Soixante-douzième session,
68e & 69e séances plénières – matin & après-midi
AG/11989

L’Assemblée générale proclame 2019 « Année internationale de la modération » et le 16 mai « Journée internationale du vivre-ensemble dans la paix »

Avant d’entamer son débat sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par les organismes des Nations Unies, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui deux résolutions sur la culture de paix.

Dans la résolution sur la modération qui a été adoptée malgré l’opposition des États-Unis et d’Israël, l’Assemblée décide de proclamer 2019 « Année internationale de la modération » dans le but de faire mieux entendre les voix des modérés par la promotion du dialogue, de la tolérance, de la compréhension et de la coopération.

En présentant le texte, la Malaisie a mis l’accent sur le fait que l’Assemblée « demande également à la communauté internationale de soutenir le Mouvement mondial des modérés, initiative commune qui a pour but de faire en sorte que les voix de la modération puissent porter davantage que celles de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme ».  Les États-Unis se sont opposés à ce Mouvement, ajoutant, par ailleurs, que le terme « modération » n’a pas de définition agréée au niveau international.  « Il faut veiller à ce que la résolution ne prête pas à des mauvaises interprétations et à des résultats contre-productifs », ont-ils argué.

Le deuxième texte présenté par l’Algérie a été adopté sans vote et proclame le 16 mai « Journée internationale du vivre-ensemble en paix » qui sera un moyen de mobiliser régulièrement les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix, de la tolérance, de l’inclusion, de la compréhension et de la solidarité, et l’occasion pour tous d’exprimer le désir profond de vivre et d’agir ensemble, unis dans la différence et dans la diversité, en vue de bâtir un monde viable reposant sur la paix, la solidarité et l’harmonie.

L’Assemblée a ensuite entamé son débat sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par les organismes des Nations Unies.  Les résolutions présentées aujourd’hui sont très importantes, a d’emblée souligné son Vice-Président, rappelant que les mouvements de population sont plus importants que jamais, avec plus de 65 millions de personnes forcées de fuir des conflits, des catastrophes naturelles ou d’autres situations.

Les nouvelles ne sont pas bonnes du tout, s’est alarmée l’Espagne, à la lecture du document « Panorama humanitaire mondial 2018 » lancé par le Coordonnateur des secours d’urgence: environ 136 millions des personnes auront besoin d’une aide humanitaire l’année prochaine.  Les besoins en financement se sont aussi accrus en 2017, a renchéri l’Union européenne.  Si les donateurs ont atteint des records, atteignant presque 13 milliards de dollars en novembre dernier, il manque encore 12 milliards de dollars.

Les progrès effectués cette année dans les résolutions sont un signal encourageant mais ils sont en deçà de ce que la situation humanitaire globale exige, notamment en ce qui concerne l’accès humanitaire et la complémentarité entre les approches humanitaires et de développement, a asséné la Suisse.  Le Canada a dénoncé « les résistances » de certaines délégations quant au libellé sur les restrictions administratives. 

C’est la Suède qui a présenté la résolution omnibus qui, cette année, a-t-elle dit, apporte un certain nombre d’améliorations pour refléter la réalité humanitaire actuelle, plaçant un accent particulier sur la situation alarmante en matière de sécurité alimentaire et sur les risques de famine, y compris les forces motrices de ces crises, dont les conflits.

Le Groupe des 77 et la Chine ont défendu le texte sur l’aide, de la phase des secours à l’aide au développement, qui reconnaît l’importance croissante et l’ampleur des catastrophes naturelles, y compris celles dues aux changements climatiques.

L’Union européenne a présenté les projets de résolution sur la sécurité du personnel humanitaire et sur l’assistance au peuple palestinien.  Le premier texte souligne l’importance qu’il y a à ce que cette sécurité soit systématiquement et intégralement prise en compte dans la planification de l’action humanitaire et le deuxième exprime « la grave préoccupation » face aux conditions de vie et à la situation humanitaire difficiles des Palestiniens.  Il exige la fin du blocus et la réouverture des points de passage mais aussi la prise en compte des préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité.  L’Union européenne s’est dite consciente que la résolution présentée aujourd’hui devra être « actualisée » dans un futur proche.

Comme de nombreux intervenants, le Vice-Président de l’Assemblée générale a réitéré que l’aide humanitaire doit être fournie conformément aux principes d’indépendance, d’impartialité, de neutralité et d’humanité.  Une réponse rapide aux besoins prioritaires des pays bénéficiaires et le respect de leur leadership est la garantie pour une aide humanitaire efficace, a martelé la Chine qui a mis en garde contre la politisation des questions humanitaires et la militarisation de l’aide.

La Turquie, qui accueille 3,3 millions de réfugiés syriens, iraquiens et afghans, s’est félicitée que le Programme d’action pour l’humanité adopté au Sommet humanitaire mondial d’Istanbul en 2016 soit aujourd’hui un moteur de changement, par exemple pour dépasser la division entre humanitaire et développement, en sachant, ont souligné les États-Unis, qu’en matière de développement, chaque pays a ses propres priorités. 

Les changements que le Sommet d’Istanbul a appelés de ses vœux peuvent réellement transformer le paysage humanitaire, a tout de même insisté la Turquie, avant que la Fédération de Russie ne rappelle qu’elle n’a pas soutenu le Programme d’action mais qu’elle est prête à examiner des mesures novatrices, pour autant que cela se fasse au niveau intergouvernemental.

L’Assemblée terminera le débat et l’examen des résolutions sur ce point lundi 11 décembre, à partir de 10 heures.

CULTURE DE PAIX

Rapports du Secrétaire général sur la « Promotion d’une culture de paix, du dialogue, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures au service de la paix » (A/72/488) et sur le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent (A/72/621)

Présentation de deux projets de résolution

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) s’est réjoui que les consultations sur le projet de résolution intitulé « Journée internationale du vivre-ensemble en paix » (A/72/L.26) se soient déroulées d’une façon constructive et transparente.  Il a présenté un texte qui vise à la promotion du « vivre-ensemble en paix » grâce à une coexistence harmonieuse, indépendamment de la nationalité, du sexe, de la langue ou de la religion.  Nous avons abouti, s’est-il félicité, à un texte consensuel qui invite tous les États à continuer d’agir en faveur de la réconciliation afin de contribuer à la paix et au développement durable, notamment en collaborant avec les communautés religieuses et leurs dirigeants.  Le représentant a cité en exemple l’Afrique du Sud, la nation de Nelson Mandela et de la chanteuse et militante Miriam Makeba.  L’Algérie, a-t-il assuré, demeurera une société ouverte.

Aux termes de la résolution, l’Assemblée proclamerait le 16 mai « Journée internationale du vivre-ensemble en paix », a précisé le représentant, avant de s’exprimer en espagnol et de souligner que le texte est un modèle de coopération et d’harmonie, notamment avec la société civile.  Il a salué la présence du Cheikh Khaled Bentounes, guide spirituel de la voie soufie Alâwiyya, Président Fondateur des Scouts musulmans de France.  L’humanité immanente qui est en nous constitue une richesse pour soi avec et pour l’autre, a insisté le représentant, qui a conclu en arabe pour souhaiter une adoption par consensus du projet de résolution.  Il a dit « merci » en russe. 

La modération est l’acceptation et le respect, a dit M. DATO’ MUHAMMAD SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) pour présenter le projet de résolution intitulé « Modération » (A/72/L.21).  Il s’agit de promouvoir la compréhension mutuelle et de célébrer la richesse de la diversité.  L’acceptation de la diversité est, plus que la tolérance, la clef d’une coexistence pacifique.

L’Histoire a montré, a-t-il poursuivi, que le rejet de la modération ou les comportements extrémistes peuvent alimenter les conflits et les tensions, et mener à la guerre et à ses immenses souffrances.  La modération, elle, peut les atténuer ou les prévenir.  Elle doit donc être considérée comme le socle des relations internationales.

Le représentant s’est dit heureux que la logique de la modération soit promue par plusieurs dirigeants du monde et qu’elle se retrouve dans les conclusions des réunions internationales de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), du Mouvement des pays non alignés, de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), du Commonwealth et de la Réunion Asie-Europe.  Le représentant a cité le Président Trump, qui a mentionné la modération dans son discours il y a quelques jours à Washington.

Si nous sommes très préoccupés par la décision sur Jérusalem, nous pouvons encourager les voix de la modération et de la tolérance, a dit le représentant.  Le projet de résolution demande à la communauté internationale de soutenir le Mouvement mondial des modérés, initiative commune qui a pour but de faire en sorte que les voix de la modération puissent porter davantage que celles de l’extrémisme.  Le projet de résolution vise aussi à proclamer 2019 « Année internationale de la modération » et à encourager et soutenir des initiatives qui visent à promouvoir le respect mutuel, la coexistence pacifique et le rejet des extrémistes qui divisent le monde.

Déclarations

En sa capacité nationale, M. IKRAM YAAKOB (Malaisie) a loué le travail de l’UNESCO, de l’UNICEF, de l’Alliance des civilisations et des autres entités et initiatives qui visent la vraie entente, la tolérance et le dialogue interculturel et interreligieux.  C’est à ce titre que sa délégation a coparrainé la résolution sur la promotion du dialogue interreligieux.  La Malaisie est par ailleurs encouragée par l’élan contenu dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et en particulier par les références à la paix dans l’objectif 16.  Elle est également d’avis qu’en plus de l’action au sein des Nations Unies, le concept de modération peut aider aux efforts de promotion de la paix.

Le représentant a déclaré que le Mouvement mondial des modérés, bien que récent, porte en lui le principe de la modération, que l’on retrouve par ailleurs dans toutes les grandes religions.  Plusieurs dirigeants religieux incarnent ce principe, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il serait avantageux de regarder vers ces personnes, en particulier vers les prix Nobel de la paix, notamment Martin Luther King, Nelson Mandela ou Malala Yousufzai.  Le Mouvement mondial des modérés s’inspire de ces personnes et a reçu le soutien de nombreux pays, organisations régionales et réunions et rencontres internationales, comme celles du Mouvement des pays non alignés, de l’Organisation pour la coopération islamique ou du Commonwealth.  Le représentant a insisté sur la contribution potentielle de la modération dans la culture de paix.  

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme SITI ARNYFARIZA MD JAINI (Brunéi Darussalam) a dit que pendant le trentième et unième Sommet de l’ASEAN, le mois dernier, à Manille, aux Philippines, les dirigeants de l’Association avaient adopté la Déclaration sur la culture de la prévention pour une société pacifique, inclusive, résiliente, saine et harmonieuse.  L’objectif est de renforcer la coordination dans la promotion de la culture de la prévention dans les trois piliers de l’ASEAN, dont les axes principaux incluent, entre autres, la promotion de la paix et de la compréhension interculturelle, le respect de tous, ainsi que le soutien aux valeurs de modération comme le demande le Mouvement mondial des modérés.

La montée de la menace terroriste à travers le monde est un sombre rappel de la nécessité de déployer des efforts soutenus pour combattre ce fléau et promouvoir la paix et la tolérance.  La représentante a réitéré sa ferme condamnation de l’extrémisme violent et du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  « Nous ne devons pas laisser pousser les germes de l’intolérance, de la haine et de l’extrémisme.  Cette menace mondiale nécessite des efforts collectifs », a-t-elle exhorté.

À cet égard, l’ASEAN apprécie les travaux des différentes organisations internationales et régionales, en particulier les Nations Unies, afin de promouvoir la culture de paix par le dialogue et les négociations, améliorer la tolérance, la confiance et la compréhension mutuelle et faire face à toutes les formes de différends politiques et religieux et au radicalisme.

Pour notre part, nous attendons avec intérêt le renforcement du partenariat entre l’ASEAN et l’ONU, a dit la représentante.  Nous comptons aussi tirer parti des complémentarités entre la Vision 2025 de l’ASEAN et le Programme 2030.  Nous estimons qu’il y a de l’espace pour une coopération étroite dans la promotion de la culture de la prévention et la prévention du terrorisme, a insisté la représentante.

Confirmant l’appui de l’ASEAN au projet de résolution sur la modération présentée par la Malaisie, la déléguée a souligné que le texte mettait en contexte la nécessité de donner une plateforme à la modération contre la prédication de l’extrémisme violent prêché par des « irresponsables ».  Le projet de résolution cherche à faire de l’année 2019 « l’Année internationale de la modération », encourage et appuie les initiatives qui promeuvent le respect mutuel, la coexistence pacifique, et qui veulent étouffer les voix de l’extrémisme.

M. SALAH M. S. SAID (Libye) a renvoyé à « Nous les peuples » de la Charte des Nations Unies, des peuples qui ont des cultures, des civilisations et des croyances propres mais le monde en partage.  La culture de paix, a-t-il dit, est intimement liée au préambule de l’UNESCO: « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».  La paix, a ajouté le représentant, passe par la négociation des accords et l’installation dans les sociétés humaines de la notion de coexistence pacifique.

Faisant un rappel historique des décisions de l’Assemblée générale, le représentant a rappelé que, le 20 novembre 1997, l’Assemblée avait proclamé l’Année internationale de la paix, avant de lancer une Décennie de la paix.  Les mots « culture » et « paix » sont de plus en plus interdépendants.  La Stratégie de l’UNESCO 1996-2001 repose sur l’éducation pour la paix et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 promeut une approche globale, participative et inclusive.  Les gouvernements et les sociétés sont ainsi appelés à œuvrer de concert pour la paix et la coexistence.  La différence doit être respectée dans un esprit éthique et ancrée dans les principes de compréhension mutuelle, de tolérance et de coopération entre les religions et cultures. 

Le représentant a condamné l’attaque terroriste qui a pris pour cible des fidèles dans une mosquée du Sinaï et qui a fait 310 morts, dont 27 enfants.  Cela montre bien que les terroristes n’ont aucune conscience, a-t-il affirmé, appelant à « étouffer dans l’œuf » l’idéologie prônée par les terroristes de tout bord qui cherchent à atteindre des objectifs « qu’eux seuls connaissent ».  Il s’est félicité du rôle prépondérant de l’UNESCO et du Représentant spécial du Secrétaire général pour réaliser les idéaux de la paix et de la compréhension dans le monde. 

M. SULAIMAN SALIM MOHAMED AL-ABDALI (Oman) a assuré que la diffusion de la culture de paix, du dialogue et de la tolérance et le respect de la diversité produisent des générations qui rejettent la violence et contribuent à la paix et au développement pour tous.  Il a dénoncé l’émergence des groupes extrémistes au Moyen-Orient, estimant qu’il faut tempérer leur importance.  Le Sultanat d’Oman est convaincu que la paix et le dialogue sont une nécessité qu’il incombe à tous de garantir.  Le représentant s’est en effet félicité de la longue expérience du Sultanat en matière de tolérance et de confiance entre les musulmans et les autres religions, dans le respect et la fraternité.  Il a appelé la communauté internationale à diffuser la culture de paix, du dialogue et de l’entente et à promouvoir le principe du règlement pacifique des conflits.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a déclaré que, de par son emplacement géographique, sa culture et religion, son pays jouit d’une longue histoire de tolérance et de compréhension entre les peuples.  Les autorités bahreïnies s’emploient à préserver la beauté de la diversité, la tolérance, comme en attestent la création du Centre Roi Hamad à Los Angeles et d’une chaire à l’Université de Rome sur les principes de tolérance.  Un prince du Bahreïn a d’ailleurs reçu le « Prix de la tolérance et de la charité », s’est enorgueilli le représentant, invitant au renforcement du dialogue entre les civilisations et à la réalisation du développement durable, sur les principes du respect mutuel et de la tolérance.  Nous sommes fiers du droit de tous à vivre en paix, a-t-il conclu.

Mme FARAH T. A. S. H. ALGHARABALLY (Koweït) s’est félicitée des efforts et des bons offices de l’UNESCO dans le renforcement et l’enracinement d’une culture de paix et du rejet de la violence.  Elle a insisté sur le lien entre les résolutions sur la culture de paix et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, voulant que « tout le monde trouve sa place », grâce au respect de la diversité culturelle en tant que moyen de prévenir des conflits.  La représentante a déploré les différends qui s’aggravent entre les États et les conflits intellectuels « pernicieux » pour rejeter chaque fois plus l’opinion de l’autre.  La représentante a prôné une culture qui rejette le fanatisme et la violence.  L’intolérance n’a pas sa place dans le monde d’aujourd’hui et la culture de paix est une donnée fondamentale contre la multiplication des tentatives pour propager le chaos et instiller la peur au cœur des sociétés.  La culture de paix doit pouvoir convaincre les personnes lésées qu’il y a des moyens pacifiques d’obtenir que justice soit faite. 

Le Koweït, a affirmé la représentante, a consacré la culture de paix dans sa Constitution.  Le Gouvernement a d’ailleurs créé un Conseil national sur la propagation de la tolérance, l’ouverture à l’autre et le dialogue entre toutes les composantes de la société.  Le Koweït, quoique petit, est un creuset et sait qu’un peuple privé de ses droits ne saurait s’engager dans la culture de paix.

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN, JR. (Philippines) a déclaré qu’en tant qu’État Membre des Nations Unies, la responsabilité de son pays est de rechercher la paix, le respect mutuel, la tolérance et la réconciliation.  La recherche de la paix est un objectif « naturel » du peuple philippin, qui a été victime d’atrocités durant deux guerres, celle pour l’indépendance et l’autre pour la libération.  Les Philippins n’ont jamais commis d’atrocités, ni de violations massives des droits de l’homme et encore moins provoqué de conflits, ou recherché la vengeance, a-t-il assuré. 

Avec le Pakistan, les Philippines coparrainent, depuis 2004, la résolution de l’Assemblée générale portant sur la promotion du dialogue interculturel et interreligieux.  Au plan national, le Président Rodriguo Duterte est « irrémédiablement » engagé à bâtir une paix et un développement durables dans les régions menacées par le conflit armé.  Les Philippines suivent actuellement la feuille de route tracée par le processus de paix de Bangsamoro, qui vise, entre autres, l’inclusion de tous les groupes religieux, le dialogue, la confiance mutuelle, la consolidation des convergences et la reconnaissance de l’identité musulmane des « frères et sœurs philippins », en tant que Bangsamoro.

Les Philippines accordent en outre un rôle central à la femme en matière de promotion de la paix.  Ils sont le premier pays de la région à avoir adopté un Plan national sur les femmes, la paix et la sécurité lequel incorpore les connaissances acquises sur le rôle des femmes dans les conflits armés.  Enfin, a conclu le représentant, la réhabilitation de Marawi City est un exemple de la détermination des Philippines à atteindre la paix avec la sécurité, la prospérité, la justice, le droit et l’ordre.   

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a réaffirmé l’importance d’éviter toute mesure allant à l’encontre de l’objectif de paix et rappelé que, sans le règlement de la question palestinienne, il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient.  Al-Qods, a-t-il rappelé, est une place particulière dans le cœur des Arabes et des musulmans et il faut en respecter le statut, a martelé la représentante, s’inquiétant des mesures contraires au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité.  La communauté internationale doit respecter les droits légitimes des peuples et favoriser les conditions propices à la paix.  Le Qatar, a conclu la représentante, croit en l’importance des 17 objectifs de développement durable.  Il a été l’un des premiers pays à soutenir l’Alliance des civilisations et est attaché à parvenir à sa Vision 2030.  La représentante a renouvelé l’engagement du Qatar à mettre en œuvre le Plan d’action sur la culture de paix et à soutenir la diplomatie préventive.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a rappelé qu’il ne peut y avoir de paix sans respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États et du droit à l’autodétermination des peuples.  Il faut mettre un terme à la violence, respecter la vie, assurer le dialogue et la coopération et mettre l’accent sur l’éducation et la transmission des valeurs de paix, a-t-elle dit.  Cuba, a-t-elle avoué, est préoccupée par la profonde ligne de faille qui divise les riches et les pauvres, et la fracture de plus en plus profonde entre le monde développé et le monde en développement, ce qui constitue une grande menace à la prospérité, à la paix, à la sécurité et à la stabilité mondiales.

Pour préserver et promouvoir la paix, a poursuivi la représentante, les États doivent se concentrer sur l’élimination de la menace de la guerre, en particulier de la guerre nucléaire, sur le principe du règlement pacifique des différends internationaux et sur le respect et la promotion du droit au développement.  Pour développer une culture de paix, il est nécessaire de condamner tous les actes, méthodes et pratiques de terrorisme, notamment le terrorisme d’État, et de prendre des mesures concrètes pour combattre ce fléau.  La représentante a également mis en avant le rôle de l’éducation et des médias de masse pour diffuser la connaissance et les valeurs de paix et de respect.

Elle s’est dite préoccupée par la persistance de phénomènes tels que l’intolérance et la discrimination pour des motifs ethniques, religieuses ou raciales; la menace et l’utilisation de la force; l’ingérence des grandes puissances dans les affaires intérieures des pays en développement qui ne se plient pas à leur volonté; le développement de nouvelles armes sophistiquées; et le maintien de gros arsenaux nucléaires.  Mettre un terme au blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba serait également une action en faveur de la paix et du règlement pacifique des différends, a-t-elle martelé.

M. ACHNASUL HABIB (Indonésie) a déclaré que 18 ans après l’adoption de la Déclaration sur la culture de paix, il y a lieu de noter le travail extraordinaire accompli à tous les niveaux pour garantir la tolérance, le dialogue, le respect et la compréhension mutuelle, ainsi que les efforts déployés pour passer d’une mentalité et d’un comportement enclins au conflit et à la violence à un autre, focalisé sur le dialogue et la consolidation de la paix.  Il a toutefois regretté l’intolérance galopante dans beaucoup de régions, qui s’est mue en certains endroits en mouvements de radicalisme, d’extrémisme violent et de xénophobie.  Il a prévenu que l’injustice économique et sociale croissante et les violations des droits de l’homme sont utilisées par les groupes extrémistes, y compris des extrémistes religieux pour recruter les enfants et les jeunes et les façonner à devenir la prochaine génération extrémiste.  Parallèlement, la diversité est chaque fois de plus en plus présentée comme une menace qui risque de saper les sociétés au lieu d’un atout dont tous pourraient tirer profit.

Dans ce contexte, le représentant a affirmé que, pour combattre et éliminer l’extrémisme violent, les mesures militaires à elles seules ne sauraient suffire.  Il faut des mesures plus globales à même de remédier aux causes sous-jacentes des conflits actuels.  C’est la seule façon de rompre le cycle de la violence et de l’extrémisme, a-t-il préconisé.  La promotion de la culture de paix veut dire absence de violence mais, pour y arriver, il convient d’encourager des synergies entre la paix et le développement durable, d’où l’importance d’œuvrer à la réalisation concrète des objectifs de développement durable.  S’inspirant de l’expérience indonésienne, il a recommandé de chercher un équilibre entre une approche douce, d’une part, et forte, de l’autre, cette dernière étant axée sur l’application stricte de la loi.  L’approche douce consiste à fournir davantage d’efforts en matière d’éducation, de dialogues interconfessionnels et d’autonomisation socioéconomique pour ancrer l’harmonie, le respect et la tolérance entre les cultures et les peuples.  Après avoir rappelé que l’Indonésie a été l’hôte, les 7 et 8 décembre 2017, du dixième Forum de Bali sur la démocratie, fondé sur la synergie entre des pays ayant des religions, cultures et systèmes politiques différents pour s’entreaider dans la pratique de la démocratie, il a souligné le lien entre démocratie et démocratisation, d’une part, et culture de paix, d’autre part.   

Croyant au dialogue pour établir la confiance et parvenir à une paix durable, M. HAU DO SUAN (Myanmar) a dit que les forces armées et les partis politiques du Myanmar s’étaient réunis autour d’une même table et avaient ouvert la voie à la réconciliation nationale.  L’expérience nationale a montré que ce n’est pas un chemin facile, mais le Myanmar a lancé un processus de paix fondé sur les principes d’égalité, de justice et de paix pour toutes les ethnies du pays, a précisé le représentant.  Le Myanmar représente plus de 100 ethnies et est un pays multireligieux, où le droit de préserver sa religion et son héritage culturel est garanti par la Constitution.  Le représentant a évoqué la visite « historique » que le pape vient d’effectuer dans son pays, une visite qui prouve la tolérance et la liberté religieuse du Myanmar, à majorité bouddhiste.  Des groupes d’amitié représentant toutes les religions ont été mis en place dans le pays, a-t-il insisté, rappelant que la tolérance est essentielle à l’harmonie.  Il a ensuite condamné les attentats terroristes menés dans l’État Rakhine par l’armée de libération des Rohingya et tout acte de terrorisme et de violence extrémiste où que ce soit.  La paix est le résultat d’efforts sincères de la part de tous les concernés, a-t-il conclu.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a relevé que le monde est confronté à des défis liés à la violence qui exigent de la communauté internationale qu’elle persévère dans ses efforts en faveur de la culture de paix par la mise en œuvre effective et constante des principes de la Charte, en privilégiant le dialogue au détriment de la confrontation, comme une nouvelle stratégie de la coopération internationale.  Il a appelé à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent sous toutes leurs manifestations.  Il a établi le lien entre pauvreté et inégalités sociales et a encouragé à un effort accru de dialogue entre les civilisations, le monde étant, par nature, « riche et coloré ».  Le dix-neuvième Congrès du Parti communiste a appelé, a-t-il dit, à la promotion d’une nouvelle forme de compréhension internationale en se fondant sur l’idée de l’unité du monde et en se recentrant sur les valeurs communes de l’humanité.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a dit que son pays s’est toujours attaché à promouvoir le dialogue pour régler les différends, le Gouvernement mettant la diplomatie au service de la paix, du rejet de la violence, de l’échange d’expertise et de l’autonomisation des femmes.  Le Forum mondial de la jeunesse lancé cette année à Charm el-Sheikh, qui a permis ce type d’échanges, se tiendra désormais chaque année en Égypte, a indiqué le représentant.  L’humanité doit éradiquer toutes les formes d’extrémisme, a-t-il poursuivi, et les conflits internationaux, qui sont malheureusement concentrés au Moyen-Orient et en Afrique, ne sauraient faire oublier l’importance de la culture de paix, bien au contraire.  Il ne faut, a insisté le représentant, épargner aucun effort pour réaliser le développement et protéger l’environnement pour les générations présentes et à venir.  Après avoir insisté sur le respect du droit de toutes les nations à l’autodétermination, le représentant a parlé du peuple palestinien qui vit sous le joug de l’occupation depuis des décennies et de l’importance de maintenir l’identité arabe d’Al-Qods.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a indiqué que le débat d’aujourd’hui est l’occasion pour la communauté internationale de faire prévaloir les valeurs de la culture de paix et de la tolérance face à l’obscurantisme et à la violence manifestes dans plusieurs régions.  Il a félicité Mme Audrey Azoulay pour son élection à la tête de l’UNESCO, avant de regretter les manifestations de violence religieuse.  Soulignant que le Programme 2030 est tributaire de la paix, le représentant a indiqué que son pays a mis en place un programme national qui intègre la culture de paix dans les cursus scolaires.  Le Maroc est aussi le premier pays arabe à travailler avec l’UNESCO sur cette question.  Le représentant a ensuite appelé à une lutte acharnée contre les discours de haine et la violence religieuse, conseillant de travailler avec les leaders religieux.

Le Maroc, a-t-il dit, met en œuvre une stratégie préventive, notamment avec le Programme de formation des imams et le Centre de formation des imams et morchidates qui a formé, à ce jour, plus d’un millier d’imams.  Dès l’annonce de l’intention de l’Administration américaine de transférer son ambassade de Tel Aviv à Al-Qods, le Souverain marocain a exigé le maintien du statut historique, religieux et culturel de la Ville sainte.  Il a aussi réitéré la solidarité permanente du Maroc avec le peuple palestinien et insisté sur la création d’un État de Palestine souverain avec Al-Qods comme capitale.  Le Souverain a mis en garde contre ce « précédent dangereux » que constitue la décision américaine.

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a commencé par saluer Al-Qods, berceau de la tolérance et de la civilisation, avant d’affirmer que son pays a toujours défendu la culture de paix et le dialogue entre les nations.  Le représentant a rejeté les tenants de l’obscurantisme et des politiques égoïstes.  Il a rejeté toute initiative qui pourrait entraver la lutte contre l’extrémisme.  Il faut dire la vérité sur ce qui se passe au Moyen-Orient et dans le monde arabe, a-t-il dit: Israël a été créé par l’idéologie sioniste qui s’appuie sur l’idée d’une force d’occupation.  Le sionisme est une forme de racisme, qui ne sert qu’à renforcer la violence et l’extrémisme.  Le sionisme prétend construire un État juif en Palestine en expropriant toutes les autres communautés.  Daech, a estimé le représentant, fait la même chose en voulant édifier un État qui ne tolère pas les autres.  C’est Israël qui a introduit la violence et l’extrémisme religieux dans la région, a accusé le représentant, illustrant ses propos par les « centaines » de résolutions qui ont été adoptées pour condamner sa politique expansionniste et illégale.  Il a aussi accusé Israël de fournir aide et protection à Daech et à el-Nosra dans le Golan.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (Iran) a déclaré que, comme le monde fait face aujourd’hui à un nombre de plus en plus déconcertant de risques, de menaces et de défis, la responsabilité de l’ONU pour favoriser et promouvoir la paix s’accroît aussi, en particulier avec la multiplication des acteurs étatiques et non étatiques qui propagent des idéologies « honteuses ».  Le délégué a ajouté que « la situation du monde exige de tous les États qu’ils soient plus vigilants quant aux implications et aux conséquences de leurs messages, actions et décisions sur une paix mondiale fragile. » 

Ceux qui essaient de donner une légitimité à l’occupation dans notre région en rejetant les réalités historiques sapent gravement la paix, a prévenu M. Khoshroo, pour qui l’occupation des terres palestiniennes est la racine même de toutes les crises de la région.  Toute action visant à nier les droits du peuple palestinien, y compris sur la Ville sainte d’Al-Qods (Jérusalem) et en particulier la mosquée Al-Aqsa, ne fera que détériorer la situation.  

Nous condamnons la reconnaissance par les États-Unis de la Ville d’Al-Qods comme capitale du régime israélien ainsi que le plan de transfert de l’Ambassade américaine dans la Ville sainte.  Cet acte unilatéral constitue une violation du droit international, au même titre qu’une acquisition territoriale par la force.  Tous les États ont l’obligation de s’abstenir de toute action contraire à ce principe, a martelé le représentant.

Les agissements des États-Unis, a-t-il insisté, sont non seulement illégaux mais indiquent aussi le degré d’hypocrisie de leur politique sur la paix et la stabilité au Moyen-Orient.  En soutenant ainsi le régime israélien, les États-Unis montrent leur mépris pour les principes de base du droit international et les droits inaliénables du peuple palestinien, n’hésitant pas à saper la paix et la justice dans la région. 

La communauté internationale doit tenir les États-Unis et le régime israélien pour responsables de toutes les conséquences de cet acte « illégal et imprudent ».  L’Histoire a montré que l’occupation et la paix n’ont jamais fait bon ménage et la décision américaine ne fera pas exception.  Il n’y aura jamais de paix aussi longtemps que l’occupation des terres palestiniennes continuera, a averti M. Khoshroo.

Évitons de répéter les échecs du passé, a-t-il exhorté.  Ceux qui préfèrent les sanctions et la contrainte à la place de la diplomatie et de la négociation, renforcent, par leurs actes et leurs discours, l’extrémisme et affaiblissent la culture de paix et de la tolérance.  Les mesures unilatérales et coercitives sont sources d’instabilité et d’insécurité dans les relations internationales et doivent être dénoncées comme propagatrices du terrorisme et de l’extrémisme.

Ce qui se passe aujourd’hui dans de nombreuses parties du monde, de l’occupation du territoire palestinien au conflit yéménite, illustre l’échec de nos efforts communs pour la paix dans le monde.  Ne baissons pas les bras, a encouragé le représentant, car en dépit de toutes les difficultés et de tous les défis dans notre région, il y a des raisons d’être optimistes.  Il a cité la série de défaites que vient d’essuyer Daech en Syrie et en Iraq, « un tournant et une victoire historique » pour la paix et les nations éprises de paix.

Félicitant les Gouvernements et les peuples syriens et iraquiens de leurs victoires « décisives » contre les groupes terroristes, M. Khoshroo a averti que, malgré leur défaite militaire, l’idéologie et les réseaux créés par Daech sont toujours vivants.  La victoire finale contre Daech et le terrorisme ne peut être imaginée sans débarrasser le monde de l’ombrageuse idéologie takfiriste dont s’inspirent Daech et les groupes terroristes similaires.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a dit que la paix est la condition naturelle de l’existence même de l’humanité, et que promouvoir une culture de paix passe par la transmission de valeurs.  La paix doit être au cœur du système d’éducation, qui a le pouvoir extraordinaire de permettre aux individus d’apprendre l’art du compromis, a insisté le représentant, avant de saluer le rôle de l’UNESCO.  Aux Maldives, le Gouvernement met en place des politiques permettant aux hommes et femmes, aux garçons et aux filles de vivre dans une culture de paix et de tolérance, avec une approche passant par le développement économique et social durable et inclusif.  Les Maldives reconnaissent le lien entre construction d’une culture de paix et construction d’une nation plus résiliente et plus prospère, et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est la clef de voûte de cette stratégie.  Apprendre les vertus de la tolérance devrait être la toile de fond de l’approche commune de l’éducation, a encore ajouté le représentant.

Les Maldives condamnent les efforts de certains visant à associer islam et terrorisme.  Promouvoir la culture de paix nécessite aussi la participation des médias, y compris des médias sociaux, pour qu’ils ne soient pas utilisés comme instrument d’incitation à la haine et de planification des actes terroristes.  Le pouvoir de la paix peut surmonter la tyrannie de l’ignorance, a dit le représentant, ajoutant que les Maldives sont convaincues que le Conseil de sécurité a l’opportunité sans précédent de façonner une vision commune de la paix.

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a souligné qu’en sa qualité d’État à l’origine de la résolution de 1999 sur la culture de paix, le Bangladesh ne peut que se réjouir du regain d’intérêt pour la concrétisation de ce type de culture, d’autant plus que celui-ci coïncide avec l’appel du Secrétaire général pour redorer le blason de la diplomatie pour la paix.  Il a su gré au Président de l’Assemblée générale d’avoir convoqué une manifestation de haut-niveau sur la culture de paix et a vivement exhorté toutes les entités onusiennes concernées à intégrer la promotion de cette question comme objectif sous-jacent dans leur domaine de compétence.  M. Islam a souligné l’importance du Programme 2030 pour la concrétisation des principes de dialogue et de compréhension mutuelle, et en tant que moyen de renforcer le pluralisme et la coexistence.

« Les graines de la culture de paix doivent être semées dans l’esprit des plus jeunes », a-t-il voulu, d’où l’importance cruciale de l’éducation de la petite enfance au règlement des disputes par l’échange et le dialogue.  Il a cité à cet égard la mise en œuvre nécessaire de la résolution 2250 et suggéré que le prochain rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix contienne une évaluation, en donnant une place de choix à la culture de paix.  Il a voulu que l’on prenne toutes les mesures nécessaires pour atténuer les effets de l’extrémisme.  Il faut combattre la haine et l’exclusion qui favorisent la violence et la guerre.  À cet égard, il a rappelé la « situation désespérée » des Rohingya du Myanmar, appelant à leur retour, au respect de leurs droits et dans la dignité et à l’octroi de pièces d’identité. 

Adoption des projets de résolution

Le projet de résolution sur la « modération » (A/72/L.21) a été adopté par 135 voix pour et l’opposition des États-Unis et d’Israël, alors que celui sur la « journée internationale sur le vivre-ensemble en paix » (A/72/L.26) a été adopté par consensus.

Commentant la résolution sur la « modération », le Canada s’est dit profondément engagé dans la promotion du pluralisme, du respect de la diversité et des droits de l’homme.  Il a souligné la pertinence des efforts de modération au niveau local, insistant sur le fait qu’il faut aider les communautés à prévenir et à lutter contre le radicalisme.  Une société pluraliste et caractérisée par une grande diversité de pensées est essentielle, a martelé le Canada.

Les États-Unis ont exprimé de « sérieuses préoccupations » face à la résolution sur la « modération », rejetant le paragraphe qui appelle à soutenir le Mouvement mondial des modérés.  Le terme « modération » n’ayant pas de définition agréée au niveau international, il faut veiller à ce que la résolution ne prête pas à des mauvaises interprétations et à des résultats contreproductifs.

Le Brésil s’est dit rassuré du niveau du débat sur la culture de paix. L’article 1 de la Déclaration de 1999 sur la culture de paix mentionne neuf questions, notamment le droit au développement durable.  Certains éléments de la paix ont été largement abordés dans la Déclaration mais une attention accrue doit être accordée aux droits de l’homme, a estimé le Brésil. 

Droits de réponse

Israël a dénoncé, une fois de plus, les attaques, les accusations erronées, les purs mensonges, la déclaration de haine de la Syrie qui tue son propre peuple.  Décidément, le ridicule ne tue pas.

L’occupation israélienne se poursuit dans le Golan syrien, avec Daech pour revers de la médaille, a rétorqué la Syrie.

RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CASTASTROPHES FOURNIS PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE

Rapport du Secrétaire général sur la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire et la protection du personnel des Nations Unies (A/72/490)

Rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies (A/72/76–E/2017/58)

Rapport du Secrétaire général sur la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite des catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement (A/72/348)

Rapport du Secrétaire général sur le Fonds central pour les interventions d’urgence (A/72/358)

Rapport du Secrétaire général sur l’assistance au peuple palestinien (A/72/87-E/2017/67)

Déclaration liminaire

Les résolutions présentées aujourd’hui sont très importantes, a souligné le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. ZINA ANDRIANARIVELO-RAZAFY (Madagascar).  Les mouvements de population sont plus importants que jamais, s’est-il expliqué, certains relèvent d’un choix mais beaucoup trop de gens se déplacent parce qu’ils n’ont d’autre choix que de fuir les conflits, les catastrophes naturelles ou d’autres situations.  Des millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et de protection, a rappelé le Vice-Président.  Chaque région est touchée par l’une ou l’autre de ces crises et, en conséquence, l’aide humanitaire et les efforts de secours sont l’affaire de tous.  C’est aussi l’affaire des gens, en particulier ceux qui sont les plus touchés, à savoir les femmes et les enfants.

La réalité est la suivante: le nombre des personnes forcées de fuir est plus important que jamais, soit plus de 65 millions.  En 2016, 377 millions de personnes étaient touchées par des catastrophes naturelles.

L’Assemblée générale, qui s’est vue confier la tâche de signer un Pacte mondial pour les migrations, ne la prend pas à la légère.  L’échec n’est pas une option car ce serait un camouflet pour les Nations Unies mais aussi un flot de souffrances inimaginables pour les gens.

Nous ne sommes pas ici, a prévenu le Vice-Président, pour utiliser les gens comme pions et gagner des points politiques.  Nous sommes ici pour faire en sorte qu’une fillette puisse aller à l’école sans crainte d’être bombardée, qu’un malade puisse se reposer à l’hôpital dans la sécurité et qu’un jeune homme puisse prier avec l’esprit en paix.  Le privilège d’avoir une voix dans cette salle vient avec une responsabilité énorme à l’égard des gens, a souligné le Vice-Président. 

Nous devons réaffirmer notre politique de tolérance zéro devant les actes d’exploitation et d’abus sexuels.  Les acteurs humanitaires doivent respecter les principes d’indépendance, d’impartialité, de neutralité et d’humanité.  Toutes les parties doivent autoriser l’accès humanitaire et nous devons condamner toutes les attaques contre le personnel humanitaire et médical. 

En deuxième lieu, le Vice-Président a parlé de la prévention et de l’atténuation des conflits et des catastrophes naturelles, moteurs des crises humanitaires.  Il faut aussi s’attaquer à la pauvreté et à la vulnérabilité, a-t-il poursuivi, en citant les outils que sont l’Accord de Paris, le Nouvel agenda urbain, la Déclaration de New York, le Cadre de Sendai et le Programme 2030.

Nous devons, a dit le Vice-Président, respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, à savoir condamner toutes les violations et traduire les coupables en justice.  Pour éviter les conséquences dramatiques des catastrophes naturelles, nous avons besoin de stratégies de réduction des risques de catastrophe, y compris des systèmes d’alerte rapide.

Nous avons, a estimé le Vice-Président, tout ce qu’il faut pour éviter les souffrances humaines.  Nous devons mobiliser toutes les parties prenantes, y compris les jeunes gens, toutes nos connaissances et tous nos outils de prévention car « mieux vaut prévenir que guérir ».  Malgré toutes les mauvaises nouvelles, a-t-il conclu, l’action humanitaire sauve des vies mais, l’année dernière, il lui manquait toujours 43% des fonds demandés.  Le Vice-Président s’est donc félicité des annonces de contribution faites, ce matin, au Fonds central pour les interventions d’urgence.

Présentation des projets de résolution

Au nom de l’Union européenne, Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a présenté les projets de résolution intitulés « Sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » (A/72/L.22) et « Assistance au peuple palestinien » (A/72/L.25).  S’agissant du premier texte, elle a expliqué qu’il s’agit de reconnaître les menaces diverses et multidimensionnelles auxquelles sont exposés les femmes et les hommes du personnel humanitaire, y compris les ONG, le personnel médical, le personnel des Nations Unies et le personnel associé.  Pour cette raison, la résolution souligne l’importance qu’il y a à ce que la sécurité et la sûreté des personnels humanitaire et de l’ONU soient systématiquement et intégralement prises en compte dans la planification de l’action humanitaire.  La résolution encourage et appuie tous les efforts visant à renforcer les partenariats et les échanges d’informations avec les ONG.  Des initiatives telles que le cadre révisé de « Sauvons les vies ensemble » doivent être en effet renforcées.  Il faut mieux comprendre les menaces grâce à une meilleure collecte des données.  La vulnérabilité du personnel local est aussi soulignée ainsi que l’augmentation du nombre des attaques sexuelles et l’obligation de respecter et de protéger le personnel médical.  La résolution salue aussi les améliorations apportées au système de gestion de la sécurité aux Nations Unies.

Quant au texte sur l’assistance au peuple palestinien, la représentante a exprimé « la grave préoccupation » de l’Union européenne face aux conditions de vie et à la situation humanitaire difficiles des Palestiniens.  Cela exige la fin du blocus et la réouverture des points de passage mais aussi la prise en compte des préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité.  Elle a salué, une nouvelle fois, l’Accord du Caire du 12 octobre qui pourrait devenir une étape importante vers l’unité palestinienne, sous une Autorité nationale unique, légitime et démocratique, fondée sur la plateforme de l’OLP et les principes du Quatuor, et conforme aux accords existants.  La représentante a rappelé que l’Union européenne vient de faire une contribution additionnelle d’urgence à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Elle s’est dite consciente que la résolution présentée aujourd’hui devra être actualisée dans un futur proche.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme IRINA MORENO GONZALEZ (Équateur) a présenté le projet de résolution sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement » (A/72/L.23).  Cette année, a-t-elle expliqué, la résolution reconnaît l’importance croissante et l’ampleur des catastrophes naturelles, y compris celles dues aux changements climatiques.  Elle encourage les États Membres, les Nations Unies, et les organisations et parties concernées à redoubler d’efforts pour répondre aux besoins des personnes déplacées par les catastrophes et note qu’il importe de mettre en commun des pratiques optimales pour prévenir les déplacements et s’y préparer.

La résolution met une emphase particulière sur la prévention et l’atténuation des catastrophes, ainsi que sur l’état de préparation et les systèmes d’alerte précoce.  Elle invite les États Membres, les organisations internationales et autres à améliorer leur capacité d’intervention sur la base des informations provenant des systèmes d’alerte rapide, de façon à pouvoir réagir efficacement dès que l’alerte est donnée.  La résolution encourage également les États Membres, les Nations Unies et les organisations humanitaires et celles qui s’occupent de développement à continuer de soutenir les activités d’alerte rapide et d’intervention précoce, comme le financement axé sur les prévisions.

La résolution encourage également les États Membres, l’ONU et les autres parties prenantes concernées à continuer d’aider à adapter la préparation et l’intervention en cas de catastrophe aux conditions locales et à faire en sorte que les intervenants nationaux et locaux aient les moyens de répondre aux besoins et aux priorités locaux.

Elle encourage les États Membres, les institutions financières internationales et le secteur privé à mobiliser des ressources prévisibles sur plusieurs années et à œuvrer collectivement à la réduction des besoins, des risques et des vulnérabilités, tout en tirant parti d’une grande diversité de flux et d’instruments financiers, ainsi que des partenariats, pour mobiliser des ressources supplémentaires à la suite de catastrophes naturelles.

En ce qui concerne le recueil de données, a poursuivi la représentante, la résolution encourage l’ONU à continuer d’offrir davantage de services de données et d’orientation et d’améliorer les compétences de son personnel humanitaire en matière de données afin de rendre la préparation et l’intervention en cas de catastrophe plus efficaces.  Elle encourage aussi les États Membres, appuyés par l’Organisation des Nations Unies s’ils en font la demande, à œuvrer à la création et au renforcement de bases de données nationales sur les pertes dues aux catastrophes, de profils de risque et de capacités, et à continuer de recueillir, de mettre en commun et d’utiliser les données recueillies afin d’éclairer les mesures et les stratégies pertinentes.

Enfin, la résolution engage les États Membres, les Nations Unies, les organisations humanitaires et les organismes de développement, dans le cadre de leurs mandats respectifs, ainsi que les autres parties prenantes, à continuer de prendre des mesures concrètes en vue d’assurer la mise en œuvre efficace du Nouveau Programme pour les villes, d’améliorer la résilience face aux catastrophes et aux effets néfastes des changements climatiques et de faire en sorte que le développement durable dans les milieux urbains tienne compte des risques de catastrophe.

Présentant le projet de résolution sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » (A/72/L.24), Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a indiqué que cette année, le texte apporte un certain nombre d’améliorations pour refléter la réalité humanitaire actuelle.  La résolution place un accent particulier sur la situation alarmante en matière de sécurité alimentaire et sur les risques de famine, y compris les forces motrices de ces crises, dont les conflits.  La résolution a également un libellé plus robuste sur la protection des écoles et la nécessité d’assurer la protection de l’environnement scolaire pendant les urgences humanitaires.  La résolution a aussi un libellé plus fort sur la sûreté et la sécurité du personnel médical et les soins pendant les conflits armés.

La résolution offre également une plateforme plus forte pour la réforme et le financement de l’aide humanitaire, soulignant la responsabilité des donateurs et des acteurs humanitaires ainsi que l’importance des modalités telles que la mise en commun des fonds au niveau des pays.  Avec ces améliorations, s’est réjouie la représentante, nous effectuons ensemble un pas vers un système de réponse humanitaire plus fort, plus efficace et plus inclusif.

Déclarations

Dans une déclaration conjointe avec l’Inde, Mme Schoulgin Nyoni (Suède) a affirmé que le partenariat entre les deux pays reflète leur engagement, profond et partagé, en faveur d’un robuste système international de réponse humanitaire ainsi que leur détermination à œuvrer comme des « chantres mondiaux » d’une réponse efficace.  Notant que le nombre des personnes nécessitant une assistance a atteint un niveau record depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et que plusieurs crises de longue durée en Afrique et au Moyen-Orient s’aggravent, elle a ajouté que les urgences dues aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, conjuguées à celles dues aux conflits violents, continuent de briser les communautés vulnérables.  Pour y remédier, le système humanitaire mondial aide des dizaines de millions de personnes, chaque année, et sauve des millions de vies.  C’est un système efficace et responsable qui jouit du dévouement et de l’abnégation d’individus professionnels.

Les besoins actuels sans précédent exigent également une réponse qualitative et quantitative sans précédent.  Il faut intensifier les partenariats et celui entre l’Inde et la Suède montre que les valeurs communes et l’engagement partagé peuvent transcender la distance géographique.  Elle a encouragé tous les États Membres à se joindre à eux pour bâtir des partenariats similaires.  Elle a en outre mis l’accent sur le plein respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité des États, ajoutant que la responsabilité première de l’aide humanitaire incombera toujours à l’État affecté.  Elle a insisté sur l’appropriation nationale, avant de noter, à son tour, le nombre croissant d’attaques violentes contre les travailleurs humanitaires et de les condamner.  « Ces attaques sont non seulement des attaques contre les Nations Unies mais contre l’humanité même », a-t-elle martelé, en réaffirmant la nécessité de mettre fin à l’impunité.  Les populations affectées doivent demeurer au centre de toute l’action humanitaire, a-t-elle poursuivi, en encourageant la communauté humanitaire et l’ensemble du système des Nations Unies à continuer à renforcer la reddition de comptes.

Affirmant également que l’assistance humanitaire n’est pas seulement une obligation morale mais qu’elle est aussi essentielle au maintien de la paix et la sécurité internationales, la représentante a voulu que l’on s’interroge sur le coût de l’inaction plutôt que de se désoler de celui de l’action humanitaire.  Elle a mis en exergue la responsabilité commune de répondre aux crises humanitaires où qu’elles adviennent, que ce soit par des contributions financières aux agences humanitaires ou par un soutien politique.  Il ne faut pas non plus oublier les investissements à long terme dans le développement et la résilience car, au fil du temps, ils sont susceptibles de réduire la nécessité des réponses humanitaires à grande échelle.

L’Inde, a-t-elle dit, a été le premier pays à dépêcher une aide d’urgence aux pays les plus affectés par les récents ouragans dans les Caraïbes, comme elle a assuré l’évacuation de Saint-Martin et des ressortissants de 10 pays.  Le Fonds Inde-ONU a versé 2,2 millions de dollars aux efforts humanitaires dans la CARICOM.     

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme SITI ARNYFARIZA MD JAINI (Brunéi Darussalam) a rappelé que le monde a enregistré cette année les pires catastrophes en raison d’événements climatiques extrêmes et que l’Asie du Sud-Est, qui compte plus de 600 millions d’habitants, est l’une des régions les plus exposées.  Aussi la représentante a-t-elle partagé quelques-unes des mesures prises dans l’ASEAN pour y faire face.

Tout d’abord, l’ASEAN s’assure de la mise en place et de la cohérence des cadres politiques, des stratégies et des approches dans la région.  L’Accord de l’ASEAN sur la gestion des catastrophes et les interventions d’urgence constitue le socle de la politique régionale, et couvre la gestion des catastrophes, l’évaluation des risques, la prévention et l’atténuation, la préparation, l’intervention d’urgence, la récupération, la coopération technique et la recherche scientifique.  Pour rendre ceci opérationnel, a poursuivi la représentante, un Centre de coordination de l’aide humanitaire a été créé, qui a, ces derniers mois, apporté de l’aide à des communautés de l’État Rakhine, au Myanmar, au nord du Viet Nam et à la ville de Marawi, aux Philippines.  L’année dernière, les responsables politiques ont signé la Déclaration « One ASEAN, One Response », qui vise à intervenir plus rapidement, à mobiliser davantage de ressources et à mettre en place une meilleure coordination dans l’intervention d’urgence collective.

Deuxièmement, l’ASEAN renforce les partenariats par divers biais, tels que la réunion des ministres de la défense, le Sommet de l’Asie orientale et le Forum régional de l’ASEAN, et s’engage à renforcer la coopération avec l’ONU.  Le Dialogue stratégique annuel de l’ASEAN sur la gestion des catastrophes, qui s’est tenu à Singapour au mois d’août dernier, s’est focalisé sur la collaboration entre l’ASEAN et l’ONU sur la question de la gestion des catastrophes, a expliqué la représentante.  Lors du neuvième Sommet ASEAN-ONU, qui s’est tenu à Manille, les deux parties ont décidé de travailler ensemble au renforcement de la résilience aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques dans le cadre du Plan d’action stratégique commun en matière de gestion des catastrophes (2016-2020).  En outre, l’échange d’information sur la coopération entre le Secrétaire général de l’ASEAN et le Coordonnateur des secours d’urgence est un pas en avant pour traduire les engagements partagés en actions concrètes.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré que 26 ans après l’adoption de la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, dans laquelle la communauté internationale s’était engagée à venir en aide aux plus vulnérables en cas de besoins, des centaines de millions de personnes, qui ont connu depuis cette date les horreurs des conflits armés ou les affres des catastrophe naturelles, ont reçu une assistance qui a pu sauver leur vie.  Ces faits poignants sont à rappeler lors des négociations sur les résolutions annuelles relatives aux questions humanitaires.  Il est d’autant plus important de les rappeler que les défis de la communauté internationale sont, non seulement énormes dans leur ampleur, mais aussi différents dans leur nature, en comparaison à ceux d’il y a 26 ans, a-t-il dit.

Citant une étude lancée à Genève par le Coordonnateur des secours d’urgence, il a chiffré à environ 136 millions le nombre des personnes dans le monde qui auront besoin d’aide humanitaire en 2018.  Dans le même temps, plusieurs crises humanitaires se sont prolongées et semblent même être devenues permanentes, à tel point que 19 des 20 plans de réponse humanitaire présentés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) concernent des crises qui durent depuis cinq ans et plus.  Deux tiers de ces crises durent depuis 18 années consécutives.  

Les besoins en financement se sont aussi accrus en 2017.  Si les donateurs ont atteint des records en matière de contributions, atteignant presque 13 milliards de dollars en novembre dernier, il manque pourtant encore 12 milliards de dollars, a encore chiffré le représentant, ajoutant que ce déséquilibre chronique entre les ressources disponibles et les besoins est une des équations du problème.  Mais il faut aussi être réaliste et reconnaître que les conflits sont la source première des besoins humanitaires.  Pourtant, seuls deux des plans de réponse humanitaire de 2018 portent sur des situations de conflit, alors que ces derniers provoquent des déplacements forcés, la faim ou l’insécurité alimentaire.

En ce qui la concerne, l’Union européenne s’est engagée à assumer ses responsabilités, en particulier dans le contexte du dixième anniversaire du Consensus européen sur l’aide humanitaire.  Elle restera guidée par les principes de l’action humanitaire et respectera le droit international humanitaire, le droit des réfugiés et les droits de l’homme.  Elle appuiera également l’ouverture d’enquêtes et l’établissement des responsabilités en cas de graves violations du droit international.  La protection des civils, des travailleurs humanitaires, des Casques bleus des Nations Unies, de la Croix-Rouge ou d’autres organisations de la société civile sera une autre de ses priorités, a dit le représentant, insistant sur la nécessité d’apprendre de l’expérience.  En tant que principal donateur international, l’Union européenne est d’avis que l’objectif de l’aide humanitaire est de sauver des vies et d’alléger les souffrances, partout où elles frappent, a conclu le représentant.  

M. HASSAN AMIR WAHEED (Maldives) a déclaré que le système des Nations Unies devait être renforcé de manière à répondre non seulement aux situations humanitaires existantes, mais aussi aux situations potentielles qui peuvent apparaître, en particulier à la suite des catastrophes dans des pays particulièrement vulnérables comme les petits États insulaires en développement.  Les réponses doivent être adaptées aux besoins et élaborées stratégiquement grâce à une analyse des besoins, en étroite consultation avec les pays et communautés touchés et ancrées dans les principes de neutralité, d’impartialité, d’indépendance et d’humanité.  Des données désagrégées doivent être utilisées pour des réponses plus efficaces et mieux informées, et ces réponses doivent être évaluées en permanence sur la base des informations les plus récentes. 

Le délégué a ajouté que, dans le cas des pays comme le sien, la collecte de ces informations et données peut être un défi, compte tenu des contraintes structurelles et financières.  Pour les petits États insulaires, les points d’entrée sont généralement limités et peuvent subir des dommages structurels, entravant l’accès humanitaire.  Grâce à la planification stratégique, il serait peut-être utile de mettre en place des systèmes capables de faciliter l’aide, dont la coopération avec les États voisins, a-t-il suggéré.  Il a aussi souligné la nécessité de générer des financements plus durables pour répondre spécifiquement à la crise humanitaire des petits États insulaires.  Il a réitéré l’appel à des efforts soutenus pour atténuer les effets des changements climatiques, « causes profondes » des catastrophes. 

Mme ANAT FISHER TSIN (Israël) a souligné que la croyance de son pays dans « Tikkun Olam » -réparer le monde- le conduit à alléger les souffrances de ceux qui n’ont plus aucun contrôle sur les circonstances.  L’hôpital israélien de Nahariya soigne ainsi des milliers de Syriens depuis des années car, quand il s’agit de sauver des vies, Israël ne connaît pas de frontières, s’est enorgueillie la représentante.  De la Syrie à la Sierra Leone, en passant le Mexique et Porto Rico, dans les conflits ou dans les catastrophes naturelles, Israël ne renonce jamais à son engagement d’aider les autres.  Immédiatement après le premier tremblement de terre au Mexique, il y a trois mois, l’Agence israélienne de la coopération internationale au développement, MASHAV, est arrivée sur place avec 15 tonnes de matériels essentiels.  Deux jours à peine après le deuxième tremblement de terre, une équipe de 70 Israéliens, y compris des ingénieurs, a prêté main-forte au Gouvernement mexicain, lançant ensemble une opération de secours cruciale. 

Les défis humanitaires complexes actuels exigent, a estimé la représentante, une approche multipartite.  Les gouvernements, les ONG et le secteur privé doivent travailler ensemble, « la main dans le cambouis » pour fournir des secours vitaux et un appui à long terme.  L’ONG IsraAID se concentre d’ailleurs sur ces secours et cet appui.  Depuis sa création en 2001, elle a participé à pratiquement toutes les grandes crises humanitaires, déployant secouristes, médecins et équipes de recherche et de secours, sans oublier les experts post-traumatiques. 

M. ABDULRAHMAN YAAQOB Y.A. AL-HAMADI (Qatar) a indiqué que l’assistance humanitaire d’urgence ne cesse de prendre de l’ampleur en raison de la multiplication récente des conflits et catastrophes naturelles, qui a causé des souffrances indescriptibles aux populations et posé des défis sans précédent.  Il a renvoyé au rapport du Secrétaire général qui fait état de millions de personnes arrachées à leurs foyers, déplacées et réfugiées.  Le représentant a mis l’accent sur les « besoins humanitaires urgents » dans les Territoires palestiniens occupés.  Toujours actif dans le domaine de la paix et la sécurité internationales, en particulier par son rôle dans le règlement pacifique des conflits et des crises, le Qatar, a dit le représentant, veillera au renforcement des différentes initiatives d’aide humanitaire mais aussi du développement.  Conscient également de son rôle d’argentier, l’Émirat a versé 40 millions de dollars au Bureau de la coordination de l’aide humanitaire (OCHA), devenant ainsi l’un des plus grands contributeurs du Bureau.  Le Qatar s’est également engagé à verser, entre autres, 6 millions de dollars pour les déplacés iraquiens et les efforts de reconstruction du pays.  La coopération, le partenariat, l’intégrité et l’impartialité sont indispensables dans les efforts de la communauté internationale visant à la réalisation des objectifs de développement durable, a conclu le représentant.

Mme KANJANATORN KANJANASOON (Thaïlande) a rappelé que son gouvernement consacre à l’aide humanitaire un budget d’un million de dollars par an, et, depuis 2012, il donne 20 000 dollars par an au Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF).  La Thaïlande a aussi créé un comité de coordination pour venir en aide aux pays qui font face à des situations d’urgence en raison de catastrophes naturelles, en particulier par des dons d’argent et de biens humanitaires, le détachement d’unités de recherche et de secours ainsi que l’envoi de personnel médical. 

Au niveau régional, la Thaïlande, a dit la représentante, est prête à contribuer aux initiatives d’aide, y compris au sein du Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’ASEAN, conformément à son engagement dans le cadre notamment de la Déclaration de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe ainsi que de l’Accord de Paris, afin d’assurer une approche plus large des situations humanitaires.

Compte tenu de la fréquence et de l’intensité croissante des phénomènes naturels extrêmes, il est peut-être temps de mener une réflexion sérieuse sur des solutions à long terme, en évaluant les risques et les réponses actuelles.  Nous devons faire en sorte que les zones les plus vulnérables aient des mesures de prévention adéquates et des infrastructures résilientes, a suggéré Mme Kanjanasoon.

Malheureusement, les nouvelles ne sont pas bonnes du tout, a asséné M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne), à la lecture du document « Panorama humanitaire mondial 2018 » lancé par le Coordonnateur des secours d’urgence: environ 136 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire l’année prochaine, ce qui signifie que les mécanismes ne font pas ce qu’il faut pour couvrir les besoins.  À la source de cette situation, la magnitude et la complexité des conflits armés, qui se caractérisent chaque fois plus par des violences inouïes, des cas d’exploitation sexuelle et autres.  Ce panorama affligeant exige une réflexion, en particulier sur le lien entre l’aide humanitaire et le développement; la nécessité de faciliter l’accès humanitaire; la prévention des attaques contre le personnel humanitaire et médical et la lutte contre l’impunité; le règlement pacifique des conflits; l’utilisation de la faim comme arme de guerre et l’efficacité de l’aide pour la rendre la plus participative possible.

Le représentant a insisté d’autre part sur le fait que toutes les parties au conflit, États ou acteurs non étatiques, sont dans l’obligation de respecter l’interdiction de s’attaquer à la population civile.  Il a regretté qu’aujourd’hui, tous les conflits se caractérisent, presque sans exception, par le nombre élevé de morts parmi la population civile.  Il a souligné que la protection des civils est justement l’une des priorités majeures de l’Espagne qui a dûment assumé ses engagements politiques comme celui de la Déclaration pour des écoles sûres ou la Déclaration ministérielle sur l’attention médicale en temps de conflit, récemment proposée par la France.  

M. WON DOYEON (République de Corée) a déclaré que cette année, la communauté internationale avait atteint des records tant en termes de personnes à aider, qu’en nombre de plans de réponse d’urgence.  Par ailleurs, et en dépit des efforts collectifs et continus, de nouveaux conflits ne cessent d’émerger, comme on le voit en République démocratique du Congo, dans les régions de Kasaï, du Tanganyika, du Sud Kivu ou encore au Myanmar, avec la crise des musulmans rohingya.  À ces conflits s’ajoutent des cas de famine ou de catastrophes naturelles. 

Pourtant la communauté internationale a déployé de nombreux efforts pour répondre à la situation actuelle.  Le système des Nations Unies a consolidé son action de lutte contre la famine et les réponses ont été rapides dans le cadre des ouragans Irma et Maria.  Des progrès ont également été faits dans le suivi des conclusions issues du Sommet humanitaire mondial.  Mais tout cela n’est pas suffisant, a déclaré le représentant, ajoutant qu’il faut faire davantage, notamment reconnaître le lien entre les défis environnementaux, le sous-développement, les inégalités persistantes et l’extrémisme violent.

Du point de vue de la République de Corée, les crises humanitaires ne peuvent plus être séparées du développement, de la paix ou des questions de sécurité.  Ces défis multidimensionnels exigent des Nations Unies et de ses partenaires un travail de coordination accrue et de coopération.  Pour faire la différence, il faut également améliorer l’efficacité de tout le système humanitaire.  À ce titre, le représentant s’est félicité de l’opérationnalisation de l’initiative « Nouvelle façon de travailler », qui apporte plus de flexibilité et de prévisibilité au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Il a aussi estimé que l’assistance humanitaire doit être centrée sur des activités qui sauvent la vie, notamment celle des plus vulnérables, à savoir les filles, les femmes, les enfants et les personnes handicapées.  Ces groupes sont la priorité de la République de Corée, a conclu son représentant.   

M. OLIVIER ZEHNDER (Suisse) a dit que la communauté internationale doit apporter une réponse forte et unie aux besoins humanitaires qui ne cessent de croître année après année.  Le représentant a insisté sur trois points fondamentaux.  Premièrement, il a réitéré que l’aide humanitaire doit être fournie conformément aux principes d’indépendance, d’impartialité, de neutralité et d’humanité.

Deuxièmement, le droit international humanitaire représente le cadre légal universellement accepté qui doit être respecté par toutes les parties impliquées dans un conflit armé.  L’accès aux personnes dans le besoin doit être assuré et la protection de ceux qui risquent leur vie pour soigner les blessés et les malades doit être renforcée, a souligné le représentant.  « Les actes dont nous sommes témoins dans certains conflits armés aujourd’hui provoquent l’indignation et pèsent sur notre conscience collective.  Les auteurs de violations du droit international humanitaire doivent être poursuivis. »

Troisièmement, a poursuivi le représentant, le phénomène de déplacement forcé dû aux catastrophes naturelles, aux changements climatiques ou aux conflits armés requiert une étroite coordination des différents instruments de l’aide humanitaire et du développement, mais également de la promotion de la paix et des droits de l’homme.  Il faut une approche qui englobe la prévention, la protection et la résilience, a ajouté le représentant.

En conclusion, M. Zehnder a estimé que les progrès effectués cette année dans le cadre des résolutions sont un signal encourageant mais que les textes adoptés aujourd’hui sont en deçà de ce que la situation humanitaire globale exige, notamment en ce qui concerne l’accès humanitaire et la complémentarité entre les approches humanitaires et de développement.

M. LUO JIN (Chine) a souligné l’importance de respecter le droit international et les normes fondamentales régissant les relations internationales, et de mener efficacement les secours humanitaires.  Une réponse rapide aux besoins prioritaires des pays bénéficiaires et le respect de leur leadership constituent une garantie pour une aide humanitaire efficace, a rappelé le représentant pour qui cette aide doit respecter la Charte et la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité des pays récipiendaires.  Elle doit aussi adhérer aux principes d’humanité, de neutralité, d’indépendance et d’impartialité, au droit international et à la législation des pays hôtes.  Il faut s’abstenir de politiser les questions humanitaires et éviter de militariser l’aide humanitaire.

Deuxièmement, M. Luo a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir le développement et de consolider la paix pour réduire drastiquement la demande d’aide humanitaire.  Tout en répondant efficacement aux demandes humanitaires à court terme, la communauté internationale doit accroître les contributions au développement et faire progresser de manière globale la mise en œuvre du Programme 2030 afin de résoudre les problèmes profonds qui alimentent les conflits.  Il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement et de s’abstenir de réduire les apports dans les domaines du développement au profit de l’aide humanitaire.

Troisièmement, M. Luo a souligné l’importance de renforcer les capacités des pays en développement pour qu’ils puissent faire face efficacement aux catastrophes naturelles.  La communauté internationale doit accroître l’aide financière et technique aux pays touchés en fonction de leurs conditions nationales et de leurs besoins spécifiques afin de renforcer leur capacité de gestion des risques et leur résilience et de les aider à construire des infrastructures qui serviront de base à la transition des secours en cas de catastrophe vers le développement.

Quatrièmement, le représentant a souligné la nécessité de soutenir l’ONU.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires devrait améliorer son efficacité et faire sa part dans la coordination, établir et améliorer des partenariats pilotés par les États Membres et promouvoir la synergie de l’aide humanitaire aux niveaux national, régional et international en fonction des besoins et priorités réels identifiés par les gouvernements et les populations bénéficiaires.

Mme LOUISE BLAIS (Canada) a constaté qu’une fois encore, la communauté humanitaire internationale a dû faire face en 2017 à une « année éprouvante », les conflits ayant entraîné le déplacement forcé de millions de personnes, tandis que la famine et l’insécurité alimentaire atteignent des niveaux sans précédent.  Cette année, a-t-elle souligné, les appels à l’aide humanitaire ont permis de mobiliser 23,5 milliards de dollars pour répondre aux besoins de plus de 100 millions de personnes.  Le Canada a contribué à ce total à hauteur de 532,5 millions de dollars, a précisé la représentante, constatant toutefois que l’effort de financement international reste insuffisant.

Si la communauté internationale se doit d’accroître l’efficacité de sa fourniture d’aide humanitaire, elle doit aussi redoubler d’efforts pour s’attaquer aux racines mêmes des conflits, a professé la déléguée.  Prévenir les crises est moins coûteux et plus efficace que d’y réagir, a-t-elle fait valoir, appelant les États Membres à aider à la construction d’institutions résilientes et à jeter les bases d’un développement et d’une paix durables.

Pour répondre aux besoins des populations affectées par les conflits et les crises, plusieurs moyens existent, a poursuivi Mme Blais.  Le premier consiste, selon elle, à prendre en compte les besoins des femmes et des filles.  On assiste en effet à une exacerbation des violences basées sur le sexe ou le genre en temps de conflit ou de catastrophe naturelle, a-t-elle observé, évoquant différentes initiatives prises par son pays pour soutenir la cause des femmes et des filles, notamment les Principes de Vancouver ratifiés par 57 pays sur la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats.

Un autre moyen de répondre aux crises humanitaires est de travailler à la réduction des déplacements forcés, a ajouté la représentante.  À cet égard, a-t-elle relevé, l’adoption d’un pacte mondial sur les migrations et le vingtième anniversaire des Principes directeurs sur les déplacements internes, tous deux prévus en 2018, représentent des opportunités pour faire progresser les approches collectives et les responsabilités sur cette question.

Mme TALAL S. S. S. ALFASSAM (Koweït) a salué le travail de tous ceux qui apportent une assistance humanitaire que le Koweït n’a eu de cesse de défendre et d’encourager.  L’amélioration de cette aide en cas de catastrophe est indispensable.  La représentante a aussi attiré l’attention sur les difficultés d’acheminement et souligné que les pays arabes ont collectivement pris des mesures pertinentes, notamment en exemptant les fournitures humanitaires de toutes taxes et droits douaniers.  D’autre part, elle a souligné l’importance de l’impartialité dans l’assistance et de l’accès des experts et du personnel spécialisés.

Déplorant la situation humanitaire dans le monde, Mme BLAKE (États-Unis) a rappelé que les conflits sont les moteurs des besoins humanitaires et continueront à provoquer les mouvements de population.  La résolution sur la sécurité du personnel humanitaire envoie un message important, a dit la représentante, qui s’est dit ravie de la soutenir.  Quant à la résolution sur la coordination de l’aide humanitaire d’urgence, elle a estimé que la mise en place des évaluations permettrait d’éviter les fraudes et les abus et de mieux utiliser les « rares » ressources.  Elle a reconnu le caractère « global » du Programme 2030 mais a souligné que chaque pays a ses propres priorités de développement.  Elle a aussi mis en garde contre des résolutions qui permettraient de « réinterpréter » le droit de la guerre. 

M. RUBEN ARMANDO ESCALANTE HASBUN (El Salvador) a espéré que les résolutions contribueront à une approche plus inclusive ancrée dans des pratiques novatrices pour sauver, en fin de compte, des vies.  Il a assuré de l’attachement de son pays à appliquer le Cadre de Sendai et à réduire l’exposition aux risques, en évitant, par exemple, de reconstruire sans prendre en compte, au préalable, les risques de catastrophe.  Rappelant le Sommet humanitaire mondial de 2016 qui appelle à l’action et à un engagement pour prévenir les répercussions négatives des changements climatiques, comme la pauvreté, les conflits et l’inégalité, il a salué la publication par l’OCHA du premier rapport de suivi des promesses de contributions faites lors du Sommet.

Il a indiqué que toute la région d’Amérique centrale a été affectée, à intervalles réguliers et récurrents par des phénomènes hydrométéorologiques associés aux changements climatiques et au phénomène El Niño, comme la sécheresse et les inondations, qui ont déclenché des urgences humanitaires, des déplacements, de l’insécurité alimentaire et engendré des « déplacés climatiques ».  Il a cité à ce sujet la résolution 70/100, avant d’inviter l’Assemblée générale à « garder un œil » sur cette question aussi bien dans ses débats sur la prévention des catastrophes que sur l’assistance humanitaire et de reconnaître plus spécifiquement l’impact des catastrophes « lentes ».  Pour El Salvador, ce type de catastrophes ne suscitent pas une grande attention de la communauté internationale mais n’en gérèrent pas moins d’importants dégâts irréversibles aux structures économiques, sociales et environnementales des pays d’Amérique centrale.  Les efforts internationaux doivent en conséquence aussi être liés aux processus internes et à la coopération internationale en matière d’adaptation aux changements climatiques, a-t-il suggéré.     

Au vu du « Panorama humanitaire », M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a déploré que les moteurs de la majorité des besoins humanitaires soient encore une fois le conflit et la violence.  Malgré les efforts collectifs et 18 mois après le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul, l’écart entre les besoins et les ressources continue à s’élargir.  Le représentant a indiqué que la Turquie accueille 3,3 millions de réfugiés syriens, iraquiens et afghans qui ont fui la violence et qu’elle appelle depuis longtemps à un partage des responsabilités.

Au Sommet humanitaire mondial, les 9 000 représentants des États et des organisations se sont engagés dans un Programme d’action pour l’humanité.  La Turquie avait alors annoncé son soutien aux obligations prises dans cinq responsabilités fondamentales.  Le représentant s’est félicité que ce Programme soit aujourd’hui un moteur de changement, par exemple pour dépasser la division entre humanitaire et développement.  L’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention ouvre une nouvelle ère qui va dans le même sens.  En outre, la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants renforce les engagements d’Istanbul, a ajouté le représentant, estimant que nous faisons des progrès pour mieux répondre aux besoins à court et long terme des réfugiés, pour améliorer le soutien aux communautés d’accueil et pour aider les migrants en situation vulnérable.

Venant au financement de l’action humanitaire, le représentant a noté que les agences comme le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et l’UNRWA élaborent de nouveaux partenariats encourageants avec des institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale et la Banque islamique de développement, pour mieux s’attaquer aux causes des migrations.  Les changements que le Sommet d’Istanbul a appelés de ses vœux peuvent réellement transformer le paysage humanitaire afin de sauver davantage de vies et faire en sorte que les peuples puissent bénéficier des objectifs de développement durable.

Enfin, le représentant a appelé à redoubler d’efforts en 2018 pour résoudre les conflits et placer la prévention au cœur du travail des Nations Unies; répondre aux appels au partage équitable des responsabilités; respecter les obligations pour protéger les civils; mettre un terme à la culture de l’impunité; renforcer les objectifs du Cadre de Sendai, du Programme 2030 et du Programme d’action pour l’humanité; et adopter la « nouvelle façon de travailler » pour rapprocher humanitaire et développement.  En conclusion, il a rappelé que la Turquie était le deuxième donateur individuel dans le monde en 2016.

Les conflits armés continuent d’être la cause principale de l’assistance humanitaire, a déclaré, à son tour, M. YURIY VITRENKO (Ukraine), qui a souligné que son pays subit, depuis plusieurs années maintenant, la plus grave crise humanitaire de son histoire, en particulier dans l’est, conséquence directe de l’agression militaire de la Fédération de Russie.  D’après les Nations Unies, 3,4 millions de personnes ont besoin de protection et d’assistance humanitaire et, après près de quatre années de conflit armé, près 1,5 million d’Ukrainiens sont enregistrés en tant que personnes déplacées, soit 4% de la population totale.  D’un autre côté, les 200 000 personnes qui vivent à cinq kilomètres de la « ligne de contact » dans les zones contrôlées par le Gouvernement, subissent en moyenne 47 affrontements par jour et un tir d’obus chaque demi-heure.  Le représentant a également fait état des risques encourus par les civils dans une zone saturée par les mines antipersonnel et autres engins explosifs.  Il s’est dit convaincu que l’on pourrait arriver à un règlement global par le déploiement d’une mission de maintien de la paix dans l’est de l’Ukraine pour principalement faire cesser les hostilités et rétablir la pleine autorité du Gouvernement ukrainien sur la frontière.  Ce n’est qu’ainsi que la situation humanitaire pourra s’améliorer dans toute la région, a-t-il insisté, en appuyant par ailleurs les efforts ambitieux de la réforme du Secrétaire général en matière d’assistance humanitaire.      

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a rappelé que le Bangladesh traverse une des pires crises humanitaires de ces dernières années avec l’afflux de centaines de milliers de Rohingya du Myanmar.  Le défi est considérable en termes de services de base, de soins de santé, d’hébergement, cette population dépendant totalement de l’aide humanitaire.  Les camps de fortune sont très précaires et il faut répondre aux besoins pressants de ressources, a dit le représentant, qui a lancé un appel aux bailleurs de fonds.  Il faut aussi assurer le retour des Rohingya dans leur pays en toute sécurité, alors qu’ils ont été victimes de violences et risquent de l’être de nouveau s’ils rentrent.  Il ne faut pas en faire une autre de ces crises humanitaires oubliées, a plaidé le représentant.  Il a rappelé qu’il ne peut y avoir aucun prétexte pour violer le droit international humanitaire, et encore moins, pour combattre de prétendus terroristes.  Le Bangladesh accorde une grande importance à l’aide humanitaire des Nations Unies et condamne dans les termes les plus fermes les attaques indiscriminées contre le personnel humanitaire et son matériel.  Pour lui, il est indispensable que les responsables de crimes atroces contre les Rohingya soient identifiés et traduits en justice.

M. AMMAR AWAD (République arabe syrienne) a affirmé que chaque année, l’Assemblée générale se réunit pour examiner les questions liées à l’assistance humanitaire, sans politisation ni sélectivité ou distinction entre une crise ou une autre.  Il a tenu à réitérer d’emblée la position de principe de son pays sur l’impartialité de l’aide et le plein respect de la souveraineté des États.  Le représentant a donc trouvé fort regrettable qu’à présent, les États conditionnent l’aide humanitaire et la dispense en toute sélectivité.  La référence aux actes terroristes comme étant une des principales causes des crises humanitaires alors que les auteurs des résolutions ont, pendant de longues années, totalement ignoré cette question, représente un pas en avant mais qui reste toutefois insuffisant.  En effet, a-t-il expliqué, c’est le manque de coordination qui provoque des problèmes de sécurité du personnel humanitaire des Nations Unies.

Il a fustigé « l’hystérie terroriste » partout dans le monde, en particulier en Syrie.  Combien de fois notre Gouvernement a-t-il appelé l’attention sur la présence de groupes terroristes dans notre pays, a scandé le représentant, qui a invité à mesurer les effets délétères des mesures coercitives unilatérales économiques.  De nombreux États ayant parrainé la résolution omnibus, nommément les États-Unis et les membres de l’Union européenne, continuent à insister pour appliquer des sanctions qui ont un impact incalculable sur le peuple syrien, a-t-il dénoncé, en évoquant un rapport publié en septembre par la Commission économique et social pour l’Asie occidentale (CESAO) détaillant l’impact des sanctions sur les civils, les agences onusiennes en Syrie et les autres parties prenantes.  Comment les États peuvent-ils concrètement mener à bien le Programme 2030 alors même qu’ils sont privés de leurs propres potentiels et ressources? s’est-il demandé.  Il a condamné les crimes contre les Palestiniens et les Syriens, sans manquer de relever que les résolutions omettent de mentionner l’occupation du Golan syrien par Israël et l’appui de ce dernier à certains groupes terroristes.  « L’occupation est un crime qui ne peut bénéficier d’aucune prescription », a-t-il conclu avec force.  

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a indiqué que son pays est un bailleur de fonds qui déploie en outre des équipes dans les urgences humanitaires.  Les contributions directes ont dépassé les 65 millions de dollars, a dit le représentant qui a approuvé la proposition du Secrétaire général d’augmenter le financement annuel du Fonds central pour les interventions d’urgence à un milliard de dollars.  Convaincu que les principes humanitaires soutenus par les Nations Unies sont plus pertinents que jamais, le représentant a insisté sur leur inviolabilité, estimant qu’il n’est pas possible d’utiliser l’ordre de jour humanitaire pour défendre ses intérêts politiques.  Il a jugé indispensable d’adopter une approche unique dans les réponses humanitaires car on ne saurait céder à la politique de deux poids, deux mesures qui est contraire aux principes même de l’action l’humanitaire.

Donner aux agences humanitaires des fonctions qui dépassent leur mandat ne peut qu’avoir des effets délétères, a-t-il insisté, estimant que « chacun doit s’occuper de ses affaires ».  Depuis le Sommet d’Istanbul, de nombreuses discussions ont eu lieu, a-t-il rappelé, quant à la pertinence de ses conclusions.  La Fédération de Russie n’a pas soutenu les obligations du Programme d’action mais est d’accord pour aller de l’avant et est prête à un réexamen des mesures novatrices, l’important étant que cela se fasse au niveau intergouvernemental.  En conclusion, le représentant a dit qu’on ne peut ignorer que ce sont les autorités ukrainiennes qui ont imposé une guerre dans le sud-est de leur pays.

Mme HESSA MUNEER MOHAMMED RASHED ALATEIBI (Émirats arabes unis) s’est déclarée ravie de voir un nouvel accent sur les mesures pratiques qui poussent à la réflexion et un pas vers la prévention.  La représentante a soutenu la transition rapide vers un système de financement qui s’appuie sur des prévisions.  Elle a aussi salué la disposition sur l’accès aux systèmes d’alerte précoce multirisques, « même si nous espérons que nous pourrons collectivement adopter rapidement un objectif d’accès universel », a-t-elle précisé.  Soulignant l’importance du Fonds central pour les interventions d’urgence et de la mise en commun des ressources, elle a indiqué que ce sont des instruments importants pour assurer la cohérence dans l’action des Nations Unies sur le terrain ainsi que le repositionnement du système de développement de l’ONU qui pourra opérer parallèlement à l’action humanitaire. 

Droits de réponse

Le Myanmar a répondu au Bangladesh en rappelant qu’à la Troisième Commission, il avait dit prendre note des préoccupations de la communauté internationale au sujet de la situation des Rohingya et que le Comité chargé d’examiner les différents aspects de cette question a tenu sa première réunion.  En outre, un accord signé, en novembre, entre le Myanmar et le Bangladesh, détaille les arrangements de base pour faciliter le rapatriement.  Le Myanmar a lancé un appel aux partenaires pour aboutir à des solutions bilatérales concrètes reposant sur des rapports de bon voisinage.

Israël a dit, face aux accusations proférées par la Syrie, ne pas avoir d’autre choix que de rappeler que le régime syrien s’en prend à sa propre population qui a désormais besoin de l’assistance humanitaire pour survivre.

Réagissant à la déclaration d’Israël, « Puissance occupante », la République arabe syrienne a réitéré qu’Israël fait bien partie de l’équation dans le conflit syrien car il existe une véritable collusion entre Israël, Daech et le Front el-Nosra et que l’intrusion israélienne empêche le Gouvernement syrien d’aller de l’avant et d’extirper Daech des zones qu’il occupe.    

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