En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
38e & 39e séances plénières – matin & après-midi
AG/11967

À une quasi-unanimité, l’Assemblée générale des Nations Unies réclame, une nouvelle fois, la levée du blocus américain contre Cuba

L’Assemblée générale a réclamé, aujourd’hui, à une quasi-unanimité, la levée du blocus imposé depuis 1962 par les États-Unis à Cuba, en arguant qu’il contrevient à l’esprit de la Charte des Nations Unies, alors que le Président américain a durci en juin dernier les sanctions malgré le processus de normalisation des relations entre les deux pays engagé fin 2014.

La résolution* sur la « nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis » a été adoptée par 191 voix pour et 2 voix contre, celles des États-Unis et d’Israël.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée exprime à nouveau la préoccupation des États Membres face aux « conséquences préjudiciables » de ces sanctions pour la population cubaine. 

Réaffirmant les principes de « l’égalité souveraine des États, de la non-intervention et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et de la liberté du commerce et de la navigation internationaux », la résolution « exhorte de nouveau tous les États à s’abstenir d’adopter ou d’appliquer des lois ou mesures » de ce type, « comme leur en font obligation la Charte des Nations Unies et le droit international ».

Ce texte, présenté pour la vingt-sixième année consécutive, avait pour la première fois été adopté par 191 voix pour et 2 abstentions en 2016, après le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba fin 2014.  Cette année, les États-Unis ont de nouveau voté contre la résolution.

Justifiant cette volte-face, la représentante des États-Unis a rappelé que les Américains se sont choisi un nouveau Président, dont l’administration s’oppose à cette résolution par solidarité avec le peuple cubain, « privé de ses droits et libertés fondamentales ».  Ironisant sur la « pièce de théâtre politique » qui se joue chaque année à l’Assemblée générale, elle a accusé Cuba d’instrumentaliser, depuis 55 ans, ce débat pour mieux détourner l’attention des restrictions qu’il impose à son propre peuple.

En réponse à ces propos « irrespectueux et mensongers », le Ministre cubain des affaires étrangères, M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla a dénoncé quant à lui le discours « hostile, digne de la pire époque de la guerre froide », que Donald Trump a prononcé en juin 2017 pour renforcer ce blocus, qui constitue une « violation flagrante, massive et systématique des droits humains des Cubains, une transgression du droit international et un acte génocidaire ».

Les délégations ont été nombreuses à déplorer le durcissement des sanctions, qui a douché les espoirs suscités par les jalons positifs posés par la précédente administration américaine en 2015 et 2016.  De Singapour à la Chine, en passant par le Mexique et le Panama, certaines se sont dites optimistes quant à une issue diplomatique à ce différend, par le biais d’un dialogue conduit sur une base juste et équitable.

Dénonçant les plus longues et injustes sanctions unilatérales jamais imposées à un pays dans l’histoire moderne, certains États Membres, dont ceux de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), ont rappelé que ce blocus n’a, à l’évidence, pas eu l’effet escompté mais créé au contraire un véritable élan de solidarité internationale autour de Cuba.  Solidarité illustrée aujourd’hui par la salve d’applaudissements qui a accueilli l’appel du Chef de la diplomatie cubaine à voter en faveur de la résolution.

M. Rodríguez Parrilla a rappelé que le blocus constitue l’obstacle le plus considérable au développement économique et social de son pays et à la mise en œuvre de son plan national, qui s’inscrit dans le droit fil du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Parmi les délégations à s’être inquiétées de ses effets négatifs prolongés sur la population cubaine, celle du Gabon, au nom du Groupe des États d’Afrique, a qualifié le blocus de « violation du droit au développement » du peuple cubain.

Pour le Mouvement des pays non alignés, les dégâts, directs et indirects, infligés par le blocus sont « énormes », touchant la santé publique, la nutrition et l’agriculture, ainsi que le secteur bancaire, le commerce, l’investissement et le tourisme.  Alors que plusieurs délégations ont salué la solidarité des médecins cubains dépêchés dans de nombreux pays en temps de crise, M. Rodríguez Parrilla a mis l’accent sur l’impossibilité pour La Havane de se procurer des articles médicaux auprès de compagnies états-uniennes en raison des sanctions commerciales en vigueur. 

« D’après les estimations officielles, le blocus aurait coûté directement et indirectement 125,8 milliards de dollars à l’économie cubaine entre le début des années 1960 et avril 2016 », indique le rapport**du Secrétaire général dont l’Assemblée générale était saisie aujourd’hui, une estimation fournie par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain, à partir de 10 heures, pour examiner le rapport du Conseil des droits de l’homme.

*A/72/L.2

** A/72/94

NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Rapport du Secrétaire général (A/72/94)

Projet de résolution (A/72/L.2)

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie du rapport (A/72/94) dans lequel le Secrétaire général présente les réponses des gouvernements et des organes et organismes des Nations Unies sur la mise en œuvre de la résolution (71/5) relative à la levée du blocus contre Cuba, adoptée l’année dernière.

Déclarations

S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a souligné l’importance pour ces pays de la question de la levée du blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba.  Les chefs d’État africains en ont débattu lors de la vingt-huitième session de l’Assemblée de l’Union africaine de janvier 2017 et ont appelé à lever ce blocus vieux de 55 ans.  Cela fait plus de 20 ans que la volonté de la communauté internationale s’exprime par la voix de l’Assemblée générale, qui a appelé à lever ce blocus, a rappelé le représentant, en estimant qu’il est très regrettable qu’après l’amélioration des relations bilatérales entre les États-Unis et Cuba constatée sous l’administration américaine précédente, le blocus ait été récemment renforcé.  Il s’agit d’un recul auquel il faut remédier au plus vite, a-t-il lancé.

Le Groupe des États d’Afrique est préoccupé des difficultés financières occasionnées à Cuba par ce blocus, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables, une situation qui rend la réalisation des objectifs de développement durable encore plus difficile et constitue donc un obstacle à la promesse de ne laisser personne de côté.  Ce blocus est une « violation du droit au développement » du peuple cubain, a tranché le représentant.  L’appel du Groupe à lever le blocus est lancé aussi à la lumière des nombreuses contributions positives de Cuba à la communauté internationale, en particulier sa lutte pour la liberté en Afrique ou plus récemment ses efforts pour atténuer les effets adverses des crises sanitaires sur le continent.  Une solution diplomatique et politique peut être trouvée à ce dossier, ce qui serait à l’avantage des États-Unis et de Cuba, a-t-il assuré en conclusion.

S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a regretté le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis depuis 50 ans, et qui continue d’être pleinement appliqué et renforcé.  Il a rappelé les jalons positifs posés par la précédente administration américaine en 2015 et 2016 qui étaient néanmoins insuffisants pour mettre fin à l’impact de ce blocus mais allaient dans la bonne direction.

Le Groupe des 77 et de la Chine a ensuite regretté la nouvelle politique de l’actuel Président américain tendant au renforcement du blocus contre Cuba, y voyant un recul du processus de normalisation des relations entre les deux nations.  Il a réitéré l’attachement du Groupe aux buts et principes de la Charte, notamment ceux afférents à l’égalité souveraine des États, à la non-intervention et la non-ingérence dans leurs affaires internes, ainsi qu’à la liberté du commerce international et de la navigation.  Pour le Groupe, a dit M. Morejón Pazmiño, il est de la responsabilité de chaque État Membre de respecter scrupuleusement ces principes.  Toute politique ou mesure bafouant de tels principes, comme les sanctions économiques unilatérales prises contre Cuba, doivent être examinées en vue de leur abrogation, a-t-il ajouté.

Compte tenu de la durée du blocus, le Groupe a exprimé sa préoccupation quant aux effets négatifs prolongés que les sanctions économiques et les restrictions de voyage ont eus sur la population cubaine.  Ainsi, entre avril 2016 et juin 2017, l’impact du blocus sur le commerce extérieur cubain s’est chiffré à plus de quatre milliards de dollars, cependant que l’investissement étranger limité et les difficultés d’accès aux crédits de développement ont des conséquences humanitaires et que les réformes socioéconomiques lancées par le Gouvernement sont grevées par le blocus.  En cas de maintien des sanctions, il est à craindre qu’il devienne impossible pour Cuba de s’attaquer avec succès à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a prévenu le Groupe.

Le représentant a rappelé que pendant de nombreuses décennies, Cuba avait largement prêté assistance à d’autres pays, notamment sur le plan médical, comme en témoigne l’aide d’urgence fournie aux pays d’Afrique de l’Ouest touchées par le virus Ebola.  Le Groupe a donc réitéré son plein appui à la mise en œuvre des recommandations figurant dans la résolution 71/5 de l’Assemblée générale et appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour mettre fin au blocus.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a rappelé que c’est la troisième année consécutive que cette organisation sous-régionale demande la levée du blocus unilatéral imposé à Cuba.  Pour l’ASEAN, les différends entre États doivent se régler au moyen du dialogue et non par la confrontation et l’isolement.  Saluant le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, l’ASEAN a souligné que l’étape la plus importante, c’est pour Washington de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba, de manière à améliorer la qualité et le niveau de vie des Cubains et à contribuer au développement socioéconomique du pays.  La levée du blocus va également participer des efforts de l’Assemblée générale pour mettre en œuvre de manière inclusive le programme de développement durable à l’horizon 2030, a ajouté M. Gafoor.

Prenant la parole au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBEN ARMANDO ESCALANTE HASBUN (El Salvador) s’est félicité du début de normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba, initié en 2015 et 2016, tout en regrettant que le blocus continue d’entraver le développement du peuple cubain.  Il a ensuite déploré la nouvelle politique de l’actuelle administration des États-Unis, qui a l’intention de renforcer ce blocus, infligeant un revers au processus de normalisation en cours, en violation de la lettre, de l’esprit et des objectifs de la Charte des Nations Unies et du droit international.

La CELAC, a dit le représentant, rejette à nouveau l’application de lois et mesures contraires au droit international, comme la loi Helms-Burton, y compris ses effets extraterritoriaux, et les poursuites visant les transactions financières internationales avec Cuba.  Le représentant a exhorté le Gouvernement américain à y mettre fin, soulignant que le Congrès des États-Unis a l’autorité de lever totalement le blocus et le Président celui d’en modifier substantiellement l’application. 

Le représentant a estimé que la restitution à Cuba du territoire occupé par la base navale de Guantanamo doit faire partie intégrante du processus de normalisation entre les deux pays, dans le respect du droit international.  En 2015 et 2016, l’adoption de la résolution annuelle de l’Assemblée générale par 191 voix pour a confirmé son caractère universel.  La CELAC a annoncé son intention de se prononcer une nouvelle fois pour la levée du blocus.

S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a considéré que le blocus imposé à Cuba va à contre-courant des aspirations énoncées par les objectifs de développement durable.  La déléguée a rappelé que 73% des Américains et 63% des Cubains vivant aux États-Unis soutiennent la levée du blocus, avant de regretter la décision de la nouvelle administration américaine de durcir les sanctions contre Cuba alors que le processus de normalisation des relations bilatérales était déjà enclenché.  Pour la CARICOM, les progrès accomplis en 2015 et 2016 laissent entrevoir que Cuba et les États-Unis peuvent coexister dans le respect de leurs différences respectives et coopérer pour le bien des deux pays et de leurs peuples.  La Communauté s’est dite optimiste quant au fait qu’une solution diplomatique sera trouvée à ce différend perçu aujourd’hui comme « une relique de la guerre froide ».  C’est pour cette raison que les 14 États membres de la CARICOM voteront en faveur de la résolution d’aujourd’hui, a annoncé Mme King.

S’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a noté que l’abstention de la délégation des États-Unis en 2016, lors du vote de cette résolution annuelle, avait fait souffler un vent d’espoir au sein de la communauté internationale.  Les États membres de l’OCI réaffirment aujourd’hui leur opposition au blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba il y a près de 60 ans, et qui, à l’évidence, « n’a pas eu l’effet escompté », a déclaré le représentant.  Bien au contraire, ce blocus, a-t-il argué, a créé une véritable solidarité internationale autour de Cuba, comme le laisse voir le dernier résultat du vote de la résolution annuelle sur la question en 2016, avec 191 voix pour et 2 abstentions.  L’OCI estime donc qu’il est temps de lever ce blocus afin de permettre à Cuba et à sa population de bénéficier pleinement des retombées de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, qui entend « ne laisser personne de côté ».

Intervenant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a rappelé que, depuis 26 ans, l’Assemblée générale exprime son appui sans faille au peuple et au Gouvernement cubains par un soutien massif à la résolution demandant la levée du blocus imposé par les États-Unis à ce pays souverain.  Ainsi, en 2016, 191 États Membres de l’ONU ont voté en faveur de ce texte et, cette année encore, « le Mouvement des non-alignés réitère à nouveau son opposition plein et entière à la promulgation et à l’imposition de mesures coercitives unilatérales en raison de leurs implications extraterritoriales et de leur caractère illégal ».  Il a réitéré l’appel au Gouvernement américain pour qu’il mette fin au blocus économique, commercial, financier, unilatéral et illégal imposé à Cuba depuis plus de 55 ans.  Outre qu’il enfreint le droit international, la Charte de l’ONU et les normes et principes régissant les relations pacifiques entre les États, le blocus constitue également une violation du droit de Cuba à pleinement interagir avec la communauté internationale. 

Le représentant a réaffirmé la position « historique » du Mouvement consistant à rejeter les mesures coercitives unilatérales, en particulier celles utilisées comme instruments de pression politique ou économique et financière contre les États, notamment dans le domaine du développement.  Une position réitérée le 20 septembre dernier par les Ministres des affaires étrangères des États membres du Mouvement dans la Déclaration politique de New York.  Pour le Mouvement, les dégâts, directs et indirects, infligés par le blocus sont « énormes », touchant la santé publique, la nutrition et l’agriculture, ainsi que le secteur bancaire, le commerce, l’investissement et le tourisme.  Un blocus qui dénie en outre l’accès de Cuba aux marchés, à l’aide internationale des institutions financières internationales et aux transferts de technologies.  Le manque à gagner pour Cuba se chiffrerait à 822,2 milliards de dollars « si l’on prend en compte la dépréciation du dollar par rapport au prix de l’or sur le marché international ».

Toutefois, le délégué a considéré que le rétablissement de relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba représente un premier pas positif dans le processus de normalisation de leurs relations bilatérales, tout en notant que la nouvelle politique américaine, établie en juin 2017 par le président américain, va dans le sens d’un renforcement du blocus.  D’autre part, les règles fixées le 15 janvier 2015 par les Départements du commerce et du trésor américains, si elles allaient aussi dans la bonne voie, ont une portée limitée et ne modifient que quelques aspects liés à l’application du blocus.  Il a aussi souligné que la décision du Président Barack Obama de notifier le Congrès de sa décision de radier Cuba de la liste des États qui appuient le terrorisme, « liste unilatérale et illégale », n’a pas non plus mené à un assouplissement des interdictions et restrictions fixées par les lois américaines liées au blocus. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déclaré que, depuis 55 ans, Cuba se sert de ce débat à l’Assemblée générale pour détourner l’attention sur les restrictions imposées à son propre peuple.  Même pendant la crise des missiles de 1962, lorsque la dictature de Castro a autorisé l’Union soviétique à installer secrètement des missiles nucléaires sur son territoire, le régime cubain et ses alliés soviétiques ont clamé que la menace réelle à la paix n’était pas les missiles, mais la découverte de ces missiles par les États-Unis.  Aujourd’hui, a-t-elle lancé, le crime réel est la répression constante du Gouvernement cubain contre son propre peuple et son échec à répondre aux exigences minimales d’une société libre et juste.  Mme Haley a affirmé que la réponse des États-Unis a été d’être solidaire de ce peuple et de son droit à déterminer son avenir.  Chaque année, a-t-elle martelé, cette Assemblée perd son temps avec cette résolution, mais les États-Unis ne se laisseront pas distraire et voteront contre, pour la vingt-cinquième fois en 26 ans.

Mme Haley est revenue sur l’abstention de son pays l’an dernier, au prétexte que la poursuite de l’embargo n’isolerait pas Cuba mais les États-Unis.  Il est évident, a dit l’ambassadrice, que certains ne comprendront pas cette nouvelle position: comment nous avons pu accepter passivement cette résolution alors que nous nous y opposons énergiquement cette année.  Mais le peuple américain s’est exprimé et a choisi un nouveau Président, a-t-elle expliqué, et tant que le peuple cubain sera privé de ses droits et libertés fondamentales, nous ne craindrons pas l’isolement au sein de cette Assemblée ou ailleurs, a assuré Mme Haley.  « Soyons honnêtes », a lancé la représentante, cette Assemblée n’a pas le pouvoir de mettre fin à l’embargo, inscrit dans la législation américaine et qui ne peut être modifiée que par le Congrès américain.  Ce qui se joue à l’Assemblée aujourd’hui est en fait une pièce de théâtre politique, comme d’habitude, a-t-elle ironisé.  S’adressant aux Cubains, Mme Haley a dit que les Américains appuient leur rêve de vivre dans un pays où ils peuvent s’exprimer librement, avoir accès à Internet sans censure, nourrir leur famille et choisir leurs responsables politiques.

Si nombre d’entre vous ont placé des espoirs dans le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, a-t-elle continué, elles ne changeront pas.  Ce qu’il faut savoir, c’est que le Gouvernement cubain a réagi par une hausse des détentions politiques, du harcèlement et de la violence contre les défenseurs de la liberté politique et économique en 2016.  Votre gouvernement, a-t-elle lancé en s’adressant toujours au peuple cubain, ne veut pas que vous bénéficiez des gains économiques d’une levée de l’embargo.  La Havane a exporté cette idéologie au Venezuela, laquelle n’a fait qu’apprendre au régime de Maduro comment museler les journalistes et l’opposition et appauvrir le peuple.  Aujourd’hui, votre gouvernement s’emploie à choisir un successeur à Castro, essayant de vous faire croire que votre voix compte alors que le résultat est déjà décidé d’avance, a assuré l’ambassadrice, pour qui l’avenir de Cuba est entre les mains de « dictateurs ».

En conclusion, elle a déclaré que les États-Unis s’opposent à cette résolution par solidarité avec le peuple cubain.  « Nous sommes peut-être seuls aujourd’hui, mais quand le jour de la liberté viendra pour le peuple cubain, et il viendra, nous nous réjouirons avec lui comme seul un peuple libre peut le faire. »

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a estimé que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba était « la plus longue et la plus injuste des sanctions unilatérales jamais imposées à un pays dans l’histoire moderne ».  Elle a salué le fait qu’en dépit des difficultés entraînées par le blocus, le Gouvernement cubain ait toujours répondu aux situations d’urgence en envoyant des médecins, des médicaments et des équipements dans de nombreux pays victimes d’épidémies ou de catastrophes naturelles.  Le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis en 2015 avait suscité l’espoir d’une nouvelle ère entre les deux pays, a observé la déléguée.  Mais les mesures récemment annoncées par le Gouvernement américain, qui visent à renforcer les sanctions contre Cuba, constituent une volte-face, a-t-elle constaté.  « Une levée immédiate du blocus bénéficierait à Cuba et aux États-Unis et contribuerait à la paix et au développement dans la région et le monde », a argué Mme Phuong Nga en conclusion.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA (Paraguay) s’est prononcé en faveur de la résolution demandant la levée du blocus, manifestant son rejet des mesures coercitives qui contreviennent au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit convaincu que le dialogue et la négociation directe et de bonne foi entre les parties sont les voies adéquates pour résoudre les différends entre elles et trouver des solutions durables et justes.  Le représentant a prié les États-Unis et Cuba de ne pas faire machine arrière dans la normalisation de leurs relations diplomatiques et de poursuivre leurs efforts en vue de mettre un terme à ce blocus de longue date et d’ouvrir une nouvelle étape de relations basées sur la confiance, le respect et le développement mutuels.

M. SUDIP BANDYOPADHYAY (Inde) a rappelé que, l’an dernier, l’Assemblée a voté par 191 voix pour la levée de l’embargo et qu’elle a toujours rejeté l’application de lois et de mesures ayant des effets extraterritoriaux ainsi que toutes les autres mesures coercitives unilatérales qui entravent le progrès et la prospérité des peuples.  La persistance de cet embargo rejeté par l’opinion internationale porte atteinte au multilatéralisme et à la crédibilité même des Nations Unies, a poursuivi le représentant.  Il a expliqué que les embargos empêchent la pleine réalisation du développement économique et social du pays touché, en particulier pour les enfants et les femmes.  Ils constituent également une entrave à la pleine jouissance des droits de l’homme, dont les droits au développement, à la nourriture, aux soins médicaux et aux services sociaux.  Le rapport du Secrétaire général, comme les précédents, démontre que l’embargo, en particulier par ses effets extraterritoriaux, a affecté le peuple cubain et les efforts de développement en cours dans le pays.  En dépit de ces conditions adverses, le savoir-faire cubain en matière de santé lui a permis de répondre rapidement et efficacement à l’appel lancé par l’Assemblée il y a trois ans pour répondre à la crise posée par le virus Ebola en Afrique, a rappelé le représentant.  M. Bandyopadhyay a estimé que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour promouvoir un environnement libre de sanctions et d’embargos.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a relevé que le rapport du Secrétaire général détaille tous les aspects de l’impact dévastateur du blocus américain imposé à Cuba.  Il a cité à cet égard l’ex-Président sud-africain, Nelson Mandela, pour qui Cuba était un pays exemplaire et un modèle de solidarité internationale et d’assistance à autrui.  Le représentant a fustigé les donneurs de leçons de démocratie qui ourdissent des coups d’État et s’ingèrent dans les processus politiques d’autres pays.  Il s’est élevé contre celui qui administre une prison extraterritoriale à Guantanamo et tient un discours d’exceptionnalisme dangereux pour le monde entier.  Selon lui, le blocus persiste dans une impunité totale, alors que Cuba a fait preuve d’une « solidarité incroyable » avec la Bolivie mais aussi avec les États d’Afrique de l’Ouest lors de l’épidémie du virus Ebola.  Le délégué a donc exhorté à la levée immédiate du blocus.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a déploré le blocus imposé par les États-Unis à Cuba, et ses effets néfastes multiples sur les conditions de vie de sa population.  Rappelant l’engagement de la communauté internationale à « ne laisser personne de côté », il a appelé à la levée immédiate des mesures coercitives unilatérales imposées à Cuba depuis les années 1960 et à la normalisation des relations entre les États-Unis et ce pays.     

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a rappelé que le processus de normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba avait pu laisser espérer une levée du blocus, qui a malheureusement été renforcé.  Ces sanctions injustifiées alimentent les souffrances du peuple cubain, entravant son développement économique et remettant en cause ses efforts de développement durable, a-t-il dénoncé.  L’Algérie, a rappelé son représentant, a toujours affirmé que Cuba, comme tous les États Membres des Nations Unies, a le droit d’exercer sa liberté de commerce et de navigation, et soutenu ce pays ami dans des périodes difficiles de son histoire.  Le représentant a salué l’engagement et le savoir-faire des médecins cubains, qui se sont illustrés par le passé en dehors de leurs frontières, récemment pour lutter contre le virus Ebola en Afrique de l’Ouest.  Il est important de s’appuyer sur cet élan et sur les jalons posés par la reprise des relations entre les États-Unis et Cuba, a préconisé le délégué, pour ouvrir la voie au rétablissement complet des relations diplomatiques et lever enfin ce blocus.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a expliqué que la position de son Gouvernement n’a pas changé et qu’il faut lever immédiatement le blocus imposé à Cuba par les États-Unis.  Son maintien, a-t-il avancé, est une relique du passé et entrave le développement socioéconomique de Cuba et offre le meilleur exemple d’une politique contreproductive et illogique qui fait des sanctions une norme.  Cette politique, a accusé le représentant, a un effet dévastateur sur les capacités de Cuba à réaliser les objectifs du développement durable.  Notant le revirement notable des États-Unis qu’avait été son abstention l’an dernier lors de la mise à voix de la résolution annuelle de l’Assemblée générale, le délégué a déploré un nouveau changement de position de l’administration américaine actuelle.  Aujourd’hui, nous avons encore une fois entendu une rhétorique belliqueuse datant de la guerre froide, a-t-il déploré, dénonçant les « prétextes fantaisistes » invoqués.  Il a annoncé qu’à l’évidence, il votera en faveur de la résolution.  

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a affirmé que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba est contraire au droit international et à l’esprit et la lettre de la Charte.  Depuis l’adoption, en novembre 1992, de la résolution 47/19 de l’Assemblée générale, la Colombie, à l’instar de tous les États d’Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que de la majorité des États Membres des Nations Unies, a voté systématiquement en faveur de la résolution annuelle, qui a recueilli 191 voix en 2016, démontrant qu’il importe de mettre fin à une politique menée depuis plus de 50 ans.  La Colombie a saisi l’occasion pour réaffirmer sa détermination à respecter le droit international et les principes d’indépendance politique, d’autodétermination des peuples, de non-intervention et de non-ingérence dans les affaires internes d’autres nations.

M. JERRY MATJILA (Afrique du Sud) a pris note du rapport du Secrétaire général, qui dresse un état des lieux des effets adverses infligés à Cuba par le maintien du blocus.  Il a fait part de sa déception de voir la nouvelle administration américaine revenir sur les mesures prises par la précédente, exhortant la communauté internationale à agir de concert afin de « libérer Cuba » d’une mesure injuste qui ne devrait plus avoir cours de nos jours.  Ce blocus sape en effet les efforts réels déployés par Cuba pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a argué le représentant.  M. Matjila a mis l’accent sur les relations de son pays avec Cuba, exemple de coopération Sud-Sud mutuellement bénéfique.  Dénonçant les effets extraterritoriaux entraînés par le blocus, il a par exemple expliqué que l’Afrique du Sud n’a pas les mains libres pour exporter ses produits à Cuba, ce qui a pour conséquence d’entraver sa liberté de commerce.  Le délégué a en conclusion appelé une fois de plus la communauté internationale à promouvoir des relations transparentes entre les deux pays et à s’unir pour obtenir la levée du blocus.

M. WU HAITAO (Chine) a affirmé que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est essentielle et que tous les pays doivent pouvoir y contribuer.  Dans ce contexte, le blocus imposé à Cuba doit cesser immédiatement, a exhorté le représentant.  Depuis 25 ans, l’Assemblée adopte à la majorité la résolution l’exigeant, mais ce texte n’a jamais été mis en œuvre et le blocus reste en place.  Celui-ci, a poursuivi le représentant, viole les principes de la Charte des Nations Unies, empêche Cuba d’avancer sur la voie de l’élimination de la pauvreté et entrave le commerce entre Cuba et des pays tiers.  La Chine, a rappelé son représentant, a toujours été opposée aux sanctions unilatérales, quelle qu’en soit la forme.  Selon lui, le dialogue sur une base juste et équitable est la meilleure manière de résoudre nos différends.  Aussi a-t-il espéré que les États-Unis et Cuba continueront à faire des progrès sur la voie de la normalisation de leurs relations.  La levée du blocus irait dans le sens des intérêts des deux pays, ainsi que de la région et de la communauté internationale dans son ensemble.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a indiqué que la croissance économique régionale, le développement durable et la résolution pacifique des différends sont des preuves de respect mutuel et des éléments essentiels du bon voisinage.  C’est dans cette perspective que le Mexique a pleinement appuyé le processus de normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis, a rappelé le représentant.  Il a rejeté toutes les mesures unilatérales prises contre Cuba, tout particulièrement le blocus, dans la mesure où celui-ci contrevient au droit international et aux principes fondamentaux qui sous-tendent les liens d’amitié et la coopération interétatiques.  Le représentant a vivement exhorté les Gouvernements américain et cubain à s’engager dans un dialogue, dans le respect mutuel et la reconnaissance de leurs souverainetés respectives.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a réitéré la position de son pays en faveur de la résolution présentée aujourd’hui et de la levée du blocus, convaincue que celle-ci est nécessaire pour permettre le développement du peuple cubain.  Le Panama s’est également déclaré favorable à la reprise du dialogue entre les États-Unis et Cuba, qui représente une opportunité pour avancer vers un programme commun.  Le Panama a réaffirmé son engagement en faveur du multilatéralisme, seul moyen légitime de trouver une solution aux différends entre États.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a condamné les déclarations « irrespectueuses et mensongères » de l’ambassadrice des États-Unis contre Cuba et son peuple.  Selon lui, les responsables d’un pays où les droits de l’homme sont violés et d’un empire qui mène des guerres n’ont pas la légitimité de critiquer le peuple d’un petit pays.  La représentante, a-t-il accusé, a menti en prononçant une phrase prétendument attribuée à une source cubaine lors de la crise des missiles, sans la citer, « donnant plutôt l’impression qu’il s’agissait de l’un de ces tweets qui prolifèrent dans son pays », a ironisé le Ministre.  La politique annoncée par le Président Trump n’est pas nouvelle, elle est ancrée dans le passé, a poursuivi M. Rodríguez Parrilla.  Évoquant la récente déclassification des archives sur l’assassinat du Président J. F. Kennedy, il a conseillé à l’ambassadrice de lire un livre écrit par un agent de la CIA sur les moyens d’assassiner Castro, citant plusieurs opérations montées au fil du temps par les États-Unis contre Cuba.

« C’est Alice au pays des merveilles dans la déclaration de l’ambassadrice: d’abord on prend des déclarations puis on procède au jugement. »  Tout en notant que Mme Haley avait bien reconnu l’isolement total des États-Unis sur cette question, le délégué cubain a toutefois assuré qu’elle sous-estime la force d’une idée juste.  Lorsque Raul Castro et Barack Obama ont surpris le monde le 17 décembre 2014, le Président des États-Unis est allé jusqu’à déclarer que le blocus était un fiasco, a rappelé le Ministre, sans toutefois reconnaître qu’il constituait une violation flagrante, massive et systématique des droits humains des Cubains, une transgression du droit international et un acte génocidaire.  Les États-Unis, a poursuivi le Ministre, se sont abstenus en 2016 lors du vote sur cette résolution, « ce dont vient de se moquer l’ambassadrice, mais le blocus a été maintenu au cours de ces deux années, même si l’administration Obama a adopté quelques mesures visant à en assouplir l’application ».

Le 16 juin 2017, Donald Trump a décidé de renforcer le blocus, prétextant des violations des droits de l’homme à Cuba, dans un discours « hostile, digne de la pire époque de la guerre froide », a dénoncé M. Rodríguez Parrilla.  En outre, l’occupant de la Maison blanche ignore la volonté des électeurs américains et cubano-américains favorables à la levée du blocus.  Le Mémorandum présidentiel de Donald Trump de juin dernier comprend, entre autres mesures, de nouvelles prohibitions applicables aux relations économiques, commerciales et financières des sociétés états-uniennes désireuses de faire des affaires avec des entreprises cubaines.  Ce Mémorandum restreint en outre la liberté de déplacement des Américains et a réitéré qu’il ne lèverait pas le blocus tant que Cuba ne mènerait pas de changements intérieurs.  En outre, arguant de problèmes de santé de quelques diplomates en poste à La Havane et en l’absence de la moindre preuve, l’administration Trump a récemment adopté de nouvelles mesures de rétorsion contre Cuba, qui ne font qu’aggraver le blocus et porter atteinte aux relations bilatérales entre nos deux pays, s’est élevé le chef de la diplomatie cubaine.  En expulsant sans justification le personnel du Consulat général de Cuba à Washington, « le seul aux États-Unis », a poursuivi le Ministre, l’administration Trump a restreint gravement ses capacités à servir les voyageurs états-uniens et les résidents cubains qui ont le droit de se rendre dans leur pays.  Ella a aussi réduit arbitrairement le personnel de l’ambassade, ce qui a eu pour conséquence la fermeture du bureau économico-commercial, dans le but de priver d’interlocuteurs les entreprises américaines qui souhaitent explorer les possibilités d’affaires existant encore dans le cadre restreint du blocus.

Sous des salves d’applaudissements, le Ministre a repris à son compte ce qu’a dit le Président Raul Castro Ruz le 14 juillet dernier: « Cuba est décidée à continuer de négocier avec les États-Unis sur les questions bilatérales en souffrance, à condition que ce soit sur les bases d’égalité et de respect de la souveraineté et de l’indépendance de notre pays.  Qu’on ne s’attende pas à ce que Cuba fasse des concessions sur des points qui relèvent essentiellement de sa souveraineté et de son indépendance ».

Puis M. Rodríguez Parrilla a présenté à l’Assemblée le projet de résolution qui prend cette année une résonance particulière, compte tenu du recul qu’impliquent les actions de la nouvelle administration des États-Unis.  Avant de chiffrer les coûts économiques, il a rappelé que le blocus constitue le plus grand obstacle au développement économique et social de son pays et à la mise en œuvre de son plan national, qui s’inscrit dans le droit fil du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Selon lui, Mme Haley a également oublié de dire que le blocus constitue une violation flagrante, massive et systématique des droits humains des Cubains, et s’avère un acte de génocide selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948.  C’est aussi un obstacle à la coopération humanitaire que Cuba apporte à 80 pays du Sud, a-t-il soutenu.  Les dommages humains que cette politique a causés sont incalculables et l’émigration cubaine souffre également de discrimination et de préjugés, a souligné le Ministre.  Il a mentionné l’exemple de Medicuba, l’entreprise cubaine chargée de l’import-export d’articles médicaux, qui s’est adressée en vain à 18 compagnies états-uniennes à des fins d’achat, lesquelles n’ont pas répondu ou ont refusé au motif de sanctions commerciales imposées par le Département du trésor américain.

Le Ministre des affaires étrangères de Cuba est revenu sur les propos « inacceptables » de l’ambassadrice sur le Gouvernement du Venezuela, qui a « insulté son peuple ».  Pour lui, les États-Unis semblent être destinés par la providence à imposer des fléaux à l’Amérique au nom de la liberté, a-t-il dit, en citant Simon Bolivar, le Libérateur de l’Amérique du Sud.  Le peuple cubain ne renoncera jamais à sa décision de bâtir une nation souveraine, indépendante, socialiste, démocratique, prospère et durable.  Assurant que son peuple suivait ce débat avec espoir, le chef de la diplomatie cubaine a demandé aux États Membres, de nouveau sous les applaudissements de l’Assemblée générale, de voter en faveur du projet de résolution A/72/L.2.

Examen du projet de résolution A/72/L.2

Explications de vote avant le vote

La représentante des États-Unis a souhaité tout le bien du monde au peuple cubain, arguant que le problème est le Gouvernement de ce pays qui accuse les États-Unis de ses propres manquements envers sa population.  La situation économique du pays ne résulte pas du blocus américain, mais bien des politiques gouvernementales de La Havane.  Tant que les autorités cubaines n’auront pas ouvert l’accès à Internet et garanti les droits fondamentaux de sa population, le blocus sera maintenu, a-t-elle assuré.  Il continue aussi sa politique de harcèlement, de détention arbitraire et ses pratiques policières et de musellement de toute voix dissidente.  Les États-Unis continueront d’appuyer ce peuple dans sa quête de démocratie, a déclaré la représentante sous les huées de l’Assemblée.

La représentante du Nicaragua a réaffirmé son amitié et sa solidarité avec le peuple de José Marti, de Fidel et de Raul Castro qui a appris aux peuples d’Amérique latine et des Caraïbes et du monde ce que veut dire le terme de solidarité.  Elle a ensuite déploré le recul soudain des États-Unis, juste après les progrès extraordinaires accomplis grâce à la diligence du Président Obama pour progresser vers une levée définitive du blocus.  Par ailleurs, il faut rendre au peuple cubain son territoire légitime de Guantanamo, a réclamé le Nicaragua, pour qui un jour viendra où le blocus inique imposé par l’impérialisme sera vaincu.

Explications de vote après le vote 

La représentante de l’Estonie, au nom de l’Union européenne, a estimé que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis avait eu des effets adverses sur la vie des Cubains et sur les efforts de relèvement entrepris dans le pays au lendemain du passage de l’ouragan Irma.  Alors que le commerce extérieur et les investissements étrangers joueront un rôle crucial pour mettre le pays sur la voie d’une croissance durable, la levée du blocus pourrait faciliter la relance de l’économie cubaine.  L’Union a donc regretté, par la voix de son représentant, l’intention de la nouvelle administration américaine de restreindre de nouveau ses relations avec Cuba.  Au-delà de l’impact négatif du blocus sur les Cubains ordinaires, des sanctions unilatérales et autres mesures administratives et judiciaires unilatérales affectent aussi négativement les intérêts économiques de l’UE.  « Nous ne pouvons accepter que des mesures unilatérales entravent nos relations économiques et commerciales avec Cuba », a tranché la déléguée.  C’est en ce sens que le Conseil des ministres de l’UE a adopté une règle et une action communes afin de protéger les citoyens de l’Union, les hommes d’affaires et les organisations non gouvernementales basées, œuvrant ou faisant des affaires à Cuba.

L’UE célèbre aujourd’hui le début de la mise en œuvre provisoire de l’Accord sur le dialogue politique et la coopération avec Cuba.  La déléguée a précisé que ce dialogue et cette coopération seront également renforcés dans des domaines de désaccord avec Cuba, comme sur la question des droits de l’homme.  Elle a invité Cuba à accorder à tous ses citoyens les droits civils, politiques, économiques et les libertés, dont celles d’assemblée, d’expression et de libre accès à l’information.  L’Union a également invité Cuba à ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, souhaitant qu’à la suite du Rapporteur spécial sur la traite des personnes, d’autres rapporteurs spéciaux puissent se rendre dans ce pays.  L’Union a également plaidé pour des réformes socioéconomiques prenant en compte les principales préoccupations de la population cubaine.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a voté en faveur de la résolution car le blocus enfreint les principes de la Charte relatifs à la souveraineté, aux crimes contre l’humanité, aux droits de l’homme et à la civilisation, plongeant le monde dans une sorte d’obscurantisme médiéval.  Les relations diplomatiques ont été rétablies entre Cuba et les États-Unis mais rien n’a changé dans les sanctions économiques et la politique hostile à l’égard de La Havane.  Elle a rappelé que depuis 25 ans, des résolutions sont adoptées par la communauté internationale, démontrant sur cette question une unité que les États-Unis s’obstinent à ignorer.  La RPDC a ensuite condamné l’hypocrisie de ce pays.  Cette adoption, encore une fois à une majorité écrasante, est une condamnation de la politique « America First », au nom de laquelle des sanctions ont été prises contre la RPDC pour ses essais nucléaires. 

L’Argentine a rappelé sa position de toujours qui consiste à appeler, d’urgence, à la levée du blocus économique, commercial et financier des États-Unis contre Cuba, lequel est contraire au droit international et aux principes d’égalité souveraine entre les États, de non-intervention dans les affaires intérieures, de la liberté de commerce et de navigation et de résolution pacifique des différends.  Le représentant a en particulier regretté le changement de politique du nouveau Gouvernement américain et exigé l’abolition des lois de ce pays à l’encontre de Cuba.

« Nous savons tous que la question des sanctions unilatérales contre Cuba a été réglée depuis longtemps », a déclaré le représentant du Kenya.  L’an dernier, dans cette même salle, les États-Unis avaient reconnu que ces sanctions devaient finalement être levées », a-t-il rappelé.  « La délégation américaine avait estimé qu'en effet, le temps de mettre fin aux sanctions est passé depuis longtemps », a poursuivi le représentant.  Selon lui, il faut laisser le peuple de Cuba être libre de jouir des mêmes libertés sociales, économiques et politiques sans entrave que les autres citoyens du monde.  « Ne laissons pas ces sanctions devenir l’instrument qui marginaliserait Cuba ».  C’est pour cette raison que le Kenya votera en faveur de la résolution, a confirmé le représentant.

Le représentant de la République arabe syrienne a estimé que le résultat du vote, écrasant, montre l’obstination des États-Unis à mettre en œuvre des mesures barbares et injustes contre les États qui défendent légitimement tant leur indépendance que leur souveraineté nationale.  La nouvelle Administration américaine prouve encore une fois que ses désirs d’hégémonie n’ont nullement changé, a-t-il accusé.  Les mesures coercitives unilatérales sont un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de développement durable, aux échanges commerciaux et aux droits consacrés dans les instruments internationaux.  L’ambassadeur syrien a dit que ces mesures offrent à l’extrémisme et au terrorisme un prétexte pour prospérer et s’étendre.  Il a appelé à la mise en œuvre d’un mécanisme efficace pour faire cesser ce type de mesures et qui tiendrait pour responsables de leurs actes les États qui y recourent.  Le délégué a donc exhorté à la levée du blocus contre Cuba et à la cessation des mesures coercitives contre des pays comme la République arabe syrienne, qui constituent une violation flagrante et massive des droits de l’homme.

Le représentant de la République islamique d’Iran a considéré le blocus comme contraire à la Charte des Nations Unies qui préconise la coopération et l’esprit de dialogue.  Compte tenu des souffrances occasionnées par le blocus économique, commercial, financier et inhumain, il importe d’y mettre fin immédiatement, a demandé le représentant, qui a évoqué la sympathie croissante pour la cause cubaine partout dans le monde.  Il a noté qu’on continue de prendre pour cible des populations sans défense dans un certain nombre de pays en développement assujettis à ce type de sanctions.  L’Iran, qui reste opposé à l’imposition de mesures coercitives unilatérales contre un pays donné, a appelé à l’application de la résolution adoptée ce jour.

Le représentant d’Angola a indiqué qu’il avait voté en faveur de la résolution, estimant que le blocus est une pratique rétrograde qui inflige des souffrances inutiles.  Il a lancé un appel aux États-Unis pour y mettre fin et laisser Cuba libre de ses propres choix et se développer.  L’imposition d’amendes aux institutions ne respectant pas les mesures prises à l’endroit de Cuba constitue également une entrave au développement, entraînant des incidences négatives sur le bien-être de la population cubaine et d’autres pays.  Le délégué a salué les efforts du Secrétaire général visant à mettre fin au blocus et réitéré son soutien indéfectible aux recommandations de l’Assemblée générale dans ce contexte.  La communauté internationale doit de son côté redoubler d’efforts pour rapprocher les deux pays.  Les progrès accomplis en 2015 et 2016 ont bien prouvé que les relations peuvent revenir à la normale, a-t-il conclu.

Le représentant de la République démocratique populaire lao a voté en faveur de la résolution pour réaffirmer sa position quant à l’imposition du blocus unilatéral qui, avec ses implications extraterritoriales, n’a fait qu’entraver le développement socioéconomique d’une nation.  Il est en outre contraire aux principes et buts de la Charte et à l’égalité souveraine des États, a-t-il ajouté.

Le Costa Rica a mis l’accent sur le tournant historique et significatif pris en 2014 dans le processus d’amélioration des relations bilatérales entres les États-Unis et Cuba, avant d’exhorter les deux parties à préserver les accords conclus et à entamer un dialogue pour que le blocus qui perdure depuis plus de 55 ans se transforme en une rencontre fraternelle de leurs peuples dans tous les domaines de la coopération économique, sociale, technique et politique.  Le délégué a réitéré son rejet des mesures unilatérales et extraterritoriales qu’un État donné impose à un autre, y compris par le biais de ses propres lois et ordonnances à des pays tiers.  Après avoir énuméré les nouveaux jalons posés depuis 2015 dans le raffermissement des relations entre le Costa Rica et Cuba, son représentant a déclaré que « nous vivons dans un monde interconnecté où la solidarité et le respect doivent être les bases de nos échanges », ajoutant que nous ne pouvons confronter les problèmes actuels en nous servant d’outils du passé, surtout si ceux-ci se sont avérés inefficaces.

Le représentant de l’Indonésie a jugé qu’après plus d’un demi-siècle, nous constatons encore les effets négatifs du blocus contre Cuba, un pays qui n’a pas été en mesure de construire des infrastructures adéquates dans plusieurs secteurs.  Le délégué s’est fait l’écho de la majorité des États Membres en votant en faveur de la résolution car le blocus contrevient à la Charte et aux principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays ainsi qu’à l’esprit du Programme à l’horizon 2030. 

Le représentant de la Namibie a rappelé que lorsque l’ouragan Irma a frappé les Caraïbes en septembre dernier, Cuba faisait face pour la première fois depuis 1937 à un ouragan de catégorie 5.  Dans ce contexte, le blocus contre Cuba affectera gravement le relèvement de l’île, a-t-il prédit.  La réponse humanitaire naturelle devrait être de lever le blocus pour permettre aux Cubains de reconstruire leur pays.  L’adoption de cette résolution en 2016, avec l’abstention des États-Unis et d’Israël, pour la première fois, a été une journée historique, a rappelé le délégué.  Nous étions encouragés par cette avancée ainsi que par l’amélioration des relations en début d’année.  Mais nous avons été découragés par l’annonce, le 17 juin 2017 par le Président Trump, d’une directive établissant de nouvelles mesures de renforcement du blocus.  « Cette décision remet en question les progrès enregistrés par l’ancienne administration et marque un recul dans les relations bilatérales entre les deux nations », a regretté le représentant, qui a exhorté les États-Unis à réexaminer leur position.

La représentante du Myanmar a constaté que la résolution avait été adoptée par une majorité écrasante, preuve s’il en est, de notre ferme opposition aux mesures coercitives unilatérales et au blocus imposé par les États-Unis à l’encontre de Cuba.  En tant que pays sous le coup de sanctions unilatérales, le Myanmar a dit qu’il en mesure tout à fait les répercussions sur les pays en développement, notamment sur les populations pauvres et vulnérables.  Il a encouragé, en conclusion, à remplacer le blocus et les mesures coercitives par le dialogue et la coopération.

La représentante du Bélarus a voté en faveur de la résolution car il importe de lever le blocus.  Considérant que les mesures de coercition économique sont une méthode d’influence politique, elle a rappelé qu’un vent d’espoir avait soufflé ces dernières années, avant l’annonce de nouvelles mesures par Washington.  Convaincue que le dialogue est la seule voie susceptible de régler cette situation, elle a appelé à une levée immédiate, complète et irréversible du blocus.

Le représentant du Tchad a rappelé que son pays avait toujours plaidé pour la levée définitive de l’embargo, estimant que le vote massif d’aujourd’hui vient conforter cette position qui vise à sortir Cuba et son peuple d’une situation qui sape ses efforts économiques depuis des décennies.  La présence des médecins cubains au Tchad et dans d’autres pays est bien la preuve concrète du rôle important joué par ce pays ami dans la solidarité internationale, a justifié le délégué, avant de réitérer son appel au Gouvernement américain à « s’inscrire dans la logique de l’expression des États Membres ».

Jouissant de très bonnes relations avec les États-Unis, Saint-Kitts-et-Nevis, a dit sa représentante, a assuré que son pays respecte le rôle des États-Unis dans les relations internationales.  Elle a cependant fait valoir les recommandations du Secrétaire général visant à ne pas appliquer des mesures susceptibles d’affecter le libre échange commercial et à s’abstenir d’adopter des lois à effet extraterritorial qui enfreignent la souveraineté d’autres États et les intérêts légitimes de personnes ou d’entités sous leur juridiction.  Cuba est également un proche allié de Saint-Kitts-et-Nevis, notamment dans l’agriculture, a rappelé la déléguée, en rappelant qu’aucun pays ne devrait être laissé pour compte, en particulier à cette jonction de l’histoire.  Le sentiment général émanant du vote de ce matin, c’est que le blocus n’est plus de mise, a-t-elle ajouté.  

Le représentant du Brésil a déploré les mesures récentes annoncées par le Gouvernement américain, qui cherchent à renforcer le blocus contre Cuba, y compris ses dimensions extraterritoriales.  Du point de vue de son pays, il s’agit d’une « politique anachronique aux effets négatifs non seulement pour Cuba mais également pour l’ensemble de notre région ».  De surcroît, a-t-il relevé, ce blocus est une violation flagrante des principes de la Charte et affecte négativement le bien-être du peuple cubain, notamment les plus pauvres et vulnérables.  Pour sa délégation, la levée du blocus est une « cause universelle qui jouit du soutien incontestable de la communauté internationale », concrétisé à travers le vote tant dans les sessions précédentes qu’aujourd’hui au sein de l’Assemblée générale. 

La représentante de l’Uruguay a déclaré que, comme à l’accoutumée, il avait voté en faveur de la résolution présentée par Cuba car sa législation nationale rejette et ne reconnaît nullement l’application extraterritoriale de lois domestiques d’autres États et de tout mécanisme, direct ou indirect, qui constitue une mesure unilatérale.  De ce fait, les sanctions imposées et les lois extraterritoriales approuvées contre Cuba ne sont rien d’autre qu’une violation du droit international aux conséquences incalculables pour le développement économique et ne vise rien d’autre que de priver le peuple cubain de son droit au développement.  En votant en faveur, l’Uruguay réitère son engagement en faveur du multilatéralisme en tant qu’instrument légitime  de résolution des différends entre États et efficace dans la promotion de la coopération internationale, des droits de l’homme, de la sécurité et de la compréhension entre les peuples.

La représentante de l’Équateur s’est dite préoccupée par les méfaits prolongés du blocus à cause de son impact sur l’économie et le développement de Cuba et des obstacles qu’il présuppose dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Partant, elle a estimé que la levée du blocus relève de l’engagement et de la responsabilité de tous, rappelant au passage la politique solidaire et de coopération maintenue par Cuba pendant des décennies, dans les situations d’urgence sanitaires plus particulièrement.  L’intervenante a en conclusion appelé à la levée immédiate des mesures unilatérales et exprimé sa conviction que cette levée sera non seulement profitable à Cuba, mais à la communauté internationale tout entière. 

Le représentant du Zimbabwe a voté en faveur, fort de sa conviction que le blocus est une violation des droits de l’homme car elle affecte la population cubaine et les droits des autres nations à conduire des affaires avec Cuba.  L’Afrique, a-t-il dit, peut attester de la solidarité de ce pays, notamment au cours de la crise d’Ebola de 2015 après que l’Organisation mondiale de la Santé eut lancé un appel au secours.  La communauté internationale a, une fois de plus, voté en faveur du dialogue et de la coopération, a-t-il conclu, espérant que ce message sera entendu. 

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