La Cinquième Commission examine une demande de 225 millions de dollars pour huit missions politiques spéciales dont celle en Colombie
La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, ce matin, une demande de 225 millions de dollars pour financer, en 2018, huit missions politiques spéciales, dont 73,5 millions pour la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie. La délégation colombienne a appelé la Commission à sécuriser les ressources nécessaires pour aider son pays à « tourner la page du dernier conflit du continent américain » et à « ouvrir un nouveau chapitre de son histoire ».
La Mission de vérification a été créée par le Conseil de sécurité pour contrôler la mise en application de deux aspects fondamentaux de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable qu’ont conclu le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) en 2016, à savoir la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP ainsi que la mise en œuvre de mesures de sécurité et de protection personnelle et collective, et pour les communautés et les associations.
Le succès de la Mission dépendra avant tout de la réponse de la Commission au Secrétaire général qui demande la somme exacte de 73 571 400 dollars pour financer près de 400 postes, a dit en substance la Colombie, après que l’Union européenne eut estimé qu’en ce moment crucial du processus de paix, la Colombie mérite tout l’appui de la communauté internationale. L’Union européenne elle-même a débloqué une enveloppe de 600 millions d’euros, sans compter les prêts de la Banque européenne d’investissement.
Outre la Mission en Colombie, les 225 millions de dollars demandés pour huit missions politiques spéciales sont aussi à partager avec les missions pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la Guinée-Bissau, la Somalie, l’Asie centrale, la Commission mixte Cameroun-Nigéria, le Liban et l’Afrique centrale.
La Cinquième Commission se réunira demain, jeudi 14 décembre, à partir de 10 heures, pour examiner le budget révisé de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).
PROJET DE BUDGET PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions de dépenses relatives aux bureaux régionaux, bureaux d’appui aux processus politiques et autres missions (A/72/7/Add.13)
Pour l’examen de cette question, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné le rapport du Secrétaire général (A/72/371/Add.3) concernant le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel; le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau; la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie; le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale; l’Appui des Nations Unies à la Commission mixte Cameroun-Nigéria; le Bureau du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban; et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale.
Le montant net des crédits demandés pour 2018 s’élève à 151 441 200 dollars (montant net), soit une augmentation de 3 595 700 dollars (2,4%) par rapport au montant approuvé pour 2017. Le CCQAB recommande l’approbation de ce montant.
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions de dépenses relatives sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (A/72/7/Add.17)
Pour l’établissement de son rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/72/371/Add.7), qui indique que le Conseil de sécurité a créé la Mission pour une période de 12 mois à compter du 26 septembre 2017 pour contrôler la mise en application de deux aspects fondamentaux de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable qu’ont conclu le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) en 2016, à savoir la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP ainsi que la mise en œuvre de mesures de sécurité et de protection personnelle et collective, et la mise en place de programmes globaux concernant les mesures de sécurité et de protection des communautés et des associations sur les territoires. La Mission de vérification ne sera pas intégrée dans un mécanisme tripartite par lequel le Gouvernement fournissait des services mais sera seule responsable de l’ensemble des services d’appui à la mission.
Les prévisions de dépenses pour 2018 s’élèvent à 73 571 400 dollars (montant net), ce qui permettrait de financer 393 postes. Mais le CCQAB s’oppose à la création du poste temporaire d’assistant administratif et du poste de spécialiste des ressources humaines, et recommande de réduire de 295 900 dollars les ressources demandées pour les consultants.
Déclarations
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a jugé important que les Nations Unies maintiennent leur appui au processus de paix en Colombie. Il a indiqué que, dans le cadre des consultations informelles, la CELAC examinera soigneusement les rapports du Secrétaire général et du CCQAB et veillera à ce que la Mission de vérification soit dotée des ressources nécessaires pour une bonne exécution de son mandat.
M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a estimé qu’en ce moment crucial du processus de paix, la Colombie nécessite et mérite l’appui constant de la communauté internationale. L’engagement des Nations Unies demeure une composante « vitale » du progrès, a insisté le représentant, avant de rappeler que l’Union européenne appuie la consolidation de la paix en Colombie avec une enveloppe globale de près de 600 millions d’euros gérée par le Fonds d’affectation spéciale créé en décembre 2016 et les prêts de la Banque européenne d’investissement. C’est un signe clair de notre détermination à soutenir une paix durable dans ce pays, a insisté le représentant.
La paix en Colombie ouvre une nouvelle page de l’histoire de l’Amérique latine, s’est félicité M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique), soulignant l’espoir suscité par la fin du conflit, non seulement pour la région, mais également pour le règlement des différends par le dialogue dans le monde entier. Le représentant s’est, une nouvelle fois, félicité de la création de la Mission de vérification qui a, selon lui, un rôle fondamental à jouer dans le processus de paix, notamment en matière de réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP. Il a par conséquent voulu que la Mission soit dotée des ressources nécessaires pour fonctionner correctement et accomplir efficacement son mandat. Il a appelé la Cinquième Commission à prendre une décision en ce sens.
En tant que pays garant des négociations de paix entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), Mme MARÍA DEL CARMEN DOMÍNGUEZ (Chili) a réaffirmé la volonté de son pays de contribuer, aux côtés des autres acteurs impliqués, à la consolidation de la paix en Colombie. « L’accord de paix est un jalon important pour notre région, car il met fin à 50 années de conflit », a déclaré la représentante. Dès lors, la Mission de vérification sera amenée, selon elle, à jouer un rôle clef à trois niveaux: la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP à la vie civile; la sécurisation des anciennes zones de conflit; et la consolidation de la participation des FARC-EP, maintenant que ces dernières ont déposé les armes conformément à l’Accord de paix. Les Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer dans ce processus, a-t-elle insisté. À ses yeux, la Cinquième Commission « se doit » d’allouer les ressources nécessaires à la Mission, « de façon prévisible, souple et efficace ». La représentante a souligné les efforts de la Colombie pour faciliter le déploiement de la Mission, ainsi que ceux des pays de la région, qui ont déployé des observateurs et autres personnels.
Mme NATALIA VIRGINIA BABIO (Argentine) a rappelé que son pays a toujours soutenu l’engagement du peuple colombien en faveur de la paix. L’Argentine a participé à la première Mission en Colombie, a rappelé la représentante qui s’est dite consciente des grands défis et des questions en suspens. Elle a espéré que la Cinquième Commission fournira l’appui nécessaire à la Mission pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat et que le niveau de ressources demandées sera approuvé.
Un peu plus d’un an après la signature de l’Accord qui a mis fin au conflit entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), M. LUIZ FELDMAN (Brésil) s’est félicité de la création de la Mission de vérification. Il a renouvelé le soutien « sans faille » de son pays à la stabilité régionale et à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui aura selon lui des « effets positifs d’une portée historique » pour l’intégralité de la région. Le représentant a estimé que la Mission doit pouvoir bénéficier de « toutes les ressources nécessaires » à l’exécution de son mandat.
Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a exprimé la gratitude de la Colombie à la communauté internationale et aux Nations Unies pour leur appui au processus de paix, qui s’est traduit par la création de la Mission de vérification. Selon elle, le soutien politique et financier « unanime » des États Membres a permis de définir un mandat clair pour la Mission, à savoir surveiller et vérifier le respect de l’Accord final signé entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP). « Aujourd’hui, plus que jamais, il est indispensable de compter sur le soutien des Nations Unies pour mettre pleinement en œuvre les accords de paix, mais surtout pour continuer de construire une paix stable et durable », a-t-elle déclaré.
La représentante a rappelé les deux aspects fondamentaux de l’Accord final qu’il incombera à la Mission de vérifier et contrôler, à savoir la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP ainsi que la mise en œuvre des mesures de sécurité et de protection personnelle et collective, concernant notamment les communautés et les associations. Pour la représentante, le succès de la Mission dépendra avant tout des ressources humaines et financières qui lui seront allouées. Elle a, par conséquent, appelé la Cinquième Commission à aider la Colombie à « tourner la page du dernier conflit du continent américain » et à « ouvrir un nouveau chapitre de son histoire ».