La Commission du développement social achève sa session, marquée par des appels en faveur d’un développement durable inclusif
Elle adopte quatre projets de résolution sur le développement social
La Commission du développement social a achevé, cet après-midi, sa cinquante-quatrième session, après deux semaines de travaux marqués par des appels de représentants d’États Membres, d’acteurs du secteur privé, de la société civile et du monde universitaire au Conseil économique et social (ECOSOC) afin qu’il fasse en sorte que « personne ne soit laissé de côté » dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le Président de la Commission, M. Ion Jinga, de la Roumanie, en terminant ce cycle biennal placé sous le thème prioritaire « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain », s’est dit confiant de voir la Commission œuvrer, avec les autres commissions techniques de l’ECOSOC, et en coordination avec le Forum politique de haut niveau, à la mise en œuvre et au suivi du nouveau programme de développement durable, dans un esprit de cohérence et d’efficacité.
Aux termes de l’un des textes adoptés aujourd’hui par la Commission, et qui porte sur l’organisation future de ses travaux*, le prochain thème prioritaire des deux prochaines sessions est « Stratégie destinée à éliminer la pauvreté pour parvenir au développement durable pour tous ».
Ce thème a fait l’objet d’un consensus après néanmoins une suspension de séance et des réserves présentées par le délégué du Mexique, parlant au nom d’un certain nombre de pays d’Amérique latine, et qui a regretté n’avoir pas été au préalable consulté, souhaitant que ce fait ne constitue pas un précédent.
La Commission a aussi adopté par un vote avec 29 voix pour et 12 contre le projet de résolution intitulé « Aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique »**, qui a été présenté par le représentant de la Thaïlande au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77).
Aux termes de ce texte, l’ECOSOC demanderait à la communauté internationale d’accroître son soutien et de respecter ses engagements s’agissant de réaliser des progrès dans les domaines essentiels au développement économique et social de l’Afrique, et saluerait les mesures prises par les partenaires de développement pour renforcer leur coopération dans le cadre du Nouveau Partenariat.
La représentante des États-Unis et son homologue de l’Autriche, au nom de l’Union européenne, ont tous deux déploré que ce texte touche des sujets liés au commerce « qui ne sont pas du ressort de la Commission ».
La Commission a également adopté par consensus, et tel qu’oralement amendé, un texte sur son thème prioritaire***, et en vertu duquel l’ECOSOC demanderait instamment aux États Membres de continuer d’accorder une attention particulière au renforcement du développement social, en particulier à l’élimination de la pauvreté et à la réduction des inégalités, en appuyant le plein emploi productif et un travail décent pour tous et en favorisant l’inclusion sociale.
Elle a ensuite adopté l’ordre du jour provisoire de sa cinquante-cinquième session****.
Par ailleurs, la Commission a adopté le rapport des travaux de sa cinquante-quatrième session*****, après en avoir suivi la présentation par le Rapporteur, M. Mohammad Hassani Nejad Pirkouhi, de la République islamique d’Iran.
La Commission a en outre pris note du rapport du Secrétaire général intitulé « Réalisation et suivi des objectifs de l’Année internationale de la famille »****** et de la note du Secrétariat intitulé « Questions nouvelles: Application du Programme de développement durable à l’horizon 2030: concrétiser les engagements pris, dans l’optique du développement social »*******.
En début de journée, la Commission avait conclu son débat général en entendant des organisations non gouvernementales plaider pour que les groupes vulnérables soient pris en compte dans la mise en œuvre du nouveau programme de développement international.
Après avoir procédé à l’achèvement des travaux de sa cinquante-quatrième session, la Commission a brièvement ouvert sa cinquante-cinquième session en procédant à l’élection de nouveaux membres de son bureau.
Les Vice-Présidentes pour les deux prochaines sessions sont Mme Elisabeta David (Roumanie) pour le compte des États d’Europe de l’Est et Mme Ana Sandoval (Paraguay) pour le compte des États d’Amérique latine et des Caraïbes. M. Brian Bowler (Malawi) a été élu Vice-Président pour le compte du Groupe des États d’Afrique pour la cinquante-cinquième session uniquement. Le Vice-Président de la région Asie et Pacifique et le Président issu du Groupe des pays d’Europe occidental et autres États seront élus ultérieurement.
* E/CN.5/2016/L.4; ** E/CN.5/2016/L.5; *** E/CN.5/2016/L.3; **** E/CN.5/2016/L.1
***** E/CN.5/2016/L.2; ****** A/71/61–E/2016/7; ******* E/CN.5/2016/4
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)
Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)
Suite et fin du débat général
Le représentant de l’organisation non gouvernementale (ONG) Isa Viswa Prajnana Trust a déclaré qu’il fallait placer les jeunes, qu’il a qualifiés d’« architectes de l’avenir », au centre de nos préoccupations. Les Nations Unies doivent donc créer une commission de la jeunesse, a-t-il demandé, estimant que son mandat devait être la protection des intérêts de ce groupe démographique.
Le représentant de la Fondation mondiale pour la démocratie et le développement a déclaré que son organisation visait à formuler des propositions ouvrant la voie à une société inclusive, c’est-à-dire à une société ouverte à tous. Celle-ci ne pourra advenir qu’avec la fin des inégalités sociales, a-t-il souligné, se félicitant de l’assistance fournie à cet égard à son organisation dans le sous-continent américain par la Banque interaméricaine de développement. Toutefois, les actions entreprises par des fondations comme la sienne ne seront efficaces qu’à condition d’être appuyées par des politiques nationales, a-t-il précisé.
Le représentant de l’International Presentation Association a expliqué que son organisation, fondée en 1975, s’employait à promouvoir l’éducation des couches sociales les plus marginalisées à travers le monde. Il a estimé qu’éradiquer la pauvreté passe forcément par l’éducation, notamment en faveur des populations autochtones qui sont parmi les plus défavorisées. Il a souhaité que les programmes de formation qui leur sont destinés prennent en compte leurs besoins, et qu’ils soient respectueux de leur tradition séculaire. Il a aussi souhaité que des mesures soient prises afin de protéger les biens culturels des peuples autochtones, plaidant également pour que leur développement s’appuie sur l’exploitation des ressources dont leur environnement naturel est doté.
La représentante de la Fondation Marangopoulos pour les droits de l’homme a affirmé que sa fondation s’occupait en priorité de la défense et de la promotion des droits des personnes handicapées, notamment leur droit à l’accessibilité. Elle a déploré que certains pays eussent reculé en matière de respect et de promotion des droits des personnes handicapées, appelant à des actions concertées de la communauté internationale en faveur de ce groupe qu’elle dit être marginalisé.
La représentante de la Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur a rappelé que les inégalités sociales n’ont cessé de croître ces dernières années à travers le monde. Son organisation, a-t-elle indiqué, a cependant démontré ce que les communautés locales de la République démocratique du Congo (RDC) peuvent accomplir lorsqu’elles sont autonomisées. L’intervenante a expliqué que c’était la voie à suivre pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.
La représentante de l’ONG Fraternité Notre Dame a fait observer que le développement social d’aucun pays ne peut se réaliser sans la paix. Elle a indiqué que cette paix est garantie par le respect de l’autre et de ses droits fondamentaux, y compris celui de choisir librement sa religion. Elle a déploré qu’en Afrique, beaucoup d’enfants sont obligés de suivre la religion de leurs parents, même s’ils n’adhèrent pas de bon cœur. Elle a expliqué que son organisation avait créé des écoles qui permettent à des centaines d’enfants d’être scolarisés, quelle que soit leur confession religieuse. Elle a aussi plaidé afin que les enfants handicapés reçoivent l’attention dont ils ont besoin pour leur plein épanouissement.
La représentante de l’ONG SustainUS a dit que son celle-ci avait pour ambition de favoriser la formation des générations de dirigeants du monde de demain. Elle a plaidé afin que les jeunes aient voix au chapitre, regrettant par la même occasion que la présente génération de jeunes soient sacrifiée car les portes des emplois leur sont fermées, comme l’ont démontré des études menées par l’Organisation internationale du Travail (OIT).
La représentante de la fondation de la progéniture, basée en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré qu’au vu de la superficie et des richesses de son pays, son développement social a vocation à déteindre sur celui de plusieurs pays voisins. Elle a estimé que si les richesses du pays étaient exploitées convenablement, les populations locales, notamment les peuples autochtones, dont les Pygmées, auraient une vie meilleure. Elle a lancé un appel à l’ONU afin que « ce scandale » trouve une solution pour le bien des populations.
Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies (A/70/61–E/2015/3)
La représentante de la Fédération internationale des associations des personnes âgées a indiqué que son association était porteuse d’un projet de convention internationale sur les droits des personnes âgées. Elle a dit que le texte de ladite convention était prêt depuis l’an dernier, et qu’il comportait, entre autres, des paragraphes sur les différentes vulnérabilités des personnes âgées, les recours administratifs et judiciaires dont elles pourraient bénéficier et les mesures de répression en cas d’abus sur les personnes âgées. Elle a plaidé pour que ce texte soit entériné par la communauté internationale afin que la justice sociale et économique soit garantie à cette couche sociale.
La représentante du Conseil d’archevêché orthodoxe grec d’Amérique du Nord et du Sud a dit que lorsque les parents ont peu de revenus, ils doivent réduire les fonds qui sont alloués aux soins des enfants, ce qui affecte la santé physique et mentale de ces derniers. Elle a aussi dit que son association soutenait un projet qui promeut l’autonomisation des petits agriculteurs dans les pays en développement.
La représentante du Réseau international pour la prévention de la maltraitance des personnes âgées a indiqué que les personnes âgées sont parmi les couches les plus pauvres du monde. Elle a regretté que peu d’actions fussent prises pour les soutenir en dépit des prescriptions du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement adopté en 2002. Elle a précisé que les femmes âgées vivant seules étaient davantage exposées aux abus et à la pauvreté.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)
Présentation et décision sur le projet de résolution E/CN.5/2016/L.5
Avant l’adoption de ce texte, la représentante du Nigéria a lancé un appel afin que la communauté internationale soutienne le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), notamment ses aspects sociaux.
La représentante des États-Unis a pris la parole pour dire qu’elle avait demandé un vote et qu’elle allait voter contre ce texte. Elle a expliqué que la Commission n’est pas habilitée à discuter des questions relatives au commerce international qui sont plutôt du ressort de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle a aussi souligné que le concept de « droit au développement » qui est contenu dans le projet de texte n’a pas une définition claire admise et entérinée par la communauté internationale.
La représentante de l’Afrique du Sud a pour sa part estimé que ce projet de résolution s’inscrit dans le cadre des efforts pour promouvoir le développement social en Afrique, conformément à l’Agenda 2063 de développement de l’Afrique de l’Union africaine.
Le représentant de la Thaïlande a quant à lui rappelé que cette résolution a toujours été adoptée par consensus, regrettant que cette fois-ci elle le sera après une procédure de vote.
Le représentant de l’Autriche, s’exprimant au nom de l’Union européenne a dit que 79 des 80 paragraphes de la résolution ont été agrées par consensus, mais que certaines délégations ont insisté pour maintenir le paragraphe faisant référence au commerce international. Il a dit que le commerce n’était pas au cœur de cette résolution qui est axée sur les questions sociales. Il a rappelé que sa délégation a fait tous les efforts de compromis, mais cela n’a pas été toujours le cas d’autres délégations. Au vu de cette situation, il a demandé de voter non à cette résolution.
La Commission du développement social a ensuite adopté par un vote avec 29 voix pour, 12 voix contre le projet de résolution intitulé « Aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » (E/CN.5/2016/L.5) qui a été présenté par le représentant de la Thaïlande au nom du Groupe des 77 et la Chine.
Aux termes de ce texte, le Conseil économique et social (ECOSOC) demanderait à la communauté internationale d’accroître son soutien et de respecter ses engagements s’agissant de réaliser des progrès dans les domaines essentiels au développement économique et social de l’Afrique, et saluerait les mesures prises par les partenaires de développement pour renforcer leur coopération dans le cadre du Nouveau Partenariat.
En outre, l’ECOSOC encouragerait les partenaires de développement de l’Afrique à continuer d’intégrer les priorités, les valeurs et les principes du Nouveau Partenariat dans leurs programmes d’aide au développement. Enfin, il engagerait instamment les pays d’Afrique à être attentifs à une croissance sans exclusive, équitable et durable, susceptible de favoriser l’emploi, notamment par des investissements à forte intensité de main-d’œuvre, qui devraient avoir pour but de réduire les inégalités, de créer des emplois productifs et d’accroître les revenus réels par habitant dans les zones rurales et urbaines.
Thème prioritaire: repenser et renforcer le développement social dans le monde
Décision sur le projet de résolution E/CN.5/2016/L.3
La Commission du développement social a adopté par consensus, tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « Thème prioritaire: repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/L.3).
Si elle suivait la recommandation de sa Commission, l’ECOSOC demanderait instamment aux États Membres de continuer d’accorder une attention particulière au renforcement du développement social, en particulier à l’élimination de la pauvreté et à la réduction des inégalités, en appuyant le plein emploi productif et un travail décent pour tous et en favorisant l’inclusion sociale.
Par ailleurs, en vertu de ce projet de résolution, l’ECOSOC encouragerait les pays développés à honorer les engagements pris en matière d’aide publique au développement, notamment celui pris par nombre d’entre eux de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide aux pays en développement et 0,15 à 0,20% à l’aide aux pays les moins avancés.
Enfin, aux termes de ce texte, l’ECOSOC considèrerait également que les actions de développement menées à l’échelon national, y compris celles de développement social, doivent être soutenues par un environnement économique international porteur et notamment par des échanges internationaux, des systèmes monétaires et financiers et une gouvernance économique mondiale renforcée, fonctionnant en synergie et de manière cohérente.
ADOPTION DE L’ORDRE DU JOUR ET AUTRES QUESTIONS D’ORGANISATION
Décision sur le projet de résolution E/CN.5/2016/L.4
La Commission du développement social a adopté par consensus, et tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « Organisation future des travaux et méthodes de travail de la Commission du développement social » (E/CN.5/2016/L.4).
En vertu de ce texte, le prochain thème prioritaire des deux prochaines sessions est: « Stratégie destinée à éliminer la pauvreté pour parvenir au développement durable pour tous ».
Réagissant à ce thème proposé par le Président de la Commission, et après une brève suspension, la représentante du Nigéria, parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a entériné la proposition faite par le Président de la Commission. Son homologue du Mexique, prenant la parole au nom d’un certain nombre de pays d’Amérique latine, a pour sa part noté que le thème prioritaire avait été préalablement adopté ce matin par le bureau, regrettant ainsi que des modifications y eussent été apportées sans que les groupes régionaux n’en soit informés. Il a dit que les pays au nom desquels il s’est exprimé se rangent sur au consensus tout en insistant sur le fait que cette manière de procéder ne devrait pas faire de précédent.
La Commission a également proposé à l’ECOSOC d’envisager la « biennalisation » des résolutions de la Commission afin d’éliminer les redondances et les chevauchements et de promouvoir la complémentarité des travaux et des négociations portant sur des questions proches ou similaires dont lui-même et l’Assemblée générale sont saisis.
ORDRE DU JOUR PROVISOIRE DE LA CINQUANTE-CINQUIÈME SESSION DE LA COMMISSION (E/CN.5/2016/L.1)
La Commission a par ailleurs adopté l’ordre du jour provisoire de sa cinquante-cinquième session.
ADOPTION DU RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LES TRAVAUX DE SA CINQUANTE-QUATRIÈME SESSION (E/CN.5/2016/L.2)
La Commission a ensuite adopté le rapport de la Commission sur les travaux de sa cinquante-quatrième session, après en avoir suivi la présentation par le Rapporteur, M. Mohammad Hassani Nejad Pirkouhi, de la République islamique d’Iran.