En cours au Siège de l'ONU

7811e séance – après-midi
CS/12588

Le Représentant spécial affiche son optimisme sur la situation au Kosovo, malgré de récentes difficultés politiques

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, M. Zahir Tanin, a dressé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, un tableau encourageant des efforts de réconciliation au Kosovo, où les divisions ethniques sont un moindre sujet de préoccupation que le chômage ou la corruption.  « J’espère que ce qui attend le Kosovo en 2017, a-t-il dit, est un dialogue politique accompagné des progrès nécessaires au niveau des communautés. »

M. Tanin a néanmoins insisté sur les obstacles qui entravent la tenue d’« un dialogue constructif » au Kosovo, en particulier une loi kosovare concernant le complexe minier de Trepča.  Cette mesure législative a été au cœur des interventions, parfois acrimonieuses, du Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Ivica Dačić, et de Mme Vlora Çitaku, du Kosovo.  Ce débat a également été marqué par les échanges entre les délégués de la Fédération de Russie et du Japon, le premier reprochant au second d’avoir posé une bouteille de vin du Kosovo sur la table du Conseil, laquelle, a-t-il rappelé, est « sacrée ».

Dans son dernier rapport* sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) pour la période allant du 16 juillet au 15 octobre 2016, que présentait son Représentant spécial, cet après-midi, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, se dit « impressionné par les progrès économiques et politiques réalisés dans l’ensemble depuis la fin du conflit », et ce, malgré les « nombreux défis qui subsistent ».

Parmi ces défis, M. Tanin a cité la non-ratification de l’accord de délimitation de la frontière avec le Monténégro et les divisions politiques qui ont empêché de tirer les bénéfices de la normalisation des relations avec la Serbie dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne.  « Si la violence politique a baissé, l’atmosphère politique demeure profondément polarisée », a affirmé le Représentant spécial.  Il est ensuite revenu sur l’adoption de la loi précitée qui a généré, a-t-il expliqué, de fortes protestations de la communauté serbe du Kosovo et à Belgrade.

Les représentants des Serbes du Kosovo, a-t-il regretté, ont suspendu leur participation aux institutions de gouvernement.  Le Représentant spécial a ensuite livré les enseignements encourageants de plusieurs études conduites au Kosovo, le premier étant que la normalisation des relations avec la Serbie est considérée comme prioritaire tant par la communauté serbe kosovare que par la communauté albanaise kosovare.

Les Serbes et les Albanais du Kosovo pensent également, dans leur majorité, que la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo renforcera la sécurité des Serbes du Kosovo, s’est-il félicité.  Il a aussi salué certains efforts de réconciliation menés au niveau municipal, ainsi que les actions prises par le Président kosovar Hashim Thaçi.  « Nous pouvons tous agir pour avancer la cause de la réconciliation au Kosovo », a estimé M. Tanin.

Le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a qualifié de « privatisation illégale » la loi sur le complexe minier de Trepča.  Elle s’inscrit, a-t-il précisé, dans une stratégie délibérée d’appropriation des biens de la « province » par les autorités à Pristina.  « Celles-ci s’emploient à faire, en l’absence de base juridique et de justification valides, du géant économique du Kosovo et de Metohija, la propriété exclusive de la prétendue République du Kosovo », a accusé M. Dačić, qui a jugé cette situation inacceptable pour des Serbes qui dépendent largement de Trepča.

Ce point de vue a été réfuté par Mme Çitaku, qui a affirmé que ce complexe se trouvait au Kosovo et appartenait donc au Kosovo.  Les allégations de la Serbie concernant le droit de propriété de biens ou entreprises situés au Kosovo sont sans fondement, a-t-elle soutenu.  « Nous espérons, a-t-elle dit, que les représentants serbes au Kosovo décideront de s’engager à nouveau dans la vie parlementaire et institutionnelle du Kosovo. »

À la lumière des progrès accomplis au Kosovo, plusieurs délégations, dont celles des États-Unis et de la Malaisie, ont demandé une révision du rythme d’examen de la situation au Kosovo, aujourd’hui trimestriel, par le Conseil de sécurité.  « L’avenir du Kosovo ne se joue désormais plus de manière prioritaire au sein de ce Conseil, mais bien dans le cadre du dialogue politique entre la Serbie et le Kosovo, mené sous les auspices de l’Union européenne », a estimé le représentant de la France, appuyé en ce sens par le délégué du Royaume-Uni.

Cette demande a été rejetée par le représentant de la Fédération de Russie qui a affirmé que la situation au Kosovo restait très instable.  « Il ne faut pas se voiler les yeux », a-t-il prévenu, en dénonçant les violences commises contre les Serbes.  Il s’en est pris vivement au délégué du Japon qui a brandi la bouteille d’un petit producteur de vin au Kosovo pour expliquer qu’en partenariat avec une entreprise japonaise, celui-ci avait réussi à exporter son vin et à faire reconnaître la qualité de son produit aux côtés d’autres producteurs étrangers. Invoquant une motion d’ordre, il lui a demandé de « retirer sa bouteille de vin » de la table du Conseil, espace qu’il a qualifié de « sacré ».  « Rien n’indique dans le règlement intérieur du Conseil qu’il est interdit de le faire », lui a répondu son homologue du Japon.

*S/2016/901

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2016/901)

Déclarations

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général, s’exprimant par vidéoconférence depuis Pristina, a indiqué que les progrès politiques attendus au Kosovo au début de l’année n’avaient pas été réalisés.  En raison de difficultés pour parvenir à un consensus, l’accord de délimitation de la frontière avec le Monténégro n’a pas été ratifié, a-t-il dit.  Les divisions politiques ont également empêché de tirer les bénéfices de la normalisation des relations avec la Serbie dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne, a poursuivi le Représentant spécial.  M. Tanin a déclaré que l’accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne avait reçu une attention limitée des responsables et de l’opinion publique kosovars, malgré les promesses qu’il recèle. Si la violence politique a baissé, l’atmosphère politique demeure profondément polarisée, a affirmé le Représentant spécial.  Il a néanmoins salué les efforts en vue de promouvoir la réconciliation de certains dirigeants kosovars, dont le Président Thaçi.

M. Tanin a affirmé que l’adoption d’une nouvelle loi sur le complexe minier et industriel de Trepča était un autre obstacle à la conduite d’un dialogue constructif au Kosovo.  Cette loi et sa procédure d’adoption accélérée ont généré de fortes protestations de la communauté serbe du Kosovo et de Belgrade, au point que les représentants des Serbes du Kosovo ont suspendu leur participation aux institutions de gouvernement, a-t-il déploré.

Il a ensuite livré les enseignements de plusieurs études conduites au Kosovo, dont une a été demandée par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Parmi ces enseignements, M. Tanin a cité la confiance limitée du public envers les institutions, le fait que la normalisation des relations avec la Serbie est considérée comme prioritaire tant par la communauté serbe kosovare que par la communauté albanaise kosovare ou bien encore l’accent mis sur le dialogue intercommunautaire pour promouvoir la réconciliation.  Les Serbes et les Albanais du Kosovo pensent, dans leur majorité, que la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo  renforcera la sécurité des Serbes du Kosovo, a-t-il ajouté.

Le Représentant spécial a affirmé que la perspective européenne demeurait une force de stabilisation dans la région des Balkans.  Le processus de dialogue a abouti à des progrès durant la période à l’examen, y compris sur la liberté de mouvement et sur la question des télécommunications, même si peu de progrès tangibles ont été accomplis concernant l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  Il a indiqué que les efforts de réconciliation sociale et politique devaient se renforcer mutuellement.  « J’espère que ce qui attend le Kosovo en 2017 est un dialogue politique accompagné par des progrès nécessaires au niveau des communautés », a-t-il dit, avant d’ajouter que les efforts de l’ONU et de l’Union européenne convergeaient à cet égard.  Il a loué certains efforts de réconciliation menés au niveau municipal, citant la décision de la municipalité de Fushe Kosove/Kosovo Polje de débloquer les fonds nécessaires au nettoyage de trois cimetières orthodoxes serbes.  Il a, en revanche, regretté la déclaration adoptée par le conseil municipal de Suhareke/Suva Reka s’opposant au retour des Serbes du Kosovo, avant de juger fondamental le droit au retour des personnes déplacées.

Après avoir détaillé les efforts menés pour promouvoir l’état de droit au Kosovo, M. Tanin a insisté sur la reconnaissance accrue dans le pays de la nécessité de poursuivre les cas graves de corruption, y compris les activités de criminalité organisée impliquant un petit nombre de personnes appartenant à la classe politique kosovare.  Il a précisé que les préparatifs pour le bon fonctionnement des Chambres spéciales du Kosovo avaient bien avancé.  Il a ensuite demandé qu’une enquête transparente soit menée sur la mort en détention de l’activiste de Vetevendosje, Astrit Dehari.

L’extrémisme violent et le terrorisme demeurent des menaces évolutives au Kosovo et dans la région, a affirmé M. Tanin, avant de plaider en faveur d’une approche holistique pour y remédier.  Il a indiqué que les autorités kosovares avaient arrêté la semaine dernière un certain nombre d’individus qui auraient été recrutés par des militants extrémistes en Syrie pour conduire des attaques au Kosovo et dans la région.  Les organes sécuritaires du Kosovo doivent être félicités pour leur vigilance, a-t-il estimé.

Le Représentant spécial a souligné qu’il faudrait axer les efforts d’adaptation de la MINUK aux défis actuels du Kosovo en vue, notamment, d’utiliser de manière optimale les ressources existantes.  Il s’est félicité de l’amélioration des relations entre la Mission et les institutions du Kosovo, qui permet à la Mission d’aboutir à une évaluation équilibrée et exacte de la situation au Kosovo. « Nous pouvons tous agir pour avancer la cause de la réconciliation au Kosovo », a conclu M. Tanin, en prévenant que les solutions qui n’avaient pas donné de résultat hier ne pourraient pas fonctionner demain.

M. IVICA DAČIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a estimé qu’en dépit de nombreux défis, son pays avait démontré à nouveau son engagement clair en faveur d’une solution aux questions en suspens au travers du dialogue et dans l’intérêt de la stabilité régionale et du processus d’adhésion à l’Union européenne, comme en témoigne, selon lui, l’accord sur les télécommunications tout récemment conclu.  Il a ainsi reproché le manque de réciprocité du Kosovo, qui continuerait à recourir à des mesures unilatérales regrettables, comme la tentative « sans précédent » des institutions provisoires d’administration autonome de « confisquer » le conglomérat industriel Trepča, qui regroupe des activités minières, métallurgiques et chimiques. 

Le Chef de la diplomatie serbe a voulu illustrer, par cet exemple, le fait que Pristina refuserait d’aborder la question de la propriété dans les pourparlers avec la Serbie.  Qualifiant cet acte de tentative de « privatisation illégale », M. Dačić a affirmé qu’il s’inscrivait dans une stratégie délibérée d’appropriation des biens de la « province » par Pristina, qui s’étendrait aussi à des propriétés privées et à des églises orthodoxes.  Pour le Ministre, la loi sur Trepča constitue une violation flagrante des principes fondamentaux de la résolution 1244 (1999).  « Pristina s’emploie à faire, en l’absence de base juridique et de justification valides, du géant économique du Kosovo et de Metohija, la propriété exclusive de la prétendue République du Kosovo », a accusé M. Dačić, qui a jugé cette situation inacceptable pour des Serbes qui dépendent largement de Trepča.

L’établissement de la « communauté des municipalités serbes », a-t-il ensuite rappelé, revêt, en tant que « mécanisme de protection institutionnelle », une importance capitale pour la survie du peuple serbe au Kosovo et au Metohija.  C’est pourquoi il a regretté que cette communauté soit devenue l’objet d’un véritable « chantage politique ».  Le Ministre s’est élevé contre la loi sur l’investissement stratégique, qui donnerait au Kosovo le pouvoir d’attirer des capitaux directement, d’administrer et de disposer à sa guise des biens et ressources au détriment du statut et des intérêts du peuple serbe de la « Province ».  Il est allé jusqu’à évoquer une « éviscération » de la communauté des municipalités serbes. 

Le Ministre serbe des affaires étrangères s’est ensuite ému du sort des personnes déplacées de retour ou qui souhaiteraient rentrer chez elles, et qui seraient empêchées de prendre part à l’élaboration de la « loi sur l’Agence de comparaison et de vérification des propriétés du Kosovo », également dénoncée comme un instrument visant à s’emparer de biens serbes.  Pour son gouvernement, des milliers d’Albanais sont frauduleusement inscrits au cadastre comme détenteurs de ces biens immobiliers qui appartiendraient en réalité aux personnes déplacées.  Celles-ci continueraient d’être découragées de se réinstaller dans leur région d’origine par divers moyens, notamment des attaques et des profanations de sanctuaires, exacerbant les tensions intercommunautaires.

Le rapport périodique du Secrétaire général, a proposé le Ministre, devrait inclure, à l’avenir, des éléments d’information relatifs à la situation des communautés vivant au sud du fleuve Ibar, aux obstacles qui se dressent au retour des personnes déplacées, à la question des droits de propriété et à l’impunité vis-à-vis des violences ethniques.  M. Dačić a réaffirmé toutefois la volonté de son gouvernement de poursuivre le dialogue avec Pristina.  « La Serbie ne reconnaîtra jamais le Kosovo, mais poursuivra sa politique visant à encourager des solutions pacifiques sur la base d’une approche responsable et en mettant intégralement en œuvre les accords conclus dans le cadre du dialogue de Bruxelles », a assuré le Ministre.

Mme VLORA ÇITAKU, du Kosovo, a réaffirmé que le Kosovo était, depuis le 17 février 2008, un État libre, indépendant et reconnu par une « majorité écrasante des autres nations libres ».  Pourtant, a-t-elle déploré, nous devons, tous les trois mois, venir devant le Conseil de sécurité pour entendre la Serbie évoquer un « univers parallèle » dans lequel l’État du Kosovo n’existerait pas et les Albanais du Kosovo seraient les auteurs d’un nettoyage ethnique, faisant ainsi « des oppresseurs les opprimés ».  Mme Çitaku a toutefois indiqué que le Kosovo avait pris des mesures sans précédent pour répondre aux allégations de crimes de guerre, quelle que soit l’ethnicité des victimes, en établissant un Tribunal spécial.  À l’inverse, a-t-elle accusé, la Serbie a tout sauf démontré son engagement à lancer des poursuites judiciaires.  Pourtant, « 20 000 femmes auraient été violées au Kosovo pendant la guerre, 1 262 enfants brutalement tués, et aucune condamnation n’a jamais été prononcée », a poursuivi la représentante, qui a également évoqué des milliers de personnes portées disparues.  « Il ne peut y avoir de réconciliation sans reddition de comptes, ni justice », a-t-elle estimé.

Sa délégation regrette l’absence de dynamique de mise en œuvre des accords conclus entre le Kosovo et la Serbie, grâce à la médiation de la Haute Représentante.  Elle a précisé que le scepticisme entourant ce dialogue était nourri par les violations constantes par la Serbie de l’accord sur la liberté de circulation, en citant l’exemple des mandats d’arrêt serbes visant des centaines de Kosovars.  Cela est inacceptable, a-t-elle dit, en rappelant que les accords signés devraient être appliqués dans les deux pays.

Revenant sur la nouvelle loi sur le complexe minier et industriel de Trepča, Mme Çitaku a affirmé que ce complexe se trouvait au Kosovo et appartenait donc au Kosovo.  Elle a insisté sur la licéité de cette loi, en soutenant que les allégations de la Serbie concernant le droit de propriété de biens ou entreprises situées au Kosovo étaient sans fondement.  Elle a affirmé que les revendications des autorités serbes sur cette question ne faisaient que trahir leurs « tendances colonialistes ».  « Nous espérons que les représentants serbes au Kosovo prendront leurs propres décisions, sans crainte de pressions de Belgrade, et décideront de s’engager à nouveau dans la vie parlementaire et institutionnelle du Kosovo. »

Mme Çitaku a discuté le chiffre de 200 000 Serbes déplacés à la suite de la guerre au Kosovo, le jugeant incorrect.  Selon les recensements organisés en 1991 par les anciennes autorités yougoslaves, 194 000 Serbes vivaient au Kosovo, a-t-elle argué.  Elle a admis qu’elle ne connaissait pas le nombre exact de Serbes vivant au Kosovo.  « Si un seul Serbe du Kosovo ne peut pas revenir, c’est un de trop », a-t-elle déclaré, avant de rappeler que tous les Serbes ayant fui le Kosovo à la suite de la guerre n’étaient pas citoyens kosovars.  La déléguée a affirmé que les autorités kosovares ne ménageaient aucun effort pour assurer de meilleures conditions de vie pour tous les Serbes vivant au Kosovo.  « Le Kosovo appartient à tous ses citoyens. »

Elle a ensuite déclaré que la Constitution kosovare conférait des droits sans précédent pour la protection du patrimoine orthodoxe serbe, obéissant ainsi à un véritable « devoir moral ».  « Pendant la guerre au Kosovo, les forces serbes ont détruit 218 mosquées et autres sites historiques et religieux au Kosovo », a-t-elle rappelé.  La tolérance religieuse était « la colonne vertébrale » de la société kosovare, a rappelé Mme Çitaku, en faisant remarquer qu’une seule église posait des difficultés, en l’occurrence, l’église bâtie par le régime Milošević dans le domaine de l’Université publique de Pristina.  Cette église avait été construite illégalement, a-t-elle insisté, avant d’ajouter que sa destruction ne serait pas la réponse adéquate.  C’est pourquoi, elle a appelé les dignitaires qui ont autorisé cette construction illégale à examiner le rôle qu’ils ont joué lorsqu’ils agissaient main dans la main avec le régime Milošević.  Le Kosovo est une république laïque, pluriconfessionnelle et multiculturelle et toute tentative visant à changer cette mosaïque sera contrecarrée, a-t-elle prévenu.

Mme Çitaku a fait remarquer que, la semaine dernière, un groupe terroriste avait été appréhendé grâce aux efforts du Kosovo, de l’Albanie et de l’ex-République yougoslave de Macédoine.  C’est l’une des autres raisons pour lesquelles le Kosovo doit faire partie de la famille internationale, a-t-elle dit.  Mme Çitaku a déploré qu’Interpol ait reporté son vote sur la demande d’adhésion du Kosovo en attendant une révision des critères d’adhésion.  « Nous sommes convaincus qu’Interpol aura à gagner de notre adhésion », a-t-elle affirmé en conclusion.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a commencé par rappeler son souhait d’une révision du rythme d’examen de la situation au Kosovo par le Conseil de sécurité, « au regard de l’amélioration du climat sécuritaire et des progrès réalisés en matière de consolidation des institutions kosovares ».  Il a également appelé le Secrétaire général à formuler des recommandations sur la reconfiguration de la MINUK dans son prochain rapport.

« La France est convaincue que l’avenir du Kosovo ne se joue désormais plus de manière prioritaire au sein de ce Conseil, mais bien dans le cadre du dialogue politique entre Belgrade et Pristina mené sous les auspices de l’Union européenne », a poursuivi M. Delattre.  Il a dit attendre que l’ensemble des engagements souscrits dans le cadre des accords conclus sous l’égide de l’Union européenne soient mis en œuvre dans les meilleurs délais, y compris s’agissant de la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe.  La normalisation des relations entre Belgrade et Pristina reste une condition indispensable pour leurs avancées respectives sur le chemin de l’intégration européenne, a-t-il averti.

La poursuite des efforts engagés pour la consolidation de l’état de droit au Kosovo doit par ailleurs demeurer une priorité, a estimé le représentant en citant la lutte contre la corruption, la criminalité organisée et la radicalisation sous toutes ses formes.  De plus, la France souligne la nécessité d’un apaisement des tensions enregistrées ces derniers mois sur la scène politique intérieure kosovare.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a regretté que la situation au Kosovo ait été marquée par des tensions accrues au cours de la période à l’examen.  Les questions du retour des personnes déplacées et du versement des pensions continuent de rester dans l’impasse, a-t-il noté.  Le représentant a ensuite salué la volonté exprimée par la Serbie de poursuivre son dialogue avec Pristina sous les auspices de l’Union européenne, comme en témoigne son appui à la communauté des municipalités serbes dans le nord du Kosovo.  La question de la protection du patrimoine culturel doit également être réglée, a estimé le représentant de l’Angola, avant de condamner les attaques visant les biens et la rhétorique incendiaire employée par des dirigeants politiques.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a appuyé le dialogue entre Belgrade et Pristina visant à normaliser les relations entre la Serbie et le Kosovo et le rôle de l’Union européenne dans ce cadre.  Il a reconnu que la mise en œuvre des accords était assez lente et encouragé les parties à progresser sur la question des municipalités à majorité serbe du Kosovo et sur d’autres dossiers soulignés par le Secrétaire général dans son rapport, comme les personnes déplacées et les personnes disparues.

Mme Schwalger a regretté la recrudescence d’incidents violents, comme les tactiques perturbatrices employées au sein de l’Assemblée du Kosovo.  Elle a toutefois salué la nomination récente d’un procureur en vue de l’établissement d’une cour spéciale chargée d’examiner les affaires portées devant elle par l’Équipe spéciale d’enquête de l’Union européenne.  Enfin, selon elle, le Conseil de sécurité devrait adopter « une approche plus flexible » quand il examine ce point à l’ordre du jour car la fréquence des réunions n’est pas justifiée par la situation sur le terrain.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a plaidé en faveur d’un dialogue politique et d’approches constructives pouvant mener à des solutions porteuses de progrès et de stabilité pour la région.  Tout en constatant des améliorations sur les plans économique et politique, il a regretté les tensions politiques internes et les épisodes de violence.  C’est pourquoi il a encouragé toutes les parties à trouver des bases communes pour arriver à la stabilité du Kosovo.  Il a ensuite salué l’accord technique conclu dimanche dernier entre la Serbie et le Kosovo concernant les télécommunications et les travaux de reconstruction en cours pour le pont de Mitrovica.

De l’avis de sa délégation, la réconciliation entre les différentes communautés coexistant sur le territoire kosovar ne se fera que si trois conditions sont remplies: la protection des biens culturels, le respect des communautés et de bonnes conditions de vie pour les personnes déplacées.  La Rapporteuse spéciale sur les droits culturels, Mme Karima Bennoune, s’est dite préoccupée par la politisation du patrimoine culturel, a-t-il rappelé.  Le représentant a également souligné qu’il était important, pour la réconciliation et la coexistence pacifique, de respecter les cultures et croyances religieuses, d’adopter des politiques tenant compte des minorités.  M. Rosselli a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’assurer une bonne gouvernance et l’accès à la justice, tout en prenant soin de protéger au mieux les témoins dans les procès pour les délits commis au Kosovo en 1998 et 1999.  Il a aussi attiré l’attention sur la priorité à donner aux politiques de lutte contre la violence sexuelle dans les conflits.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) s’est déclaré favorable à la mise en œuvre des accords conclus sous l’égide de l’Union européenne, en regrettant toutefois le retard pris à cet égard.  Il a néanmoins salué les progrès accomplis dans l’accord relatif aux télécommunications, en engageant les autorités à Belgrade et à Pristina à reprendre un dialogue au plus haut niveau.  Le représentant a souhaité que cet accord donne un nouvel élan aux dossiers en suspens, notamment le règlement des questions relatives aux biens, et que le principe de la communauté des municipalités à majorité serbe se concrétise « le plus rapidement possible ».  M. Aboulatta a réaffirmé l’appui de l’Égypte aux efforts visant à renforcer la stabilité dans la région.  Il s’est cependant dit préoccupé par l’absence de progrès réalisés dans l’application de l’accord de délimitation de la frontière avec le Monténégro, qui n’a toujours pas été ratifié par le Kosovo.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a rendu hommage au travail accompli par M. Tanin qui se trouve dans une « situation difficile » en raison de la mise en cause constante de la MINUK.  « Nous partageons tous l’objectif d’une réconciliation au Kosovo », a-t-il assuré.  Estimant que cet objectif n’avait pas encore été atteint, il a affirmé que le dialogue facilité par l’Union européenne était, à ce titre, essentiel.  Le délégué a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre des accords conclus entre les autorités à Pristina et à Belgrade, notamment dans le domaine des télécommunications.  Il faut œuvrer à la pleine mise en œuvre des accords conclus et conclure de nouveaux accords, a-t-il recommandé.  Le représentant de l’Espagne a ensuite invité toutes les parties à donner la priorité à la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  « Sans préjudice de la position de principe » de son pays, le délégué a appuyé toute mesure en faveur du dialogue entre les autorités à Belgrade et à Priština.  « Ce dialogue profite à ces deux pays et à toute la région. »

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a regretté que l’on continue de parler de la situation au Kosovo, où il ne s’est pas passé « grand-chose » depuis la dernière fois que le Conseil de sécurité en a été saisi.  Il s’est ensuite félicité du potentiel économique représenté par les gisements exploités par Trepča, le complexe minier qui pourrait, selon lui, aider le Kosovo à pleinement réaliser son potentiel.  Se félicitant de la volonté démontrée par les deux parties au cours des derniers mois, le représentant a toutefois regretté l’absence de progrès dans la mise en œuvre des accords conclus entre les Gouvernements du Kosovo et de la Serbie. 

C’est pourquoi, il les a appelés à privilégier le dialogue pour régler les questions en suspens, notamment celle des personnes disparues et du retour des personnes déplacées.  Le délégué britannique a également attiré l’attention sur la lutte contre l’impunité s’agissant des crimes de guerre.  « S’il y a trop peu de dialogue au Kosovo, il y a en revanche trop de dialogue sur le Kosovo », a tranché le représentant, avant de demander de réduire les rapports périodiques du Secrétaire général et les séances publiques du Conseil de sécurité sur le Kosovo.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) cite l’exemple d’un petit producteur de vin au Kosovo qui, en partenariat avec une entreprise japonaise, avait réussi à exporter son vin et contribuer à l’économie du Kosovo.  De nombreux autres concitoyens ont gagné, de nouveau, confiance grâce au soutien de certains gouvernements, de l’ONU, d’organisations internationales, d’ONG et de particuliers.  Il en est de même pour le « Gouvernement du Kosovo », a-t-il constaté, en précisant que depuis le déploiement de la MINUK, il y a 17 ans, le Kosovo s’est doté d’une nouvelle constitution, d’un gouvernement et d’un parlement.  Selon les estimations du Fonds monétaire international, le Kosovo a atteint un taux de croissance réelle de 4% l’an dernier et ces résultats devraient se poursuivre sur les cinq prochaines années.

Le représentant du Japon s’est dit conscient des défis auxquels le Kosovo reste confronté, notamment la lenteur des progrès dans les pourparlers avec la Serbie et, sur le plan national, les divisions politiques liées au tracé de la frontière avec le Monténégro.

De manière générale, le Japon se dit favorable à une approche qui permette au peuple du Kosovo de trouver lui-même les solutions aux divers problèmes en instance.  Il encourage la communauté internationale à envisager le retrait de la MINUK, ou tout au moins à limiter les ressources de maintien de la paix aux zones dans lesquelles des confrontations sérieuses sont probables, a indiqué M. Okamura.  Pour la délégation japonaise, les séances d’information du Conseil de sécurité sur la question du Kosovo, qui ont lieu tous les trois mois, ne sont plus de mise.  Le Conseil ne devrait se réunir que lorsque cela s’avère nécessaire, tout en continuant de recevoir des rapports réguliers, a-t-il estimé.

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a appelé les parties à redoubler d’efforts pour trouver une solution politique pacifique, juste et durable, dans le cadre du droit international, conformément à la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité et aux Accords de Bruxelles de 2013.  Il a déploré les difficultés auxquelles les Serbes sont confrontés pour exercer leur droit au retour et les actes violents perpétrés contre des citoyens serbo-kosovars dans certaines zones.  Il a constaté avec préoccupation que la vente d’entreprises et de propriétés au Kosovo portait atteinte aux droits de la minorité serbo-kosovare.  Il a également souhaité l’établissement rapide de l’association des communes à majorité serbe dans le nord du Kosovo.

Pour M. Méndez Graterol, la question des personnes disparues pendant la guerre reste un thème prioritaire.  C’est pour cette raison qu’il a salué la décision de constituer une équipe d’analystes chargée d’appuyer le sous-groupe de travail sur les questions médico-légales.  S’agissant du patrimoine culturel et religieux, il a insisté pour que les parties travaillent conjointement pour protéger les biens des différentes communautés kosovares.  Avant de conclure, le représentant a mentionné les progrès réalisés dans la lutte contre l’impunité et les efforts déployés pour combattre le terrorisme.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) s’est félicitée des progrès accomplis au Kosovo, citant ainsi l’augmentation de son PIB et les efforts de restructuration de l’économie. Elle a espéré que le dialogue facilité par l’Union européenne entre le Kosovo et la Serbie progressera rapidement, avant d’inviter toutes les parties à donner la priorité à la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  La représentante s’est cependant dite préoccupée par la non-ratification de l’accord de délimitation de la frontière avec le Monténégro et par les difficultés soulevées par l’adoption d’une nouvelle loi sur le complexe minier et industriel de Trepča.  Elle a ensuite salué les progrès accomplis visant à assurer le plein fonctionnement des Chambres spéciales.  Avant de conclure, la déléguée a souscrit à l’appel lancé par plusieurs délégations en faveur d’une réduction du nombre de réunions consacrées à la situation au Kosovo afin que le Conseil puisse traiter de questions plus urgentes.

M. WU HAITAO (Chine) a salué l’établissement du nouveau Gouvernement serbe et apprécie ses efforts pour trouver une solution pacifique à ses différends avec le Kosovo.  Le représentant a espéré que les autorités à Priština et à Belgrade reprendront leur dialogue de haut niveau, avant de saluer le rôle joué par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a soutenu que la situation au Kosovo restait très instable et dénoncé les violences commises contre les Serbes.  Il ne faut pas se voiler les yeux car, a-t-il prévenu, ces violences expliquent pourquoi les personnes déplacées au Kosovo sont peu nombreuses à retourner dans leur foyer d’origine.  « Où sont la prospérité et la stabilité promises au Kosovo? »  Le délégué a condamné les profanations systématiques commises contre les biens appartenant à l’Église orthodoxe serbe et la complaisance des autorités sur ces violations.  Il a également estimé que l’adoption d’une nouvelle loi sur le complexe minier et industriel de Trepča ne reconnaissait pas les droits des Serbes du Kosovo et n’était pas de nature à promouvoir la réconciliation.  Il a déploré le peu de progrès accomplis en vue de la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo, sans laquelle, a-t-il dit, la sécurité des Serbes du Kosovo ne pourra pas être accomplie.  Les difficultés liées à la délimitation de la frontière avec le Monténégro, a-t-il estimé, ne doivent pas masquer l’absence de progrès sur cette association/communauté.

La mission EULEX avait été approuvée par le Conseil de sécurité, a rappelé le représentant de la Fédération de Russie, qui a demandé que le Conseil soit régulièrement informé des activités de la Mission, y compris pour les efforts visant à assurer le plein fonctionnement des Chambres spéciales.  Le délégué a demandé que les responsables à l’origine de l’incident meurtrier de Kumanovo, en  ex-République yougoslave de Macédoine, l’année dernière, soient jugés et punis.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, que les accords signés entre le Kosovo et la Serbie soient pleinement mis en œuvre, sous peine d’ouvrir la voie à une détérioration de la situation au Kosovo.  Le représentant a également demandé le maintien du budget de la MINUK.  La fréquence des débats du Conseil consacrés à cette question reste inchangée, a-t-il noté avant de déclarer que la situation au Kosovo n’était pas encore « mûre ».

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a appuyé le dialogue politique entre les deux parties mené sous les auspices de l’Union européenne, car il reste « la pierre angulaire de la voie vers la réconciliation ».  S’il a salué les développements positifs, tels l’accord récent sur les télécommunications ou les travaux engagés sur le pont de Mitrovica, il a pris note de la lenteur de la mise en œuvre des accords de Bruxelles, d’une « rhétorique source de division et dangereuse », et même de la violence.  Il a donc souhaité la création effective de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe et la ratification de l’accord de démarcation avec le Monténégro. Il a également demandé aux parties de trouver une solution à la question du complexe industriel de -.

Le représentant a estimé que les autorités à Belgrade et à Pristina devraient mettre très rapidement en œuvre l’Accord du 19 avril 2013 sur les principes gouvernant la normalisation des relations, à travers le renforcement de la confiance entre les communautés, et à travers le compromis sur les dossiers les plus difficiles.  Il a également considéré qu’il était grand temps de « rationnaliser » la MINUK en termes de structure et d’effectifs.

Mme ISOBEL COLEMAN (États-Unis) a déclaré que la situation actuelle au Kosovo était bien différente de celle qui prévalait au moment de l’adoption de la résolution 1244 (1999) et en 2008.  Elle a aussi plaidé pour que la périodicité de ce point à l’ordre du jour soit réexaminée, ainsi que le cycle de publication des rapports, en se disant convaincue qu’une « supervision aussi étroite » était devenue inutile. Si l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) du Kosovo s’est ralentie au cours des trois derniers mois et n’a atteint qu’un taux de 3,6%, selon les chiffres fournis par la Banque mondiale, elle n’en est pas pour autant plus faible que celle de plusieurs États qui siègent au sein du Conseil de sécurité, a fait observer la représentante. 

Elle a ensuite salué le niveau de coopération dont font preuve sur le terrain la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX) et la MINUK.  La déléguée des États-Unis a par ailleurs regretté les actes de violence perpétrés au Kosovo en rapport avec la question de la délimitation de la frontière avec le Monténégro.  Avant de conclure, elle a insisté pour une reconnaissance universelle de la souveraineté du Kosovo, dont le succès profitera à tous les États de la région, a-t-elle assuré.

M. FODÉ SECK (Sénégal) s’est dit préoccupé par les tensions nouvelles au Kosovo, qui contredisent les progrès accomplis depuis la fin du conflit.  Il a encouragé les acteurs politiques kosovars à œuvrer à l’instauration d’un climat politique apaisé, avant d’exhorter les autorités serbes à continuer leur dialogue avec les autorités à Pristina.  Afin de consolider les gains enregistrés, les accords conclus doivent être pleinement mis en œuvre, a-t-il dit.  Le délégué du Sénégal a souligné qu’il était nécessaire d’établir un dialogue inclusif entre Belgrade et Pristina pour régler les questions en suspens.  Les difficultés peuvent être surmontées, a-t-il estimé.  Le représentant du Sénégal a assuré la mission EULEX de l’appui de son pays.  La mission EULEX, a-t-il précisé, joue un rôle important dans la lutte contre les groupes terroristes et la promotion de l’état de droit.  Avant de conclure, le représentant du Sénégal a salué les efforts de la MINUK en faveur de la réconciliation entre les communautés et la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo.

Reprenant la parole, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a estimé que la déclaration de Mme Vlora Çitaku, du Kosovo, était « mensongère ».  On parle de justice et de lutte contre l’impunité mais lorsqu’un individu du Kosovo est visé par des allégations concernant des crimes de guerre, a-t-il fait remarquer, « il est forcément innocent ».  Le Chef de la diplomatie serbe a affirmé que les autorités à Pristina auraient décoré et récompensé des individus accusés de crimes de guerre en leur donnant des emplois et en leur cédant des ressources minières.  « Mais de quel colonialisme parlez-vous? », a lancé le Ministre, en se tournant vers Mme Vlora Çitaku.  « Ce n’est pas nous, les colonisateurs », a-t-il tranché, avant de rappeler que le patrimoine culturel du Kosovo est serbe.  Il a ensuite adressé des reproches aux membres du Conseil de sécurité qui ont réaffirmé leur reconnaissance de la « déclaration d’indépendance unilatérale » du Kosovo, en particulier les États-Unis et le Japon.

En réponse, Mme Vlora Çitaku, du Kosovo, a déclaré que si les propos du Ministre serbe des affaires étrangères n’étaient pas aussi « graves », ils prêteraient à sourire.  Le Kosovo est un exemple très clair de la manière dont la communauté internationale peut faire preuve d’unité, a-t-elle dit, en se félicitant de la libération du « potentiel humain » par l’indépendance, seul atout dont dispose selon elle le Kosovo.  Se disant « offensée » et « insultée » par la déclaration du Ministre serbe, Mme Çitaku a émis l’espoir qu’un jour, « nous entendrons les excuses et les remords de la Serbie » car, a-t-elle dit, ce serait aussi « dans son propre intérêt ».  Par ailleurs, la plupart des individus accusés de crimes de guerre ont quitté le Kosovo et M. Oliver Ivanović a été jugé par un tribunal d’EULEX, a-t-elle tenu à préciser.

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