En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
6e & 7e séances –matin & après-midi
AG/EF/3474

Deuxième Commission: l’avènement du développement durable ne peut se faire en dehors de systèmes commercial, financier et économique justes et ouverts

La Commission chargée des questions économique et financière (Deuxième Commission) a entendu aujourd’hui de nombreux appels en faveur d’un système commercial multilatéral et d’un système financier et économique mondial axés sur l´équité, qui établissent les conditions favorables à l’avènement du développement durable à l’horizon 2030.

Alors que les délégations abordaient les questions de politique macroéconomique et de mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement, les discours ont insisté sur la nécessité pour les pays d’avoir une dette soutenable, sur l’importance de la lutte contre les flux financiers illicites et sur l’urgence d’une bonne mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Les échanges commerciaux entre pays ont aussi été au cœur des discussions, étant vus comme un moyen crucial pour parvenir à des changements structurels et à une croissance économique stable, mais à condition, a relevé le délégué du Brésil, que le système commercial multilatéral soit basé sur des règles.  Plus précisément, il faut que ce système, placé sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), soit universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable, ont répété les délégués.

Au nom des pays les moins avancés (PMA), le représentant du Bangladesh a souligné le caractère vital du commerce international pour ces pays qui ont besoin d’engranger des revenus et des devises étrangères pour accélérer leur croissance.  Les PMA ont donc réclamé à l’OMC de veiller à leur participation dans le système commercial international en facilitant l’accès de leurs produits sur le marché international.

Plusieurs délégués, las d’attendre la reprise du cycle des négociations commerciales de Doha, ont misé sur la onzième Conférence ministérielle de l’OMC, qui aura lieu à Buenos Aires en décembre prochain.

Par ailleurs, certains pays tels que la Syrie, Cuba, la République islamique d’Iran et le Venezuela n’ont pas manqué de dénoncer les mesures économiques coercitives dont ils sont victimes et qui sapent leurs chances de participer équitablement aux échanges commerciaux internationaux.  Selon le rapport* du Secrétaire général sur la question, depuis 2000, de telles mesures ont été imposées à 37 reprises, visant 34 pays, mais 15 ne sont plus en vigueur.  À Cuba, ces sanctions durent depuis 60 ans et ont conduit à des pertes de plus de 882 milliards de dollars, s’est plainte la délégation.  

Toujours dans le cadre des échanges commerciaux, de nombreux orateurs ont déploré les fluctuations de prix des produits de base, une tendance amorcée en 2011.  La représentante des Maldives, s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a plaidé pour une action mondiale coordonnée pour juguler l’instabilité excessive de ces prix, afin d’aider les nations fragiles qui en pâtissent particulièrement.  

Parmi ces nations, nombreuses sont celles qui ploient en outre sous une dette qui ne cesse de croître.  L’encours total de la dette extérieure des pays en développement et des pays en transition aurait atteint 7 100 milliards de dollars en 2016, note le Secrétaire général dans son rapport** sur la question.  Cette situation risquant de saper la réalisation des objectifs de développement durable, elle doit préoccuper tant les pays en développement que les pays développés, a fait valoir le représentant de l’Équateur, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77).

La situation semble encore plus alarmante, ont dénoncé des délégués, dans les petits États insulaires en développement (PEID) qui doivent reconstruire leurs infrastructures après les catastrophes naturelles.  C’est pourquoi le G77 a proposé que les pays ayant subi des catastrophes naturelles et des chocs socioéconomiques bénéficient de mesures spécifiques d’allègement de la dette.  

Autre obstacle financier au développement, la fuite des capitaux nationaux.  L’Afrique perd ainsi plus de 50 milliards de dollars par an à cause des flux illicites de capitaux, selon un rapport du Groupe de haut niveau de l’Union africaine invoqué par la délégation du Burkina Faso.  S’ils n’étaient pas détournés, ces fonds pourraient servir à financer des projets de lutte contre la pauvreté.

Plusieurs États, tels le Nigéria, ont plaidé pour le rapatriement des fonds illicites vers les pays d’origine.  Le Liechtenstein a déjà mis en place des normes internationales pour le recouvrement et le retour des actifs dérobés, conformément notamment aux directives de la Banque mondiale, tandis que la Chine a pu faire rapatrier des millions de yuan.

Cette lutte passe également par la coopération des États sur le plan de la fiscalité, c’est pourquoi le G77 souhaite que le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale soit transformé en un organe intergouvernemental.

De nombreuses délégations ont en outre rappelé que le financement du développement devait commencer par le respect des engagements des pays développés en termes d’aide publique au développement.  Pour ce qui est de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, des orateurs ont salué le rôle que joue le Forum pour le financement du développement du Conseil économique et social (ECOSOC), dont le Qatar va accueillir, les 18 et 19 novembre prochains, la réunion préparatoire de la prochaine session.

La Deuxième Commission se réunira à nouveau lieu lundi 9 octobre à 10 heures, avec la participation du Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, et abordera le point central de son ordre du jour consacré au développement durable.

* A/72/307

**A/72/253

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROECONOMIQUE [

a) Commerce international et développement (A/72/307, A/72/274, A/72/15 (Part I), A/72/15 (Part II), A/72/15 (Part III), A/72/15 (Part IV) (à paraître), A/72/15 (Part V) (à paraître))

b) Système financier international et développement (A/72/306)

c) Soutenabilité de la dette extérieure et développement (A/72/253)

d) Produits de base (A/72/254)

e) Amélioration de l’accès aux services financiers pour le développement durable

f) Promotion de la coopération internationale en matière de lutte contre les flux financiers illicites pour favoriser le développement durable

SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT (A/72/114–E/2017/75)

Discussion générale conjointe

M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a estimé que dans l’optique de rendre le commerce plus équitable, il faudrait renforcer le système commercial multilatéral et accorder une place plus importante au commerce dans les économies.  Il a, de ce fait, insisté sur l’importance de promouvoir un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dans la droite ligne du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a déploré les maigres avancées dans le cycle des négociations commerciales de Doha mené par l’OMC, notamment sur des questions telles que le soutien aux systèmes commerciaux nationaux et l’accès aux marchés.  Le représentant a appelé la communauté internationale à terminer avec ce cycle de négociations, appelant de ses vœux des résultats positifs sur des questions restées en suspens depuis fort longtemps lors de la onzième réunion ministérielle de l’OMC, prévue à Buenos Aires, en Argentine, en décembre 2017.

Sur la question de la dette souveraine, le représentant a réaffirmé l’importance de sa restructuration afin de restaurer leur soutenabilité, tout en préservant l’accès des pays endettés aux financements extérieurs à des conditions favorables.  « La question de la dette souveraine doit concerner à la fois les pays développés et ceux en développement », a-t-il estimé en expliquant que cette préoccupation pourrait saper la réalisation des objectifs de développement durable si elle était négligée.  Il a plaidé pour que les pays en développement bénéficient de l’assistance nécessaire pour leur permette d’avoir une dette soutenable.  Il a prôné pour cela des politiques coordonnées destinées au financement, à l’annulation, à la restructuration et à la gestion souple de la dette.

M. Zambrano Ortiz a également plaidé pour que les pays ayant subis des catastrophes naturelles et des chocs socioéconomiques bénéficient de mesures spécifiques d’allègement de la dette.  « Les prêteurs et les emprunteurs doivent travailler de concert afin de prévenir et résoudre des situations de dette non soutenables », a—t-il suggéré.  Il a aussi souligné que les questions de soutenabilité de la dette sont étroitement liées à celles de la volatilité des prix des matières premières dont dépendent les économies des pays en développement et ceux en transition, y compris les pays africains, les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays à revenu intermédiaire. 

Le représentant a ensuite déploré le phénomène des flux financiers illicites, notamment ceux qui dépouillent les pays en développement, et l’impact négatif de ce fléau sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a appelé à une plus grande coopération internationale pour le combattre et s’assurer que lesdits fonds soient rapatriés dans les pays d’origine en temps voulu, en accord avec les législations nationales et le droit international.

Concernant la coopération fiscale, le délégué a relevé que bien que de nombreuses initiatives existent dans ce domaine, il est de notoriété publique que l’ONU est le seul forum universel où cette question peut être débattue de manière ouverte et transparente.  Il a  souhaité que le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale soit transformé en un organe intergouvernemental, et que des fonds adéquats lui soient alloués pour mener à bien ses mandats et renforcer la participation des délégations des pays en développement à ses réunions.

Le G77 indique que l’imposition de mesures économiques unilatérales, y compris des sanctions, contre des pays en développement, ne contribue pas au développement socioéconomique de ces derniers, a ensuite déclaré le représentant.

Concernant la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, M. Zambrano Ortiz a noté les difficultés d’ordre macroéconomiques et celles liées aux catastrophes naturelles, aux effets néfastes des changements climatiques, à la dégradation de l’environnement, aux crises humanitaires et aux conflits.  La tendance mondiale actuelle ne laisse pas croire à la réalisation des objectifs de développement durable d’ici à 2030, a-t-il averti.  Pour rectifier le tir, il a prôné des actions concrètes immédiates pur créer un environnement favorable et accélérer les efforts nationaux et internationaux pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il faut donc assurer un suivi de la mise en œuvre de ce programme et faire des suggestions à la communauté internationale, notamment en ce qui concerne le soutien des pays développés aux pays en développement.  Il a appelé la communauté internationale à ne pas remettre en cause les progrès réalisés dans le cadre du Programme d’Action d’Addis-Abeba, et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a présenté des statistiques pour illustrer le ralentissement de la croissance économique mondiale depuis la crise de 2008, signalant par exemple que le taux de croissance n’était que de 2,3% en 2016, le niveau le plus bas depuis 2009.  De plus, a-t-elle poursuivi, on assiste à un recul des investissements, une baisse des prix des matières premières et une vulnérabilité accrue face à l’augmentation de la dette extérieure.  En bref, les taux actuels de croissance économique dans de nombreuses régions ne permettront pas d’atteindre les objectifs de développement durable et d’éliminer la pauvreté extrême dans le monde d’ici à 2030, a-t-elle affirmé.

Les nations de l’ASEAN font néanmoins preuve de résilience économique, puisqu’en 2016, elles représentaient collectivement la sixième économie mondiale avec un produit intérieur brut (PIB) de 2 550 milliards de dollars, soit 6,2% du PIB mondial.  L’ASEAN table sur un taux de croissance de 4,8% pour 2017, sachant que le commerce intra-ASEAN représente la plus grande partie de ses échanges commerciaux, a encore précisé la représentante.  Elle a également annoncé l’intention de l’ASEAN de renforcer l’intégration économique régionale par rapport à la feuille de route de la Communauté économique de l’ASEAN pour 2025.  Ces efforts devraient contribuer à la prospérité partagée et permettre de se rapprocher des objectifs de développement durable, selon la déléguée.

Pour aller de l’avant, la représentante de l’ASEAN a énoncé quelques priorités comme la mobilisation de ressources pour le développement par le biais d’une coopération internationale revigorée, la lutte contre les flux financiers illicites, le rapatriement des avoirs ainsi que les questions fiscales.  L’ASEAN exhorte le monde développé à honorer ses engagements en termes d’aide publique au développement (APD), qui doit être au niveau de 0,7% du revenu national brut.   Au-delà de l’APD, ces pays doivent débloquer une enveloppe annuelle de 100 milliards de dollars pour la lutte contre les changements climatiques, a encore exigé la représentante de l’ASEAN qui a salué au passage la contribution positive de la coopération Sud-Sud en tant que complément, et non pas substitut à la coopération Nord-Sud.

L’ASEAN souhaiterait également voir les pays en développement accéder plus facilement aux marchés, a poursuivi la représentante qui a aussi plaidé en faveur d’investissements plus ciblés dans des secteurs ayant un impact direct sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Partant du principe que le commerce international est un moteur essentiel de croissance économique inclusive, elle a jugé impératif pour les nations de l’ASEAN de parvenir à un système de commerce international qui soit ouvert, règlementé, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable.  La représentante a également insisté sur la nécessité de mettre rapidement en œuvre le Plan d’action d’Addis-Abeba, encourageant la communauté internationale à utiliser les leçons apprises en matière de financement du développement.  Elle a salué à cet égard le rôle du Forum pour le financement du développement de l’ECOSOC.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a souligné le caractère vital du commerce international pour ces pays en ce qu’il est générateur de revenus et de devises étrangères, tout en catalysant les changements en termes de croissance, d’emploi, de production et d’utilisation des ressources naturelles.  La cible de développement durable 17.11 vise à doubler, d’ici à 2020, la part des PMA dans les exportations mondiales.  Or, cette part ne cesse de diminuer depuis 2011, ce qui entrave grandement les efforts entrepris par ces pays pour atteindre cette cible.  Le représentant s’est déclaré profondément préoccupé par le fait qu’en 2015, les exportations de marchandises des PMA avaient diminué de 25%, puis de 6% en 2016, ramenant ainsi leur part d’exportations sur le plan mondial à seulement 0,94% pour cette même année.

Les PMA ont donc lancé un appel aux membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de se pencher sur la marginalisation des PMA dans le commerce international et de veiller à l’amélioration de leur participation dans le système commercial international.  Le représentant a également appelé aussi bien les pays développés que les pays en développement de l’OMC, qui sont en mesure de le faire, de faciliter l’accès des produits des PMA sur le marché en développant des règles d’origine simples et transparentes.  Les PMA auraient également besoin d’une assistance dans la mise en œuvre de l’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges.

Le porte-parole des PMA a également signalé qu’en dépit de plusieurs initiatives internationales en leur faveur, ces pays supportent encore le lourd fardeau de la dette.  Les coûts associés à cette dette avalent une grande portion de leurs maigres ressources budgétaires, ce qui représente un obstacle majeur pour la croissance économique, l’élimination de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement durable.  Le représentant a dès lors invité la communauté internationale à prendre les mesures qui s’imposent pour régler ces problèmes, notamment par une annulation complète de toutes les dettes multilatérales et bilatérales des PMA envers leurs créanciers publics et privés.  Il a aussi invité les partenaires pour le développement à augmenter l’aide publique et autres prêts concessionnels aux fins de garantir la soutenabilité de la dette.

COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a relevé que le sentiment protectionniste et l’appui étatique croissant aux industries domestiques avaient souvent été la réponse de certains pays à la fragilité de la croissance économique mondiale.  Il s’est fortement opposé à « ces comportements et politiques » qui, au bout du compte, sapent la demande globale et perpétuent le faible niveau de la croissance mondiale actuelle.  M. Rattray a réitéré l’engagement de la CARICOM en faveur d’un système commercial international ouvert, reposant sur des règles, incarné par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La faiblesse du commerce international au cours des dernières années a soulevé des questions non seulement sur l’ouverture commerciale, mais également sur des sujets liés à l’immigration et à la mondialisation en général, a-t-il poursuivi.  La solution, à son avis, serait de concevoir et d’exécuter des programmes qui aident les travailleurs à acquérir de nouvelles qualifications, en améliorant l’éducation et la formation.  Il s’agirait également d’aider les déplacés à se remettre sur pied et à bien se positionner pour les emplois de demain axés sur les nouvelles technologies.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 énumère les nombreuses actions possibles pour créer un environnement propice à un commerce mondial florissant, a poursuivi le délégué.  Dans cette optique, la cible 17.10 du Programme 2030 appelle à la promotion d’un système commercial multilatéral sous l’égide de l’OMC, notamment par la conclusion du Cycle de négociations de Doha.  Il a appelé les partenaires du développement à se rendre à la onzième Conférence ministérielle de l’OMC, prévue vers la fin de l’année à Buenos Aires, avec la détermination d’achever ces négociations qui ont trop longtemps traîné.  D’autre part, il a mis l’accent sur l’importance de la pleine mise en œuvre des résultats du Forum de l’ECOSOC sur le suivi du financement du développement.

Mme ZAHIR (Maldives), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a fait observer que le débat est façonné par les réalités des récentes catastrophes naturelles et leur impact sur un paysage économique et financier d’ores et déjà difficile, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Ces derniers ressentent encore les soubresauts de la crise financière mondiale et du lent redressement, du déclin des flux commerciaux, de la volatilité excessive des prix, des affres de la dette extérieure, de la baisse des prix des marchandises et de l’incapacité d’accès au financement concessionnel.  La représentante s’est inquiétée, en particulier, de la baisse des prix, notamment dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture, alors même que les pays insulaires dépendent lourdement des exportations liées à ces secteurs.

La baisse des exportations et celle des revenus touristiques ont également un impact négatif sur ces pays, a-t-elle continué.  À l’instar du Secrétaire général, l’AOSIS est favorable à une action mondiale coordonnée pour juguler la volatilité excessive des prix, ce qui permettrait d’aider les nations fragiles et vulnérables.  Les répercussions économiques et humanitaires désastreuses des ouragans Maria et Irma sont visibles, a-t-elle affirmé, ajoutant que ce n’est là que le signe précurseur des processus de redressement à mener, qui exigeront certainement des prêts supplémentaires et de nouvelles dettes.  Cela exacerbera davantage les problèmes de la dette, a-t-elle craint, sachant en outre que les petits États insulaires sont parmi les plus endettés du monde.   

M. PABLO JOSÉ SORIANO MENA (El Salvador), parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appelé à l’amélioration des mécanismes de régulation, de supervision et de contrôle des systèmes financiers régionaux et internationaux.  Il a affirmé l’importance du Programme d’action d’Addis-Abeba, lequel fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dont il sert à la fois de complément et de support.  Il a plaidé pour la réforme du Fonds monétaire international (FMI), afin d’améliorer la participation des pays en développement dans les processus de prise de décision et l’établissement de normes en matière économique. 

Le représentant a par ailleurs invité les pays en développement à renforcer la coopération internationale en matière fiscale et lutter davantage contre les flux financiers illicites, le but étant de mobiliser des ressources nationales en vue de réaliser les objectifs de développement durable.  Pour la CELAC, il est important d’éliminer les paradis fiscaux qui facilitent les transferts de flux financiers illicites. 

Il a en outre souligné l’important rôle que jouent les migrants dans l’optique d’une croissance inclusive et durable dans les pays d’origine, de transit et de destination.  Pour la CELAC, les fonds des migrants ne doivent pas être confondus avec l’aide publique au développement et encore moins les investissements étrangers directs ou d’autres sources publiques de financement du développement.  Il a plaidé pour la réduction des frais de transfert des fonds de migrants à moins de 3% du total du montant transféré.

Par ailleurs, le représentant a souhaité que la restructuration de la dette soit mise en œuvre sans compromettre les perspectives de croissance des pays endettés.  Il a recommandé de prendre des mesures alternatives de financement dans le cadre de la coopération Sud-Sud, au niveau intrarégional.  Notant que la plupart des membres de la CELAC sont des pays à revenu intermédiaire, il les a invités à renforcer la coopération Sud-Sud, laquelle est un complément et non un substitut à la coopération Nord-Sud et la coopération triangulaire, a-t-il précisé.

En outre, il a expliqué que ces pays à revenu intermédiaire, malgré leurs efforts, ont toujours besoin d’aide publique au développement (APD), afin notamment de réduire les inégalités et les déficits structurels de leurs économies.  Il a appelé le système de développement des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales et d’autres parties prenantes à tenir compte des besoins spécifiques de ce groupe de pays, faisant remarquer que ces pays n’ont pas accès à des prêts concessionnels.  Il a aussi souhaité que les critères de classement des pays prennent davantage en compte les réalités de développement complexes propres à la région de la CELAC. 

Constatant la lente reprise économique au plan mondial, M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde) a regretté que la croissance reste plus faible que prévu et que les risques persistent, qu’il s’agisse de la volatilité des prix des matières premières, de la faiblesse des échanges commerciaux, d’un endettement public et privé trop élevé, des inégalités ou encore du manque d’inclusion.  Parallèlement, les crises géopolitiques, le terrorisme, les flux migratoires et les flux illicites de capitaux contribuent à l’incertitude dans l’économie mondiale, a-t-il relevé en soulignant aussi la nouvelle tendance à la croissance sans création d’emploi.  Par conséquent, la promotion de politiques favorisant la croissance économique et l’investissement devrait être une priorité, a-t-il lancé.  Cela passe, selon lui, par de nouveaux partenariats mondiaux pour notamment identifier des mécanismes efficaces de mobilisation de ressources additionnelles pour le financement du développement durable et cela, parallèlement à la restructuration en cours du système financier international.

Le représentant a également plaidé en faveur du commerce international comme moteur de la création d’emploi et de la réalisation des objectifs de développement durable.  Les pays en développement ont beaucoup à gagner d’un système commercial et financier ouvert, juste, réglementé, prévisible, et non discriminatoire, a-t-il martelé.  Par conséquent, l’Inde invite à poursuivre les négociations multilatérales du Cycle de Doha et réaffirme son attachement à l’OMC.

S’agissant de la mobilisation des ressources internes pour le financement du développement, l’Inde a lancé une série de réformes pour favoriser les transactions numériques par rapport à celles qui se font avec de l’argent liquide, introduire une taxe unique sur les biens et services et réviser son code fiscal, a annoncé le représentant.  Le principe « un pays, un seul impôt » doit agir comme moteur de l’intégration économique de l’Inde, a-t-il encore précisé.

Mme ZHANG YU (Chine) a invité la communauté internationale à renforcer la coordination des politiques économiques afin de parvenir à une gouvernance économique mondiale plus juste.  Les marchés émergents doivent être mieux représentés au sein des institutions financières internationales, a-t-elle plaidé avant de demander également le renforcement du système commercial multilatéral en évitant les mesures protectionnistes.  

Au sujet de l’allégement de la dette, le représentant a indiqué que la Chine fournissait des prêts à des conditions favorables à des pays en développement.  La Chine est même disposée à négocier les termes de la dette quand le besoin s’en fait ressentir, comme en témoigne l’annulation pure et simple de la dette de certains pays les moins avancés (PMA) et petits États insulaires en développement (PIED).  La Chine entend en outre lutter contre les flux financiers illicites et a même pu faire rapatrier des millions de yuan dans le pays, a ajouté la délégation. 

Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a noté que dans de nombreuses régions du monde, la croissance du produit mondial reste en deçà du niveau qui serait nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable dans les délais impartis.  Elle a également évoqué l’incertitude accrue liée à l’environnement politique international et aux flux financiers négatifs nets vers les pays en développement pour la troisième année consécutive.  De plus, les perspectives pour la soutenabilité de la dette extérieure des pays en développement se dégradent.  Pour les Philippines, ce sont là des signaux alarmants auxquels il faut rapidement réagir.

L’un des moyens d’y remédier serait, selon la représentante, de s’orienter vers un système de commerce international plus juste, plus libre, universel, transparent, réglementé, équitable, participatif et inclusif.  Les Philippines déplorent en effet le manque de confiance croissant dans ce système et le recours de plus en plus marqué au protectionnisme et à l’unilatéralisme qui l’accompagnent.

En tant que pays à revenu intermédiaire, les Philippines dépendent largement de produits de base et s’inquiètent, par conséquent, de la volatilité de leurs prix, a poursuivi la déléguée en expliquant que le pays s’oriente désormais vers la diversification de ces produits de base et cherche à augmenter les investissements dans les infrastructures pour le secteur agricole. 

L’économie philippine reste parmi celles qui connaissent un des plus forts taux de croissance de l’Asie, un taux qui se situe entre 6,5% à 7,5% par an, mais, pour pouvoir passer d’un taux de pauvreté de 21,6% à 14%, il faudra que cette croissance devienne inclusive, a-t-elle reconnu.  Dans cet objectif, les Philippines ont adopté une législation pour réformer la fiscalité qui vise à élargir à la fois l’assiette fiscale et sa classe moyenne.  Parallèlement, le gouvernement lutte contre les flux financiers illicites et compte, dans ce domaine, sur la coopération internationale.  Enfin, sa stratégie nationale pour l’inclusion financière est articulée autour de l’accès aux produits financiers, l’éducation financière et la protection du consommateur de produits financiers, a expliqué Mme Ponce.

Mme LUM HUI ZHEN (Singapour) a indiqué que, deux ans après l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, la pertinence et l’importance du financement du développement sont plus clairs et plus urgentes que jamais.  Pour réaliser les objectifs de développement durable, la responsabilité première du changement incombe au niveau national, mais les efforts nationaux ne peuvent réussir que s’ils sont soutenus par un système économique mondial propice, a-t-elle argué. Pour ce faire, elle a suggéré d’abord de renforcer le rôle des Nations Unies au sein de la gouvernance économique mondiale.  En effet, pour réussir à atteindre les objectifs de développement durable, il importe que tous les acteurs, notamment les institutions financières internationales, les commissions nationales, le Groupe des 20 (G20) et d’autres groupes informels, œuvrent de concert, et de façon cohérente avec l’ONU, dans le but de répondre aux besoins de tous les pays, ceux en développement plus particulièrement.  Le renforcement des relations entre l’ONU et le G20 devrait faire partie des efforts visant à l’amélioration de la gouvernance, a-t-elle estimé.

Ensuite, Singapour a proposé que soient respectés les mandats des institutions de Bretton Woods et de l’organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi que la Convention des Nations Unies contre la corruption.  En troisième lieu, Mme Zhen a encouragé à renouveler l’engagement en faveur d’un système commercial multilatéral ouvert et fondé sur des règles, arguant qu’il convient, maintenant plus que jamais, de lutter contre le protectionnisme et de renforcer ledit système.  En dépit de ses lacunes, l’OMC est le forum par excellence pour que toutes les nations édifient un cadre de commerce mondial, a-t-elle estimé.  À cet égard, elle a espéré que la onzième Conférence ministérielle de Buenos Aires sera axée sur les questions clefs.

Pour M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), le commerce reste un moteur du développement économique et un instrument de l’intégration socio-économique.  Il est également d’avis que le multilatéralisme reste la meilleure option pour que le système de commerce international puisse jouer le rôle principal dans la transformation économique et sociale dans le monde.  Ce système constitue un cadre fixant les règlementations, les droits et les obligations des États en la matière, a-t-il précisé en insistant sur le désir marqué des États Membres de l’ONU de pouvoir compter sur un système de commerce international universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire, dépolitisé et équitable.  Il s’agit, à ses yeux, d’une condition indispensable au développement durable.

L’intégration régionale sera également appelée à jouer un rôle primordial dans la définition d’un avenir économique prévisible pour des milliards de personnes, surtout dans le monde en développement, a-t-il poursuivi en vantant les mérites de l’Organisation de coopération économique (OCE) à cet égard.  L’OCE, et sa Vision 2025, a pour mission de mener sa région vers une meilleure intégration régionale, plus de cohésion et un développement durable en misant notamment sur la coopération dans les domaines du commerce, de l’énergie, des transports, des communications et de l’environnement, a précisé le délégué.

En tant que pays frappé par des mesures économiques coercitives, l’Iran reste opposé à l’application de mesures économiques et commerciales unilatérales.  Ces mesures représentent, à son avis, un frein au développement durable et ont un impact négatif sur la coopération internationale et tout effort pour parvenir à un système de commerce international non discriminatoire.  Le représentant a néanmoins vanté la résilience de l’économie de son pays qui, malgré les sanctions, a réussi à consolider sa production nationale et à obtenir l’an dernier l’un des taux de croissance économique les plus forts.  Il s’est dit confiant que l’économie iranienne pourrait devenir l’une des économies émergentes les plus dynamiques sur les 20 prochaines années, et, pour cela, son pays mise sur les partenariats mondiaux.

Pour Mme TAMARA KHARASHUN (Bélarus), le commerce international est un moteur essentiel de la croissance économique et un facteur clef de la transformation en faveur du développement durable.  Cependant, la conjoncture n’invite pas à l’optimisme quant à la situation de l’économique mondiale, a-t-elle constaté avant d’appeler à un effort de toutes les parties dans le cadre d’un partenariat mondial renouvelé.

Dans le cadre de ces efforts, la représentante a vu la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) comme un centre de coordination indispensable, saluant ses études ainsi que le fait qu’elle accorde une attention particulière aux pays à revenu intermédiaire comme le Bélarus.  Elle a d’ailleurs exigé une stratégie des Nations Unies en faveur de ces pays pour appuyer leur développement.

Elle a dénoncé les mesures unilatérales coercitives qui sont contreproductives et augmentent les tensions entre États souverains.  Elle leur a également reproché d’avoir des répercussions sur des pays tiers et sur l’intégration économique régionale.  Le Bélarus est partie prenante de tout un éventail de processus d’intégration économique en misant sur la complémentarité.  Le pays souhaite intégrer l’organisation mondiale du commerce (OMC) et est favorable à une approche transparente dans l’adhésion des nouveaux membres à cet organisme.

M. MASLOV (Fédération de Russie) a estimé que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) devait conserver un rôle majeur en matière de régulation du commerce international.  La Fédération de Russie mène actuellement des discussions avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) afin d’établir un instrument international qui régule la concurrence entre les pays.  Des propositions en ce sens ont été soumises à la CNUCED en juin dernier. 

La Fédération de Russie est également engagée dans le développement de l’Union eurasiatique.  En 2020, cette union entend mettre en place un marché énergétique commun et entend également faire de la réalisation des objectifs de développement durable l’une de ses priorités.

Dans le contexte de la volatilité des prix des matières premières, le délégué a appelé à intensifier les échanges d’informations macroéconomiques pour éviter que le phénomène ne prenne de l’ampleur. Le groupe des BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) entend trouver une solution à cette volatilité en créant une réserve de fonds qui leur est propre.  Enfin, le représentant a plaidé en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, d’où l’importance du Forum du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le financement du développement.

M. GONZALEZ-PEÑA (Cuba) a appelé au renforcement du rôle central de l’Assemblée générale, et donc de la Deuxième Commission, dans les délibérations intergouvernementales sur les questions de politiques macroéconomiques.  Il a fait remarquer qu’aujourd’hui, la plupart des pays du Sud se trouve devant un climat international qui freine encore leurs possibilités de développement.  Il est en conséquence urgent d’opérer des changements structurels internationaux sur les plans économique, commercial et financier « pour en finir avec le sous-développement de nos peuples », a-t-il argué, préconisant des pas décisifs en vue d’une représentation, d’une égalité et d’une transparence accrues en faveur des pays en développement dans les mécanismes de gouvernance économique mondiale. 

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba ne seront réalisés que s’il existe des engagements fermes et une volonté politique croissante pour mobiliser des ressources supplémentaires, prévisibles et non soumises à des conditions, a prévenu le délégué de Cuba pour qui les flux financiers publics internationaux sont insuffisants si l’on veut réduire l’écart de financement dans les pays en développement.  Beaucoup de nations développées n’honorent pas leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement, a-t-il ajouté.

La délégation a aussi exprimé son soutien à la réduction, voire l’annulation et la restructuration de la dette extérieure, en particulier pour les pays les plus pauvres et dans le besoin.  Cuba insiste pour avancer dans l’élaboration d’un mécanisme multilatéral de renégociation des dettes souveraines pour favoriser un traitement juste, équilibré et orienté vers le développement.  Enfin, rejetant les mesures coercitives unilatérales à l’encontre de certains États, le représentant a souligné que les dommages infligés à son pays sur le plan économique du fait du blocus économique imposé depuis 60 ans s’élèvent à 882 milliards 280 millions de dollars.   Cela empêche Cuba, a-t-il expliqué, d’accéder aux meilleurs technologies sur une base égale et de normaliser ses échanges commerciaux ou encore ses relations financières et d’investissements avec le reste du monde.

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a estimé que le commerce international est un moteur majeur de la croissance économique et de l’élimination de la pauvreté à condition qu’il soit libre et équitable.  Les Nations Unies doivent s’engager à lever les barrières qui persistent à entraver cet objectif, a-t-elle réclamé, souhaitant notamment la levée des mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement.  Il faut aussi éviter leur politisation, a exigé la représentante en précisant qu’elles sont souvent un obstacle à l’accès des pays visés par ces mesures à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La Syrie demande aux Nations Unies de faire une analyse approfondie des conséquences que ces mesures ont sur les pays qu’elles frappent.  Elle déplore que le rapport du Secrétaire général n’aborde cette question que superficiellement.  La Syrie s’oppose fermement à ces mesures qui vont à l’encontre du principe des droits de l’homme, a ajouté la déléguée, y voyant un concept immoral qui se manifeste lorsque certains États les utilisent pour promouvoir leurs propres intérêts.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 appelle les États Membres à ne pas imposer ce type de mesures, a encore rappelé la délégation insistant sur le frein majeur qu’elles représentent dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a exigé que les États-Unis et l’Union européenne y renoncent.  Il y a, selon elle, un dilemme moral du fait qu’il n’existe pas de mécanisme international ayant le pouvoir de les règlementer, voire d’y mettre fin.

M. DIEGO PINEDA-GONZALEZ (Mexique) a reconnu que les travaux de la Deuxième Commission en matière de suivi des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement et en matière de politique économique constituent un pilier des travaux de l’Organisation.  Ces travaux, a-t-il expliqué, non seulement abordent une des trois dimensions du développement durable, mais ils offrent également des outils de mise en œuvre et de financement de tous les objectifs de développement durable.  Partant, les résolutions de la Commission devraient être visionnaires face au dynamisme du climat économique mondial, a-t-il souhaité en prônant la fusion des résolutions dans ce segment de l’ordre du jour pour focaliser l’énergie sur une meilleure qualité des textes.  Le nouveau paradigme issu de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’autres instruments de 2015, à caractère universel et inclusif, offre l’occasion de simplifier les préambules et d’orienter les résolutions vers l’action, a-t-il encore commenté.

Le Mexique a salué par ailleurs l’adoption, en mai dernier, de la Déclaration sur le financement du développement par le Forum chargé du suivi de cette question, en nourrissant des attentes quant au nouveau rapport qui devrait alimenter, ainsi que la session de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, la réussite de l’édition 2018 du Forum.  À l’instar des membres du Groupe des amis de Monterrey, il a assuré vouloir contribuer à cette fin.  Il a en même temps appelé au renforcement de la coopération internationale, soulignant son caractère crucial pour formuler des politiques publiques visant la création d’emplois, l’amélioration des capacités de production et l’investissement public et privé, notamment par des alliances avec d’autres organisations multilatérales, institutions financières et fonds mondiaux.  Ces investissements devraient privilégier des infrastructures résistantes au changement climatique et aux catastrophes naturelles, de même que les communications et technologies, a ajouté la délégation.

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a plaidé pour un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce, tel que prescrit dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a relevé que l’économie du Guatemala est fortement tributaire des produits de base, et il est donc crucial pour le pays de voir une amélioration de la transparence des marchés internationaux.

En ce qui concerne les flux financiers illicites, le Guatemala a été très dynamique et a connu des expériences positives grâce à une législation qui a produit des résultats rapides, a avancé le représentant.  Il a ensuite expliqué que les catastrophes naturelles et les conflits armés figurent parmi les obstacles à une mise en œuvre harmonieuse des résultats des conférences internationales en matière de financement du développement.

Mme AL-SHAMMAR (Qatar) a souligné le rôle essentiel de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en matière de régulation du commerce international.  Elle a plaidé pour un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable qui pourrait générer une meilleure croissance économique et des emplois.  C’est pourquoi le Qatar appelle à la reprise du Cycle de négociations commerciales de Doha de l’OMC.

La représentante a souligné combien la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba est critique.  Elle dépend de la mobilisation à la fois des ressources nationales et internationales.  Conscient de l’importance de ce programme, le Qatar va accueillir, les 18 et 19 novembre prochains, la réunion de haut niveau de préparation du prochain Forum de l’ECOSOC sur le financement du développement.  Elle a par ailleurs relevé qu’il y a des pressions économiques qui sapent le système commercial international, y compris contre son pays qui a dû adopter des mesures idoines pour atténuer les effets de ces mesures.

Mme OEHRI (Liechtenstein), a invité, pour atteindre les objectifs de développement durable, à se concentrer sur les grandes questions macroéconomiques.   À ce titre, elle a salué les efforts du G20 pour la mise en œuvre de ces objectifs et estimé qu’il fallait les intégrer à ceux du système des Nations Unies pour le développement de manière à créer plus de synergies.   S’agissant des travaux de la Deuxième Commission, elle a conseillé d’« aller au-delà des impasses politiques et de travailler ensemble au service du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Au plan national, la représentant a indiqué que son pays s’efforce de lutter contre les flux financiers illicites, ayant mis en place des normes internationales pour le recouvrement et le retour des actifs dérobés, conformément notamment aux directives de la Banque mondiale.  Le Liechtenstein essaye aussi d’adapter des outils existants pour identifier des flux financiers illicites liés à la traite de personnes.  Sa délégation espère que ces nouvelles initiatives pourront être abordées dans le cadre des discussions de la Deuxième Commission.

Mme MARIANNE LOE (Norvège) a réitéré l’engagement de son pays de consacrer 1% de son produit intérieur brut à l’aide publique au développement, dont la majeure partie sera dépensée en faveur des pays les moins avancés.  Comme cette aide ne saurait à elle seule transformer les sociétés, la Norvège a conseillé aux pays récipiendaires de l’utiliser d’une manière intelligente et catalytique pour recueillir d’autres sources de financement.  Les Banques multilatérales de développement ont récemment introduit de mesures innovantes à cet effet.

D’autre part, a-t-elle poursuivi, il est déterminant de mobiliser les ressources domestiques en encourageant la croissance économique engrangée par le secteur privé.  Cela suppose une collecte d’impôts plus efficace, des systèmes d’imposition qui fonctionnent et un élargissement de la base imposable.  Enfin, la Norvège a préconisé de poursuivre la lutte contre les flux financiers illicites massifs, notant qu’en à peine une décennie, cette question était sortie de l’ombre pour devenir une question au cœur même du développement.  Elle a appelé à garder cet élan.   

Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a déclaré que le monde industrialisé devait déployer davantage d’efforts pour imprégner les changements nécessaires au système économique mondial et au financement du développement.  Plutôt que de viser un renforcement du système, il faudrait, à son avis, redéfinir celui-ci afin qu’il devienne juste et équitable.  Dans cet objectif majeur, il est impératif que les ressources naturelles soient gérées d’une manière autonome et souveraine, de sorte que les pays bénéficient directement des dividendes de leur exploitation, sans ingérence des multinationales, a souligné la représentante.  Ce n’est que de cette façon qu’ils pourront avoir les moyens nécessaires au financement du développement, a-t-elle assuré.

La représentante a ensuite demandé à tous les États de coopérer contre le gaspillage des ressources, le trafic illégal, l’évasion fiscale et tous les mécanismes qui accompagnent l’existence des paradis fiscaux.  Elle s’est en outre érigée contre les mesures économiques coercitives unilatérales, comme celles qui sont imposées au Venezuela. 

M. ALI (Iraq) a demandé que la communauté internationale œuvre en vue de rendre soutenable la dette souveraine des pays en développement, y compris son pays, l’Iraq, qui souhaiterait parvenir à la stabilité et au développement.  Le pays entend ainsi « refermer le chapitre Daech d’ici la fin de l’année et passer du financement de la guerre au financement du développement », a-t-il expliqué.  Il a jugé crucial le soutien aux économies en développement pour mettre un frein à la fuite des cerveaux et aux migrations.

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a souhaité que les engagements du Programme d’action d’Addis-Abeba se traduisent en actions concrètes.  Cette mise en œuvre est impérative en vue de mobiliser toutes les sources de financement possible pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Laos a pour sa part pris des mesures pour améliorer la mobilisation nationale des ressources et ses infrastructures.

En tant que pays en développement sans littoral, le pays a cependant besoin de l’assistance internationale, a plaidé le représentant.  De ce fait, il a invité les pays développés à respecter leur promesse de soutien aux pays les moins avancés (PMA) par le biais de l’aide publique au développement (APD).  Sur le plan commercial, il a aussi souhaité que les PMA bénéficient du Système généralisé de préférences mis en place par la CNUCED afin de favoriser leur accès aux marchés mondiaux.

Mme SRISAWANG (Thaïlande) a invité à accélérer le processus de renforcement des capacités nationales pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable et ce, grâce à une meilleure gouvernance économique mondiale.  Dans ce contexte, elle a appuyé la réforme de l’architecture financière internationale, celle des institutions de Bretton Woods plus particulièrement.  Donner aux pays en développement une plus grande voix au chapitre dans les prises de décisions financières internationales et favoriser un commerce plus libre et plus juste sont parmi les impératifs relevés par la Thaïlande qui a insisté sur la levée des barrières commerciales et sur la mise en place, sous la houlette de l’OMC, d’un système de commerce international universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable. 

La délégation a également mis l’accent sur le rôle « crucial » de l’organisation mondiale du commerce (OMC) dans la résolution des litiges en tant que mécanisme efficace susceptible de fournir la stabilité et la prévisibilité nécessaires au commerce international.  La Thaïlande a plaidé, en conclusion, en faveur d’un renforcement des cadres régionaux économiques et commerciaux et de la promotion, au niveau bilatéral, d’accords de libre commerce, en veillant à améliorer la contribution et la participation de toutes les parties prenantes dans les efforts nationaux de développement.

M. NECTON D. MHURA (Malawi) a souligné que le commerce et le financement restent les facteurs les plus importants pour le développement et la croissance économique.  C’est la raison pour laquelle, il est impératif, selon lui, de trouver une solution aux questions macroéconomiques qui sous-tendent le développement durable.  Pour sa part, le Malawi a engagé des réformes pour traduire sur le plan national les exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les données empiriques indiquent que le commerce international, accompagné de politiques nationales appropriées, peut jouer un rôle de catalyseur majeur pour l’économie locale, a-t-il martelé.

Le Malawi attend les résultats de la onzième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui aura lieu à Buenos Aires en décembre, et espère qu’elle se penchera sur les questions systémiques de longue date.  Il reconnaît que chaque pays a la responsabilité première de son développement, néanmoins, en vue d’atteindre les objectifs de développement durable et pour parvenir à la soutenabilité de la dette extérieure, les pays en développement doivent être soutenus par des programmes mondiaux.  Le représentant a également soulevé les questions de l’inclusion financière et des flux illicites de capitaux, appelant la communauté internationale à tenir compte du contexte national des États.  Il a aussi fait valoir que les partenariats restent la pierre angulaire du Programme 2030.

M. ERIC Y TIARE (Burkina Faso) a fait part des résultats macroéconomiques appréciables de son pays au cours des 10 dernières années, ce qui se traduit par un taux de croissance annuel moyen de 5%, un taux d’inflation relativement faible, un déficit commercial en amélioration et un taux d’endettement soutenable.  Toutefois, ces résultats n’ont pas permis d’améliorer considérablement certains indicateurs sociaux et de bien-être des populations, a expliqué le représentant, qui a rappelé que le taux de pauvreté se situait toujours à 40,1%, avec des taux de chômage des jeunes et de sous-emploi qui restent importants.  Pour y répondre et pour maintenir un budget viable, le gouvernement a adopté le plan national de développement économique et social, en vue de « transformer structurellement l’économie pour une croissance forte, résiliente, inclusive et créatrice d’emplois décents pour tous ».  Le délégué a précisé que près de 55% des ressources du pays sont consacrées aux investissements structurants dans les secteurs productifs et sociaux.

S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de sa mise en œuvre, le représentant a estimé que la communauté internationale et les États disposaient de plusieurs leviers, dont le développement du commerce international, la lutte contre les flux financiers illicites et la viabilité de la dette extérieure.  Il a invité les pays développés à lever les barrières non tarifaires au commerce, notamment pour les produits en provenance de pays en développement, et à éviter le protectionnisme sous toutes ses formes.  Il leur a aussi demandé de renoncer à prendre des mesures qui soient contraires aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Face au peu de progrès des négociations du Cycle de Doha, la délégation lance un appel pour des consultations franches et fructueuses dans le but de rendre le commerce international plus juste, équitable et profitable pour tous.  Le représentant a également recommandé de mettre l’accent sur la coopération internationale et en particulier la coopération Sud-Sud pour venir à bout des flux financiers illicites et de la fraude fiscale.  Selon un rapport du Groupe de haut niveau de l’Union africaine, l’Afrique perd plus de 50 milliards de dollars par an sous forme de flux illicites de capitaux, a-t-il rappelé avant d’exiger une action collective en faveur de la transparence.

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a déclaré que son pays avait choisi la voie de l’ouverture de son commerce au monde.  Il a noté que les politiques nationales commerciales doivent être accompagnées par un environnement international favorable, la Deuxième Commission pouvant jouer un rôle crucial à cet effet.  Le commerce est un moyen clef pour parvenir à des changements structurels et à une croissance économique durable, à condition, a-t-il souligné, que le système commercial multilatéral soit basé sur des règles. 

Le représentant a également appelé à renforcer les efforts de lutte contre les flux financiers illicites, insistant sur la nécessité d’agir en commun pour les pays d’origine, de transit et de destination desdits fonds.  À cet égard, la coopération internationale en matière fiscale apparaît cruciale pour parvenir au développement.  Enfin, le Brésil est d’avis que le développement durable ne peut se faire sans une réforme de la gouvernance économique mondiale, car il faut donner voix au chapitre aux pays en développement.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a constaté que les perspectives économiques mondiales continuent à être incertaines et que le monde ne s’est pas encore relevé de la récession, ce qui se traduit par la diminution de l’aide publique au développement (APD) et la volatilité des prix des matières premières et des produits de base, une réalité qui affecte directement les pays en développement.  La part des pays les moins avancés (PMA) dans les exportations mondiales de biens reste négligeable, ce qui est aggravé par un faible accès préférentiel aux marchés, a poursuivi le représentant qui a mis l’accent sur la situation particulièrement difficile pour les petits États insulaires en développement (PIED) et les pays sans littoral.

Le commerce est un facteur clé pour permettre à ces pays de se développer, ce qui exige, selon lui, une conclusion rapide du cycle de négociations de Doha dans la mesure où cela contribuera positivement à la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Népal est en faveur d’un système commercial multilatéral règlementé, non discriminatoire, ouvert et transparent, avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en son centre et complémenté par des arrangements régionaux et sous-régionaux.

Rendre le système financier international inclusif en garantissant une meilleure participation des pays en développement est une autre priorité pour sa délégation.  Le manque de financement pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable représente un problème majeur et exige des moyens novateurs pour la levée des fonds nécessaires en vue d’encourager les flux d’investissements et les transferts de technologie, a également souligné le représentant.

M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) a rappelé que pour de nombreux pays les moins avancés (PMA), les produits de base demeurent un secteur crucial pour réduire la pauvreté, créer des emplois et générer des revenus grâce aux exportations.  Malheureusement, les pays dépendant des produits de base, y compris l’Éthiopie, ont souffert de la baisse de leur prix.

Le représentant a fait valoir que l’Éthiopie avait mis en place une stratégie nationale d’inclusion financière, en vue notamment de promouvoir l’essor économique des femmes.  Mais, a-t-il déploré, les flux financiers illicites représentent l’un des obstacles principaux à la mobilisation des fonds en faveur des politiques d’inclusion.  Il a rappelé que l’Afrique perd ainsi des milliards de dollars qui auraient pu servir dans des projets de lutte contre la pauvreté.  L’Éthiopie a mis sur pied des cadres légaux et institutionnels afin de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  La lutte contre les flux financiers illicites nécessite cependant des mesures nationales et une coopération internationale renforcée, a-t-il prévenu.

M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE (Nigéria) a expliqué que son pays cherchait à passer d’une économie basée sur le pétrole à une économie multisectorielle, ayant mis en place de nombreuses politiques pour attirer les investissements nationaux et internationaux dans les secteurs économiques prioritaires.  Il a saisi cette occasion pour souligner l’importance capitale de l’aide publique au développement (APD) pour la réalisation des objectifs de développement durable et a fait part de ses préoccupations face à sa baisse constante : l’APD est bien en deçà du seuil des 0,7% du revenu national brut fixé par les Nations Unies.

En tant que membre fondateur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Nigéria réaffirme son attachement au système commercial multilatéral et souhaite que les autres pays garantissent un accès aux biens en provenance du pays, ce qui suppose un système commercial juste, équitable, non discriminatoire et ouvert.  Il s’engage à travailler avec la CNUCED et l’OMC pour parvenir à une croissance économique qui bénéficie à tout le monde.  Sur la base des expériences d’autres pays, le Nigéria est résolument engagé en faveur de l’industrialisation par le biais de son plan de développement et de croissance (ERGP) et par la diversification.  Le Nigéria mise sur des secteurs, comme l’agroalimentaire, qui présentent un avantage comparatif, tout en recherchant à développer des secteurs qui favorisent la création d’emplois, a encore expliqué son représentant.

Soulignant l’importance des flux d’investissements privés pour réaliser les objectifs de développement durable, le représentant s’est dit en faveur d’un système financier international transparent et sain qui prenne en compte les besoins des pays en développement.  Il reste engagé en faveur du rapatriement des fonds illicites vers les pays d’origine et encourage les États Membres à mettre en œuvre la résolution sur la promotion de la coopération internationale dans ce domaine pour que les capitaux détournés puissent être alloués au développement durable.  Enfin, la délégation a voulu voir renforcer le processus de suivi du financement du développement, en encourageant le secteur privé à s’y associer.

M. VUSUMUZI NTONGA (Zimbabwe) a plaidé pour un système commercial multilatéral qui promeuve le développement humain et l’éradication de la pauvreté.  En ce qui concerne le système financier international, il ne fait pas le moindre doute qu’il doit être réformé afin de servir les objectifs de développement durable, a-t-il aussi avancé.  Il a expliqué que les pays qui ont les dettes les plus lourdes font face à des contraintes socioéconomiques qui sapent leur essor.  Le Zimbabwe souligne donc le besoin d’un mécanisme de restructuration de la dette souveraine.  

En outre, le représentant a souligné que les flux financiers illicites réduisent l’assiette fiscale des pays en développement, si l’on considère que les fonds perdus auraient pu servir au développement.  Il a enfin insisté sur le besoin d’un environnement macroéconomique favorable au développement durable. 

Mme  HAMDOUNI (Maroc) a réitéré la nécessité de préserver la composante du développement dans le cadre du Cycle de négociations commerciales de Doha.  Elle a souhaité que les États Membres adoptent une approche de compromis pour surmonter, durant la onzième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le blocage que connaît la mise en œuvre du mandat du Programme de Doha pour le développement.  Il a précisé que le Maroc avait adopté des politiques et des réformes macroéconomiques rigoureuses pour répondre à plusieurs enjeux liés aux processus de mondialisation financière et à une ouverture commerciale plus grande de l’économie.  Dans cet esprit, le royaume a élaboré une stratégie de développement du commerce extérieur pour la période 2016-2020, qui fait suite au plan d’urgence lancé pour la période 2014-2016 et qui prend en considération les changements géostratégiques au niveau mondial et le changement de positionnement des nations sur l’échiquier international.

Par ailleurs, le Maroc a présenté devant le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, en 2016, son rapport d’examen national volontaire relatif à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est déclaré en faveur du renforcement des mesures engagées dans la lutte contre le blanchiment des capitaux en souhaitant une combinaison des efforts internationaux pour prévenir l’utilisation abusive du système financier conformément à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption ainsi qu’aux normes du Groupe d’action financière (GAFI).

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a exposé certains problèmes macroéconomiques rencontrés par son pays qui sont liés à la faiblesse des exportations et à la baisse des prix des produits de base.  Ces problèmes se sont traduits par des déficits fiscal et budgétaire importants et une baisse des réserves en devises.  Cela n’a pas empêché l’économie kényane d’enregistrer un taux de croissance de 5,9% en 2016 par rapport à un taux moyen de croissance en Afrique subsaharienne de 1,7%  pour la même année.  Grâce à la diversification de son économie, le Kenya n’a pas été trop affecté par la baisse du prix du pétrole, a expliqué le représentant qui a également affirmé que sa dette extérieure était soutenable et que l’augmentation récente de l’endettement était directement imputable aux investissements faits dans des infrastructures pour le développement.

Rappelant que le Kenya était un pays agricole avec un avantage comparatif dans la production d’autres produits de base, le délégué a néanmoins indiqué qu’il faisait face à certains défis comme la volatilité des prix, une compétition rude, ainsi que la baisse de la demande des marchés traditionnels.  Pour y répondre, le gouvernement a lancé des réformes et a mis en place des parcs industriels et technologiques pour catalyser l’innovation et produire de la valeur ajoutée.  En vue d’attirer des investissements, le Kenya a également adopté des réformes dans la règlementation des entreprises.  Ainsi en 2015, les investissements étrangers directs avaient augmenté de 52%, a-t-il annoncé en espérant que c’était un bon signe pour l’avenir de l’économie kényane.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a commenté le rapport du Secrétaire général sur le commerce international en déplorant qu’il ne contienne pas de données sur les effets de la libéralisation du commerce sur le marché de l’emploi des pays en développement, en particulier ceux dont les secteurs industriels et manufacturiers sont à peine émergents.  L’Algérie a ensuite invité le Secrétaire général à fournir des informations sur le meilleur moyen d’allouer des ressources provenant du commerce à l’investissement ou de dire comment le commerce pourrait être utile à l’investissement.

Après avoir salué le Programme d’action d’Addis-Abeba, comme une « réalisation majeure », le représentant a encouragé à se laisser guider par un esprit de solidarité et d’attachement aux engagements pris, tout en étant novateur pour répondre aux attentes de « tous ceux qui nous regardent à l’extérieur de cette salle ».  Être novateur signifie qu’il faut faire un grand saut qualitatif en termes de financements nouveaux et prévisibles, a-t-il relevé en invitant à saisir toutes les opportunités.  M. Remaoun a enfin vu dans la Facilité internationale de financement pour la vaccination un modèle susceptible d’être imité dans le domaine du développement.

Pour Mme ZAHIR (Maldives), les institutions financières internationales doivent aligner leurs politiques, en particulier celle de l’emprunt, sur les efforts menés en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans le cas des Maldives, les investissements dans les infrastructures sont essentiels pour pouvoir atteindre ces objectifs, notamment en ce qui concerne les hôpitaux, les routes, les ports, les aéroports et le logement.  Cependant le secteur financier étroit des Maldives ne permet pas de dégager les ressources nécessaires à ce type d’investissements, ce qui fait que la seule option reste de passer par les financements extérieurs.  La représentante a d’ailleurs regretté que les institutions financières internationales ne financent pas certains de ces investissements, notamment pour les logements.

En ce qui concerne les agences de développement des Nations Unies, elle leur a demandé de créer un environnement propice où les pays à revenu intermédiaire puissent avoir accès aux sources de financement pour leur développement.  Elle a rappelé que, pour la première fois de son histoire, les Maldives avaient dû se tourner vers les marchés financiers internationaux pour financer des investissements critiques dans le secteur de la santé, un financement qui revient très cher au pays. 

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA  (Cabo Verde) a expliqué que la mobilisation des fonds pour le développement durable devrait tenir compte de tous les instruments et modalités disponibles, y compris les nouvelles possibilités venant, par exemple,  du financement par la diaspora et des mécanismes d’échanges de dettes.  Il a indiqué que les petits États insulaires en développement (PIED) sont confrontés à la baisse des financements qui leur sont octroyés.  De plus, la petite taille de leurs marchés intérieurs n’attire pas les investissements étrangers, tandis que le poids de leurs dettes fait de ces pays un cas particulier dans l’environnement du développement.

Pour le cas de pays à revenu intermédiaire, notamment ceux appartenant à la catégorie des PEID, le représentant a estimé que le revenu national brut n’était pas le meilleur baromètre de mesure de leur développement.  En effet, ce critère ne tient pas compte de leurs vulnérabilités environnementales, de leur faible capacité de mobilisation des fonds et du peu d’attraction qu’ils ont sur les capitaux étrangers.  Il a appelé la communauté internationale à établir des mécanismes de soutien à ces pays, tout en souhaitant que la réforme du système de développement des Nations Unies tienne compte des différentes contraintes rencontrées par ces pays.

M. AYEDON DONKO (Togo) a fait observer que la problématique du financement du développement est le grand défi auquel se trouve confrontée la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, défi auquel répond justement le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a encouragé la mise en œuvre de ce cadre consensuel de financement qui met en adéquation les flux financiers avec les objectifs publics et qui réaffirme les engagements en termes d’aide publique au développement, notamment en faveur des pays les moins avancés.  Il s’est entre autres réjoui que le Programme d’action d’Addis-Abeba prenne en compte toutes les sources de financement: publiques, privées, nationales et internationales.

Tout comme le Consensus de Monterrey issu de la Conférence internationale sur le financement du développement, le Programme d’action d’Addis-Abeba repose sur le constat que le financement n’est pas qu’une question de flux financiers car il s’appuie également sur des politiques publiques qui visent à instaurer un environnement plus favorable à l’échelle nationale et internationale.  En termes de financement du développement dans le contexte des objectifs de développement durable, le Togo a mis l’accent sur les réformes institutionnelles en vue de promouvoir la bonne gouvernance et de mobiliser davantage de ressources.  Il a notamment mis en place, en décembre 2012, l’Office togolais des recettes, qui regroupe en une seule entité les services de douanes et des impôts, soumis à un contrat de performance.  La mobilisation de la diaspora et d’autres financements innovants constituent également un axe important de la stratégie du gouvernement.

Mgr. BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a relevé avec inquiétude que le rapport du Secrétaire général sur le commerce international fait état d’un déclin continu du commerce international en 2015 et 2016.  Ce rapport recommande, en guise de solution, non pas « moins de commerce » mais « un meilleur commerce » guidé par les principes d’inclusion et d’équité, dans le sens de l’appel du pape François qui plaide pour des économies inclusives axées sur le bien commun.  Le nonce a attiré l’attention, à cet égard, sur l’objectif 17 du Programme de développement durable à l'horizon 2030, qui recommande l’intégration des pays les plus pauvres dans l’économie mondiale en doublant la part des exportations de pays les moins avancés d’ici à 2020.

M. KULESHOV, Fonds commun pour les produits de base – CFC, a expliqué que ce Fonds était au service des pays en développement qui dépendent fortement des produits de base, notamment pour leur participation au système économique mondial.  Il fournit notamment un financement pour les investissements qui auront un impact élevé en termes de développement.  Le Fonds investit pour trouver des solutions à des vulnérabilités spécifiques découlant de la dépendance des produits de base et pour réduire l’impact de la volatilité des prix de ces produits notamment. 

Le représentant a rappelé que les nouvelles règlementations européennes pour le marché des produits de base devraient entrer en vigueur en janvier 2018.  Le CFC espère que cela contribuera à la transparence et à l’efficacité des prix de ces produits, ce qui devrait rendre plus attirant les pays à forte dépendance de produits de base pour les investisseurs, a-t-il encore expliqué.  En effet, en limitant la volatilité des prix, les investissements dans ces pays devraient être encouragés, a-t-il précisé.  De plus, cela devrait contribuer à jeter des bases pour des partenariats publics-privés.

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