La Quatrième Commission appelle à établir une stratégie pour publier les communiqués de presse dans les six langues officielles de l’ONU
La Quatrième Commission a adopté, aujourd’hui, par consensus, deux projets de résolution relatifs à l’information, dont un qui accorde une large place à l’importance de promouvoir le multilinguisme dans les activités du Département de l’information, notamment en ce qui concerne la rédaction des communiqués de presse.
Un premier projet de résolution, intitulé « L’information au service de l’humanité » et proposé par le Comité de l’information, appelle pour sa part les États à coopérer et à fournir une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement, « de manière à leur permettre d’élaborer librement et indépendamment leurs propres politiques d’information et de communication ».
Ce texte demande aussi de faire en sorte que les journalistes puissent travailler librement et efficacement, « toute attaque contre leur personne étant résolument condamnée ».
Également adopté sur recommandation de son Comité de l’information, le projet de résolution intitulé « Politiques et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière d’information » aborde la question du multilinguisme. Son dispositif qui contient plus de 100 paragraphes aborde aussi d’autres questions ayant trait à la communication stratégique, au sein des missions de maintien de la paix notamment, et aux moyens de communication traditionnels, entre autres.
Ce texte indique notamment que contrairement au principe de l’égalité des six langues officielles, les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles. Le Département de l’information se verrait donc prié d’élaborer à titre prioritaire une stratégie permettant de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, « par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières ».
Le dispositif souligne aussi combien il importe que le Département de l’information intègre le multilinguisme dans la planification et la mise en œuvre de campagnes de publicité, notamment en concevant des logotypes et des logos ISO dans différentes langues, ainsi qu’en utilisant des mots-dièse pour les campagnes menées dans les médias sociaux dans plusieurs langues.
À l’issue de l’adoption de ce texte, plusieurs délégations, dont celle des États-Unis, ont insisté sur le fait que le paragraphe 24 de son dispositif, qui concerne particulièrement le multilinguisme, ne laissait en rien présager d’une augmentation des ressources pour le Département de l’information, qui devait s’appuyer sur les « capacités existantes ».
Ce paragraphe indique qu’il importe d’utiliser et de traiter sur un pied d’égalité toutes les langues officielles des Nations Unies dans toutes les activités de l’ensemble des divisions et bureaux du Département de l’information, en vue d’éliminer le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles.
Selon ce paragraphe du dispositif, le Secrétaire général se verrait de nouveau prié de veiller à ce que le Département dispose, dans toutes les langues officielles, des moyens nécessaires pour mener à bien l’ensemble de ses activités. L’Assemblée générale demanderait qu’il soit tenu compte de cette exigence dans les futurs projets de budget-programme concernant le Département, en gardant à l’esprit le principe de l’égalité des six langues officielles et en prenant en considération la charge de travail dans chacune d’elles.
Au préalable, lors de la clôture du débat général sur les questions relatives à l’information, la représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a souligné que la mise en œuvre effective du multilinguisme relevait d’une « véritable stratégie de survie » pour les Nations Unies à l’heure où le « multilatéralisme est sérieusement remis en cause ». Elle a particulièrement souligné l’enjeu de la réforme du système des Nations Unies, qui doit compter sur « l’appropriation de toutes et tous » et ne saurait se faire « si les échanges ne sont pas possibles dans les langues officielles des Nations Unies ».
Lui emboîtant le pas, le représentant du Maroc a demandé à ce que l’ensemble des documents utilisés dans les opérations de maintien de la paix soient disponibles en français et dans les autres langues officielles des Nations Unies, dénonçant la prépondérance de l’anglais comme un « obstacle à la participation des troupes francophones ».
La séance a par ailleurs été marquée par de vifs échanges entre les délégations du Maroc et de l’Algérie dans le cadre de l’exercice du droit de réponse, suite à la demande, vendredi, de l’Algérie de publier le rapport sur la visite, en 1975, du Comité spécial de la décolonisation au Sahara occidental.
La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 25 octobre, à partir de 10 heures.
QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION (A/72/21 ET A/72/258)
Fin du débat général
M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a estimé que les centres d’information des Nations Unies (CINU) étaient des outils essentiels pour communiquer avec les populations dans leur propre langue, et qu’ils devaient être renforcés au plan technique et des infrastructures. Il a aussi rappelé que les nouveaux médias, bien que populaires chez les jeunes, sont parfois difficiles d’accès dans certains pays en développement et que la radio, la télévision et la presse écrite demeurent, à l’heure actuelle, les premières sources d’information dans ces pays. Il a appelé à allier ces différentes plateformes de communication afin de s’adresser à tous les publics. Il également souhaité que le Département de l’information envisage la possibilité de rendre gratuit, dans le monde entier, le numéro de téléphone permettant d’obtenir du matériel des Nations Unies. Saluant le travail du Département de l’information vis-à-vis de la jeunesse, des institutions éducatives et de la société civile, il l’a engagé à renforcer encore ses partenariats. Il a aussi rappelé l’importance du multilinguisme, encourageant le Département de l’information à augmenter le nombre de langues couvertes par ses publications, y compris le népali, qui est parlé par des millions de personnes au Népal et ailleurs.
M. YASSER HALFAOUI (Maroc) a salué les différentes campagnes de communication menées par le Département de l’information, précisant que son pays appréciait particulièrement le programme spécial d’information sur la question de la Palestine. Il a toutefois regretté le manque d’information sur de nombreuses activités liées au maintien de la paix, et a appelé à une meilleure collaboration avec les Départements des opérations de maintien de la paix, des affaires politiques et de l’appui aux missions, qui « permettrait de pallier à ce manque ». Le représentant a aussi dénoncé les obstacles qui continuent à se dresser lorsqu’il s’agit de la participation de troupes francophones aux opérations de maintien de la paix, citant la prépondérance des procédures anglophones, le manque de manuels en français, et le fait que les principaux documents de doctrines sont principalement disponibles en anglais. « L’ensemble des documents précités devraient être disponibles non seulement en français, mais dans toutes les langues officielles des Nations Unies », a-t-il déclaré.
Le multilinguisme, a poursuivi le délégué, est une chance. Il s’est dit conscient des défis financiers et logistiques que cela implique, tout en appelant le Département de l’information à faire preuve d’ingéniosité en proposant des solutions novatrices qui puissent permettre de réduire la différence de traitement entre les six langues officielles. Il a pointé le recours aux technologies de l’information et des communications, comme moyen de pallier au manque de moyens. Il a toutefois souligné que l’engouement pour ces supports ne doit pas faire oublier l’importante fracture numérique, qui reste une réalité, d’où la nécessité de continuer à recourir aux moyens traditionnels tels que la radio et la presse écrite. M. Halfaoui a salué le rôle de premier plan joué par les centres d’information des Nations Unies (CINU), et particulièrement le CINU de Rabat, établi en 1962, qui s’est distingué récemment par la couverture de la COP22 qui s’est tenue à Marrakech. Il a d’ailleurs estimé que ses efforts auraient pu figurer dans le rapport du Comité de l’information.
Enfin, le délégué a fait part de sa surprise concernant la demande de l’Algérie de publier le rapport du Comité spécial de la décolonisation datant de 1975. « Le Département de l’information n’a d’ordres à recevoir de personne, il est indépendant », a-t-il affirmé. « Pourquoi faire preuve de sélectivité en demandant un seul rapport en particulier, qui date de presque un demi-siècle? » « Allons-nous mettre en ligne toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental? » Il a jugé que cela constituerait un « précédent » et que d’autres pays exigeront la diffusion de tel ou tel rapport, « avec les risques d’instrumentalisation et de politisation que nous connaissons ». La mission du Département de l’information n’est pas de servir l’agenda de l’Algérie ou de toute autre délégation, a-t-il asséné. « Ouvrir cette voie équivaudrait à ouvrir la boîte de Pandore », a-t-il jugé, en précisant que « fort heureusement, le Maroc ne s’inscrit pas dans cette logique ». Il a demandé au Département de l’information de continuer à se focaliser sur les thématiques et tâches qui lui sont recommandées par le Comité de l’information.
Mme SAHAR SALEM, de l’État de Palestine, s'est associée au Groupe des 77 et de la Chine et a salué le Programme spécial d’information sur la question de Palestine, qui a contribué de manière efficace et objective à accroître la sensibilisation de la communauté internationale sur cette question qui a trait au droit international et aux résolutions des Nations Unies. Elle a également salué le développement de l’assistance aux médias via le programme annuel de formation offert aux jeunes journalistes palestiniens. Elle a ajouté que l’État de Palestine, en collaboration avec la Division des droits des Palestiniens du Département des affaires politiques, présenterait en novembre une exposition mettant à l’honneur la résilience du peuple palestinien et les réalisations individuelles ou collectives en matière de droits de l’homme, d’éducation, de science, d’art et de sport. Elle a appelé les délégations à continuer de soutenir le Programme spécial d’information sur la Palestine, qui a joué un rôle déterminant pour fédérer les soutiens aux efforts régionaux et internationaux visant à trouver une solution juste, durable et globale à la question de Palestine.
Mme NARJESS SAIDANE, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a déclaré qu’il n’y avait « pas de meilleur moment qu’aujourd’hui pour insister sur la nécessité d’un multilinguisme effectif au sein des organisations internationales ». Elle a souligné que la mise en œuvre effective du multilinguisme relevait d’une « véritable stratégie de survie » pour les Nations Unies à l’heure où le « multilatéralisme est sérieusement remis en cause ». Elle a également évoqué la réforme importante du système des Nations Unies, soulignant que les décisions qui se prendront à cet égard doivent compter sur l’appropriation de toutes et de tous, « ce qui ne saurait se faire si les échanges ne sont pas possibles dans les langues officielles des Nations Unies ».
Pour Mme Saidane, la capacité de mettre en œuvre un multilinguisme effectif relève d’une « véritable stratégie de survie » pour l’Organisation. Il a toutefois jugé crucial de ne pas seulement traduire des contenus dans les langues officielles, mais également de produire ces contenus dans d’autres langues qui pourraient ensuite être traduits en anglais. Il a souligné que cette option est d’autant plus fondamentale pour le travail important du Département de l’information lié à la sensibilisation du public et à la communication stratégique.
Droits de réponse
Usant de son droit de réponse, M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a souligné que le fait que le rapport du Comité spécial des 24 date de 1975 n’enlevait aucune valeur à ce document. S’adressant à son « frère, voisin et collègue du Maroc », il a indiqué que ce rapport n’est pas du ressort de Département de l’information mais du Comité spécial des 24 et qu’une résolution appelle le Département de l’information à diffuser toute information relative à la situation dans les 17 territoires n’ayant pas accédé à leur droit à l’autodétermination. Il a aussi signalé que tous les rapports de visites dans les territoires non autonomes figurent sur le site Internet des Nations Unies, à l’exception de ce rapport de 1975, ajoutant qu’il est du devoir et de l’obligation du Département de l’information de faire son travail.
Poursuivant, le représentant a indiqué que « la question du Sahara occidental n’est pas celle du Sahara marocain » et que comme le disent les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, c’est le Sahara occidental qui doit faire l’objet d’un référendum d’autodétermination pour permettre à ce peuple de décider de son sort. « Si c’est son choix libre de s’associer au Maroc, qu’il s’intègre au Maroc, pourquoi pas, mais après avoir choisi son sort, pas après une invasion au nom d’une Marche verte », a encore insisté le représentant de l’Algérie.
Revenant sur le fait que le rapport de 1975 n’est pas publié en ligne, le délégué a souligné que l’Algérie ne fait que réclamer une mesure pour rétablir ce qui est valable pour tous les territoires non des territoires non autonomes. « L’Algérie, a-t-il insisté, ne fait que défendre un droit juridiquement et internationalement consacré qui est le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination. « On ne parle pas de Sahara marocain, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, qui toutes reconnaissent le droit du peuple du Sahara occidental à jouir de son droit inaliénable à l’autodétermination, de manière libre et sans intervention étrangère », a encore insisté le représentant. « Telle est la position de l’Algérie et telle est la position des Nations Unies. Nous ne demandons que l’application du droit international », a-t-il conclu.
Répondant à l’Algérie, M. HALFAOUI (Maroc) a regretté que « son collègue et voisin » ne rate aucune occasion pour évoquer la question du Sahara occidental et a dénoncé l’utilisation du mot « invasion » pour parler de la Marche verte, qui, a affirmé le délégué marocain, était « une marche pacifique par laquelle le Maroc a récupéré son Sahara en 1975 ». Abordant ensuite la question du rapport de 1975, il a souligné que sa délégation avait demandé à ce qu’il n’y ait pas de sélectivité. « Pourquoi se limiter à ce rapport ? Pourquoi ne pas mettre en ligne tous les documents, depuis la création des Nations Unies ? On a de moyens technologiques qui pourraient nous le permettre », a-t-il indiqué. Commentant ensuite le fait que le rapport du Secrétaire Général invite les pays voisins à faire d’importantes contributions au processus lié au Sahara occidental le représentant a estimé qu’il devrait plutôt leur demander de faire des « contributions positives » à ce processus.
Reprenant la parole, M. BESSEDIK (Algérie) a affirmé « à son frère et collègue » que la Marche verte n’avait pas été une marche pacifique puisqu’elle a entrainé des réfugiés sur le territoire algérien et engendré des victimes de tortures, meurtres, disparitions. Il a aussi souligné que l’Algérie n’avait jamais exprimé de réserves quant à la publication de plus de rapports des Nations Unies sur le site Internet. Au contraire, a-t-il affirmé, elle encourage la transparence et demande juste que ce rapport de 1975 soit mis en ligne.
Il a ensuite évoqué un autre rapport sur une visite, datant de 2006, du Commissaire aux droits de l’homme dans les camps de réfugiés de Tindouf. Il a expliqué que ce document avait été « finalisé » et qu’il devait « être soumis au Conseil des droits de l’homme », mais que malheureusement, il est toujours « dans les tiroirs » et il n’a jamais été rendu public.
Il a par ailleurs fait savoir que l’Algérie a toujours accueilli avec satisfaction les résolutions du Conseil de sécurité appelant les pays voisins, en qualité d’observateurs, à contribuer. Il a ajouté qu’en sa qualité d’« État observateur », l’Algérie avait toujours « œuvré dans le sens positif, sur un conflit ouvert entre le Polisario et le Maroc », et s’est également montrée ouverte aux visites du Secrétaire général.
« Tant qu’il y aura une occupation étrangère et qu’il n’y aura pas de mise en œuvre du droit à l’autodétermination, l’Algérie continuera à défendre ce droit, car c’est la pire violation des droits de l’homme, car ce droit renferme d’autres droits, comme celui à l’éducation. Quand le droit à l’autodétermination sera mis en œuvre, l’Algérie sera satisfaite », a-t-il affirmé.
Répondant à nouveau à l’Algérie, M. HALFAOUI (Maroc) a dénoncé le fait que son homologue se permette de remettre en question un fait historique, la Marche verte, en la qualifiant de non pacifique. « A-t-il des preuves de ce qu’il avance? » « Comme peut-il se permettre de parler de séquestrés? » a lancé le délégué avant d’ajouter que « les Marocains séquestrés à Tindouf n’ont pas le droit à la liberté de quoi que ce soit ». Il a également estimé que le Département de l’information a des choses plus intéressantes à faire que de déterrer tel ou tel rapport demandé par une délégation. Le représentant marocain a par ailleurs remis en question la qualification de l’Algérie comme « pays observateur ». « Comment peut-elle se qualifier comme telle quand on sait qu’elle est partie prenante au conflit? » a lancé le délégué qui a indiqué que l’Algérie a créé le Polisario, l’a accueilli sur son territoire et a assuré sa formation. Enfin, il a demandé d’éviter toute instrumentalisation du terme d’autodétermination, qui n’est, selon lui, pas « synonyme d’indépendance ». « J’ai entendu parler d’occupation étrangère. Mais il s’agit d’une question de parachèvement de notre intégrité territoriale », a-t-il encore insisté.
DÉCISIONS SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION A ET B FIGURANT DANS LE RAPPORT DU COMITÉ DE L’INFORMATION (A/72/21, CHAPITRE IV) ET AMENDEMENT AU PROJET DE RÉSOLUTION B FIGURANT DANS LE DOCUMENT A/C.4/72/L.9
Aux termes du projet de résolution A intitulé « L’information au service de l’humanité », contenu dans le rapport du Comité de l’information (A/72/21) l’Assemblée générale demanderait instamment que tous les pays, les organismes du système des Nations Unies dans son ensemble et tous les autres acteurs intéressés, coopèrent afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux en fournissant une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement, de manière à leur permettre d’élaborer librement et indépendamment leurs propres politiques d’information et de communication.
Elle leur demanderait aussi de faire en sorte que les journalistes puissent travailler librement et efficacement, « toute attaque contre leur personne étant résolument condamnée ».
Elle leur demanderait aussi de renforcer les programmes de formation pratique destinés aux journalistes des organes de presse, de radio et de télévision publics, privés et autres des pays en développement.
Par ce texte, les États Membres, les organismes du système des Nations Unies dans son ensemble et tous les autres acteurs intéressés devraient aussi s’efforcer de fournir tout l’appui possible pour instaurer des conditions qui permettent aux pays en développement ainsi qu’à leurs médias, « publics, privés ou autres », de se doter des techniques de communication qui répondent à leurs besoins nationaux ainsi que des éléments de programmes nécessaires, notamment pour la radiodiffusion et la télévision.
Ils devraient également aider à créer des réseaux de télécommunication sous-régionaux, régionaux et interrégionaux, notamment entre pays en développement, et faciliter, par ailleurs, l’accès des pays en développement aux techniques de communication de pointe disponibles sur le marché.
Par le projet de résolution B intitulé « Politiques et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière d’information », également contenu dans le rapport du Comité de l’information (A/72/21), adopté par consensus, l’Assemblée générale demanderait de nouveau au Département de l’information et aux services auteurs du Secrétariat de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans les six langues officielles, dans le respect de l’environnement et sans que cela ait d’incidences financières.
Elle réaffirmerait notamment qu’elle est de plus en plus préoccupée par le fait que, contrairement au principe de l’égalité des six langues officielles, les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles, et prierait le Département de l’information d’élaborer à titre prioritaire une stratégie permettant de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières.
L’Assemblée générale soulignerait en outre qu’il importe d’utiliser et de traiter sur un pied d’égalité toutes les langues officielles de l’Organisation des Nations Unies dans toutes les activités de l’ensemble des divisions et bureaux du Département de l’information, en vue d’éliminer le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles et, à cet égard, prierait de nouveau le Secrétaire général de veiller à ce que le Département dispose, dans toutes les langues officielles, des moyens nécessaires pour mener à bien l’ensemble de ses activités, et demanderait qu’il soit tenu compte de cette exigence dans les futurs projets de budget -programme concernant le Département, en gardant à l’esprit le principe de l’égalité des six langues officielles et en prenant en considération la charge de travail dans chacune d’elles.
S’agissant du Réseau de centres d’information des Nations Unies, l’Assemblée générale prendrait note de l’inquiétude manifestée par de nombreux États Membres en ce qui concerne les mesures qu’a prises le Secrétariat au sujet des centres d’information de Mexico, Pretoria et Rio de Janeiro (Brésil)et demanderait au Secrétaire général d’étudier les moyens de renforcer les centres d’information du Caire, de Mexico, de Pretoria et de Rio de Janeiro. Elle l’engagerait aussi à envisager la possibilité de renforcer d’autres centres, notamment en Afrique.
Au titre des Services de communication stratégique, l’Assemblée générale soulignerait combien il importe que le Département de l’information intègre le multilinguisme dans la planification et la mise en œuvre de campagnes de publicité, notamment en concevant des logotypes et des logos ISO dans différentes langues, ainsi qu’en utilisant des mots-dièse pour les campagnes menées dans les médias sociaux dans plusieurs langues.
Par ailleurs, l’Assemblée générale soulignerait qu’il importe de renforcer la capacité d’information du Département de l’information dans le domaine des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, et inviterait le Département de l’information à détacher des fonctionnaires de l’information ayant les qualifications requises pour assumer les tâches confiées à ces opérations ou missions.
L’Assemblée générale prierait également le Département de l’information, le Département des opérations de maintien de la paix, le Département de l’appui aux missions, le Département des affaires politiques et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix de poursuivre leur coopération dans la mise en œuvre d’un programme efficace de communication pour expliquer la politique de tolérance zéro de l’Organisation à l’égard de l’exploitation et des agressions sexuelles, et de tenir le public au courant de la suite donnée à toutes les affaires dans lesquelles sont impliqués des membres du personnel des Nations Unies ou du personnel apparenté. Elle les prierait également de tenir le public informé des mesures prises pour protéger les droits des victimes et apporter aux témoins un soutien adapté.
S’agissant des moyens traditionnels de communication, l’Assemblée générale se féliciterait des efforts soutenus que fait la Radio des Nations Unies, « qui demeure l’un des moyens de communication traditionnels de très grande portée les plus efficaces dont le Département de l’information dispose », pour que ses émissions multilingues soient plus d’actualité, mieux présentées et davantage ciblées sur des thèmes précis. Elle prierait aussi le Secrétaire général de continuer à tout faire pour que les six langues officielles soient à égalité dans la production radiophonique de l’Organisation.
Elle saluerait par ailleurs l’achèvement de l’inventaire de 67 ans d’histoire audiovisuelle de l’Organisation et soulignerait qu’il est urgent de numériser les archives pour empêcher que ces pièces historiques uniques ne se détériorent davantage.
L’Assemblée générale constaterait avec préoccupation que le développement multilingue du site Web de l’Organisation et son enrichissement dans certaines langues officielles ont progressé bien plus lentement que prévu et, à ce propos, prierait instamment le Département de l’information de renforcer les dispositions prises pour atteindre l’égalité parfaite entre les six langues officielles sur le site.
L’Assemblée générale soulignerait enfin qu’il importe que le Département de l’information continue à mettre en œuvre le Programme de stages de journalisme Reham Al-Farra et le prierait d’étudier les moyens de tirer le meilleur parti possible des avantages de ce programme, notamment en prolongeant la durée des stages et en augmentant le nombre des stagiaires.
Elle engagerait aussi le Département de l’information à publier la Chronique de l’ONU sous forme électronique uniquement dans la perspective d’assurer ce service dans les six langues officielles tout en restant dans la limite des ressources existantes.
Déclaration avant adoption des deux résolutions
Le représentant des États-Unis a indiqué que sa délégation avait retiré son projet d’amendement A/C.4/72/L.9, expliquant que son pays avait voulu ainsi reconnaître le travail productif mené lors des négociations à propos de ce texte. Le délégué a cependant fait part de sa « frustration » concernant la lecture du paragraphe 24, et ses incidences budgétaires, notant que celui-ci reprend les mêmes termes qui figuraient dans les résolutions adoptées lors des trois dernières sessions de l’Assemblée générale. Il a souligné que la lecture du paragraphe 24 doit se faire dans le cadre de l’actuel projet de résolution.
Aux yeux du représentant, ce libellé ne constitue pas un justificatif pour des ressources supplémentaires. Ces capacités, a-t-il insisté, doivent être trouvées dans le cadre des ressources existantes.
Avant l’adoption de ces textes, le Secrétariat a par ailleurs indiqué qu’il n’y avait pas d’incidence sur le budget-programme des résolutions A et B.
Explications de position sur le projet de résolution B (A/72/21)
Mme HUNTER (Canada) s’est félicitée de l’adoption par consensus de ces deux textes et du travail important accompli par le Comité de l’information. Elle a déclaré que le Canada attachait une grande importance au multilinguisme et était fier de défendre cette cause. Elle a toutefois fait observer que le paragraphe 23 du projet de résolution B appelle le Secrétariat à poursuivre son travail avec les capacités et a estimé que le paragraphe 24 ne doit pas être interprété comme une demande de ressources supplémentaires.
M. HAJIME KISHIMORI (Japon) s’est lui aussi félicité que les deux textes aient été adoptés sans mise aux voix et a espéré que cela contribue à promouvoir la diplomatie et la coopération entre les États Membres. S’agissant du paragraphe 24 du projet de résolution B, il a affirmé qu’il serait mal avisé que le Secrétariat continue à mal l’interpréter en estimant qu’il implique l’octroi de ressources supplémentaires pour le budget 2018-2019. Il a rappelé l’existence d’un autre paragraphe qui stipule que la promotion du multilinguisme doit se faire dans le cadre des capacités existantes.
M. ROWAN ASHBY (Australie) a réitéré son soutien au multilinguisme. Il a noté que le paragraphe 24 du projet de résolution B signifie qu’il n’y pas de ressources supplémentaires. « Nous attendons toutefois avec impatience de discuter des ressources nécessaires au Département de l’information (DPI) dans le cadre de la Cinquième Commission de l’Assemblée générale », a-t-il ajouté.
M. LEE JOO IL (République de Corée) a salué l’adoption par consensus du projet de résolution B, soulignant l’importance du multilinguisme. Il a cependant estimé que le paragraphe 23 mentionne que cette obligation doit être « faite dans le cadre des ressources actuelles » et a considéré par conséquent que « le paragraphe 24 ne peut être interprété comme impliquant des ressources supplémentaires ».