonds a déjà reçu des contributions de 14 États membres de l’Union africaine à hauteur de $65 millions, soit 12% de l’objectif.

Les membres du Conseil de sécurité, soulignant à leur tour que les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine devaient pouvoir bénéficier d’un financement et d’un appui prévisibles et durables, ont pris note des modèles de financement proposés par le Secrétaire général.

La réunion, proposée par les trois membres africains du Conseil -l’Égypte, l’Éthiopie et le Sénégal-, s’est tenue six mois après l’adoption de la résolution 2320 (2016) sur le même thème.  Par ce texte, le Conseil de sécurité se félicitait de la décision de la Conférence de l’Union africaine de financer 25% des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine, cet objectif devant être atteint par étapes d’ici à 2020.

Le représentant britannique, en résumant l’opinion de plusieurs délégués, a qualifié cet engagement de l’Union africaine de « bonne nouvelle ».

La représentante des États-Unis, contrairement à son homologue de la Bolivie, a estimé qu’il était « trop tôt » pour que le Conseil de sécurité se prononce sur une résolution de fond concernant la coopération entre l’UA et l’ONU en matière d’opérations de paix.  À cet égard, le Japon, l’un des principaux contributeurs au budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a demandé des éclaircissements sur les propositions de l’UA concernant l’appui financier des Nations Unies aux opérations de l’Union africaine.

Quant aux représentants russe et chinois, ils ont souligné qu’il revenait aux pays africains de jouer le rôle principal dans le règlement de leurs propres problèmes.

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES-UNION AFRICAINE

Rapport du Secrétaire général sur les modalités possibles du processus d’autorisation des opérations de paix de l’Union africaine et de la fourniture d’un appui à ces opérations (S/2017/454)

Déclarations

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Directrice de Cabinet du Secrétaire général de l’ONU, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les modalités possibles du processus d’autorisation des opérations de paix de l’Union africaine et de la fourniture d’un appui à ces opérations.

Ce rapport, a-t-elle précisé, est soumis conformément à la résolution 2320 (2016) du 18 novembre 2016, dans laquelle le Conseil de sécurité avait prié le Secrétaire général de continuer à travailler en étroite collaboration avec l’Union africaine (UA) afin d’affiner les options en ce qui concerne notamment l’autorisation et le financement des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine.

La communauté internationale doit être en mesure de répondre de façon adéquate et créative aux contextes sécuritaires dans le monde, a-t-elle souligné en notant la contribution centrale des organisations régionales à cet effort.

Nous devons nous éloigner des arrangements ad hoc, a expliqué Mme Ribeiro Viotti.  Le rapport du Secrétaire général, qui propose « un processus conjoint de planification et d’établissement du mandat des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité », est le résultat de six mois de coordination et de coopération entre le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine.

Depuis la mission de l’Union africaine au Burundi en 2003, les Nations Unies ont fourni différents types d’appui aux opérations de l’Union africaine, a-t-elle rappelé.

Élaboré sur la base des observations formulées dans le rapport de l’examen conjoint UA-ONU des mécanismes existants de financement et d’accompagnement des opértions de soutien à la paix de l’UA autorisées par le Conseil, le rapport du Secrétaire général propose pour l’avenir des approches plus prévisibles.

À cette fin, le Secrétaire général a récemment coorganisé, avec le Président de la Commission de l’Union africaine, la première Conférence annuelle ONU-UA, au Siège de l’Organisation.  À cette occasion, ils ont signé le Cadre commun ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui définit pour les deux organisations une approche stratégique commune, fondée sur le respect mutuel, la complémentarité, l’interdépendance et la solidarité.  

Mme Ribeiro Viotti a souligné que le rapport mettait l’accent sur la protection des droits de l’homme, la déontologie et la discipline.  Elle s’est dite encouragée par le fait que l’Union africaine œuvre en ce sens en relevant que celle-ci entreprend tout un éventail de tâches dans des circonstances très variées. 

« L’Union africaine est un partenaire inestimable de l’ONU », a-t-elle déclaré.  Une coopération efficace entre les deux organisations pour le déploiement d’opérations de soutien à la paix requiert un engagement de  coopération non seulement entre le Secrétariat et la Commission, mais aussi entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour ce qui est de l’établissement des mandats et la présentation de rapports.

La Directrice de Cabinet a préconisé une approche commune entre les États Membres pour résoudre « l’éternelle question » d’un financement prévisible et durable pour ces opérations.  Lorsque des contributions des Nations Unies seront autorisées, l’Assemblée générale aura aussi un rôle de supervision important à jouer, a-t-elle précisé.

Les modèles d’appui aux missions sont flexibles, a-t-elle aussi indiqué, tout en avertissant qu’il faudrait faire des efforts supplémentaires avant que le processus conjoint de planification et de financement proposé puisse être pleinement utilisé. De même, les deux organisations devront réconcilier certaines procédures administratives.  

« Ensemble, nous pouvons apporter des réponses plus efficaces pour mieux répondre aux besoins des Africains et faire avancer la paix et la sécurité », a-t-elle conclu. 

M. SMAÏL CHERGUI, Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, qui intervenait par visioconférence, a déclaré qu’améliorer le financement des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine était une priorité pour les États du continent et il a rappelé la décision prise en juillet 2016 par l’Assemblée de l’Union africaine de financer à hauteur de 25% de telles opérations d’ici à 2020.  Il a également rappelé la décision de principe de l’Union africaine concernant la création d’un mécanisme de financement, qui devrait rapporter 400 millions de dollars d’ici à 2020.

La difficulté consiste à financer les opérations de paix sur le long terme, a poursuivi M. Chergui.  Le Commissaire a estimé que l’Union africaine avait démontré sa capacité à mener des opérations de paix, rappelant qu’elle avait mené 13 opérations de ce type.  Mais, a-t-il ajouté, dans tous les cas, les modalités de financement d’une opération sont hautement imprévisibles, du fait notamment de leur dépendance à l’égard des contributions volontaires.  C’est pourquoi la résolution 2320 (2016) adoptée le 18 novembre dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies a représenté un véritable jalon, en permettant de renforcer la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, a estimé M. Chergui, qui a ensuite présenté quatre commentaires.

Le Commissaire a ainsi rappelé que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait entériné les propositions concernant le financement des opérations.  Il a suggéré au Conseil de sécurité des Nations Unies d’étudier le rapport du Conseil de paix et de sécurité.

Des questions ont été posées sur la portée de certaines opérations qui devraient parfois bénéficier de contributions de la part de l’ONU, a poursuivi M. Chergui, qui a préconisé une approche au cas par cas en fonction de la portée des opérations en question.  L’Union africaine a élaboré un document sur les besoins en matière de financement pour ces différentes opérations, a-t-il rappelé avant de préciser que la Commission de l’Union africaine, qui reste saisie de la question, continuerait d’informer le Conseil de sécurité.

Le problème le plus central pour l’Union africaine est de mobiliser des financements pour le fonds pour le financement des opérations de maintien de la paix et de la sécurité sur le continent, a ensuite expliqué M. Chergui, qui a annoncé que près de 30% des États membres de l’Union africaine avaient déjà contribué au Fonds de l’Union africaine pour la paix, ce qui témoigne d’une réelle volonté politique et devrait permettre une accélération de l’entrée en fonction du Fonds.

Enfin, M. Chergui a assuré le Conseil de sécurité que la Commission de l’Union africaine était totalement déterminée à promouvoir une bonne gouvernance et la bonne gestion des ressources non seulement du Fonds mais aussi de tous les financements des opérations de paix de l’Union africaine. Le Commissaire a rappelé que, le 19 avril 2017, avait été signé le Cadre commun ONU-UA pour le financement du partenariat lors de la conférence annuelle entre l’ONU et l’Union africaine.  Celle-ci s’est ainsi engagée en faveur de ce partenariat et les réussites engrangées sont la démonstration de l’efficacité de ce travail.

Le Haut-Représentant de l’Union africaine, M. DONALD KABERUKA, chargé du financement de l’Union (UA) ainsi que de son Fonds pour la paix, a mis en exergue le fait que les menaces à la paix et la sécurité internationales sont aujourd’hui d’une telle complexité qu’aucune organisation à elle seule ne saurait les relever.  Il a également mis l’accent sur les avantages comparatifs qu’offrent les organisations régionales et sur la nécessité de financer des mécanismes prévisibles et durables et non pas volontaires et ad hoc.  « Une architecture africaine de la paix bien financée est non seulement une priorité pour l’Afrique, mais aussi un bien commun mondial », a-t-il estimé en se réjouissant du travail accompli en ce sens depuis l’adoption de la résolution 2320 (2016) le 18 novembre dernier.

Le processus consultatif qui a été mis en place depuis a bénéficié d’un véritable esprit de partenariat entre l’Union africaine et les Nations Unies, s’est–il félicité avant de faire le point sur l’opérationnalisation du Fonds de l’Union africaine pour la paix: des propositions détaillées en ce sens ont été présentées et acceptées le 30 mai 2017 par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA. 

Ce Fonds sera structuré autour des trois axes suivants: la médiation et la diplomatie préventive; les capacités institutionnelles; et les opérations de soutien à la paix.  Il est également prévu de mettre en place un Fonds de réserve auto renouvelable pour les situations de crise au sein même du Fonds pour la paix, a-t-il expliqué.

L’autorité politique pour l’orientation des activités de ce Fonds revient au Conseil de paix et de sécurité dont le Président supervisera les activités avec le concours d’un comité exécutif de gestion.  Un conseil d’administration sera également mis en place pour veiller à la cohérence stratégique, la bonne gouvernance et la supervision financière et administrative du Fonds, tandis que les partenaires externes de l’Union africaine seront appelés à y nommer deux représentants.

M. Kaberuka a également indiqué qu’un groupe indépendant d’évaluation serait chargé de faire des évaluations périodiques de l’utilisation et de l’impact de ce Fonds et qu’un administrateur indépendant du Fonds serait recruté.  « Cette structure reflète les meilleures pratiques internationales en termes de gouvernance de fonds », a-t-il remarqué en soulignant qu’elle reflétait le fait que l’UA est une organisation intergouvernementale.  C’est la raison pour laquelle ce Fonds se limitera à financer uniquement des activités qui ont émané d’une décision des organes compétents de l’UA, à savoir son Assemblée, son Conseil de paix et de sécurité et son Président conformément aux pouvoirs prévus par le Protocole, a-t-il précisé.

Pour ce qui est des délais de mise en œuvre, le Président de la Commission de l’UA s’est engagé à accélérer l’opérationnalisation des modalités de gouvernance du Fonds au cours de l’année 2017, à commencer par l’élection de son Conseil d’administration en juillet.  Suivront ensuite la mise en place de son Secrétariat, le recrutement de son administrateur indépendant et la nomination du groupe indépendant d’évaluation.  Tout cela d’ici à la fin de l’année, a assuré M. Kaberuka.

En mai 2017, 14 États membres de l’Union africaine avaient déjà contribué au Fonds à hauteur de 65 millions de dollars, soit 12% du montant cible.  M. Kaberuka va maintenant se consacrer à la mobilisation des ressources auprès des autres États membres.  Il s’est dit confiant que la cible 2017 du Fonds pourrait être atteinte.  Cependant, a-t-il expliqué, même si ce Fonds est en premier lieu financé par les États membres de l’UA, les partenariats continueront à jouer un rôle essentiel dans le soutien des activités de paix et de sécurité de l’Union.  Il est donc impératif de consolider la coopération avec les partenaires, à la fois traditionnels et émergents, a-t-il conclu.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), au nom des trois membres africains du Conseil de sécurité, l’Éthiopie, l’Égypte et le Sénégal, a salué la volonté nouvelle de renforcer la coopération et le partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, illustrée par les visites du Secrétaire général au siège de l’Union africaine en janvier 2017 et du Président de la Commission de l’Union au Siège de l’ONU en avril dernier.  Selon lui, le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, signé le 19 avril, « en dit long sur cette volonté de faire face aux menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité sur le continent, du début à la fin des conflits ».

Un partenariat mondial renforcé est nécessaire pour améliorer notre sécurité collective, a insisté le représentant.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité s’était dit déterminé à prendre des mesures efficaces pour renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine.  De même, le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix a mis l’accent sur le rôle de l’Union africaine.

L’adoption de la résolution 2320 (2016), il y a six mois, a fait apparaître la nécessité de renforcer l’appui aux opérations africaines et d’améliorer leur planification et leur financement en rendant celui-ci prévisible, a poursuivi le représentant.  Le représentant s’est également félicité du processus consultatif entre les deux organisations lancé de mars à avril 2017, et des rapports préparés par le Secrétaire général et le Président de la Commission à cet égard.

Selon lui, « les quatre modalités de financement contenues dans le rapport sont réalistes ».  Le respect du droit international humanitaire et des droits de l'homme est indispensable pour la légitimité des opérations de l’Union africaine, a-t-il ajouté avant de souligner le caractère essentiel du soutien des Nations Unies à la mise en œuvre de ce cadre de responsabilité.

« Maintenant que le travail de fond a été fait », il a demandé au Conseil de sécurité de prendre des mesures concrètes pour adopter des principes selon lesquels les opérations de l’Union africaine seront financées par la mise en recouvrement de fonds des Nations Unies. 

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que l’Afrique pouvait être un facteur de paix mondiale, saluant les efforts entrepris par le continent en faveur de la paix et la sécurité internationales.  Il a rappelé que les groupes terroristes, la piraterie au large du golfe de Guinée ou encore la criminalité transnationale organisée continuaient de représenter des fléaux et une menace pour le monde entier.  La communauté internationale doit assister l’Afrique dans ses efforts en faveur de la paix, a ajouté le représentant, qui a rappelé l’adoption en novembre 2016 de la résolution 2320(2016) du Conseil et la signature en avril d’un cadre commun de partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine.

La Chine souhaite que le Conseil de sécurité préserve cette coopération, qui permettra aux pays africains de jouer le rôle principal dans le règlement de leurs propres problèmes.  Il a précisé que le Conseil de sécurité se devait de respecter pleinement la souveraineté et la volonté politique des États africains, y compris les pays hôtes d’opérations de maintien de la paix.

Le représentant chinois a encouragé les Nations Unies et l’Union africaine à renforcer l’efficacité de leur coopération, y compris dans la reconstruction après les conflits.  Il faut prendre des mesures concrètes pour renforcer à la fois les capacités et l’autonomie des opérations de paix de l’Union africaine, a-t-il préconisé.  À cet égard, la Chine se félicite des recommandations du Secrétaire général, notamment lorsqu’il est envisagé de mettre en place des mécanismes de financement prévisibles et souples pour les opérations de paix de l’Union africaine.

La Chine, a-t-il assuré, a toujours activement participé aux activités africaines dans le domaine de la paix et la sécurité.  Il a rappelé que son pays s’était engagé à fournir 100 millions de dollars d’assistance militaire à l’Afrique d’ici à 2020 pour garantir sa force de déploiement rapide.  La Chine a par ailleurs déployé 2 600 Casques bleus dans les opérations de maintien de la paix en Afrique et contribue à la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée, a encore rappelé le représentant.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a estimé que l’Union africaine était un partenaire indispensable des États-Unis et des Nations Unies pour assurer la paix et la sécurité sur le continent.  Les États-Unis se félicitent des orientations de l’Union africaine pour lutter contre le terrorisme et ramener la paix sur le continent, a ajouté la représentante, qui a notamment cité le rôle des missions africaines en Somalie et au Darfour, ou encore dans la lutte contre Boko Haram dans le bassin du lac Tchad.

La question n’est pas tant de savoir si le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité vont renforcer leur coopération mais de savoir comment, a poursuivi la représentante.  Les États-Unis préconisent un renforcement de la coopération et de la planification des missions dès leur conception.  Ils appuient les efforts de l’Union africaine visant à renforcer l’autonomie financière de ses opérations de paix.  

La représentante a également jugé essentiel de garantir le respect des droits de l’homme et la redevabilité dans les opérations de paix de l’Union africaine, ce qui, a-t-elle ajouté, supposera des cadres stricts pour de telles opérations.  Par ailleurs, les États-Unis estiment qu’il est trop tôt pour que le Conseil de sécurité se prononce sur une résolution de fond concernant la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies en matière d’opérations de paix.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a salué l’adoption du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  En Afrique, a-t-il fait remarquer, il existe de nombreux exemples d’organisations qui unissent leurs efforts pour faire face aux menaces.  Ainsi l’ONU est-elle impliquée en République démocratique du Congo, tandis dans l’Union africaine a pris les rênes en Somalie.  De même, la sous-région s’est efforcée de trouver des solutions en Gambie ou au Soudan du Sud.  Face à l’évolution de la situation au Mali ou en République centrafricaine, et face à d’autres crises, « la souplesse de notre partenariat est la clef d’une bonne réaction », a-t-il souligné.

Le représentant a proposé de réfléchir aux avantages comparatifs des  organisations et de faire davantage d’évaluations et d’analyses conjointes pour bien comprendre les crises et trouver les meilleures solutions.  L’Union africaine s’est engagée à financer 25% des opérations de soutien à la paix autorisées par le Conseil de sécurité d’ici à 2020, et « c’est une bonne nouvelle », a-t-il lancé.  Il faut, selon lui, continuer de systématiser nos efforts, pour voir comment les Nations Unies peuvent au mieux appuyer l’Union africaine.  Il a aussi recommandé de se concentrer sur des modalités de financement fiables et prévisibles et d’assurer une supervision efficace des missions.  

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que la résolution 2320 (2016) avait lancé une dynamique qui poursuit deux objectifs complémentaires: approfondir le partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine, et améliorer les conditions de financement des opérations africaines de paix lorsqu’elles sont mandatées par le Conseil de sécurité.  Il a salué la détermination du Secrétaire général qui a prévu des modalités concrètes pour renforcer la relation de l’ONU avec l’Union africaine, et s’est félicité de voir tous les États membres de l’Union africaine « fédérés autour d’un projet engageant pour l’avenir du continent ».

« L’actualité montre comment ces réflexions répondent à une réalité et à un besoin. »  Les opérations africaines de paix présentent des avantages comparatifs, a-t-il affirmé.  De plus, les situations où le partenariat fonctionne déjà ou serait nécessaire se multiplient.  Il a vu là  « une opportunité historique » pour structurer un cadre de partenariat plus fort qui pourrait être adapté au cas par cas, en fonction des situations.

Notre message est le suivant, a conclu M. Delattre: la France salue la dynamique et tous les travaux engagés et elle entend jouer un rôle actif au Conseil de sécurité pour aboutir à un mécanisme de coopération innovant en matière de paix et de sécurité.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a dit partager la volonté du Secrétaire général de renforcer la coopération des Nations Unies avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines.  Il est nécessaire de renforcer les liens et d’exploiter les avantages comparatifs de chaque organisation, a précisé le représentant, qui a pris note des efforts de l’Afrique en matière d’architecture de paix et de sécurité.

Les Africains doivent trouver les moyens de résoudre certaines contradictions avec l’aide de la communauté internationale, a poursuivi le représentant, qui a ajouté: « À problème africain, solution africaine ».  M. Iliichev a également rappelé le caractère essentiel du respect du Chapitre VIII de la Charte et la nécessité pour les opérations de paix de l’Union africaine de recevoir l’autorisation préalable du Conseil de sécurité des Nations Unies.

La Fédération de Russie est convaincue que, dans la majorité des cas, les organisations régionales connaissent mieux la situation dans leur zone de compétence.  Mais en même temps, le Conseil de sécurité ne saurait s’effacer et laisser aux organisations africaines le soin d’agir seules.  Pour la Fédération de Russie, il est également important de maintenir les mécanismes en vigueur à l’ONU concernant l’allocation de ressources budgétaires et la participation du personnel de l’ONU à tous les stades.  Il est en outre clair qu’un renforcement de la coopération et de la collaboration entre les deux organisations conférera aux organisations régionales davantage de responsabilités.  Il faudra alors que ces organisations soient prêtes à assumer ces responsabilités et dotées des capacités adéquates, a conclu le représentant.

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a évoqué l’évolution de l’alliance entre les Nations Unies et l’Union africaine au long des 15 dernières années dans le domaine des opérations de paix, ainsi que le rôle essentiel que joue l’Union africaine pour répondre aux défis communs que représentent les conflits armés sur le continent.  Elle a plaidé en faveur de l’efficacité en recommandant de bien planifier les mandats communs des opérations de l’Union africaine de soutien à la paix autorisées par le Conseil de sécurité.  Elle a aussi conseillé d’améliorer le travail commun des deux organisations durant tout le cycle de vie d’une opération de maintien de la paix, depuis l’évaluation initiale de la crise jusqu’à la mise en œuvre du mandat de la mission et la redevabilité.

L’examen conjoint Nations Unies-Union africaine a montré que la volonté de l’Union africaine de déployer des opérations de paix avait été sapée par un financement trop faible et imprévisible, a poursuivi la représentante.  Par ailleurs, l’Uruguay, qui participe depuis longtemps à des opérations de maintien de la paix, souligne la responsabilité particulière des pays fournisseurs de contingents.  À cet égard, elle a relevé que le soutien à toute opération de paix extérieure aux Nations Unies devait entraîner un respect des normes relatives aux droits de l’homme et à la redevabilité.  Mme Carrión a d’ailleurs salué les efforts déployés par l’Union africaine pour parachever son cadre pour la discipline et le respect des droits de l’homme dans ses opérations de paix.  La mise en place, par l’Union africaine, de tels cadres permettra de renforcer encore le partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine, a conclu la représentante.

Selon M. SEBASTIANO CARDI (Italie), le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et les rapports du Secrétaire général et du Président de la Commission de l’Union africaine devraient marquer le début d’un nouveau partenariat renforcé entre les deux organisations, qui préserve les prérogatives du Conseil de sécurité tout en fournissant une possibilité d’appropriation aux pays africains.

Le représentant a souligné que les modalités financières définies par l’ONU pourront être choisies au cas par cas.  Il s’est dit en faveur d’un financement conjoint pour un budget élaboré conjointement, à condition que les normes les plus élevées soient respectées et que les troupes soient adéquatement formées. 

Saluant l’engagement d’augmenter la contribution des États africains en faveur des opérations africaines de paix, il y a vu un élément fondamental de la réforme de l’architecture de paix, telle que prévue par le Secrétaire général.  Il a reconnu les domaines d’action dans lesquels la coopération entre les deux organisations a déjà eu des effets positifs, comme en Somalie et au Darfour, et il a rappelé l’appui apporté par l’Union européenne à la stratégie intégrée pour le Sahel, un outil de prévention pour la région.

Ensuite, le représentant a salué l’engagement pris par le Président de la Commission de l’Union africaine visant à renforcer les droits de l'homme dans les opérations de paix, y compris pour lutter contre les abus sexuels.  L’Italie, a-t-il rappelé, forme depuis longtemps des personnels de police et des militaires pour les opérations de maintien de la paix.  Il s’est déclaré prêt à renforcer les capacités des États contribuant aux opérations de soutien à la paix de l’Union africaine.

M. CARL SKAU (Suède) a rappelé que son pays appuyait depuis longtemps le partenariat stratégique renforcé entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique.  L’Union africaine, a-t-il reconnu, peut travailler dans des situations dans lesquelles l’ONU n’est pas en mesure d’intervenir. 

Saluant l’élan qui existe autour de ce partenariat, il a apprécié le travail détaillé et conjoint qui sous-tend le rapport du Secrétaire général.  Selon lui, les propositions qu’il contient permettront d’aller de l’avant afin de garantir la prévisibilité de la coopération et la reddition de comptes.  Le Conseil de sécurité, a-t-il souligné, va discuter des options et modalités du processus d’autorisation des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine, et sa visite à Addis-Abeba en septembre prochain permettra d’avancer.  Enfin, la Suède envisagera de contribuer au Fonds africain pour la paix lorsqu’il sera opérationnel. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a souligné le renforcement du rôle des organisations régionales et sous-régionales africaines en faveur du maintien de la paix, citant notamment le rôle de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).  Il s’est dit encouragé par les efforts du Secrétaire général visant à renforcer la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies, concrétisés dans le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité adopté en avril.

L’ONU doit encore arriver à prendre des mesures de prévention efficace pour faire face, notamment en Afrique, à des situations de tensions qui pourraient donner lieu à un vrai conflit, a déclaré le représentant, qui a constaté la capacité de l’Afrique à mettre rapidement en place des opérations de paix avec l’autorisation de l’ONU.  Il a en même temps souligné le manque de moyens dont souffrent encore les opérations de paix de l’Union africaine, plaidant en faveur d’un financement à la fois meilleur et prévisible.  L’Ukraine estime qu’il n’y a pas d’approche unique dans ce domaine convenant à toutes les missions et opérations de paix.  L’Ukraine soutient donc un niveau de souplesse élevé en la matière.

Par ailleurs, le représentant a rappelé que la lutte contre le terrorisme relève en premier lieu des États et des organisations régionales et sous-régionales. L’ONU doit donc continuer d’appuyer les mesures prises à ce niveau, a poursuivi le représentant, qui a cité l’exemple du G5 Sahel.  Il a enfin mis l’accent sur le rôle essentiel de la protection des civils pour assurer le succès des opérations de maintien de la paix et a rappelé la nécessité pour les opérations de paix de l’Union africaine de respecter le même cadre de normes de conduite et de redevabilité que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan), a rappelé, qu’en tant qu’observateur auprès de l’Union Africaine (UA), son pays s’était engagé à consolider le partenariat Nations Unies-Union africaine sur les questions liées à la paix et la sécurité, saluant au passage le succès de la première conférence ONU-UA, qui a eu lieu en avril 2017 et qui portait sur le nouveau partenariat stratégique entre ces deux organisations.

Pour sa délégation, il est possible d’aller encore plus loin dans leur coopération, même si des progrès significatifs ont d’ores et déjà été enregistrés.  Pour cela, elle propose de fixer des objectifs stratégiques communs clairement définis, ainsi qu’une division claire des responsabilités sur la base d’une évaluation conjointe.  Cela permettrait, selon le représentant, de mutuellement renforcer les actions du Conseil de sécurité de l’ONU et du Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine.  Il a également encouragé des échanges plus réguliers sur les leçons tirées des expériences précédentes et sur les meilleures pratiques, ainsi que la mise en place de signaux d’alerte rapide pour permettre à la diplomatie préventive et à la médiation de désamorcer les crises potentielles.

Reconnaissant la contribution potentielle des organisations régionales à la paix et la sécurité mondiales, le représentant a insisté sur la nécessité d’assurer un financement adéquat à l’Union africaine et doter celle-ci de capacités suffisantes pour permettre la réussite de ses activités de soutien à la paix, conformément à ce qui est prévu par la résolution 2320(2016) du Conseil de sécurité.  Rappelant à cet égard les succès des missions hybrides ONU-UA, notamment  dans la lutte contre Boko Haram et les Chabab, comme l’AMISOM et la Force multinationale mixte, il a plaidé en faveur de leur financement.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon), qui a rappelé que la résolution 2320 (2016) de novembre dernier avait été adoptée à l’unanimité, a estimé que les rapports conjoint ONU-Union africaine et du Secrétaire général, ainsi que leurs propositions respectives concernant notamment la mise en place d’un budget commun ONU-UA pour financer les opérations de paix de l’Union africaine, invitaient à mieux réfléchir sur la répartition des tâches entre soldats de la paix africains et Casques bleus.  Le Japon estime en particulier qu’il faut faire toute la lumière sur les propositions de l’Union africaine concernant un appui financier des Nations Unies à ces opérations de paix.

M. Kawamura a aussi souhaité en savoir plus sur les efforts africains en cours, notamment en ce qui concerne l’engagement politique des pays africains à mettre en œuvre la Décision de Kigali relative à la mise en place du Fonds de l’Union africaine pour la paix.  Le Japon, qui est une des principaux contributeurs au budget des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, est tout disposé à se joindre aux discussions destinées à renforcer encore la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, afin d’exploiter au mieux les avantages comparatifs de chaque organisation.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a salué le travail accompli par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de l’Union africaine qui ont organisé en avril dernier la première conférence annuelle ONU-UA.  Les deux organisations ont noué une alliance stratégique au cours des 15 dernières années, et l’Union africaine a réagi de façon opportune aux nouvelles menaces.

Le représentant s’est félicité du partenariat stratégique entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a souligné combien les analyses conjointes menées avec l’ONU étaient importantes pour trouver les ressources communes et financer les missions.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit être prêt à réagir à la proposition de l’Union africaine de financer à hauteur de 25%, d’ici à 2020, les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine.  Il a demandé aux bailleurs de fonds d’honorer les engagements pris dans le cadre de la résolution 2320 (2016).

Le maintien de la paix est tributaire de l’étroite coopération entre l’ONU et l’UA, a insisté le représentant.  Il a tenu ensuite à mettre l’accent sur la nécessité d’intégrer la sexospécificité dans toute opération de paix.  Il a également plaidé pour le renforcement du rôle de l’Union africaine dans la prise de décision sur les questions qui concernent le continent, « en respectant le principe d’un règlement africain des problèmes africains ».

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