En cours au Siège de l'ONU

Manifestation de haut niveau sur les objectifs de développement durable,
matin & après-midi   
AG/11905

L’Assemblée générale ouvre un laboratoire pour résoudre l’équation: 17 objectifs de développement durable = 90 000 milliards de dollars sur 15 ans

L’Assemblée générale a ouvert aujourd’hui son « Laboratoire de financement des objectifs de développement durable » pour trouver les moyens de mobiliser les 6 000 milliards de dollars annuels ou 90 000 milliards sur 15 ans nécessaires à la réalisation des 17 objectifs du Programme 2030.  Le Président de l’Assemblée a fait un appel du pied au secteur privé, « gardien du plus grand puits » des ressources du monde et principal moteur de l’entrepreneuriat et de l’innovation.

Dans un monde marqué des tendances protectionnistes et nationalistes et des mouvements antimondialistes, comme l’a dénoncé la Chine, les investisseurs institutionnels dont les capitaux sont gérés par les compagnies d’assurance, les fonds de pension, les fonds souverains et les fondations pèsent tout de même 80 000 milliards de dollars dans les seuls pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), a souligné le Président de l’Assemblée générale.

Changer les réflexes de cette catégorie du secteur privé pourrait déjà transformer les efforts pour créer des systèmes financiers susceptibles de promouvoir des investissements à long terme, de renforcer l’intégration sociale et la défense de l’environnement, et de générer la croissance économique, a encore fait observer le Président qui s’est réjoui de la présence d’Aviva, un des plus grands assureurs au monde, dont le portefeuille d’actions s’élève à 500 milliards de dollars et dont les nouveaux critères d’investissement visent à contribuer au mieux à la réalisation des objectifs de développement durable. 

Aviva n’est pas seul, BNP Paribas aussi a fait des efforts.  Le Vice-Président de la Banque mondiale a expliqué qu’avec l’institution financière française, son Groupe vient de créer une nouvelle « obligation verte » qui, pour la première fois, lie directement les rendements à la performance des entreprises qui soutiennent les priorités du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Lancée en 2016, l’initiative a déjà permis de lever près de 200 millions d’euros auprès d’investisseurs institutionnels en France et en Italie, une somme que la Banque mondiale utilisera pour lutter contre la pauvreté.

Une telle initiative, a commenté la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, montre la puissance des marchés des capitaux, en liant épargnes et priorités du développement tout en offrant à l’investisseur un profil attrayant risque-bénéfice.  « Risque », c’est bien là le problème.  Le niveau des risques doit baisser pour pouvoir attirer les capitaux privés, a insisté le représentant de la banque « JP Morgan » lors de la table ronde que l’Assemblée a organisée, en plus de trois ateliers. 

Ce n’est que lorsque les agences de notation prendront les objectifs de développement durable en compte que nous aurons réussi notre pari, a estimé le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Le Groupe d’experts de l’Union européenne sur la finance durable est un « signe qu’on avance dans la bonne direction », a reconnu la représentante de « Finance Watch », avant que le Luxembourg ne se vante de sa propre initiative, fruit d’un partenariat innovant avec la Banque européenne d’investissement, consistant à lancer la première bourse 100% verte.  Mais a reconnu le Président de l’Assemblée générale, il est évident que nous ne pourrons pas compter que sur les intérêts privés pour sortir 700 millions de personnes de la pauvreté absolue.  Il faudra mobiliser des ressources domestiques.

Mais comment faire dans des pays caractérisés par la faiblesse de la base institutionnelle, l’étroitesse de l’assiette fiscale, l’incompétence de l’administration fiscale, les limites des capacités humaines et la nonchalance face au devoir fiscal? a énuméré la République de Corée qui a connu ces mêmes défis aux premiers stades de son développement.

L’aide publique au développement (APD), c’est la réponse qu’ont apportée plusieurs intervenants dont la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies.  Cette aide a professé le représentant de l’Union européenne, est « essentielle » pour les pays les moins avancés (PMA) parce qu’elle a des effets catalyseurs sur d’autres sources de financement.  Avec 75,5 milliards d’euros, soit encore 0,51% du revenu national brut européen, l’UE est le premier contributeur mondial d’APD, une nouvelle d’autant plus importante que comme l’ont rappelé les PMA, par la voix du Bengladesh, ils doivent réaliser une croissance de 11% d’ici 2030 pour connaître le succès dans les objectifs de développement durable.

Qu’en est-il des pays à revenu intermédiaire? Maldives a, une nouvelle fois, attiré l’attention sur les difficultés qu’ont les petits États insulaires en développement (PEID) pour accéder aux financements.  La plupart de ces pays étant placés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ils n’ont pas accès aux financements préférentiels et concessionnels.  Le critère du revenu par habitant, qui ne tient pas compte de leurs défis particuliers, dont leur vulnérabilité aux phénomènes climatiques, les forcent à emprunter à des taux prohibitifs et à alourdir le fardeau de leur dette.  Les institutions financières internationales doivent revoir les critères des financements concessionnels, ont plaidé les Maldives. 

Il est temps, a convenu le Président de l’Assemblée, de redessiner les structures mondiales de la gouvernance économique et financière, et les règles commerciales internationales pour mettre tous les joueurs sur un pied d’égalité.  Nous devons forger des partenariats public-privé entre les décideurs politiques, les économistes, les investisseurs institutionnels, la société civile, les syndicats et les universitaires pour redessiner les systèmes financiers du futur et aider à gérer les risques. 

Dans ses remarques de clôture, le Président de l’Assemblée a indiqué qu’il se rendra à la fin de la semaine à Washington D.C. pour participer à la réunion de printemps de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) où il transmettra aux ministres des finances les conclusions des discussions d’aujourd’hui.  En attendant, il s’est réjoui que la proposition de rassembler à l’ONU les 100 principaux acteurs financiers du monde pour discuter des moyens d’initier les changements attendus dans les systèmes financiers nationaux et internationaux ait été bien reçue.

MANIFESTATION DE HAUT NIVEAU LIÉE AU « LABORATOIRE DU FINANCEMENT DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE »

Déclarations liminaires

M. PETER THOMPSON, Président de l’Assemblée générale, a souligné que ce « labo » s’appuie sur une série de manifestations organisées au cours de cette  session pour stimuler l’action mondiale en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Peu de questions sont aussi essentielles que la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation de ces objectifs, a insisté le Président, prévenant que selon les estimations, il faudra un investissement annuel de 6 000 milliards de dollars ou de 90 000 milliards sur 15 ans. 

Si ces sommes paraissent énormes, et la complexité des réformes nécessaires à leur mobilisation, « impressionnantes », le fait est que le coût de l’inaction, c’est la mise en péril de la place même de l’humanité sur cette planète, a prévenu le Président.  Il faudra, a-t-il estimé, une transformation « exponentielle » du système financier mondial pour réaliser les objectifs de développement durable et comme le dit le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, il faudra puiser dans tous les puits. 

Une des clefs de ce « labo », a encore estimé le Président, est la participation du secteur privé en ce qu’il est le « gardien du plus grand puits » des ressources du monde et le principal moteur de l’entrepreneuriat et de l’innovation.  Mais, a dit le Président, il faudra faire le tri entre les différentes sources de capitaux et de biens que le secteur privé représente et distinguer ses différentes sphères d’opérations et d’influences qu’il s’agisse des grandes multinationales ou des petites exploitations agricoles.  Le Président a donné l’exemple des investisseurs institutionnels dont les capitaux sont gérés par les compagnies d’assurance, les fonds de pension, les fonds souverains et les fondations.  Ces investisseurs pèsent 80 000 milliards de dollars dans les seuls pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), a fait observer le Président. 

Changer les réflexes de cette catégorie du secteur privé pourrait déjà transformer les efforts mondiaux visant à créer des systèmes financiers susceptibles de promouvoir des investissements à long terme, de renforcer l’intégration sociale et la défense de l’environnement, et de générer la croissance économique, a encore fait observer le Président.  Il s’est donc réjoui qu’Aviva, un des plus grands assureurs du monde participe aux discussions d’aujourd’hui.  Aviva, a-t-il ajouté, a un portefeuille d’actions de 500 milliards dans le monde.  La compagnie travaille déjà pour améliorer ses directives et ses critères d’investissement et contribuer au mieux à la réalisation des objectifs de développement durable. 

En effet ces trois dernières années, les investisseurs institutionnels ont retiré 2 300 milliards de dollars à l’industrie des combustibles fossiles.  Les fonds souverains, a dit constater le Président, utilisent leur argent comme moyen de pression pour changer la culture « court-termiste » du secteur privé et promouvoir plus de durabilité.  Le défi de la communauté internationale est d’exploiter ce changement, en créant les bonnes incitations pour que progressivement les acteurs du secteur privé répondent de plus en plus aux besoins du développement durable. 

Tous ces efforts doivent être consolidés et intensifiés, a estimé le Président.  Il faut d’abord et avant tout réformer les politiques et les cadres réglementaires pour augmenter le financement public et privé des objectifs de développement durable.  Pour ce faire, s’est expliqué le Président, il faut créer des incitations pour ancrer la durabilité dans le processus de prise de décisions financières, stimuler l’investissement dans les secteurs les plus cruciaux pour le développement durable et réorienter les flux financiers vers des investissements propres, à long terme, soucieux du social et économiquement viables. 

Il faut aussi augmenter l’investissement étranger direct (IED) et aider les banques à investir dans des projets à long terme et à haut risque, dont la plupart sont lancés dans les pays en développement.  Il est évident, a reconnu le Président, que nous ne pourrons compter que sur les intérêts privés pour sortir 700 millions de personnes de la pauvreté absolue.  Il faudra mobiliser des ressources domestiques et pour ce faire, traiter des moteurs des conflits, des mouvements de population et des crises humanitaires, qui sont autant d’obstacles au développement durable. 

Il est temps, a conclu le Président, de redessiner les structures mondiales de la gouvernance économique et financière, et les règles commerciales internationales pour mettre tous les joueurs sur un pied d’égalité.  Il est temps, a-t-il poursuivi, de libérer la puissance de la technologie pour élargir l’accès à l’éducation, à l’emploi, au crédit et aux opportunités pour tous.  Nous devons, a-t-il encore dit, émanciper les femmes et les filles, en tant que moteur du changement économique et social.  Nous devons forger des partenariats public-privé entre les décideurs politiques, les économistes, les investisseurs institutionnels, la société civile, les syndicats et les universitaires pour redessiner les systèmes financiers du futur et aider à gérer les risques.  

Dans tout cela, a enfin dit le Président, il faudra penser à la manière dont les Nations Unies peuvent faciliter les discussions, la compréhension et la coordination. 

Le premier impératif, a estimé Mme AMINA J MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, ce sont les engagements pris en faveur de l’aide publique au développement (APD) qui doivent être respectés de manière « cohérente et prévisible ».  On pourra alors utiliser cette aide de manière catalytique pour intensifier les progrès dans la mobilisation des ressources domestiques et activer les bases de l’investisseur local.  L’ONU peut aider les pays à réaliser ce changement critique des sources internationales aux sources nationales pour financer les objectifs de développement durable.

Nous pourrions engranger encore plus, a dit, à son tour, la Vice-Secrétaire général, si nous mobilisions les fonds de pension, le secteur des assurances et d’autres puits de capitaux.  La durabilité doit guider la façon dont nous façonnons les incitations, influencer les choix du consommateur et définir l’intérêt de l’actionnaire. 

Nous voyons déjà des exemples encourageants, s’est réjouie la Vice-Secrétaire générale: la Banque mondiale et la banque française PARIBAS coopèrent sur des obligations liées aux objectifs de développement durable.  Elles montrent par-là la puissance du marché des capitaux, en liant épargne et priorités du développement tout en offrant à l’investisseur un profile attrayant risque-bénéfice.  Aviva, a-t-elle relevé à son tour, promeut depuis quelques temps déjà des critères liés aux objectifs de développement durable.  Ces initiatives, s’est-elle félicitée, ont le mérite de permettre à l’investisseur de récompenser, du point de vue commercial mais aussi du point de vue de la réputation, une société qui a de bonnes performances dans les objectifs de développement durable. 

N’oublions pas les jeunes, a fait observer la Vice-Secrétaire générale.  Si vous voulez voir notre avenir durable, regardez les jeunes entrepreneurs qui installent des panneaux solaires au Kenya, les étudiants qui créent des applications pour les objectifs de développement durable au Brésil, les traders qui utilisent les données pour anticiper les chocs économiques en Inde.  Ces jeunes font plus que de l’innovation, ils créent des réseaux.  Les dirigeants peuvent donner de l’oxygène à cet éclair d’innovation en garantissant les droits et les libertés et dans le monde en développement, on peut faciliter les progrès en appuyant la coopération Sud-Sud et en réduisant la fracture numérique.

Plus on aidera les pays du Sud à apprendre les uns des autres, plus on parviendra à l’autosuffisance et à la faculté de mobiliser des ressources domestiques, et plus on pourra relier les jeunes énergiques et créatifs entre eux et assurer de meilleures chances de succès.  À ce propos, le principal ingrédient du succès, c’est le leadership, a prévenu Mme Mohammed.  Le leadership, c’est défendre ce en quoi on croit et agir en ce sens. 

L’ONU fait sa part, a souligné la Vice-Secrétaire générale, en indiquant que le Secrétaire général lui a demandé de mener une évaluation complète du système de développement des Nations Unies.  Je suis, a-t-elle promis, ouverte à toute idée sur ce que l’ONU peut faire de plus pour soutenir les efforts et optimiser les contributions communes au développement.  C’est pourquoi l’ONU milite pour un engagement fort en faveur de l’APD et de la coopération Sud-Sud.  Elle juge tout aussi important d’augmenter le financement du Fonds vert pour le climat. 

M. MAHMOUD MOHIELDIN, Vice-Président du Service des partenariats, des relations avec l’ONU et du Programme 2030 de la Banque mondiale, a mis l’accent sur les risques et les moyens de passer des milliards à des milliers de milliards d’investissements.  L’aide publique au développement (APD) n’est pas un substitut mais un pilier essentiel du développement, a-t-il souligné, parlant de la capacité de cette aide à générer l’activité et donc la croissance économique et la mobilisation des ressources domestiques.  Malgré les progrès constatés dans certaines partie du monde, le Vice-Président s’est inquiété de la persistance de défis majeurs que sont les changements climatiques, les déplacements forcés de population, les conflits, les menaces de pandémies et de famine sans oublier les défis démographiques sans précèdent, alors que la croissance économique mondiale est faible. 

Il a jugé crucial d’appuyer le secteur financier afin qu’il devienne plus inclusif et de mettre en place des incitations, des garanties et des mesures d’atténuation des risques.  Il a salué le niveau sans précédent des 75 milliards d’investissement obtenus par le biais de l’Association internationale de développement (IDA), également connu sous le nom de « fonds pour les plus pauvres » de la Banque mondiale.  Il a exhorté les investisseurs à se concentrer sur le renforcement des capacités humaines, la résilience, le logement abordable, l’alimentation et l’agriculture, la santé et le bien-être social.  Il a constaté que l’intervention du secteur privé dans le développement durable dépasse le niveau d’intervention des fondations.

Illustrant une source de financement innovante du développement durable, le représentant a cité le partenariat du Groupe de la Banque mondiale avec BNP Paribas pour promouvoir le Programme 2030.  Il s’agit d’une émission d’obligations, dans le cadre de l’initiative « SDGs Everyone », qui, pour la première fois, lient directement les rendements à la performance des entreprises qui soutiennent les priorités du Programme 2030.  Lancée en 2016, les obligations ont permis de lever près de 200 millions d’euros auprès d’investisseurs institutionnels en France et en Italie, une somme que la Banque mondiale utilisera pour soutenir la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en finançant la lutte contre l’extrême pauvreté et pour une prospérité partagée.  Le rendement de ces obligations est directement lié à l’évolution du cours des actions des entreprises de l’indice « Solactive Sustainable Development Goals World » lequel regroupe 50 entreprises qui, selon la méthode « Equitics® de Vigeo Eiris », consacrent au moins un cinquième de leurs activités à des produits durables. 

« Nous appelons les entreprises à faire preuve de transparence et à nous expliquer comment elles investissent dans les objectifs de développement durable », a insisté M. Mohieldin.  Si nous apprécions cette combinaison entre les efforts des gouvernements, du secteur privé et de la société civile, nous n’oublions ni les besoins particuliers des petits États insulaires en développement (PEID), s’agissant de l’atténuation des risques de catastrophe, ni les vulnérabilités des pays postconflit, a affirmé le Vice-Président.  Il a expliqué que la Banque mondiale accorde des financements supplémentaires à ces pays fragilisés, dont ceux qui accueillent des migrants et refugiés.   Mais il a prévenu qu’à l’avenir il sera difficile de faire davantage avec moins de moyens.

Table ronde: « Que faudra-t-il pour financer les objectifs de développement durable? De l’ambition à la réalité »

Pour passer de l’ambition du développement durable à la réalité, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’énergie durable pour tous, Mme RACHEL KYTE, du Royaume-Uni, qui animait la discussion, a évoqué plusieurs moyens, comme l’augmentation du nombre de centres d’assainissement et le développement de l’énergie durable.  « Nous savons désormais comment créer une obligation verte et tout le monde sait faire son travail », a-t-elle relevé en citant, par exemple, les banques et les organismes des Nations Unies.  Elle a ensuite lancé la discussion en posant les questions suivantes: « Comment mettre le système financier au service de la réalisation des objectifs de développement durable?  Comment faire en sorte que ce système évolue plus rapidement vers le Programme de développement durable à l’horizon 2030? »

« Sans la contribution du secteur privé, le secteur public ne pourra pas avancer suffisamment vite vers ces objectifs », a prévenu d’emblée M. SUNIL BHARTI MITTAL, fondateur et Président de Bharti Entreprises, et Président de la Chambre internationale de commerce, une institution fondée en 1990 qui compte  six millions d’entités membres.  Le premier moyen d’avancer, ce sont « les échanges commerciaux », a-t-il dit.  Il en a voulu pour preuve la mondialisation du commerce qui a permis de faire sortir de la pauvreté un milliard de personnes dans le monde.  L’Inde est aujourd’hui l’un des pays les plus ouverts aux échanges et aux investissements, a-t-il affirmé, se disant toutefois préoccupé par les voix nationalistes qu’on entend aujourd’hui dans certains pays.

L’expert a ensuite désigné « Internet » comme un outil crucial pour faire progresser le monde en développement.  Il a également cité « l’accès aux capitaux », autre facteur essentiel pour atteindre les objectifs de développement durable.  Les pays qui s’approprieront ces objectifs et qui s’adapteront  pour les atteindre, connaitront une croissance trois fois plus grande que ceux qui ne le feront pas.  La « technologie mobile » donne accès au reste du monde, a-t-il aussi relevé en estimant que « rien ne peut remplacer un accès au réseau de téléphonie mobile ».

La modératrice a ensuite passé la parole à deux autres experts pour répondre à la question suivante: « Comment créer des produits technologiques et financiers qui permettent d’avancer? ».  Le premier, M. STEVE WAYGOOD, chef des investissements chez Aviva Investors, a remarqué que « le manque de durabilité est l’échec le plus important des marchés financiers », reconnaissant là une faille à combler.  Il a dit apprécier que les accords de Monterrey, Doha et Rio se concentrent davantage sur le rôle que doit jouer le monde des affaires dans le développement durable.  Mais il a soulevé les problèmes du manque de transparence et de recul sur le long terme dans ce domaine.  Il s’est cependant réjoui que le G20, la Commission de l’Union européenne et l’ONU, ainsi que bon nombre d’États Membres, aient commencé à élaborer une feuille de route pour la participation des marchés financiers à l’ambition du développement durable.  C’est un levier qu’il faut utiliser au mieux en faisant participer les investisseurs, a-t-il conclu.

« Personne, dans la discussion, n’a encore parlé de profit », a relevé à son tour M. ELLIOT HARRIS, Sous-Secrétaire général du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), en faisant remarquer que c’est pourtant l’objectif premier des entreprises privées.  Il a donc invité à voir les objectifs de développement durable comme des incitations à faire des investissements intéressants pour les entreprises.  Les principales difficultés résident dans le fait qu’on n’aime pas les risques et qu’il faut pouvoir évaluer le rendement des investissements au fil du temps, a-t-il noté.  Il a constaté à cet égard un manque de méthode pour évaluer les nouveaux risques et pour les gérer.  Avec plus de méthode, a-t-il prédit, on pourrait attirer davantage d’investisseurs dans des projets durables et on éviterait d’investir dans les mauvais marchés.

La meilleure façon d’aider le secteur privé à surmonter ces difficultés, selon lui, c’est de fournir les informations nécessaires.  Il a noté à cet égard qu’il y a de plus en plus d’initiatives boursières à cet effet.  Il a également invité à réfléchir davantage aux impacts des investissements sur le climat, à la viabilité et à la durabilité des investissements.  Par ailleurs, il a fait remarquer qu’un investissement d’un milliard dans un endroit éloigné ne sera pas satisfaisant car il ne produira pas assez de dividendes.  Il a donc plaidé en faveur de l’utilisation des technologies financières pour obtenir les informations nécessaires et aplanir les obstacles.

Enchaînant sur ces propos, M. MATT ARNOLD, responsable au niveau mondial du financement durable chez JP Morgan Chase, s’est réjoui qu’une personne qui travaille aux Nations Unies et une autre qui travaille dans une banque puissent avoir le même discours.  La banque qu’il représente travaille avec 50 millions de débiteurs, a-t-il indiqué.  Dans un monde où il y a autant de liquidités, il s’est demandé pourquoi les objectifs de développement durable n’étaient pas mieux financés.  « C’est à cause des risques », a-t-il affirmé en rejoignant l’avis de l’expert du PNUE.  L’argent prêté par les banques ne leur appartient pas et l’objectif principal de ces institutions financières est de ne pas perdre cet argent, a-t-il rappelé pour expliquer la prudence des banques.  S’il a fait remarquer que, à tout prendre, les banques préfèrent perdre 20% que 100% des prêts, il a appelé à se départir d’une vision binaire car il y a une zone intermédiaire.  « À JP Morgan Chase, on nous a dit qu’on ne pouvait pas poursuivre les 17 objectifs », a-t-il expliqué en signalant par conséquent les avoir regroupés en trois catégories: l’environnement, la croissance inclusive et les partenariats/la collaboration.  Nous nous y sommes attelés fin 2016, a-t-il dit en exprimant sa satisfaction de participer à cette entreprise.

« Comment la finance peut-elle servir la société? »  C’est la question qu’a posé Mme GIULIA PORINO, de Finance Watch, organisation créée il y a 6 ans, au lendemain de la crise financière, pour faire contrepoids au secteur financier et influer sur les politiques monétaires.  Elle a remarqué que le monde n’avait jamais eu autant de capitaux et que, en outre, ces capitaux sont concentrés dans très peu de lieux.  Elle a proposé d’avoir une vision plus complète des économies et de prendre des mesures concrètes pour passer du modèle économique actuel à un modèle durable.  Parmi ces mesures, elle a invité à déplacer les capitaux pour mieux les répartir, à faire concorder les institutions privées au financement des objectifs de développement durable, à former une coalition plus importante d’acteurs qui soutiennent ce processus et le surveillent.  Finance Watch a lancé une plateforme de discussion à ce propos, a-t-elle rappelé.

Si l’on veut aller au-delà des initiatives vertes et transformer véritablement la finance, pour favoriser le déplacement des capitaux et les investissements durables, il faut se pencher sur les modèles actuels des affaires et admettre qu’ils sont incompatibles avec les objectifs de développement durable, a tranché la militante.  Les gouvernements et les institutions publiques doivent donner l’exemple, a-t-elle estimé, leur accordant le mérite de permettre une plus grande créativité.  Elle a également remarqué que ces institutions peuvent taxer le carbone, mettre fin à la fraude fiscale et aider les pays en développement.  Mme Porino a rappelé qu’au lendemain de la crise, il n’avait pas été possible d’agir collectivement et de transformer le secteur financier, « car nous n’avons pas répondu à une question cruciale: quel est l’objectif du secteur financier? »

Revenant sur le manque de transparence, le représentant d’Aviva Investors a relevé qu’il existait peu de bourses de valeurs qui travaillent vraiment à faire changer les choses vers plus de transparence.  Il faut nous pencher sur les informations relatives aux risques climatiques que les entreprises doivent divulguer, a-t-il dit, en souhaitant que l’on réfléchisse au caractère obligatoire de cette divulgation.

Le représentant de la banque JP Morgan Chase a dit faire partie du groupe de travail qui examine précisément la question de la divulgation d’informations sur les risques climatiques.  Il s’est prononcé en faveur du caractère obligatoire de cette divulgation arguant que « si c’est obligatoire, ça permet de donner davantage de résultats ».  Le secteur financier peut donner l’exemple, a-t-il estimé à cet égard.  Il a cependant estimé que la diffusion de ces informations n’allait pas, dans un délai proche, permettre d’atteindre les objectifs de développement durable.  Le Président de Bharti Entreprises a partagé les vues selon lesquelles la transparence doit être obligatoire pour les entreprises.

« On est encore loin du degré de transparence nécessaire pour inspirer le secteur financier », a reconnu la représentante de Finance Watch tout en estimant que le groupe d’experts de haut niveau sur la finance durable de l’Union européenne est un « signe qu’on avance dans la bonne direction ».

La discussion entre experts a également porté sur les risques encourus dans les projets de développement.  « On a tendance à surestimer ces risques », a constaté le représentant de JP Morgan Chase.  À son avis, la transparence aidera beaucoup à financer les objectifs de développement durable, mais il faudra arriver à faire baisser le niveau de risques des investissements pour pouvoir attirer plus de capitaux privés.

L’expert du PNUE a souhaité que les marchés eux-mêmes soient impliqués dans l’abaissement du niveau de risques.  Mais, a-t-il prévenu, ceux qui fournissent des capitaux importants ne sont pas ceux qui vont pouvoir abaisser le niveau de risques, car les risques qu’ils prennent sont importants.  « Ce n’est que lorsque les agences de notation prendront les objectifs de développement durable en compte dans leurs évaluations que nous aurons réussi notre pari », a-t-il prévenu tout en avertissant qu’il faudrait quelques années pour y arriver car « nous n’en sommes qu’aux balbutiements ». 

Déclarations

M. BERHANE GEBRE-CHRISTOS, Envoyé spécial du Premier Ministre de l’Éthiopie, a attiré l’attention sur une situation économique mondiale qui est devenue un véritable obstacle à la mobilisation des ressources nécessaires aux objectifs de développement durable.  La communauté internationale doit donc faire le nécessaire pour changer la trajectoire actuelle et créer un environnement économique favorable à la mise en œuvre des objectifs convenus.  En Éthiopie, ces derniers sont intégrés dans la Plan II sur la croissance et la transformation qui s’est accompagné d’une réforme fiscale globale laquelle a contribué à l’augmentation des ressources domestiques.  Que ce soit sous la forme de prêts ou de dons, le financement public a été utilisé pour renforcer la capacité de production du pays et même si elle reçoit moins que la moyenne de l’APD affectée aux pays d’Afrique subsaharienne, l’Éthiopie a su en faire bon usage pour s’attaquer à la pauvreté. 

Le pays a aussi su attirer l’investissement étranger direct (IED) et continue de renforcer les autres instruments financiers que sont les envois de fonds, les obligations et les crédits commerciaux pour des programme de développement à long terme.  En revanche, les revenus à l’exportation sont restés faibles compte tenu des défis internes et internationaux.  Il n’en reste pas moins, s’est enorgueilli l’Envoyé spécial, qu’aujourd’hui plus de 60% du budget national est affecté à des programmes de développement en faveur des pauvres, une attention spéciale étant accordée à la création d’emplois, surtout chez les jeunes, y compris une aide aux PME.  Les ressources publiques sont aussi massivement investies dans les mégaprojets d’infrastructure susceptibles d’accélérer la transformation structurelle de l’économie et de renforcer la compétitivité du pays. 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MARIO ZAMBRANO (Équateur), a dit que pour réaliser avec succès les objectifs de développement durable, il faut revitaliser le partenariat mondial avec les institutions financières et les autres parties prenantes en tenant compte des différents niveaux de développement, réalités et capacités et en respectant les politiques et les priorités nationales.  Il a jugé « fondamental » l’appui aux pays en développement.  Les flux financiers doivent être mieux alignés avec les objectifs de développement durable, a-t-il insisté.  Les financements publics qu’ils soient nationaux ou internationaux joueront un rôle vital pour assurer les services essentiels et les biens communs, et pour catalyser les autres ressources.  Le Groupe appelle aussi le secteur privé à déclencher sa créativité et son sens de l’innovation pour relever les défis du développement durable.  À ce propos, le représentant a noté avec préoccupation le fait que beaucoup de pays les moins avancés (PMA) sont largement écartés de l’accès à l’investissement étranger direct (IED) qui pourrait pourtant les aider à diversifier leur économie. 

Il a encouragé le recours à des mécanismes et à des partenariats novateurs pour promouvoir une plus grande participation du secteur financier international à ces économies.  Pour libérer les fonds et faire en sorte que les financements publics et privés se dirigent vers les objectifs de développement durable, les pays en développement, a reconnu le représentant, doivent améliorer leur climat des affaires.  À cet égard, a-t-il argué, l’aide publique au développement (APD) peut contribuer à mobiliser des ressources additionnelles à partir d’autres sources, publiques et privées, à améliorer la collecte des revenus fiscaux et à mettre en place les services publics essentiels.  L’APD peut aussi contribuer à réduire les risques et à attirer des investissements vers les projets d’infrastructure et autres dont a besoin le secteur privé.

Au nom de l’Afrique du Sud, du Brésil, de la Chine, de la Fédération de Russie et de l’Inde (BRICS), M. LIU JIEYI (Chine) s’est inquiété des tendances protectionnistes et nationalistes et des mouvements antimondialistes que l’on voit aujourd’hui dans le monde.  La volonté politique est en déclin et les efforts fragmentés alors qu’il faut des flux financiers « prévisibles » pour réaliser le développement durable, a souligné le représentant.  Il a invité la communauté internationale à adopter « une perspective stratégique à long terme » qui passe par la mise en œuvre de la Déclaration de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il a aussi exhorté la communauté internationale à défendre le principe de responsabilité commune mais différencié face au développement durable, non sans souligner « la responsabilité première » des pays développés.  Il n’a pas non plus manqué de souligner que la coopération Sud-Sud n’a pas vocation à se substituer à la coopération Nord-Sud.  Il s’est félicité de ce que la coopération, entre les pays du groupe BRICS, lancée en 2006, ait permis d’améliorer l’architecture financière internationale.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a réaffirmé l’importance du Consensus de Monterrey, de la Déclaration de Doha et du Programme d’action d’Addis-Abeba, qui font partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a encouragé l’échange des connaissances et des enseignements tirés de l’expérience acquise, à travers la coopération Sud-Sud, en complément de la coopération Nord-Sud et triangulaire, et l’inclusion de nouveaux acteurs, comme le secteur privé, les milieux universitaires et la société civile, dans la mise en œuvre du Programme 2030.

En dépit des efforts qu’ils entreprennent, les pays de la CELAC, qui sont majoritairement des pays à revenu intermédiaire, ont encore besoin de l’aide publique au développement (APD), tant pour réduire les inégalités et les insuffisances structurelles que pour renforcer leurs capacités, a plaidé M. Zamora.  Il a également appelé le système de développement des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales et les autres parties prenantes à élaborer leurs politiques en tenant compte des besoins divers et spécifiques de ces pays.  Il a aussi insisté pour que l’octroi de l’APD se fonde sur des méthodes transparentes, qui aillent au-delà du revenu par habitant et reconnaissent le caractère multidimensionnel du développement.  Il a prôné une augmentation des ressources disponibles et une amélioration des conditions de prêt offertes par les institutions internationales de crédit et les organismes mondiaux et régionaux de développement.

Mme ADEBAYO BABAJIDE, de l’Union européenne, a attiré l’attention sur les données publiées la semaine dernière par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) qui montrent que l’aide publique au développement (APD) de l’Union et de ses États membres a augmenté de 11% en 2016, atteignant les 75,5 milliards d’euros et faisant que l’UE est maintenant à 0,51% de son PNB contre 0,47% en 2015, et seuls 25% de cette augmentation sont imputables à l’appui aux réfugiés.  L’APD, a souligné la représentante, est essentielle pour les pays les moins avancés (PMA) parce qu’elle peut combler les déficits dans les secteurs sociaux comme la santé et l’éducation et parce qu’elle a des effets catalyseurs sur d’autres sources de financement.  Les données montrent déjà que les PMA ont reçu plus d’un cinquième de l’APD de l’Union européenne.  Nous devons, a ajouté la représentante, mobiliser tous les acteurs du secteur public et du secteur privé, aux niveaux international et local, et différents instruments comme les financements novateurs, pour faire des objectifs de développement durable une réalité.  Nous avons besoin d’un secteur privé beaucoup plus ambitieux, qu’il s’agisse des microentreprises, des coopératives ou des multinationales.  Nous avons aussi besoin de partenariats multipartites et d’un travail en coopération étroite avec les entités locales et la société civile qui sont au front de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme LOIS MICHELLE YOUNG (Belize) a souligné l’importance de mobiliser suffisamment de ressources pour financer les trois piliers du développement durable de manière « équilibrée et cohérente ».  Il faut ensuite des directives politiques adéquates pour que les différents flux financiers s’alignent avec les objectifs de développement durable. Il faut aussi que les mécanismes et politiques de financement prennent en compte la nature intégrée du développement durable pour faire en sorte que la mise en œuvre d’un objectif précis ait des répercussions sur la multitude d’autres objectifs et cibles du Programme 2030.  Il faut également que, tout en affirmant l’universalité du développement durable, l’on tienne compte des différents stades de développement et la « nature dynamique » des besoins des pays en développement.  Elle a cité l’exemple des petits États insulaires en développement (PEID) dont les difficultés dans la mobilisation des ressources domestiques les rendent extrêmement dépendants vis-à-vis des finances publiques.  Dans ce contexte, a dit la représentante, on ne saurait trop souligner l’importance d’un environnement mondial favorable et des partenariats au développement.

Mme Young a aussi mis l’accent sur un autre défi, celui de la disparition des banques correspondantes.  Ces derniers temps, s’est-elle expliquée, plusieurs banques internationales importantes ont cessé ou gravement limité leurs relations avec des banques locales et régionales plus petites pour réduire leur exposition aux « amendes draconiennes » imposées par leur réglementation nationale.  Ce processus, connu sous le nom d’« atténuation des risques », a un impact négatif sur les Caraïbes car sans les banques correspondantes, les entreprises de la région sont coupées du commerce et des financements internationaux, les familles ne peuvent plus collecter les envois de fonds de leurs proches à l’étranger et les investisseurs étrangers refusent d’investir parce qu’ils risquent de ne pas pouvoir rapatrier leurs profits. 

Les chefs de gouvernement de la CARICOM, a poursuivi Mme Young, n’ont cessé de dire que les relations avec des banques correspondantes sont un bien public mondial et que la stratégie d’atténuation des risques est discriminatoire et contraire à la politique des biens publics.  Pour créer un système financier plus stable, la CARICOM, par l’intermédiaire de la Banque de développement des Caraïbes, a lancé une initiative visant à renforcer la transparence financière et à prévenir la perte des relations avec des banques correspondantes.

Mme ZAHIR (Maldives) a souligné les difficultés qu’ont les petits États insulaires en développement (PEID) pour accéder aux financements.  Parce que les institutions financières internationales et les Nations Unies font une mauvaise catégorisation de ces pays, les vulnérabilités structurelles qui les caractérisent sont bien souvent ignorées, comme les manifestations climatiques extrêmes qui peuvent balayer en un jour des années de développement.  La plupart de ces pays sont placés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire laquelle limite l’accès aux financements préférentiels et concessionnels.  Le critère du revenu par habitant, qui ne tient pas compte de ces défis, forcent, a dénoncé la représentante, les petits États insulaires à emprunter à des taux prohibitifs et à alourdir le fardeau de leur dette.  Elle a donc appelé les institutions financières internationales à revoir leurs critères pour les financements concessionnels lesquels doivent être vus comme un élément essentiel de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

La représentante a appelé les Nations Unies à travailler étroitement avec ces institutions pour développer des mécanismes qui adopteraient une approche plus holistique en la matière.  Les petits États insulaires en développement notent aussi avec préoccupation le déclin de l’aide publique au développement (APD), alors que la mobilisation des ressources domestiques est pour eux un défi compte tenu de la petite taille de leur assiette fiscale.  La représentante s’est tout de même félicitée du cadre des partenariats des PEID qui est un espace pour promouvoir des partenaires véritables et durables publics, privés, Nord-Sud, Sud-Sud ou triangulaires.

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a dit que le plus grand défi des PMA est le manque de ressources.  Il semble, a-t-il ajouté, que la tendance actuelle de la croissance économique mondiale ne nous permettra pas d’atteindre les objectifs de développement durable.  Les efforts de mobilisation des ressources domestiques doivent être complétés par un cadre de coopération international adéquat permettant le transfert de technologies et le renforcement des capacités locales, a plaidé le représentant.  Pour ce qui est du transfert des technologies, il a rappelé l’appel du Programme d’action d’Addis-Abeba pour la création d’une banque des technologies à l’intention des PMA.  Le représentant a souligné que selon les estimations du Département des affaires économiques et sociales (DAES), les PMA devront parvenir à une croissance économique de 11,3% d’ici à 2030 pour réaliser les objectifs de développement durable.  Dans ce contexte, il nous faudra l’appui de la communauté internationale, en particulier sous la forme de l’APD, a insisté le représentant.   

M. MARC BICHLER (Luxembourg) a souligné que l’aide publique au développement (APD) de son pays s’élevait à près de 1% de son revenu national brut.  Dès 2015, les avis d’experts ont confirmé que les besoins en financement pour réaliser nos nouveaux engagements contre la pauvreté et les changements climatiques allaient dépasser de loin les moyens disponibles dans les budgets publics des États, a-t-il rappelé.  « Il faut désormais raisonner en milliers de milliards », a-t-il poursuivi.  « Il est clair que de nouvelles alliances doivent être forgées avec les acteurs du secteur privé si nous voulons nous donner les moyens financiers de nos ambitions économiques, sociales et environnementales. »

M. Bichler a souligné trois principes importants pour aligner les financements nécessaires pour la réalisation des objectifs de développement durable.  En premier lieu, tous les acteurs impliqués, publics et privés, doivent partager l’objectif stratégique du développement durable et s’impliquer sur la base de leur motivation individuelle.  Deuxièmement, il est essentiel de comprendre que les activités de développement durable, pour coûteuses et risquées qu’elles puissent être, renferment un nombre insoupçonné d’opportunités économiques.  Enfin, les stratégies de financement du développement durable doivent tenir compte du fait que chaque projet ou programme connaît des besoins spécifiques, suivant le secteur d’activité en question, l’endroit géographique de mise en œuvre et son stade d’avancement.

Le Luxembourg applique ces principes, a précisé le représentant, ce qui lui a permis, notamment, de nouer un partenariat innovant avec la Banque européenne d’investissement, de lancer la première bourse à 100% verte, de mettre en place un système de certification pour éviter le « greenwashing » des investissements climatiques privés.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a plaidé en faveur de la mobilisation de ressources supplémentaires, prévisibles et non conditionnelles, pour que les pays en développement puissent réaliser les objectifs ambitieux du Programme 2030.  Elle a demandé aux pays développés d’y contribuer par le transfert de technologies, le renforcement des capacités, l’APD, la coopération financière internationale et la coopération Nord-Sud.  Elle a relevé que le système commercial international doit être basé sur des normes, être ouvert, transparent, inclusif et non discriminatoire.  Notant que des mesures unilatérales coercitives existent toujours à l’encontre de pays en développement, elle a dénoncé le fait que cela entrave leurs efforts de développement durable.  À son avis, il reste encore beaucoup à faire aux Nations Unies pour donner un réel élan et atteindre des résultats concrets en matière de financement du développement.  Elle s’est donc inquiétée des positions de certaines délégations qui, selon elle, affaiblissent les discussions sur cette question dans le cadre de l’Assemblée générale.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a fait part des trois priorités de son gouvernement: l’amélioration de l’administration publique, le renforcement de l’économie réelle, et la promotion des ressources humaines.  Il a ajouté que les investissements directs étrangers sont précieux et pour les attirer, il faut tisser des partenariats qui fassent le lien entre le Programme 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Les pays les moins avancées ayant le plus besoin de financements, il leur a conseillé de combiner leurs ressources publiques avec d’autres, d’améliorer leur système fiscal et de créer un environnement favorable aux investissements.

M. RAFAEL DARIO RAMIREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que toute transformation du système économique et financier international doit avoir pour objectif la mise en œuvre du Programme 2030.  Les pays développés ont une responsabilité à cet égard, a-t-il insisté en leur demandant d’ouvrir les marchés aux produits des pays du Sud, avec un traitement préférentiel.  Il a aussi plaidé en faveur de la gestion souveraine des ressources naturelles, se disant prêt à partager l’expérience réussie de son pays dans l’élaboration de lois sur cette question.

La mise en œuvre unilatérale de mesures coercitives et de sanctions économiques, financières ou commerciales sont de graves obstacles à l’exercice des droits économiques et sociaux, en particulier dans les pays en développement, a poursuivi le représentant vénézuélien.  Il a donc demandé de lever ces mesures à l’encontre de son pays, d’autant plus que selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), il faudra 90 000 milliards de dollars d’ici à 2030 pour réaliser le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Relevant l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, le représentant a souligné que son pays met en pratique l’Accord Petro Caribe pour élargir l’accès des pays des Caraïbes aux ressources énergétiques.

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a dit qu’il était impérieux d’augmenter l’aide publique au développement et de renforcer la coopération Sud-Sud pour faire face aux défis du développement durable.  Il est aussi nécessaire de prendre d’autres mesures pour renforcer la croissance économique et en ce qui concerne les pays à revenu intermédiaire comme le Panama, on ne peut pas passer sous silence la corruption, les flux illicites de capitaux, la fraude fiscale qui privent ces pays de ressources importantes.  La représentante a appelé à des mesures pour améliorer la transparence de la finance internationale.  Panama, a-t-elle affirmé, a déjà mis en place ces mesures pour la transparence des mouvements financiers internationaux

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a indiqué que son pays utilise actuellement une combinaison de sources de financement publiques, privées et « novatrices » pour atteindre ses objectifs de développement, et, qu’à ce titre, le financement de l’intégration financière demeure une priorité du programme de développement durable de son gouvernement.  Il a notamment expliqué que dès le niveau local, l’accès au financement est facilité par un régime de subsides, des systèmes de refinancement et des programmes de garanties du crédit destinés aux agriculteurs et aux entrepreneurs.  La stratégie nationale d’intégration financière aide les parties concernées à surmonter les questions collatérales ainsi qu’une aide financière aux PME vertes pour promouvoir une agriculture bio.  M. Perrera a également indiqué que Sri Lanka a un potentiel pour mobiliser des financements grâce à une participation active au commerce du carbone, son empreinte carbonique étant négligeable avec 0,62 tonne par habitant.  La création du Fonds pour le carbone a permis aux organisations d’atteindre le seuil de neutralité.  S’agissant de la mobilisation des ressources domestiques, Sri Lanka s’attaque à son déficit en réduisant les dépenses et en s’attelant à une réforme fiscale.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a indiqué que son pays alignait sa vision stratégique et ses politiques sur le Programme 2030, avec l’appui du système des Nations Unies.  Il a estimé que des mécanismes de financement innovants, de nouvelles formes de coopération comme la coopération Sud-Sud et triangulaire, et le rôle du secteur privé devaient faire partie intégrante de l’architecture du financement pour le développement, sans toutefois se substituer à l’aide publique au développement (ADP), ni à la coopération classique.  Il a rappelé que les pays à revenu intermédiaire faisaient encore face à d’importants problèmes de développement, dont l’inégalité, la faible productivité et le manque d’accès à différentes sources de financement.

Le représentant a préconisé une classification élargie des pays à revenu intermédiaire, qui reflète mieux la diversité de leurs réalités sociales et économiques.  Les pays, a-t-il précisé, ne doivent pas être exclus des flux de financement uniquement en raison de critères fondés sur le revenu par habitant. C’est pour cette raison qu’il a appuyé la mise au point de nouvelles méthodologies, telles l’indice de pauvreté multidimensionnelle.  Avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Initiative d’Oxford pour la pauvreté et de développement humain, le Honduras a lancé sa propre étude afin d’établir un guide des politiques sociales propres à réduire l’exclusion et à offrir de nouvelles opportunités aux groupes vulnérables de la population.

Il est clair que les fonds publics ne suffiront pas à combler le déficit financier « colossal » auquel nous faisons face, a averti M. YASUHISA KAWAMURA (Japon).  Pour financer les objectifs de développement durable, il va falloir puiser dans la vaste réserve de ressources du secteur privé.  Mais comment, a-t-il demandé?  Il a recommandé de se laisser guider par le principe selon lequel « là où il n’y a pas de profit, il n’y a pas d’investissement ».  De plus, le secteur privé ne demande qu’à investir dans des arrangements mutuellement bénéfiques, a-t-il ajouté.  Attirant l’attention sur un élément souvent négligé dans les efforts visant à mobiliser le secteur privé, le représentant a exhorté les États à créer des modèles d’entreprises durables. 

M. MOHAMMAD YAMA AINI (Afghanistan) a indiqué que son pays avait élaboré plusieurs programmes nationaux pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il a notamment cité un programme de développement du secteur privé qui vise à augmenter les investissements étrangers et les partenariats public-privé.  En outre, le pays s’est doté d’une stratégie fiscale qui vise à augmenter les ressources consacrées au développement.  Le Gouvernement souhaite augmenter son budget de 10 à 15% chaque année pour améliorer les services à la population, a signalé le représentant.  Malgré ces efforts, le pays a toujours besoin d’investissements pour renforcer les ressources humaines et du transfert de technologies, a-t-il reconnu.  Il a aussi souligné que l’APD reste essentielle à l’Afghanistan en tant que PMA et pays en développement sans littoral.  Assurer une cohérence entre les marchés et le développement durable est le seul moyen de ne laisser personne sur le côté, a-t-il dit en concluant son intervention.

M. GNECCO DAZA (Colombie) a prôné la création d’alliances multisectorielles afin de mobiliser plus de ressources.  Il a, à son tour, attiré l’attention sur la situation des pays à revenu intermédiaire et leurs multiples défis.  Ces pays, a-t-il plaidé, doivent bénéficier d’une meilleure coopération internationale pour préserver leurs acquis.  Ils devraient pouvoir profiter de l’échange d’expérience et du transfert de technologies.  Ils réclament aussi un débat plus approfondi sur la gouvernance des institutions financières internationales et leur viabilité. 

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a relevé qu’il fallait des stratégies cohérentes de développement pour mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation du Programme 2030.  Il a en même temps souligné la nécessité de ne pas décourager les investissements, se réjouissant des bons exemples entendus aujourd’hui sur la façon d’améliorer la mobilisation des ressources publiques et privées.  Il a rappelé aux États Membres leurs obligations en termes d’APD.  Il a mentionné les réformes mises au point par son pays pour restructurer le secteur fiscal et pour mettre en place un environnement plus propice aux investissements public et privés.  Il a également assuré que son pays reste engagé à participer à la coopération Sud-Sud, tout en rappelant que ce n’est qu’une forme de coopération qui n’a pas vocation à remplacer la coopération Nord-Sud.  Il faut mettre en œuvre au plus vite le Programme d’action d’Addis-Abeba, a-t-il plaidé.

M. CHO YEONGMOO (République de Corée) a avoué qu’au début de son processus de développement, son pays était confronté aussi aux défis liés à la faiblesse de la base institutionnelle, à l’étroitesse de l’assiette fiscale, à l’incompétence de l’administration fiscale, aux limites des capacités humaines et au non-respect des impôts.  C’est sur la base de cette expérience que la République de Corée aide les pays en développement.  Aujourd’hui, le pays est le seizième plus grand contributeur d’APD sur les 28 membres de l’OCDE et entend parvenir à 0,2% de son PNB en 2020 et à 0,3% en 2020.  Le gouvernement a mis en place un programme novateur qui collecte un dollar sur chaque billet d’avion vendu à partir de son territoire pour financer le Fonds mondial pour l’éradication des maladies.  Aujourd’hui, ce sont quelque 25 millions de dollars qui sont collectés chaque année.  En tant que pays hôte du Secrétariat du Fonds vert pour le climat et de l’Institut mondial pour la croissance verte, la République de Corée appuie l’action climatique en développant des « business model » pour les nouvelles industries de l’énergie et entend les partager avec les pays en développement.  Le pays a d’ailleurs promis la somme de 100 millions de dollars au Fonds vert pour le climat.

Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a parlé de la coordination menée par le Ministère kényan de la planification pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Pour mobiliser suffisamment de ressources, le pays met en œuvre des réformes fiscales qui, notamment, élargissent l’assiette fiscale, ce qui a entrainé une augmentation du ratio impôt/PIB.  Il est actuellement de 20%, soit le plus haut de la région.  En outre, de 2013 à 2017, les recettes fiscales ont augmenté de 51%.  La représentante a indiqué que le Kenya est passé à la troisième position sur la liste des pays qui ont lancé le plus de réformes.  Soulignant l’importance de la lutte contre les flux financiers illicites, elle a assuré que son pays s’y attèle activement.  « Nous avons déjà récupéré des montants importants qui sont utilisés pour financer les énergies propres », a-t-elle cité en exemple.  La représentante a ainsi démontré comment son pays accroit le montant de ses dépenses en faveur du développement, ce qui aboutit à une hausse de la croissance économique. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné l’importance de financer les projets structurants dans les pays en développement.  Il est ainsi essentiel d’investir dans les petites et moyennes entreprises, l’éducation, et la gouvernance des entreprises.  S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, il faut trouver des financements novateurs en vue notamment de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Le représentant a aussi demandé aux pays donateurs de respecter les engagements de l’aide publique au développement.  Il a appelé au renforcement de la coopération Nord-Sud qui est fondamentale comme la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Il a souligné l’importance de l’allègement du fardeau de la dette des pays en développement.  Le Maroc s’investit, a-t-il ajouté, dans la coopération Sud-Sud qui se traduit par une dynamique de coopération dans sa région, et sur le continent.  Président de la vingt-deuxième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le Maroc veut créer un mécanisme de mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Il a répondu à son homologue du Venezuela qui avait mentionné le Sahara occidental.  Il a qualifié le Venezuela « de dernière dictature et de pays le plus pauvre d’Amérique latine malgré son pétrole et son gaz ».  « Je suis ravi que le Président Maduro ait finalement consenti à demander l’aide humanitaire des Nations Unies », a dit le représentant qui a dénoncé son homologue vénézuélien qui « ne fait que se promener dans tous les États-Unis à bord de ses deux jets privés alors que son peuple meurt de faim ». 

M. GHANIM AL-HUDAIFI AL-KUWARI (Qatar) a reconnu la nécessité de donner la priorité à des projets à fort potentiel de création d’emplois décents.  La mise en œuvre du Programme 2030 exige beaucoup d’efforts pour mobiliser des sources de financement supplémentaires, locales et internationales, dans le respect des politiques et priorités nationales, a-t-il ajouté.  Il a aussi souligné la nécessité de tenir compte des droits de l’homme dans la réalisation du développement durable et a assuré que son pays continue à œuvrer en faveur du développement, par le biais de son Plan de développement pour 2030.  Le Qatar a accueilli la conférence de suivi du Consensus de Monterrey, a-t-il indiqué pour démontrer l’engagement de son pays en faveur du financement du développement et du Programme 2030.

M. TITO OLAVO DA LOMBA ROCHA GONÇALVES (Cabo Verde) a estimé que le Programme 2030 ne doit pas être isolé des autres agendas, citant notamment l’Accord de Paris, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et le Nouveau programme pour les villes d’Habitat III.  Il a souligné que la mise en œuvre effective des objectifs de développement durable dépend de la mobilisation et de la disponibilité du financement.  À ce titre, le représentant a jugé nécessaire, en ce qui concerne les PEID, de répondre à leurs spécificités, d’adopter des critères d’éligibilité clairs aux financements et de mettre en œuvre des procédures accélérées pour dépasser la complexité de certains cadres et modalités et, enfin, d’augmenter le niveau des dépenses.

Il est temps de passer de la parole aux actes, s’est impatienté le représentant qui a réclamé des solutions adaptées aux spécificités et aux conditions de chaque pays.  M. Rocha a affirmé que la stratification au sein des pays en développement, qui sont regroupés dans différentes catégories comme les pays les moins avancés, les pays enclavés ou encore les pays émergents, avait limité l’accès au financement au lieu de répondre aux besoins de chaque pays à titre individuel.  Pour de nombreux pays en développement, la croissance économique ne suffit pas et doit être complétée par un « pacte social ».  Il a donc prôné à la fois une approche compétitive pour saisir les occasions se présentant sur le plan économique et une approche coopérative pour répondre aux besoins en matière de financements publics et dans les domaines du social et de l’environnement.

Mme AYE MYA MYA KHAING (Myanmar) a dit que le défi du développement exige des engagements qui permettent un environnement favorable aux pays en développement.  Le Myanmar travaille avec d’autres partenaires afin de mettre en œuvre les objectifs de développement durable et a déjà enregistré quelques succès.  Mais la représentante s’est dite préoccupée, « comme tous les autres pays en développement », par la diminution des ressources des Nations Unies, de l’aide publique au développement et des flux financiers vers les pays en développement lesquels, a-t-elle souligné, doivent s’aligner avec les objectifs de développement durable et les priorités nationales.

Reconnaissant le rôle important que peut jouer le secteur privé pour relever les défis du développement durable, Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a mentionné l’« Alliance globale pour la durabilité avec le secteur privé national » qui existe déjà dans son pays.  Les objectifs de développement durable, a-t-elle insisté, sont essentiels pour prévenir l’escalade des crises de toute nature.  Depuis qu’il a invité la communauté internationale à identifier des formes de financement pour le développement, à Monterrey, en 2002, le Mexique l’encourage sans cesse à renouveler son engament en faveur du développement durable.    

La représentante de l’Indonésie a souligné que les financements disponibles n’auront pas la même valeur si l’on ne prend pas en compte les différentes capacités des pays.  Il faut davantage d’études pour comprendre comment les marchés des pays en développement peuvent attirer les investisseurs étrangers.  En attendant, la représentante a recommandé des efforts pour mobiliser les ressources domestiques plus stables et plus alignées avec les priorités nationales. 

M. MOHD RIDZWAN SHAHABUDIN (Malaisie) a plaidé pour un appui financier et technologique adéquat aux pays en développement, en particulier dans les domaines du renforcement des capacités et de la création d’un secteur vert.  S’agissant en particulier des pays à revenu intermédiaire, il a appelé le système de développement des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales et autres parties prenantes à encourager le partage des expériences mais aussi à améliorer leurs efforts de coordination et à mieux cibler leur appui.  Ces dernières doivent faire en sorte que les besoins diversifiés et spécifiques des pays à revenu intermédiaire soient dûment reconnus.  Le représentant a tenu à souligner que pour ces pays l’APD et les autres financements concessionnels sont toujours importants.  Parcourant la salle du regard, il a relevé l’absence des partenaires au développement.  « Nous venons à douter de leur sérieux », a-t-il avoué.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a dit l’importance de partenariats pratiques avec le secteur privé et ses ressources.  Alors que deux ans se sont écoulés depuis l’adoption du Programme 2030, le représentant a noté que la communauté internationale n’a toujours pas pu identifier de manière empirique tout ce qui fonctionne aux niveaux international national et local en matière de financement et de mise en œuvre.  Dans ce contexte, il a salué l’importance de ce laboratoire pour comparer et échanger les pratiques optimales.  Il a voulu que l’on tienne compte des spécificités de chaque pays car ce qui a marché ici ne marchera pas forcément par là.  

Le représentant de Timor-Leste a aussi souligné l’importance des partenariats lesquels, a-t-il précisé, doivent dûment tenir compte des priorités nationales et des besoins spécifiques des pays les moins avancés et des pays à revenu intermédiaire.  Pays postconflit, le Timor-Leste veut renforcer sa coopération internationale car sans cet appui, il ne peut atteindre les objectifs de développement durable et mettre en place des mesures pratiques pour renforcer sa résilience.  Le représentant a annoncé que son gouvernement organise le 22 et le 23 mai 2017 une conférence internationale à Dili sur les expériences et les défis dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  

Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a dit que la diversification des sources de financement est cruciale.  « Il faut aller au-delà de l’aide publique au développement et trouver les moyens d’optimiser les recettes domestiques fiscales et non fiscales » a-t-elle estimé.  L’APD doit être utilisée pour des projets à valeur ajoutée, les infrastructures et l’assistance technique.  Pour les services publics, elle a prôné les partenariats public-privé.

M. SONGELAEL W. SHILLA (République-Unie de Tanzanie) a dit que son gouvernement a mis en place différentes mesures comme la loi sur le partenariat public-privé et le guichet unique pour l’investissement afin de faciliter la création rapide d’entreprises dans le pays.  Le représentant a ajouté que si le pays met l’accent sur l’industrie extractive pour son développement, il s’oriente aujourd’hui vers le développement des secteurs de la  communication et des transports, entre autres, qui sont définis comme moteur du développement.  Toutefois, les ressources nationales sont insuffisantes pour le développement d’où l’importance des investissements directs étrangers, l’aide publique au développement et d’autres types de partenariats.  Le représentant a ajouté que l’investissement dans l’agriculture est aussi crucial car il sort les gens de la pauvreté. 

M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a expliqué que son pays prenait des mesures systémiques en matière de financement sous l’égide de la Banque mondiale et en coopération avec le Centre financier d’Astana.  Le Kazakhstan a pris des initiatives pour une économie à faible émission de carbone, a-t-il dit, avant de rappeler que son pays a proposé d’affecter 1% des dépenses militaires mondiales au financement des objectifs de développement durable.   

Droits de réponse

Le représentant du Venezuela a dénoncé les mensonges de son homologue du Maroc.  Cette réunion a mis en exergue l’importance des ressources naturelles pour le développement lesquelles peuvent se trouver sur des territoires occupés ou sous occupation étrangère.  « Je n’ai fait aucune allusion à un pays particulier », a dit le représentant, en demandant néanmoins au Maroc de respecter les résolutions des Nations Unies sur la question. 

Cette réunion n’est pas le forum adéquat pour évoquer ces questions, a répondu le représentant du Maroc.

Séance récapitulative

Résumant l’atelier sur le thème « Construire un avenir pacifique et inclusif où nul n’est laissé de côté », M. JOHN MCARTHUR, Cherheur à la Brooking Institute, a appelé l’ONU à galvaniser la volonté politique de réaliser les objectifs de développement durable et encourager chaque pays à mettre en place les mesures qu’il faut.

Quant à l’atelier sur le thème « Encourager la croissance économique et le développement, et lutter contre les inégalités », M. IRV MINTZER, de l’Université John Hopkins, a relayé les appels lancés à l’ONU pour qu’elle relève le défi de travailler avec le secteur financier.  L’ONU devrait encourager ce secteur à prendre des risques et en même temps, encourager les pays en développement à créer un climat des affaires inspire confiance.  L’ONU peut utiliser son pouvoir fédérateur pour réunir Etats et marchés financiers autour d’une même table.

Enfin sur l’atelier « Protéger notre monde dans le présent et l’avenir », M. SIMON ZADEK, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné que les ressources sont là et en nombre.  Il faut donc des mesures d’incitation pour passer rapidement à la cadence supérieure. Il faut « industrialiser » le financement durable et investir dans les infrastructures.  Il faut aussi mettre l’accent sur le rôle des institutions financières car il s’agit désormais de passer des partenariats traditionnels à une planification à long terme du financement.  Beaucoup de liens existent entre les marchés et les idéaux de l’ONU, aussi faut-il nouer des liens entre les deux.

Déclaration de clôture

Le Président de l’Assemblée générale a salué la qualité des débats qui ont permis de reconnaître l’importance du défi auquel la communauté internationale est confrontée pour financer les objectifs de développement durable (ODD).  Il a souligné l’important rôle des Nations Unies pour rapprocher les secteurs privé et public et faciliter le dialogue.  Il s’est réjoui que la proposition de rassembler à l’ONU les 100 principaux acteurs financiers du monde pour discuter des moyens de catalyser les changements exponentiels attendus dans le système financier aux niveaux national et mondial ait été bien reçue.  Enfin, il a dit l’importance qu’il y a à ce que l’ONU serve d’espace politique entre les États Membres et le système financier international, en offrant des directives en matière de financement des objectifs de développement durable (ODD) et en encourageant l’établissement de normes de certification « développement durable » ou de notations « développement durable » par les agences de notations. Pour aider ce processus, a dit le Président, mon bureau préparera dans les prochains jours un résumé des échanges de cette journée qui sera distribué aux États Membres et posté sur le site de la présidence de l’Assemblée générale.  À la fin de cette semaine, a enfin annoncé le Président, j’irai à Washington D.C. pour assister à la réunion de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) et en profiterai pour transmettre aux ministres des finances les conclusions de cette journée.  

 

 

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