Première Commission: la menace des armes légères mobilise les délégations
La quatrième journée de débat général de la Première Commission a été l’occasion pour de nombreuses délégations, notamment d’Asie et d’Afrique, de mettre l’emphase sur un problème qui les concerne au premier chef: les armes classiques.
Selon la représentante de l’Érythrée, la plupart des périls auxquels le monde fait face sont liés, directement ou indirectement, à l’accès aux armes légères et de petit calibre (ALPC) et à leurs munitions, des armes qui, a-t-elle souligné, frappent d’autant plus violemment les populations des pays en développement, notamment ceux où les dispositifs efficaces de contrôle sont faibles ou inexistants.
Renchérissant, son homologue de la République dominicaine a averti que leur prolifération intensifie la délinquance organisée et sape l’économie des pays, sans oublier, a souligné le représentant du Kenya, le déplacement de millions de personnes et l’alimentation du terrorisme et de la piraterie.
Face à l’ampleur du fléau, le représentant de l’Algérie a appelé à ne pas négliger l’importance fondamentale du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Le représentant de la Hongrie a toutefois regretté que le Traité sur le commerce des armes, qui réglemente le commerce international des armes classiques, exclue encore certains États producteurs, et peine donc à devenir la pierre angulaire de la régulation internationale du commerce des armes.
À ce problème, s’ajoute celui des mines antipersonnel, des armes à sous-munitions et autres engins non explosés, reliquats de conflits armés antérieurs.
Le représentant de la République démocratique populaire lao a ainsi témoigné que les armes à sous-munitions avaient non seulement provoqué d’immenses souffrances dans son pays en neuf années de guerre, mais que les munitions de ce type continuaient de tuer et de mutiler des individus et de peser sur le développement national, déplorant par ailleurs la longueur et la complexité du processus d’élimination des engins non explosés.
Il a été secondé par la représentante de l’Érythrée qui a rappelé que son pays continuait, lui aussi, de faire face à la présence d’engins non explosés, héritage, lui aussi, de plusieurs décennies de guerre. À l’instar du représentant de la Slovaquie, elle a insisté sur la pleine mise en œuvre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel qui fête son vingtième anniversaire. Pour sa part, l’Algérie s’est félicitée d’avoir détruit, depuis son adhésion à cette Convention, l’intégralité de son stock de mines et achevé ses opérations de « nettoyage » en débarrassant le sol de 8,8 millions de dispositifs explosifs.
Tout comme les jours précédents, la question du désarmement nucléaire s’est, elle aussi, imposée au cours du débat d’aujourd’hui, les essais nucléaires effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ayant été, une fois de plus, vivement condamnés par une majorité de délégations. À l’instar de la Mongolie, de nombreux représentants ont appelé à trouver une issue négociée à la crise pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. « Il n’y a pas de gagnant dans une confrontation nucléaire », a notamment averti le délégué du Kenya.
Plusieurs appels ont également été lancés en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), et de la tenue de négociations sur la création d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes. Le nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires a également été commenté.
La représentante de la Suisse a par ailleurs jugé urgent de se préoccuper des avancées en matière d’intelligence artificielle, d’impression 3D et de nanotechnologies, et des nouveaux défis que ces technologies posent pour le désarmement.
Le développement des systèmes d’armes létales autonomes ouvre des perspectives totalement nouvelles qui posent des questions éthiques, de régulation et de droit international, a notamment commenté le représentant de la Finlande.
Au cours de cette séance, la Première Commission a par ailleurs adopté un projet de décision*, présenté par le Brésil, aux termes duquel elle a décidé d’inviter le Secrétaire général de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et aux Caraïbes (OPANAL) à participer à la discussion thématique du 11 octobre 2017. Cet échange de haut niveau sera consacré à la situation actuelle dans le domaine du contrôle des armes et du désarmement et au rôle des organisations internationales en la matière.
La Première Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 6 octobre, à partir de 10 heures.
* À paraître sous la cote A/C.1/72/CRP.4.
POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Suite du débat général
M. JEROEN COOREMAN (Belgique) a condamné sans équivoque les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et a appelé les autorités de ce pays à changer de comportement sans délai en respectant « enfin » les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Chaque nouvel essai nord-coréen rappelle l’importance cruciale que revêt l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il ajouté. Il a expliqué qu’en tant que coprésident du Processus de l’Article XIV, la Belgique et l’Iraq mèneront plusieurs activités de promotion de l’adhésion au Traité et de facilitation de son entrée en vigueur. Le représentant a indiqué que le rythme actuel du désarment nucléaire était insatisfaisant, le dernier accord sur le contrôle des armes ayant été signé en 2010. Les arsenaux nucléaires sont modernisés, a-t-il encore constaté, avant d’exhorter les États dotés d’armes nucléaires à prendre des mesures additionnelles pour accélérer la mise en œuvre de l’article du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) portant sur l’élimination de ces armes. Il a également rappelé que la Belgique appuyait les résolutions de l’ONU cherchant à réduire la survenue d’attaques accidentelles ou non autorisées. Selon lui, tous les États Membres partagent une même responsabilité, à savoir créer un environnement sécuritaire adapté à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires et développer une confiance mutuelle durable.
M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) s’est dit convaincu que seul un monde sans armes nucléaires pourrait garantir à l’humanité un avenir sûr, de paix et propice au développement durable. Il a souligné que le statut d’État exempt d’armes nucléaires de la Mongolie est conforme à la lettre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et aux engagements pris pour interdire l’installation ou le déploiement d’armes nucléaires sur le territoire d’États parties. Le représentant a assuré la Première Commission que les autorités de son pays poursuivraient leurs efforts en faveur de l’avènement d’un monde plus pacifique et prospère. Commentant les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a réaffirmé l’attachement de son pays à une issue négociée à la crise, une étape indispensable, selon lui, à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Le représentant a rappelé que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) était indispensable pour apaiser les tensions, cet instrument représentant l’unique assurance juridiquement contraignante contre la reprise des essais. Il a estimé crucial que l’opérationnalisation du système de surveillance international établi par le TICE soit renforcée et améliorée jusqu’à l’entrée en vigueur effective du Traité.
M. GYÖRGY MOLNAR (Hongrie) a estimé que les essais nucléaires et balistiques dans la péninsule coréenne et l’usage d’armes chimiques en Syrie rappelaient l’importance de renforcer les instruments internationaux existants et d’en développer de nouveaux. Se disant satisfait des travaux du Comité préparatoire à la Conférence des parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération de 2020, le représentant a appelé à réaliser des avancées sur la base d’un processus graduel et inclusif, avec des étapes concrètes et pratiques engageant les États détenteurs. « Il n’y a pas de voie rapide dans ce domaine, seule une approche progressive peut produire des résultats tangibles », a-t-il insisté.
Après avoir déploré que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur, 20 ans après son adoption, le représentant a appelé à lancer des négociations sur la création d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes. Il s’est félicité de l’atmosphère constructive dans laquelle s’est réunie le premier Groupe d’experts, souhaitant toutefois que les États dotés et non dotés travaillent ensemble pour renforcer le régime de contrôle et de vérification.
M. Molnar a ensuite salué le processus d’universalisation rapide du Traité sur le commerce des armes, tout en constatant que le processus exclut encore certains États producteurs, ce qui empêche, a-t-il regretté, le Traité de devenir une véritable pierre angulaire de la régulation internationale du commerce des armes.
Il a par ailleurs indiqué que son pays avait préparé un projet de résolution réitérant le soutien des États Membres à la Convention d’interdiction des armes biologiques, « pilier fondamental des efforts de la communauté internationale pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive ».
M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a souligné que les efforts de désarmement, y compris nucléaire, ne devaient pas affaiblir le droit inaliénable des pays en développement à la recherche scientifique ainsi qu’à la production et aux usages de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il a souligné à ce propos le rôle important joué par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans la mise en œuvre des mesures de vérification de la nature des activités nucléaires des pays et dans l’encadrement des applications de l’utilisation à des fins de développement des technologies nucléaires. Le représentant a également appelé la communauté internationale à renforcer les mesures de prévention d’acquisition d’armes de destruction massive par des entités terroristes. Concernant les armes classiques, il a considéré qu’au vu de la dégradation de la situation sécuritaire dans nombre de sous-régions, l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes était une avancée décisive. Enfin, il a souligné que le désarmement et le développement étaient liés et que la réalisation de leurs objectifs se renforçait mutuellement.
Mme ELSA HAILE (Érythrée) a affirmé que la plupart des périls auxquels le monde fait face sont liés, directement ou indirectement, à l’accès de plus en plus répandu aux armes légères et de petit calibre (ALPC) et à leurs munitions. Elle a souligné que ces armes frappaient d’autant plus violemment les populations des pays en développement, notamment ceux où les dispositifs efficaces de contrôle sont faibles ou inexistants. Elle s’est dite préoccupée par le fait que de plus en plus de groupes terroristes et de réseaux criminels tirent profit de ces vides sécuritaires, et a appelé dans ce contexte à la prise de mesures vigoureuses pour assurer la stabilité des pays les plus affectés. Nos actions à cette fin doivent être guidées par le respect des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance politique ainsi que celui du droit à l’autodéfense, a indiqué Mme Haile.
La représentante a ensuite expliqué que son pays continuait de faire face à la présence, sur son territoire, d’engins non explosés et de restes explosifs de guerre, héritage, a-t-elle expliqué, de plusieurs décennies de guerre en Érythrée. Soulignant que son pays était sorti de près de 30 ans de guerre d’indépendance, elle a insisté sur l’attachement de l’Érythrée à la pleine mise en œuvre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel. Poursuivant son intervention, Mme Haile a affirmé que la prolifération et le mésusage des armes légères et de petit calibre (ALPC) étaient des phénomènes complexes et multidimensionnels nécessitant des solutions régionales et internationales. C’est pourquoi, a-t-elle dit, nous honorons nos engagements au titre de la Déclaration de Nairobi de 2000 et du Protocole de Nairobi de 2004, ces instruments étant les moteurs de la mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU sur les armes légères.
M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a attiré l’attention sur les dangers causés par les armes à sous munitions, dont l’usage a des effets discriminants à long terme et sape de ce fait le développement socioéconomique des peuples. Il a souligné que les armes à sous-munitions avaient provoqué d’immenses souffrances au sein de la population de son pays pendant quelque neuf années de guerre, et que les munitions de ce type continuaient de tuer et mutiler des individus et de peser sur le développement national. Le représentant a indiqué que le processus d’élimination des engins non explosés était douloureux, complexe et long. Des ressources considérables sont nécessaires et c’est grâce pour partie à l’aide internationale que nous pouvons mener à bien notre stratégie nationale d’élimination de ces explosifs, a-t-il expliqué, ajoutant que cette stratégie était une contribution majeure à la réalisation des objectifs de développement durable. Le représentant a en outre salué les avancées obtenues lors de la dernière réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, qui s’est tenue en septembre 2017 à Genève. Cet instrument doit rapidement devenir universel pour être efficacement appliqué au profit des populations et du développement, a-t-il souligné.
Mme SABRINA DALLAFIOR (Suisse) a appelé la communauté internationale à agir de concert face aux agissements de la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Elle a toutefois rappelé que les défis liés à l’arme nucléaire ne se limitent pas à la seule question nord-coréenne, indiquant qu’elle était préoccupée par l’évolution de la situation sécuritaire entre des États et alliances qui possèdent ce type d’armes. Elle s’est aussi inquiétée des tensions caractérisant des régimes aussi importants que le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Mme Dallafior a aussi affirmé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires aurait pu être plus abouti si la participation des États Membres avait été plus importante, mettant notamment en garde contre certaines dispositions de cet instrument, qui pourraient affecter de manière négative des processus et normes de désarmement et de non-prolifération déjà existants. « Leur vérifiabilité pose aussi question », a-t-elle ajouté en précisant que la Suisse va réaliser une évaluation approfondie de cet instrument.
La représentante a ensuite condamné l’usage d’armes chimiques, notamment lors de l’attaque de Khan Cheikhoun, en avril dernier, et a souhaité que le Conseil de sécurité en réfère à la Cour pénale internationale. Concernant les armes classiques, Mme Dallafior a demandé que la thématique soit inscrite dans les travaux de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination (CCAC), afin qu’elle soit traitée de manière plus inclusive. Elle a également regretté que le Groupe d’experts gouvernementaux établi par cette convention n’ait pas pu tenir sa première session cette année à cause d’arriérés de paiement. Pour la Suisse, il est également urgent de se préoccuper des avancées en matière d’intelligence artificielle, d’impression 3D et de nanotechnologies, car elles posent de nouvelles questions à la communauté du désarmement.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a appelé tous les pays dotés de l’arme atomique à remplir leurs obligations envers le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en désarmant effectivement et en démontrant leur volonté politique par des propositions concrètes lors de la Conférence des Parties chargée de l’examen du TNP de 2020. Rappelant que son pays continue de souffrir des conséquences des essais nucléaires menés sur son territoire dans les années 60, le représentant a estimé que la seule garantie contre l’usage de ces armes demeure leur éradication complète. C’est pourquoi, l’Algérie a signé le 20 septembre dernier le Traité d’interdiction des armes nucléaires et exhorte tous les États à le faire, a-t-il indiqué. Il a par ailleurs demandé aux États cités dans l’annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) de ratifier ledit traité pour permettre son entrée en vigueur. S’il s’est félicité du Traité de Pelindaba qui institue une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, le représentant a en revanche regretté que la région du Moyen Orient n’arrive pas à concrétiser ce même objectif.
M. Bessedik a ensuite déploré que le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) « continue de menacer la paix et la stabilité de plusieurs régions, notamment en Afrique du Nord et au Sahel ». Soulignant que ce commerce est une source de revenus pour les organisations terroristes, il a mis l’emphase sur l’importance fondamentale du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Il a par ailleurs indiqué que depuis son adhésion à la Convention pour la prohibition des mines antipersonnel, l’Algérie a détruit l’intégralité de son stock d’explosifs de ce type et achevé ses opérations de déminage en débarrassant le sol de 8,8 millions de mines antipersonnel. Attachée aux mécanismes multilatéraux du désarmement, l’Algérie estime par ailleurs que c’est le manque de volonté politique qui est responsable du blocage de la Conférence du désarmement, seul organe de négociations multilatérales sur ce sujet.
M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a souligné que la prolifération d’armes légères et de petit calibre (ALPC) intensifiait la délinquance organisée, sapait l’économie des pays de la région et menaçait la paix et la coexistence sociale. Il a expliqué que son pays travaille d’arrache-pied au contrôle accru des achats d’armes par le biais de l’octroi très encadré de port d’armes. Le représentant a considéré que, dans le contexte actuel, le Traité sur le commerce des armes représentait une opportunité unique d’uniformiser et renforcer les législations nationales et régionales pertinentes.
Le représentant a d’autre part déclaré que la candidature de son pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2019-2020 était appuyée par le Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, à travers lequel « nous souhaitons échanger avec les États Membres sur le lien entre climat et paix et sécurité internationales ». En effet, a-t-il dit, nombre de conflits découlent des activités humains les plus délétères pour l’environnement. Évoquant l’actualité récente, il a souligné que les petits États insulaires en développement avaient subi de plein fouet le passage de cinq ouragans pendant le seul mois de septembre, ces évènements climatiques extrêmes qui ont laissé dans leur sillage « morts, pillages et infrastructures détruites ». « Nous devons entendre ces signaux envoyés par la nature pour mieux répondre aux défis de demain dans les domaines liés à l’environnement et à la paix et la sécurité internationales », a-t-il insisté.
M. ILKKA RENTOLA (Finlande) a condamné les actions « irresponsables et dangereuses » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), des agissements qui, selon lui, mettent en lumière l’importance du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et de ses mécanismes de suivi et de vérification. Rappelant ensuite que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, il a appelé tous les États dotés à mener des actions concrètes en faveur de leur désarmement. Le représentant s’est notamment inquiété de la présence de milliers d’armes nucléaires tactiques en Europe, notant que celles-ci n’étaient soumises à aucun régime juridique contraignant de vérification ou de contrôle. Dans ce contexte, il a appelé à une claire distinction, dans les doctrines et exercices militaires, entre les armes classiques et les engins nucléaires, insistant sur l’importance de mettre en place des mesures de confiance.
Il a aussi averti que la possibilité pour des acteurs non étatiques ou des groupes terroristes d’accéder à des armes nucléaires, chimiques, biologiques ou radiologiques constitue une vraie menace pour les sociétés, réclamant la pleine mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité. Revenant sur les conclusions de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques qui a établi que « la République arabe syrienne et Daech ont utilisé des armes chimiques en Syrie », il a appelé le Gouvernement syrien à étendre sa coopération avec l’organisation afin de résoudre toutes les questions en suspens et procéder à la destruction totale et irréversible de son programme chimique. Il a également appelé la RPDC, l’Égypte, Israël et le Soudan du Sud à adhérer à la Convention d’interdiction des armes chimiques dans les plus brefs délais.
Le représentant a par ailleurs constaté que si les sciences, les technologies, l’Internet, les réseaux sociaux, l’espace, les cybertechnologies et l’intelligence artificielle avaient un impact positif partout, ils pouvaient aussi représenter une menace pour la sécurité internationale. Il a cité en particulier le développement des systèmes d’armes létales autonomes qui « ouvrent des perspectives totalement nouvelles ». « Cela pose des questions éthiques, de régulation et de droit international », a-t-il insisté.
M. KAROL MISTRIK (Slovaquie) a fait état d’une détérioration sensible de la situation internationale, citant les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, l’utilisation des armes chimiques, mais aussi l’insuffisance des instruments internationaux pour lutter contre ces fléaux. Il a souligné que les traités de désarmement nucléaire et de non-prolifération sont au cœur de tous ces efforts et que tous les États parties doivent s’acquitter de leurs obligations. Si, selon lui, la seule façon d’arriver à un monde sans armes nucléaires reste le désarmement complet, il a considéré qu’il fallait prendre en compte le contexte international. À cet égard, il a estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ne permettra pas d’arriver à un monde exempt d’armes nucléaires, « puisque les pays dotés n’y participent pas ». Il a ensuite appelé les pays cités en annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) de le ratifier et qualifié d’indispensable la Conférence du désarmement « en dépit de l’impasse où elle se trouve depuis 20 ans ».
Poursuivant, il a indiqué que la Slovaquie appuie les efforts de la communauté internationale pour éviter que les terroristes n’entrent en possession d’armes de destruction massive. Le représentant de la Slovaquie a d’ailleurs souligné que son pays était disposé à apporter son aide et son expertise en matière de déminage. « Nous sommes prêts à ne ménager aucun effort pour détruire nos stocks d’armes à sous-munitions », a-t-il ajouté.
Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a accueilli avec satisfaction l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, regrettant toutefois que les pays dotés de ces armes aient marqué de leur absence les séances de négociation et d’adoption de ce texte. Elle a ensuite appelé toutes les parties impliquées dans l’actuelle crise nord-coréenne de revenir au dialogue pacifique et d’éviter la rhétorique guerrière. Il n’y a pas de gagnant dans une confrontation nucléaire, a-t-elle souligné. Reconnaissant l’importance de la Conférence du désarmement, elle s’est ensuite réjouie de l’adoption par consensus des recommandations sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques. Elle a vu dans cette décision « la preuve qu’avec suffisamment de volonté politique des progrès sont possibles en matière de désarmement ». Elle estime par ailleurs que tout effort de désarmement doit être accompagné de « reconstructions économiques, sociales et des structures politiques », mais aussi d’un transfert de l’argent économisé vers différents programmes d’aide.
Poursuivant, la représentante a souligné combien le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) menaçait la sécurité internationale, signalant que cette situation a non seulement conduit au déplacement de millions de personnes, mais aussi contribué à alimenter le terrorisme et la piraterie. Elle a exhorté les Nations Unies à faire davantage pour entraver cette prolifération, notamment au travers d’un meilleur partage d’informations et l’adoption de meilleurs outils. Parmi les mesures prises par le Kenya, elle a notamment cité le renforcement du cadre juridique pour mieux contrôler la circulation de ces armes.
Elle a finalement salué les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur les progrès de l’informatique et de la télématique et la question de la sécurité internationale. « Nous devons empêcher les terroristes et les criminels de s’approprier le cyberespace et l’utiliser pour planifier leurs attaques, recruter et radicaliser la jeunesse, et blanchir l’argent sale », a-t-elle affirmé.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté les condamnations « infondées » de plusieurs délégations. De nouveau, il a expliqué que les activités nucléaires conduites par son pays étaient indispensables au maintien de sa souveraineté et de la « défense de son existence ».
Le représentant de la Syrie a rappelé que son pays rejette par principe l’emploi « immoral et inacceptable de toute arme de destruction massive ». Par conséquent, nous nous acquittons de nos engagements en vertu de la Convention sur les armes chimiques (CIAC), a-t-il ajouté, assurant que la Syrie avait abandonné rapidement son programme d’armes chimiques, « ce qu’a d’ailleurs reconnu l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en 2016 ». La Belgique a proféré des allégations infondées et mensongères, a-t-il lancé, car ce pays agit en violation de ses engagements en tant que Partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). La Belgique fait proliférer des armes de destruction massive, des armes belges se trouvant dans tous les points chauds du globe, a accusé le représentant. Il a aussi affirmé que la Belgique était le premier pays européen à avoir exporté des technologies à des fins terroristes en Syrie.