La Cinquième Commission baisse le budget de l’ONU à 5,39 milliards de dollars et prend la décision « historique » d’annualiser la budgétisation à partir de 2020
Tard dans la nuit du 23 décembre, à l’aube de Noël, la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a achevé ses travaux, en recommandant un budget de 5,39 milliards de dollars pour le Secrétariat de l’ONU, en 2018-2019, au prix de nombreuses coupes budgétaires, dont une réduction notable de 8,2% des ressources allouées aux 34 missions politiques spéciales de l’Organisation. La réunion de clôture a aussi été marquée par l’adoption « historique » d’une résolution recommandant le passage d’un budget biennal à un budget annuel dès 2020, l’une des mesures phares de la réforme de la gestion des ressources proposée par le Secrétaire général.
C’est une somme de 5 milliards 396 907 300 dollars que le Secrétariat de l’ONU recevra pour 2018-2019, soit 8,1 millions de moins que l’enveloppe initialement demandée par le Secrétaire général, qui représentait déjà une baisse de 215,2 millions de dollars par rapport à l’exercice précédent. Saluant cette réduction de 5,3% par rapport à 2016-2017, les États-Unis ont vu là la preuve de de l’engagement de la Cinquième Commission à rechercher l’efficacité. « Avons-nous tué la vache ou la poule? » s’est interrogé le Groupe des États d’Afrique qui a répondu « la vache a survécu ». Le Groupe des 77 et la Chine, et l’Union européenne (UE) ont en effet estimé qu’en dépit des coupes budgétaires, la Commission a alloué un « niveau adéquat » de ressources aux différents mandats de l’ONU.
L’une des réductions budgétaires les plus notables concerne les 1 milliard 018 520 700 de dollars alloués aux 34 missions politiques spéciales de l’ONU, soit 106 millions ou 8,2% de moins que le montant proposé par M. António Guterres. Outre les missions politiques spéciales, le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda accuse une baisse. Sur les 215,4 millions de dollars demandés en 2018-2019, la Commission recommande un montant de 87,8 millions de dollars pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2018, une décision qui fait suite à la recommandation du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) de rejeter purement et simplement le projet de budget « de piètre qualité » présenté par M. Guterres, et d’attendre une version révisée.
La Commission a aussi adopté une résolution statuant sur certaines des mesures phares proposées par M. Guterres pour la réforme de la gestion des ressources de l’ONU. La Commission recommande ainsi à l’Assemblée d’approuver le remplacement des exercices budgétaires biennaux par des exercices annuels à partir de 2020 pour une période probatoire de deux ans, à l’issue desquels l’Assemblée demanderait au Secrétaire général de réaliser un examen des exercices annuels en 2022. L’Assemblée prendrait ensuite une décision définitive. Le Brésil a salué cette « adoption historique » d’un changement tout aussi important pour les États que pour le Secrétariat de l’ONU. Le Japon a dit compter que ce changement permettra une exécution plus efficace des mandats dans le strict respect de la discipline budgétaire.
En revanche, la Commission a rejeté pour l’instant la demande de M. Guterres de disposer de pouvoirs étendus afin de redistribuer, sans l’accord préalable des États, jusqu’à 20% des ressources dans chaque titre du budget et d’être autorisé à engager un montant plus important pour les dépenses imprévues et extraordinaires. La Commission a recommandé à l’Assemblée de maintenir les pouvoirs budgétaires aux niveaux actuels.
Sur les 15 projets de résolution et 2 projets de décision adoptés par la Cinquième Commission aujourd’hui, seul le texte relatif au financement du Bureau du Conseiller spécial sur la responsabilité de protéger à fait l’objet d’un vote. L’amendement oral proposé par Cuba a été rejeté par 71 voix contre, 17 pour et 39 abstentions.
ADOPTION DE PROJETS DE RÉSOLUTION
Budget-programme de l’exercice biennal 2016-2017
Aux termes du projet de résolution (A/C.5/72/L.11), la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’approuver le montant brut de 5 milliards 682 779 000 dollars, soit une augmentation de 62 millions 557 400 dollars par rapport au montant approuvé dans les résolutions 71/273 A et 71/272 A du 23 décembre 2016, et dans la résolution 71/272 B, du 6 avril 2017.
Gestion des ressources humaines
En adoptant sans vote le projet de résolution (A/C.5/72/L.10), la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’adopter une nouvelle disposition 13.13 (c) dans le Statut du personnel stipulant que l’âge obligatoire de départ à la retraite d’un membre du personnel âgé de 60 ou 62 ans avant le 31 décembre 2017 ou à cette date ne sera pas de 65 ans, même si le membre du personnel en question a été exceptionnellement prolongé au-delà de l’âge obligatoire de départ à la retraite de 60 ou 62 ans, après le 1er janvier 2018.
Régime commun des Nations Unies
Par le projet de résolution (A/C.5/72/L.9), adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’exprimer sa grave préoccupation face à la décision de certaines agences de l’ONU de ne pas mettre en œuvre celles de la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) sur les résultats des enquêtes sur le coût de la vie en 2016 et l’âge obligatoire de départ à la retraite. L’Assemblée devrait donc rappeler à ces agences que leur décision pourrait compromettre leur accès aux avantages du régime commun des Nations Unies, y compris leur participation au Fonds de pension. L’Assemblée devrait aussi demander à la CFPI de recommander des mesures appropriées contre ces agences et de lui faire rapport pas plus tard qu’en 2019.
Administration de la justice
Par le projet de résolution A/C.5/72/L.8, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’exhorter le Secrétariat à mieux sensibiliser le personnel au rôle et au fonctionnement des différentes instances du système d’administration de la justice de l’ONU. Si elle adoptait ce texte, l’Assemblée noterait avec préoccupation les observations du Conseil de justice interne liées à la protection des membres du personnel qui ont saisi les Tribunaux ou témoigner. En outre, l’Assemblée encouragerait le Bureau des services de l’ombudsman et de médiation à intensifier ses activités de sensibilisation en vue de promouvoir le règlement informel des contentieux.
L’Assemblée déciderait aussi de prolonger du 1er janvier au 31 décembre 2018 le régime de financement complémentaire volontaire du Bureau de l’aide juridique au personnel, sur une base expérimentale. Elle déciderait également d’approuver la reconduction des trois postes de juges ad litem au Tribunal du contentieux administratif, pour une période de 12 mois, allant du 1er janvier au 31 décembre 2018 et demanderait au Secrétaire général de justifier la future création de trois postes de juges permanents à temps complet au Tribunal du contentieux administratif, afin que les États Membres puissent statuer sur cette décision à la prochaine session.
Financement du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY)
Aux termes du projet de résolution A/C.5/72/L.7, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée d’approuver pour 2016-2017 un budget final de 105 millions 779 400 dollars, soit une augmentation de 7 millions 715 400 dollars par rapport au montant approuvé dans la résolution 71/268.
Financement du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux
Par le projet de résolution A/C.5/72/L.12, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’approuver un budget final pour 2016-2017 de 131 millions 966 100 dollars, soit une réduction de 3 millions 781 600 dollars par rapport au montant approuvé dans la résolution 71/269.
La Cinquième Commission recommande en outre à l’Assemblée d’autoriser le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant brut de 87 millions 796 600 dollars pour le fonctionnement du Mécanisme résiduel, du 1er janvier au 31 décembre 2018.
Financement de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)
Par le projet de résolution A/C.5/72/L.14, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’allouer à la MINUAD, pour la période allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, un budget de 910 millions 941 200 dollars, y compris le montant de 486 millions de dollars précédemment autorisé par la résolution 71/310, pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2017.
Financement de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH)
Par le projet de résolution A/C.5/72/L.13, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’allouer à la MINUJUSTH, pour la période allant du 16 octobre 2017 au 30 juin 2018, un budget de 88 millions 111 200 dollars, y compris l’autorisation de dépense préliminaire de 25 millions 000 000 dollars pour la période allant du 16 octobre au 31 décembre 2017, accordée par la résolution 64/269.
Projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019
La Cinquième Commission a adopté sans vote la décision A/C.5/72/L.15, contenant 9 décisions par lesquelles elle informe l’Assemblée générale des incidences budgétaires de 9 projets de résolution présentés par la Troisième Commission chargée des affaires sociales, humanitaires et culturelles, la Première Commission chargée de la sécurité internationale et du désarmement et la plénière.
Aussi, par la décision A/C.5/72/L.15 A, la Cinquième Commission informe-t-elle l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/C.3/72/L.21/Rev.1 sur les « droits de l’enfant », est de 664 800 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019.
Par la décision A/C.5/72/L.15 C, la Cinquième Commission informe l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/C.3/72/L.48 sur « la création d’un Bureau de l’Envoyé spécial pour le Myanmar » est de 853 800 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2018.
S’agissant de la décision A/C.5/72/L.15 D, la Cinquième Commission fait savoir à l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/C.3/72/L.50/Rev.1 sur le « Vingtième anniversaire de la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus et promotion de ce texte », est de 97 000 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019.
Par la décision A/C.5/72/L.15 I, la Cinquième Commission informe l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/C.3/72/L.49/Rev.1 sur les « effets du terrorisme sur la jouissance des droits de l’homme » est de 80 500 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019.
Par la décision A/C.5/72/L.15 B, la Cinquième Commission dit à l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/C.1/72/L.45/Rev.1 sur le « suivi de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire de 2013 », est de 236 200 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019.
Par la décision A/C.5/72/L.15 H, la Cinquième Commission informe l’Assemblée générale que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/C.1/72/L.54 sur l’adoption de « nouvelles mesures concrètes de prévention d’une course aux armements dans l’espace » est de 994 300 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019.
Par la décision A/C.5/72/L.15 E, la Cinquième Commission informe l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/72/L.9 sur les « modalités de la Conférence intergouvernementale chargée d’adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », est de 656 000 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019. La Conférence intergouvernementale devrait se tenir au Maroc, les 10 et 11 décembre 2018.
Par la décision A/C.5/72/L.15 F, la Cinquième Commission informe l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/72/L.7 sur « l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale », est de 2 millions 155 000 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019.
Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que les commentaires de sa délégation n’aient pas été pris en compte dans le texte final de cette décision. Même si la Fédération de Russie ne s’oppose pas à l’adoption de cette décision, elle se dissocie du consensus, a-t-il souligné.
Par la décision A/C.5/72/L.15 G, la Cinquième Commission informe l’Assemblée que l’incidence budgétaire du projet de résolution A/72/L.19 concernant l’« enquête sur les conditions et les circonstances de la mort tragique de Dag Hammarskjöld et des personnes qui l’accompagnaient », est de 321 600 dollars de crédits supplémentaires, imputables sur le fonds de réserve, pour l’exercice biennal 2018-2019.
La Cinquième Commission a adopté sans vote son projet de rapport (A/C.5/72/L.21), dont la première partie présente la ventilation par section budgétaire des 5 milliards 396 907 300 dollars de budget recommandés par la Commission pour l’exercice 2018-2019. La seconde partie du texte contient les recommandations relatives au projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019, à savoir les projets de résolution L.16, L.17, L.18, L.19 et L.20.
En adoptant sans vote le projet de résolution A/C.5/72/L.16 sur les « questions relatives au projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019 », la Cinquième Commission fait à l’Assemblée générale des recommandations sur les 34 des 36 sections du projet de budget 2018-2019.
Le représentant de la Syrie a déclaré que, si sa délégation s’est jointe au consensus, elle émet cependant des réserves quant à l’allocation de ressources financières au Mécanisme de surveillance des Nations Unies de l’aide humanitaire en République arabe syrienne. Le représentant a estimé qu’il aurait été préférable d’utiliser ces ressources pour accroître l’aide humanitaire à son pays, en coordination avec le Gouvernement syrien. Le Mécanisme de surveillance, a-t-il dit, est une violation flagrante de la souveraineté de la Syrie et une ingérence dans ses affaires intérieures.
La Cinquième Commission a adopté le projet de résolution A/C.5/72/L.17 portant sur les « missions politiques spéciales » et recommande à l’Assemblée générale d’allouer un budget de 1 milliard 018 520 700 dollars aux 34 missions. L’ensemble du texte a été adopté sans vote mais il a fallu recourir à un vote pour rejeter par 71 voix contre, 17 voix pour et 39 abstentions un amendement oral proposé par Cuba.
Sa représentante a en effet rappelé que, depuis 20 ans, son pays ne cesse d’arguer que les activités du Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger n’ont aucune base juridique, car ce dernier n’a aucun mandat. Après 20 ans, le Secrétariat de l’ONU n’a toujours pas prouvé la base juridique de ce concept. Par conséquent, l’allocation des ressources devrait être supprimée, jusqu’à ce que l’Assemblée générale se prononce sur le concept et sa mise en œuvre. La représentante a ainsi proposé un amendement au préambule du texte qui aurait stipulé que l’Assemblée générale n’a jamais adopté de résolution sur la responsabilité de protéger. Elle a aussi voulu que l’on supprime toute référence aux activités, fonctions et résultats attendus ainsi qu’aux progrès et autres informations relatives au Conseiller spécial. La représentante a également demandé au Secrétaire général de publier une correction à son rapport A/72/371/Add.1.
C’est son homologue de l’Union européenne qui a demandé un vote sur la proposition d’amendement.
Le représentant du Nicaragua a jugé inapproprié de confondre les ressources allouées au Conseiller spécial pour la prévention du génocide et celles allouées au Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger. Il a rappelé, à son tour, que le concept de responsabilité de protéger ne fait pas l’unanimité à l’Assemblée générale et a donc soutenu la proposition d’amendement de Cuba.
Son homologue de l’Iran a fait de même.
Au nom de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada (groupe CANZ), le représentant du Canada a regretté qu’il soit nécessaire de revisiter ce sujet. Depuis 12 ans, a-t-il dit, l’Assemblée générale réaffirme périodiquement son soutien au mandat du Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger et procède à la reconduction de son financement. Chaque année, a ajouté le représentant, la Cinquième Commission et l’Assemblée générale rejettent à une large majorité cet amendement oral, ce qui témoigne de l’appui de toutes les régions du monde au Conseiller spécial. Le rejet répété de cet amendement oral démontre également que la Cinquième Commission n’est pas habilitée à prendre des décisions sur des mandats politiques, mais à examiner les aspects administratifs et budgétaires. Aussi, le représentant a-t-il encouragé les États Membres à voter contre l’amendement.
Le représentant de la Syrie a souligné que la responsabilité de protéger est une des questions les plus controversées aux Nations Unies. Il a estimé que l’Assemblée générale n’a pas d’accord sur la définition de ce principe, dont la mise en œuvre constitue « une violation » de la Charte et de la souveraineté des États.
Son homologue du Bélarus a aussi apporté son appui à l’amendement de Cuba. Le concept, a-t-il argué, devrait être doté d’un cadre juridique. « Les États doivent comprendre ce qui se cache derrière ce principe », a tranché le représentant, rappelant, à son tour, que l’Assemblée ne s’est pas encore entendue sur une définition de ce concept.
Par le projet de résolution A/C.5/72/L.18, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de prévoir pour 2018-2019, des recettes révisées de 552 millions 311 800 dollars.
Aux termes du projet de résolution A/C.5/72/L.19, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’autoriser le Secrétaire général à s’engager à honorer des dépenses imprévues ou extraordinaires n’excédant pas 8 millions de dollars par an pour le maintien de la paix et la sécurité; 725 000 dollars pour la Cour internationale de Justice (CIJ); et 1 million de dollars pour les mesures de sécurité concernant le personnel de l’ONU. En outre, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée de décider que, si une décision du Conseil de sécurité exige du Secrétaire général qu’il engage des dépenses supérieures à 10 millions de dollars, la question devra être soumise à l’approbation de l’Assemblée générale.
Par le projet de résolution intitulé « Fonds de roulement pour l’exercice biennal 2018-2019 » (A/C.5/72/L.20), adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’allouer 150 millions de dollars au Fonds pour l’exercice biennal 2018-2019.
Examen de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation
Par le projet de résolution intitulé « Un nouveau modèle de gestion pour l’Organisation des Nations Unies » (A/C.5/72/L.22), adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’approuver les conclusions et recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) concernant la réforme proposée par le Secrétaire général dans le but d’améliorer et simplifier la procédure de planification des programmes et d’établissement du budget. En particulier, la Cinquième Commission compte que le Secrétaire général présentera à l’Assemblée, durant la deuxième partie de la reprise de sa session, un rapport détaillé sur ses propositions de réforme et leurs incidences budgétaires.
Dans ce texte, la Commission recommande en outre à l’Assemblée d’approuver le remplacement des exercices budgétaires biennaux par des exercices annuels à partir de 2020 pour une période probatoire de deux ans, à l’issue desquels l’Assemblée demanderait au Secrétaire général de réaliser un examen des exercices annuels en 2022. L’Assemblée prendrait ensuite, à sa soixante-dix-septième session, une décision définitive concernant le maintien des exercices annuels. Par ailleurs, si elle adoptait ce texte, l’Assemblée déciderait que la présentation du plan-cadre se ferait tous les trois ans et non plus tous les deux ans. Enfin, l’Assemblée déciderait de maintenir aux niveaux actuels les pouvoirs budgétaires exceptionnels et le mécanisme de pouvoir discrétionnaire en matière de dépenses du Secrétaire général.
Questions dont l’examen est reporté à plus tard
Par le projet de décision intitulé (A/C.5/72/L.23), la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée une liste de questions dont l’examen serait reporté, soit à la première reprise de session de la Commission, dont l’examen des pratiques liées à l’utilisation du fonds de réserve, soit à sa soixante-treizième session, dont l’état d’avancement du plan-cadre d’équipement et l’examen des modalités de financement et d’appui des missions politiques spéciales. En outre, la Cinquième Commission recommande de remettre à une date ultérieure l’examen de la proposition de restructuration régionale du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Déclarations de clôture
Au nom du Groupe des 77 et la Chine, la représentante de l’Équateur a dit: « nous avons travaillé avec succès pour assurer un niveau adéquat de ressources aux mandats ». Les États Membres ont en effet l’obligation de doter l’ONU de ressources suffisantes pour qu’elle puisse jouer son rôle de facilitateur du programme de développement. Renforcer le « pilier développement » reste la priorité du Groupe des 77 et la Chine, a insisté la représentante, avant de saluer l’engagement du Secrétaire général à améliorer la capacité de l’ONU à s’acquitter de ses mandats grâce à la réforme de la gestion et à poursuivre des consultations ouvertes et transparentes avec l’Assemblée générale.
Une ONU efficace et efficiente est essentielle à la poursuite d’un ordre international plus juste et plus équitable, a aussi insisté la représentante qui a réitéré l’attachement de son Groupe au bon fonctionnement de la Cinquième Commission. La présentation tardive des documents est une source de préoccupation, a-t-elle dit, en regrettant les difficultés qui en ont découlé.
Avons-nous tué la vache ou la poule? a demandé le représentant de l’Angola, au nom du Groupe des États d’Afrique. La vache a survécu et, même si nous avons connu un tout petit peu de retard, la vache est bel et bien en vie, s’est-il réjoui, en jugeant que les promesses ont été tenues, à l’exception notable de la présentation tardive des documents.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), son homologue de la Barbade s’est également dite préoccupée par la présentation tardive des documents et de son impact sur la faculté de la Commission à faire son travail dans les délais impartis. La représentante s’est également dite déçue que la Commission n’ait pas été en mesure de prendre une décision sur la restructuration régionale du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Concernant la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), elle a souligné l’importance qu’il y a à doter cette Mission des ressources nécessaires à l’exécution de son mandat. Elle a donc dit compter qu’avec le budget alloué, le Secrétaire général et son équipe assureront une bonne mise en œuvre du mandat de la Mission.
Au nom du Mexique, de l’Indonésie, de la République de Corée, de l’Australie et de la Turquie, la représentante de la Turquie a appelé à la vigilance s’agissant de la réforme de la gestion des ressources de l’ONU, au nom de la confiance entre le Secrétariat, les États Membres et les peuples du monde entier et au nom de la redevabilité et de la transparence. La représentante a appelé le Secrétaire général à continuer de consulter les États Membres dans une approche « constructive ».
Son homologue de l’Union européenne s’est réjoui que l’Organisation ait désormais les ressources nécessaires pour mettre en œuvre ses mandats. Nous épousons, a-t-il dit, la vision de la réforme de la gestion des ressources de l’ONU et attendons avec intérêt le prochain rapport du Secrétaire général sur cette question. Nous avons changé le cycle budgétaire et attendons avec impatience d’en voir les résultats, a ajouté le représentant.
Parvenu à la fin de la session, le délégué du Japon a voulu que l’on ne sous-estime l’effort énorme et l’esprit de compromis dont ont fait preuve les négociateurs. Il a réitéré l’appui de son pays au leadership du Secrétaire général dans la réforme des activités liées à la paix et à la sécurité, au développement et à la gestion. Notre vœu le plus sincère est que le consensus entre les États puisse servir de base sur laquelle le Secrétaire général peut continuer à mener l’effort de réforme de la gestion des ressources de l’ONU, lequel sous-tend les autres piliers de la réforme de l’Organisation, permettant une exécution plus efficace des mandats dans le strict respect de la discipline budgétaire.
La Cinquième Commission a aussi besoin de se réformer, a ajouté le représentant, rappelant que la question d’Umoja a été présentée le 19 décembre, soit trois jours seulement avant la fin de la session. Quelle qu’en soit la raison, la présentation tardive du document est un sujet de préoccupation. Nous avons besoin de reformer nos méthodes de travail et renforcer notre efficacité. Nous pourrions, a suggéré le représentant, fixer une date limite stricte pour la présentation des documents.
Son homologue de la Chine a aussi regretté l’introduction tardive des documents qui a aggravé les difficultés et ralentit les progrès. Le Secrétariat devrait prendre des mesures pour améliorer son efficacité et adopter une approche plus flexible.
Le représentant du Brésil a salué « une session marquée par l’adoption historique de la réforme de la gestion des ressources des Nations Unies ». La réforme est tout aussi importante pour les États Membres que pour le Secrétariat. La résolution adoptée implique un réel changement et nous attendons qu’elle assure une meilleure mise en œuvre des mandats dans les trois domaines d’activité, y compris les objectifs de développement durable. Le Brésil, a insisté le représentant, souligne son attachement à un processus budgétaire « discipliné » et salue donc le passage à un cycle budgétaire annuel.
Le représentant du Pakistan a souligné que l’adoption de la réforme de la gestion des ressources de l’ONU est une marque de confiance et une promesse de renforcer l’efficacité de l’Organisation. Le cycle budgétaire annuel répond aux plaintes des États Membres, a ajouté le représentant, qui a aussi jugé qu’il s’agit d’une marque de confiance des États Membres à l’égard du Secrétaire général. Il a voulu que les consultations sur la réforme soient conduites par les États Membres qui doivent avoir tout le temps nécessaire.
Son homologue du Mexique a salué le travail de la Cinquième Commission qui a pu conclure ses travaux de manière satisfaisante en préservant « une atmosphère de consensus et de dialogue constructif au cours des négociations ». Il a dit apprécier en particulier l’adoption des budgets qui garantissent des ressources suffisantes aux missions en Colombie et en Haïti (MINUJUSTH). Il a aussi salué l’adoption d’une première résolution sur l’initiative de réforme de la gestion des ressources, y voyant un « premier pas sur le long chemin des réformes ».
La représentante des États-Unis a salué le fait que la Cinquième Commission ait placé l’ONU sur « une voie saine et viable », saluant une réduction budgétaire de 5,3% par rapport à l’exercice biennal précédent. Cette décision « sans précédent » montre l’engagement de la Commission à rechercher l’efficacité et à combattre les doublons. Nous avons financé de manière responsable les missions politiques spéciales et les processus de paix au Yémen, en Afghanistan et partout ailleurs dans le monde. Nous avons ajusté les budgets des missions de maintien de la paix en Haïti et au Darfour et affiné leurs mandats pour qu’elles soient adaptées aux objectifs. Nous avons aussi donné un mandat au Secrétaire général pour qu’il poursuive son engagement de réformer l’ONU.
La Commission a pris des mesures pour simplifier le processus budgétaire et promouvoir une gestion prudente et responsable. Nous avons également assuré la poursuite d’Umoja et le projet de gestion souple de l’espace de travail. La Commission a renforcé l’indépendance du contrôle interne et du système judiciaire de l’Organisation, s’est encore félicitée la représentante.
Celle du Paraguay a salué la conclusion heureuse de la principale partie de cette session, en particulier « le talent et le grand sens de l’humour du Président ». Elle a remercié les membres du Bureau pour leur appui inébranlable et leur dévouement. Elle a aussi salué le travail remarquable du Représentant permanent de l’Équateur et Président du Groupe des 77 et de la Chine. Elle a également dit avoir apprécié la qualité des relations professionnelles que les délégations ont su créer entre elles, cette année. C’est un privilège d’avoir travaillé avec chacun de vous, a conclu la représentante dont c’était la dernière participation aux travaux de la Commission.
Ce sont des « fleurs de Noël et du Nouvel An » que le Président de la Cinquième Commission a voulu « faire pleuvoir » sur les membres du Bureau, ceux du Secrétariat, le personnel technique et les interprètes. Il a salué les capacités physiques, intellectuelles, morales et spirituelles des membres de la Commission, « des capacités dont nous aurons besoin pour continuer à honorer les buts et objectifs de cette Commission », a ajouté le Président, « en jugeant que le temps est venu de rendre le bébé à sa maman ».