La Quatrième Commission entame son débat sur les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique
La Quatrième Commission, chargée des questions de politiques spéciales et de la décolonisation, a entamé, ce matin, son examen de la question de la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace qui se déroule cette année dans un contexte particulier alors que la communauté internationale célèbre trois anniversaires notables liés aux activités dans l’espace extra-atmosphérique.
L’année 2017, a fait observer la Vice-Présidente de la Commission, Mme Ceren Hande Özgür, marque non seulement le soixantième anniversaire du lancement, le 4 octobre 1957, du satellite Spoutnik, mais aussi le cinquantième anniversaire de l’entrée en vigueur, le 10 octobre 1967, du Traité sur l’espace extra-atmosphérique. Ces célébrations seront suivies, en 2018, du Cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50) un évènement qui, selon le Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) M. David Kendall, doit marquer un tournant dans la gouvernance mondiale des activités spatiales.
Au préalable, Mme Simonetta Di Pippo, Directrice du Bureau des affaires spatiales des Nations Unies, a présenté une courte vidéo enregistrée par l’équipe de la station spatiale internationale dans laquelle les trois astronautes, MM. Paolo Nespoli (Italie), Sergueï Riazanski (Fédération de Russie) et Randy Bresnik (États-Unis), ont souligné fièrement que l’exploration spatiale est un facteur d’union, qualifiant la station spatiale de « modèle de la manière dont les pays peuvent coopérer dans ce domaine ».
En la matière, le Président du COPUOS a d’ailleurs indiqué qu’UNISPACE+50 marquera le début d’un processus de gouvernance spatiale plus inclusif qui permettra de bâtir une économie spatiale mondiale et une société spatiale plus forte, mais aussi de renforcer l’accès à l’espace et la diplomatie spatiale.
M. David Kendall a aussi précisé qu’UNISPACE+50 vise aussi à renforcer les contributions de l’espace à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 grâce à l’agenda « Space2030 ».
À ce sujet, le représentant de la République islamique d’Iran a souligné que les technologies spatiales sont essentielles à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. À son instar, plusieurs délégations ont mis en évidence leur potentiel pour le développement socioéconomique des États, qu’il s’agisse de télémédecine, de surveillance des épidémies, de planification urbaine et agricole, ou encore de gestion de l’eau. Le délégué d’Israël a par exemple évoqué le lancement, en coopération avec la France, d’un satellite capable d’explorer les changements géologiques, sismiques et biologiques à la surface de la planète, ce qui, a-t-il expliqué, permettra d’optimiser l’agriculture sur des terrains qui sont d’ordinaire difficiles à cultiver.
L’utilisation des technologies spatiales dans la prévention et l’amélioration des réponses aux catastrophes naturelles a aussi été plébiscitée par plusieurs délégations, comme celle du Venezuela qui a évoqué les séismes qui ont récemment frappé le Mexique. « Les images satellites peuvent offrir une assistance rapide pour identifier les zones à risques, prévenir d’éventuels désastres et aider aux efforts de reconstruction », a déclaré le délégué du Malawi, qui a indiqué que suite aux terribles inondations de 2015, son pays avait pu mettre en place des plans d’évacuation sur la base des informations fournies par le Bureau des affaires spatiales. Le représentant de la Namibie a quant à lui insisté sur la contribution des technologies spatiales à la gestion des risques liés à la désertification.
L’accès à ces technologies continue cependant de poser problème, comme l’a noté le représentant du Costa Rica pour qui le renforcement des capacités, la formation et l’éducation en matière spatiale sont primordiaux pour faire avancer les initiatives visant au développement de la science et la technologie spatiales, en particulier dans les pays qui déploient leurs premiers efforts dans ce domaine.
Pour pallier à ce problème sur le plan régional, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a fait savoir la représentante de l’Indonésie, vient récemment de mettre sur pied le Centre de l’ASEAN pour la recherche sur la technologie spatiale et ses applications. Le représentant de la Thaïlande, où ce centre est hébergé, a expliqué qu’il fonctionnera comme une plaque tournante régionale pour favoriser le transfert de connaissances et de technologies.
Sur le plan des bonnes pratiques, l’Union européenne a de son côté mis en avant le fait que les données obtenues grâce aux systèmes d’observation Galileo et Copernicus étaient libres d’accès afin de permettre à tous de les utiliser pour améliorer la production alimentaire et la lutte phytosanitaire, élargir la portée des services de santé et d’éducation ou encore combattre la pollution et les changements climatiques ainsi que le crime organisé.
Au cours de cette réunion, plusieurs délégations ont toutefois noté, à l’instar de la Chine, que si le Traité sur l’espace extra-atmosphérique constitue toujours « la pierre angulaire » du régime légal international concernant les activités spatiales, il faut le voir évoluer au vu des derniers développements technologiques. « Les instruments légaux actuels sont inadéquats pour dissuader la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et empêcher la course aux armements », a par exemple souligné le représentant de l’Égypte.
La Quatrième Commission participera demain, jeudi 12 octobre, à partir de 10 heures, à un débat conjoint avec la Première Commission (désarmement et sécurité internationale), consacré aux défis et à la durabilité des activités spatiales.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE (A/72/20, A/C.4/72/L.2, A/C.4/72/L.3, A/C.4/72/L.4 ET A/C.4/72/L.8)
Déclaration du Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique
M. DAVID KENDALL, Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), a tout d’abord salué l’entrée de la Nouvelle-Zélande au sein du Comité, notant que son élargissement témoigne de l’importance accrue qu’attache la communauté internationale aux activités spatiales. En cette année de célébration du soixantième anniversaire du lancement du satellite Spoutnik et du cinquantième anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur l’espace extra-atmosphérique, il a aussi souligné que l’exploration et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques avaient changé de manière dramatique, rendant plus complexes les questions étudiées par le COPUOS. M. Kendall a aussi indiqué que la célébration, en 2018, du Cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50) marquera un tournant pour ce qui est de l’élaboration de nouvelles directives pour la gouvernance mondiale des activités spatiales. Il a précisé qu’UNISPACE+50 aura notamment pour objectif de renforcer les capacités du Comité et du Bureau des affaires spatiales à faire face aux nouveaux défis, mais aussi de renforcer les contributions de l’espace à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 grâce à l’agenda « Space2030 ».
M. Kendall a ensuite indiqué que le COPUOS s’efforce d’élaborer un recueil de directives sur la durabilité à long terme des activités spatiales, le développement sans précédent de ces activités par un nombre important d’acteur appelant notamment à élargir les applications des sciences et technologies spatiales pour faire face aux défis croissants que l’humanité affronte. Il a aussi souligné que l’universalisation des principaux traités de l’ONU relatifs à l’espace extra-atmosphérique est essentielle pour renforcer le cadre mondial de gouvernance des activités spatiales. Le Président du COPUOS a ensuite expliqué que le développement mondial continue de dépendre de l’utilisation d’outils spatiaux, ce qui nécessite d’assurer la durabilité sur le long terme des activités spatiales mais aussi de l’environnement extra-atmosphérique. Le dialogue entre les grandes puissances spatiales et les puissances spatiales émergentes est essentiel pour assurer le succès de ces initiatives, a-t-il insisté, ajoutant qu’UNISPACE+50 marque le début d’un processus de gouvernance spatiale plus inclusif qui permettra de bâtir une économie spatiale mondiale et une société spatiale plus forte, de renforcer l’accès à l’espace et de renforcer la diplomatie spatiale.
Débat général
Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné l’importance de la résolution 71/90 de l’Assemblée générale sur l’usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Elle a aussi insisté sur le principe de non-appropriation, par les États, des corps célestes. Considérant que l’utilisation de l’espace devrait se faire au bénéfice de tous les pays sans discrimination, elle a indiqué que les technologies issues de la recherche spatiale sont indispensables à long terme non seulement pour le développement durable, mais aussi pour prévenir les catastrophes et y répondre. Ces technologies, a-t-elle expliqué, permettront d’améliorer les systèmes d’alerte précoce et les opérations de recherche et de sauvetage. Étant donné le manque de ressources des pays en voie de développement, l’ASEAN encourage la coopération et les partenariats entre les pays, les agences et les organisations internationales pour améliorer l’accès à ces technologies spatiales. Plaidant également pour une coopération régionale et internationale, la représentante de l’Indonésie a souhaité que ces efforts s’inscrivent dans un cadre gouvernemental onusien, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États. Pour sa part, l’ASEAN a pris de nombreuses initiatives au plan régional. Outre l’organisation de nombreuses conférences, la représentante a notamment cité la soixante et onzième réunion du Comité sur la science et la technologie (COST-71) qui a permis d’établir le Centre de l’ASEAN pour la recherche sur la technologie spatiale et ses applications comme plaque tournante régionale sur ces questions.
M. DIDIER LENOIR, de l’Union européenne, a insisté sur l’importance de mettre l’utilisation de l’espace au service du développement durable, indiquant que la Stratégie spatiale européenne 2016 considère que l’économie spatiale est un moteur important en matière de création d’emplois et de croissance économique, et que les applications spatiales peuvent faire une contribution notable à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a appelé les États Membres à travailler de concert pour veiller à ce que « le potentiel énorme » de l’espace soit mobilisé pour appuyer la réalisation des objectifs de développement durable. C’est pourquoi, a-t-il enchaîné, nos données obtenues grâce aux systèmes d’observation Galileo et Copernicus sont libres d’accès afin de permettre à tous de les utiliser pour améliorer la production alimentaire et la lutte phytosanitaire, élargir la portée des services de santé et d’éducation et aussi contrôler et combattre la pollution et les changements climatiques ainsi que le crime organisé. Le représentant a aussi parlé de l’usage de l’espace pour appuyer la gestion et la réponse aux catastrophes, expliquant notamment que les cartes élaborées sur la base d’images satellitaires aident les acteurs humanitaires à améliorer leur réponse aux catastrophes partout dans le monde.
M. Lenoir a par ailleurs jugé urgent de renforcer la coopération internationale sur tout un éventail de questions, espérant que la tenue d’UNISPACE+50, en juin 2018, soit l’occasion pour la communauté internationale de s’accorder sur un agenda d’actions concrètes pour les prochaines années. Il a également appelé à répondre aux dangers que posent les conditions climatiques extrêmes dans l’espace, les débris orbitaux ainsi que la menace d’une collusion destructive ou de la destruction délibérée de satellites.
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a insisté sur l’usage pacifique qui doit être fait de l’espace extra-atmosphérique, « un héritage commun » qui « appartient à toutes les générations présentes et futures ». Estimant que cet espace extra-atmosphérique doit être librement accessible à tous les pays pour l’exploration pacifique, il a apporté l’appui de son pays à toute initiative en ce sens, et tout spécialement au Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER). À ses yeux, ce programme assure à tous les pays, et spécialement à ceux en voie de développement, un accès à des informations spatiales qui pourraient leur être utile en cas de désastre majeur. Les technologies spatiales sont essentielles pour mettre en œuvre avec succès le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il notamment rappelé.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné le droit des États à un usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique et de tirer bénéfice de son exploitation. Il a notamment insisté sur un accès équitable à l’espace extra-atmosphérique, quel que soit le niveau de développement des États, la non appropriation de la Lune et autres corps célestes par des États et la non militarisation de l’espace extra-atmosphérique. Il a aussi favorisé la coopération régionale et internationale dans les activités spatiales, afin que tous les pays, dont ceux en développement, puissent partager leurs connaissances.
Opposé au placement des armes dans l’espace extra-atmosphérique, le représentant a ensuite salué les avancées du Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales. Il a appelé à surveiller et empêcher tout course aux armements dans l’espace. Il a ensuite souligné que les outils spatiaux permettaient de réduire les conséquences des catastrophes naturelles et les effets des changements climatiques.
Le représentant a par ailleurs souhaité que le cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE), qui se tiendra en 2018, soit l’occasion de se projeter dans l’avenir afin de traiter des questions liées au Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. CHULACHAT KANJANA-ORANSIRI (Thaïlande) a souligné le grand potentiel des technologies spatiales dans la concrétisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a expliqué que les données issues de cette recherche avaient trouvé une application dans son pays, notamment en matière de gestion de l’eau et des terres, d’agriculture et de gestion des risques climatiques, mais aussi en termes d’éducation à distance. Il a ensuite insisté sur la nécessité d’élaborer un cadre international pour garantir l’usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique.
Poursuivant, le représentant a indiqué que la Thaïlande avait inclus l’usage de l’espace à des fins de développement durable dans ses objectifs nationaux et incorporé l’aérospatiale dans son nouveau programme économique. S’inquiétant du fossé significatif en matière de technologie spatiale qui sépare les pays développés des pays en voie de développement, le représentant a plaidé pour un meilleur partage d’informations et plus de coopération scientifique et technique dans les activités spatiales. Il a aussi appelé à combler d’urgence le fossé financier, technique et institutionnel en matière d’application de ces technologies, notamment en privilégiant la coopération au niveau régional. C’est ainsi que la Thaïlande a pu se targuer d’accueillir le centre de l’ASEAN pour la recherche et la technologie spatiale et ses applications, une plaque tournante régionale qui permet le transfert de connaissances et de technologies. Elle s’implique aussi dans le partage de données et de services au sein de l’Organisation de coopération spatiale Asie-Pacifique.
M. ROI ROSENBILT (Israël) a d’abord salué la mémoire de Youri Gagarine, John Fitzgerald Kennedy et du colonel israélien Ilan Ramon pour leur contribution à la conquête spatiale. Disant sa fierté d’appartenir depuis 2003 à un groupe de pays disposant de capacités de lancement spatial, Israël a estimé que les coopérations bilatérales et multilatérales étaient à la fois nécessaires et efficaces pour concrétiser les objectifs dans ce domaine. À ce titre, le représentant a rappelé que son pays a rejoint le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), qu’il a signé des accords avec le Bureau des affaires spatiales pour accroître la contribution d’Israël aux recherches spatiales et qu’il travaille également avec le Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER). Le représentant a aussi indiqué que le secteur privé israélien est un partenaire actif dans le développement de nouvelles applications basées sur la technologie spatiale. Parmi ses accomplissements concrets, il a parlé des capacités du satellite Vénus lancé cette année en coopération avec la France. Ce satellite, a expliqué le représentant, est capable d’explorer les changements géologiques, sismiques et biologiques à la surface de la planète. « Il permettra, par exemple, d’optimiser l’agriculture sur des terrains qui sont d’ordinaire difficile à cultiver », a-t-il précisé.
Mme LINDA ANN SCOTT (Namibie) a réitéré son soutien à la mise en œuvre de la Politique et stratégie spatiales africaines. Elle a appelé à une régulation des débris dans l’espace, via un registre des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique. Elle a également rappelé que le Traité sur l’espace extra-atmosphérique adopté en 1966 restait de la plus grande importance dans ce domaine.
Soulignant les effets potentiellement dévastateurs de la météo sur les systèmes mondiaux de communication, la représentante a insisté sur le rôle important et positif des technologies spatiales, citant notamment la gestion des risques dans le domaine de la surveillance des épidémiologies et de la réduction de l’impact des maladies tropicales. Étant un pays où il y a deux déserts, et qui est enclin aux sécheresses ou aux inondations, la Namibie entend utiliser toutes les technologies qui permettent de gérer les risques liés à la désertification, a-t-elle poursuivi. La représentante a également rappelé l’utilité des technologies spatiales dans d’autres domaines d’importance, notamment la planification agricole, la surveillance des cultures, la gestion des ressources en eau, la planification rurale et urbaine, la réponse aux catastrophes naturelles, ainsi que la navigation et les télécommunications.
La représentante a aussi insisté sur l’importance de l’accès à l’information et de l’utilisation des données, estimant qu’elles jouaient un rôle fondamental pour appuyer les prises de positions politiques. Elle a aussi souligné que la protection de l’environnement ne se limitait pas à la planète mais englobait aussi l’espace extra-atmosphérique, insistant sur la nécessité d’empêcher une militarisation ou une course aux armements dans l’espace.
M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a mis en évidence la nécessité de travailler collectivement pour préserver la nature pacifique de cet « héritage commun de l’humanité ». L’exploration et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique et des autres corps célestes doivent se faire à des fins pacifiques et dans l’intérêt de tous les pays, a-t-il souligné. Pour le représentant, le Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 n’est plus suffisant au vu des derniers développements technologiques. « Les instruments légaux actuels sont inadéquats pour dissuader la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et empêcher la course aux armements », a-t-il notamment signalé. Le représentant a indiqué que son pays soutenait les négociations de la Conférence du désarmement pour créer un nouvel instrument juridique visant à prévenir la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Enfin, il a fait savoir que l’Égypte avait l’intention de créer une Agence spatiale qui aidera au développement d’une industrie spatiale égyptienne et contribuera au développement durable, à la coordination d’activités spatiales pacifiques, et au développement de partenariats internationaux dans le domaine des technologiques spatiales.
Mme ARCHINARD (Suisse) s’est félicitée du renforcement de la coopération internationale et de la stabilité dans l’espace, ainsi que de la démocratisation de l’usage pacifique de l’espace. Elle a toutefois souhaité que cet élan se poursuive pour élargir encore l’accès aux technologies spatiales. Soulignant l’arrivée d’acteurs privés dans l’exploitation de l’espace extra-atmosphérique et la multiplication des débris spatiaux, la représentante a mis en avant le rôle essentiel du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique dans le développement de lignes de conduite et de recommandations visant à rendre les activités spatiales plus sûres sur le long terme. Elle a également souhaité qu’un accord puisse être trouvé d’ici au cinquantième anniversaire du Traité sur l’espace extra-atmosphérique.
La représentante a ensuite mis en avant certaines des sept priorités dégagées par le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, notamment l’application des technologies spatiales à la santé et « l’échange d’informations sur les objets et évènements spatiaux » afin de renforcer la sûreté des opérations spatiales. Elle a également indiqué que son pays avait proposé un candidat pour la présidence d’un nouveau groupe de travail sur le sujet lors de la soixantième session du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, appelant les États à s’engager et à progresser sur cette priorité thématique. En conclusion, la représentante s’est félicitée de la tenue d’une réunion conjointe entre la Première et la Quatrième Commission sur les défis liés à la sécurité et la viabilité des activités spatiales à long terme.
Mme ANA CAROLINA RODRÍGUEZ DE FEBRES-CORDERO (Venezuela) a appelé à assurer un « accès équilibré » de tous les pays à l’espace extra-atmosphérique sur la base de la coopération internationale dans les domaines scientifiques et en matière de transfert des technologies. Elle a indiqué que l’orbite géostationnaire était une ressource naturelle limitée qui est au bord de la saturation et a appelé à rationaliser son utilisation en tenant compte des intérêts des pays en développement. Elle a également insisté sur la nécessité de respecter le principe de non militarisation de l’espace extra-atmosphérique et de s’abstenir d’y placer des armes quel qu’elles soient. La course aux armements dans l’espace est une menace pour la paix et la sécurité et ce phénomène doit être prévenu par un accord international juridiquement contraignant, a-t-elle affirmé. Pour elle, le traité proposé par la Chine et la Russie pour prévenir le placement d’armes dans l’espace est une « bonne base » pour déboucher sur l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant.
La représentante s’est aussi préoccupée du déploiement de satellites espions et de leur utilisation pour intercepter les communications, constatant que cela mine la souveraineté des États. Elle a appelé à utiliser les technologies spatiales pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a en outre estimé que la question de la limitation des débris spatiaux ne doit pas être utilisée comme argument pour bloquer la capacité spatiale des pays en développement.
La représentante a ensuite parlé du lancement, en octobre dernier, du satellite vénézuélien « Antonio José de Sucre » pour faciliter la planification urbaine et agricole. Elle a par ailleurs souligné que le tremblement de terre au Mexique et les autres catastrophes naturelles démontent l’importance d’utiliser la technologie spatiale pour renforcer les capacités de prévention et de réponses.
Mme NUR ASHIKIN MOHD TAIB (Malaisie) a rappelé l’adhésion de son pays aux principes de l’égalité d’accès à l’espace extra-atmosphérique, de manière non-discriminatoire, quel que soit le niveau de développement technique et scientifique des pays. Elle a rappelé son attachement à la non militarisation de l’espace extra-atmosphérique, à sa non-appropriation et à son exploitation à des fins exclusivement pacifiques. La représentante a ensuite indiqué que son pays s’était doté d’une législation nationale afin de pouvoir ratifier le Traité sur l’espace extra-atmosphérique. Elle a aussi expliqué qu’en matière de systèmes satellitaires, son pays privilégie la navigation, la communication et l’observation terrestre.
Elle a ensuite constaté que l’augmentation de la commercialisation de l’espace extra-atmosphérique et l’implication grandissante du secteur privé soulevaient de nombreuses questions juridiques touchant aussi à des questions de souveraineté. Dans ce contexte, elle a appelé à la mise en œuvre d’une définition et d’une délimitation claire de l’espace extra-atmosphérique.
Mme SAIMA SAYED (Pakistan) a rappelé son attachement au principe de l’égalité et de l’universalité de l’accès à l’espace extra-atmosphérique, de sa non militarisation et à l’usage exclusivement pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Elle a rappelé l’évolution des technologies spatiales et leur rôle essentiel dans les questions de sécurité nationale et de développement économique. La représentante a par ailleurs estimé que le renforcement des capacités pouvait permettre de combler l’écart qui peut exister entre les États dans le domaine des technologies spatiales. « Le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique a un rôle vital à jouer dans l’assistance aux pays en développement », a-t-elle notamment insisté.
La représentante s’est aussi préoccupée du risque d’une militarisation de l’espace extra-atmosphérique, soulignant le besoin urgent de traiter cette question afin de préserver l’espace extra-atmosphérique de nouveaux conflits ou d’une nouvelle course aux armements, ainsi que l’avenir de la coopération spatiale. Elle a appuyé les efforts du Groupe d’experts gouvernementaux sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales.
M. LI YONGSHENG (Chine) a espéré que la tenue, l’année prochaine, du cinquantenaire de la Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE+50) soit l’occasion de débattre des voies et moyens de renforcer les mécanismes de gouvernance et de renforcer la coopération internationale dans ce domaine. Il a appelé à renforcer le rôle du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique. Constatant que les consultations sur les lignes directrices aux fins de la viabilité à long terme des activités spatiales sont dans leur phase finale, il a appelé à trouver un équilibre entre l’utilisation libre et équitable de l’espace et un développement sain et ordonné des activités spatiales, et a demandé que la version finale des lignes directrices reflète les préoccupations de toutes les parties.
Le représentant a ensuite indiqué que la Chine a développé une nouvelle génération de fusées de lancement qui ont décollé pour la première fois l’année dernière et que la construction d’une station spatiale chinoise va bon train. Le Gouvernement chinois s’efforce aussi de promouvoir la coopération internationale et de partager les bénéfices de ses recherches. En juin 2017, 1 000 participants se sont ainsi réunis à Beijing pour parler de l’exploration du cosmos au cours du Congrès de l’exploration aéronautique mondial. Le délégué a aussi indiqué que la Chine facilite de manière active le « corridor spatial de l’information » et promeut les constellations de satellites de télédétection avec le groupe BRICS et l’Organisation de coopération spatiale en Asie et dans le Pacifique. Le représentant a aussi indiqué que son pays collaborait dans le domaine du partage des données satellitaires, notamment avec l’Argentine, le Chili, Madagascar, l’Australie et le Bangladesh, pour aider les efforts de secours et de redressement au niveau local suite aux catastrophes naturelles. Il a aussi annoncé qu’en 2018, la Chine lancera Chang’e-4 qui doit se poser sur la face cachée de la Lune. Enfin, le représentant de la Chine a rappelé que son pays s’opposait à la militarisation de l’espace et qu’il travaillait à un traité pour éliminer le risque sécuritaire lié à la présence d’armes dans l’espace.
M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a fermement appuyé le principe de non appropriation de l’espace, qui inclut la Lune et d’autres corps célestes. Il a jugé indispensable que le (COPUOS) entame des discussions, à l’échelle internationale, sur les mécanismes juridiques nécessaires à la garantie, par une réglementation adéquate, de la jouissance correcte des ressources spatiales par toute l’humanité.
M. Mendoza-García a ensuite considéré que la création des capacités, la formation et l’éducation en matière spatiale sont primordiales pour faire avancer les initiatives nationales, régionales et internationales visant au développement, sous tous les aspects, de la science et la technologie spatiales, en particulier dans les pays qui déploient leurs premiers efforts dans ce domaine. Il a instamment invité le Bureau des questions de l’espace extra-atmosphérique à poursuivre l’exploration des moyens de conclure des accords de coopération avec les institutions nationales d’enseignement public et privé, et des organisations inter-régionales, pour la promotion de programmes de formation sur les thèmes spatiaux. Il a rappelé que dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable, il faudrait mettre en commun les bénéfices de la technologie spatiale, avant d’appuyer le processus d’élaboration de directives de la durabilité, à long terme, des activités spatiales.