En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
4e séance - matin
AG/AB/4243

Cinquième Commission: le Secrétaire général propose un budget 2018-2019 de 5,4 milliards de dollars, en baisse par rapport à l’exercice précédent

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a entamé, ce matin, après l’intervention du Secrétaire général de l’ONU, l’examen du projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019.  Si certaines délégations ont dénoncé des coupes « arbitraires », d’autres ont au contraire appelé à rationaliser davantage le budget, au profit d’une stricte discipline budgétaire. 

M. António Guterres a présenté un projet de budget d’un montant de 5,4 milliards de dollars pour couvrir les dépenses du Secrétariat de l’ONU et de 9 998 postes en 2018 et 2019.  Le Secrétaire général s’est enorgueilli d’une réduction nette de 215,2 millions de dollars, soit 3,8%, par rapport au montant révisé des crédits ouverts pour l’exercice biennal précédent.  Il a également précisé que ce projet de budget présentait une légère augmentation de 10 millions de dollars, soit 0,2%, par rapport à l’esquisse budgétaire approuvée par l’Assemblée. 

L’esquisse budgétaire de l’Assemblée n’est qu’une « estimation indicative et préliminaire » des besoins et non un « plafond préapprouvé », a d’emblée contesté le Groupe des 77 et de la Chine, dénonçant « une série de coupes arbitraires » mettant davantage l’accent sur la réduction des ressources que sur leur impact.  L’exécution « efficace des mandats » devrait être le principal critère du budget, a estimé le Paraguay.  Or, ce projet ne tient pas compte des changements réels et des responsabilités accrues de l’Organisation sur le terrain, a renchéri le Groupe des États d’Afrique. 

Pour la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), les critères d’efficacité avancés pour justifier ces réductions ne sont que des « prétextes ».  Il n’est « pas acceptable de continuer à demander davantage à l’Organisation, tout en réclamant dans le même temps des coupes arbitraires ou en menaçant de bloquer ses fonds », a tranché l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). 

Ces délégations ont jugé « troublant » que les coupes proposées se fassent au détriment de l’appui à la réalisation du développement durable, notamment au sein du Département des affaires économiques et sociales (DAES), de la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED), des commissions régionales et de la coopération technique.  En dépit du mandat donné par les « Orientations de Samoa », a ainsi déploré la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les ressources allouées aux petits États insulaires en développement au sein du DAES restent inchangées, alors que parallèlement, a dénoncé l’ASEAN, le financement des missions politiques s’élèvent à 1,1 milliard de dollars, soit plus de 20% du projet de budget.

Certes, la réalisation des mandats est primordiale, a reconnu le Japon.  « Cependant, je ne saurais insister suffisamment sur le fait que chaque dollar dépensé par l’Organisation vient des contribuables des États Membres », a-t-il nuancé, laissant à la Suisse le soin de poser le diagnostic: le processus de planification et de budgétisation, tel qu’il est appliqué actuellement, est « dysfonctionnel ».  Une réforme s’impose, a affirmé la Suisse, afin qu’au lieu d’une microgestion de l’Organisation visant à créer ou supprimer des postes individuels, les États Membres offrent une orientation stratégique. 

Ce budget reflète en effet les défauts des budgets précédents, qu’il reconduit de manière automatique, au détriment du « contrôle réel » des États Membres, a déploré l’Union européenne.  Le Secrétariat se borne à « faire des petits changements » d’un budget biennal à un autre, ont quant à eux tranché les États-Unis, estimant que cette méthode contribue à l’augmentation « exponentielle » des budgets à chaque nouvel exercice.  « Une ONU viable est une ONU qu’on peut s’offrir », ont-ils martelé, appelant à des « réductions réelles » et à ce que les plafonds budgétaires approuvés ne soient en aucun cas dépassés.  À cette fin, les États-Unis ont demandé une réforme fondamentale de la pratique d’actualisation des coûts, qui dans son état actuel rend tout simplement « impossible » toute discipline budgétaire.  « L’idée n’est pas de revenir à chaque fois pour demander de l’argent; l’idée c’est d’équilibrer les augmentations imprévues en réalisant des coupes stratégiques et des adaptations. »  L’Inde s’est inquiétée de l’inadéquation « grandissante » entre le budget ordinaire et les ressources extrabudgétaires.  Ces ressources, toujours attachées aux conditions posées par les donateurs, sont évaluées à 21 milliards de dollars pour 2018-2019. 

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine réunion vendredi 12 octobre, à 10 heures, pour poursuivre l’examen du budget-programme.

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019 (A/72/6), Sections 1 à 36) et (A/72/7)

Présentant le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019, M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a estimé que cette proposition de budget tenait bien compte des huit priorités déterminées par l’Assemblée générale dans sa résolution 71/274.  M. Guterres a ainsi présenté un projet de budget de 5,4 milliards de dollars pour couvrir les dépenses du Secrétariat de l’ONU et de 9 998 postes en 2018 et en 2019. 

Le Secrétaire général s’est enorgueilli d’une réduction nette de 215,2 millions de dollars, soit 3,8% par rapport au montant révisé des crédits ouverts pour l’exercice biennal 2016-2017.  Il a toutefois indiqué que ce projet de budget présentait une augmentation de 10 millions de dollars, soit 0,2%, par rapport à l’estimation préliminaire de l’esquisse budgétaire approuvée pour l’exercice biennal.  Le Secrétaire général a indiqué que cet accroissement s’expliquait principalement par la budgétisation de dépenses imprévues liées au renforcement de la Cour internationale de Justice et la prise en compte des ressources nécessaires au titre du Mécanisme de surveillance de l’aide humanitaire en République arabe syrienne.

M. Guterres a par ailleurs précisé qu’un montant de 1,1 milliard de dollars avait été inscrit au titre des missions politiques spéciales, une enveloppe restée selon lui relativement inchangée par rapport au budget précédent.

Le Secrétaire général a en outre précisé qu’après actualisation préliminaire des coûts, le montant des ressources demandées s’élevait à 5,53 milliards de dollars, soit une actualisation de près de 128 millions.

S’agissant du personnel, M. Guterres a annoncé la suppression de 92 postes.  Il a également indiqué que le montant estimatif des ressources extrabudgétaires pour l’exercice biennal 2018-2019 s’élevait à 21,3 milliards de dollars, soit une diminution de 178,4 millions de dollars par rapport à l’exercice précédent.

« En prêtant serment en décembre dernier, j’ai promis de travailler avec les États Membres », a poursuivi le Secrétaire général, tout en se disant « très encouragé » par les idées et l’appui offerts par ces derniers.  Évoquant la réforme des Nations Unies, à son initiative, M. Guterres a appelé à lutter contre « nos faiblesses systémiques » pour trouver le moyen d’être « plus efficaces », de « rationaliser les procédures » et  « d’éliminer les doubles emplois ». 

Dans le cadre de cette réforme, le Secrétaire général a rappelé qu’il avait présidé au renforcement du Bureau de la déontologie pour pouvoir protéger les lanceurs d’alerte et à la création du Bureau de lutte contre le terrorisme.  Il a également rappelé son attachement à une politique de tolérance zéro contre l’exploitation et les abus sexuels.

Par ailleurs, M. Guterres a appelé à prendre appui sur cette réforme pour « repositionner le développement au centre de notre travail » et « appuyer davantage les États Membres » dans la réalisation des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Le Secrétaire général a en outre exprimé sa volonté de créer un environnement de travail capable de remettre en cause les inégalités et les préjugés, laissant la part belle à la diversité géographique.  Dans ce cadre, il a indiqué que la réforme de la gestion du Secrétariat était centrale pour la réforme globale de l’Organisation, l’objectif étant de décentraliser les processus de prise de décisions et l’exécution des politiques, ainsi que de faire en sorte que l’ONU soit véritablement comptable de ses actes devant les États Membres. 

« Mais, je dois avoir l’appui des États Membres pour que l’Organisation soit plus efficace », a enfin souligné M. Guterres.  « Travaillons ensemble pour veiller à ce que l’ONU utilise le mieux possible toutes ses ressources, au service de l’humanité », a-t-il conclu.

Dans sa résolution 71/274, l’Assemblée générale avait invité le Secrétaire général à proposer le budget pour l’exercice 2018-2019 sur la base d’une estimation préliminaire de 5,395 milliards de dollars, a rappelé M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Présentant son rapport, le Président du CCQAB a noté que le montant du projet du Secrétaire général est de 5,405 milliards de dollars aux taux révisés ou 0,2% au-dessus du niveau stipulé dans le projet de budget.  Après l’inclusion des taux révisés préliminaires, le niveau de ressources proposé s’élève 5,533 milliards de dollars qui reflète une baisse de 87,6 millions ou 1,5% au-dessus du niveau de crédit révisé pour 2016-2017 ou 2,7% inférieur aux dépenses finales réelles. 

Dans son rapport sur le projet de budget-programme, le Comité consultatif reconnaît les efforts du Secrétaire général en proposant un budget-programme 2018-2019 qui est conforme au niveau indiqué par l’Assemblée générale.  Dans le même temps, le Comité souligne que ce niveau n’est pas un seuil préapprouvé et reconnaît l’autorité du Secrétaire général comme chef de l’exécutif qui présente un projet de budget reflétant les ressources requises pour mener les mandats et les activités mandatés par l’Assemblée générale et les autres organes.

À ce propos, le Secrétaire général a indiqué que le projet de budget finalisé durant les premiers mois de son mandat ne reflétait ni sa future vision pour l’Organisation ni les propositions de réformes qui pourraient avoir des conséquences sur les besoins en ressources.  Il existe aussi un certain nombre d’autres propositions y compris celles relatives au dispositif de prestation de services centralisée et aux projets de construction à l’étranger qui n’ont pas été inclus dans la proposition de budget.  Le Comité examinera bien sûr les questions que celles-ci ne manqueront pas de soulever conformément aux procédures budgétaires établies.

Les recommandations soulignées par le Comité dans son rapport impliqueraient une réduction globale de 42,9 millions de dollars du projet de budget-programme 2018-2019 du Secrétaire général.  Les réductions recommandées comprennent les 13,3 millions de dollars de contribution du Secrétaire général au système des coordonnateurs résidents et les 17,2 millions de dollars de réduction des ressources nécessaires pour les contributions à l’assurance maladie après la cessation de service.

Le Comité s’interroge si certains des besoins en ressources devraient être inclus dans ou exclus du projet de budget, a encore déclaré son Président.  Pour les changements de ressources proposés, le Comité consultatif cite des cas où la catégorisation des « mandats nouveaux ou élargis », ou l’attribution à des initiatives d’efficacité spécifiques est, selon lui, discutable.  En général, le Comité conclut que la vision stratégique adoptée dans la préparation du projet de budget devrait être améliorée pour assurer une plus grande cohérence dans les différents départements et bureaux.

Concernant les propositions de réduction de 64,3 millions de dollars attribuées à l’efficacité organisationnelle, le Comité consultatif ne s’oppose pas à l’une des propositions connexes.  Dans le même temps, le Comité n’est pas convaincu que ces réductions sont les résultats directs des mesures d’efficacité y compris la mise en œuvre d’Umoja étant donné l’absence d’informations claires et complètes à cet égard.

S’agissant du personnel, le Secrétaire général propose une diminution nette de 92 postes comprenant la suppression de 175 postes compensés en partie par la création de 79 postes et la transformation de 4 postes de personnel temporaire.  Le Comité craint que l’augmentation du nombre et la proportion de postes de rang supérieur et les réductions de postes d’administrateur de rang inférieur n’aient une incidence négative sur la gestion des ressources humaines de l’Organisation. 

Dans presque toutes les sections du budget, la proposition mise en avant par le Secrétaire général pour 2018-2019 reflète seulement des changements minimes au niveau du personnel et des structures par rapport au budget 2016-2017.  La principale exception concerne les besoins en ressources proposés pour la section 2 relative à l’Assemblée générale, au Conseil économique et social et à la gestion des conférences, qui reflète une diminution nette de 40 postes et une réorganisation des services de traduction à New York. 

En terminant, M. Massieu a indiqué que le projet de budget-programme 2018-2019 sera probablement impacté par les différentes réformes en cours lancées par le Secrétaire général. 

CORPS COMMUN D’INSPECTION

Note du Secrétaire général transmettant le rapport du Corps commun d’inspection intitulé « Sûreté et sécurité dans le système des Nations Unies » (A/72/118).

Le rapport concerne l’ensemble du système, à savoir l’ONU, ses fonds, programmes et institutions spécialisées, et accorde une attention particulière aux organismes qui ont approuvé le statut du Corps commun d’inspection et aux membres du Réseau interorganisations pour la gestion des mesures de sécurité.  Il porte essentiellement sur les services que le Département de la sûreté et de la sécurité, en tant que principal organe chargé de la coordination des activités du système de gestion de la sécurité des Nations Unies, doit concrètement fournir au système des Nations Unies.  Le rapport aborde des questions stratégiques se posant à l’échelle du système et ne traite pas des aspects spécifiquement techniques de la sûreté et de la sécurité.

Les inspecteurs font huit recommandations dont la dernière vise à ce que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’élaborer, en consultation avec le Comité de haut niveau sur la gestion et le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS), ainsi que ses réseaux compétents, un projet de modèle de financement des mesures de sûreté et de sécurité qui permettrait au Département de la sûreté et de la sécurité de disposer d’un budget transparent, viable et prévisible, de même que de la souplesse nécessaire pour faire face aux crises imprévues.

Dans ses autres recommandations, le Corps commun d’inspection estime que les chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies devraient veiller à ce que, au plus tard en avril 2018, les accords de siège en vigueur conclus par les organismes dont ils relèvent tiennent compte des menaces à la sécurité observées pendant la période en cours et prévoient les mesures de sécurité qui s’imposent pour protéger le personnel et les locaux des organismes des Nations Unies; comportent une annexe sur la sécurité reflétant la principale responsabilité assumée par le pays hôte en ce qui concerne la sécurité du personnel et des locaux des organismes des Nations Unies; et soient examinés régulièrement afin de tenir compte de l’évolution des conditions de sécurité dans les divers lieux d’affectation et de s’y adapter.

Les chefs de secrétariat devraient aussi veiller à ce que, au plus tard en janvier 2018, une politique globale pour la sécurité routière applicable à l’échelle du système ait été élaborée sous sa forme définitive et soit prête à être mise en œuvre dans leurs organismes respectifs.

Ils devraient également veiller à ce que, au plus tard en janvier 2018, des mécanismes appropriés de contrôle de l’application des mesures de sécurité conçus en tenant compte des niveaux de risque évalués pour chaque lieu d’affectation pertinent soient intégrés aux divers systèmes d’évaluation des résultats prévus pour tous les membres du personnel au sein de l’organisme auquel ils appartiennent.

Les chefs de secrétariat devraient en outre, au plus tard en janvier 2018, intégrer aux évaluations des résultats des indicateurs de conformité aux règles relatives à la sûreté et à la sécurité à chaque échelon hiérarchique, et notamment au niveau de la haute direction.

Le Département de la sûreté et de la sécurité devrait quant à lui veiller à ce que, au plus tard en janvier 2018, des plans d’évacuation soient prévus à chaque endroit où ces organismes exercent leurs activités, que des exemplaires en soient distribués aux membres du personnel, et à ce que ces derniers participent régulièrement à des séances d’entraînement tenues, dans toute la mesure possible, en coordination avec les autorités locales.

Il devrait aussi, au plus tard en janvier 2018, renforcer les capacités d’analyse des données acheminées par l’intermédiaire des médias sociaux ou issues d’autres sources de mégadonnées pertinentes en créant un service central qui aurait pour mission d’analyser régulièrement et de diffuser rapidement, à l’échelle du système, les informations liées à la sécurité.

En sa qualité de Président du Réseau interorganisations pour la gestion des mesures de sécurité, le Secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité devrait, au plus tard en janvier 2018, élaborer une politique de déploiement rapide à appliquer à l’échelle du système pour faire face aux crises de sécurité, en veillant à y intégrer les procédures opérationnelles permanentes nécessaires, en vue d’indiquer clairement en quoi consistent les ressources permanentes immédiatement disponibles et de définir les rôles et responsabilités propres aux différents acteurs du système de gestion de la sécurité des Nations Unies.

Présentant la réponse des organismes du CCS (A/72/118/Add.1), Mme SIMONA PETROVA, Directrice du secrétariat du Conseil des chefs de secrétariat (CCS), a estimé que le rapport du Corps commun d’inspection, certes « très utile », aurait gagné à présenter une analyse en profondeur du rôle du système de gestion de la sécurité des Nations Unies dans l’apport de l’aide humanitaire.  Ce rapport, a-t-elle poursuivi, aurait également pu être amélioré en incluant une analyse exhaustive coût-efficacité du système de gestion de la sécurité actuel, comme cela avait été initialement prévu.

Tout en soulignant le bien-fondé des recommandations, Mme Petrova a indiqué que concernant celle visant à adapter davantage les accords de siège à l’environnement sécuritaire peut être remise en question, étant donné que ces accords n’ont pas toujours la flexibilité nécessaire.  Les organismes doutent de la faisabilité d’une recommandation qui parie sur une actualisation en temps réel des accords de siège.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) s’est dit profondément préoccupé et déçu de la manière dont le Secrétariat a interprété la résolution 71/274 de l’Assemblée générale, en proposant toute « une série de réductions arbitraires ».  Il a prévenu que, pour son Groupe, l’esquisse budgétaire est une estimation indicative et préliminaire des besoins en ressources et non un plafond préapprouvé.  Mon Groupe, a-t-il dit, est naturellement favorable aux gains d’efficacité mais l’absence de justification pour la plupart des gains proposés, en particulier ceux liés aux avantages d’Umoja, « nous laisse perplexes ».

Ce n’est pas la première fois, s’est impatienté le représentant, que la Cinquième Commission constate le peu d’informations sur les gains générés par Umoja lequel continue entre-temps à coûter « beaucoup d’argent » aux États Membres.  Le représentant a donc souscrit à l’avis du CCQAB selon lequel le projet de budget-programme semble mettre davantage l’accent sur la réduction des ressources que sur l’impact de cette réduction sur les programmes mandatés.  « Nous nous demandons si toutes les réductions proposées peuvent être attribuées à un souci d’efficacité, y compris la mise en œuvre d’Umoja », a avoué le représentant.

Il a aussi noté que depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les ressources financières nécessaires pour mener à bien ce « programme ambitieux » constituaient un défi de taille qu’il convient de relever.  Les États Membres doivent fournir à l’Organisation les ressources dont elle a besoin pour agir en tant que « principal catalyseur » du Programme.  Toutefois, le Groupe des 77 et la Chine doute sérieusement que, tel que proposé, le budget fournira à l’Organisation les moyens adéquats pour remplir son rôle.

Mon Groupe réclame le renforcement du pilier « développement », a insisté le représentant, jugeant « troublant » que le projet de budget propose des coupes au Département des affaires économiques et sociales, à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), aux commissions régionales et à la coopération technique.  Le renforcement de ces entités est au contraire une priorité de mon Groupe, a prévenu le représentant qui a encouragé toutes les délégations à s’engager dans les délibérations « dans un esprit de flexibilité et de responsabilité ».

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a salué les efforts du Secrétaire général pour rendre l’Organisation plus « efficace, plus transparente et plus responsable ».  À cette fin, il a estimé que l’ONU devait « démontrer de manière plus visible et plus significative le lien entre ressources et résultats ».

Parallèlement, le représentant a tenu à rappeler que les mandats confiés à l’Organisation résultent de décisions prises par les États Membres.  De fait, « l’Organisation doit être dotée des ressources nécessaires pour exécuter ses mandats », dans le but notamment de « donner une voix à ceux qui sont ignorés et de la dignité à ceux qui sont oubliés ».

Partant de ce principe, le représentant a estimé qu’il n’était « pas acceptable de continuer à demander davantage à l’Organisation, tout en réclamant dans le même temps des coupes arbitraires ou en menaçant de bloquer ses fonds ».  Certes, a-t-il admis, l’ONU doit travailler plus efficacement.  « Mais nous ne devrions pas entraver de façon artificielle la capacité de l’Organisation à exécuter ses mandats », a-t-il martelé.

Le représentant a par ailleurs noté que les premières prévisions budgétaires concernant le financement des missions politiques s’élèvent à 1,1 milliard de dollars, soit plus de 20% du projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019.  « Le temps est venu pour l’Assemblée d’avoir une discussion sérieuse sur les arrangements financiers de ces missions politiques spéciales, par rapport aux autres priorités de développement », a insisté le représentant, estimant que cette discussion est d’autant plus pertinente compte tenu des priorités de réforme du Secrétaire général.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MARCIO SANDRO ALEIXO PEREIRA BURITY (Angola) a demandé au Secrétaire général de veiller à ce que les propositions budgétaires futures soient basées sur les mandats agréés par l’Assemblée générale et présentées conformément aux procédures en vigueur, y compris le Règlement financier et règles de gestion financière.  Tout changement de la méthodologie doit d’abord être approuvé par l’Assemblée générale, a-t-il insisté.  Il a ensuite rappelé que les États Membres, en vertu de l’Article 17 de la Charte des Nations Unies, avaient l’obligation de fournir des ressources adéquates pour la pleine mise en œuvre des activités et programmes des Nations Unies, notamment celles relatives au maintien de la paix et de la sécurité et celles répondant aux besoins les plus urgents en matière de développement.

Le représentant n’a pas caché son inquiétude devant les 5,405 milliards de dollars proposés au titre du budget ordinaire 2018-2019.  Selon lui, cette proposition ne prend pas en compte les changements réels et les responsabilités accrues de l’Organisation sur le terrain.  Mon Groupe, a-t-il avoué, est, en particulier, profondément préoccupé par les réductions injustifiées du nombre de postes et les ressources non affectées à des postes dédiés au développement de l’Afrique, au maintien de la paix et de la sécurité, à l’assistance humanitaire, à la prévention du crime et à la lutte contre le terrorisme. 

Rappelant que le développement de l’Afrique fait partie des huit principaux objectifs des Nations Unies, il a exhorté le Secrétaire général à mettre l’accent sur ce domaine.  Il a par conséquent annoncé que son Groupe examinera « de très près » les propositions du Secrétaire général ayant trait aux affaires politiques, à la coopération internationale au développement, à l’appui au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), à l’intégration économique de l’Afrique et à la mise en œuvre des projets de construction de la Commission économique pour l’Afrique. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) s’est, à son tour, dite profondément préoccupée qu’en dépit du mandat donné par les « Orientations de Samoa » et le Programme 2030 pour soutenir le développement durable des petits États insulaires en développement, les ressources allouées au Groupe de ces petits États au sein du Département des affaires économiques et sociales soient restées inchangées. 

La CARICOM estime que l’allocation de ressources pour les travaux de ce Groupe ainsi que le Bureau de la Haut-Représentante doit être « prévisible et fiable ».  Ainsi, la trop grande dépendance aux contributions volontaires présente un « défi réel » pour l’exécution de leurs mandats.

La CARICOM, a plaidé Mme Beckles, souligne que tous les mandats approuvés par les organes intergouvernementaux doivent être pourvus de ressources adéquates tirées du budget ordinaire. La proposition de réduire les ressources voire de supprimer et de redéployer un certain nombre de postes de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes ne doivent en aucun cas affecter la faculté de la Commission d’exécuter pleinement son mandat, a prévenu la représentante.    

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. CARLOS ALEJANDRO FUNES HENRÍQUEZ (El Salvador) a déploré que, pour de prétendues raisons d’efficacité, la proposition budgétaire du Secrétaire général prévoit de nombreuses coupes.  Nous étudierons, a-t-il promis, avec l’attention nécessaire ces propositions pour veiller à ce que les réductions n’aient aucun effort négatif sur la mise en œuvre des mandats de l’Organisation.  Le représentant a d’ores et déjà dénoncé la réduction des ressources de certaines commissions régionales, en particulier la Commission économique pour lAmérique latine et les Caraïbes.  À maintes reprises, a-t-il déclaré, nous avons souligné l’importance que nous accordons aux activités de cette Commission, et, par conséquent, nous nous opposerons aux réductions annoncées car elles affaibliraient sa faculté à s’acquitter de son mandat. 

Le représentant a fait siennes les observations du Comité consultatif pour les questions administratives (CCAQ), signalant l’accroissement du nombre de postes de niveau D1 et la baisse du nombre de postes de grade inférieur.  Cela, a-t-il considéré, pourrait avoir un effet délétère sur la conduite de programmes importants, comme le programme des Jeunes administrateurs, et sur le rajeunissement du personnel du Secrétariat.  Le représentant a également appelé les États Membres à s’engager dans des négociations « inclusives » sur le financement des missions politiques spéciales.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a rappelé la complexité des missions qui incombent à l’ONU, qu’il s’agisse d’appuyer la réalisation des objectifs de développement durable, de contrecarrer les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité ou de défendre les droits fondamentaux, tout en n’oubliant pas de se réformer et de se moderniser. 

Pour faire face à ces différentes missions de manière efficace, le représentant a estimé que l’ONU devait disposer d’un outil de planification et d’élaboration du budget « transparent et souple », capable de garantir que les ressources sont allouées « de la meilleure façon possible ».  Les États Membres, a-t-il ajouté, doivent également avoir la garantie que les ressources sont « correctement allouées et bien dépensées », dans le respect des priorités fixées.

Dans ce cadre, le représentant a estimé que ce projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019 présentait des améliorations, y compris une grande transparence, ainsi qu’une meilleure présentation des ressources et de l’évaluation des performances.  Mais, a-t-il nuancé, ce budget reflète également les défauts des budgets précédents, qu’il reconduit de manière automatique, au détriment du « contrôle réel » des États Membres quant à la façon dont le Secrétariat s’acquitte de ses mandats.  Dans cet ordre d’idée, le représentant a pointé du doigt le manque de flexibilité dans la capacité du « management » à adapter les priorités et redistribuer les ressources et les équipes.  De plus, a-t-il déploré, l’inflation budgétaire et les demandes accrues de postes à des niveaux élevés se poursuivent, « alors que nous avons besoin de plus de personnels à des postes débutants ».

Pire encore, a estimé le représentant, le système actuel prévoit des « ajouts fragmentaires », y compris une actualisation des couts qui empêche une stricte discipline budgétaire et prive les États Membres de la visibilité attendue.  « Des ajouts font leur apparition et augmentent régulièrement le budget de plusieurs centaines de millions de dollars », a-t-il dénoncé.

Dans ce cadre, le représentant a appuyé la réforme de l’ONU.  Il a également appelé les directeurs de programme à rendre davantage des comptes sur l’utilisation des ressources, ainsi qu’à s’en tenir à l’enveloppe budgétaire de 5,4 milliards de dollars sur laquelle les États Membres se sont accordés l’an dernier. 

Également au nom du Liechtenstein, Mme ALEXANDRA BAUMANN (Suisse) a déclaré que, dans un monde toujours plus interconnecté, les Nations Unies se doivent d’être plus fortes que jamais afin de trouver des solutions communes aux défis de notre époque.  Elle a estimé que, dans ce contexte, le processus de planification et de budgétisation constitue le principal outil stratégique dont disposent les États Membres pour assurer l’efficacité et l’efficience de l’exécution des mandats.  Elle a toutefois souligné que ce système, tel qu’il est appliqué actuellement au sein des Nations Unies, est « dysfonctionnel ».  Une réforme s’impose, a-t-elle affirmé, afin qu’au lieu d’une microgestion de l’Organisation visant à créer ou supprimer des postes individuels, les États Membres offrent une orientation stratégique, assurent des ressources suffisantes et se concentrent sur les résultats plutôt que sur les processus. 

La représentante a ajouté que la Suisse et le Liechtenstein étaient convaincus que les Nations Unies pourraient réaliser leurs objectifs de manière plus efficace si les ressources étaient allouées de façon plus stratégique.  Elle a ainsi jugé que l’Organisation n’investit pas suffisamment dans la prévention des conflits et dans la médiation, « dans l’esprit du concept de pérennisation de la paix ».  Elle a par ailleurs noté que les Nations Unies ont besoin d’un pilier « droits de l’homme » solide, ces droits étant essentiels pour réaliser le développement durable.  Un tel pilier contribuerait aussi à prévenir plus efficacement les conflits, et, ce faisant, à promouvoir la paix et la sécurité, a-t-elle encore dit.

Au nom du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie (groupe CANZ), Mme GILLIAN BIRD (Australie) a appuyé les efforts de simplification du budget visant à améliorer et à rationaliser le processus de planification et de budgétisation des programmes.  Ceci comprend, a dit la représentante, l’adoption d’un cycle budgétaire annuel et l’amélioration de la présentation du matériel et des résultats.  Pour que l’Organisation puisse s'acquitter des mandats qui lui ont été confiés par les États Membres, les processus actuels doivent être adaptés aux besoins, a-t-elle souligné.  Elle a ajouté que les États Membres devaient réexaminer attentivement la manière dont ils travaillent ensemble, en particulier dans cette Commission.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a rappelé que son pays attachait une grande importance à un financement de l’Organisation qui garantisse son bon fonctionnement.  « Le Japon soutient intégralement l’ONU dans l’exécutions de ses mandats, je ne saurais assez insister sur ce point », a-t-il dit.  « Cependant, parallèlement, je ne saurais insister suffisamment sur le fait que chaque dollar dépensé par l’Organisation vient des contribuables des États Membres », a-t-il nuancé.

Tout en prenant note des 9 998 postes proposés par le Secrétaire général pour l’exercice biennal 2018-2019, le représentant a estimé que le nombre de postes à D1 et à l’échelon supérieur demeurait trop important, voire en augmentation.  « Une Organisation plus souple doit avoir moins de postes de haut niveau », a-t-il estimé.

Tout en prenant note des propositions de réforme du Secrétaire général, le représentant a souligné qu’il baserait son examen de l’exercice biennal 2018-2019 exclusivement sur le projet soumis aux États Membres par le Secrétaire général. 

Soulignant l’importance du respect des résolutions 41/213 et 41/211 de l’Assemblée générale, le représentant a rappelé sa volonté « d’examiner dans le détail » toute augmentation budgétaire, dans le respect des priorités, de la discipline budgétaire et de la nécessité d’éviter les doublons. 

Évoquant par ailleurs le travail des États Membres dans les autres grandes commissions de l’Assemblée, le représentant a appelé le Secrétariat à fournir en temps les informations sur les incidences budgétaires des décisions prises.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a demandé des éclaircissements sur le délai, les résultats attendus, les méthodes d’évaluation et les conséquences pratiques des efforts de réforme du Secrétaire général.  Le représentant a estimé que la Cinquième Commission devrait accepter le projet de budget pour que le Secrétariat et les organes des Nations Unies puissent s’acquitter de leurs mandats respectifs et mettre ainsi en œuvre la réforme et les changements concrets attendus.  Nos discussions ne devraient pas ignorer les initiatives de réforme du Secrétaire général et du changement de paradigme induit par la mise en œuvre du Programme 2030, a ajouté le représentant qui a réitéré que la Cinquième Commission devrait approuver l'allocation des ressources proposée afin que le Secrétariat puisse assumer ses fonctions de manière responsable, en mettant clairement l'accent sur la prévention, l’intégration sociale et les droits de l’homme.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a exprimé sa préoccupation face aux processus utilisés pour établir le budget.  Au lieu d’utiliser l’esquisse budgétaire comme point de départ, a-t-elle déploré, le Secrétariat se borne à « faire des petits changements » d’un budget biennal à un autre.  Selon elle, cette méthode ne permet pas d’avoir une vision stratégique et contribue à l’augmentation « exponentielle » des budgets à chaque nouvel exercice. 

La représentante a par ailleurs insisté sur le fait que les plafonds budgétaires approuvés ne doivent en aucun cas être dépassés.  À cette fin, elle a demandé une « réforme fondamentale de la pratique d’actualisation des coûts », qui rend selon elle « impossible » toute discipline budgétaire.  « L’idée n’est pas de revenir à chaque fois pour demander de l’argent; l’idée c’est d’équilibrer les augmentations imprévues en réalisant des coupes stratégiques et des adaptations », a-t-elle insisté.

En conséquence, la représentante a indiqué que les États-Unis allaient demander des « réductions réelles », aussi bien au niveau du budget que des effectifs de l’ONU.  Nous ne pouvons pas continuer à appuyer une augmentation non viable du budget », a-t-elle tranché, avant de conclure: « Une ONU viable est une ONU qu’on peut s’offrir ». 

M. SERGEY V. KHALIZOV (Fédération de Russie) a souhaité que la réduction des dépenses prévue vise à améliorer l’efficacité du Secrétariat, dans le respect de la discipline budgétaire.  Le représentant a prévenu qu’il accordera une attention particulière à toutes les demandes de ressources supplémentaires, notamment en personnel.  Il s’est dit « inquiet » des ressources demandées pour l’initiative « Les droits de l’homme avant tout ».  L’ONU, a-t-il conseillé, doit s’adapter et accroître ses capacités de mobilisation des fonds.  Le représentant s’est ainsi dit « satisfait » des ressources allouées au nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme et au Centre pour les établissements humains et pour la coopération régionale au développement.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a constaté que certaines des préoccupations ont persisté voire se sont aggravées, ces dernières années.  En effet, outre la stagnation des ressources requises pour la réalisation des mandats essentiels, même quand le système de l’ONU est de plus en plus sollicité, l’inadéquation entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires continue à s’aggraver.

L’autre préoccupation, a poursuivi la représentante, porte sur le déséquilibre entre les ressources allouées aux trois piliers de l’ONU que sont la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  Le budget du maintien de la paix est trois fois plus important que le budget ordinaire de l’ONU, qui doit aussi couvrir les missions politiques spéciales.  En revanche, le budget de la consolidation de la paix dépend toujours des contributions volontaires et n’est qu’une fraction du budget de maintien de la paix.

Le budget du système de développement des Nations Unies quant à lui ne représente qu’un faible pourcentage des efforts mondiaux de développement.  Même dans les efforts multilatéraux de développement, le système de développement des Nations Unies ne devrait canaliser que le tiers de l’aide au développement.  Même l’aide doit compter sur les ressources extrabudgétaires.

Alors que les États Membres ont collectivement adopté l’ambitieux Programme 2030, la capacité du système des Nations Unies de contribuer aux efforts nationaux demeure « marginale ».  L’esprit du partenariat mondial reflété dans l’objectif 17 de développement durable, semble se dissiper avant même sa pleine réalisation, s’est désolée la représentante. 

Une bonne allocation des ressources au budget ordinaire est nécessaire pour renforcer le pilier « développement », à la lumière des objectifs de développement durable adoptés par la communauté internationale, a conseillé la représentante.  Les ressources extrabudgétaires devraient être gérées conformément aux mandats confiés à l’Organisation, a-t-elle insisté.

L’esquisse budgétaire, a-t-elle martelé, n’est pas un plafond préapprouvé des ressources disponibles pour le budget ordinaire.  L’accent doit être mis sur le financement des programmes essentiels décidés par l’ensemble des membres.  À cet égard, nous devons avoir à l’esprit que la création des postes n’est pas le seul moyen de mettre en œuvre les programmes.

La représentante a dit attendre des informations prouvant que toutes les ressources demandées pour les mandats « nouveaux et élargis » viennent bien des décisions prises par les organes intergouvernementaux.  La distinction entre la réduction des ressources due à des mesures d’efficacité quantifiables, dont Umoja, et celle due à d’autres ressources doit être claire.  « Comment faire des coupes budgétaires sans affecter l’exécution des mandats? »  Voilà une question qui mérite une réponse claire, a martelé la représentante. 

Mme JULIA ANSELMINA MACIEL GONZÁLEZ (Paraguay) a estimé que le projet de budget devait respecter la vision stratégique du Secrétaire général.  Elle s’est ainsi félicitée des propositions de M. Guterres visant à faire en sorte que l’ONU s’acquitte de manière plus efficace de ses mandats.  Elle a également salué les efforts du Secrétaire général pour présenter un budget conforme à l’esquisse budgétaire accordée par l’Assemblée générale.

Toutefois, la représentante a estimé que l’esquisse budgétaire n’était qu’une « estimation indicative et préliminaire » des ressources nécessaires et que « l’exécution efficace des mandats » devait être le principal critère d’élaboration du budget.  Elle s’est par conséquent dite préoccupée par certaines coupes budgétaires de nature, selon elle, à remettre en cause l’appui de l’ONU aux États Membres dans la mise en œuvre du Programme 2030.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a déclaré que l’Organisation, qui se trouve au cœur d’un processus de réforme, devrait chercher, d’abord et avant tout, à mettre en œuvre le Programme 2030 et ses objectifs.  Ce Programme doit être « le facteur déterminant » de la planification et du processus budgétaires, a insisté le représentant pour lequel, ce serait une « erreur impardonnable » que les États Membres adoptent à la hâte des décisions stratégiques non informées qui pourraient saper la légitimité de l’Organisation.  Les États Membres se départiraient de leur responsabilité s’ils ne suivaient pas, de manière constructive, ce que le Secrétaire général a dit sur l’importance de la transparence et de la responsabilité dans le processus budgétaire, a estimé le délégué.

M. OMAR HILALE (Maroc) a salué le projet de réforme du Secrétaire général, qui permettra, selon lui, d’augmenter l’efficacité de l’ONU.  Ceci étant, le représentant a rappelé que les objectifs légitimes de l’Organisation ne sauraient être accomplis sans la mise à disposition des ressources nécessaires.  Concernant le contenu du projet de budget 2018-2019, le représentant s’est félicité de ce que le montant des dépenses « corresponde globalement » au montant de l’esquisse budgétaire déterminé par l’Assemblée générale.  Il a toutefois déploré le montant élevé des ressources extrabudgétaires, qui échappent selon lui au contrôle de l’Assemblée.  Il a également regretté la suppression de 11 postes liés au développement du continent africain, une mesure qui ne reflète pas à ses yeux les priorités de l’Organisation. 

De même, la proposition de supprimer 40 postes liés au fonctionnement de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC), ainsi qu’à la gestion des conférences ne permettra pas selon lui de répondre aux attentes croissantes des États Membres.  Le représentant a en revanche salué la décision du Secrétaire général de réduire la taille de la délégation qui l’accompagne lors ses déplacements.  Il a appelé les autres hauts responsables de l’ONU à suivre son exemple.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour trouver un équilibre entre le Siège de l’ONU et le terrain.  De telles mesures devraient aider l’Organisation à s’acquitter de ses tâches de manière plus efficace et le budget à garantir des ressources nécessaires pour que les mandats approuvés par les États Membres soient correctement exécutés. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a voulu que la réforme de l’ONU proposée par le Secrétaire général respecte le « principe d’utilisation rationnelle » des ressources, afin de ne pas engendrer de « pression financière excessive » sur les États Membres.  La représentante s’est par ailleurs déclarée préoccupée par les propositions de réduire les ressources allouées aux commissions régionales, dont la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL), qui jouent, selon elle, un rôle « fondamental » dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a insisté pour que le projet de budget se traduise en modalités pratiques visant une meilleure mise en œuvre des mandats de l’Organisation.  Elle s’est opposée à l’allocation de ressources à l’initiative « Les droits de l’homme avant tout » sans l’approbation préalable des États Membres.  Elle a, une nouvelle fois, réclamé la création d’un mécanisme de financement différent pour les missions politiques spéciales dont les mandats ne sont pas fixés par l’Assemblée générale.  Le budget, s’est expliquée la représentante, doit refléter l’équilibre entre les trois piliers de l’Organisation, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  Sans le respect de cet équilibre, le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement resteront lettre morte, a-t-elle averti.  Favorable au programme de réforme du Secrétaire général, la représentante a souligné que l’objectif ultime est d’aider l’ONU à s’acquitter de son rôle, en particulier s’agissant du pilier « développement ».  Elle a donc dit attendre des détails sur plusieurs propositions, dont la structure budgétaire simplifiée.  Il faut donner à l’Organisation des ressources « stables », a ajouté la représentante, se disant préoccupée que d’autres organes de l’ONU se mêlent du budget, empiétant ainsi sur les prérogatives exclusives de l’Assemblée générale.  Le budget ne saurait devenir l’otage des intérêts politiques, a-t-elle prévenu.  

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