7703e séance – matin
CS/12383

Le Conseil de sécurité fait la synthèse de ses activités en mai 2016 marquée par les situations en Afrique et en Syrie

Le Conseil de sécurité a, ce matin, fait le bilan du travail accompli ce mois-ci, sous la présidence du représentant de l’Égypte, M. Amr Abdellatif Aboulatta.  La période a été chargée en rencontres, notamment lors de la mission en Afrique de l’Est, et avec l’Union africaine à New York.  Le Conseil de sécurité s’est également concentré sur la situation sécuritaire et humanitaire en Syrie.

Le 3 mai, l’adoption unanime de la résolution 2286 (2016) sur la protection des personnels médicaux en situation de conflit a été un « évènement fort », a résumé le représentant de la France en évoquant la multiplication des attaques contre les hôpitaux en Syrie, au Yémen, au Soudan du Sud et en Afghanistan.

« Le Conseil de sécurité a réagi à une réalité douloureuse », a renchéri le représentant de l’Espagne, qui a vu dans l’élaboration de la résolution un modèle de transparence et d’inclusion.  « Personne ne doit tirer sur l’ambulance », a averti le représentant du Sénégal. 

Son homologue de l’Égypte a rappelé que c’est la première fois que cinq membres élus du Conseil élaborent ensemble un projet de résolution.  De plus, 85 États Membres se sont portés coauteurs du texte.  « Voilà un signe du rôle constructif que les membres élus du Conseil de sécurité peuvent jouer », s’est-il félicité.  Ses homologues du Japon et de la Nouvelle-Zélande ont salué la contribution du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de Médecins sans Frontières (MSF).

L’urgence de l’accès humanitaire n’est nulle part plus évidente qu’en Syrie, se sont émus les représentants de l’Ukraine et de la Malaisie.  Celui de la France a indiqué que, si les entraves aux convois humanitaires ne sont pas levées, « des largages aériens devront être effectués ».  

L’escalade militaire et les attaques aveugles contre les infrastructures civiles sont largement dues aux actions menées par le régime d’Assad, qui bloque l’aide humanitaire et assiège des villes comme Alep, a blâmé la représentante des États-Unis.

Passant à d’autres thèmes, le délégué du Sénégal a salué l’importance accordée par la présidence aux questions africaines.  Sur les cinq résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ce mois-ci, quatre concernent le Soudan et le Soudan du Sud, le Libéria et la Somalie.

À propos de la mission conduite par le Conseil de sécurité en Somalie, au Kenya et en Égypte, du 17 au 22 mai, les États ont essentiellement retenu qu’elle avait réussi à convaincre les autorités somaliennes d’adopter le décret relatif au processus électoral.  Cette visite a montré que les missions dans les pays peuvent avoir un résultat concret, s’est réjoui le représentant du Royaume-Uni.

Celui de la Fédération de Russie a toutefois tempéré cet enthousiasme, estimant qu’« il ne faut pas aller trop vite en voulant promouvoir des modèles qui ne seraient pas adéquats » et soulignant qu’il est important de renforcer l’unité du pays et la coopération entre l’armée et le Gouvernement.  Jugeant que « le seul mécanisme efficace pour lutter contre le terrorisme est la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) », dont le mandat a été prorogé jusqu’au 8 juillet, il s’est prononcé en faveur de l’élargissement de l’action de la Mission.

Le représentant de l’Angola a remercié l’Égypte d’avoir insisté sur le rôle de l’AMISOM et rappelé que les réfugiés somaliens au Kenya constituent une lourde charge pour les autorités de ce pays.  Les missions coûtent du temps et de l’argent, a relevé son homologue de la Nouvelle-Zélande, et il faut les utiliser de façon judicieuse.  « Nous ne voyons pas pourquoi tous les 15 membres du Conseil de sécurité doivent se déplacer pour faire connaître leur position », a-t-il ajouté en recommandant plutôt des « mini–missions ».

Les 15 délégations ont salué la tenue d’un débat ouvert sur la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte, aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Selon le représentant de l’Angola, les consultations conjointes entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont été une autre « réalisation de poids » de la présidence égyptienne.  Pour le représentant du Sénégal, il est urgent d’entrevoir le maintien de la paix à l’aune des défis émergents comme Ebola qui sapent l’action du Conseil de sécurité.

Étant donné que la majorité des troupes de l’ONU sont déployées en Afrique, « nous avons tout à gagner d’une coopération accrue » entre les deux organisations, a reconnu la représentante des États-Unis.  Elle a toutefois évoqué « les divergences de vues qui peuvent surgir au sein des Conseils respectifs ».

Il faut « des solutions africaines aux problèmes africains », ont réitéré les représentants de la Fédération de Russie, du Venezuela et de la Chine.  Ces pays ont également insisté sur le rôle des organisations régionales dans la lutte contre le terrorisme et la radicalisation. 

À ce sujet, le représentant de l’Uruguay a fait remarquer que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) était particulièrement dangereuse et qu’elle avait été la cible d’attaques terroristes.  Il a souhaité que soit adoptée rapidement une nouvelle résolution sur son mandat, notamment pour renforcer ses capacités de défense. 

Par ailleurs, le représentant de l’Égypte a rappelé que la mission du Conseil en Afrique de l’Est s’était terminée avec, pour la première fois, une réunion avec la Ligue des États arabes au Caire lors de laquelle a été abordée la question de la reprise de pourparlers directs entre Israël et la Palestine, a-t-il précisé.  Le représentant de la France a espéré que la réunion ministérielle prévue à Paris le 3 juin prochain, avec la participation du Secrétaire général, permettra de « redonner un horizon politique à la solution de deux États ». 

Enfin, les délégations ont été reconnaissantes à l’Égypte d’avoir lancé les débats officieux sur la façon dont le Conseil de sécurité va organiser le processus de désignation du prochain secrétaire général de l’ONU.  Le représentant de la France, qui présidera le Conseil au mois de juin, a annoncé que de nouveaux dialogues informels entre les candidats et les États Membres allaient avoir lieu le 7 juin. 

 

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