Le Représentant spécial appelle les pays de la région à jouer un rôle positif dans les efforts de paix en Afghanistan
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Tadamichi Yamamoto, a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les pays voisins à jouer un rôle « positif » dans la recherche de la paix en Afghanistan. Celle-ci, a-t-il rappelé, ne pourra pas découler d’une solution militaire mais de pourparlers entre les Taliban et le Gouvernement afghan. S’engager dans un processus de paix ne revient pas à admettre une défaite, mais à reconnaître la réalité, a estimé le Représentant spécial, appuyé en ce sens par une majorité de délégations.
Cette réunion, au cours de laquelle se sont également exprimés le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011), a été marquée par l’annonce faite par le Président du Conseil de sécurité de l’attaque meurtrière perpétrée à Ankara contre l’Ambassadeur de la Fédération de Russie en Turquie.
« Malgré les efforts de la communauté internationale et du Gouvernement afghan, un avenir meilleur dans le pays n’est pas possible sans paix », a d’emblée prévenu M. Yamamoto, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales. À l’instar de la totalité des délégations, il s’est félicité de l’accord de paix signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin qui, selon lui, montre les dispositions du Gouvernement afghan à négocier sur la libération des prisonniers, la levée des sanctions et l’intégration dans la vie politique afghane.
Ainsi, le Représentant spécial, appuyé notamment par la déléguée des États-Unis, a appelé les Taliban à s’engager en faveur de pourparlers directs, « sans conditions préalables ». M. Yamamoto a indiqué que l’identification d’intérêts communs et, au premier chef, la diminution du nombre de victimes civiles, pouvaient être un bon point de départ pour le dialogue, au moment où le pays connaît une recrudescence de la violence. Un accord de paix est possible, pour autant que les pays de la région soient prêts à apporter un appui positif, a-t-il insisté.
Même son de cloche du côté du délégué de la France, qui a invité les puissances régionales à « user de leur influence » afin de mettre un terme aux combats dans le pays. Le Représentant spécial a préconisé la tenue de consultations plus intenses et d’échanges d’informations entre les pays de la région afin de remédier, selon l’expression de la déléguée de la Nouvelle-Zélande, au « manque de confiance considérable » entre le Pakistan et l’Afghanistan.
Dans un discours dénotant une certaine méfiance, le représentant de l’Afghanistan a appelé « les Taliban et leurs alliés étrangers, notamment le Pakistan », à entamer de « réelles discussions de paix ». Les facteurs à l’origine de la récente flambée de violence dans le pays se trouvent en Afghanistan et non pas à l’extérieur du pays, a répondu son homologue du Pakistan. Le délégué de l’Inde a, pour sa part, jugé évident que les auteurs d’actes odieux commis en Afghanistan bénéficient d’un « appui extérieur ».
Le délégué afghan a également demandé que les dirigeants taliban jugés « irréconciliables » soient inscrits sur la liste des sanctions, dont le Président du Comité 1988, M. Gerard van Bohemen, a défendu la pertinence dans son intervention. M. van Bohemen a toutefois reconnu que l’efficacité des sanctions ciblées ne concernait que les individus clairement identifiés par le Comité, tandis que le représentant du Venezuela a estimé approprié à ce stade que le Hezb-i Islami Gulbuddin soit retiré de la liste des sanctions.
Le trafic de stupéfiants, source financière considérable pour les Taliban, a été au cœur du débat. Le Directeur exécutif de l’ONUDC, M. Yury Fedotov, a souligné que les efforts visant à combattre ce fléau avaient connu un net recul. La culture du pavot a progressé de 10% et sa production de 43%, tandis que les efforts destinés à éliminer le trafic de stupéfiants ont été quasiment anéantis, a-t-il déploré. Les autorités poursuivent sans relâche leur lutte contre la menace liée aux stupéfiants et à leurs liens avec la criminalité organisée, a assuré le représentant de l’Afghanistan.
Le représentant de la Fédération de Russie s’est, quant à lui, dit étonné par le « relâchement des efforts de lutte contre Daech dans ce pays », en dépit des mises en garde de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) contre les intentions de cette organisation terroriste d’établir un califat. Il a été rejoint sur ce point par son homologue du Royaume-Uni qui a condamné l’attentat-suicide perpétré en novembre par Daech contre une mosquée chiite de Kaboul. Cette attaque avait coûté la vie à au moins 32 civils et blessé 50 autres.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2016/1049)
Déclarations
M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a indiqué qu’il continuait à voir des lueurs d’espoir concernant la situation en Afghanistan, malgré les défis sécuritaires et la volatilité politique.
« Le Gouvernement afghan a fait preuve de son unité lors du Sommet de Varsovie et de la Conférence de Bruxelles, en soulignant son engagement pour les priorités que sont la sécurité, le développement et les efforts de réforme », a-t-il dit. M. Yamamoto s’est félicité que les dirigeants afghans aient continué de surmonter leurs divergences afin de promouvoir le programme de réformes du Gouvernement d’unité nationale. « Le message de la communauté internationale au plus haut niveau est clair: l’Afghanistan n’est pas seul », a assuré le Représentant spécial, en insistant sur les engagements financiers significatifs pris par la communauté internationale en faveur de ce pays.
Il est nécessaire de rétablir la confiance de la population envers le processus démocratique en Afghanistan, a-t-il souligné, avant de se féliciter du sérieux avec lequel le Gouvernement afghan combat la corruption. Un nombre record de réfugiés afghans en Iran et au Pakistan retournent chez eux, a-t-il indiqué, tout en insistant sur l’incertitude de leur avenir dans le pays. Saluant la réponse apportée par la communauté internationale à ce défi, M. Yamamoto a estimé que l’ampleur des retours exigera un soutien international accru et une flexibilité dans l’utilisation des mécanismes financiers existants.
« Malgré les efforts de la communauté internationale et du Gouvernement afghan, un avenir meilleur n’est pas possible sans paix », a prévenu M. Yamamoto, avant de rappeler que des milliers d’Afghans avaient trouvé la mort en 2016 au cours des affrontements. Il a aussi souligné les conséquences économiques du conflit, citant une baisse de 50% des investissements en 2016.
« Nous savons tous qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit en Afghanistan », a poursuivi M. Yamamoto. C’est pourquoi, il a appelé les Taliban à s’engager en faveur de pourparlers directs sans conditions préalables et a demandé à leurs dirigeants de comprendre que leurs objectifs ne peuvent pas être atteints uniquement avec les armes. « Les divergences sont-elles véritablement insurmontables? Le compromis et les accommodements sont-ils vraiment impossibles? » s’est interrogé le Représentant spécial, en insistant sur la gravité des enjeux. Tous les Afghans doivent s’unir pour résoudre les défis et trouver les moyens de vivre avec leurs différences, a déclaré M. Yamamoto.
L’identification d’intérêts communs par toutes les parties, tels que la diminution des victimes civiles, a estimé le Représentant spécial, peut être un bon point de départ pour le dialogue. La grande majorité des Afghans pensent que leur pays doit être souverain, uni, islamique et débarrassé de toute ingérence étrangère, a affirmé M. Yamamoto. Il a estimé qu’un agrément possible sur les principes fondamentaux pourrait rendre possible un accord de paix, « pour autant que les pays de la région sont prêts à apporter un appui positif ».
« Cela demande du courage de s’engager dans un processus de paix. Cela ne signifie pas admettre une défaite mais, au contraire, reconnaître la réalité », a soutenu le Représentant spécial. Il a estimé que la seule voie à suivre était celle d’un dialogue intra-afghan, incluant les Afghans issus de toutes les strates de la société, en particulier les femmes et les jeunes. « L’accord de paix avec le Hezb-i Islami Gulbuddin montre que le Gouvernement est prêt à négocier sur des questions clefs, telles que la libération des prisonniers, la levée des sanctions et l’intégration dans la vie politique afghane. »
La mise en œuvre de l’accord permettra de dissiper les derniers doutes, d’achever d’unir les Afghans et d’ouvrir la voie à d’autres accords de paix, a estimé M. Yamamoto. Il a salué les assurances données par le Gouvernement afghan selon lesquelles la mise en œuvre de l’accord de paix ne se fera pas au détriment des droits des Afghans, y compris des victimes de violations graves des droits de l’homme.
Le Représentant spécial a affirmé que les pays de la région avaient intérêt à la paix et à la stabilité en Afghanistan, avant de se dire encouragé par les contributions de ces pays en faveur du développement économique et social du pays, concrétisées lors de la rencontre ministérielle du Cœur de l’Asie à Amritsar.
« Ne pouvons-nous pas coopérer davantage pour mettre fin au conflit en Afghanistan et aux souffrances de la population qui n’ont que trop duré? » a demandé M. Yamamoto. Les pays de la région doivent, a-t-il insisté, s’interroger sur ce qu’ils peuvent faire pour aider à l’instauration d’un environnement favorable à la paix dans le pays et la région. Il a ainsi préconisé la tenue de contacts personnels, de consultations plus intenses et d’échanges d’informations entre ces pays afin de renforcer les perspectives de paix.
« Je suis encouragé par les messages positifs de soutien de la part des pays de la région en faveur d’un processus de paix emmené par les Afghans », a conclu le Représentant spécial.
M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a indiqué que, depuis son précédent rapport devant le Conseil de sécurité, l’ONUDC a publié son enquête annuelle sur la production d’opium en Afghanistan, laquelle fait apparaître un « renversement préoccupant » dans les efforts déployés pour lutter contre ce problème persistant. En effet, a-t-il précisé, la culture du pavot a progressé de 10% et la production de 43%. À cet égard, a-t-il fait remarquer, la production de pavot a été stimulée par une augmentation de 30% de la production moyenne d’opium. Dans ce contexte, le nombre de provinces où le pavot n’est plus cultivé est passé de 14 à 13 depuis 2015, tandis que l’éradication accuse une chute de 91%.
En dépit de ces éléments et de la poursuite de l’insurrection, l’ONUDC et ses partenaires poursuivent leurs activités en Afghanistan, dont la nécessité a été confirmée par la Conférence de Bruxelles, a souligné M. Fedotov, en notant qu’à cette occasion, des pays et des organisations se sont engagés à adopter une « approche intégrée » en ce qui concerne la production et le trafic de drogues et de précurseurs chimiques illicites.
Le programme de l’ONUDC pour l’Afghanistan, qui est lié à son Programme régional pour l’Afghanistan et les pays voisins, apporte une assistance en matière de développement des capacités au ministère et à la police de lutte contre les stupéfiants. Il fournit également une aide dans le contrôle des précurseurs, a poursuivi M. Fedotov.
Dans le cadre de ses actions de coopération régionale, l’ONUDC a développé un « Réseau des réseaux » afin de tirer profit des échanges d’informations, a encore expliqué le Directeur exécutif de l’Office, en ajoutant que ces activités comprenaient un soutien, y compris sur le terrain, à l’Initiative du Pacte de Paris.
Notant que la plupart des cultures de pavot se trouvent en territoire sous contrôle des Taliban, il a salué la décision du Gouvernement afghan de lancer un plan d’action national contre l’extrémisme violent. Il a aussi jugé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 créait un élan en faveur de projets alternatifs pour les agriculteurs travaillant sur des cultures illicites.
M. Fedotov a par ailleurs indiqué qu’en tant que « gardien de la Convention des Nations Unies contre la corruption, l’ONUDC œuvrait avec ses interlocuteurs afghans à la rédaction d’une nouvelle législation anticorruption basée sur les normes internationales et les meilleures pratiques. Il a, enfin, estimé que le nouveau Cadre national pour la paix et le développement ainsi que le Plan d’action national contre les stupéfiants attestaient de la détermination du Gouvernement afghan à combattre la production et le trafic de drogues illicites et à réduire la demande.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande), Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011), a défendu la pertinence du régime de sanctions en vigueur en Afghanistan, qui prévoit un gel des avoirs, des interdictions de voyager et un embargo sur les armes. Cependant, les Taliban continuent de prendre pour cibles les civils et les forces de sécurité afghanes, a-t-il fait observer, en précisant que les violences s’étaient aggravées au cours de ces derniers mois. Le Président du Comité 1988 a souligné qu’il serait sans doute judicieux de mettre l’accent sur la répression et le démantèlement des réseaux de trafiquants et de criminalité transnationale organisée, sachant que les Taliban ont tiré cette année des revenus d’un montant de 400 millions de dollars de la culture et du trafic de pavot à opium.
M. van Bohemen a indiqué aux membres du Conseil s’être rendu à Kaboul pour s’entretenir directement avec des responsables afghans, qui l’ont convaincu de la détermination des autorités afghanes à vouloir mettre en œuvre le régime de sanctions. Il en a voulu pour preuve les cadres juridiques mis en place pour réglementer le système bancaire afin de faciliter le gel des avoirs prévu par le Conseil. Le Président du Comité 1988 a toutefois reconnu que l’efficacité des sanctions ciblées ne concerne que les individus clairement identifiés par le Comité, en estimant qu’il est encore possible d’améliorer la mise en œuvre de la résolution 1988 (2011).
M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a estimé qu’en dépit de progrès réalisés sur le plan politique, dans le développement de l’économie et en matière de sécurité, son pays reste confronté à d’importants défis, à commencer par le retour des réfugiés, qui s’ajoute à l’augmentation du nombre de personnes déplacées en raison des attaques terroristes.
Se félicitant de la consolidation du consensus international sur l’Afghanistan, le représentant a remercié les États Membres pour leurs « contributions positives » en faveur de la stabilité de son pays. Il a notamment tenu à saluer les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Turquie pour leur prise de position lors du Sommet de Varsovie et l’Union européenne pour sa relance de l’aide internationale en faveur de l’Afghanistan.
Dans sa campagne contre le terrorisme, l’Afghanistan entend être le symbole de la coopération internationale, a-t-il assuré, en se réjouissant de la convergence régionale et mondiale concernant les intérêts légitimes de son pays en matière de sécurité, de stabilité politique et de développement. Il a ajouté que les forces de sécurité afghanes étaient aujourd’hui « aux avant-postes de la lutte contre le terrorisme » et méritaient d’être soutenues à ce titre par la communauté internationale.
Il a estimé à ce sujet que les Nations Unies devraient réfléchir à une stratégie plus efficace sur trois niveaux. Sur le plan des débats, a-t-il dit, l’ONU doit se pencher sur l’utilisation de la violence par certains États à des fins politiques. Au niveau opérationnel, il faudrait adopter de nouvelles résolutions visant les responsables de telles politiques au sein des structures étatiques, a souligné le délégué. Enfin, s’agissant de la mise en œuvre, l’application des résolutions contre le terrorisme, y compris les régimes de sanctions contre les Taliban, Al-Qaida et Daech, peut, de l’avis de M. Saikal, avoir un effet significatif sur la paix en Afghanistan. Il a demandé à cet égard que les dirigeants taliban jugés « irréconciliables » soient inscrits sur la liste des sanctions et que la coopération s’intensifie entre les organes de l’ONU luttant contre le terrorisme et les agences de sécurité afghanes.
Alors que l’hiver commence en Afghanistan, il a appelé l’ensemble des groupes taliban et leurs alliés étrangers, notamment le Pakistan, à entamer de « réelles discussions de paix » avec le Gouvernement afghan. Il s’est ainsi félicité de la mise en application de l’accord de paix signé le 29 septembre dernier avec le groupe Hezb-i Islami Gulbuddin.
Le représentant a par ailleurs assuré que son gouvernement était déterminé à traduire en justice les auteurs de violation des droits de l’homme, y compris ceux identifiés au sein même des institutions nationales. Il a aussi souhaité que, tant au niveau régional qu’au niveau international, les parties prenantes s’emploient à renforcer l’indépendance de l’appareil judiciaire afghan « sans politiser le cours de la justice ».
Il a enfin indiqué que, malgré la hausse enregistrée en 2016 dans la production de pavot, comme l’a confirmé la dernière enquête annuelle de l’ONUDC, les autorités afghanes poursuivent sans relâche leur lutte contre la menace liée aux stupéfiants et à leurs liens avec la criminalité organisée. Une solution viable à ce fléau consisterait à promouvoir « le principe de responsabilité partagée », a-t-il plaidé, en relevant que « l’instabilité crée un terrain propice à la production de drogues ».
M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a salué certains développements positifs s’agissant de la situation en Afghanistan, tels que l’accord de paix signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin, les efforts accrus contre le trafic de stupéfiants, la tenue en octobre de la Conférence de Bruxelles ou encore le renforcement de la coopération régionale.
Malgré ces évolutions, il reste encore beaucoup à faire, a-t-il dit, en mentionnant, au nombre des défis, les rivalités entre les dirigeants afghans et le refus des Taliban de s’engager dans des pourparlers. S’il a noté les appels pour la promotion d’un processus intra-afghan en vue de parvenir à la paix, le délégué a dénoncé les tentatives visant à fournir un appui aux Taliban et ce, « dans le dos du Gouvernement afghan ». La levée des sanctions de l’ONU préconisée par certains pour inciter les Taliban à retourner à la table des négociations ne nous paraît pas justifiée, a continué le délégué. Il a jugé « inacceptable » que des sanctions n’aient pas encore été prises contre le nouveau chef des Taliban. Le retrait de la liste des sanctions n’est possible que lorsque les paroles des terroristes s’accompagnent d’actes, a-t-il tenu à préciser.
Le représentant ukrainien a indiqué que la protection des civils était un défi complexe, le nombre de victimes civiles allant croissant, en raison des agissements de toutes les parties au conflit. La lutte contre le terrorisme est loin d’être fructueuse lorsque le nombre de victimes civiles est le même que le nombre de terroristes tués, a-t-il dit. En conclusion, il a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer l’Afghanistan.
M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation dans le nord du pays, où les Taliban ont multiplié les attaques ces derniers mois. Il a appuyé la politique menée actuellement en Afghanistan, en se félicitant de la signature de l’accord de paix du 29 septembre entre le Gouvernement afghan et le Hezb-i Islami Gulbuddin. Il a toutefois regretté que les Taliban continuent de refuser de retourner à la table des négociations. Pour sa délégation, seules les Forces nationales afghanes pourront assurer la stabilisation du pays, raison pour laquelle Moscou a fourni aux autorités à Kaboul 10 000 fusils d’assaut et un million de munitions à ses forces de sécurité, qui s’ajoutent, a-t-il dit, aux programmes de formation destinés à l’armée et à la police afghanes.
M. Churkin a ensuite déploré la hausse du trafic de stupéfiants et de la culture de pavot à opium en Afghanistan, en particulier le nord. Il s’est dit étonné par ce qu’il a identifié comme étant un relâchement des efforts de lutte contre Daech dans ce pays, en dépit des évaluations de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui mettent en garde contre les intentions de cette organisation terroriste d’établir un califat. Il s’est dit aussi inquiet des informations faisant état de camps militaires de Daech ouverts en Afghanistan pour entraîner les combattants étrangers en provenance du Caucase. Le délégué russe a ensuite assuré que son gouvernement ne menait aucune négociation « en coulisses » de nature à « saper » la sécurité en Afghanistan. Il a souhaité que les Taliban s’associent aux processus de négociations en cours. Il a, par ailleurs, attiré l’attention sur les obligations qui sont celles du Gouvernement afghan.
Mme ISOBEL COLEMAN (États-Unis) a noté les développements positifs en Afghanistan, tels que l’attachement du Président de l’Afghanistan, M. Ashraf Ghani, et du Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, pour un pays uni. La signature de l’accord de paix avec le Hezb-i Islami Gulbuddin, a-t-elle estimé, constitue un précédent positif pour la négociation d’accords avec d’autres groupes. Elle a demandé aux Taliban d’entamer des négociations avec le Gouvernement afghan, avant de leur rappeler qu’ils ne feront pas dérailler les efforts de paix et qu’ils doivent déposer les armes.
La déléguée américaine s’est félicitée de l’appui international pour le pays, qui avait été exprimé lors de la Conférence de Bruxelles. Au nombre des défis qui subsistent, elle a mentionné les attaques récurrentes et meurtrières des Taliban contre les civils, ainsi que la situation humanitaire des réfugiés afghans retournant dans leur pays, alors que l’hiver approche. La déléguée des États-Unis a invité le Gouvernement d’unité nationale afghan à veiller à garantir une diversité ethnique dans les nominations à des postes à responsabilité. Le Comité des sanctions, a-t-elle souligné, est un outil essentiel pour lutter contre la menace posée par les Taliban et promouvoir la paix en Afghanistan.
M. WU HAITAO (Chine) a reconnu que l’Afghanistan est confronté à de nombreux défis sur la voie de la stabilisation et de la paix durables, justifiant ainsi le maintien de l’appui de la communauté internationale à ce pays. Le représentant a ensuite plaidé pour la poursuite d’un processus de négociations inclusives avant de plaider pour un soutien au développement afghan. Il s’est, à cet égard, félicité des initiatives déjà prises par Kaboul, en estimant toutefois qu’il faudrait faciliter l’intégration régionale de l’Afghanistan, qui doit par exemple pouvoir rejoindre la « Route de la soie ». Le délégué a émis l’espoir qu’outre la Chine, l’ensemble des pays concernés prendront les mesures nécessaires en ce sens.
Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a jugé troublante l’augmentation du nombre de victimes civiles en Afghanistan, avant d’insister sur la vulnérabilité des enfants dans le pays. Les attaques terribles des Taliban sont un défi constant, a-t-elle affirmé. Elle a indiqué que le Gouvernement afghan devrait également lutter contre Daech et les groupes qui lui sont affiliés. Malgré les défis nombreux qui subsistent, nous félicitons le Gouvernement pour ses efforts de paix et l’accord signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin, a-t-elle affirmé. La représentante a jugé que cet accord de paix était un jalon important dans l’engagement du Gouvernement afghan en vue d’instaurer une paix durable dans le pays.
La représentante a estimé que cet accord pourrait faciliter les efforts de réconciliation avec d’autres groupes. Le Conseil devrait envisager de retirer de la liste des sanctions le chef de ce groupe, a-t-elle déclaré. Elle s’est félicitée des résultats obtenus lors de la Conférence de Bruxelles, avant d’insister sur les reculs préoccupants enregistrés dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. La déléguée de la Malaisie a demandé une stratégie globale pour remédier à tous les aspects du fléau que constitue le trafic de stupéfiants. Enfin, elle a résolument appuyé les efforts de paix du Gouvernement afghan.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a appuyé les engagements forts du Gouvernement afghan, « même si personne dans cette salle ne sous-estime l’ampleur des défis » auxquels le pays fait face. Il a estimé que la première des priorités était de lutter contre les extrémistes, en soulignant à quel point Daech constitue une menace pour l’Afghanistan. Le représentant a condamné l’attentat-suicide en novembre contre une mosquée chiite de Kaboul, revendiqué par Daech, qui a fait au moins 32 morts et 50 blessés civils. Il s’est élevé contre la pendaison, la semaine dernière par les Taliban, d’un étudiant. Ce meurtre, a-t-il dit, remet en mémoire « les jours les plus sombres » de leur férule.
Le délégué britannique s’est dit également préoccupé par le sort des femmes en Afghanistan, qui sont la cible de violations de leurs droits fondamentaux et de violences répétées. Partisan d’une intégration régionale réussie de l’Afghanistan, le Royaume-Uni et ses partenaires entendent continuer à renforcer leur coopération, a-t-il assuré. Le représentant s’est ensuite félicité du récent sommet des pays d’Asie centrale, au cours duquel ils ont réaffirmé leurs engagements à investir dans les infrastructures civiles et la nécessité de rechercher des opportunités de développement mutuellement profitables.
M. KORO BESSHO (Japon) a souligné le rôle crucial des deux conférences sur l’Afghanistan tenues cette année, le Sommet de l’OTAN en juillet qui a réaffirmé le soutien de la communauté internationale en faveur du peuple afghan en offrant, notamment, un soutien financier aux Forces nationales de sécurité afghanes, et la Conférence de Bruxelles en octobre dernier. Il a exhorté le Gouvernement d’unité nationale afghan à entreprendre davantage d’efforts pour s’acquitter de ses engagements, en invoquant, à cet égard, le respect du Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie. Il a ainsi rappelé que le rôle du Conseil de sécurité n’était pas de superviser la mise en œuvre de ce Cadre de responsabilité mutuelle mais de surveiller les actions engagées par l’Afghanistan pour combattre la propagation du terrorisme et déterminer si ces actions contribuent à la sécurité et à la paix nationales et internationales.
« Peu de progrès ont été réalisés en termes politiques et sécuritaires », a regretté le représentant, tout en se félicitant qu’il y ait maintenant une diminution des appels pour remplacer le Gouvernement d’unité nationale. Le Japon, a-t-il dit, travaille en étroite coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants. Il a relevé que l’Afghanistan est un pays dont l’économie nationale est essentiellement fondée sur l’agriculture et qu’il faudrait donc soutenir la revitalisation de son secteur agricole à travers une coopération régionale qui permettrait à l’Afghanistan d’exporter ses produits agricoles vers les pays voisins et devenir ainsi une plateforme entre l’Asie centrale et l’océan Indien. Le délégué japonais a estimé que l’Afghanistan avait le potentiel pour être autonome. Il a cependant regretté que l’environnement instable freine ses opportunités de développement. Le Japon, a-t-il rappelé, consacre chaque année 130 millions de dollars au titre de l’assistance à la sécurité.
L’année 2016 a été marquée par des progrès mais également par des aspects négatifs, a estimé Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande). Parmi les défis qui subsistent, elle a cité l’intensification de l’offensive des Taliban et le grand nombre de personnes déplacées du pays en raison de l’insécurité actuelle. Le retour de réfugiés afghans depuis le Pakistan, a-t-elle poursuivi, risque d’aggraver la situation humanitaire dans le pays. La déléguée a également insisté sur les dissensions toujours vives au sein du Gouvernement afghan. Elle a salué l’accord de paix signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin, tout en déclarant que les perspectives de pourparlers avec les Taliban se réduisaient, « en tout cas à court terme ».
« L’avenir du pays est entre les mains de son peuple », a estimé la représentante de la Nouvelle-Zélande, en ajoutant que l’un des défis majeurs sera de lutter contre la rébellion galvanisée des Taliban. Elle a souligné la nécessité de réduire les capacités des Taliban, avant de plaider pour des efforts concertés en vue de promouvoir le processus de paix. Il est crucial, a-t-elle souligné, de remédier au « manque de confiance considérable » entre le Pakistan et l’Afghanistan. La représentante a déclaré que les tensions étaient perceptibles au sein du Comité des sanctions, où la prise de décisions par consensus empêche l’adoption de mesures fondamentales. Avant de conclure, la déléguée a déclaré que le Gouvernement afghan ne pourra, seul, mener à bien la « tâche dantesque » que constitue le retour de la sécurité dans le pays.
M. ALEXIS LAMEK (France) a souligné que, plus de deux ans après la formation du Gouvernement d’unité nationale en Afghanistan, des progrès significatifs avaient été réalisés, y compris l’adoption d’un Cadre national pour la paix et le développement, la définition de politiques publiques prioritaires pour les années à venir et la signature d’un accord visant à endiguer les migrations vers l’Europe. En dépit de ces points positifs et des succès récents rencontrés par les forces de sécurité afghanes, le délégué s’est dit extrêmement préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, manifestée, selon lui, par la fréquence des affrontements et des attentats imputables aux Taliban et à Daech. Il s’est également inquiété de la dégradation récente de la situation humanitaire, en raison de l’afflux « massif » de réfugiés en provenance du Pakistan et de l’Iran. Dans ce contexte, M. Lamek a insisté sur l’importance de maintenir « un Gouvernement fort et uni », ainsi que de relancer les discussions sur un processus de paix dirigé par et pour les Afghans.
À cette fin, le délégué a appelé tous les acteurs et, en particulier, les puissances régionales, à « user de leur influence » afin de mettre un terme aux combats et reprendre les négociations. Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de lutter plus efficacement contre le trafic de stupéfiants, qui alimente, a-t-il dit, l’économie illicite et finance l’insurrection des Taliban. Il s’est ainsi inquiété des constats faits par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans son dernier rapport, y compris la hausse de 43% de la production d’opium et la baisse de l’éradication des zones cultivant le pavot à opium. M. Lamek a ainsi encouragé les autorités afghanes à redoubler d’efforts pour endiguer la production et le trafic de drogues.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a exprimé son soutien aux efforts du Gouvernement afghan en vue de parvenir à réaliser la paix et la prospérité dans le pays. Il a notamment salué l’accord de paix conclu le 29 septembre dernier avec le groupe Hezb-i Islami Gulbuddin qui s’est joint au processus de réconciliation national. Cette organisation, qui a fait part de son retrait complet de toute activité terroriste, devrait être retirée de la liste du Comité 1988 des sanctions contre les Taliban et les entités associées.
M. Ramírez Carreño a, par ailleurs, salué les résultats atteints lors de la Conférence de Bruxelles qui a permis de réaffirmer la volonté politique d’assister ce pays en matière de développement et sur le plan financier. Il s’est cependant inquiété de ce que les affrontements armés entre les Taliban et autres acteurs non étatiques violents et les forces de sécurité afghanes aient augmenté de 22% par rapport à l’an dernier. Il s’est inquiété du sort de 8 000 civils touchés par la violence, notamment ceux qui font l’objet d’un recrutement comme soldats par les acteurs non étatiques, tout en saluant les efforts du Gouvernement afghan pour augmenter le nombre d’unités de protection de mineurs.
Le représentant a apprécié le dialogue mené sur le plan régional, en particulier avec le Pakistan, l’Inde, l’Iran et la Chine, en émettant l’espoir de voir l’Afghanistan intégrer prochainement l’Organisation de Shanghai pour la coopération afin de mieux lutter contre le terrorisme. En ce qui concerne l’autonomisation des femmes, il a salué la lutte des autorités afghanes contre le harcèlement sur le lieu de travail. S’agissant du trafic de stupéfiants, il a noté que la production de pavot augmentait dans le pays et misé sur la coopération régionale et internationale pour prévenir et combattre ce fléau.
M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAF (Égypte) a salué les efforts de paix et de développement du Gouvernement afghan, lesquels ont permis le succès de la Conférence de Bruxelles qui s’est tenue en octobre dernier. Il a invité la communauté internationale à mettre en œuvre ses engagements en faveur de ce pays. Il a salué l’accord de paix signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin, en espérant qu’il constitue un modèle qui sera suivi par les autres factions afghanes afin d’aboutir à une paix durable. La lutte contre les groupes terroristes, parmi lesquels Daech, est le principal défi que doit relever le Gouvernement afghan, a-t-il poursuivi.
Le représentant de l’Égypte a estimé que le trafic de stupéfiants était un défi parallèle à celui que posent les groupes terroristes, avant d’encourager la coopération internationale et régionale pour lutter contre ce fléau. La détérioration de la situation humanitaire, a-t-il dit, est un autre défi crucial. Le délégué a ensuite appuyé les efforts de stabilisation et de lutte contre les groupes terroristes déployés par le Gouvernement afghan. Avant de conclure, il a détaillé l’aide de son pays apportée à l’Afghanistan, qui a permis, entre autres, de former plus de 2 500 policiers afghans.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a souligné, lui aussi, l’immensité des problèmes auxquels se heurte l’Afghanistan, malgré les progrès accomplis par le Gouvernement, notamment pour promouvoir le dialogue politique, la stabilité et la paix dans le pays. Il s’est félicité, à cet égard, de la signature, en septembre dernier, de l’accord de paix entre le Gouvernement afghan et le groupe Hezb-i Islami Gulbuddin. M. Ciss s’est dit inquiet de la persistance des menaces posées par les Taliban et d’autres organisations terroristes, qui ont multiplié les attaques asymétriques au cours de la période à l’examen. C’est pourquoi, la délégation du Sénégal, a-t-il dit, demande au Gouvernement afghan de redoubler d’efforts pour ramener ce groupe à la table des négociations.
M. Ciss a ensuite condamné le trafic illicite de stupéfiants en provenance d’Afghanistan, qui a des effets dramatiques sur la sécurité des civils et les droits de l’homme. Tout en saluant les efforts des autorités pour protéger les femmes afghanes du harcèlement, le représentant s’est fait l’écho des difficultés auxquelles celles-ci se heurtent pour intégrer les institutions gouvernementales. Il a également attiré l’attention sur les conditions de vie des personnes déplacées. Le délégué a, en conclusion, pris note des engagements pris à la Conférence de Bruxelles, qui a donné lieu à un élan de solidarité internationale.
M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a salué les résultats obtenus lors de la récente Conférence de Bruxelles. Parmi les défis qui subsistent, il a cité la persistance des tensions politiques, la récurrence des incidents sécuritaires et l’augmentation préoccupante de la production de l’opium. Il a demandé un renforcement de l’aide internationale pour appuyer les efforts visant à l’éradication de la culture du pavot. Les mesures prises par le Gouvernement afghan pour promouvoir l’autonomisation des femmes, a-t-il estimé, sont très encourageantes. Il a déploré le manque de progrès enregistrés sur la voie de la paix, avant d’appeler à la mise en œuvre de l’accord de paix signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin. Enfin, le délégué de l’Angola a demandé aux Taliban d’opter pour un dialogue sans conditions. À cet égard, il a regretté les relations tendues entre le Pakistan et l’Afghanistan, en précisant que la relation entre ces deux pays était cruciale pour la paix dans le pays et dans la région.
M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a rendu hommage au personnel humanitaire présent en Afghanistan pour son action dans des conditions de sécurité difficiles. Il a ensuite réaffirmé l’appui de sa délégation au Gouvernement afghan, qui a pris des mesures en vue d’instaurer la paix dans le pays, dont la plus emblématique, a-t-il dit, est la signature de l’accord de paix avec le Hezb-i Islami Gulbuddin. Cela exige, a-t-il rappelé, des pourparlers de paix directs. Saluant les engagements pris à la fois par l’Afghanistan et la communauté internationale lors de la Conférence de Bruxelles en octobre dernier, le représentant s’est félicité du soutien que la communauté internationale continuera d’assurer jusqu’à au moins 2020.
Le représentant de l’Uruguay s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire, liée à la hausse du retour de réfugiés et rapatriés afghans en provenance du Pakistan, qui a augmenté de 450% depuis le 1er juillet 2016. Dans ce contexte, les entraves qui se posent à l’acheminement de l’aide et l’insuffisance des ressources exigent une action urgente, a insisté le représentant. Il a, par ailleurs, exhorté le Gouvernement afghan à promouvoir l’autonomisation des femmes, qui doivent participer activement au processus de paix.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a insisté sur la fragilité des progrès enregistrés en Afghanistan et appelé les autorités afghanes à miser sur le processus de réforme. Il s’est dit vivement préoccupé par l’insécurité dans le pays et la persistance des attaques terroristes. La communauté internationale n’a jamais été aussi unie pour appuyer ce pays, comme l’ont montré la Conférence de Bruxelles et le Sommet de Varsovie, a déclaré le délégué. Il a appuyé les efforts entrepris pour instaurer la paix en Afghanistan et espéré que l’accord de paix signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin sera suivi d’accords similaires. Il a également salué les efforts du Gouvernement afghan visant à éliminer les violences contre les femmes. Le représentant a ensuite insisté sur la nécessité de remédier à la grande vulnérabilité des réfugiés afghans revenant dans leur pays.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que les résultats positifs du Sommet de Varsovie et de la Conférence de Bruxelles témoignent du partenariat durable entre la communauté internationale et l’Afghanistan. Il a fait observer que, depuis le dernier débat, les forces de sécurité afghanes ont subi les assauts répétés et déterminés de groupes extrémistes violents. Le représentant a précisé que l’Italie offrait son soutien en tant que nation-cadre de la mission Soutien résolu, qui fournit une assistance aux forces de sécurité afghanes afin qu’elles puissent progresser dans la lutte contre ces menaces. Or, la situation reste fragile, a-t-il nuancé, en se disant préoccupé par les actes de violence dont les civils innocents et les personnes vulnérables paient le plus lourd tribut. Les pertes civiles sont toujours à un niveau record, a déploré le représentant, en précisant que le conflit avait conduit à la fermeture d’un millier d’écoles.
Rappelant que le sort des personnes déplacées et la détérioration de la situation humanitaire nécessitaient la plus grande attention de la part de la communauté internationale, M. Lambertini a indiqué que l’Italie soutenait fièrement le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en versant une contribution volontaire d’un million d’euros. Appelant l’Afghanistan à s’atteler à la mise en œuvre de son programme de réformes, avec l’appui de la communauté internationale, il a estimé que la récente nomination de nouveaux membres au sein de la Commission électorale était un bon signe. La lutte contre la corruption est également une priorité, a-t-il souligné, en se disant confiant que la récente inauguration du centre judiciaire anticorruption devrait maintenant donner lieu à des enquêtes et des poursuites. Le représentant a également salué le travail de Groupe d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité mis en place par le Conseil de sécurité qui, en collaboration avec la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), continue d’assister le Gouvernement afghan dans ses efforts pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000).
Saluant l’accord de paix avec le Hezb-i Islami Gulbuddin qui redonne de l’espoir pour instaurer une paix durable en Afghanistan, M. HEIKO THOMS (Allemagne) a félicité le Gouvernement d’unité nationale afghan de laisser une porte ouverte aux négociations avec les Taliban. Le délégué a salué le processus transparent de recrutement de nouveaux membres au sein des commissions électorales et s’est réjoui que le Centre de justice en charge de la lutte anticorruption ait commencé ses travaux. Il a rappelé que la situation sécuritaire était le principal enjeu en Afghanistan, en citant le rapport du Secrétaire général selon lequel le nombre d’affrontements armés a augmenté de 22% et la récente attaque contre le Consulat d’Allemagne à Mazar-e-Sharif.
Le nombre de victimes civiles est toujours très élevé et le nombre d’enfants tués ou blessés a augmenté de 15%, a-t-il renchéri, en précisant que son pays présidait le Groupe des amis des enfants touchés par les conflits armés, qui a organisé une projection sur le sujet à Kaboul le 21 novembre dernier. La situation sécuritaire compromet la croissance économique du pays, a-t-il prévenu, avant de préciser que 500 000 Afghans avaient été déplacés à l’intérieur des frontières et 600 000 réfugiés afghans étaient rentrés au pays durant l’année. Le représentant a félicité le Pakistan et l’Iran pour leur assistance aux réfugiés afghans, en appelant toutes les parties à faire en sorte que le retour des réfugiés se fasse dans des conditions dignes. « Une situation sécuritaire stable, une croissance économique et des créations d’emploi seront essentiels pour éviter une possible crise humanitaire », a-t-il déclaré avant de rappeler que l’Afghanistan représentait pour son gouvernement le plus grand engagement en termes civils et militaires.
M. NABEEL MUNI (Pakistan) a salué la détermination de l’Afghanistan pour transcender ses divisions politiques. Le Gouvernement afghan doit se montrer solidaire pour remédier aux défis économiques, a-t-il dit, avant de souligner l’importance de l’appui du Pakistan dans ce domaine. Il a indiqué que son pays avait promis 500 milliards de dollars lors de la dernière Conférence de Bruxelles. « Notre participation au Sommet de Varsovie témoigne de notre engagement sans faille en faveur d’une paix pérenne dans le pays et la région », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que la mise en œuvre des efforts de paix dépendait avant tout du Gouvernement afghan. Le délégué a estimé que les facteurs à l’origine de la récente flambée de violence dans le pays se trouvaient en Afghanistan et non pas à l’extérieur du pays.
Réaffirmant l’engagement ferme de son pays en faveur de la lutte antiterroriste, il a rejeté l’idée que les Taliban se seraient reconstitués au cours de la période récente. Notre opération antiterroriste, a-t-il assuré, a été saluée comme un succès par la communauté internationale. Il a indiqué que son pays était en faveur de la mise en place d’un mécanisme régional pour remédier aux déplacements transfrontaliers des éléments terroristes. Malheureusement, les autorités à Kaboul ne veulent pas travailler avec nous, a-t-il regretté. Le délégué du Pakistan a souligné l’importance des efforts du Gouvernement afghan pour la stabilité du pays, avant d’espérer que l’accord de paix signé avec le Hezb-i Islami Gulbuddin sera suivi d’autres accords.
Malgré la rhétorique négative, le Pakistan est prêt à faciliter l’acheminement de l’aide dans les parties enclavées du pays, a-t-il soutenu. Le délégué a espéré que le retour des réfugiés afghans accueillis au Pakistan dans leur pays se fera sans heurts et dans la dignité. Le Pakistan et l’Afghanistan partagent une destinée commune et nous sommes prêts à soutenir « nos frères afghans » dans l’édification d’un avenir meilleur, a assuré le délégué avant de conclure.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé que la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui s’est tenue le 5 octobre dernier, avait été l’occasion pour son pays et la communauté internationale de réaffirmer leur soutien en faveur de l’Afghanistan, comme en témoignent les 240 millions d’euros engagés à cette occasion pour poursuivre les efforts de reconstruction du pays. Le délégué a ensuite salué l’adoption par le Gouvernement afghan d’un Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan, ainsi que d’un Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie. Il a appelé les autorités du pays à mettre en œuvre ces instruments et à veiller au renforcement de l’unité au sein de l’équipe gouvernementale. Tout en saluant, en outre, les progrès réalisés par cette dernière dans la mise en œuvre de son programme contre la corruption, M. van Oosterom a exhorté les autorités nationales de redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs fixés dans la lutte contre ce fléau.
Constatant par ailleurs la recrudescence des affrontements entre les forces de sécurité afghanes et les Taliban, le représentant a appelé à relancer les discussions sur un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes. Il a également exhorté les pays de la région à s’impliquer davantage dans ce processus et à travailler de concert en faveur de la stabilité régionale. Enfin, le délégué a insisté sur la nécessité pour le Gouvernement afghan de tenir ses promesses en matière de respect et de défense des droits de l’homme, en particulier concernant l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.
M. PER THÖRESSON (Suède) a reconnu que l’Afghanistan continuait de faire des progrès, mais qu’il restait encore beaucoup à faire pour parvenir à stabiliser le pays. Il a souligné l’importance de mettre pleinement en œuvre les réformes économiques et politiques agréées lors de la Conférence de Bruxelles. Un engagement des partenaires régionaux du Caucase et de l’Asie centrale, a-t-il estimé, serait également de nature à créer un environnement économique propice au développement afghan.
Le délégué a également soutenu l’idée d’un plan de rapatriement adéquat pour plus d’un million d’Afghans rapatriés d’Iran et du Pakistan, qui sont confrontés à un hiver difficile. Il a souligné que la participation des femmes à la société afghane serait nécessaire si elle veut connaître une paix durable. L’exclusion de la moitié de la population n’est pas seulement une mauvaise stratégie, mais risque de compliquer la mise en œuvre et la viabilité des efforts de paix, a-t-il prévenu. En tant que membre du Conseil de sécurité en 2017-2018, la Suède coprésidera le Groupe de travail sur les femmes, la paix et la sécurité, a annoncé le représentant. Il a espéré pouvoir avoir des échanges, en cette capacité, avec la MANUA.
M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) s’est déclaré préoccupé par la montée de la violence extrémiste et la hausse du trafic illicite de stupéfiants en Asie centrale. Il a assuré que le renforcement de la coopération avec l’Afghanistan constituait une priorité de son gouvernement, ce qu’illustre l’accord de transit trilatéral conclu par ces deux pays ainsi que l’Inde pour développer le port de Chabahar. Cette initiative, a expliqué le représentant, permettra à l’Afghanistan d’avoir accès à des marchés mondiaux où il sera en mesure de commercialiser ses ressources naturelles. « Le réseau ferroviaire reliant Khaf à Hérat est un autre exemple de projet de connectivité entre l’Afghanistan et l’Iran », s’est enorgueilli le représentant. Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a-t-il précisé, avait déclaré qu’il était « encouragé par les récents progrès tangibles enregistrés dans le domaine de l’infrastructure, y compris l’établissement de liaisons de transport entre l’Afghanistan et la République islamique d’Iran et le Turkménistan, qui peuvent constituer d’importantes stratégies ouvrant la voie à la prospérité et à la stabilité ».
M. Khoshroo a ensuite rappelé que depuis 37 ans, l’Iran accueillait plus de trois millions de ressortissants afghans, qui ont accès à la plupart des services de base à la disposition des Iraniens. Il a assuré que son gouvernement continuait de participer aux travaux de la Commission tripartite afin d’assurer le retour, dans des conditions de sécurité acceptables, des réfugiés afghans, même s’il a regretté que le nombre de ces retours en 2016 était inférieur à celui enregistré depuis 2002. Le succès des opérations de rapatriement, a prévenu le délégué, dépendra de la capacité de l’Afghanistan à répondre aux besoins des rapatriés, ce qui rend d’autant plus nécessaire le rapatriement des réfugiés afghans.
M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a indiqué que la communauté internationale faisait toujours face au même dilemme en Afghanistan. Alors qu’elle s’engage de nouveau aux côtés du peuple afghan, le nombre de civils et de soldats afghans tués ne cesse de croître, a-t-il dit. Le délégué a également déploré les fissures dans le régime de sanctions frappant les Taliban, alors que ces derniers poursuivent leurs efforts pour s’emparer de territoire. « Est-ce nous appuyons le pays comme nous devrions le faire? » s’est interrogé le délégué.
Pour lui, il est évident que les auteurs d’actes odieux commis en Afghanistan bénéficiaient d’un appui extérieur. Si nous voulons parvenir à une paix durable en Afghanistan, les groupes et personnes coupables de violences contre le peuple et le Gouvernement afghans ne doivent pas pouvoir trouver de sanctuaires dans les pays voisins, a insisté M. Akbaruddin. C’est pourquoi, il a souligné qu’il était nécessaire de remédier au soutien extérieur apporté à des organisations terroristes telles que les Taliban, le réseau Haqqani, Daech ou bien encore Al-Qaida.
Il a ensuite détaillé les efforts de son pays pour mieux connecter le pays aux économies des pays de la région, en particulier dans le secteur de l’énergie. Enfin, le représentant de l’Inde a affirmé que la réconciliation en Afghanistan sera le fruit d’un dialogue emmené par les Afghans eux-mêmes. La communauté internationale doit envoyer le signal qu’elle ne reculera pas devant la terreur, a conclu M. Akbaruddin.
Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a rappelé la tenue de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, en octobre dernier, par laquelle la communauté internationale avait réaffirmé son engagement en faveur de ce pays et promis un soutien de 15,2 milliards de dollars pour les priorités de développement du pays sur la période 2017-2020. À elle seule, l’Union européenne a promis 5 milliards d’euros (5,6 milliards de dollars). Cette Conférence avait, en outre, clairement exprimé un soutien au Gouvernement d’unité nationale afghan pour qu’il poursuive ses réformes, notamment sur le plan électoral et en matière de droits de l’homme. Un évènement de haut niveau sur l’autonomisation des femmes a été organisé pendant la Conférence, a-t-elle aussi rappelé en exprimant la détermination de l’Union européenne à œuvrer dans ce sens en lien avec les autorités afghanes.
La représentante a également salué les efforts menés par le Gouvernement afghan pour lutter contre la corruption, tout en souhaitant qu’il aille plus loin notamment au niveau législatif: la nouvelle loi anticorruption doit tenir compte des relations entre les institutions qui œuvrent dans ce domaine, a-t-elle suggéré avant d’assurer de l’aide de l’Union européenne pour aller de l’avant. Saluant aussi le Cadre national afghan pour la paix et le développement, la représentante a conseillé d’adopter maintenant un mécanisme de suivi efficace. Elle s’est félicitée de la nomination de nouveaux commissaires à la Commission indépendante électorale.
L’Union européenne, a poursuivi Mme Adamson, soutient les efforts du Gouvernement afghan visant à créer une fonction publique efficace et salue la mise en place de la Charte des citoyens qui cherche à impliquer les communautés locales dans les processus de développement. Le « Contrat de consolidation de l’État » que nous avons établi avec l’Afghanistan nous permet de fournir une assistance directe au pays en finançant ses propres priorités de développement, a-t-elle aussi expliqué. Mme Adamson a ensuite insisté sur l’importance de la coopération régionale pour arriver à consolider l’État. Cette question, a-t-elle précisé, était examinée dans le cadre des discussions avec les acteurs régionaux clefs tenues en marge de la Conférence de Bruxelles. L’Union européenne et l’Afghanistan ont récemment pris un engagement commun pour coopérer en matière de migration, a-t-elle ajouté en invitant le Gouvernement afghan à faire preuve de leadership pour s’occuper au mieux des réfugiés et des déplacés. Enfin, la représentante a apprécié les initiatives visant à mettre en place un environnement propice à la paix, notamment les appels aux parties pour qu’elles trouvent des solutions constructives dans un processus de paix mené par les afghans.
Réaffirmant son soutien en faveur du processus de paix dirigé par et pour les Afghans, M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a rappelé que son pays s’était engagé à allouer 465 millions d’euros pour le développement et la stabilisation de l’Afghanistan entre 2017 et 2020. Le délégué a ensuite salué l’engagement du Gouvernement d’unité nationale afghan pour la paix, comme en témoigne, a-t-il dit, la signature récente d’un accord entre les autorités afghanes et le Hezb-i Islami Gulbuddin. Pour que cet accord puisse ouvrir la voie à de nombreux autres, y compris avec les Taliban, M. Blanchard a appelé ces derniers à renoncer à la violence et à s’asseoir à la table des négociations.
Ces négociations de paix, a-t-il toutefois précisé, ne doivent ni affaiblir la Constitution du pays, ni anéantir les avancées réalisées ces dernières années en matière d’autonomisation des femmes afghanes. Préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, le délégué du Canada a appelé les États voisins à appuyer davantage le processus de paix et à œuvrer pour mieux coordonner avec le Gouvernement d’unité nationale la gestion du retour des réfugiés afghans.
Mme CAITLIN WILSON (Australie) a noté que sous le leadership du Président Ghani et du Chef de l’exécutif Abdullah, le Gouvernement d’unité nationale afghan continuait à progresser vers une meilleure gouvernance, malgré des conditions difficiles. Elle a salué les efforts accomplis dans le cadre d’un processus de paix conduit par l’Afghanistan, qualifiant l’accord de paix avec le Hezb-i Islami Gulbuddin « d’accomplissement historique ». La représentante s’est félicitée des progrès réalisés par le programme de lutte contre la corruption tout en saluant l’attention accordée à l’amélioration de l’égalité des sexes en Afghanistan. Elle a rappelé que le Sommet de Varsovie et la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan démontraient le ferme engagement de la communauté internationale en faveur de l’Afghanistan jusqu’en 2020.
La représentante s’est réjouie de la coopération économique régionale qui a permis aux autorités à Kaboul d’établir des partenariats avec ses voisins pour améliorer ses performances économiques. Le Processus d’Istanbul sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan en termes de développement économique pour la région offre une opportunité importante pour le pays, a-t-elle estimé. L’Australie a étendu le déploiement des Forces de défense australiennes à la mission Soutien résolu menée par l’OTAN et a consacré 750 millions de dollars au développement du secteur de la sécurité, a-t-elle assuré avant de conclure.
M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a salué le « remarquable » processus de transition en Afghanistan et les progrès réalisés par ce pays au cours des 14 dernières années, notamment en matière de sécurité et de développement. Il reste néanmoins beaucoup à faire, a dit le représentant, en notant que la situation sécuritaire reste fragile. Si les engagements pris par la communauté internationale lors du Sommet de Varsovie et de la Conférence de Bruxelles sont « encourageants », l’Afghanistan doit encore constituer ses propres capacités et il a besoin pour cela de l’aide des autres États Membres, a-t-il souligné.
Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’accord de paix signé avec le groupe Hezb-i Islami Gulbuddin. Il a invité le Gouvernement afghan à poursuivre ses réformes. La Turquie continuera à soutenir l’Afghanistan dans la mise en œuvre de son programme de développement, a assuré le délégué. Il a indiqué que l’aide fournie à ce titre par son pays à l’Afghanistan, d’un montant de 962 millions de dollars pour la période 2002-2015, s’élèverait à 150 millions de dollars pour la période 2018-2020, comme cela avait été annoncé lors de la Conférence de Bruxelles. Il a conclu son propos en affirmant que la Turquie maintiendrait aussi ses contributions à l’Afghanistan à travers des mécanismes régionaux comme celui du Processus d’Istanbul pour les pays du « cœur de l’Asie ».
M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a estimé que l’introduction de cultures de substitution pourrait permettre à l’Afghanistan de diversifier son agriculture et de parvenir à une baisse de la production de pavot à opium. Il dit espérer que la communauté internationale et le Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale appuieront ces efforts. Le représentant a ensuite jugé cruciale la mise en œuvre des engagements pris par l’Afghanistan et la communauté internationale lors de la Conférence de Bruxelles et du Sommet régional pour l’amitié et la coopération au cœur de l’Asie, qui s’est tenu à Istanbul, sur le thème « un Afghanistan sûr et stable ». Avant de conclure, il a rappelé que le Kazakhstan est engagé auprès de ce pays, comme en témoigne le lancement, en 2016, de la politique de soutien et de développement des capacités pour l’égalité entre les sexes en Afghanistan.