En cours au Siège de l'ONU

7813e séance – matin 
CS/12590

Conseil de sécurité: le partenariat de l’ONU avec l’Organisation de la coopération islamique est un outil au service de la lutte contre l’idéologie extrémiste

À l’initiative du Sénégal, qui en préside les travaux pour le mois de novembre, le Conseil de sécurité a organisé une réunion afin d’étudier des idées et des mesures visant à renforcer encore le partenariat stratégique entre l’ONU et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) dans la lutte contre l’idéologie extrémiste.

Depuis sa création en 1969, l’OCI qui, forte de ses 57 États membres, constitue « la deuxième plus grande organisation intergouvernementale après l’ONU », a œuvré sans relâche à la promotion de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement à l’échelle mondiale, précise la note conceptuelle* qu’a fait circuler le Sénégal aux autres membres du Conseil.

Compte tenu du fait que plusieurs des conflits et foyers de tension dont s’occupe le Conseil de sécurité sont situés dans le monde musulman, le rôle de l’OCI devient crucial dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales, explique le document.

Se félicitant de la « coordination bilatérale fructueuse » avec les Nations Unies, le Sous-Secrétaire général de l’OCI, M. Hameed A. Opeloyeru, a déclaré que la première étape dans la lutte contre la radicalisation et la prévention de l’extrémisme violent consistait à « priver de légitimité » les groupes terroristes auprès des gens qu’ils exploitent, en rejetant précisément les arguments grâce auxquels ils justifient leurs actes criminels.

L’OCI œuvre donc à discréditer les idéologies terroristes, en proposant des « contre-récits », comme celui qu’a préparé l’université al-Azhar, au Caire, pour tacler la propagande de Daech, s’est félicité le représentant du Royaume-Uni.  Plusieurs autres membres du Conseil ont salué ce genre d’initiatives, notamment la Malaisie, qui a rappelé que l’islamophobie, qui ouvre la voie à des réponses « irrationnelles », était une « contrevérité » qui sert les intérêts des terroristes.

La coopération entre l’ONU et l’OCI doit également être de mise pour lutter contre les causes profondes du terrorisme, telles que l’occupation étrangère, a plaidé, de son côté, le délégué de l’Égypte.  Il a également proposé le lancement d’une « campagne conjointe » contre la propagande des groupes terroristes, à laquelle seraient associées des personnalités jouissant de la confiance de la société civile.

Pour l’heure, les efforts concertés des deux organisations prennent plusieurs formes, le Sous-Secrétaire général relevant l’organisation d’ateliers avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) sur les meilleurs moyens de mettre en œuvre les résolutions 1624 (2005) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  M. Opeloyeru a également souligné le dialogue en cours avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme sur les moyens d’appliquer le Plan d’action du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention de l’extrémisme violent.

Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques de l’ONU, M. Miroslav Jenča, a fait état, pour sa part, des avancées réalisées dans le cadre du partenariat avec l’OCI dans plusieurs pays, en particulier l’Afghanistan, qui accueillera la prochaine conférence de cette organisation.  L’OCI a appuyé la mise en œuvre du Document de Doha au Darfour et le dialogue intermalien de 2014, et joué un rôle essentiel en République centrafricaine pour réduire les tensions afin d’organiser les élections en 2015, a-t-il assuré. 

« Comment faire fond sur les initiatives conjointes de l’ONU et de l’OCI? » s’est demandée la représentante des États-Unis.  Le meilleur moyen d’y parvenir, a-t-elle dit, serait de créer un poste de « coordonnateur de haut niveau pour la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », qui s’exprimerait au nom de toutes les entités onusiennes pertinentes.  Ce coordonnateur pourrait compter, par exemple, sur le potentiel de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, a souligné Mme Sison, en demandant le soutien de tous les États Membres à une telle proposition.

Considérant la promotion du dialogue interreligieux et interculturel comme une priorité, M. Souleymane Bachir Diagne, professeur et Président du Département de français et de philologie romane à l’Université Columbia (New York), a insisté sur deux valeurs qui doivent constituer, selon lui, les pierres angulaires du « vivre ensemble »: le pluralisme et la conscience écologique, dont l’universalisation passe par un travail de sensibilisation et d’éducation.  Les religions, notamment l’islam, ont un rôle à jouer en ce domaine, a-t-il ajouté.

« L’OCI, porte-voix du monde musulman, demeure plus qu’interpellée par le fléau du terrorisme qui ternit l’image de notre noble religion, première victime de ces actes barbares très souvent commis en son nom », a déclaré, quant à lui, le représentant du Sénégal.  Convaincu que le « tout-sécuritaire » n’est plus une solution adéquate, il a estimé qu’oulémas, érudits et intellectuels ont un rôle à jouer dans le travail de « déconstruction idéologique » qui nécessite une interaction dynamique avec la jeunesse et toutes les « couches vulnérables » au discours de recrutement.

« Les recruteurs attirent les jeunes en jouant sur leur sentiment d’injustice et de marginalisation, en faisant appel à leur besoin d’argent et de reconnaissance et en leur promettant un idéal et une cause à défendre, là où ils ne rencontrent ensuite que tyrannie, barbarie et mort », a rappelé la représentante de la France.  C’est pourquoi, a-t-elle insisté, une coopération renforcée entre les Nations Unies et l’OCI pourrait contribuer à une meilleure compréhension des facteurs menant à la radicalisation violente.

* S/2016/965

 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation de la coopération islamique: « Renforcer davantage le partenariat stratégique pour lutter contre les idéologies extrémistes »

Lettre datée du 11 novembre 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Sénégal auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/965)

Déclarations

M. HAMEED A. OPELOYERU, Sous-Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a indiqué que l’OCI et les Nations Unies avaient des objectifs globalement similaires, étant toutes deux au service de la paix, de la sécurité et du développement dans le monde.  Les deux organisations sont liées par une coordination bilatérale fructueuse, s’est-il félicité, avant de souligner les relations étroites qui unissent l’OCI à d’autres organisations régionales et sous-régionales.  L’OCI, a rappelé le Sous-Secrétaire général, est un partenaire naturel des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme religieux, lesquels constituent des menaces constantes à la paix et à la sécurité internationales.

À l’avant-garde de ce combat depuis l’adoption de son Code de conduite en 1994, puis de sa Convention sur la lutte contre le terrorisme international, cette organisation a salué, dès son annonce, le Plan d’action du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention de l’extrémisme violent, a-t-il rappelé.  L’OCI, a-t-il dit, considère ce plan comme un outil de mise en œuvre des piliers I et IV de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unie.  Par ailleurs, a relevé M. Opeloyeru, l’OCI avait, en 2013, organisé avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) un atelier destiné à promouvoir la mise en œuvre de la résolution 1624 (2015) du Conseil de sécurité.  En outre, a indiqué le Sous-Secrétaire général de l’OCI, nous sommes en pourparlers avec le DECT pour organiser un second atelier portant non seulement sur la mise en œuvre de ce texte, mais aussi de la résolution 2178 (2014).  Parallèlement, un dialogue est en cours avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme sur les moyens de promouvoir la mise en œuvre du Plan d’action du Secrétaire général de l’ONU.  L’un des projets les plus concrets à l’étude est une manifestation de haut niveau sur la prévention de la radicalisation des jeunes au Moyen-Orient, a précisé M. Opeloyeru.

L’OCI a déclaré que la première étape dans la lutte contre la radicalisation et la prévention de l’extrémisme violent consiste à priver de légitimité les groupes terroristes auprès des gens qu’ils exploitent, en rejetant précisément les arguments auxquels ils recourent pour justifier leurs actes criminels.  Cette organisation œuvre donc à discréditer les idéologies terroristes, en proposant des « contre-récits » et en promouvant les voix de leaders religieux crédibles qui soutiennent la tolérance et la non-violence.  Au début de ce mois, l’OCI, en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), avait organisé un atelier à Rabat pour combattre l’extrémisme et favoriser l’émergence d’une parole islamique modérée.  En outre, le 3 octobre dernier, l’OCI a créé un Centre pour le dialogue, la paix et la compréhension, qui axe son action sur l’importance du Programme d’action de l’Organisation pour la décennie 2016-2025, qu’il a considéré comme étant une plateforme de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En conclusion, il a émis l’espoir que les relations entre l’OCI et les Nations Unies continueraient à se développer pour relever les défis qui se posent dans le monde musulman, en s’inspirant par exemple du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a indiqué que l’ampleur des défis actuels était bien trop importante pour que l’ONU et l’OCI fassent cavalier seul.  Il faut puiser dans nos avantages comparatifs, a-t-il affirmé.  M. Jenča a pris note du Programme d’action de l’OCI 2025, adopté à Istanbul en avril 2016, et déclaré que l’ONU et l’OCI travaillaient en étroite coopération pour promouvoir une culture de paix et de tolérance.  La coopération entre l’ONU et l’OCI n’a pas été sans difficultés, a-t-il cependant reconnu, avant de prôner une approche commune pour faire face aux défis émergents.  M. Jenča a souligné ensuite la coopération étroite établie entre les secrétariats des deux organisations et appuyé un rôle renforcé de l’OCI dans les efforts de prévention des conflits et de relèvement après un conflit, lorsqu’ils impliquent des communautés musulmanes.

Tous les deux ans, les deux secrétariats tiennent des réunions sur la coopération générale en vue de faciliter la mise en œuvre de projets communs, la dernière en date avait eu lieu en mai 2016 à Genève, a poursuivi le Sous-Secrétaire général.  Il a insisté sur les objectifs communs des deux organisations, tels que la facilitation du processus de paix au Moyen-Orient et la solution des deux États dans le cadre de la question de Palestine.  L’OCI a réitéré qu’il était nécessaire de préserver la solution des deux États lors du dernier débat public du Conseil de sécurité consacré au Moyen-Orient et à la question de Palestine, a assuré M. Jenča.

Il s’est ensuite félicité de l’appui de l’OCI en Afghanistan, en estimant que la prochaine Conférence de l’OCI sur ce pays était un pas positif pour jeter les bases de la réconciliation en Afghanistan.  Au Soudan, l’ONU et l’OCI ont noué un partenariat essentiel, a-t-il dit, avant de mettre en exergue l’appui de l’OCI au Darfour, par le biais du Qatar, en vue de la mise en œuvre du Document de Doha.

Le Sous-Secrétaire général a rappelé que l’OCI a fait partie de l’équipe de médiation internationale en appui au dialogue inter-malien de 2014.  Il a insisté sur le rôle essentiel joué par l’OCI en République centrafricaine en 2015 dans l’apaisement des tensions en vue de la tenue d’élections.  Il a ensuite invité l’OCI à jouer un rôle plus important encore dans les efforts de médiation en Libye et appelé les États membres de l’OCI qui ont de l’influence sur les parties à en user pour promouvoir une solution politique dans ce pays.  M. Jenča a noté l’importance du rôle de l’OCI dans les efforts de relèvement en Sierra Leone.  Il a notamment mentionné l’appui porté par la Division de l’assistance électorale du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour le bon déroulement des processus électoraux dans certains pays membres de l’OCI.  « Réaffirmons notre engagement collectif en faveur de la promotion de la paix et des droits de l’homme », a déclaré M. Jenča avant de conclure.

M. SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, professeur et Président du Département de français et de philologie romane, a axé son intervention sur la promotion du dialogue interreligieux et interculturel.  « Que doit-on promouvoir dans le cadre d’un tel dialogue et comment y parvenir? » s’est-il demandé.  S’agissant de la première partie de sa question, il a expliqué que ce dialogue devrait être orienté vers l’affirmation de valeurs universelles et de la coexistence pacifique.  L’universitaire a insisté sur deux valeurs en particulier qui doivent constituer, selon lui, les pierres angulaires du « vivre ensemble »: tout d’abord, le pluralisme, qui lui semble le meilleur rempart à la violence du tribalisme.  Pour lui, une coopération fructueuse entre l’OCI et l’ONU consisterait à promouvoir le pluralisme, pour empêcher notamment qu’une interprétation religieuse s’affirme au détriment d’autres, dont l’existence est garante même de la diversité.  « Les différences sont parfaitement naturelles et dans l’ordre des choses et il est bon qu’il en soit ainsi », a affirmé M. Diagne.

Le professeur Diagne a également recommandé que les deux organisations s’emploient à promouvoir de concert la « conscience écologique », dans la mesure où les religions, y compris l’islam, ont un rôle à jouer dans ce domaine.  Il a ensuite attiré l’attention sur la « violence sans nom » qui s’exerce sur tous, à savoir la « violence écologique ».  « L’humain est le lieutenant de Dieu sur Terre », a dit M. Diagne, et dès lors, il lui appartient de « préserver » la création divine.  Pour lui, s’élever à la pleine conscience de ce que l’humain représente, c’est accepter sa responsabilité de protéger l’environnement et tous les êtres avec lesquels il le partage.  Répondant enfin à la deuxième partie de sa question, le professeur Diagne a estimé que l’éducation était la réponse.  Évidemment, a-t-il reconnu, des mesures immédiates doivent être prises pour faire face à des violences.  « Mais la véritable réponse, c’est la sensibilisation au pluralisme et à la conscience écologique », a-t-il précisé.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a estimé que l’OCI était un acteur particulièrement pertinent pour maintenir la paix dans le monde pour deux raisons: tout d’abord, un grand nombre de pays en première ligne du combat contre le terrorisme sont à majorité musulmane et, ensuite, l’OCI a le pouvoir d’exercer une influence notable dans les sociétés menacées.  Les modes de coopération avec les Nations Unies ont une valeur ajoutée, qu’il s’agisse de mesures préventives ou de réaction à court, moyen et long terme, a précisé le représentant.

Dans le cadre du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, a estimé M. Oyarzun Marchesi, l’OCI peut apporter son soutien de différentes manières, notamment en prenant des mesures de prévention à l’intention des femmes et des jeunes.  Il est urgent, à court terme, de mettre en place un contre-discours à l’idéologie terroriste, a-t-il souligné.  En ce sens, tant les autorités religieuses que la société civile peuvent utiliser la religion comme instrument de paix.  L’Espagne a d’ailleurs proposé de constituer une équipe spéciale composée de chefs religieux pour les situations de crise, sous la direction du Secrétaire général, et qui se déplacerait rapidement sur le terrain pour prévenir une escalade de la violence et contribuer au dialogue intercommunautaire.  L’Espagne a également proposé la création d’un comité supranational public-privé pour la tolérance, qui enverrait des messages positifs et contribuerait au contre-discours sur Internet.

À moyen terme, l’Espagne a proposé d’intégrer dans les opérations de maintien de la paix et dans les missions politiques des Nations Unies des experts en questions interculturelles et interreligieuses, a ajouté son représentant.  L’OCI pourrait ainsi jouer un rôle important, de même que dans la création éventuelle de « plateformes de chefs religieux pour la paix » dans les zones de conflit comme la Syrie, l’Iraq et Israël-Palestine.

Enfin, pour ce qui concerne les mesures à long terme, le délégué de l’Espagne a estimé qu’il est nécessaire de s’attacher aux causes et conséquences profondes de l’extrémisme violent, en rappelant que seulement 20% des jeunes évoquent des motifs religieux pour expliquer leur radicalisation et leur enrôlement dans des groupes armés ou terroristes.  Aussi, les Nations Unies et l’OCI doivent-elles partager les bonnes pratiques pour renforcer l’intégration sociale et une éducation multiculturelle basée sur les valeurs universelles, sur le respect de la diversité et des droits de l’homme.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a fait observer que la prévention de l’extrémisme violent était devenue l’une des priorités les plus urgentes de la communauté internationale, le terrorisme menaçant les valeurs et principes fondamentaux, notamment la démocratie, les droits de l’homme, l’état de droit, la liberté.  C’est pourquoi, a estimé le représentant, la coopération entre les Nations Unies et l’OCI n’a jamais été plus pertinente.  Le terrorisme ne commence pas avec des armes mais avec des mots, et c’est à ce stade qu’il faut stopper ceux qui sèment la haine et l’intolérance dans l’esprit des autres, a-t-il recommandé.

Il est nécessaire d’adopter une approche globale avec des actions à long terme pour faire face à l’extrémisme violent et à ses causes, a souligné le délégué de l’Ukraine.  Il a ainsi cité cinq domaines que sa délégation juge prioritaires pour que la coopération entre l’ONU et l’OCI soit efficace: consolidation de la volonté politique internationale; prendre des mesures pour promouvoir le dialogue social, le respect de l’état de droit et des droits de l’homme, la communication stratégique; promouvoir la tolérance et la paix dans le cadre de l’Alliance des civilisations; assurer un appui international aux États Membres qui le demandent pour mettre en place des stratégies efficaces contre cette violence; et donner un rôle plus actif aux acteurs locaux susceptibles d’aider à prévenir la dissémination de l’idéologie de la violence dans la population. Sur ce dernier point, l’expertise de l’OCI est précieuse pour engager des relais d’opinion et délégitimer les actions des djihadistes aux yeux de la société civile, a déclaré le délégué avant de conclure.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a souligné le poids unique de l’OCI au sein du monde musulman.  La menace de l’extrémisme violent affecte les pays à majorité musulmane de manière disproportionnée, a-t-il dit, en précisant que les premières victimes des groupes terroristes étaient musulmanes.  L’OCI est un partenaire clef dans la lutte contre ce fléau, a-t-il affirmé, avant de rappeler que 18 membres de l’OCI, dont l’Égypte, sont membres de la coalition internationale contre Daech.  Le délégué a rendu hommage au travail de l’université al-Azhar au Caire qui vise à élaborer un « contre-récit » à la propagande de Daech.  Il a également insisté sur l’importance de traduire en justice ceux qui rejoignent Daech.

Les États membres de l’OCI ont un rôle essentiel à jouer pour remédier aux causes profondes de l’extrémisme violent, en coordination avec l’ONU, a estimé le délégué britannique.  Il les a invités à mettre en œuvre le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, en se dotant notamment de plans d’action nationaux.  M. Rycroft a insisté sur le rôle de la Banque islamique de développement pour la mise en œuvre de projets visant notamment au retour à l’emploi des femmes.  Le Royaume-Uni, a-t-il dit, est fier de participer à ces efforts.  Enfin, il s’est félicité du renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OCI, en estimant que l’OCI avait un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre l’extrémisme violent.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a appelé de ses vœux un renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OCI.  Les objectifs des deux organisations sont les mêmes, a-t-il soutenu.  Le représentant a en particulier insisté sur la menace que représente la multiplication des actes terroristes perpétrés dans le monde au nom d’un « islam agressif » qui n’a rien à voir avec le véritable Islam qui est, a-t-il rappelé, une religion de paix.  Pour vaincre le terrorisme, il faudrait fonder les processus politiques sur l’inclusion, notamment des groupes religieux, a-t-il recommandé. Le délégué a expliqué que la privation des droits de certaines communautés faisait le lit de l’extrémisme violent, avant d’appuyer les efforts de l’OCI pour y remédier. 

L’Angola est un pays laïc, qui respecte toutes les religions pour autant que les principes consacrés dans la Constitution angolaise sont respectés, a assuré le représentant.  Sa délégation invite l’OCI à consacrer plus d’attention à l’interaction croissante entre les leaders religieux et politiques dans de nombreux pays.  Il est essentiel de promouvoir le dialogue et le pluralisme afin que la religion ne soit pas instrumentalisée dans le domaine politique, a-t-il estimé.  Enfin, il a invité l’OCI et la Ligue des États arabes à se pencher sur les causes profondes de l’extrémisme violent dans le monde musulman.

M. LIU JIEYI (Chine) a réaffirmé l’importance de l’OCI dans la promotion de la reconstruction post-conflit et dans le règlement pacifique des différends.  Il a ainsi souligné l’action de cette organisation en Somalie, en Libye ou encore en République centrafricaine.  C’est pourquoi sa délégation appuie son partenariat avec les Nations Unies, en particulier en matière de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre les idéologies terroristes.  Le représentant a tenu à rappeler que le terrorisme n’est pas l’apanage d’une religion en particulier.  La priorité doit être accordée à l’action sur le cyberespace, a préconisé le représentant de la Chine, qui s’est dit préoccupé par la diffusion d’idées destructrices sur les réseaux sociaux.  Son gouvernement, a-t-il ajouté, cultive des relations amicales avec l’OCI, dont il a salué les efforts visant à appuyer le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a rappelé que la coopération stratégique entre l’OCI et l’ONU contribuait à promouvoir les objectifs consacrés par la Charte des Nations Unies.  Il a tout particulièrement salué les efforts « concertés et déterminés » déployés dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, en mettant l’accent sur la nécessité de respecter le droit international et les libertés fondamentales.  Le représentant a insisté sur l’importance de se pencher sur les causes profondes de ces phénomènes et d’élaborer des stratégies efficaces pour contrer les discours de recrutement qui fleurissent sur Internet.  Avant de conclure, il s’est félicité de la création, par l’OCI, du Centre pour le dialogue, la paix et la compréhension. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a invité la communauté internationale à se doter d’une approche stratégique pour lutter contre l’extrémisme violent, sachant qu’il s’agit d’une lutte de longue haleine.  À ce titre, le renforcement du partenariat stratégique entre l’ONU et l’OCI est inévitable, a-t-il estimé.  L’OCI, forte de ses 57 membres répartis sur quatre continents, est la deuxième plus grande organisation intergouvernementale après l’ONU, a rappelé M. Aboulatta. L’OCI, a-t-il assuré, est parfaitement bien placée pour lutter contre l’extrémisme.

Le délégué de l’Égypte a insisté sur le renforcement de la coordination entre les instances onusiennes en charge de la lutte contre le terrorisme et l’OCI.  Cette dernière doit être associée à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies de l’ONU dans ce domaine, a-t-il souhaité.  M. Aboulatta a également appelé de ses vœux une coopération renforcée entre l’OCI et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme. Le délégué a invité l’ONU à assister les États musulmans à renforcer leurs capacités nationales pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  La coopération doit également être de mise pour lutter contre les causes profondes du terrorisme, telles que l’occupation étrangère, a déclaré M. Aboulatta.  Enfin, le délégué de l’Égypte a souhaité le lancement d’une campagne conjointe visant à lutter contre la propagande des groupes terroristes et qui associerait des personnalités jouissant de la confiance de la société civile.

Évoquant la mondialisation du terrorisme et son caractère transfrontalier, M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a rappelé que tous les États et toutes les régions du monde pouvaient être touchés et que des voies de coopération fluides étaient nécessaires à une stratégie réussie de prévention et de lutte contre le terrorisme.  Les Nations Unies sont le meilleur cadre pour assurer la coordination et la concertation sur les actions à mener, a estimé M. Rosselli.

Se félicitant de l’adoption de résolutions de l’Assemblée générale qui montrent la coopération entre l’ONU et l’OCI, M. Rosselli a fait observer que, lors de son treizième sommet qui s’est tenu à Istanbul en avril dernier, l’OCI avait réaffirmé son soutien à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et au Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent.  La bataille des idées doit être gagnée en opposant un discours positif aux discours du terrorisme, et en soulignant la valeur de la cohabitation pacifique, du pluralisme, de l’intégration sociale et de la liberté d’opinion, a insisté le représentant.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est félicitée de l’adoption, en février dernier, du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, puis du cinquième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Elle a également salué les mesures prises de son côté par l’OCI en coopération avec le Forum mondial de lutte contre le terrorisme.  « Comment faire fond sur de telles initiatives? » s’est demandé la représentante.  Le meilleur moyen d’y parvenir, a-t-elle dit, serait de créer un poste de « coordonnateur de haut niveau pour la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », qui s’exprimerait au nom de toutes les entités onusiennes pertinentes. 

Ce coordonnateur pourrait compter, par exemple, sur le potentiel de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, a souligné Mme Sison, en demandant l’appui de tous les États Membres à une telle proposition.  C’est, a-t-elle estimé, la mesure la plus importante à prendre dans l’immédiat.  La déléguée a ensuite attiré l’attention quant au fait que les efforts concertés face à l’extrémisme violent doivent tenir compte du respect des droits fondamentaux et des libertés individuelles.  En conclusion, elle a rappelé que le terrorisme ne saurait être associé à une religion en particulier.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a affirmé que les États membres de l’OCI défendaient des valeurs morales universelles.  L’OCI, a-t-il assuré, peut jouer un rôle précieux dans la prévention et la résolution des conflits.  Il a souhaité une convergence des efforts dans la lutte contre le terrorisme, en rappelant que le Président russe, M. Vladimir Putin, a récemment demandé la mise en place d’une grande coalition mondiale contre le terrorisme.  Celle-ci n’a pas encore vu le jour, a-t-il regretté.  Il est impossible, a soutenu le représentant, de distinguer « entre bons et mauvais terroristes, entre terroristes alliés et ennemis ».  Daech est un défi que la communauté internationale et l’OCI doivent relever ensemble, a-t-il dit.

Le délégué de la Fédération de Russie a affirmé qu’il était crucial de respecter le rôle des gouvernements dans la lutte contre le terrorisme sur leur territoire et à l’échelle internationale.  La Fédération de Russie a soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution visant à combattre la propagande terroriste, notamment sur Internet, a indiqué le représentant, en espérant que les membres du Conseil appuieront cette initiative.  Sa délégation soutient les efforts déployés par les Gouvernements de l’Iraq, de la Syrie, du Liban et de l’Égypte pour combattre le terrorisme, a-t-il assuré avant de souligner l’importance de remédier aux causes profondes de ce fléau.  Le représentant russe a réaffirmé qu’aucun des conflits en cours au Moyen-Orient ne pouvait être réglé par la force et insisté, ainsi, sur l’importance du dialogue.  Les crises récentes au Moyen-Orient ne doivent pas reléguer au second plan la solution à deux États concernant le conflit israélo palestinien, a-t-il soutenu.  Avant de conclure, le représentant a indiqué que les relations entre l’OCI et la Fédération de Russie, qui est dotée du statut d’observateur, étaient basées sur un respect mutuel.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a déclaré qu’au moment où il est question de renforcer le partenariat stratégique entre l’OCI et les Nations Unies, il serait important de dissocier le terrorisme de toute religion spécifique.  L’avènement de l’islamophobie est une contrevérité qui sert les intérêts des terroristes, en ouvrant la voie à des réponses « irrationnelles », a affirmé le représentant.  Les musulmans, a-t-il prévenu, ne doivent pas être victimes du terrorisme à la fois dans des attaques et en subissant les retombées des politiques adoptées face à de telles attaques.  M. Ibrahim s’est félicité, à cet égard, de la décision de l’OCI pour examiner les causes profondes du terrorisme, qu’il a identifiées comme étant l’occupation prolongée de la Palestine, la gouvernance non inclusive, des institutions dysfonctionnelles et les violations flagrantes des droits de l’homme.  Le délégué de la Malaisie a par ailleurs salué les efforts en cours de l’OCI pour établir un centre visant à contrer les discours manipulateurs sur les réseaux sociaux.

Mme ANNE GUEGUEN MOHSEN (France) s’est félicitée des succès enregistrés dans la lutte contre Daech en Iraq et Syrie, tout en regrettant que Daech continue d’exercer un attrait important sur nombre d’individus, notamment des jeunes.  « Les recruteurs attirent les jeunes en jouant sur leur sentiment d’injustice et de marginalisation, en faisant appel à leur besoin d’argent et de reconnaissance et en leur promettant un idéal et une cause à défendre, là où ils ne rencontrent ensuite que tyrannie, barbarie et mort.»  Les recruteurs sont particulièrement efficaces sur Internet et dans les prisons, a précisé la représentante, en ajoutant que cette « idéologie du chaos » vise un double objectif: répandre la terreur parmi la majorité et recruter de nouveaux combattants au sein d’une minorité.

Face à une menace d’une telle ampleur, une coopération renforcée entre les Nations Unies et l’OCI est indispensable car, a souligné Mme Gueguen, elle peut aider à mieux comprendre les facteurs menant à la radicalisation violente.  La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent fournissent un excellent cadre à cette coopération, a-t-elle rappelé et c’est pourquoi, la priorité doit désormais aller à la mise en œuvre des principales recommandations du plan.  Les efforts pour contrer la propagande terroriste, a-t-elle insisté, doivent également être menés avec l’aide de la société civile et des acteurs de terrain.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a estimé que l’OCI avait un rôle important à jouer pour contrer les messages de haine, éteindre les braises de conflit et encourager la réconciliation dans les sociétés touchées par l’instabilité et la violence.  Sa connaissance profonde des contextes religieux et culturels des communautés musulmanes en font un acteur unique pour la paix et la réconciliation, a estimé le représentant.

La Nouvelle-Zélande a toujours plaidé pour que l’ONU s’attache plus à la prévention des conflits et au renforcement de la coopération avec d’autres partenaires tels que l’OCI, a fait observer le délégué.  Dans les situations de conflits, cette coopération est nécessaire pour soutenir les efforts visant à faire cesser les combats et à reconstruire la paix, a souligné M. van Bohemen, en citant les exemples de la Syrie et de l’Iraq.  Il a également reconnu l’incomparable contribution de pays membres de l’OCI pour accueillir les flots de réfugiés et apporter de l’aide humanitaire.  Enfin, a-t-il assuré, la Nouvelle-Zélande soutient l’OCI dans les initiatives pour promouvoir le dialogue interreligieux, de même que l’Alliance des civilisations de l’ONU.

M. TAKESHI AKAHORI (Japon) a jugé encourageant que l’OCI se consacre à la prévention et à la lutte contre l’extrémisme violent, par le biais notamment de partenariats stratégiques avec l’ONU.  Les efforts de l’OCI pour favoriser le dialogue à l’échelle mondiale ont le potentiel d’atténuer le risque de marginalisation en s’attaquant aux causes profondes du terrorisme, a-t-il assuré.  Le représentant s’est dit convaincu que l’OCI peut jouer un rôle plus important pour faire face aux défis imminents auxquels le monde musulman est confronté.  Elle peut en faire davantage en Syrie, tant dans le domaine humanitaire que politique, a-t-il estimé.

Les efforts visant à soutenir le processus de paix israélo-palestinien et à améliorer les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite offrent, de l’avis de la délégation du Japon, l’occasion à l’OCI d’atteindre ses objectifs de longue date et de bénéficier à la communauté internationale.  « La Déclaration présidentielle du 28 octobre 2013 sur la coopération entre l’ONU et l’OCI contient de nombreuses idées qui sont encore utiles aujourd’hui », a rappelé M. Akahori avant de conclure.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a estimé que la vitalité du partenariat entre l’ONU et l’OCI s’était vérifiée sur le terrain, où les deux organisations se sont illustrées en Afghanistan, en Somalie, au Darfour, au Mali, en République centrafricaine, en Bosnie-Herzégovine et en Sierra Leone, à l’appui de la restauration de la paix et de la sécurité dans ces pays.  Il s’est félicité de la collaboration efficace entre l’OCI et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme en vue de renforcer les capacités en matière de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.  « L’OCI, porte-voix du monde musulman, demeure plus qu’interpellée par ce fléau qui ternit l’image de notre noble religion, hélas, première victime de ces actes barbares très souvent commis en son nom », a déclaré M. Seck.  Pour sa délégation, le « tout-sécuritaire » n’est plus une solution adéquate pour régler la problématique du terrorisme, a-t-il souligné, en pointant l’idéologie sous-jacente. 

Soulignant la nécessité de combattre le mal à la racine, le représentant du Sénégal a estimé que les oulémas, érudits et autres intellectuels avaient un rôle à jouer dans ce travail de « déconstruction idéologique » qui nécessite une interaction dynamique avec la jeunesse et toutes les couches vulnérables pour faire passer le message de paix et de modération promu par le Coran.

Le représentant a affirmé que la collaboration étroite entre l’OCI et l’Alliance des civilisations des Nations Unies était une preuve de l’intérêt majeur accordé au dialogue interculturel.  Il a déclaré que son gouvernement était en phase avec la stratégie définie par l’Alliance pour mettre l’accent sur la jeunesse, l’éducation, les médias dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.  « Ceci m’amène à réitérer notre appel pour une plus forte implication des jeunes dans notre stratégies futures, car ce sont eux les principaux acteurs et les premières victimes du fléau », a ajouté M. Seck.  Avant de conclure, il a salué le programme d’action décennal OCI-2025, lequel, a-t-il précisé, accorde une place considérable à l’éradication de l’extrême pauvreté dans les États membres de l’Organisation.

Le Sous-Secrétaire général aux affaires économiques de l’OCI a repris la parole pour saluer la tenue de cette « réunion historique ».  Les idées évoquées, lors de cette séance, seront dûment prises en compte lors du prochain exercice biennal ONU-OCI, a-t-il assuré.  Il a réaffirmé l’attachement de l’OCI à un élargissement des relations entre les deux organisations et souhaité un rythme plus soutenu, « peut-être biannuel », des réunions du Conseil consacrées à cette question.

 

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