Grands Lacs: l’Envoyé spécial demande une action énergique des pays de la région afin de préserver les gains obtenus
L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Saïd Djinnit, a exhorté, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les pays signataires de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région à mener une « action énergique et décisive » afin d’éviter toute inversion des gains louables obtenus jusqu’à présent. « Cela est d’autant plus crucial que les développements dans la région, y compris les défis liés aux élections et aux forces négatives, continuent de mettre en évidence sa fragilité », a affirmé M. Djinnit.
L’Envoyé spécial a présenté le dernier rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre précité, qui couvre la période allant du 9 mars au 20 septembre 2016*. « Les pays signataires ont globalement continué de poursuivre leurs efforts pour mettre en œuvre leurs engagements en vertu de l’Accord-cadre, malgré des défis persistants, y compris la présence continue et les activités de forces négatives dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) », a-t-il déclaré.
Des efforts renouvelés ont été déployés pour remédier à ce défi persistant, a assuré M. Djinnit. « La coopération entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a été renforcée lors de la conduite d’opérations conjointes contre les forces négatives dans l’est de la RDC, y compris les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les Forces démocratiques alliées (ADF) », a affirmé l’Envoyé spécial.
Il a précisé que les représentants des institutions garantes de l’Accord-cadre -l’ONU, l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)– avaient engagé une série d’initiatives afin de soutenir les efforts visant à neutraliser ces forces négatives.
Ces initiatives ont débouché sur la convocation, à Kinshasa, de deux réunions d’évaluation de la mise en œuvre des déclarations de Nairobi entre le Gouvernement de la RDC et une délégation de l’ancien M23 et la tenue d’une réunion des ministres de la défense de certains États membres de la Conférence et de la SADC, à Nairobi, pour discuter des moyens permettant de neutraliser ces forces négatives. Il a précisé que les pays concernés travaillaient également à la mise en place et à l’opérationnalisation du mécanisme conjoint de suivi afin de remédier à la menace croissante que représentent les ADF dans l’est de la RDC et dans la région.
M. Djinnit s’est également félicité des progrès réalisés en matière de coopération judiciaire dans la région en vue d’engager des poursuites pour les cas de violations des droits de l’homme, y compris de violence sexuelle. Le Réseau régional de coopération judiciaire des Grands Lacs, s’est-il félicité, sera lancé le 10 novembre à Nairobi. Ce Réseau, composé de représentants des États membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et appuyé par des organisations régionales et internationales, contribuera à lutter contre l’impunité dans la région.
M. Djinnit est longuement revenu sur la septième Réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre qui s’est tenue le 26 octobre à Luanda, en Angola, sous la direction du Président angolais, M. José Eduardo dos Santos. Il a salué le niveau élevé de la participation, « ce qui témoigne, a-t-il dit, de l’intérêt et de l’engagement continus en faveur de l’Accord-cadre ». C’est la première fois qu’un pays signataire accueille une réunion du Mécanisme, a-t-il fait remarquer.
Le Mécanisme a salué la signature, le 18 octobre, de l’Accord politique global relatif à l’organisation d’élections apaisées, crédibles et transparentes en RDC, a précisé M. Djinnit. Le Mécanisme a également appelé les parties à rechercher des solutions pacifiques à la crise politique et encouragé le Gouvernement de la RDC, ainsi que les autres parties prenantes, à prendre de nouvelles mesures pour renforcer la confiance.
M. Djinnit a appelé le Gouvernement congolais à continuer d’engager tous les acteurs politiques, y compris ceux qui rejettent la récente série de pourparlers et l’accord qui en a résulté, et à œuvrer à la mise en place d’un processus inclusif. « J’exhorte également toutes les parties prenantes à poursuivre leurs objectifs politiques par le biais de moyens pacifiques et du dialogue. »
En ce qui concerne la situation au Burundi, le Mécanisme a demandé à tous les Burundais de chercher des solutions pacifiques pour résoudre leurs griefs et à s’engager en faveur d’un dialogue inclusif, a indiqué M. Djinnit. Les situations de conflit au Soudan du Sud et en République centrafricaine, a-t-il ajouté, figurent également au menu des discussions du Mécanisme.
Selon le Mécanisme, la présence d’éléments du Mouvement/de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition) risque d’exacerber les tensions existantes et la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Les États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine et l’ONU doivent, a-t-il dit, aider le Gouvernement de la RDC à trouver une solution durable pour le retrait des éléments du M/APLS dans l'opposition de la RDC dans les plus brefs délais.
En République centrafricaine, le Mécanisme s’est félicité des efforts déployés par le Gouvernement en vue de promouvoir le dialogue et la réconciliation et a invité les groupes armés à dialoguer avec les autorités nationales afin d’assurer la paix et la stabilité. S’agissant de la neutralisation des forces négatives, l’Envoyé spécial a précisé que le Mécanisme a salué l’établissement du mécanisme conjoint de suivi destiné à lutter contre la menace croissante posée par les ADF dans l’est de la RDC et dans toute la région.
M. Djinnit a espéré que les décisions prises lors de la réunion de haut niveau du Mécanisme seront suivies par une « action énergique et décisive » de toutes les parties prenantes. La prochaine réunion de haut niveau devrait se tenir en République du Congo.
En conclusion, il a rappelé que son Bureau avait fait l’objet d’un examen stratégique, dont les recommandations figurent dans une lettre du 4 octobre 2016 adressée au Président du Conseil par le Secrétaire général**. « Le Bureau de mon Envoyé spécial devrait disposer de capacités administratives interne fluides, se voir déléguer certains pouvoirs et bénéficier d’une souplesse opérationnelle », écrit le Secrétaire général.
Le Conseil est par ailleurs invité à adopter « par souci de clarté » une résolution d’ensemble reprenant tous les éléments du mandat de l’Envoyé spécial, celui-ci étant défini dans plusieurs déclarations et décisions du Conseil. « Je veux espérer que le Conseil accueillera favorablement les recommandations issues de l’examen stratégique », a conclu M. Djinnit.
Le représentant de l’Uruguay a également pris la parole pour se féliciter de l’engagement des parties à mettre en œuvre l’Accord-cadre. « Pour ma délégation, la priorité est à la neutralisation des groupes armés dans l’est de la RDC », a-t-il dit, en qualifiant les FDLR et les ADF comme étant une menace à la paix et à la stabilité de la région. L’Uruguay, a-t-il assuré, appuie la recommandation du Secrétaire général visant à renforcer le rôle de l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.
* S/2016/840
** S/2016/891