En cours au Siège de l'ONU

7822e séance - matin
CS/12605

Alors que l’offensive militaire se poursuit à Alep, le conflit en Syrie continue de diviser le Conseil de sécurité

Réuni en urgence à la demande de la France, le Conseil de sécurité a une fois de plus affiché aujourd’hui ses divisions au sujet du conflit en Syrie, où les forces gouvernementales ont repris le contrôle de plusieurs quartiers de l’est d’Alep au cours des derniers jours.  Plus de 25 000 civils ont été déplacés depuis samedi par l’offensive lancée contre cette ville, devenue, selon le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, un « catalogue des horreurs » commises dans ce pays du Moyen-Orient.

« Les parties au conflit en Syrie ont prouvé qu’elles sont prêtes à tout pour obtenir un avantage militaire, même si cela signifie tuer, blesser ou assiéger des civils », a constaté M. Stephen O’Brien, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies.  « Il n’y a plus de limite ni de ligne rouge à franchir », a-t-il ajouté, car « les règles les plus sacrées de la guerre ont été systématiquement bafouées ».

« Le militaire l’emporte sur le politique », a résumé l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura.  « Mais il ne faut pas se faire d’illusions »: toute solution devra inclure une formule de stabilisation du pays et ne sera pas possible sans un règlement négocié incluant un mécanisme de partage de pouvoir et la réalisation du plan présenté par le Conseil de sécurité dans la résolution 2254 (2015).  M. de Mistura a annoncé qu’il informerait ses membres à ce sujet le 8 décembre prochain.

Dans l’immédiat, plusieurs membres du Conseil ont plaidé pour la mise aux voix, le plus rapidement possible, du projet de résolution préparé par l’Égypte, l’Espagne et la Nouvelle-Zélande, lequel demande un cessez-le-feu immédiat de 10 jours, un accès à l’est d’Alep pour l’aide humanitaire et la possibilité de quitter la ville pour les populations civiles.  Pour le représentant du Royaume-Uni, le Conseil devrait se prononcer « si ce n’est aujourd’hui, avant la fin de la semaine ».  Son homologue de la Fédération de Russie a toutefois dit « ne pas comprendre » l’insistance de certains à vouloir présenter un texte qui n’a pas obtenu l’agrément préalable de tous et a donc suggéré à la « troïka » de ne pas se presser et de tenir compte des préoccupations de tous les membres du Conseil. 

Comme l’a rappelé la France, ce n’est pas un, mais trois projets de résolution qui sont actuellement à l’étude, chacun s’étant vu opposer « une fin de non-recevoir de la Russie », engagée aux côtés des forces gouvernementales syriennes dans l’offensive militaire.  La représentante des États-Unis a suggéré, au cas où la Russie bloquerait le texte de la « troïka », d’envisager de se tourner vers l’Assemblée générale des Nations Unies.  C’est d’ailleurs le sens de l’initiative interrégionale, lancée par le Canada pour le dossier syrien à l’attention de l’Assemblée et qui, selon le Sénégal, illustre l’échec du Conseil à agir. 

Mais pour la Fédération de Russie, l’Envoyé spécial de Mistura semble avoir oublié que « c’est de lui qu’on attend des progrès », alors qu’« il ne trouve pas la force de reprendre les pourparlers directs ».  Un reproche repris à son compte par le représentant de la République arabe syrienne, qui a également fait observer que sa délégation n’avait jamais été consultée dans le cadre des négociations autour des trois projets de résolution évoqués.

Estimant que le Conseil de sécurité est devenu un « théâtre de pressions politiques », le représentant syrien a qualifié de « victoire sur le terrorisme » l’offensive en cours à Alep.  Selon lui, présenter ce qui se passe en Syrie comme une crise humanitaire n’empêchera pas son gouvernement de lutter contre les groupes terroristes qui doivent être empêchés « d’exploiter le sang syrien ».

Abondant en ce sens, le Venezuela a jugé que toute proposition visant à répondre aux besoins humanitaires à Alep devrait prendre en compte la nature déstabilisatrice du terrorisme.  Il a accusé les groupes terroristes présents à Alep, et notamment le Front el-Nosra, de « retenir 200 000 personnes en otage » dans la partie est de la ville.

Dans ce contexte, la situation des enfants a été longuement évoquée par M. Geert Cappelaere, le Directeur régional du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour le Moyen-Orient.  « Que reste-t-il de l’enfance pour les enfants de Syrie? », s’est-il demandé.  Environ six millions de petits Syriens ont besoin d’une assistance humanitaire, a-t-il relevé, dont deux millions se trouvent dans des zones d’accès difficile, auxquelles les agences humanitaires ne parviennent que par intermittence.  Enfin, près d’un demi-million d’enfants vivent dans des zones assiégées, privés depuis des mois d’aide humanitaire et de services de base.

Convaincu que le Conseil de sécurité pouvait s’entendre pour faire cesser les violences, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a conclu en demandant trois choses: respect réel et protection des civils et des infrastructures civiles; accès humanitaire sûr, rapide et sans entraves; et la fin, « une fois pour toutes », des sièges brutaux.

Déterminée à parvenir à un règlement politique négocié, la France a annoncé que son ministre des affaires étrangères organisera le 10 décembre, à Paris, une réunion ministérielle associant « ceux qui refusent la stratégie de guerre totale et souhaitent relancer une stratégie politique négociée ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, qui s’exprimait depuis le siège de l’ONU à Genève, a déclaré que l’est d’Alep est l’objet d’attaques nourries, qui ont permis aux forces gouvernementales de reprendre le contrôle de plusieurs quartiers de l’est de la ville.  Des milliers de civils ont fui pour se rendre dans d’autres parties de la ville, 16 000 personnes d’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Les attaques ne sont pas unilatérales, a-t-il reconnu, certaines étant perpétrées depuis l’est en direction de l’ouest d’Alep.  Mais ces dernières ne sont pas aussi fréquentes ou conséquentes, a fait observer l’Envoyé spécial, avant de rappeler que la guerre se poursuit ailleurs dans plusieurs autres gouvernorats.  « Le militaire l’emporte sur le politique », a-t-il regretté, ajoutant que des dizaines de milliers de personnes sont toujours prises au piège.  Selon certaines informations, les groupes d’opposition empêcheraient les civils de quitter les secteurs qu’ils contrôlent, a noté M. de Mistura.

Une aide doit être fournie à l’intérieur et à l’extérieur d’Alep et ceux qui sont partis doivent être protégés contre les représailles, a plaidé l’Envoyé spécial.  « Les Nations Unies ne doivent pas perdre de temps pour venir en aide aux nécessiteux, en particulier ceux qui sont les plus isolés »; a-t-il insisté.  Il a rappelé que, le mois dernier, il avait proposé une initiative en trois points, à savoir: le départ des combattants d’el-Nosra des quartiers où ils sont retranchés, le rétablissement de l’accès humanitaire et la préservation de l’administration locale, « garantie par ceux qui ont le pouvoir de la garantir ».  Depuis six semaines, à Lausanne, cette proposition est à l’étude.  Elle peut s’appliquer à la partie est d’Alep, où une présence manifeste d’el-Nosra est toujours observée, a estimé M. de Mistura.  Il s’est dit convaincu que tout le monde serait d’accord pour reconnaître la nécessité pour le groupe terroriste de quitter ce secteur.  « Mais il ne faut pas se faire d’illusions »: toute solution devra inclure une formule de stabilisation du pays et ne sera pas possible sans un règlement négocié, incluant un mécanisme de partage de pouvoir et la réalisation du plan présenté par le Conseil de sécurité dans la résolution 2254 (2016).  L’Envoyé spécial a annoncé qu’il ferait un exposé à ce sujet le 8 septembre.

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, qui s’exprimait par vidéoconférence depuis Londres, a déploré que tous les appels de l’ONU pour protéger les civils syriens aient été largement ignorés.  Les parties au conflit en Syrie ont prouvé qu’elles étaient prêtes à tout pour obtenir un avantage militaire, même si cela signifie tuer, blesser ou assiéger des civils.  « Il n’y a plus de limite ni de ligne rouge à franchir », a-t-il déclaré, car les règles les plus sacrées de la guerre ont été systématiquement bafouées en Syrie.

Nulle part la cruauté de cette guerre n’a été constatée plus fortement qu’à Alep, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence.  « Alep représente un sommet dans ce qui est devenu un catalogue d’horreurs en Syrie », a répété M. O’Brien.  Sa population vit un long cauchemar terrifiant.  Ces derniers jours, l’intensité des attaques contre les quartiers de l’est d’Alep a forcé des milliers de civils à s’enfuir vers d’autres parties de la ville.  Nombre d’entre eux ont été tués.  Aujourd’hui encore, un grand nombre de personnes ont été tuées par une seule frappe aérienne, a-t-il précisé.

Plus de 25 000 personnes ont été déplacées dans l’est d’Alep depuis samedi, a ensuite détaillé le Secrétaire général adjoint.  Parmi celles-ci, on recense environ 13 500 personnes, dont 60 à 70% de femmes et d’enfants, réfugiés dans un centre collectif et dans une usine de coton à Jibreen, une zone contrôlée par le Gouvernement dans l’est de la ville; 500 personnes avec des membres de leur famille dans l’ouest de la ville; 8 500 dans des abris à Sheikh Maqsoud, une enclave kurde au nord-est de la ville; et des dizaines de milliers de personnes déplacées dans Alep même.

Le Croissant-Rouge arabe syrien et des partenaires humanitaires locaux, appuyés par les Nations Unies, répondent aux besoins des familles déplacées à Jibreen, Sheikh Maqsoud et ailleurs.  M. O’Brien a expliqué que l’ONU se tenait prête avec des stocks, y compris des denrées alimentaires pour 150 000 personnes.  Ces stocks peuvent être reconstitués en 48 heures à partir du centre de l’ONU à Homs.  « Il est vital que le Gouvernement de la Syrie nous permette de nous déployer dans la sécurité », a-t-il insisté.

D’après certaines informations, des groupes armés non étatiques empêchent les civils de quitter les zones qu’ils contrôlent, a indiqué M. O’Brien.  Il s’est également dit très préoccupé par le fait que les civils qui arrivent dans les zones contrôlées par le Gouvernement et qui sont soupçonnés d’avoir des liens avec de tels groupes risquent d’être confrontés à des arrestations ou des détentions arbitraires, ou pire.  En outre, des douzaines de travailleurs humanitaires héroïques sont piégés à Alep, s’est-il alarmé.

Le Secrétaire général adjoint a exhorté toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire.  Il leur a rappelé que « les civils et ceux qui sont hors de combat doivent être respectés et protégés à tout moment ».  Toute évacuation de civils doit être sûre, volontaire, et se faire vers un lieu de leur choix.

Les civils assiégés depuis près de 150 jours dans les zones de l’est d’Alep n’ont pas les moyens de survivre beaucoup plus longtemps, a averti M. O’Brien.  Il n’y a plus d’hôpital qui fonctionne convenablement.  Les ambulances et l’accès à l’eau salubre sont rares, les gens se nourrissent de débris.  « Le temps presse », a-t-il insisté.

Les Nations Unies et leurs partenaires sont prêts à fournir une assistance médicale immédiate et à procéder à l’évacuation sanitaire des civils assiégés conformément au plan humanitaire en quatre points que l’ONU cherche à appliquer depuis le début du mois de novembre, a assuré M. O’Brien.

Par ailleurs, les Nations Unies, le Croissant-Rouge arabe syrien et leurs partenaires continuent de répondre aux besoins des personnes déplacées dans l’ouest d’Alep, soit près de 400 000 personnes.  Dans le reste du pays, 700 000 Syriens sont assiégés, surtout dans la zone rurale de Damas qui est entourée par les forces gouvernementales.

Se disant convaincu que le Conseil de sécurité pouvait s’entendre, faire cesser la brutalité et empêcher qu’un sort identique n’affecte d’autres syriens, M. O’Brien a conclu en demandant trois choses: un respect réel et la protection des civils et des infrastructures civiles; un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave; la fin, une fois pour toutes, des sièges brutaux.

« Vous dire que la situation des enfants syriens est tragique serait un euphémisme » a affirmé d’emblée M. GEERT CAPPELAERE, Directeur régional du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour le Moyen-Orient, qui intervenait par vidéoconférence d’Amman, en Jordanie.  Pour lui, il n’y a pas de mots pour décrire l’horreur sans nom que les enfants y endurent tous les jours.  Des dizaines de milliers d’enfants ont été tués et des millions déplacés de leurs foyers, certains plus d’une fois.  Les soins médicaux et l’eau potable ne sont souvent pas accessibles et trop nombreux sont les enfants à avoir vu la mort de leurs proches et la destruction de leurs maisons, écoles et hôpitaux.  « Nous devons nous poser la question: que reste-t-il de l’enfance pour les enfants de Syrie », a ajouté M. Cappelaere.

Abordant ensuite la situation particulière tragique dans l’est d’Alep, M. Cappelaere a invité le monde à essayer de se mettre à la place d’un enfant d’Alep et à regarder la vie sur place à travers ses yeux et ses cauchemars.  Ces enfants qui se demandent pourquoi cette situation existe et pourquoi personne ne leur vient davantage en aide, a-t-il poursuivi en invoquant le cas du petit Amir, dont la sœur a été blessée au visage et lui-même brûlé lorsque leur maison a été bombardée en octobre, ou encore celui d’un père à l’ouest d’Alep qui fait le deuil de ses deux petites filles qui sont mortes lorsque leur école a été bombardée.  Il a également évoqué la situation croulante du système de santé à Alep avant d’exiger que cette violence prenne fin.  « Rien ne justifie cette violence aveugle, et les parties au conflit doivent protéger les civils, et en particulier les enfants », a affirmé le représentant de l’UNICEF.

Selon les estimations de l’UNICEF, quelque six millions d’enfants syriens ont besoin d’une assistance humanitaire, dont deux millions se trouvent dans des zones d’accès difficile, auxquelles les agences humanitaires ne parviennent pas sur une base régulière.  Près d’un demi-million d’enfants vivent dans des zones assiégées sans aide humanitaire ni services de base depuis des mois.  L’UNICEF et ses partenaires sur place mènent un combat sans relâche pour apporter leur soutien à tous ces enfants, et selon son représentant, lorsque l’accès est possible les résultats sont significatifs.  À ce titre M. Cappelaere a expliqué qu’au courant du mois d’octobre, l’UNICEF et ses partenaires avaient pu atteindre 2,9 millions d’enfants.  De même, plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans ont pu être vaccinés contre la polio depuis janvier et des fournitures scolaires ont été distribuées également à 3 millions.  L’UNICEF dénonce les attaques répétées d’école -84 pour cette année– alors que 7 000 écoles ne sont plus utilisables dans l’ensemble du pays, ce qui fait qu’aujourd’hui 1,7 million d’enfants et d’adolescents ne sont pas scolarisés en Syrie.

Dans les zones les plus touchées par le conflit, l’accès à l’eau potable est difficile et coûteux et les conditions d’hygiène sont mauvaises, a poursuivi le Directeur régional, qui a ajouté que l’accès à l’eau est devenu une tactique de guerre, rappelant que cette année seulement, l’eau avait été coupée pendant 48 jours à Alep.

M. Cappelaere a également fait état de violations graves des droits de l’enfant qui ont eu lieu depuis le début du conflit, un conflit dont les enfants ont à payer le prix fort.  Alors que la protection des enfants doit être à tout moment une considération majeure pour la communauté internationale, « nous n’avons pas su le faire ces six dernières années en Syrie, et nous continuons d’échouer » a-t-il souligné.  Il a réitéré l’appel de l’UNICEF à toutes les parties au conflit pour qu’elles lèvent les sièges et facilitent, immédiatement et sans condition, l’accès humanitaire à tout le pays.  Il les a également exhortées à respecter leurs obligations en termes de protection des enfants.  « Ils sont votre avenir, ils sont entre vos mains », a-t-il conclu.

« Que faut-il faire? » s’est demandé M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni), alors que l’est d’Alep et d’autres zones assiégées font face à une recrudescence des hostilités.  « Il s’agit du conflit peut-être le plus horrible de notre vie », a-t-il lancé, regrettant l’impuissance du Conseil de sécurité à y mettre fin.  Pourquoi?  Parce que la Fédération Russie a opposé son droit de veto aux projets de résolution pertinents du Conseil, a-t-il accusé. 

Les sièges, a souligné M. Rycroft, ne peuvent être considérés comme une tactique militaire comme une autre.  Il s’agit d’un acte délibéré visant à affamer les populations civiles et à les priver d’aide humanitaire.  Les Nations Unies ont un plan d’aide, « pourquoi la Russie et la Syrie ne peuvent-elles pas l’accepter? » a-t-il lancé à l’adresse de ces deux pays.  Dans un premier temps, ils ont dit que c’est à cause des terroristes, puis de l’opposition, qui est maintenant d’accord avec les propositions faites.  « Quelle sera leur prochaine excuse pour justifier le siège d’enfants? » a poursuivi M. Rycroft.

Le représentant a préconisé un cessez-le-feu immédiat et le rétablissement de l’accès humanitaire.  Les civils qui veulent quitter la ville doivent pouvoir le faire.  Le Royaume-Uni exige du régime syrien qu’il mette fin aux frappes aériennes et garantisse qu’aucun civil ne sera pris pour cible en fuyant Alep, où se trouvent encore 400 000 enfants.  « Trop d’entre eux sont destinés à devenir des statistiques, et certains le sont déjà », a déploré M. Rycroft.  Le représentant a souhaité en conclusion que le Conseil se réunisse, « si ce n’est aujourd’hui, avant la fin de la semaine », pour se prononcer sur le projet de résolution préparé par l’Espagne, la Nouvelle-Zélande et l’Égypte.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France), a rappelé que, depuis le 15 novembre, le régime syrien avait engagé une nouvelle offensive massive sur l’est d’Alep, dont le bilan s’élève à au moins 225 morts civils et 200 000 personnes prises au piège.  Les zones encore contrôlées par l’opposition ne disposent plus d’infrastructures sanitaires et l’accès à l’eau potable et aux aliments y est insuffisant.  « Alep est en train de sombrer sous nos yeux », a poursuivi M. Delattre, pour qui il s’agit d’une stratégie de guerre totale.  « Mais même la guerre a des règles, notamment la protection des populations civiles et l’interdiction de cibler les zones où opèrent les acteurs humanitaires ou encore d’utiliser la famine comme arme de guerre », a poursuivi le représentant.  Dans cette équation implacable et cet acharnement systématique, la population d’Alep n’est à aucun moment un facteur, s’est-il indigné, avant de qualifier ces actes de crimes de guerre.

La France n’a eu de cesse de demander au régime syrien de mettre fin à cette offensive, de permettre l’accès humanitaire et d’autoriser la population civile à quitter Alep si elle le souhaite.  Aujourd’hui, la France constate que le Conseil de sécurité n’a, de nouveau, pas été en mesure de trouver une solution pour sauver l’est d’Alep puisque les trois différentes résolutions avancées ont toutes connues une fin de non-recevoir de la Russie.

La France demande une nouvelle fois aux membres du Conseil qui sont engagés dans les combats en Syrie et ont une influence sur le régime syrien d’intervenir.  « Ne nous y trompons pas, le drame d’Alep n’est pas le chemin douloureux par lequel il faudrait passer pour parvenir à la reconstruction de la Syrie, c’est un palier de plus dans la descente vers l’abîme de cette tragédie syrienne qui nourrit la radicalisation et le terrorisme », a estimé M. Delattre, pour qui la comparaison entre Alep aujourd’hui et le Guernica de la guerre d’Espagne est hélas pertinente.  Pour la France, Alep est au cœur d’un enjeu qui touche profondément à ses valeurs et à ses intérêts de sécurité.  À Alep, l’horreur et la terreur sont aujourd’hui les deux faces de la même médaille.

La France appelle la communauté internationale à rechercher ensemble les voies d’un règlement politique.  Dans cet esprit, le Ministre des affaires étrangères de la France organisera le 10 décembre, à Paris, une réunion ministérielle associant ceux qui refusent la stratégie de guerre totale et souhaitent relancer une stratégie politique négociée.  Avant de conclure, le représentant de la France a appelé à s’unir autour d’objectifs communs, soulignant que la crédibilité du Conseil de sécurité était lourdement engagée dans le drame syrien.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a constaté le « double échec » du Conseil de sécurité, le premier pour mettre fin au conflit en Syrie, le second pour faire respecter le droit humanitaire international.  Plus de 100 000 enfants, « pourtant l’avenir de ce pays », sont dans une situation désespérée, a souligné le représentant, qui a déclaré que la résolution préparée par sa délégation et celles de la Nouvelle-Zélande et de l’Égypte est un moyen de « rapprocher » les membres du Conseil de sécurité sur la nécessité d’aider les civils.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré qu’il avait œuvré aux côtés des représentants de l’Espagne et de la Nouvelle-Zélande pour parvenir à un « consensus minimum » sur les éléments qui pourraient être agréés par tous dans le dossier syrien, et en particulier sur le volet humanitaire à Alep.  Ce texte comprend des éléments fondamentaux, et notamment une cessation des hostilités à Alep pendant 10 jours au moins pour permettre à l’ONU et ses partenaires de prêter assistance aux populations civiles locales.  Il demande, en outre, que les parties respectent la volonté de la communauté internationale de mettre un terme à toute coopération avec les groupes terroristes.  Il réaffirme enfin le rôle fondamental du Groupe de soutien dans la mise en œuvre des points susmentionnés, et notamment dans le cadre du « Mécanisme de notification de mise en œuvre ».  Le représentant a conclu en assurant que l’Égypte ne contribuerait pas à la destruction d’un « pays arabe frère », mais s’efforcerait de mettre en œuvre une politique qui place les intérêts du peuple syrien au premier plan. 

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé la position critique de sa délégation par rapport au Conseil de sécurité qui, à ses yeux, ne remplit pas ses responsabilités depuis cinq ans dans la crise syrienne, dénonçant les membres du Conseil de sécurité qui le paralyse.  La Nouvelle-Zélande a travaillé avec l’Espagne et l’Égypte pour sortir de cette impasse et a présenté hier un projet de résolution en bleu sur la situation à Alep, qui est la manifestation de ces efforts.  Ce texte demande un cessez-le-feu immédiat de 10 jours, un accès à l’est d’Alep pour l’aide humanitaire et la possibilité de quitter la ville pour les populations civiles, des exigences que le représentant a qualifiées de strict minimum.  Pour la Nouvelle-Zélande, il s’agit de mettre l’accent sur la situation humanitaire grave que vit la ville d’Alep et de sauver des vies humaines.  M. van Bohemen a dénoncé le fait que depuis le mois de juillet aucune aide humanitaire n’a pu y être livrée et que toutes les infrastructures sanitaires y ont été frappées.

M. van Bohemen a demandé à toutes les parties de travailler en coordination avec l’ONU pour parvenir au plus vite à un cessez-le-feu et permettre à l’aide humanitaire de parvenir à la partie est d’Alep.  La Nouvelle-Zélande déplore que le plan en quatre points n’ait pas encore pu être mis en œuvre et répète que le projet de résolution en bleu représente le minimum nécessaire.  Le représentant a dit craindre l’opposition constante de certains membres du Conseil de sécurité.  Conscient de l’argument avancé par ces pays, il a reconnu qu’on ne pouvait exclure que des groupes terroristes veuillent exploiter le cessez-le-feu à leur avantage mais a ajouté que les civils qui y vivent dans la souffrance ne devaient pas pour autant être sacrifiés en invoquant cette excuse.  Pour la Nouvelle-Zélande, il s’agit de sauver des vies.  Ce pays encourage toutes les parties à la reprise des pourparlers pour parvenir à une solution politique.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a dit vouloir essayer de savoir pourquoi le Conseil de sécurité ne parvient pas à faire preuve d’unité sur le dossier syrien. C’est un fait « clair et regrettable »: « parce que la Russie ne le veut pas », a-t-elle tranché.  D’après la Croix-Rouge, 20 000 personnes ont fui Alep au cours des quatre derniers jours devant les frappes aériennes russo-syriennes, s’est-elle alarmée. 

Vous entendrez les représentants de la Syrie et de la Russie vous dire que les images du conflit sont des images de propagande, a ajouté Mme Power, avant d’accuser: « Il est vrai que ces deux pays sont des autorités en matière de propagande », capables qu’ils sont d’inventer les faits en l’absence de toute vérité.  Les responsables des Nations Unies qui ont parlé aujourd’hui sont les arbitres d’une situation sur laquelle ils n’ont aucune raison de mentir, a-t-elle insisté, soulignant qu’« on ne peut pas nier les faits ou la réalité ».

Depuis le début du siège d’Alep, un accès humanitaire sans entrave et la cessation des frappes aériennes ont été demandés à Damas et Moscou par le Conseil, alors que nous ne devrions même pas à avoir à le faire, a poursuivi la représentante.  Comme nous le savons, une résolution a été préparée par trois membres du Conseil.  Si elle était mise en œuvre, elle ménagerait aux civils d’Alep une brève pause pour leur permettre de recevoir l’aide dont ils ont cruellement besoin.  Cette résolution doit être mise aux voix rapidement, et tous ceux qui vous diraient le contraire « n’ont que faire du sort de la population », a-t-elle encore ajouté.  La Russie pouvant encore exercer son droit de veto pour empêcher les civils de bénéficier de l’aide, nous devrons alors réfléchir aux moyens d’agir plus efficacement, par exemple dans le cadre de l’Assemblée générale, a conclu Mme Power.

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que « le monde est actuellement le témoin de l’escalade de la situation en Syrie, et en particulier à Alep », avant de rappeler que son pays est opposé aux attaques qui visent les populations civiles.  La Chine soutient un cessez-le-feu immédiat, la reprise des négociations politiques, la lutte commune contre le terrorisme et l’accès à l’aide humanitaire.  À cette fin, elle appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire vers Alep et à soutenir par tous les moyens une solution politique.

Soulignant que les groupes terroristes continuent de lancer des attaques à partir d’Alep et qu’ils y bloquent les efforts humanitaires, M. Wu a appelé la communauté internationale à lutter ensemble contre ces groupes.  Pour le représentant, Alep est une illustration de la situation qui prévaut sur l’ensemble du territoire syrien et la seule issue possible passe par une solution politique.  Ainsi la Chine encourage-t-elle une reprise rapide des pourparlers de Genève en vue d’une désescalade du conflit.  Ces pourparlers doivent déboucher sur des conditions propices pour une solution politique aux mains des Syriens, a encore estimé M. Wu.

M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé qu’il était temps d’examiner la crise en Syrie en rapport avec la question de l’ingérence étrangère, avant de dénoncer le Royaume-Uni et les États-Unis pour avoir déclenché une guerre en Iraq, qui se poursuit encore aujourd’hui.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, M. de Mistura semble avoir oublié que « c’est de lui qu’on attend des progrès », alors qu’« il ne trouve pas la force de reprendre les pourparlers directs ». 

L’inertie de l’ONU sur le plan politique est compensée par « une surenchère sur le plan humanitaire », a souligné M. Churkin, qui s’est dit préoccupé du sort des civils dans l’est d’Alep.  « La situation actuelle aurait pu être évitée si, pour le moins, on avait donné suite à la promesse faite par le Directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) de faire la distinction entre les belligérants soi-disant modérés et les groupes terroristes », a accusé le représentant, qui a affirmé que « nous avons été menés par le bout du nez ».

Rien d’étonnant à ce que la France et le Royaume-Uni, « qui veulent en réalité un changement de régime en Syrie », aient convoqué la tenue d’une telle séance, a poursuivi M. Churkin, qui a jugé cette manœuvre « désespérée », alors qu’on sait qu’une partie de la ville a déjà été libérée des terroristes.  Plus de 6 600 personnes sont sorties des quartiers est d’Alep, a-t-il affirmé, assurant qu’une aide leur avait été fournie.  « Les humanitaires ont dit que, dans tous les cas, lorsque les Syriens fuient, ils se dirigent systématiquement vers les positions sous contrôle des forces gouvernementales », a constaté le représentant russe, y voyant la preuve que leurs oppresseurs sont bel et bien les terroristes. 

Revenant sur le projet de résolution préparé par l’Égypte, l’Espagne et la Nouvelle-Zélande, M. Churkin a dit ne pas comprendre l’insistance de certains à vouloir présenter un texte qui n’a pas obtenu l’agrément de tous les membres du Conseil de sécurité.  Il a donc suggéré à la « troïka » de ne pas se presser et de tenir compte des préoccupations de tous les membres du Conseil.  Quant aux soutiens de l’opposition modérée, ils doivent cesser d’aider les terroristes et lever les mesures unilatérales, a-t-il ajouté.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a regretté que le régime syrien « ne manifeste aucune pitié et semble prêt à un bain de sang sans précédent, avec les encouragements de ses alliés ».  Pour lui, l’opération militaire d’Alep est une opération pour gagner du terrain et pour assurer la survie d’une dictature brutale.  Malheureusement, elle se traduira par le renforcement d’Al-Qaida sur place, a-t-il averti.  L’Ukraine regrette qu’au lieu d’essayer de se joindre à l’initiative de l’Envoyé spécial Staffan de Mistura, le régime syrien ait opté pour l’offensive militaire.  Réduire Alep en cendres et ensuite demander des pourparlers politiques n’est pas une option possible et le monde doit tout faire pour parvenir à une cessation des hostilités à Alep et y garantir l’accès humanitaire, a ajouté le représentant.

M. KORO BESSHO (Japon), a rappelé que les réunions du Conseil de sécurité ne devaient pas simplement être l’occasion d’exprimer les préoccupations de ses membres, mais qu’il fallait parvenir à des résultats concrets, « ce qui, aujourd’hui encore, n’a pas été possible ».  Le Japon n’a cessé de demander aux États ayant une influence sur le régime syrien d’intervenir auprès de lui pour obtenir un cessez-le-feu et l’accès à Alep pour l’aide humanitaire et la reconstruction des infrastructures sanitaires.  Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à agir et à ne pas rester inactif face à une crise humanitaire d’une telle ampleur.  M. Bessho a dit partager l’avis de M de Mistura et a insisté sur la nécessité d’un règlement politique de la crise syrienne.  En attendant, il faut traiter de cette crise humanitaire et mettre fin à cette tragédie, a-t-il conclu.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) s’est dite préoccupée par l’offensive militaire menée à Alep, qui a contraint des milliers de personnes à fuir leurs foyers.  Elle a ensuite demandé aux parties au conflit de signer le plan des Nations Unies en quatre points pour Alep: acheminement de l’aide médicale, fourniture d’une assistance humanitaire, évacuation d’environ 300 malades et blessés et autorisation du personnel médical à entrer dans les quartiers est de la ville.  Cependant, a-t-elle constaté, l’escalade se poursuit « sans relâche ».  L’avancée des forces syriennes signifie que l’offensive s’intensifiera, alors que les attaques aveugles contre les hôpitaux doivent cesser.  La représentante a donc demandé aux pays qui disposent d’une influence de l’exercer auprès des parties concernées.  Espérons que le silence du Conseil de sécurité sur cette question cesse enfin, a-t-elle déclaré en conclusion.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela), a fait part de sa préoccupation face à la situation humanitaire à Alep et a salué les efforts du personnel humanitaire, notamment le Croissant-Rouge arabe syrien, qui opère avec le soutien du Gouvernement syrien.  Pour le Venezuela, toute proposition visant à répondre aux besoins humanitaires à Alep doit prendre compte de la nature déstabilisatrice du terrorisme.  La présence de groupes terroristes à Alep est claire, a ajouté le représentant, et notamment celle du Front el-Nosra, « qui retient 200 000 personnes en otage » dans la partie est de la ville.  Par conséquent, le Gouvernement syrien a le droit légitime de combattre ces groupes terroristes et de libérer ces zones sous occupation terroriste, a estimé M. Suárez Moreno.

La situation humanitaire empire chaque jour et il faudrait parvenir à un consensus minimum pour faciliter l’acheminement humanitaire sans pour autant que cela signifie abandonner la lutte contre le terrorisme, a poursuivi M. Suárez Moreno.  Pour le Venezuela, il faut mettre un terme à la politique interventionniste qui empêche la Syrie de vivre en paix.  Le Venezuela réaffirme son soutien aux pourparlers de Genève pour parvenir à une solution politique à ce conflit. 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a regretté que les exposés sur la situation en Syrie se répètent au Conseil de sécurité alors même que la logique de la guerre l’emporte aujourd’hui.  Cette guerre ne respecte même plus les règles militaires, a-t-il déploré, qualifiant l’offensive militaire sur Alep de brutale.  L’Uruguay réfute l’argument de la lutte contre le terrorisme, en voulant pour preuve le nombre de morts civils, enfants, femmes et personnes âgées.  « Un cessez-le-feu inconditionnel maintenant » est la seule option possible pour mettre fin à ce massacre, a ajouté le représentant, qui a apporté son soutien au projet de résolution présenté par la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et l’Égypte.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a regretté d’avoir à participer à ce débat « acrimonieux » sur le sort des civils syriens, en particulier à Alep.  Pendant près de deux ans, nous avons demandé aux parties de privilégier le dialogue et de tenir compte de la situation des civils dans le pays, en vain, a déclaré le représentant.  Partisan de l’ouverture de l’accès humanitaire et d’une solution pacifique au conflit, l’Angola est opposé aux violences aveugles.  Mais il dénonce également l’appui financier et logistique fourni aux groupes armés non étatiques qui commettent des violations graves du droit humanitaire international.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a déclaré que ce qui se passe en Syrie était « insoutenable ».  « Combien de temps encore durera ce conflit? » s’est-il demandé, avant de se dire convaincu qu’une solution négociée est encore possible.  Il a réitéré l’appel de son pays en faveur de la cessation des hostilités, afin de permettre aux agences humanitaires de venir en aide aux populations assiégées.  Mais la prise en charge de la situation humanitaire n’est qu’une des dimensions de la crise en Syrie, a souligné M. Seck avant de réaffirmer la confiance du Sénégal dans le Groupe de soutien international à la Syrie et ses deux coprésidents, la Fédération de Russie et les États-Unis.

Pour le Sénégal, l’initiative interrégionale visant à porter le dossier syrien à l’attention de l’Assemblée générale, lancée par le Canada, illustre l’échec du Conseil de sécurité à agir face à cette situation.  Le représentant a renouvelé son soutien aux trois porte-plumes du projet de résolution pour leurs efforts en vue de permettre la mise en œuvre de la résolution 2268.  Il a toutefois estimé qu’une approche globale du dossier syrien est plus que jamais nécessaire, avant d’ajouter que « le prix de la paix n’est jamais plus élevé que le coût de la guerre ».

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a commencé par relever que les trois personnes qui ont fait des exposés pendant cette réunion du Conseil de sécurité l’ont fait à partir de Genève, Londres et Amman, et qu’aucun représentant ne l’a fait depuis la Syrie.  Par ailleurs, les trois États Membres qui ont travaillé sur le projet de résolution sur la situation humanitaire en Syrie l’ont fait sans consulter, à aucun moment, la délégation syrienne, a-t-il encore rappelé.

M. Ja’afari a qualifié de « victoire sur le terrorisme », l’offensive actuelle des forces gouvernementales syriennes sur Alep.  Le fait de simplement présenter ce qui se passe en Syrie comme une crise humanitaire n’empêchera pas son Gouvernement de lutter contre le terrorisme, a déclaré le représentant, qui a accusé les groupes terroristes « d’exploiter le sang syrien ».  Citant une lettre des enfants d’Alep à l’UNICEF qui n’a pas été mentionnée dans l’exposé de son représentant, il a affirmé que les représentants du Front el-Nosra présents à Alep refusent d’entendre la voix de ces enfants et continuent d’utiliser les civils syriens comme des boucliers humains.  Répondant à l’intervention américaine, il a affirmé que l’État islamique et le Front el-Nosra pratiquent la traite des femmes en affichant même des prix n’allant pas au-delà de 40 dinars par femme.

M. Ja’afari a dénoncé les gouvernements qui persistent à lancer des appels contre la Russie et la Syrie, et les a accusés de soutenir des « groupes terroristes génétiquement modifiés » qui sont, à ses yeux « l’éléphant dans la salle », à savoir les groupes armés non étatiques qui empêchent les civils d’Alep de quitter la ville. 

Le représentant syrien a poursuivi en affirmant que « les protagonistes de ce théâtre de l’absurde que représente le Front el-Nosra » n’ont pas pu empêcher le Gouvernement syrien de libérer une grande partie d’Alep et de venir en aide aux civils sur place, avant d’inviter le représentant d’OCHA de s’y rendre.  Il a également rappelé que le Président Putin de Russie avait donné des instructions pour envoyer des unités hospitalières à Alep.

Il faut que les pays qui soutiennent ces groupes se rendent à l’évidence que le terrorisme ne peut pas être utilisé pour transformer Alep en un autre Kandahar, a encore déclaré M. Ja’afari.  Il a également reproché à certains hauts représentants du Secrétariat de l’ONU de s’inscrire dans cette même logique.  Il est clair, a-t-il ajouté, que le Conseil de sécurité a ignoré ses responsabilités en matière de maintien de la paix et s’est transformé en un théâtre de pressions politiques.  Il a cité pour preuve le fait que le Conseil refuse d’inscrire certains groupes comme Jeish El Mohamed sur sa liste de sanctions.  Il a également accusé le régime turc de soutenir les Frères musulmans.

Appelant « ceux qui ont des sentiments pour les terroristes à remporter leurs poubelles avec eux et à autoriser les membres du Front el-Nosra à résider chez eux et à y fréquenter les universités, M. Ja’afari a conclu en déclarant que le Gouvernement syrien attendait toujours l’invitation de M. de Mistura à reprendre le dialogue qu’il a interrompu en mai dernier, afin de parvenir à une solution politique.

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