En cours au Siège de l'ONU

7932e séance – matin 
CS/12804

République populaire démocratique de Corée: le Secrétaire général prône le dialogue pour éviter une escalade militaire dans la région

Le Secrétaire général de l’ONU a défendu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le dialogue et le « rétablissement des canaux » avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour éviter que les efforts visant à neutraliser les activités déstabilisatrices de cette dernière, « seul État à avoir effectué des essais nucléaires au XXIsiècle », ne débouchent sur une escalade militaire.  Le Secrétaire d’État des États-Unis, M. Rex Tillerson, qui présidait cette séance ministérielle a, en effet, averti que la « patience stratégique » vis-à-vis de la RPDC touchait à sa fin et que toutes les « options étaient sur la table ».

Comme indiqué dans la note de cadrage* distribuée par la présidence américaine, le Secrétaire général, M. António Guterres, a rappelé que, depuis janvier 2016, la RPDC avait effectué deux essais nucléaires et 30 tirs de missiles balistiques, en violation du droit international.  De son côté, le Conseil s’est réuni d’urgence à 11 reprises en consultations et a adopté deux résolutions prévoyant des sanctions contre la RPDC, frappée désormais par le régime de sanctions le plus rigoureux au monde.

« Nous devons privilégier des voies pacifiques et diplomatiques pour pacifier et dénucléariser la péninsule coréenne », a préconisé M. Guterres, qui a également demandé à tous les États Membres de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Cette application, comme l’ont rappelé de nombreux intervenants, tels que la Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Annika Söder, reste en effet « insuffisante et très irrégulière ».

Alarmé du risque d’escalade militaire, « y compris par erreur de calcul ou malentendu », le Secrétaire général a mis en garde contre les répercussions au niveau mondial qu’aurait un conflit armé en Asie du Nord-Est, où vit un cinquième de la population mondiale.  « La communauté internationale n’a fait que réagir face à la RPDC », a, de son côté, regretté M. Tillerson, en exhortant le Conseil « à agir avant que la RPDC ne le fasse ».  « Plus nous attendrons, plus nous manquerons de temps », a-t-il averti, appuyé par le délégué de la France.

Face aux menaces bien réelles d’une frappe de la RPDC contre Séoul, Tokyo, et dans un avenir proche, contre les États-Unis, le Secrétaire d’État américain a affirmé que son pays était prêt à répondre par la force « aux provocations futures de la RPDC », tout en marquant sa préférence pour une solution négociée.  Il a également exhorté les États Membres à réduire ou suspendre leurs relations diplomatiques avec la RPDC et menacé de sanctionner les pays ne mettant pas en œuvre les sanctions.  La Chine a un rôle important à jouer à cet égard, a déclaré le chef de la diplomatie américaine.

L’approche de M. Tillerson a été appuyée par les Ministres des affaires étrangères du Japon et de la République de Corée, le premier, M. Fumio Kishida, invitant la communauté internationale à envoyer « un message fort à la Corée du Nord ».  « Pyongyang s’imagine peut-être encore que l’action du Conseil de sécurité sera limitée et qu’elle peut ignorer et ridiculiser l’autorité de l’ONU », a lancé le second, M. Yun Byung-se, en demandant « l’arrêt de l’exportation de pétrole brut en Corée du Nord » et l’arrêt de ses importations de charbon.

Citée par M. Tillerson, la Chine, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. Wang Yi, a indiqué qu’elle ne détenait pas « la clef du règlement de la situation dans la péninsule ».  Écartant tout recours à la force, il a appelé la RPDC à cesser ses activités nucléaires, tout en exigeant des États-Unis la cessation des manœuvres militaires dans la péninsule.  Cette double approche, « impartiale et raisonnable », répond aux préoccupations de toutes les parties, a-t-il dit, en appelant les États-Unis et la RPDC à se rencontrer à « mi-chemin ».

Le Ministre chinois a estimé à ce titre que le déploiement du système antimissile THAAD par les États-Unis dans la péninsule coréenne ne servait pas cet objectif, le Ministre de la République de Corée le jugeant au contraire adapté à la menace posée par la RPDC.  

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Gennady Gatilov, a, lui aussi, rejeté ce système et dénoncé les « démonstrations irréfléchies de la force ».  Il s’est en outre inquiété des conséquences pour la population de la RPDC des sanctions, celles-ci ne pouvant constituer « une fin en soi ». 

Enfin, plusieurs délégations, dont l’Uruguay, ont appelé au « calme » et à la « retenue » dans ce moment de « grandes tensions », en mettant en garde contre toute « action unilatérale ».  « La guerre signe l’échec de la diplomatie », a appuyé le représentant de la Bolivie.

Le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Kairat Abdrakhmanov, a, pour sa part, estimé qu’une solution pacifique restait possible, en prenant pour exemple les négociations fructueuses concernant le programme nucléaire iranien.

* S/2017/337

NON-PROLIFÉRATION/RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Lettre datée du 18 avril 2017, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/337)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que la situation dans la péninsule coréenne est l’une des plus anciennes et importantes dont est saisie l’ONU.  La première résolution adoptée par le Conseil de sécurité sur la question du nucléaire en République populaire démocratique de Corée (RPDC) date de 1993, lorsque ce pays a été exhorté à ne pas se retirer du Traité sur la non-prolifération (TNP).  

Vingt-quatre ans plus tard, et en dépit de nombreux efforts, « nous nous heurtons à une absence de règlement », a-t-il précisé.  En réponse aux activités de plus en plus soutenues de Pyongyang visant à développer des missiles balistiques et des armes nucléaires, le Conseil a adopté deux résolutions prévoyant des sanctions et s’est réuni d’urgence à 11 reprises en consultations depuis janvier 2016. 

Au cours de cette période, a rappelé le chef de l’Organisation, la RPDC s’est livrée à deux essais nucléaires, à plus de 30 lancements recourant à la technologie des missiles balistiques, et à diverses autres activités relatives à ses programmes de missiles nucléaires et balistiques.

Ces essais et lancements constituent des violations flagrantes des résolutions du Conseil de sécurité, a souligné le Secrétaire général.  L’absence de coordination et de notification de ces lancements, à l’exception de la mise en orbite d’un satellite, le 7 février 2016, est également contraire aux règlements et normes internationales en vigueur fixées par l’Organisation maritime internationale (OMI) et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).   

En outre, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a toujours pas pu se rendre en RPDC pour y vérifier la nature de son programme nucléaire.  L’Agence continue donc de s’appuyer sur l’imagerie satellite, observant des « signatures » compatibles avec le fonctionnement d’un réacteur produisant du plutonium et de centrifugeuses destinées à l’enrichissement.  

Sans compter que la RPDC, « seul État à avoir effectué des essais nucléaires au XXIsiècle », accorde une place de plus en plus considérable à la dissuasion nucléaire dans sa doctrine militaire, a relevé M. Guterres, qui s’est déclaré alarmé du risque d’escalade militaire dans la région, « y compris par erreur de calcul ou malentendu ».

Le Secrétaire général s’est dit particulièrement troublé à l’idée que les efforts déployés pour neutraliser les activités déstabilisatrices de la RPDC puissent également provoquer une concurrence accrue en matière d’armement et une escalade des tensions.  L’absence de canaux de communication avec la RPDC est dangereuse, a-t-il constaté, en affirmant que des conflits armés en Asie du Nord-Est, où vit un cinquième de la population mondiale, auraient des répercussions au niveau mondial.  

Une telle situation exige donc une reprise du dialogue, en rouvrant et en renforçant les canaux de communication, en particulier au niveau militaire, a préconisé M. Guterres, qui a également demandé à tous les États Membres de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.   

Dans ce contexte, le Secrétaire général a pris note de l’engagement du Conseil de sécurité en faveur d’une solution pacifique, diplomatique et politique à la situation et des efforts d’autres États pour y parvenir.  Se disant prêt à aider le Conseil de sécurité par tous les moyens possibles, il a également dit qu’il apprécierait en retour son assistance à cet égard.

Le Secrétaire général a par ailleurs remercié l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales d’avoir tenu compte des « impératifs humanitaires » dans la situation actuelle, alors que le dernier appel interagences a été fixé à hauteur de 114 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents de 13 millions de personnes particulièrement vulnérables, soit la moitié de la population de la RPDC, a-t-il précisé.  

Le haut fonctionnaire a également demandé aux autorités nord-coréennes de s’engager auprès des mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies et de la communauté internationale pour répondre à la grave situation des droits de l’homme sur place et y améliorer les conditions de vie de son peuple.  

Aussi s’est-il déclaré favorable à la visite, prévue la semaine prochaine, du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées en RPDC.  L’amélioration de la situation des droits de l’homme dans ce pays protégera non seulement les moyens de subsistance et la dignité des personnes en RPDC, mais aussi la sécurité et la stabilité à long terme dans la région et au-delà.  

« Notre priorité collective est de prévenir les conflits.  Nous devons rester déterminés à privilégier des voies pacifiques et diplomatiques pour pacifier et dénucléariser la péninsule coréenne », a ajouté en conclusion le Secrétaire général.

M. REX W. TILLERSON, Secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique, a rappelé que, selon la résolution 2321 (2016), la République populaire démocratique de Corée (RPDC) devait renoncer à son programme nucléaire et à ses missiles balistiques.  Ces dernières années, les efforts internationaux pour atteindre cet objectif ont échoué, a-t-il dit, en indiquant que seul le démantèlement des programmes précités permettra d’instaurer la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne.  Il a estimé que chaque nouvel essai de la RPDC menaçait davantage l’Asie du Nord et le monde.  « Les menaces contre Tokyo et Séoul sont bien réelles », a-t-il dit.  Il a ajouté que le moment où la RPDC pourrait frapper les États-Unis se rapprochait.

Face à cette rhétorique, les États-Unis ne peuvent pas rester impuissants, a poursuivi M. Tillerson.  Rappelant les nombreuses violations par la RPDC des résolutions du Conseil, il a déclaré qu’il n’y avait aucune raison de penser que la RPDC modifierait son comportement.  La communauté internationale n’a fait que réagir face à la RPDC, a-t-il regretté, ajoutant que ce temps était désormais révolu.  « Si nous n’agissons pas maintenant, les conséquences pourraient être bien réelles », a-t-il averti.

M. Tillerson a indiqué que cette phase de « patience stratégique » face à la RPDC devait prendre fin, sous peine d’accepter un pays doté de l’arme nucléaire.  « Plus nous attendrons, plus nous manquerons de temps », a-t-il insisté.  « Le Conseil doit agir avant que la RPDC ne le fasse », a-t-il poursuivi, en appelant le Conseil à exercer des pressions diplomatiques accrues sur la RPDC.

Il a indiqué que l’action de son pays visait à répondre à des impératifs de sécurité, rappelant que les États-Unis avaient retiré leurs armes nucléaires de la péninsule et apporté une aide à la RPDC.  « Depuis 1995, mon pays a donné 1,3 milliard de dollars à la RPDC », a-t-il noté, ajoutant que cette assistance reprendrait quand la RPDC aura abandonné son programme nucléaire.  Ce pays doit démanteler son programme s’il veut bénéficier de la reconnaissance internationale qu’il recherche, a-t-il affirmé, en exhortant la RPDC à prendre des mesures concrètes à cette fin.  

Le Secrétaire d’État a déclaré que la réduction de la menace posée par le programme de la RPDC était un préalable à toute reprise des pourparlers.  M. Tillerson a demandé aux États Membres de s’acquitter de leurs obligations internationales vis-à-vis de la RPDC.  Les pays qui ne le font pas discréditent le Conseil, a-t-il dit.

Il a ensuite exhorté les États Membres à accroître l’isolement de la RPDC, en réduisant ou en suspendant leurs relations diplomatiques avec ce pays.  La RPDC utilise ses privilèges diplomatiques pour collecter des ressources financières au bénéfice de son programme nucléaire, a-t-il affirmé.  « Il n’est pas possible d’avoir des relations normales avec la RPDC. »  

Il a enfin plaidé pour un renforcement des sanctions visant la RPDC.  « Nous n’hésiterons pas à sanctionner les pays qui ne s’acquittent pas de leurs obligations vis-à-vis de la RPDC », a-t-il soutenu, en demandant l’exercice de « pressions économiques maximales ».  Il a souligné la nécessité de contrecarrer les activités commerciales qui financent le programme de la RPDC.  La Chine a à sa disposition des moyens de pression et a un rôle important à jouer, a-t-il dit.

M. Tillerson a déclaré que toutes les options face à des provocations futures de la RPDC étaient sur la table.  « Nous devons être prêts à répondre par une action militaire », a-t-il averti, tout en marquant sa préférence pour une solution négociée.  Il a estimé que cette action militaire pourrait être nécessaire pour assurer la protection des États-Unis et de leurs alliés.

S’adressant à certains pays ayant des relations étroites avec la RPDC et qui pourraient être réticents à mettre en œuvre les sanctions contre la RPDC, il a affirmé que les conséquences d’une frappe nucléaire éventuelle devaient l’emporter sur toute autre considération.  « Nous devons faire face à la vérité », a-t-il dit, ajoutant que la communauté internationale ne pouvait pas suivre la même routine vis-à-vis de ce pays.

En aidant le régime de la RPDC, certains pays favorisent son programme nucléaire, alors que la population du pays meurt de faim, a-t-il noté.  « La communauté internationale doit nous aider à préserver la dignité humaine. »  M. Tillerson a ajouté que son pays croyait en un avenir de la RPDC, pour autant que celle-ci abandonne son programme.

Enfin, face à la RPDC qui depuis des années dicte les termes de sa dangereuse politique, le Secrétaire d’État a appelé le Conseil à mettre en œuvre une nouvelle stratégie.

La menace posée par les programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord a gravi un nouvel échelon, a souligné M. FUMIO KISHIDA, Ministre des affaires étrangères du Japon.  C’est une menace bien réelle pour les citoyens ordinaires.  Le 6 mars dernier, la Corée du Nord a lancé quatre missiles balistiques, dont trois ont atterri dans la zone économique exclusive du Japon, a-t-il noté, en parlant de « provocation ».  Il est par conséquent de plus en plus important pour les pays de la région de renforcer leur dissuasion pour garantir leur paix et leur sécurité.

M. Kishida a rappelé les engagements passés de la Corée du Nord en matière de dénucléarisation.  Il n’a pas douté que le dialogue est nécessaire pour réaliser la dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne.  Cependant, compte tenu de la situation actuelle, tandis que la Corée du Nord continue dans la voie de la prolifération, « un dialogue véritable n’est pas possible », a-t-il constaté.  Pour ramener la Corée du Nord à la table des négociations, la communauté internationale doit envoyer un message fort disant que « la provocation coûte cher ».

Le Japon appelle tous les États Membres à intensifier leur pression sur la Corée du Nord en appliquant rigoureusement les résolutions du Conseil de sécurité, a poursuivi le Ministre.  Pour sa part, le Japon a mis en œuvre des mesures supplémentaires contre ce pays, afin de réduire le flux de personnes, de biens et de fonds, dont une interdiction complète des exportations et des importations.  Aucun État ne doit faillir au régime des sanctions, a-t-il insisté.

À d’autres provocations, y compris des essais nucléaires, le Conseil de sécurité devrait répondre par des mesures encore plus strictes, a recommandé M. Kishida.  Il a rappelé les conséquences humanitaires des programmes nord-coréens.  Par le passé, des agents nord-coréens infiltrés au Japon ont enlevé des citoyens japonais, une question à laquelle le Japon attache la plus grande importance.  

M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, a estimé que le risque de prolifération nucléaire était accru par la course aux armements et l’insuffisance d’une réelle volonté politique de la contenir et d’y mettre un terme.  « L’éradication totale est le seul moyen de  préserver le monde de la dévastation qui découlerait de l’utilisation des armes nucléaires », a-t-il ajouté. 

Il s’est aussi inquiété de « la montée du terrorisme et des nouveaux risques d’utilisation à mauvais escient des avancées rapides de la science, des technologies et du commerce international ».  Rappelant avoir condamné l’essai du 6 janvier 2016, il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) au respect de ses obligations internationales.

M. Ndiaye a constaté que les sanctions imposées par le Conseil de sécurité, cumulées à celles imposées de manière unilatérale par certains pays, n’avaient toujours pas réussi à faire abandonner par la RPDC son ambition nucléaire militaire. 

Se disant attaché à une solution globale, pacifique, diplomatique et politique à la crise actuelle, à travers le dialogue, il a appelé les autorités nord-coréennes à revenir à la table des négociations dans le cadre des « pourparlers à six ».  Il a aussi plaidé pour le renforcement de l’autorité du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) par son universalisation et le respect des engagements antérieurement convenus.

C’est dans cet esprit, a-t-il expliqué, que les Gouvernements sénégalais et néerlandais ont organisé en février 2017, à Dakar, un dialogue régional sur le TNP dans la perspective du prochain comité préparatoire de 2017.  Parmi les outils mentionnés au cours de la réunion, il a cité les dispositifs du Conseil de sécurité, le contrôle des exportations et le Groupe des fournisseurs nucléaires (GFN). 

En outre, le TNP devra examiner la question du retrait prévu à l’article X et la concordance entre le plan d’action global conjoint et ses dispositions sur la non-prolifération et le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. 

Enfin, il a plaidé pour que les efforts en matière de non-prolifération aillent de pair avec un désarmement effectif suivant un calendrier vérifiable et irréversible, dans le cadre multilatéral du système des Nations Unies. 

Il a rappelé à cette occasion que son pays adhère au consensus et au régime international de non-prolifération nucléaire et respecte ses obligations découlant des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a dit que l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne était une source de vives préoccupations.  « En cas d’événement inattendu, la situation pourrait échapper à tout contrôle », a-t-il averti.  Il a appelé les parties à dégager un consensus pour une mise en œuvre des sanctions, une relance des pourparlers et une remise de la péninsule coréenne sur la voie d’une solution négociée.

Il a mentionné les deux principes qui, selon la Chine, devraient guider l’action dans la péninsule coréenne.  « Ne perdons pas de vue que l’objectif demeure une dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) », a-t-il dit, au titre de ce premier principe.  Le Ministre a exhorté la RPDC à cesser le développement de ses activités nucléaires, tout en appelant les autres parties à faire preuve de « sagesse politique » et à coopérer pour réaliser cet objectif de dénucléarisation.

La négociation doit prévaloir, a poursuivi le Ministre chinois, au titre du deuxième principe.  Il a estimé que le recours à la force ne permettrait de régler aucun défi.  Le dialogue est la seule solution et le choix le plus sensé, a-t-il insisté.  Il a rappelé que le dialogue avait permis des avancées entre 2003 et 2007, en notant l’adoption en septembre 2005 d’une déclaration commune contenant une feuille de route en vue de l’abandon par la RPDC de son programme nucléaire.  Cette déclaration reste importante, a-t-il dit, notant qu’elle était mentionnée par le Conseil dans ses résolutions.

Le Ministre a déclaré que la Chine n’était pas la source des difficultés dans la péninsule.  La clef du règlement de la situation dans la péninsule n’est pas entre les mains de la Chine, a-t-il poursuivi.  Voisin responsable, la Chine n’a eu de cesse de promouvoir une solution négociée, en prônant un élargissement des pourparlers, a-t-il poursuivi.  Le Ministre a affirmé que son pays restait disposé à jouer sa part dans le règlement de la situation.  « Nous avons proposé une double approche, avec des progrès sur la voie de la dénucléarisation en parallèle de l’établissement de mécanismes pour la paix », a-t-il argumenté. 

Le Ministre chinois a ainsi plaidé pour, dans le même temps, la suspension des activités nucléaires et pour la suspension des manœuvres militaires à grande échelle conduites dans la région, afin de ramener les parties à la table des négociations.

Ces propositions de la Chine tiennent compte des perspectives de court et de long terme et sont complémentaires, a-t-il défendu.  Il a ajouté que ces propositions « impartiales, raisonnables et bénéficiant d’un appui croissant » répondaient aux préoccupations de toutes les parties dans le respect de l’objectif de dénucléarisation, même s’il a convenu que certains pays nourrissaient des doutes.

Rappelant que l’objectif restait la cessation du programme nucléaire de la RPDC, le Ministre a estimé qu’il ne fallait plus discuter « de qui a raison et qui a tort » sur ce dossier.  « Nous devons récolter les fruits les plus mûrs et créer les conditions propices au dialogue. »  Il a rappelé que la situation actuelle ne découlait pas de l’action d’une seule partie et que l’on ne pouvait pas demander à une seule partie de faire tous les efforts.  Toutes les parties concernées devront se retrouver à mi-chemin, a-t-il affirmé, en appelant la RPDC et les États-Unis à faire montre de sincérité et à choisir le dialogue.

Il a exhorté le Conseil à parler d’une seule voie, avant d’indiquer que son pays était ouvert à toutes les idées concourant à l’objectif de dénucléarisation de la péninsule.  Les parties doivent œuvrer pour apaiser les tensions, rester calmes et éviter les erreurs de calcul, a-t-il dit.  Mettant en garde contre les conséquences d’une approche de deux poids, deux mesures, il a appelé la RPDC à cesser ses activités nucléaires, tout en exigeant des États-Unis la cessation des manœuvres militaires dans la péninsule.

« L’imposition de sanctions est une chose mais nous devons poursuivre d’autres voies en vue du règlement de la situation », a-t-il dit.  Estimant que les « signes de danger et d’opportunité » allaient de pair, le Ministre a affirmé que le moment était venu de reprendre sérieusement les pourparlers.

Enfin, le Ministre a réitéré l’opposition ferme de la Chine au déploiement du système antimissile par les États-Unis dans la péninsule coréenne, estimant que ce système sapait la confiance entre les parties et ne favorisait pas la recherche d’une solution.  

M. BORIS JOHNSON, Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni, s’est demandé quelle menace à la paix et à la sécurité internationales est « plus claire » aujourd’hui que celle que fait peser un État Membre lancé sans relâche, depuis des décennies, dans une course à l’armement, en violation des résolutions du Conseil de sécurité. 

Il a dénoncé le « régime de Pyongyang » pour avoir consacré « tous ses moyens » au développement de missiles balistiques, ce qui constitue une violation de la résolution 1718 (2006), au détriment des besoins de sa population.

Le Royaume-Uni, a dit le chef de sa diplomatie, estime qu’il est essentiel que le Conseil se tienne prêt à prendre de nouvelles mesures vigoureuses pour parvenir à un règlement de cette situation, en présentant un « front uni » et en exigeant que cessent les agissements des autorités nord-coréennes.  M. Johnson s’est dit « fier » que le Royaume-Uni s’acquitte pleinement de ses obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil.

Le Secrétaire d’État britannique a ensuite exhorté les pays partenaires à user de leur influence sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en particulier la Chine et la Fédération de Russie, qui assument une « responsabilité particulière » en tant que membres permanents du Conseil de sécurité.

M. Johnson a toutefois regretté le manque de mise en œuvre des résolutions pertinentes par certains États Membres.  Par ailleurs, a-t-il assuré, tant que Pyongyang continuera de « défier » le Conseil, la situation ne sera pas propice à la reprise de négociations. 

Après avoir défendu l’idée que le Conseil doit continuer de rester saisi de la situation des droits de l’homme dans le pays, le Royaume-Uni a affirmé qu’il faut que la Corée du Nord procède à un « désarmement complet et vérifiable ». 

Reconnaissant la dangerosité des activités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), notamment les tirs récents de missiles balistiques, M. WORKNEH GEBEYEHU, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a estimé qu’il est plus urgent que jamais de rechercher une solution politique et diplomatique globale à cette question.  

Le respect par Pyongyang de ses obligations internationales et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ouvrirait selon lui la voie à une solution pacifique et globale par l’entremise d’un dialogue, a analysé le chef de la diplomatie éthiopienne. 

Il a ensuite estimé que les activités de sensibilisation initiées par le Président du Comité des sanctions applicables à la RPDC auprès de divers groupes régionaux contribueront à l’amélioration de la mise en œuvre du régime des mesures visant ce pays.  Pour sa part, l’Éthiopie, a-t-il assuré, a pris toutes les dispositions nécessaires pour se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Le Ministre a réaffirmé en conclusion l’engagement de son pays à interagir de manière constructive avec le Groupe d’experts du Comité, fondant l’espoir que la paix et la sécurité seront rétablies dans la péninsule coréenne. 

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a dit que la non-prolifération était un objectif prioritaire de son pays.  Appelant le Conseil à préserver son unité en cette période critique, il a affirmé que la situation dans la péninsule coréenne « nous a conduit à une impasse absolue ».  Inquiet des tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a exhorté ce pays à cesser toute action qui aurait des conséquences négatives pour le régime de non-prolifération.  Les États Membres doivent respecter les régimes de sanctions, a-t-il insisté.

Estimant que la dénucléarisation de la péninsule coréenne était un élément clef pour assurer la sécurité dans toute l’Asie, le Ministre a affirmé que le programme nucléaire de la RPDC créait un précédent susceptible de conduire à une course aux armements dans toute la région.  Il a rappelé la position constante de son pays, opposé à la détention de toute arme de destruction massive.  « Nous avons le droit moral de lancer un appel à toutes les parties, en particulier à la RPDC, pour qu’elles remédient à une situation inquiétante », a souligné le Ministre.

M. Abdrakhmanov a demandé à la RPDC d’abandonner son programme nucléaire, avant d’ajouter qu’une solution pacifique était possible, prenant pour exemple les négociations fructueuses concernant le programme nucléaire iranien.  Enfin, le Ministre a exhorté toutes les parties à prendre des « mesures réfléchies,  équilibrées, qui ne conduiront pas à des conséquences irréversibles ».

M. GENNADY GATILOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré qu’il ne fait aucun doute que « nous vivons un des épisodes les plus “traumatiques” de l’histoire de la péninsule coréenne », affirmant que les « discours belliqueux » et les « démonstrations irréfléchies de la force » avaient conduit la communauté internationale à envisager la possibilité d’une guerre. 

S’il a condamné les activités nucléaires de la République populaire démocratique de la Corée (RPDC), qui s’intensifient depuis 10 mois, et exigé des autorités nord-coréennes qu’elles démantèlent les « programmes interdits » et se soumettent à la vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le numéro deux de la diplomatie russe a toutefois estimé que la réaction des Nord-Coréens était le résultat des manœuvres militaires initiées dans la péninsule, en particulier par la marine des États-Unis.  

M. Gatilov a également fustigé la décision prise par Washington et Séoul d’installer un système antimissile balistique THAAD en République de Corée, « une mesure qui ne suscite guère l’enthousiasme de Pyongyang » et remet en cause les équilibres militaires régionaux.  C’est la raison pour laquelle le Vice-Ministre a demandé « encore une fois » à ces deux pays de revenir sur cette décision, en priant les États limitrophes de ne pas céder à des mesures similaires. 

Quant aux sanctions, a-t-il poursuivi, elles ne doivent jamais constituer de « fin en soi », mais être un moyen de coercition pour ramener la RPDC à la table des négociations.  M. Gatilov s’est par ailleurs inquiété des conséquences de ces mesures sur la population nord-coréenne, dont les conditions de vie se seraient considérablement détériorées depuis leur imposition. 

Pour la Fédération de Russie, les « exemptions humanitaires » prévues par le régime de sanctions applicables à Pyongyang ne fonctionneraient pas, puisqu’il lui est toujours interdit de se procurer les produits de base et alimentaires dont sa population a besoin.  De plus, a-t-il pointé, les sanctions financières imposées à la RPDC, en particulier les restrictions visant son système bancaire, l’empêchent de fournir aux agences onusiennes présentes sur le terrain les moyens de venir en aide aux personnes les plus démunies.

Sans aucun doute, a reconnu le Vice-Ministre, la RPDC se conduit de manière inappropriée et refuse de se conformer aux obligations découlant des résolutions de l’ONU.  Mais dans de telles conditions, « retenue et sang-froid » sont de mise, pas une escalade des tensions, a-t-il tranché. 

Il convient également d’appréhender la situation du point de vue de toutes les parties prenantes, a-t-il dit, affirmant qu’un règlement ne serait possible sans réduction des manœuvres militaires ni mesures de renforcement mutuel de la confiance. 

Le Vice-Ministre a, en conclusion, apporté son soutien à la proposition de la Chine dite de « suspension contre suspension » et souhaité que soit privilégiée la recherche de « voies de communication » avec les autorités nord-coréennes.  La Fédération de Russie s’est dite prête à coopérer en ce sens.

Mme ANNIKA SÖDER, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continuait de faire fi de ses obligations et de menacer la paix et la sécurité internationales.  Ses actions sont incompatibles avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Elle a donc appelé la RPDC à prendre des mesures immédiates en vue d’un démantèlement complet, vérifiable et irréversible de ses programmes nucléaire et balistique. 

La Vice-Ministre a jugé que l’application des sanctions contre la RPDC restait insuffisante et très irrégulière, comme le révèle le dernier rapport du Groupe d’experts du Comité des sanctions.  Il faut suivre les recommandations des experts, a-t-elle insisté, demandant un engagement politique plus fort de la part de tous les États Membres de l’ONU à cet égard. 

Les sanctions seules ne suffiront pas à résoudre la situation dans la péninsule coréenne, a toutefois averti la Vice-Ministre.  « La diplomatie est maintenant cruciale. »  La situation doit être abordée « sans préjudice », et il faut être prêt à considérer à la fois d’anciennes et de nouvelles propositions, a-t-elle précisé, en assurant le Conseil de sécurité de l’appui de la Suède.

En tant que membre de la Commission de supervision des nations neutres, la Suède encourage la RPDC à reprendre contact avec la Commission au poste frontière de Panmunjon.  Selon la Vice-Ministre, cela contribuerait à réduire les tensions et à accroître la confiance et la transparence.  Enfin, elle a mis l’accent sur les atrocités commises par le régime contre son propre peuple.   

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a indiqué que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) faisait peser une menace grandissante pour la paix et la sécurité régionales et internationales, mais aussi pour le régime de non-prolifération.  Les progrès de la RPDC dans le développement de ses activités nucléaires et balistiques représentent une menace exceptionnelle pour le monde, a-t-il averti.  

Il a appuyé la pleine mise en œuvre d’un régime de sanctions efficace contre la RPDC, se disant prêt à le renforcer en cas de nouvel essai nucléaire et si cela est nécessaire pour aboutir à une solution pacifique.  La mise en œuvre des sanctions est cruciale pour une stabilité et une sécurité de long terme, a-t-il poursuivi, ajoutant que cette mise en œuvre était encore lacunaire.

Alors que son pays préside le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1718 (2006), il a indiqué que l’Italie s’engageait à aider tous les États Membres à mettre en œuvre les résolutions pertinentes, y compris la résolution 2321 (2016).  

Enfin, le Sous-Secrétaire d’État a indiqué que la RPDC assurerait sa sécurité davantage si elle respectait les résolutions du Conseil et regretté que les ressources engagées pour ce programme nucléaire ne soient pas plutôt utilisées pour répondre aux besoins de la population de la RPDC.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a condamné les activités illégales que poursuit Pyongyang en développant des capacités en matière de missiles nucléaires, s’inquiétant de la menace nucléaire croissante dans la région, et ce, malgré des efforts politiques et diplomatiques immenses.  « Tout le monde est d’accord, a-t-il relevé, pour dire que les défis actuels en rapport avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et ses ambitions nucléaires devraient être traités de manière collective et de façon décisive, sans attendre davantage ». 

Jugeant le régime de sanctions en place inefficace, il a observé que le régime nord-coréen continuait à développer son arsenal militaire aux dépens de sa propre population qui souffre du détournement des ressources.

M. Yelchenko a recommandé au Conseil de sécurité de trouver des moyens d’augmenter la pression internationale sur ce régime, en adoptant des mesures fortes pour mettre un terme aux violations systématiques du droit international et éradiquer la menace nucléaire en Asie du Sud-Est. 

« Nous ne devons pas laisser Pyongyang continuer à discréditer le rôle du Conseil de sécurité dans le contexte des efforts mondiaux de non-prolifération », a-t-il lancé.  Il a suggéré au Conseil d’user de tous les outils à sa disposition pour désamorcer la situation.  Il a soutenu le Japon et la République de Corée, ainsi que d’autres pays qui subissent cette menace nucléaire.

Le représentant ukrainien a aussi relevé la tendance actuelle à ne pas respecter le droit international et à changer l’ordre mondial établi.  En tant que pays qui a volontairement renoncé à son arsenal nucléaire et qui s’est conformé strictement à ses engagements de non-prolifération, il a souligné l’importance, pour toutes les parties, d’avoir une réelle politique dans ce sens. 

Il a rappelé à cet égard la violation de ses obligations internationales, et notamment du Mémorandum de Budapest de 1994, par un membre du Conseil de sécurité.  « La communauté internationale a la responsabilité collective de restaurer le respect du droit international et de trouver des solutions durables aux menaces les plus urgentes à la paix et à la sécurité mondiales », a-t-il conclu.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a démontré son engagement en faveur du renforcement du régime de désarmement et de non-prolifération en rappelant que son pays ne possède pas d’armes nucléaires, qu’il est membre de la zone exempte de telles armes (Traité de Tlatelolco) et Partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Il a indiqué que la politique étrangère de l’Uruguay s’articulait autour des principes essentiels du droit international, dont l’interdiction de l’usage de la force dans les relations internationales et le recours à des moyens pacifiques pour régler les différends.  L’usage et la menace de l’usage des armes nucléaires constituent un crime contre l’humanité, a-t-il dit.

Dénonçant à nouveau les essais nucléaires de la RPDC, il a exhorté ce pays à abandonner complètement ses programmes nucléaires, de manière vérifiable et irréversible.  Il l’a aussi appelé à revenir au Traité sur la non-prolifération et au régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il faut, a-t-il ajouté, intensifier les efforts visant à rétablir la confiance entre les parties pour que le Gouvernement nord-coréen revienne à la table des négociations.

Dans les grands moments de tension, il a préconisé de maintenir le calme et d’éviter les actions unilatérales.  Il a rappelé à cet égard les paragraphes 47 et 48 de la dernière résolution adoptée par le Conseil de sécurité en novembre 2016 dans laquelle celui-ci réaffirme son soutien aux « pourparlers à six » et demande de parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne de manière pacifique.

Enfin, le représentant uruguayen a rappelé aux États qui possèdent l’arme nucléaire la responsabilité qui leur incombe d’établir de nouvelles lignes de négociation pour débloquer la situation.  Il n’a pas vu d’autre solution que de passer par le dialogue, la négociation et le compromis politique.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a prononcé le discours de M. JEAN-MARC AYRAULT, Ministre des affaires étrangères et du développement international de la France.  « La France demeure particulièrement préoccupée par la poursuite des programmes nucléaires et balistiques nord-coréens, qui alimente une grave montée des tensions dans la péninsule coréenne et constitue aujourd’hui l’une des principales menaces à la paix et à la sécurité internationales », déclare M. Ayrault.

La France a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC), à chaque occasion, à renoncer au développement d’une arme nucléaire, poursuit le Ministre.  « Cette fuite en avant ne peut continuer. »  Il s’inquiète aussi de la réémergence d’armes chimiques dans la région. 

Selon M. Ayrault, le but de la RPDC est bien d’accéder au statut d’État doté de l’arme nucléaire, et de bouleverser les équilibres stratégiques en Extrême-Orient et dans le monde en menaçant la sécurité de tous.  « Demain, chaque pays pourrait se trouver à la portée des missiles nord-coréens », avertit-il.  « Nous devons, collectivement être à la hauteur de nos responsabilités de membres du Conseil de sécurité et montrer notre détermination à lutter contre ces actes injustifiables. »

Le développement des programmes nucléaire et balistique est mené au prix du sacrifice de la population nord-coréenne, rappelle le Ministre.  Les violations graves des droits de l’homme y sont, selon lui, l’expression d’un totalitarisme absolu, où l’arbitraire l’emporte systématiquement sur la règle de droit.  « Le monde ne peut se satisfaire de cette situation qui bafoue tout ce que nous nous sommes efforcés de construire patiemment, en particulier ici aux Nations Unies. »

« Devant une telle menace, l’engagement de la communauté internationale et du Conseil de sécurité doit être ferme, clair et visible », insiste M. Ayrault.  « Notre objectif ne peut être que la dénucléarisation complète de la péninsule nord-coréenne. »

Regrettant l’inégale mise en œuvre des sanctions contre la Corée du Nord, il appelle tous les États, sans aucune exception, à veiller à l’application rigoureuse et sans réserve des décisions du Conseil de sécurité par tous les acteurs sur leur territoire. 

« Tandis que la Corée du Nord persévère dans la voie de la prolifération et que le danger qu’elle fait peser sur la paix et la sécurité s’accroît, notre position doit demeurer déterminée et sans ambiguïté », ajoute M. Ayrault.  À d’autres provocations de Pyongyang, la communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent être prêts à répondre par de nouvelles mesures.

« Mais notre action ne peut se contenter de s’inscrire uniquement en réaction aux agissements nord-coréens. »  Le Ministre juge urgent de prendre l’initiative avant que la Corée du Nord ne dispose d’une arme nucléaire opérationnelle.  

Ainsi la communauté internationale doit-elle renforcer sans délai, de manière conjointe et coordonnée, la pression diplomatique et économique sur la RPDC.  Le dialogue ne pourra être relancé qu’à condition qu’elle s’y engage de bonne foi et renonce à ses objectifs nucléaires, conclut-il.    

Conformément à la Constitution de son pays « pacifique », M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rejeté toute forme d’agression pour régler les différends entre peuples et États Membres.  Après avoir rappelé que l’Amérique du Sud a été la première région au monde à devenir exempte d’armes nucléaires, il a condamné la série de tirs de missiles balistiques et d’essais nucléaires auxquels s’est livrée la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

Si la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité est essentielle à la réalisation de la paix et de la sécurité dans la péninsule coréenne, les sanctions ne peuvent être considérées comme une fin en soi, a toutefois nuancé M. Llorentty Solíz

Devant l’escalade des tensions, qui ont abouti à la « plus grande menace nucléaire de ce siècle », le représentant a donc apporté son soutien à la proposition de la Chine de « suspension contre suspension », demandant aux États-Unis de renoncer à leurs manœuvres militaires dans la région. 

« Nous devons une fois pour toutes écarter toute option militaire et position susceptible d’alimenter des malentendus », a plaidé, en conclusion, le délégué, en rappelant que « la guerre signe l’échec de la diplomatie », et qu’« il est de notre devoir de négocier et renoncer aux calculs belliqueux ».

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné l’intervention équilibrée prononcée ce matin par le Secrétaire général.  La situation dans la péninsule coréenne est le plus grand défi lancé au régime de non-prolifération, a-t-il dit.  Le délégué égyptien a demandé à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de respecter ses engagements internationaux découlant des résolutions pertinentes du Conseil, avant d’indiquer que son pays mettrait tout en œuvre pour appliquer les sanctions contre la RPDC.

M. Aboulatta a appelé la communauté internationale à relever les défis de la non-prolifération en évitant une approche deux poids, deux mesures.  Le délégué égyptien a déploré « l’érosion constante » de ce régime, découlant de l’action de certains États qui ont fait voler en éclats le programme de non-prolifération international en raison de considérations partisanes.

La RPDC doit cesser ses activités qui attisent les tensions, a-t-il déclaré en conclusion, en exhortant les autres parties à créer les conditions propices pour la reprise du dialogue.

La Corée du Nord est maintenant dans la phase finale de sa nucléarisation, a averti M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, en soulignant l’urgence de la situation.  Depuis la première crise nucléaire nord-coréenne il y a un quart de siècle, ses programmes nucléaire et balistique ont énormément progressé.

La Corée du Nord a procédé à cinq essais nucléaires et à toute une série de lancements de missiles, a rappelé le Ministre.  Et elle a montré qu’elle était prête à utiliser des armes de destruction massive avec l’assassinat du demi-frère du dirigeant nord-coréen.  En un mot, a-t-il résumé, la capacité de la Corée du Nord en termes d’armes de destruction massive et son intention de les utiliser, nous mènent à « un seuil critique ».

Une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire perturbera considérablement la sécurité en Asie du Nord-Est, a mis en garde M. Yun.  « Pour éviter un scénario cauchemardesque, nous devons agir maintenant », a-t-il plaidé, en recommandant « une nouvelle approche du Conseil de sécurité, qui ne permette pas à la Corée du Nord de dicter son ordre du jour et son calendrier ».

« Nous voyons que les sanctions font leur effet, a poursuivi le Ministre, en demandant à la communauté internationale de poursuivre ses efforts pour appliquer pleinement les résolutions 2270 (2016) et 2321 (2016) du Conseil de sécurité. 

De plus, le Conseil de sécurité doit discuter de mesures punitives supplémentaires pour répondre à d’autres provocations, de façon proactive et non réactive.  « Pyongyang s’imagine peut-être encore que l’action du Conseil de sécurité sera limitée et qu’elle peut ignorer et ridiculiser l’autorité de l’ONU », a-t-il lancé.   

Afin de changer un tel calcul stratégique de la part de Pyongyang, il a recommandé trois pistes: arrêter l’exportation de pétrole brut en Corée du Nord; couper toutes ses rentrées monétaires, en suspendant notamment toutes les importations de charbon en provenance de la Corée du Nord; et se poser sérieusement la question de savoir si ce pays possède les qualités requises pour être membre de l’ONU. 

« Notre but n’est pas de mettre la Corée du Nord à genoux, mais de la ramener à la table des négociations pour une dénucléarisation véritable », a assuré M. Yun.  Malheureusement, a-t-il constaté, Pyongyang ne veut pas négocier et « dialoguer pour dialoguer n’est pas une option ».  

« Notre objectif n’est pas de faire des compromis sur des demi-mesures pour une fausse paix », a-t-il précisé.  « Notre objectif est le démantèlement complet, vérifiable et irréversible des programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord ».  La communauté internationale dans son ensemble doit maintenir un front unifié contre la Corée du Nord, a-t-il conclu.   

Reprenant la parole, M. TILLERSON, Secrétaire d’État des États-Unis, a salué les déclarations faites aujourd’hui par les membres du Conseil, se félicitant également du nombre de ministres des affaires étrangères ayant participé à la réunion.  Comme cela a été souligné, la République populaire démocratique de la Corée (RPDC) n’honore pas ses engagements, a-t-il dit.  « Si nous avions exigé un respect intégral de ses résolutions pertinentes, nous n’en serions pas là aujourd’hui, à tenter d’obtenir le retour de ce pays à la table des négociations. » 

C’est pourquoi, M. Tillerson a plaidé en faveur du respect intégral des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité, fustigeant « tout relâchement dans l’application rigoureuse » et demandant l’élargissement des sanctions dans les domaines jugés nécessaires.  « Une inaction de votre part affaiblirait votre vote et retirerait de la valeur à votre statut de membre du Conseil », a-t-il prévenu au terme de sa seconde intervention.

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