7923e séance – après-midi
CS/12792

Conseil de sécurité: les activités de groupes armés illégaux en RDC menacent la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs

Les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région, quatre ans après sa signature, risquent d’être compromis par la présence continue de groupes armés non étatiques dans l’est de la RDC, a expliqué en substance, au Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Said Djinnit.

Le Conseil se réunissait cet après-midi pour examiner la situation dans la région des Grands Lacs, principalement en RDC et au Burundi, et le dernier rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre*.  

Les activités persistantes de groupes armés illégaux restent l’une des principales menaces qui pèsent sur la sécurité des populations, a mis en garde M. Djinnit.  Il faut redoubler d’efforts pour neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FLDR), les Forces démocratiques alliées (ADF) et les autres, a-t-il insisté.  D’après lui, l’incursion récente dans l’est de la RDC d’éléments de l’ex-Mouvement du 23 mars (ex-M23) a constitué « un véritable revers ».  Face à ces menaces, il a jugé important que la brigade d’intervention, avec l’appui de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), renforce ses opérations offensives.  

L’Envoyé spécial a salué le dialogue intercongolais, sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui « en a appelé à la responsabilité du Chef de l’État en tant que garant de la nation ».  À cet égard, il a demandé à toutes les parties prenantes de mettre en œuvre l’accord du 31 décembre en vue d’organiser des élections crédibles et pacifiques d’ici à la fin de l’année, et les a priées de s’abstenir de toute action susceptible de conduire à la violence.

Par ailleurs, il a indiqué avoir continué de soutenir le dialogue interburundais, mené sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est. 

Sur une note positive, M. Djinnit a salué la réforme réussie des structures de gouvernance de l’Accord-cadre et la dernière réunion de haut niveau du Mécanisme de suivi régional, qui s’est tenue le 26 octobre, à Luanda.

À l’instar de l’Envoyé spécial, toutes les délégations se sont déclarées préoccupées par les activités des groupes armés illégaux en RDC, qui ont continué de menacer la sécurité et la stabilité de la région.

Si le temps de la déstabilisation réciproque par groupes armés interposés est fort heureusement révolu, l’héritage de cette époque subsiste et certains groupes armés restent actifs, a constaté le représentant de la France pour qui cet héritage du passé nourrit la frustration et les suspicions entre pays de la région.  Elles doivent pouvoir être réglées définitivement pour que la région soit enfin en mesure de se tourner pleinement vers l’avenir et construise des relations saines de coopération, a-t-il déclaré.  Le mandat renouvelé de la MONUSCO doit pouvoir lui permettre de retrouver sa capacité de mobilité pour mener des actions offensives décisives, a-t-il ajouté.

La coopération régionale est plus que nécessaire pour réaliser la paix, la sécurité et le développement durable dans la région des Grands Lacs, a considéré, à son tour, le représentant du Sénégal.  D’après lui, la lutte contre l’insécurité devrait, en aval, prendre en charge le trafic et l’exploitation illicites des ressources naturelles qui alimentent les conflits.

Les représentants de l’Éthiopie et de l’Égypte ont jugé important pour les États de la région des Grands Lacs de promouvoir des partenariats avec les Nations Unies et l’Union africaine.  Leur homologue de la Chine s’est dit « favorable à ce que l’Afrique traite des problèmes africains de façon africaine ».

C’est au Gouvernement et à l’opposition de la RDC qu’il appartient de mettre en œuvre l’accord du 31 décembre, a insisté le représentant du Royaume-Uni en se référant à l’accord conclu fin 2016 sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo, en vue d’organiser des élections pacifiques et crédibles d’ici à la fin de l’année.  Il a déploré « l’obstruction et les atermoiements du Gouvernement », estimant que malheureusement, la nomination d’un nouveau premier ministre va à l’encontre de l’esprit et de la lettre de cet accord, une affirmation reprise par le représentant de la France.

Le nouveau Premier Ministre, a insisté son homologue de la RDC, vient de l’UDPS, « parti du défunt Étienne Tshisekedi et membre du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement ».  Il a jugé « sans raison d’être » l’affirmation du rapport du Secrétaire général qui attribue le statut de chef de l’opposition à « un individu qui, de surcroît, n’est ni désigné par ses pairs, ni reconnu par la loi ».

Au Burundi, contrairement à ce que dit le Gouvernement, « la normalité n’est pas rétablie et un climat de peur continue de régner », a commenté le représentant britannique.  D’après lui, le Président a pris des mesures pour se maintenir au pouvoir, « ce qui qui risque de faire basculer le pays dans l’abime ».  « Comment ne pas être choqué par les images de cette vidéo dans laquelle des jeunes miliciens Imbonérakuré appellent en chœur au viol et au meurtre? » s’est indigné le représentant de la France.  Il a espéré que les mesures appropriées seront prises pour y mettre fin définitivement et pour que les auteurs de violations des droits de l’homme dans le pays soient poursuivis et condamnés.  « La situation actuelle au Burundi n’est ni acceptable ni tenable », a renchéri la représentante des États-Unis qui a appelé à un engagement solide de tous les partenaires de la région pour neutraliser les forces négatives et encourager le dialogue en cours au Burundi.  

* S/2017/208

LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS

Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région (S/2017/208)

Déclarations

M. SAID DJINNIT, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a mis en exergue les progrès récents enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région des Grands Lacs.

Il a évoqué la réforme réussie des structures de gouvernance de l’Accord-cadre et la dernière réunion de haut niveau du Mécanisme de suivi régional, qui s’est tenue le 26 octobre, à Luanda.  Cette réunion, a-t-il dit, a créé « un sentiment de prise en charge » et marqué la détermination des dirigeants de la région à mettre en œuvre l’Accord-cadre.

Cependant, les activités persistantes de groupes armés illégaux restent l’une des principales menaces qui pèsent sur la sécurité des populations, a mis en garde M. Djinnit.  Il faut redoubler d’efforts pour neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FLDR), les Forces démocratiques alliées (ADF) et les autres, a-t-il insisté.  Il importe que la brigade d’intervention, avec l’appui de la MONUSCO, renforce ses opérations offensives ciblant des groupes armés.  

L’Envoyé spécial s’est félicité de la mise en place du Mécanisme conjoint de suivi pour contrecarrer la menace croissante posée par les ADF.  De plus, l’incursion récente dans l’est de la RDC d’éléments de l’ex-Mouvement du 23 mars (ex-M23) a constitué « un véritable revers ».  Suite à cet incident, il a dit avoir discuté avec les autorités de la RDC et du Rwanda pour les encourager à reprendre les consultations.  

Nous continuerons de coopérer étroitement avec les autres garants de l’Accord-cadre pour nous attaquer au problème du rapatriement de combattants étrangers, a ensuite assuré M. Djinnit.

Bien que les relations entre les pays de la région aient souffert des activités des groupes illégaux pendant la période considérée, a-t-il poursuivi, des mesures positives ont été entreprises pour accroître la coopération économique et améliorer l’intégration régionale.  En plus des efforts déployés pour contribuer à l’autonomisation des femmes, des initiatives sur l’exploitation illicite des ressources naturelles ont été prises. 

M. Djinnit a noté que la nomination récente d’un nouveau premier ministre en RDC avait provoqué des réactions dans l’opposition.

L’Envoyé spécial a indiqué avoir continué de soutenir le dialogue interburundais, mené sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est.  Il a également encouragé le dialogue intercongolais, sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui « en a appelé à la responsabilité du Chef de l’État en tant que garant de la nation ».  À cet égard, il a demandé à toutes les parties prenantes de mettre en œuvre l’accord du 31 décembre en vue d’organiser des élections crédibles et pacifiques d’ici à la fin de l’année, et les a priées de s’abstenir de toute action susceptible de conduire à la violence.

Il est important que l’ONU, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, ainsi que les garants de l’Accord-cadre, coordonnent leur action en soutien à la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre, a indiqué M. Djinnit.  Il a rappelé que l’Angola, le Kenya et le Rwanda connaîtront également des élections dans les mois à venir.

En conclusion, l’Envoyé spécial a félicité les dirigeants et les peuples de la région pour les résultats obtenus pour surmonter les tragédies du passé et les a encouragé à poursuivre leurs efforts pour régler les questions en suspens.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a souligné trois principaux sujets d’inquiétude dans la région, qui se renforcent mutuellement: la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, qui reste trop lente, et la poursuite de la crise politique en RDC et la situation au Burundi, qui, toutes deux, peuvent fortement déstabiliser la région si elles ne sont pas résolues.  Sur ces trois sujets, le Conseil de sécurité doit agir et doit agir de manière unifiée et décisive pour prévenir une crise régionale.

Concernant d’abord l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, malgré quelques avancées, les forces négatives continuent d’agir dans la région.  Si le temps de la déstabilisation réciproque par groupes armés interposés est fort heureusement révolu, l’héritage de cette époque subsiste et certains groupes armés restent actifs, a constaté le représentant pour qui cet héritage du passé nourrit la frustration et les suspicions entre pays de la région.  Elles doivent pouvoir être réglées définitivement pour que la région soit enfin en mesure de se tourner pleinement vers l’avenir et construise des relations saines de coopération.  Y parvenir requiert une action décisive dans trois domaines et d’abord, a dit le représentant, la lutte militaire contre les groupes armés.  C’est notamment le rôle de la brigade d’intervention de la MONUSCO fournie par la SADC.  Le mandat renouvelé de la MONUSCO doit pouvoir lui permettre de retrouver sa capacité de mobilité pour mener des actions offensives décisives.

Comme deuxième domaine, le représentant a cité l’action politique, pour démobiliser, rapatrier et réintégrer ces combattants dans leurs pays d’origine.  Il a dit penser aux FDLR et aux ex-combattants du M23, mais aussi à ceux du M/APLS dans l’opposition qui sont en RDC depuis l’été dernier.  Cela requiert une action concertée et active et un engagement au plus haut niveau des leaders politiques concernés.  L’Accord-cadre d’Addis-Abeba doit être pleinement mis en œuvre et son Comité de suivi, s’atteler à cette tâche.  Enfin, le représentant a cité la lutte contre les trafics illégaux de ressources naturelles qui alimentent les groupes armés.  Une action forte et concertée des pays de la région est nécessaire, ainsi qu’un engagement continu des partenaires internationaux pour la transparence des industries extractives et une meilleure traçabilité des minerais.

Concernant la situation en RDC, le représentant s’est dit préoccupé, arguant que la légitimité de toutes les institutions électives repose désormais uniquement sur l’accord du 31 décembre et le consensus qui a présidé à sa signature.  À cet égard, la nomination par le Président Kabila d’un premier ministre non consensuel, dans une procédure qui ne respecte pas les termes de l’accord du 31 décembre, est particulièrement inquiétante, car sa violation est porteuse de graves risques pour la stabilité et l’avenir du pays.

Le représentant a donc insisté sur la mise en œuvre urgente et sans réserve de l’accord, y compris la levée des restrictions aux droits et libertés, afin de permettre la tenue, dans de bonnes conditions, des élections à la date agréée fin 2017, et de permettre le premier transfert pacifique du pouvoir de l’histoire du pays.  La dégradation de la situation sécuritaire et des droits de l’homme est également particulièrement préoccupante, a-t-il poursuivi en parlant des violences dans les Kasaï.  La France appelle à ce que toute la lumière soit faite sur le meurtre des deux experts de l’ONU.

Venant à la situation au Burundi, le représentant s’est demandé: « Comment ne pas être choqué par les images de cette vidéo dans laquelle des jeunes miliciens Imbonérakuré appellent en chœur au viol et au meurtre? »  Il a espéré que les mesures appropriées seront prises pour y mettre fin définitivement et pour que les auteurs de violations des droits de l’homme dans le pays soient poursuivis et condamnés.  Le Burundi peut pourtant retrouver la paix et la stabilité et jouer un rôle stabilisateur sur le continent et cela passe par la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et le rétablissement des relations apaisées avec les agences de l’ONU dont le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  Cela passe, a ajouté le représentant, par une solution politique à la crise actuelle, dans le cadre d’un dialogue inclusif, ouvert et sincère et dans le respect de l’Accord d’Arusha.  

M. GORGUI CISS (Sénégal) a indiqué que la situation dans l’est de la RDC demeurait préoccupante, avec la résurgence des M23.  La coopération régionale est plus que nécessaire pour réaliser la paix, la sécurité et le développement durable dans la région des Grands Lacs, a-t-il dit.  Il a indiqué que cette coopération pourrait offrir le cadre approprié pour trouver une solution au problème des éléments du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS) dans l’opposition installés dans l’est de la RDC, suite aux affrontements de juillet dernier.  Le délégué a demandé un traitement rapide de la multiplication des foyers de violence communautaire au-delà de l’est de la RDC.  Les pays et communautés accueillant les réfugiés et personnes déplacées méritent un soutien international accru, a plaidé le représentant.  Il a enjoint les différentes parties concernées par les processus politiques à « davantage explorer les possibilités inépuisables du dialogue ».  S’agissant de la mise en œuvre de l’Accord-cadre, il a noté les progrès enregistrés dans la mise en place du Mécanisme conjoint de suivi afin de faire face à la menace des ADF.  La même dynamique devrait être de mise en ce qui concerne le rapatriement et le désarmement des combattants des FDLR et de l’ex-M23 qui connaissent des avancées limitées, a-t-il poursuivi.  Enfin, le représentant sénégalais a indiqué que la lutte contre l’insécurité dans les Grands Lacs devrait, en aval, prendre en charge le trafic et l’exploitation illicites des ressources naturelles qui alimentent les conflits.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a salué les initiatives agréées entre les pays de la région pour lutter contre les ADF.  La réunion que le Mécanisme de suivi régional a tenue le 26 octobre a montré qu’il agit de façon autonome sans influence extérieure.  Le représentant a dénoncé les activités des groupes armés qui attisent des conflits ethniques et favorisent le trafic d’armes.  Il s’est inquiété de l’absence de progrès dans le rapatriement des M23 et de la présence sur le territoire congolais de partisans de l’ancien Vice-Président du Soudan du Sud.  Il a noté que plusieurs signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba sont toujours inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a estimé que la situation en République démocratique du Congo (RDC) se trouvait « à un moment critique ».  Depuis l’accord politique de décembre, trois mois ont passé sans que soient établies des institutions transitoires, a-t-il constaté.  Il a de nouveau appelé le Président Kabila à faire preuve de leadership et exhorté tous les acteurs politiques à accélérer le processus politique.

La situation au Burundi représente un autre défi, a poursuivi le représentant, préoccupé par la suspension de la coopération avec le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme et par les rapports faisant état de graves violations des droits de l’homme, notamment le climat d’impunité parmi les Imbonerakure.

Il a encouragé le Gouvernement burundais à s’engager de façon constructive avec les partenaires internationaux, en particulier les Nations Unies, pour restaurer des relations fondées sur le respect mutuel.  Il a considéré que le maintien d’une présence onusienne profiterait au Burundi.  Il a également souligné l’importance de l’engagement de l’Union africaine, y compris à travers le déploiement d’observateurs.  En conclusion, il a annoncé que le Japon débourserait 18 millions de dollars pour aider la RDC, le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie et la Zambie à faire face au problème des réfugiés et à assurer la sécurité alimentaire.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a reconnu que l’instabilité politique et les conflits dans certains pays revêtent une dimension régionale.  Il a pris note des progrès réalisés et des défis qui demeurent.  Il s’est ainsi dit préoccupé par la situation sécuritaire qui se dégrade, et dont la RDC est « l’épicentre ».  Il a déploré les activités des groupes armés dans l’est de la RDC et « la résurgence des forces négatives ».  À cet égard, il a salué les efforts déployés en réponse par l’ONU et les garants de l’Accord-cadre.

Face à l’incursion d’éléments de l’ex-M23 en RDC, le représentant a appuyé l’appel lancé pour que toutes les parties restent engagées vis-à-vis de la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi.  Il faut également mettre en œuvre l’accord du 31 décembre et appeler toutes les parties à résoudre les questions en suspens dans un esprit de compromis, a-t-il ajouté.  L’appui des pays de la région agissant à l’unisson est crucial pour assurer un bon processus de transition et la tenue d’élections tel qu’envisagé dans l’Accord-cadre.

S’agissant du Burundi, le représentant a noté qu’il y a des allégations de violations des droits de l’homme, y compris des disparitions forcées et des meurtres ciblés.  Il a appuyé l’appel lancé par le Facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est pour organiser un sommet sur le Burundi et encouragé la reprise du dialogue interburundais.  Enfin, il a souhaité l’engagement continu du Conseil de sécurité pour appuyer les efforts de médiation actuels.

M. WU HAITAO (Chine) a salué les efforts déployés par les pays de la région pour mettre en œuvre l’Accord-cadre et pour faire face aux menaces posées par les groupes armés, et au défi du développement durable pour lequel ils ont besoin de l’appui de la communauté internationale.  Il a encouragé les relations de bon voisinage, le dialogue et les consultations.  Il a espéré que la MONUSCO jouera un rôle actif pour aider les Forces armées de la RDC (FARDC) à combattre les groupes armés.

La pauvreté et le sous-développement sont la raison essentielle des conflits dans cette région, a fait valoir le représentant, en appelant les pays donateurs à honorer leurs engagements.  Ensuite, a-t-il préconisé, il s’agit d’utiliser pleinement les organisations régionales et sous-régionales.  La Chine, a-t-il précisé, est « favorable à ce que l’Afrique traite des problèmes africains de façon africaine ».

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a dit que la situation de la RDC demeure critique.  Il a regretté la nomination par le Président Kabila d’un premier ministre non consensuel, dans des termes qui ne respectent par l’accord du 31 décembre.  Il a jugé nécessaire de mettre pleinement en œuvre l’accord du 31 décembre 2016 avant de saluer la volonté des Nations Unies, dont le renouvèlement pour un an du mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO).  Il faut que les politiciens de l’opposition et du Gouvernement fassent preuve de maturité pour promouvoir le dialogue et résoudre la crise.  Le représentant s’est inquiété de la multiplication des foyers d’instabilité et a réclamé la fin des violences contre les civils.  « La récente découverte de fosses communes dans le Kasaï nous préoccupe fortement », a-t-il avoué.  Il a voulu que l’on recherche les auteurs de l’assassinat de deux experts de l’ONU et s’est félicité, en attendant, de l’annonce faite hier par les institutions européennes d’un nouveau financement de 32 millions d’euros pour appuyer les efforts de paix dans la région des Grands Lacs.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a jugé important pour les États de la région des Grands Lacs de promouvoir des partenariats avec les Nations Unies et l’Union africaine.  Il a expliqué que l’Égypte, dans le souci de faire de la région des Grands Lacs une région de prospérité, a organisé en février un atelier de haut niveau sur la paix et la sécurité.  Le représentant s’est tout de même inquiété des obstacles qui mettent en péril l’Initiative africaine contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).  Il a demandé à la communauté internationale de ne pas oublier les conséquences humanitaires et économiques du conflit au Burundi. 

M. EDUARD FESKO (Ukraine) a déploré que certaines dispositions clefs de l’Accord-cadre demeurent inappliquées.  Les déclarations des parties à cet Accord-cadre visant à sa pleine application ne se traduisent pas par des actions concrètes, a-t-il dit.  Il a affirmé que ces retards dans la mise en œuvre, en raison d’un manque de volonté politique, étaient des facteurs d’aggravation des tensions.  L’incursion d’éléments de l’ex-M23 en RDC a conduit à des échanges d’accusations entre deux pays voisins sur la non-application de l’Accord-cadre, a-t-il poursuivi.  Pour éviter que de telles situations ne se répètent, le délégué a exhorté tous les signataires de la Déclaration de Nairobi à accélérer leurs efforts et à régler la question des éléments de l’ex-M23 le plus rapidement possible.  L’élimination de la menace posée par les ADF et des FDLR dans l’est de la RDC doit aussi être la priorité de tous les acteurs régionaux.

Le représentant ukrainien a invité les autorités congolaises à remédier à la menace qui a émergé dans la province du Kasaï: les activités du « gang » Kamiuna Nsapu, qui aurait tué les deux membres du Groupe d’experts sur la RDC.  Il a exprimé sa préoccupation face à la nomination du Premier Ministre, M. Bruno Tshibala, qui ne saurait être regardé comme un représentant légitime de l’opposition en RDC.  Cette nomination pourrait conduire à une exacerbation des tensions politiques, a-t-il soutenu.  Le représentant a par ailleurs exhorté le Gouvernement burundais comme la Gambie et l’Afrique du Sud qui sont revenus sur leur décision de se retirer du Statut de Rome.  Préoccupé par la dégradation de la situation au Burundi, il a souligné l’urgence d’y déployer des observateurs des droits de l’homme et des experts militaires de l’Union africaine.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a salué les efforts et la détermination des parties signataires et des garants de l’Accord-cadre.  Mais, a-t-il reconnu, la situation dans la région reste fragile sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire.  Ainsi les résultats obtenus à ce jour peuvent-ils pâtir de la présence constante de groupes armés non étatiques, notamment dans l’est de la RDC, s’est-il expliqué, en se disant préoccupé par l’apparition d’une nouvelle milice particulièrement active dans les Kasaï, et « qui recrute des jeunes de moins de 14 ans et les droguent ».

Le représentant a également évoqué la situation humanitaire et des droits de l’homme au Soudan du Sud, mais aussi au Burundi et en République centrafricaine.  Les processus de dialogue en cours n’ont pas encore porté leurs fruits, a-t-il regretté.  Le dialogue est la seule voie possible pour régler les différends, a-t-il insisté en saluant les efforts de médiation déployés par d’éminentes personnalités représentant des organisations régionales et sous-régionales africaines.  Attaché à la prévention des conflits, il a demandé aux gouvernements de la région et à la communauté internationale dans son ensemble de mettre pleinement en œuvre les engagements souscrits dans l’Accord-cadre.

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) s’est félicité de constater que les signataires de l’Accord-cadre ont pris en charge la réforme de ses structures de gouvernance.  Il a estimé qu’il fallait préserver la dynamique actuelle du processus politique en RDC et au Burundi, avec la participation de l’Union africaine et des Nations Unies.

Selon le représentant, l’incursion d’anciens éléments du M23 et d’autres groupes armés dans l’est de la RDC menacent la sécurité dans la région.  Il a espéré que le mandat de la MONUSCO permettra d’améliorer la situation sur le terrain.  Préoccupé par la situation humanitaire dans la région, il a également encouragé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour appuyer les pays d’accueil.  

M. OLOF SKOOG (Suède) a dit que la présence de neuf millions de personnes déplacées dans la région des Grands lacs en dit long sur l’amplitude des défis dans cette région.  Il a estimé que l’absence de mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016 en RDC risque d’exacerber les tensions.  Il a félicité les efforts de la SADC pour appuyer les initiatives congolaises et salué les travaux du Mécanisme de suivi régional qui a tenu sa septième réunion de haut niveau le 26 octobre 2016, à Luanda, à la suite d’une réforme réussie des structures de gouvernance de l’Accord-cadre.  Il a jugé important que le Conseil de sécurité appuie tous les efforts et toutes les initiatives dans les Grands Lacs.  Il a jugé préoccupante la situation des droits de l’homme au Burundi avant d’appeler la communauté internationale à appuyer les actions constructives des acteurs régionaux. 

M. RENÉ ERNESTO FERNÁNDEZ REVOLLO (Bolivie) a fustigé la responsabilité de la colonisation dans la déstabilisation actuelle de la région des Grands Lacs.  Il a dénoncé le rôle des multinationales qui affaiblissent les États africains en facilitant le pillage de leurs ressources naturelles.  Il s’est dit inquiet d’une situation humanitaire régionale qui reste difficile, avec plus de 6 millions de déplacés et 3,5 millions de réfugiés.  La priorité est de neutraliser les groupes armés, favoriser le dialogue et la réconciliation et assurer la protection des droits de la femme, a insisté le représentant bolivien.

Face à l’instabilité dans la région, a déclaré M. PETER WILSON (Royaume-Uni), une approche structurée est nécessaire.  Il a ainsi appuyé les efforts déployés pour réformer les structures de l’Accord-cadre.  Abordant d’abord la situation en RDC, il a dit que c’est au Gouvernement et à l’opposition qu’il appartient de mettre en œuvre l’accord du 31 décembre.  Il a déploré « l’obstruction et les atermoiements du Gouvernement », estimant que malheureusement, la nomination d’un nouveau premier ministre va à l’encontre de l’esprit et de la lettre de cet accord.  

Tant qu’un consensus ne sera pas établi, les incertitudes de la vie politique risquent de se refléter dans la situation sécuritaire, a averti le représentant.  Selon lui, la MONUSCO et l’ONU doivent aussi enquêter sur les violations des droits de l’homme et du droit international.  Il s’est dit préoccupé par les menaces émanant de groupes armés et par la résurgence du M23 en RDC.  À cet égard, il a jugé essentielle la reprise des pourparlers entre le Gouvernement et le M23.  De même, la présence du M/APLS dans l’opposition à l’est de la RDC est déstabilisatrice, a-t-il dit.  Il a demandé à ce que le Secrétariat continue d’informer le Conseil de sécurité de la situation.

Au Burundi, contrairement à ce que dit le Gouvernement, « la normalité n’est pas rétablie et un climat de peur continue de régner », a relevé le représentant.  D’après lui, le Président a pris des mesures pour se maintenir au pouvoir, « ce qui risque de faire basculer le pays dans l’abime ».  Il a demandé au Gouvernement burundais de participer pleinement aux pourparlers dirigés par l’ancien Président de la République-Unie de Tanzanie et a estimé, à cet égard, que la Commission de consolidation de la paix avait un rôle important à jouer.

« Les Gouvernements de la RDC et du Burundi peuvent prendre des décisions dans l’intérêt de leur peuple et éviter une effusion de sang », a conclu le représentant.  « Nous devons faire tout notre possible pour mettre en œuvre nos résolutions », a-t-il dit à ses pairs au Conseil.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a estimé que la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016 est la meilleure façon d’avancer en RDC et de parvenir à des élections et un transfert pacifique du pouvoir.  Elle s’est félicitée de la tenue de la septième réunion de haut niveau du Mécanisme de suivi régional à Luanda le 26 octobre 2016 et salué les efforts déployés pour réformer les structures de gouvernance de l’Accord-cadre et relancer son application.  La représentante a aussi dit partager les préoccupations du Secrétaire général face à la présence de groupes armés à la frontière est de la RDC.  Elle a cité le retour des soldats du M23 et la présence de combattants du Soudan du Sud qui viennent s’ajouter aux autres groupes armés illégaux, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), les Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces de résistance patriotique de l’Ituri (FPRI),les groupes maï-maï et l’Armée de résistance du Seigneur, conjuguées à des tensions interethniques dans plusieurs zones de la RDC qui continuent de menacer la sécurité et la stabilité de la région.  

Elle a encouragé la reprise des consultations conjointes entre le Gouvernement de la RDC et les représentants de l’ex-M23 en ce qui concerne l’application des Déclarations de Nairobi.  « La situation actuelle au Burundi n’est ni acceptable ni tenable », a conclu la représentante qui a appelé à un engagement solide de tous les partenaires de la région pour neutraliser les forces négatives et encourager le dialogue en cours au Burundi

M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo-RDC) a demandé au Conseil de sécurité de se pencher sur les situations liées à l’évacuation des éléments du M/APLS dans l’opposition se trouvant encore sur le territoire congolais et aux éléments des FDLR cantonnés dans trois sites et qui attendent toujours leur rapatriement dans leur pays d’origine et dans un pays tiers.  Il a affirmé que son pays a dûment appréhendé plusieurs hauts responsables des FDLR recherchés par la justice internationale qui ont été extradés au Rwanda par le canal de la MONUSCO. 

En revanche plusieurs mandats d’arrêt internationaux lancés contre des Congolais présumés auteurs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre sont toujours sans suite, a dénoncé le représentant.  Ces personnes continuent non seulement à circuler librement dans les pays voisins mais elles mènent également des activités déstabilisatrices à l’endroit de la RDC.  C’est dans ce contexte que, s’agissant des éléments de l’ex-M23, le Gouvernement congolais appelle le Rwanda et l’Ouganda à réaffirmer également leur détermination à remplir leurs engagements en vertu de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. 

Le représentant a rappelé que les efforts de son gouvernement, qui avait proposé aux M23 le rapatriement sans condition, n’ont pas abouti à cause du refus du leadership de ce mouvement qui a pris en otage les ex-rebelles mais aussi par manque d’une coopération franche avec les pays voisins qui les hébergent.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il précisé, mon pays a toujours sollicité l’implication du Conseil pour rendre possible cette coopération afin de régler définitivement cette situation.  Il est important, a poursuivi le représentant, de rappeler que parmi les ex-dirigeants du M23 figurent des personnes qui se sont rendues coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Or, toutes les requêtes d’extradition sont restées sans suite. 

Venant à la situation politique de son pays, le représentant a indiqué que, saisi du rapport de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), le Président de la RDC a fini par nommer, le 7 avril dernier, au poste de premier ministre, M. Bruno Tshibala de l’UDPS, parti du défunt Étienne Tshisekedi et membre du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.  Quant au Président du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre, le Président congolais a demandé aux parties prenantes de se concerter pour désigner rapidement une personne consensuelle.  L’opposition politique étant régie par l’article 8 de la Constitution et la loi organique sur son statut, le représentant a jugé « sans raison d’être » l’affirmation du rapport du Secrétaire général qui attribue le statut de chef de l’opposition à « un individu qui, de surcroît, n’est ni désigné par ses pairs, ni reconnu par la loi ».

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