Cinquième Commission: Le timing de la réforme de l’ONU perturbe les prévisions budgétaires du système des coordonnateurs résidents
La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, ce matin, la proposition budgétaire du Secrétaire général pour le système des coordonnateurs résidents: 127,2 millions de dollars pour 2018-2019. Le Groupe des 77 et la Chine se sont déclarés « déçus » par cette proposition « transitoire », qui se borne essentiellement à reconduire le budget de l’exercice précédent.
Dans chaque pays, c’est le coordonnateur résident qui garantit la cohérence dans le travail des fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies. En vertu d’un accord sur le partage de ces coûts datant de janvier 2014, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) finançait jusqu’ici ce système à hauteur d’environ 90 millions de dollars par an et le Groupe des Nations Unies pour le développement, regroupant 32 fonds et programmes, complétait avec la somme 35,9 millions de dollars, dont 13,6 millions à la charge du Secrétariat de l’ONU.
Les fonds ne suffisant pas, l’Assemblée générale a, dans sa résolution 71/272 B, demandé au Secrétaire général de lui présenter, à cette session, une proposition « plus élaborée » concernant le partage des coûts. Mais finalisant ses propositions de réforme pour tout le système de l’ONU, le Secrétaire général a choisi de soumettre un « accord transitoire » pour 2018-2019, en vertu duquel le budget global serait maintenu à 127,2 millions de dollars.
« Déçus » devant une réponse « partielle » à la résolution 71/272 B, le Groupe des 77 et la Chine se sont tout de même montrés compréhensifs, concédant qu’il s’agit d’un moment « spécial » pour l’ONU, celui de la réforme. Ils ont tout de même lancé un appel pour que l’on aligne cette réforme avec le cycle budgétaire et les objectifs stratégiques de l’Organisation, dont le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Réaffirmant, justement, le rôle clef des coordonnateurs résidents dans le repositionnement du système de développement des Nations Unies et la mise en œuvre du Programme 2030, la Suisse, qui s’exprimait aussi au nom du Liechtenstein, a appuyé toute réforme visant à remédier à la « fragmentation » actuelle de l’Organisation. « C’est donc avec impatience, a-t-elle confié, que nous attendons la présentation du deuxième rapport sur ce sujet prévu en décembre de cette année. Elle a tout de même souligné la nécessité, dans l’intervalle, d’assurer le financement du système de coordonnateurs résidents, exhortant l’Assemblée générale à approuver la proposition transitoire du Secrétaire général.
Ce matin, la Commission était également saisie du rapport du Secrétaire général sur le projet de budget-programme du Centre du commerce international (CCI) dont les ressources nécessaires pour 2018-2019 sont estimées à 71,5 millions de francs suisses, soit une diminution de 792 200 francs suisses (1,1%) par rapport à l’exercice précédent.
Le Groupe des 77 et la Chine n’ont pas caché leur intention d’analyser « soigneusement » les raisons de cette réduction, motivée, selon le Secrétaire général, par les gains d’efficacité générés par Umoja, le progiciel de gestion intégré. Le Centre, ont-ils insisté, doit être pourvu d’un niveau adéquat de ressources pour ne pas hypothéquer son aptitude à exécuter son mandat et les priorités de son Cadre stratégique 2018-2019 qui ont été « dûment approuvées » par l’Assemblée générale en 2016.
La Cinquième Commission devrait tenir sa prochaine séance plénière vendredi 20 octobre, à partir de 10 heures.
PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la contribution proposée du Secrétariat au mécanisme de partage des coûts du système des coordonnateurs résidents administré par le Groupe des Nations Unies pour le développement (A/72/7/Add.5)
Pour l’examen de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné celui du Secrétaire général (A/72/337 et A/72/337/Corr.1) qui rappelle que depuis janvier 2014, le Groupe des Nations Unies pour le développement met en œuvre à l’échelle du système un accord de partage des coûts du système des coordonnateurs résidents. En vertu de cet accord, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en tant que gestionnaire et hôte du système des coordonnateurs résidents, continue de financer les coûts de base du système, soit environ 90 millions de dollars par an, qui représentent les émoluments des coordonnateurs résidents, les coûts liés à l’infrastructure qui les appuie et certains coûts aux niveaux régional et mondial du système. Ces ressources sont complétées par l’accord de partage des coûts administré par le Groupe des Nations Unies pour le développement, à hauteur de 35,9 millions de dollars environ par an.
Or, il ressort d’une étude indépendante que le budget global de la coordination supporté par le Groupe des Nations Unies ne suffit pas à couvrir les besoins actuels ou futurs. En attendant de trouver une autre solution, les chefs de secrétariat des organismes membres du Groupe des Nations Unies sont convenus d’un accord transitoire pour l’exercice biennal 2018-2019, en vertu duquel, le budget global serait maintenu à 127,2 millions de dollars et les entités membres devraient contribuer le même montant annuel qu’en 2017. Dans ce cadre, le montant total de la contribution du Secrétariat de l’ONU s’élèverait à 13 571 800 dollars.
Le CCQAB estime qu’il n’est pas en mesure de recommander l’approbation de la proposition du Secrétaire général, tant que la proposition plus élaborée, demandée par l’Assemblée générale, n’est pas présentée.
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le projet sur le Centre du commerce international (A/72/7/Add.3)
Pour l’examen de cette question, le CCQAB a examiné le rapport du Secrétaire général (A/72/6 (Sect. 13) et A/72/6 (Sect. 13)/Corr.1) qui indique que les prévisions concernant les ressources dont le Centre aurait besoin pour l’exercice biennal 2018-2019 sont de 73 372 700 francs suisses, après actualisation des coûts, à financer à parts égales par les deux organismes de tutelle du Centre, à savoir l’Organisation des Nations Unies, agissant par l’intermédiaire de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui paieront donc la somme de 36 486 350 francs suisses, équivalant à 38 006 600 dollars. Le Comité consultatif dit approuver cette proposition.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) s’est dite déçue par un rapport sur le mécanisme de partage des coûts du système des coordonnateurs résidents qui ne respecte « que partiellement » la résolution 71/272 B, dans laquelle l’Assemblée générale a prié le Secrétaire général de lui présenter, à cette session, une proposition plus élaborée. Mon Groupe, a concédé la représentante, comprend qu’il s’agit d’un moment « spécial » pour l’ONU, celui des propositions de réforme. Elle a donc lancé un appel pour que l’on aligne cette réforme avec le cycle budgétaire et les objectifs stratégiques de l’Organisation, notamment en vue de parvenir à la mise en œuvre complète du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
La représentante a accueilli favorablement la « conviction » du Secrétaire général qui se dit déterminé à mener ce processus de réforme, « de façon transparente et responsable ». Mon Groupe, a-t-elle poursuivi, « place haut ses attentes » et espère que « l’élan actuel sera maintenu jusqu’à la fin du processus ».
Poursuivant sur le Centre du commerce international, la représentante de l’Équateur a souligné que le mandat que ce dernier exécute, en partenariat avec les autres organisations intergouvernementales, les pays et les régions, est exactement ce que son Groupe veut voir pour éviter la duplication des efforts et la mentalité du travail en silos, plus coûteuse et moins productive.
Après s’être félicitée de ce qu’accomplit le Centre, la représentante a ajouté qu’étant donné l’importance de ce dernier comme contributeur majeur au développement durable, son Groupe analysera soigneusement la réduction des ressources proposée par le Secrétaire général qui argue des gains d’efficacité générés par Umoja.
Mon Groupe, a prévenu la représentante, insiste pour que le Centre soit pourvu d’un niveau adéquat de ressources pour ne pas hypothéquer son aptitude à exécuter son mandat et les priorités de son Cadre stratégique 2018-2019 qui ont été dûment approuvées par l’Assemblée générale en 2016. Mon Groupe, a-t-elle aussi précisé, cherchera à savoir pourquoi l’obligation de réserver et d’acheter les billets d’avion à l’avance n’est pas strictement respectée alors qu’il s’agit d’utiliser plus efficacement les ressources du Centre.
Au nom de la Suisse et du Liechtenstein, Mme ELISA RAVASI (Suisse) a dit que le Programme 2030 requérait une approche globale à l’échelle du système, qui inclut toutes les capacités et ressources nécessaires au sein des Nations Unies. À notre avis, a-t-elle poursuivi, la grande fragmentation du système est, pour l’ONU, l’un des principaux obstacles à la réalisation des objectifs de développement durable. Nous estimons qu’il est crucial que le système de coordonnateurs résidents soit financé de manière adéquate afin d’assurer une meilleure coordination et une plus forte cohérence des activités au sein des Nations Unies.
La représentante a noté qu’ayant reconnu la nécessité de remédier à la fragmentation du système des Nations Unies, le Secrétaire général est en passe de présenter plusieurs initiatives de réforme. Elle a dit soutenir fermement ces efforts et apprécier particulièrement le processus de consultation inclusif et transparent adopté dans ce contexte. Le système des coordonnateurs résidents est un élément clef du repositionnement du système de développement des Nations Unies pour réaliser le Programme 2030. C’est donc avec impatience que nous attendons la présentation du deuxième rapport sur ce sujet prévu en décembre de cette année, a-t-elle confié.
Nous ne voulons pas, a-t-elle affirmé, anticiper les conclusions de ce deuxième rapport du Secrétaire général mais pensons qu’il est important, dans l’intervalle, d’assurer le financement du système de coordonnateurs résidents dans sa configuration actuelle. À cet égard, la représentante a salué l’examen indépendant du système de coordonnateurs résidents et constaté qu’il a confirmé la validité du mécanisme de partage des coûts.
Elle a cependant noté « avec inquiétude » que cet examen indépendant est parvenu à la conclusion que le budget global de la coordination était insuffisant. Comme les autres entités des Nations Unies, le Secrétariat général dépend du travail des coordonnateurs résidents, a-t-elle souligné. L’échec du financement de cette part nécessaire au maintien du système pourrait compromettre l’efficacité du travail des coordonnateurs résidents. La représentante a donc exhorté l’Assemblée générale à approuver la proposition de contribution du Secrétaire général au mécanisme de partage des coûts du Groupe des Nations Unies pour le développement en faveur du système des coordonnateurs résidents.