Soixante et onzième session,
14e séance – après-midi
CPSD/619

Sécurité des soldats de la paix et tolérance zéro face aux abus sexuels au cœur des préoccupations des interventions en Quatrième Commission

Les délégations à la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) ont poursuivi, aujourd’hui, leur débat sur les questions relatives au maintien de la paix, en mettant l’accent sur la sécurité des soldats de la paix et la tolérance zéro face aux abus sexuels.

De nombreux représentants ont exprimé leur préoccupation face à la situation sécuritaire des personnels des opérations de la paix de l’Organisation.  La plupart étaient directement concernés, en tant que pays contributeurs de contingents, comme le Cambodge, le Paraguay ou Madagascar.  La protection du personnel des missions passe, à leur avis, par des formations de qualité avant déploiement et la fourniture de matériel militaire moderne.

La représentante de Brunéi Darussalam a rappelé que les opérations de maintien de la paix dans des zones classées « fortement ou extrêmement dangereuses » ont augmenté de 24 à 42% entre 2011 et 2014, citant le rapport du Secrétaire général l’an dernier.  À ce titre, la représentante a appelé les Nations Unies à poursuivre leurs efforts en vue d’assurer la sécurité des Casques bleus sur le terrain de la même façon que ces derniers doivent assurer la sécurité des populations.

Une préoccupation partagée par le Guatemala et la Norvège pour lesquels « la sécurité des Casques bleus doit également être considérée comme une priorité », notamment après les récents évènements survenus au Mali et au Soudan du Sud.  

Les actes d’exploitation et d’abus sexuels commis par les membres du personnel de l’ONU, des Casques bleus ou des forces non onusiennes ont été dénoncés avec vigueur cet après-midi.  Ces actes sapent la crédibilité à la fois des missions et de l’Organisation dans son ensemble, a estimé le représentant de la Suisse.  Il est de ce fait impératif pour les États Membres d’éradiquer ces crimes au sein du personnel militaire, de police et civil, en appliquant rigoureusement la politique de tolérance zéro.

Plusieurs délégations ont souligné, par ailleurs, l’importance du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34) comme unique forum intergouvernemental habilité à discuter des questions de politique et de directives, et à les recommander une fois un consensus trouvé.

Le Représentant de la Sri Lanka a souligné les écarts qui existent encore trop souvent entre les mandats et les ressources du maintien de la paix.  Le représentant d’Israël a pour sa part estimé que, dans le contexte extrêmement agité du Moyen-Orient et de l’Afrique centrale, l’ONU avait un rôle important de sécurisation des frontières et de stabilisation des forces en présence dans ces régions.  De son côté, le représentant de l’Afrique du Sud, fervent partisan d’une plus grande coopération entre l’ONU et l’Union africaine, a appelé à une coopération plus élargie pour englober tous les aspects de la paix et de la sécurité, pas seulement ceux consacrés au maintien de la paix.

La Quatrième Commission poursuivra son débat sur cette question mardi 25 octobre, à 10 heures.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Suite du débat général

M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a fait observer que les opérations de maintien de la paix n’ont pas été créées pour gérer des conflits, participer à des opérations militaires ou assumer les tâches résiduelles d’opérations antiterroristes de forces qui ont quitté le terrain.  Aussi, a-t-il dit, il incombe au Secrétariat de mener une analyse du contexte du conflit afin de déterminer si les conditions sont propices au déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU.  Le Conseil de Sécurité et l’Assemblée générale doivent de leur côté établir des mandats réalisables pour ces opérations.  À cet égard, il a estimé que les pays pourvoyeurs de troupes devaient pouvoir participer activement au processus de formulation des décisions liées au fonctionnement des opérations.

Le représentant a, par ailleurs, réaffirmé l’impérieuse nécessité de protéger les civils menacés, en appui au pays d’accueil.  Il a également apporté son soutien à la politique de tolérance zéro en matière d’abus sexuels contre des femmes et des enfants qui ont été déplorés dans certaines missions.  Il a estimé qu’il était nécessaire de compter sur une plus forte présence féminine à la direction des contingents.

M. MOHAMMED HALIMA (Égypte) a estimé crucial un réengagement en matière de renforcement des opérations de maintien de la paix, de rationalisation de leur portée et de clarification de leurs mandats.  Il a ainsi estimé que les opérations de maintien de la paix ne devaient pas servir d’alternative pour répondre aux causes profondes des conflits, mais d’outil dans le cadre d’une stratégie politique globale et cohérente visant à résoudre les conflits.

La conformité de ces opérations aux principes de base, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et la non-utilisation de la force, sauf en cas de légitime défense, est cruciale pour la préservation de la crédibilité des Nations Unies, a-t-il estimé, jugeant « dangereuses et inquiétantes » les récentes tentatives d’altérer le mandat des opérations de maintien de la paix sans la consultation préalable et, parfois même, le consentement des gouvernements.

« Nous avons également remarqué avec inquiétude la propagation de certaines opinions selon lesquelles le Chapitre VII ne nécessite pas le consentement préalable des gouvernements », a-t-il dit.  Cette tendance est dangereuse, car elle ternit la crédibilité de l’ONU, en compromettant la mise en œuvre de ces mandats, et met en péril la vie du personnel civil et militaire de l’Organisation, a-t-il estimé.

M. TAL GAT (Israël) a remercié le Département des opérations de maintien de la paix et les États Membres d’avoir maintenu la présence et les activités de l’ONU à la frontière entre Israël et la Syrie malgré la situation instable en Syrie.  Il a rappelé que les Forces des Nations Unies chargées d’observer le désengagement (FNUOD) étaient un instrument crucial pour prévenir et limiter les frictions le long de la frontière, tout en regrettant les nombreux débordements de ces dernières années en provenance de Syrie sur le territoire israélien.  Nous n’avons aucune intention de nous engager dans un conflit en Syrie, mais nous n’accepterons pas de débordements de la part de ce pays, a-t-il prévenu.  Il a ajouté que son pays accordait une grande importance à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) comme force de stabilisation de la région.  M. Tal Gat a mis en garde contre le calme apparent au Liban-Sud.  « Il est trompeur » a-t-il estimé.  « Ces 10 dernières années, le Hezbollah a accumulé un nombre jamais vu de missiles et de roquettes dans des zones peuplées par des civils, prenant, de ce fait, la population en otage, perpétrant des attaques et menaçant des citoyens israéliens en déclarant vouloir s’attaquer aux usines d’ammoniac à Haifa », a-t-il précisé.  Dans un contexte extrêmement agité au Moyen-Orient et en Afrique centrale, l’ONU a un rôle important de sécurisation des frontières et de stabilisation des forces en présence dans ces régions, a estimé le représentant, avant de saluer la coopération de son pays avec les Nations Unies pour offrir aux opérations de maintien de la paix des moyens technologiques de pointe et une logistique adaptée pour assurer la sécurité des civils.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a estimé qu’il fallait renforcer les capacités stratégiques et opératives des opérations de maintien de la paix de manière à leur donner une plus grande souplesse et capacité d’adaptation.  Pour sa délégation, le maintien de la paix est une responsabilité collective de toute l’Organisation et il est essentiel de travailler sur la base de la prévention et du maintien de la paix.  Cela suppose une participation cohérente et intégrée des principaux organes intergouvernementaux, du Secrétariat, des programmes de l’ONU et de ses institutions spécialisées aux opérations de maintien de la paix sur le terrain.

Abordant l’un des défis au maintien de la paix dans le cadre de l’Organisation, à savoir la polarisation actuelle entre pays contributeurs de troupes et pays contributeurs financiers, le représentant s’est dit favorable au renforcement de leur collaboration, au sein du C34 et de la Cinquième Commission.  Par ailleurs, le délégué s’est prononcé pour le renforcement de la coopération entre les autorités des pays hôtes et la direction des missions.  Une telle coopération serait utile, à son avis, au sein du Conseil de sécurité, dont le manque d’unité sape l’efficacité du maintien de la paix.

Plaidant également en faveur d’un renforcement du dialogue triangulaire entre Conseil de sécurité, Secrétariat et pays contributeurs de troupes, depuis la formulation des mandats jusqu’à leur mise en œuvre, le représentant a exprimé sa préoccupation relative aux cas d’abus sexuels commis par des membres du personnel de missions onusiennes, et a dit espérer que des enquêtes seraient menées systématiquement et rapidement faute de quoi la réputation de l’ONU risque d’en souffrir davantage. 

En conclusion, le représentant a appuyé l’avis du Secrétaire général adjoint au maintien de la paix que les opérations de maintien de la paix ne sont ni conçues, ni équipées pour des opérations de lutte antiterroriste.  Il s’est également dit préoccupé de la situation sécuritaire du personnel des opérations de la paix de l’Organisation.

Pour M. SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka), il est essentiel que le Département des affaires politiques soit continuellement engagé dans les efforts de maintien de la paix de l’ONU, compte tenu des complexités politiques, économiques et sociales des opérations de maintien de la paix.  Les défis à relever par ces missions sont pluridimensionnels, mais aussi en constante mutation, a noté le représentant pour expliquer pourquoi ces opérations devaient être en mesure de s’adapter et disposer de capacités spécialisées.  Il a souligné les écarts qui existent encore trop souvent entre les mandats et les ressources du maintien de la paix.  Ces mandats doivent être clairs et réalisables et, pour cela, il faut que l’ONU soit en constante consultation avec les pays contributeurs de contingents et les pays hôtes pour la définition de ces mandats, a-t-il ajouté.

Les causes profondes des conflits doivent également être prises en compte et des réseaux de renseignements être mis en place pour pouvoir mieux protéger les civils et les non-combattants.  La paix durable passe en outre par le respect de l’état de droit, a poursuivi le représentant pour lequel les OMP et les missions politiques spéciales doivent avoir des dispositions adéquates pour pouvoir travailler avec le pays hôte en vue d’y renforcer l’état de droit, remettre en état les institutions et former le personnel.  En période postconflit, la réforme du secteur de la sécurité est un autre élément essentiel pour le maintien de la paix.   Sa délégation a insisté en outre sur la participation, à tous les niveaux, des femmes aux efforts de maintien de la paix.  La Sri Lanka soutient toute initiative visant à protéger les enfants dans les conflits armés, ainsi que l’application efficace de la politique de tolérance zéro en matière d’abus et d’exploitation sexuels commis par du personnel de mission de la paix.

Rappelant que les pays en développement sont les plus grands contributeurs de troupes au maintien de la paix de l’ONU, le représentant a salué les mesures de formation de ces troupes que le Secrétariat a mises en place.  Il faudrait toutefois aussi que la base des pays contributeurs de contingents soit élargie à d’autres pays.  En conclusion, il a annoncé l’intention de la Sri Lanka d’augmenter sa contribution aux OMP.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a appelé à l’élaboration de nouveaux outils destinés à aider les opérations  de maintien de la paix, à la lumière de la notion de pérennisation de la paix.  La communauté internationale, les États Membres et l’ONU ont de plus en plus d’attentes à l’égard du personnel des opérations de maintien de la paix, mais « nous n’avons pas pu allouer les ressources nécessaires à cette fin », a-t-il regretté.

Pour être couronnées de succès, les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales doivent recevoir des ressources plus prévisibles, a-t-il préconisé, soulignant que la pérennisation de la paix consolide les liens entre médiation et consolidation de la paix dans le cadre des missions politiques spéciales et à la lumière du Programme à l’horizon 2030, qui préconise un réexamen du financement.

En conclusion, il a estimé que l’actuelle Assemblée générale, les Quatrième et Cinquième Commissions et le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34 ou C34) doivent continuer de débattre de toutes les propositions découlant des processus d’examen et de la définition de tout processus.

Mme CAROLINE ZIADÉ (Liban) a souligné le nouveau rôle de la prévention en matière de maintien de la paix et a appelé le Secrétariat et le personnel sur le terrain à se donner les moyens pour détecter les signes précurseurs de crises et d’instabilité pour éviter toute escalade.  Une fois déployées, a-t-elle dit, les opérations de maintien de la paix doivent être correctement équipées pour pouvoir réduire les tensions et engager un processus politique au lieu de gérer un conflit.  « Les opérations de maintien de la paix ne doivent jamais être une fin en soi », a-t-elle indiqué, se prononçant pour doter ces missions de mandats de consolidation de la paix et de reconstruction.  La représentante a également estimé que le C34 est l’unique forum intergouvernemental habilité à discuter des questions de politique et de directives, et à les recommander une fois un consensus trouvé.

Mme Ziadé a également rappelé que le Liban est pays hôte de deux missions, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD).  Elle a indiqué que son pays n’avait pas cessé de renouveler son engagement à respecter la résolution 1701 (2006), réitérant son appel à la communauté internationale pour qu’elle pousse Israël à honorer ses obligations en vertu de cette résolution, à savoir le retrait complet des territoires libanais occupés et la cessation de la violation de la souveraineté libanaise.

En tant que pays hôte de la FNUOD et de la FINUL, a précisé la représentante, le Liban souligne l’importance du dialogue entre les missions et les autorités compétentes du pays hôte, le dialogue stratégique avec les Forces armées libanaises, la prévention d’actions unilatérales à travers le mécanisme tripartite mis en place, et la garantie de la sécurité du personnel des missions.

En tant que pays contributeur de contingents, le représentant du Paraguay, M. MARCELO SCAPPINI, a affirmé que la mise en œuvre efficace des mandats des opérations de maintien de la paix est une priorité pour son gouvernement.  Pour optimiser la contribution de son pays aux opérations de maintien de la paix, le Paraguay a misé sur la formation du personnel qu’il détache au DOMP.  À cet effet, il a créé un centre de formation au maintien de la paix, a-t-il indiqué.

Le représentant a rappelé que son pays participe aux opérations de maintien de la paix depuis 1978, à Chypre; il a également envoyé des contingents en Érythrée, en RDC, et, depuis 2010, en Haïti.  Actuellement mon pays participe à 7 des 17 missions de l’ONU, et cette expérience lui fait dire que les mandats des opérations de maintien de la paix doivent définir des règles claires en matière de protection des populations civiles, a affirmé le représentant.

M. ORGROB AMARACHGUL (Thaïlande) a souligné que les opérations de maintien de la paix doivent être guidées par les principes consacrés par la Charte des Nations Unies et les principes de base du maintien de la paix.  La Thaïlande estime que le respect de ces principes est essentiel au succès des opérations de maintien de la paix, a dit le représentant, ajoutant qu’en tant qu’effort collectif, le maintien de la paix des Nations Unies dépend d’un partenariat étroit entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs.  Il a, par ailleurs, souligné que la sûreté et la sécurité des soldats de la paix représentent une grande priorité pour son pays « Nous sommes très préoccupés par les attaques ciblées contre le personnel, la propriété et les locaux des Nations Unies », a-t-il indiqué.

La Thaïlande, a-t-il ajouté, condamne tous les actes de violence contre le personnel des missions onusiennes et demande que des efforts collectifs soient déployés par les pays contributeurs de troupes et forces de Police des Nations Unies et les pays hôtes pour aborder ce problème.  Il a souligné, à cet égard, l’importance, d’un prédéploiement et d’une formation en mission, de la fourniture de matériels adéquats pour assurer le mandat de la mission et de la comparution en justice des responsables des attaques.

M. RY TUY (Cambodge), a fait siennes les recommandations du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (HIPPO) qui exhorte à faire de la prévention des conflits et de la médiation une priorité pour l’ONU.  Le rapport encourage aussi le renforcement des partenariats avec les organisations régionales, la lutte contre les abus sexuels commis par le personnel onusien sur le terrain, l’amélioration du soutien logistique sur le terrain, une participation accrue des femmes au sein des opérations de maintien de la paix et un meilleur financement des missions.  Le représentant a salué les progrès faits en ce sens depuis l’année dernière.

En tant que pays contributeur de troupes, il a également exprimé sa préoccupation au sujet de la sécurité du personnel de maintien de la paix.  Ce personnel doit être bien formé, équipé de technologies modernes et  disposant de renseignements pertinents, a-t-il estimé.  Il s’agit là d’une priorité pour son pays, qui a une expérience considérable, notamment dans le déminage.  À ce propos, il a précisé que le centre de formation du personnel de maintien de la paix du Cambodge assure la formation du personnel militaire, de police et civil avant son déploiement dans les missions onusiennes.  Il a rappelé que le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions avait salué le comportement des contingents cambodgiens.

Le représentant a par ailleurs souligné l’importance d’une définition claire des mandats des missions,  et de leur dotation suffisante en ressources humaines, financières et logistiques indispensable à leur bon fonctionnement.  Il a demandé au DOMP de mener des évaluations à court terme de toutes les activités de maintien de la paix pour assurer le suivi des recommandations HIPPO et garantir la continuité.  Cela encouragerait, à son avis, les pays contributeurs de contingents à mettre davantage de personnel à la disposition des missions.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a estimé que la consultation est un aspect important et nécessaire dans la mise en œuvre des réformes des opérations de maintien de la paix, notamment pour ce qui est du développement d’une approche robuste de protection des civils.

Les expériences et le savoir-faire sont très importants pour l’efficacité des missions et opérations de  maintien de la paix.  L’Afrique du Sud, a-t-il poursuivi, approuve le concept de primauté de l’engagement politique en tant que composante essentielle de toutes les opérations de maintien de la paix.  La médiation et la prévention des conflits, les changements dans la planification et l’exécution des opérations de maintien de la paix, le maintien de relations étroites avec les organisations régionales sont également des instruments efficaces pour rétablir la paix et la sécurité sur le long terme, a-t-il estimé.  L’Afrique du Sud réaffirme que le maintien et la consolidation de la paix doivent jouer un rôle important pour créer un environnement propice au rétablissement de bases d’une paix durable, de l’état de droit et d’une bonne gouvernance, a dit le représentant.

Créer, maintenir et soutenir la paix, nécessitent une approche intégrée qui englobe les activités de maintien de la paix, première étape, à son avis, pour la mise en place de mission de maintien de la paix.  Il est également vital, a-t-il poursuivi, d’encourager et de souligner la prévention, en identifiant et en traitant les causes à l’origine des conflits pour empêcher que la violence ne se reproduise.  Cela nécessite, selon le représentant, une interaction entre les mécanismes de maintien et de consolidation de la paix, en appui aux programmes de développement et aux processus politiques visant à trouver une solution pacifique aux conflits.

L’Afrique du Sud, en tant que fervent partisan d’une plus grande coopération entre l’ONU et l’Union africaine, souhaite que cette coopération soit élargie pour englober tous les aspects de la paix et de la sécurité et pas uniquement ceux consacrés au maintien de la paix, a-t-il conclu. 

Mme MUNA IDRIS (Brunéi Darussalam) a fait remarquer que les opérations de maintien de la paix dans des zones classées « fortement ou extrêmement dangereuses » avaient augmenté de 24 à 42% entre 2011 et 2014, comme le relevait le rapport du Secrétaire général l’an dernier.  À ce titre, la représentante a appelé les Nations Unies à poursuivre leurs efforts en vue d’assurer la sécurité des Casques bleus sur le terrain de la même façon que ces derniers doivent assurer la sécurité des populations.  Elle a également exprimé sa préoccupation face aux cas d’abus et d’exploitations sexuels commis par les Casques bleus, assurant que son pays soutenait la politique de « tolérance zéro » défendue par le Secrétaire général en la matière.  Les opérations de maintien de la paix ont un coût élevé, a-t-elle reconnu, et la diplomatie préventive demeure la stratégie la moins coûteuse pour résoudre les conflits.  La représentante a rappelé que le Brunéi Darussalam s’était engagé dans plusieurs opérations importantes de maintien de la paix, en envoyant notamment des Casques bleus auprès de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Elle a enfin relevé que son pays avait soumis sa candidature auprès du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34 ou C34).

Mme TIN MARLAR MYINT (Myanmar) a déclaré qu’en dépit d’un environnement de travail changeant et la complexité des opérations de maintien de la paix, les principes de consentement des parties et des gouvernements, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et, la défense du mandat des opérations doivent rester les valeurs fondamentales du mécanisme pour assurer la crédibilité de toutes les missions de paix.  Le mandat des missions devrait être clair et régulièrement revu en fonction des situations sur le terrain pour assurer la protection efficace des civils.  Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix doivent garantir que leurs actions ne vont pas au-delà de leur mandat, a-t-elle dit.

La représentante s’est préoccupée du taux inquiétant des victimes des attaques contre les Casques bleus.  La sûreté et la sécurité des soldats de la paix dans un environnement de plus en plus dangereux sont une des questions prioritaires, a-t-elle estimé. Les missions doivent être soutenues par des mesures de sécurité renforcées, y compris le renforcement des capacités et l’utilisation de la technologie, une communication et une formation améliorées pour assurer la sûreté du personnel de l’ONU, a poursuivi la représentante.  

Même si un pays peut être répertorié dans la liste des pays utilisant prétendument des enfants soldats, il ne devrait pas être exclu pour autant de la liste des pays contributeurs de troupes, pour peu que ce pays ait fait des progrès dans la mise en œuvre de plans d’action pour en finir avec ces pratiques, a poursuivi la représentante. La décision sur l’acceptabilité doit reposer sur l’histoire et le comportement individuel et non sur le pays d’origine ou les institutions, a précisé la représentante, pour qui chaque État Membre souhaitant fournir des troupes aux missions de maintien de la paix doit avoir la même chance pour le faire.

M. MOHAMAD SURIA BIN MOHAMAD SAAD (Malaisie) a rappelé que son pays avait à ce jour participé à 35 missions de maintien de la paix de l’ONU, au sein desquelles plus de 30 000 soldats et policiers malaisiens ont été déployés au total.  À l’heure actuelle, a-t-il précisé, la Malaisie contribue aux troupes déployées dans six missions de paix, y compris au Sahara occidental, en République démocratique du Congo, au Libéria, à Abyei, au Darfour et au Liban.  S’agissant, en particulier de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le délégué a indiqué que son pays avait augmenté de 50% le nombre de femmes déployées sur le terrain, en conformité avec les lignes directrices onusiennes.  Le représentant s’est pas ailleurs engagé à fournir, dans le cadre du Système de préparation des moyens de maintien de la paix, un bataillon d’infanterie, un escadron d’ingénieurs, 380 policiers et des formations dans les Centres malaisiens pour le maintien de la paix.

Par ailleurs, le représentant a évoqué la coopération de son pays avec les États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en matière d’aide humanitaire et de secours en cas de catastrophe.  Dans la mesure où les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes dans la région et où les États font souvent appel à leurs soldats pour y répondre, les armées devraient disposer de mécanismes de réponse adaptés et collectifs, a indiqué le représentant, avant de se prononcer pour la création d’un groupe régional de préparation, composé de soldats issus des pays de l’ASEAN, pour porter assistance aux populations en cas de catastrophe.

Enfin, le représentant a souligné l’importance de disposer d’un module commun de formation des soldats de la paix avant leur déploiement, centré sur le devoir de protection des civils et les problématiques liées à la violence sexuelle et aux droits de l’homme.  Il a également insisté sur l’importance d’améliorer les échanges d’informations au sein des missions comme moyen de renforcer leur efficacité opérationnelle.

Pour Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam), les opérations de maintien de la paix sont aussi importantes de nos jours que jamais.  Elles doivent respecter les principes du maintien de la paix, à savoir le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, la non-ingérence dans les affaires internes, le consentement des parties et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.

Le Viet Nam salue la série d’examens du maintien de la paix qui a eu lieu et attend la mise en œuvre rapide des recommandations faites dans ce contexte, en particulier pour assurer la priorité à la prévention des conflits et à la médiation.  La représentante a souligné le lien qui existe entre maintien et consolidation de la paix et a appelé à une coopération renforcée entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Elle a également plaidé en faveur de consultations inclusives entre Conseil de sécurité, Secrétariat et pays contributeurs de contingents dans tous les processus de prise de décision relatifs aux mandats des missions.  La coopération avec les organisations régionales et sous-régionales est une autre priorité à respecter, à son avis. La représentante a également mis l’accent sur la sécurité du personnel des missions et la nécessité de lui dispenser des formations de qualité avant le déploiement et de l’équiper de technologies modernes.  En conclusion, la représentante a souligné la contribution de son pays au personnel des missions au Soudan du Sud et en République centrafricaine, et a assuré que cette contribution augmentera.

Saluant le consensus actuel sur le besoin de réforme des opérations de maintien de la paix (OMP) et de consolidation de la paix, Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a rappelé l’urgence de passer désormais à une phase concrète au Siege des Nations Unies et sur le terrain.  Elle a salué les efforts consentis pour se conformer aux recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (HIPPO), rappelant l’importance d’une pleine coopération de la part des pays hôtes. La sécurité des Casques bleus doit également être considérée comme une priorité, a-t-elle indiqué, rappelant les récents évènements survenus au Mali et au Soudan du Sud. S’agissant des cas d’abus et d’exploitation sexuels commis par les Casques bleus, la représentante de la Norvège a prôné la transparence de la part des États Membres afin de poursuivre les coupables, citoyens de ces pays, des crimes commis sous la bannière de l’ONU.  « La Norvège a pris note de la demande de financement extraordinaire du Département des opérations de maintien de la paix et du Département de l’appui aux missions dans le cadre de la réforme de l’agenda et est ouverte au dialogue », a conclu la représentante.

M. IBRAHIM MAHAMADOU BAKO (Niger) a souligné que les opérations de maintien de la paix revêtent une importance particulière pour le Niger, en lutte contre le terrorisme et pour la protection de son territoire.

C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, son pays s’est très tôt engagé dans les opérations de maintien de la paix à travers une contribution appréciable aussi bien civile, militaire que policière, précisant que plus de 1 820 hommes et femmes sont engagés dans ces opérations, ce qui en fait le dix-septième contributeur de troupes et de contingents de police.

Le représentant a estimé indispensable que toutes les opérations de maintien de la paix soient en mesure, tant sur le plan des ressources humaines et matérielles que par leur mandat, d’assurer, de garantir et de défendre la sécurité et la vie des populations dans les zones d’opération, quand celles-ci sont menacées.

Il est donc urgent, a-t-il dit, de s’interroger sur la « pertinence des mandats des missions qui sont déployées », invitant à sortir des schémas standards et faire en sorte qu’à chaque situation, chaque contexte, corresponde un mandat approprié susceptible d’assurer le succès de l’opération.

Cette adaptation du mandat des opérations de maintien de la paix, a-t-il conclu, est impérative car autrement l’on se trouverait impuissant face aux actes terroristes et aux exactions dont sont victimes les civils et même les personnels de maintien de la paix.

Pour M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse), il conviendrait d’aborder quatre questions principales dans le prochain rapport du C34: La première concerne la prévention des conflits, qui doit être une priorité dans l’ensemble du système des Nations Unies.  Par conséquent, les organes compétents en matière de bons offices, de consolidation de la paix, de missions politiques spéciales, de maintien de la paix, d’affaires civiles, de coopération en matière de développement et de droits de l’homme doivent être renforcés par le biais d’une approche globale, a-t-il estimé.  L’accent doit être mis sur le respect de l’état de droit, la réforme du secteur sécuritaire, la lutte contre l’impunité, la justice transitionnelle et la médiation.  Pour la Suisse, ces questions souvent interdépendantes sont la clef de la prévention, a-t-il dit. 

S’agissant de la consolidation de la paix, le représentant a recommandé que le prochain rapport du C34 fasse état des synergies entre le maintien et la consolidation de la paix et reconnaisse le mérite de la Commission de consolidation de la paix et de ses configurations nationales. 

Au sujet de la capacité policière des Nations Unies, la Suisse souligne la nécessité de dispenser une formation obligatoire de qualité aux équipes policières avant déploiement.  Pour une bonne acceptation par les populations locales, cette formation doit prévoir un volet consacré aux comportements à adopter en fonction de spécificités culturelles.  La Division de la Police des Nations Unies doit être habilitée à soutenir les États Membres et à les aider à former et à certifier leurs contingents de police. 

La quatrième question soulevée par le représentant de la Suisse est celle de l’exploitation sexuelle et des abus commis par le personnel onusien sur le terrain.  Ces actes sapent la crédibilité à la fois des missions et de l’Organisation dans son ensemble, a-t-il averti.  Il est de ce fait impératif, à son avis, d’éradiquer ces crimes au sein du personnel militaire, de police et civil en appliquant la politique de tolérance zéro.  Le représentant a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan actuel en appliquant les recommandations des examens sur les opérations de paix.

M. AKM AKHTARUZZAMAN (Bangladesh) a rappelé que dans un contexte en pleine évolution, les opérations de maintien de la paix nécessitaient une mise à jour constante des capacités opérationnelles et de déploiement.  Il a souligné la nécessité d’améliorer le déploiement rapide de forces lors des missions sur le terrain.

À ce titre, il a assuré que son pays créerait un bataillon d’infanterie et une unité de police répondant au niveau d’engagement Déploiement rapide (RDL) d’ici à 2017, et qu’il aurait la capacité de déployer ce dispositif d’urgence, complété par des hôpitaux de niveau II et des unités aériennes en 60 jours.  Notant que la mission principale des Casques bleus était d’assurer la protection des civils, le Bangladesh a incorporé un cycle complet « Protection des civils » dans son programme d’études destiné aux soldats de la paix, a précisé le représentant.

Il a rappelé que son pays était un des contributeurs principaux de contingents de troupes spéciales et de police lors des opérations de maintien de la paix (OMP) et que, à ce titre, il reconnaissait l’importance de les doter d’outils technologiques de pointe, selon les recommandations des Nations Unies.

M. Akhtaruzzaman a également soutenu le point de vue de l’ONU qui souhaite favoriser l’accès des femmes aux contingents de soldats de la paix.  Concernant les cas de violence et d’exploitations sexuelles, le représentant du Bangladesh a assuré que son pays avait pris des mesures punitives à l’encontre des individus coupables de tels actes.

Mme LILA NADIA ANDRIANANTOANDRO (Madagascar) a rappelé la participation de son pays aux opérations de maintien de la paix au Mali (MINUSMA), en République centrafricaine (MINUSCA), en Côte d’Ivoire (ONUCI), au Darfour (MINUAD) et en Haïti (MINUSTAH).  Sa délégation soutient les priorités fixées par le Secrétaire général en matière de prévention, de renforcement des partenariats et d’élaboration de nouvelles méthodes de conduite des opérations de maintien de la paix devant la complexité des conflits, a-t-elle affirmé.

S’agissant de la prévention, elle a souligné l’importance de la diplomatie préventive, des dialogues constructifs et de la médiation.  Madagascar s’associe aux recommandations du Groupe HIPPO en plaçant les solutions politiques au centre des décisions concernant tout déploiement d’une opération de paix, dans la mesure où « les opérations de maintien de la paix ne sauraient se substituer à des solutions politiques et ne constituent pas une fin en soi ».  Ces opérations doivent avoir des stratégies de sortie telles que la consolidation de la paix, la reconstruction après conflit et l’appropriation nationale du processus de paix, a souligné la représentante. 

Sa délégation souhaite que la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents soit améliorée.  Il en va de même pour la coopération avec les organisations régionales.  À ce titre, elle s’est félicitée du partenariat stratégique ONU-Union africaine, étant donné que 60% des opérations de paix se déroulent en Afrique.  Elle a également mis l’accent sur la protection du personnel des missions, après avoir condamné tout acte de violence à son encontre.  La représentante a également déploré les actes d’exploitation et d’abus sexuels commis par les membres du personnel de l’ONU, des Casques bleus ou des forces non onusiennes qui « entachent le travail exceptionnel et le dévouement de milliers de soldats de la paix onusiens ».

Droits de réponse

Le représentant de la Syrie a répondu à l’intervention du représentant israélien en lui rappelant que le Golan syrien occupé est un territoire syrien occupé par Israël que la Syrie a la ferme intention de récupérer un jour.  Dans ce territoire vivent des citoyens syriens qui ont toujours la nationalité syrienne a-t-il précisé.  « Avons-nous besoin d’autres preuves de l’implication d’Israël dans la zone de démarcation, puisque des terroristes du Front el-Nosra sont hospitalisés en Israël? », a-t-il affirmé.  Ce groupe opère dans la zone de démarcation sous la protection de la Puissance occupante et dont ont été expulsées les forces de la FNUOD, a-t-il ajouté.

« Tant que le Hezbollah fera partie de votre gouvernement, je ne comprends pas bien votre intervention », a réagi le représentant d’Israël suite aux déclarations de son homologue libanais.  Il a rappelé que le Hezbollah avait accumulé 100 000 roquettes et missiles dans les villages libanais et qu’il les utilisait comme boucliers humains.  Le rapport du Secrétaire général a d’ailleurs très clairement montré que le Liban ne respectait pas ses obligations au titre de la résolution 1559 et 1551, a-t-il conclu.

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