L’Assemblée proclame la Journée internationale des traducteurs professionnnels, « travailleurs de l’ombre et héros méconnus du front linguistique »
L’Assemblée générale a adopté sans vote, ce matin, une résolution dans laquelle elle proclame le 30 septembre, Journée internationale de la traduction et réaffirme le rôle des traducteurs professionnels, « travailleurs de l’ombre et héros méconnus du front linguistique », dans la promotion du multilinguisme et des objectifs de l’Organisation.
L’Assemblée a également adopté une résolution appelant à renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
« Est-il bien judicieux que l’Assemblée générale se penche sur des questions de traduction au moment même où des gens succombent à la guerre et aux maladies partout dans le monde? » s’est interrogé le délégué du Bélarus, M. Andrei Dapkiunas, en présentant la première résolution* de l’Assemblée sur le rôle de la traduction professionnelle dans le rapprochement des nations et la promotion de la paix, de la compréhension et du développement.
« La réponse est oui! » a-t-il affirmé, lui dont le pays figure parmi les coauteurs de ce texte qui célèbre « à juste titre » les traducteurs professionnels, ces « travailleurs de l’ombre et héros méconnus du front linguistique ».
Par cette résolution, l’Assemblée décide de proclamer le 30 septembre, Journée internationale de la traduction. Elle affirme que la traduction professionnelle, « un art aussi bien qu’un métier », joue un rôle de premier plan pour faire prévaloir les buts et principes de la Charte des Nations Unies, unir les nations, faciliter le dialogue, la compréhension et la coopération, favoriser le développement et renforcer la paix et la sécurité dans le monde.
L’Assemblée insiste sur le fait que les activités organisées à l’occasion de cette nouvelle Journée dans le but de mieux faire prendre conscience de l’importance de la traduction professionnelle doivent être financées au moyen de contributions volontaires.
Reconnaissant le rôle que joue le multilinguisme, valeur fondamentale des Nations Unies, la résolution prie le Secrétaire général de continuer à « préserver la qualité et l’excellence du travail du personnel linguistique ».
« Ce document reflète notre foi commune dans le fait que chaque langue représente la fusion de l’individuel et du collectif », a estimé le représentant du Bélarus. Pour parvenir à l’unité entre les peuples, a-t-il poursuivi, il est nécessaire de protéger et défendre la diversité linguistique dans le monde.
Quoique cette résolution soit consacrée à la profession linguistique, a ajouté le représentant, elle concerne tous ceux qui s’emploient à créer un monde plus juste. « La traduction est l’art de jeter des ponts entre les cultures et les régions du monde », a-t-il affirmé. « Nous devons nous en inspirer pour faire de même. »
L’Assemblée était également saisie, ce matin, du rapport** annuel du Secrétaire général sur le multilinguisme, qui récapitule les mesures prises de septembre 2015 à décembre 2016 pour intégrer le multilinguisme dans les activités du Secrétariat de l’ONU.
An nombre d’entre elles, figure la nomination, en décembre 2015, de Mme Catherine Pollard, du Guyana, Secrétaire générale adjointe chargée du Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences, en tant que Coordonnatrice pour le multilinguisme.
Ce poste de coordonnatrice avait été créé le 30 juin 2015, à la demande de l’Assemblée générale, afin d’établir un relais entre les préoccupations des États Membres et les entités du Secrétariat concernant le multilinguisme. La Coordonnatrice a ainsi un rôle de facilitation pour parvenir à une ligne d’action « concertée, uniforme et cohérente » concernant le multilinguisme au Secrétariat, et proposer des solutions novatrices de manière à insuffler à tous les départements et bureaux une culture propice au multilinguisme.
Dans son rapport, M. António Guterres appelle à intégrer « systématiquement » le multilinguisme dans les activités du Secrétariat, « au moyen des ressources existantes, de façon équitable et dans le respect des mandats existants ».
Pour mieux faire connaître la vocation multilingue de l’Organisation, le rapport formule un ensemble de propositions. Il invite notamment tous les bureaux hors Siège de l’Organisation à créer sur leur site Web une page spéciale consacrée au multilinguisme. La Coordonnatrice sera invitée à donner des orientations en rassemblant les ressources utiles, les retours d’expérience, les meilleures pratiques, ainsi que d’autres documents importants sur iSeek, l’intranet du Secrétariat, en plus de les afficher sur le site du Département.
Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, le représentant du Pérou, M. Gustavo Meza-Cuadra Velásquez, s’est félicité de la reconnaissance du multilinguisme en tant que valeur centrale de l’Organisation.
À ses yeux, le multiculturalisme doit être un « mandat transversal » permettant de développer un dialogue entre les différents groupes linguistiques. S’agissant de définition du mandat de la Coordonnatrice pour le multilinguisme, le représentant a soutenu les responsabilités et principales fonctions attribuées à ce poste dans le rapport.
Le délégué a en outre salué la proposition du rapport invitant chaque bureau de l’Organisation à nommer un point focal pour mieux prendre en compte le multilinguisme dans les différents projets. Il s’est également félicité de la proposition visant à créer une semaine du multilinguisme.
Le représentant a toutefois regretté certaines lacunes en matière de respect du multilinguisme à l’ONU. Selon lui, les travaux de l’Organisation se font essentiellement dans deux langues, l’anglais et le français, et non dans les six langues officielles des Nations Unies.
Il a notamment estimé que le bureau des ressources humaines devrait produire un bulletin d’information en espagnol. De même, a-t-il poursuivi, les documents produits par l’ONU doivent être rédigés et mis à jour de manière régulière dans les six langues officielles. À titre d’exemple, il a remarqué que le Manuel des achats de l’ONU n’était disponible que dans trois langues, et que seule la version anglaise était régulièrement mise à jour.
Le représentant du Pérou a par ailleurs réitéré le soutien de son Groupe au travail « essentiel » de la Section des communiqués de presse du Département de l’information, qu’il a appelée à produire des informations « précises et exhaustives dans les six langues officielles ».
Le représentant a par ailleurs appuyé la création par le Département de l’information de la « UN iLibrary », première plateforme numérique globale en accès libre dédiée à la recherche de documents onusiens, actuellement disponibles en anglais, en français et en japonais. Il a appelé à rendre prochainement disponibles les versions dans les quatre langues officielles restantes.
Le représentant a enfin appelé à renforcer les carrières liées à l’interprétation et à la traduction afin de disposer de la plus grande qualité linguistique possible, dans l’intérêt du multilinguisme à l’ONU.
Par ailleurs, l’Assemblée a adopté sans vote une résolution*** appelant à renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
L’OIF, qui bénéficie d’un statut d’observateur à l’ONU, regroupe 84 États et gouvernements, dont 78 sont des États Membres de l’ONU, autour d’une langue commune, le français, et de valeurs universelles.
Présentant le texte au nom des États membres de l’OIF, le représentant de Madagascar, M. Zina Andrianarivelo-Razafy, a déclaré que, deux ans après l’adoption de la précédente résolution sur la coopération entre l’ONU et l’OIF, des défis nouveaux étaient apparus concernant la paix et la sécurité internationales, la lutte contre le terrorisme, la pauvreté et les changements climatiques.
Le représentant a déclaré que pour lutter contre les effets dévastateurs de la pauvreté, de la guerre et du réchauffement climatique, l’OIF s’efforçait de s’aligner avec les efforts des Nations Unies, notamment dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, adoptés tous deux en 2015.
C’est dans cet état esprit, a poursuivi le délégué, que la déclaration d’Antananarivo, adoptée lors du dernier sommet de l’OIF, les 26 et 27 novembre 2016, affirme la volonté des membres de la Francophonie de maintenir une coopération « étroite, forte et riche » avec l’ONU.
Le représentant a ajouté que la prise en compte de la diversité linguistique à l’ONU favorisait en outre le succès des opérations de maintien de la paix, notamment pour le déploiement de personnel onusien « dans l’espace francophone ».
Le délégué a espéré que la résolution puisse contribuer au renforcement des échanges et actions communes entre l’ONU et l’OIF, notamment par le biais du Groupe des ambassadeurs francophones de New York, présidé par Madagascar.
À cette fin, il a rappelé la volonté manifestée par l’OIF de contribuer au succès des négociations devant aboutir, en 2018, à un cadre d’action global pour les réfugiés et un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ainsi qu’au document final de la Conférence de haut niveau des Nations Unies pour appuyer la réalisation de l’objectif de développement durable n° 14: « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable, qui se tiendra à New York du 5 au 9 juin 2017 ».
Expliquant sa position, le représentant de l’Azerbaïdjan, M. Musayev, a déclaré que sa délégation n’était pas membre de l’OIF, mais avait des partenariats avec la quasi-totalité des membres de l’organisation.
Soulignant le rôle croissant des organisations constituées sur une base linguistique, telles que l’OIF, il a appelé à renforcer la coopération de ces dernières avec l’ONU, dans le strict respect des normes internationales relatives à l’intégrité des États.
Ses formats régionaux, a-t-il toutefois mis en garde, ne doivent pas être utilisés à mauvais escient pour avantager certains États, au détriment des droits de l’homme. Aussi, a-t-il appelé à renforcer le fonctionnement de ces organisations en conformité avec les principes fondateurs de l’Organisation.
L’Observatrice permanente de l’OIF auprès des Nations Unies, Mme Patricia Herdt, a justement fait remarquer que son organisation était une « force de proposition et d’action » pour l’ONU, au service du développement durable et de la paix internationale.
Tout en remerciant les États Membres pour l’adoption de cette résolution par consensus, la représentante a appelé à « œuvrer pour le renforcement permanent de la coopération » entre l’OIF et l’ONU.
L’Assemblée a par ailleurs adopté, ce matin, une résolution**** dans laquelle elle décide d’accréditer un certain nombre d’organisations et de les inviter à participer en qualité d’organisations intergouvernementales aux travaux de la Conférence des Nations Unies pour appuyer la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 14.
* A/71/L.68
** A/71/757
*** A/71/L.69
**** A/71/L.72