Le Haut-Commissaire pour les réfugiés met en garde contre les conséquences de l’incapacité collective à prévenir et à résoudre les conflits
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, a mis en garde, cet après-midi, lors de sa première intervention devant la Troisième Commission, contre l’absence de volonté des États à coopérer en vue d’une gestion coordonnée et humaine de la plus grande crise des réfugiés et des migrants.
Venu présenter à la Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, son premier rapport annuel depuis qu’il a succédé à M. Antonio Guterres, M. Grandi a déclaré qu’entre le 1er juillet 2015 et le 30 juin 2016, le nombre de personnes déplacées par les conflits et les persécutions avait continué de monter en flèche, atteignant plus de 65 millions, dont 12,4 millions de personnes nouvellement déplacées.
« Cela faisait des dizaines d’années que nous n’avions pas assisté à un mouvement aussi massif de personnes suite au conflit, à la violence et à la persécution », a-t-il constaté, avant de déclarer que mettre fin aux souffrances de ces personnes représentait « l’un des véritables défis de notre temps ».
M. Grandi, qui a eu un débat nourri avec les États Membres, notamment sur le suivi de la Déclaration de New York, adoptée lors de la Réunion de haut niveau pour gérer les mouvements massifs des réfugiés et des migrants, en septembre dernier, a ajouté que les futures générations jugeraient « avec sévérité notre incapacité collective à prévenir et résoudre les conflits, et à protéger les personnes des conséquences de la guerre ».
En effet, a-t-il expliqué, chaque jour, l’éthique et les frontières juridiques énoncées dans le droit international humanitaire « sont délibérément bafouées, avec une impunité croissante ».
Le Haut-Commissaire a également constaté que le Conseil de sécurité et les organisations régionales semblaient « avoir perdu la volonté de s’unir pour résoudre les conflits ».
Il a en outre critiqué le fait que les États ayant le pouvoir d’arrêter les hostilités, plus particulièrement en Syrie, aient été incapables de conclure un accord.
M. Grandi s’en est aussi pris aux pays européens, où l’arrivée massive de réfugiés et de migrants dans les pays du nord a suscité la peur chez certains, et donné lieu à l’érosion des normes fondamentales de protection, dont il a fait la principale priorité de son mandat.
Selon le Haut-Commissaire, la réponse basée sur la coopération et la responsabilité partagée a été particulièrement mise à mal par l’incapacité des États européens à gérer la crise survenue l’année dernière, restés sourds aux appels du Haut-Commissariat.
Alertant sur l’urgence de trouver des solutions aux conflits dans différentes régions, il a indiqué que, depuis la Réunion de haut niveau, plus de 111 000 personnes avaient fui le Soudan du Sud pour se réfugier dans cinq pays voisins, portant ainsi le nombre total des réfugiés à 1,13 million.
Dans la même période, le nombre de réfugiés et migrants morts en Méditerranée a atteint un chiffre record, soit environ 4 000 cette année, supérieur au total pour toute l’année précédente.
Dans la région de Mossoul, en Iraq, les hostilités ont déplacé plus de 20 000 individus, les agences humanitaires anticipant que des centaines de milliers d’autres risquent de se voir forcés à se déplacer, ou auront besoin d’une assistance d’urgence, en plus des 3,3 millions déjà déplacés en Iraq.
Quant à la population civile d’Alep, elle est piégée, a dénoncé le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, qui a mis l’accent sur la fermeture des frontières, ou l’impossibilité de les traverser.
Le conflit syrien continue d’être la cause de la plus grande crise humanitaire mondiale, avec 6,5 millions de déplacés internes et 4,8 millions de réfugiés.
À eux deux, l’Iraq et la Syrie comptent le quart des déplacés dans le monde, a fait encore remarquer M. Grandi, qui a également tenu à lever une idée fausse sur les principales destinations des réfugiés, précisant que 86% des réfugiés dans le monde, soit huit sur dix, étaient abrités par des nations en développement.
M. Grandi a en outre souligné dans son rapport que les situations d’urgence récentes au Burundi, au Nigéria, en République centrafricaine et au Soudan du Sud s’étaient aggravées, tandis que le conflit au Yémen avait eu des répercussions dans plusieurs pays de la région.
La Troisième Commission poursuivra son débat général sur les réfugiés demain à 10 heures.
ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE (A/C.3/71/3)
DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION (A/71/318 ET A/71/326)
Suite du débat général
M. AL-HUSSAINI (Iraq) a soutenu le peuple palestinien, saluant sa résilience en vue de la création d’un État indépendant, qui soit en pleine possession de ses ressources naturelles. Le représentant a dénoncé toutes les violations graves des droits des Palestiniens, notamment l’établissement de colonies de peuplement, la politique de discrimination systématique, le blocus collectif et les destructions de logements et de biens.
Le peuple palestinien manque des plus simples fondements d’une vie libre et digne. Le monde est témoin, chaque jour, des souffrances innommables de toutes les composantes de la société palestinienne du fait de l’occupation israélienne, a-t-il souligné.
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) s’est indignée de ce que les forces occupantes utilisaient les mêmes discours pour justifier leur oppression. La déléguée a souligné que, malgré cette situation, les populations étaient déterminées à choisir leur destin, précisant que la force n’était pas synonyme de raison. Le droit à l’autodétermination est fondamental et ne doit pas être nié, a dit la représentante du Pakistan.
S’agissant de la situation au Jammu-et-Cachemire, Mme Lodhi a souligné que son futur statut devrait être décidé grâce à un processus démocratique, mais que les peuples du Cachemire ont attendu presque 70 ans pour mettre en œuvre les résolutions de l’ONU.
À cet égard, elle a affirmé que les jeunes générations exigeaient d’être libres de l’occupation imposée par l’Inde et bravaient le couvre-feu pour réaffirmer leur droit à l’autodétermination légitime en vertu du droit international. Elle a donc lancé un appel à la communauté internationale à leur venir en aide, car, a-t-elle dit, « la paix en Asie du Sud ne peut être réalisée sans le règlement de ce litige ».
M. ALEXANDER TEMITOPE ADEYEMI AJAYI (Nigéria) a souligné que l’élimination du racisme et de la xénophobie s’inscrivait dans la politique étrangère de son pays. Sur le plan interne, aucune minorité ethnique ne fait l’objet de discrimination dans la quête du développement socioéconomique. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les forces de sécurité ont une tolérance zéro pour les slogans haineux ou les manifestations chauvinistes ou à caractère antiracial, a ajouté le représentant.
Cependant, la ségrégation demeure un défi de taille pour la communauté internationale, qui doit entamer des actions collectives et mettre en place des mécanismes de lutte contre toutes les manifestations de racisme et d’intolérance fondées sur l’appartenance ethnique et religieuse, a-t-il dit.
Les attaques raciales et autres activités hostiles alimentent la haine contre les migrants et réfugiés, a encore fait remarquer le représentant, avant de souligner la corrélation intrinsèque entre le plan d’action de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine et les objectifs de développement durable.
M. MAYANK JOSHI (Inde) a dit que le racisme, la xénophobie et l’intolérance lui rappelaient les crimes commis pendant la période coloniale et impériale. D’après lui, la lutte contre le racisme doit être menée au sein des sociétés de chaque nation à travers l’éducation, les politiques et les lois. Les technologies modernes de communication et l’expansion des médias sociaux accroissent les défis de la discrimination, tandis que l’inégalité économique nourrit l’intolérance.
L’engagement historique de l’Inde et du Mahatma Gandhi pour l’élimination de la discrimination raciale est bien connu, a souligné le représentant.
Par ailleurs, le droit à l’autodétermination s’applique aux territoires non autonomes et aux territoires sous tutelle, a-t-il tenu à rappeler. « Ce concept ne peut pas servir à promouvoir la subversion et à éroder la cohésion politique ou l’intégrité territoriale et la souveraineté des États Membres contrairement à la Charte des Nations Unies ».
Mme SAMAR SUKKAR (Jordanie) a déclaré que le droit à l’autodétermination était un principe internationalement reconnu, soulignant que les peuples ne devaient pas en être privés. S’arrêtant sur la question de l’occupation de la Palestine par Israël, elle a affirmé que c’était une plaie ouverte qui aggravait la crise israélo-palestinienne. En conséquence, elle a appelé les autorités israéliennes à mettre fin à l’occupation pour éviter un statu quo auquel il serait difficile de remédier.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) s’est déclaré profondément préoccupé par la montée des discours xénophobes à l’endroit des migrants et des réfugiés tant par certains médias que par des dirigeants politiques. La Déclaration et le Programme d’action de Durban sont les feuilles de route pour lutter contre ce type de phénomène et contre l’approche sécuritaire à l’égard des réfugiés et migrants.
Il a invité les pays concernés à une réflexion approfondie sur ces problèmes qui font le lit du terrorisme. Aujourd’hui, le monde est témoin de l’extrémisme violent et de tout type de manifestations de racisme et de discrimination, a-t-il dit.
Il a reproché aux États-Unis leur « silence assourdissant » face aux campagnes de calomnies du régime israélien et de ses violations multiples des droits de l’homme à l’encontre des Palestiniens.
Mme DARYNA HORBACHOVA (Ukraine) a affirmé que la Fédération de Russie avait poursuivi des actes d’agression contre les Tatars de Crimée et les citoyens s’exprimant en ukrainien. La déléguée a assuré que ces faits avaient été relevés par l’ONU, l’Union européenne, ainsi que des organisations non gouvernementales.
Elle a fait également part de ses préoccupations face à la hausse de la violence contre les minorités ethniques perpétrée en Russie par des organisations d’extrême droite, précisant que 43 morts avaient été enregistrés suite à des agressions racistes. En conséquence, elle a lancé un appel à la Fédération de Russie à mettre un terme à ses opérations d’incitation à la haine.
Mme LILIT GRIGORYAN (Arménie) a indiqué que les rapports du Secrétaire général et les résolutions de l’ONU étaient des outils utiles de promotion et de protection du droit à l’autodétermination, principe fondamental de la Charte des Nations Unies.
D’autre part, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels contiennent toutes les dispositions nécessaires au plein respect de ce droit, que les États doivent appliquer à la lettre.
Toutefois, certains États occupent illégalement certains pays ou zones, comme c’est le cas du Haut-Karabakh. Il est impossible d’instaurer une paix durable sans la jouissance du droit à une sécurité indivisible et complète.
Mme LAHYA ITEDHIMBWA SHIKONGO (Namibie) a constaté l’expansion des colonies et des destructions de maisons en Palestine, décriant la politique du bouclage, laquelle a été reconnue comme une punition collective. Elle a lancé un appel à Israël à mettre fin à la construction d’un mur, en vertu des avis de la Cour internationale de Justice (CIJ).
Les programmes d’implantation renforcent les restrictions de mouvement et l’accès aux services de base dont la santé et l’eau potable, a indiqué la déléguée. Elle a souligné que la Palestine ne parviendrait à réaliser son potentiel économique, qu’à condition que l’occupation s’arrête.
À cet égard, elle a exhorté le Conseil de sécurité à réaliser ses obligations en faisant appliquer les résolutions en la matière. Par ailleurs, elle a demandé au Maroc de respecter les résolutions de l’ONU, notamment la 1541 (2004) en vue d’achever le processus de décolonisation au Sahara occidental.
Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) a rejeté toute tentative associant quelque religion que ce soit à la violence et au racisme. Les médias peuvent jouer un rôle positif dans la lutte contre la propagation d’idées extrémistes, a estimé la déléguée. Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale s’est notamment intéressé aux mesures de protection des déplacés internes.
Elle s’est dite préoccupée par le discours étatique haineux au plus haut niveau en Arménie. La représentante a aussi déploré l’érection d’un mémorial pour un personnage qui s’est distingué pour ses idées fascistes.
Elle a en outre mis en garde contre les interprétations erronées du principe de droit à l’autodétermination. La loi prévaut sur la force dans les conflits armés et il importe de respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté des États, a-t-elle dit.
Mme MARIE GNAMA BASSENE (Sénégal) a cité le premier Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, pour qui « le monde appartient au métissage. Toutes les civilisations sont complémentaires et concourent à la civilisation de l’Universel », précisant que de cette définition découlait la reconnaissance de toutes les spécificités dans une fraternité indispensable, un métissage biologique et culturel, un dialogue interreligieux, l’enracinement dans ses propres valeurs et l’ouverture aux autres.
Elle a jugé impératif de lutter avec fermeté et détermination, à tous les échelons, afin d’assurer la paix et la stabilité dans le monde. Pour la représentante, il est nécessaire en conséquence que les gouvernements mettent en place des politiques et des mesures visant à la promotion d’un dialogue ouvert et interreligieux, le respect des diversités culturelle, ethnique, religieuse et linguistique, et surtout la tolérance.
Dans cet esprit, elle a notamment invité les États Membres à la ratification de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.
S’agissant de l’autodétermination, elle a indiqué que le Sénégal, qui assure la présidence du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, souhaiterait, une fois de plus, attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation des territoires palestiniens occupés depuis bientôt un demi-siècle.
La représentante a déclaré qu’il était du devoir collectif des États Membres de mettre fin aux violations multiples des droits, y compris fondamentaux, de ce peuple, qui ont pour noms: emprisonnements, détentions arbitraires, châtiments collectifs, mur de séparation, blocus de Gaza, destruction de maisons et d’infrastructures civiles, établissement et expansion de colonies juives de peuplement, discrimination envers les Palestiniens sur leurs propres terres.
Elle a réclamé pour le peuple palestinien « le droit de vivre dans la liberté et la dignité, et de créer un État souverain, indépendant, démocratique, viable et sans discontinuités territoriales ».
Elle a enfin souligné qu’il était de la responsabilité de l’ONU de trouver une solution pacifique à ce conflit, afin de répondre aux aspirations sécuritaires d’Israël et à celles, légitimes, des Palestiniens à un État souverain, sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.
Mme INGRID SABJA (Bolivie) a cité plusieurs articles constitutionnels interdisant toute discrimination raciale, avant d’indiquer que, sous les mandats du Président Evo Morales, on a vu surgir différentes formes de racisme ayant abouti à des violences à l’encontre des peuples autochtones paysans et des communautés interculturelles provoquées par des groupes opposés à la gestion du Gouvernement qui n’acceptent pas les transformations économiques, politiques et sociales entreprises en faveur de la majorité.
La Bolivie a en effet révisé sa législation pour inclure davantage de dispositions visant à la prévention de la discrimination et a proclamé le 24 mai journée nationale contre toutes les formes de discrimination et de racisme, suite aux attaques commises contre les paysans de Sucre le 24 mai 2008.
M. MAMADOU TANGARA (Gambie) a appelé les États impliqués notamment dans le phénomène historique de l’esclavage à prendre leur responsabilité et à assumer leur rôle. Il s’est donc félicité des mesures prises par l’ONU pour mettre fin au colonialisme et se souvenir des victimes de l’esclavage, insistant sur la nécessité d’approfondir le débat sur cette question.
M. Tangara a axé son intervention sur les effets préjudiciables du colonialisme sur les Africains et les peuples d’ascendance africaine, estimant qu’ils étaient à la base de tensions persistantes. Selon le représentant, il est impératif d’abandonner la rhétorique haineuse et de se lancer sur une voie permettant d’adopter des résolutions.
Ainsi, il a appelé les États Membres à appuyer la résolution de l’Assemblée générale portant sur l’esclavage, la traite des esclaves, la réparation et la restitution, soulignant qu’elle n’était pas un réquisitoire mais un partenariat pour corriger les erreurs du passé.
M. IDRISS BOUASSILA (Algérie) a noté avec déplaisir que des partis politiques dans certains pays n’hésitaient pas à avilir les migrants pour gagner les élections. Associer l’Islam au terrorisme et à la violence est une autre forme de racisme et d’intolérance, a-t-il ajouté. La Constitution algérienne garantit un traitement égal aux citoyens et aux étrangers et la liberté de religion et de croyance. L’Algérie fait en outre partie des pays qui reconnaissent la compétence du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale en ce qui concerne les communications individuelles.
S’agissant du droit à l’autodétermination, M. Bouassila a déploré les tentatives visant à restreindre son interprétation. Il a encouragé le Conseil des droits de l’homme à continuer de prêter une attention particulière aux violations du droit à l’autodétermination résultant d’une intervention militaire étrangère, d’une agression ou d’une occupation.
Mme INGRID CONSUELO SÁNCHEZ DE GONZÁLEZ (Venezuela) a déploré la montée des discours xénophobe et raciste dans la sphère publique et politique de divers pays développés. De même, elle a jugé alarmants la persécution et le traitement discriminatoire des migrants dans les pays du nord. Le Venezuela, a-t-elle assuré, respecte les principes établis dans la Déclaration et le Programme d’action de Durban et les mécanismes créés au sein du système des Nations Unies. C’est un pays multiethnique, multiracial et multiculturel, qui dispose de lois pour lutter contre le fléau de la discrimination.
En 2016, a précisé la représentante, le Gouvernement vénézuélien a lancé des campagnes de sensibilisation en faveur de groupes vulnérables comme les personnes d’ascendance africaine et les peuples autochtones. Il a planifié une grande enquête nationale sur le thème de la discrimination raciale dont les résultats serviront à élaborer un plan national d’élimination et de prévention.
Mme NADYA RIFAAT RASHEED (État de Palestine) a fait remarquer que le peuple palestinien vivant dans les Territoires occupés continuait de souffrir du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance. Depuis un demi-siècle, a-t-elle résumé, la Puissance occupante a « institutionnalisé » le racisme et la discrimination raciale, sous la forme d’une occupation militaire étrangère prolongée « avec des éléments de colonialisme et d’apartheid ». Les Palestiniens sont traités par Israël « au mieux comme des citoyens de seconde ou de troisième classe ». Ils ont été opprimés, privés de leurs droits et ségrégués dans des zones défavorisées.
Mme Rasheed a ajouté que les citoyens palestiniens d’Israël, qui représentent un cinquième de la population israélienne, continuaient d’être ciblés par une cinquantaine de lois racistes dans toutes les sphères de la vie sociale, y compris leurs droits à la participation politique, à l’accès à la terre, à l’éducation, aux ressources budgétaires publiques et aux procédures pénales.
Par ailleurs, le droit à l’autodétermination du peuple palestinien continue d’être bafoué par les politiques illégales d’Israël, la Puissance occupante, a déclaré Mme Rasheed. Les violations des droits de l’homme qui résultent des colonies de peuplement israéliennes se sont intensifiées l’année dernière, confirmant qu’Israël est « plus intéressé par son agenda expansionniste que par une paix juste et durable ». Un régime discriminatoire isole la population palestinienne autochtone et privilégie les colons israéliens, de façon à altérer la composition démographique des territoires occupés, notamment à Jérusalem-Est, et à faciliter le pillage des ressources naturelles.
Évoquant les nombreux actes de violence des colons contre les Palestiniens, notamment les enfants et les fermiers, Mme Rasheed a dénoncé le fait que, d’après l’organisation israélienne des droits de l’homme Yesh Din, une plainte déposée par un Palestinien en Cisjordanie n’avait que 1,9% de chance d’être examinée. De plus, a-t-elle poursuivi, le droit à l’autodétermination des Palestiniens de Gaza est violé par le blocus.
Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) s’est dite très préoccupée par la montée du racisme, de la xénophobie et de l’hostilité contre les migrants. D’après elle, les droits de l’homme fondamentaux des migrants devraient être respectés par tous les États. Elle a souligné que l’éducation et les médias jouaient un rôle clef pour modifier les comportements et promouvoir la tolérance de la diversité dans les sociétés et l’amitié entre les nations.
Les vestiges du colonialisme et de l’esclavage expliquent le racisme dans de nombreuses parties du monde, a poursuivi la représentante. Favorable aux réparations dans ce contexte, elle a salué la proclamation par l’Assemblée générale de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024).
Enfin, en tant que pays qui s’est vu dénié son droit à l’autodétermination, l’Érythrée appuie sans équivoque ce droit des peuples inscrit dans la Charte des Nations Unies.
M. RABBI (Maroc) a déclaré que l’autodétermination ne saurait être mise en application de manière contraire aux principes de la Charte des Nations Unies, en particulier ceux de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale. Ainsi, le délégué a déploré la prétention de certains États à défendre un cas, alors qu’ils le déniaient à leurs peuples.
Selon le représentant, la résolution 1514 (2004) du Conseil de sécurité n’était pas la seule référence dans le domaine de l’autodétermination, précisant que les tentatives d’imposer cette interprétation bafouaient le droit international. Il a regretté qu’en dépit des développements positifs, tant au niveau juridique que celui de la pratique, qu’a connu l’autodétermination, ce principe continuait à faire l’objet d’interprétations tendancieuses en violation de la lettre et de l’esprit des instruments internationaux consacrant ce droit.
Il a souligné que la préservation de ce principe contre toute instrumentalisation politique passait impérativement par l’acceptation des différentes formes d’autodétermination reconnues dans les instruments internationaux, en particulier celui de l’autonomie.
Droits de réponse
La Fédération de Russie, en réaction aux déclarations de différentes délégations, a d’abord appelé la Géorgie à reconnaître la réalité politique, à savoir que l’Ossétie du Sud et la Transnistrie étaient des États indépendants. Quant à la Crimée, elle a été rattachée à la Russie conformément au droit à l’autodétermination et aux dispositions de plusieurs pactes et à la Charte des Nations Unies, a-t-elle répondu à l’Ukraine.
C’est la législation de la Fédération de Russie, notamment en matière des droits de l’homme, qui est donc en vigueur en Crimée. L’organe compétent de la Russie réagit ainsi à toutes les communications faisant état de violations des droits de l’homme et décide, le cas échéant, de mener une enquête.
L’Arménie a dit pardonner à l’Azerbaïdjan de vouloir réécrire l’Histoire mais pas ses multiples crimes et délits commis, tant à l’encontre de civils que de militaires. Les forces armées de l’Azerbaïdjan ont commis des violations flagrantes des Conventions de Genève, en particulier par la décapitation et la mutilation des membres de militaires.
La représentante a rappelé que l’Azerbaïdjan avait pourtant reconnu le droit à l’autodétermination s’agissant de la population du Haut-Karabakh, ce qui est bien paradoxal. Pour démontrer son attachement à un règlement pacifique de ce conflit, l’Azerbaïdjan doit respecter, sans conditions, les accords de Vienne et de Saint-Pétersbourg.
Le Pakistan s’est dit obligé de répondre aux informations erronées fournies par l’Inde, qui occupe de fait le Jammu-et-Cachemire. Il ne s’agit nullement d’une question interne à l’Inde et les aspirations légitimes du peuple du Cachemire ne sauraient être confondues avec les activités terroristes.
En réponse à la Fédération de Russie, l’Ukraine a déclaré que ce pays ne cessait de se répéter car il est à court d’arguments tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Le délégué a renvoyé à l’agression russe en Géorgie, à la situation en Transnistrie et à l’occupation « temporaire » de régions de l’Ukraine, occupation qui ne durera pas longtemps, a-t-il promis.
La Géorgie a regretté que les commentaires de la Fédération de Russie n’eussent d’autre motif que celui d’induire la communauté internationale en erreur. Elle a attiré l’attention sur la décision de janvier 2016 rendue par la Chambre criminelle de la Cour pénale internationale (CPI) soulignant que les meurtres et mutilations délibérés de civils, entre autres, avaient été commis afin d’expulser les Géorgiens de souche des territoires d’Ossétie du Sud.
Lors du conflit d’août 2008, les crimes commis ont conduit à une baisse significative de la population géorgienne de souche. Elle a appelé à l’accès des mécanismes des droits de l’homme dans ces territoires.
L’Azerbaïdjan a balayé les déclarations tout à fait biaisées de l’Arménie qui cherche à maintenir le statu quo. Les revendications arméniennes ne sont pas conformes au droit international, car l’Arménie a lancé une véritable guerre, occupé le Haut-Karabakh et employé la force contre la population civile.
Les dispositions des résolutions onusiennes et les propositions du Groupe de Minsk n’ont nullement été respectées par l’Arménie. Il est regrettable, mais prévisible que cet État hostile et occupant distille un discours haineux dont les exemples sont multiples, a déclaré la représentante.
Israël a indiqué qu’il était favorable à la solution des deux États vivant en paix côte à côte. Cela exige des efforts des deux côtés, mais il faut que l’Autorité palestinienne cesse de mettre en danger la vie des civils israéliens, a déclaré la représentante, rappelant que les Palestiniens utilisaient leur permis d’entrée en Israël pour s’attaquer à des civils.
Après avoir fourni des exemples de faits où des civils israéliens ont été tués ou blessés, la délégation a noté que les Palestiniens citaient souvent les organisations non gouvernementales israéliennes qui s’exprimaient contre les violations des droits de l’homme par Israël mais elle a mis au défi son homologue palestinienne d’en faire de même pour les organisations non gouvernementales palestiniennes.
Le représentant de l’Algérie a déclaré que, si le Maroc considérait la question du Sahara occidental comme une affaire intérieure, il était donc temps que le Royaume permette au peuple sahraoui de jouir de son droit à l’autodétermination.
La représentante de l’Azerbaïdjan a demandé à l’Arménie de fournir les raisons de sa présence sur son territoire, soulignant que cette occupation avait été condamnée par le Conseil de sécurité. Elle a insisté auprès de l’Arménie afin de dire toute la vérité sur cette situation « au lieu de raconter des mensonges ».
Le Maroc a dit que la réponse de l’Algérie était paradoxale et schizophrénique, et que ce pays s’arrogeait le droit de s’ingérer dans les affaires intérieures de son pays, alors qu’il interdisait les autres d’en faire de même. Insistant sur le fait que le Sahara était marocain et le resterait, il a estimé que l’Algérie ne pouvait pas imposer à son pays des restrictions. Selon le délégué du Maroc, l’Algérie ne fait que reconnaître qu’il est le principal instigateur de ce différend sur le Sahara.
Pour sa part, le délégué de l’Algérie a dit qu’il semblait percevoir dans le discours du représentant du Maroc une mauvaise compréhension des normes de droit international. À cet égard, il a rappelé que le Sahara occidental faisait partie des territoires non autonomes de l’ONU, et qu’une mission de l’Organisation avait conclu que le peuple sahraoui pouvait exercer son droit à l’autodétermination. En outre, il a assuré que l’Algérie ne s’ingérait pas dans les affaires des autres États et n’accepterait pas le contraire.
À son tour, le Maroc a dit que le représentant algérien semblait oublier que le Sahara avait été inscrit à l’ordre du jour de la Quatrième Commission par son pays parce qu’il était partie intégrante du Royaume.
Dialogue avec le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés
M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui intervenait pour la première fois devant la Troisième Commission depuis sa nomination en décembre 2015, a présenté le rapport du Haut-Commissariat (A/71/12) pour la période allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016, pendant laquelle le nombre de personnes déplacées par les conflits et les persécutions a continué de monter en flèche.
Il a rappelé qu’il y a juste six semaines, le 19 septembre, il était intervenu devant l’Assemblée générale à l’occasion de la Réunion de haut niveau sur les mouvements massifs des réfugiés et des migrants.
Avec le Sommet sur les réfugiés, parallèlement organisé par le Président des États-Unis, M. Barack Obama, cette réunion de haut niveau a attiré l’attention sur les souffrances des personnes déracinées de leurs maisons par les conflits, la violence et la persécution. Mettre fin à ces souffrances représente l’un des véritables défis de notre temps, a affirmé M. Grandi.
En guise d’illustration de cette urgence, le Haut-Commissaire a signalé que depuis le Sommet du 19 septembre, plus de 111 000 personnes avaient fui le Soudan du Sud pour se réfugier dans cinq pays voisins, portant ainsi le nombre total des réfugiés à 1,13 million.
Dans la même période, le nombre de réfugiés et migrants morts en mer Méditerranée a atteint un chiffre record, soit environ 4 000 cette année, supérieur au total pour toute l’année 2015.
Au Moyen-Orient, les activités armées dans la région de Mossoul, en Iraq, ont d’ores et déjà déplacé plus de 20 000 individus, et les agences humanitaires anticipent le fait que des centaines de milliers d’autres risquent de se voir forcés à se déplacer ou auront besoin d’une assistance d’urgence, en plus des 3,3 millions de déplacés en Iraq.
M. Grandi a ajouté que la liste était longue, soulignant les causes multiples des déplacements, comme au Yémen, dans le triangle septentrional de l’Amérique centrale ou dans la région des Grands Lacs, en Afrique.
« Cela faisait des dizaines d’années que nous n’avions pas assisté à un mouvement aussi massif de personnes suite au conflit, à la violence et à la persécution, avec plus de 65 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ou au-delà des frontières comme réfugiés, et le nombre ne fait que s’accroître », a-t-il commenté.
Après avoir mis l’accent sur la difficulté actuelle à instaurer ou consolider la paix, le Haut-Commissaire, qui a succédé à M. Antonio Guterres en décembre 2015, a constaté que le Conseil de sécurité et les organisations régionales avaient « perdu la volonté de s’unir pour résoudre les conflits ».
Chaque jour, l’éthique et les frontières juridiques énoncées dans le droit international humanitaire sont délibérément bafouées, avec une impunité croissante, a observé M. Grandi, mettant en garde contre le fait que les futures générations jugeront « avec sévérité notre incapacité collective à prévenir et résoudre les conflits et à protéger les personnes des conséquences de la guerre ».
Passant aux conflits en Iraq et en Syrie, il a signalé que ces deux pays, à eux seuls, comptaient le quart des déplacés dans le monde, en raison des divisions sectaires, de l’extrémisme religieux, du terrorisme et des défis de gouvernance qui attisent et alimentent les conflits.
Entré dans sa sixième année, le conflit en Syrie continue d’être la cause de la plus grande crise humanitaire mondiale, avec 6,5 millions de déplacés internes et 4,8 millions de réfugiés. Les États ayant le pouvoir d’arrêter les hostilités ont été incapables de conclure un accord pour ce faire, à l’exception de quelques rares et brefs cessez-le-feu, ce qui fait que les horreurs, les souffrances et la destruction se poursuivent.
Le Haut-Commissaire pour les réfugiés a aussi rappelé que les Syriens étaient actuellement « piégés » à l’intérieur de leur pays, les frontières étant fermées ou difficiles à traverser. Cela est d’autant plus évident dans la ville d’Alep, où les civils sont à la fois ciblés et utilisés comme appâts de guerre, situation dramatique qui jette toute la lumière sur l’ampleur des violations du droit international humanitaire.
Tant que cette situation perdure, a prévenu M. Grandi, un engagement soutenu et des ressources prévisibles seront nécessaires, notamment en termes de réinstallation et de quotas d’admission humanitaire. Dans cet objectif, les dirigeants mondiaux ont recueilli lors de la Conférence de Londres, en février, un montant sans précédent de 12 milliards de dollars pour aider la Syrie et la région d’ici à 2020, dont 5,3 milliards ont déjà été reçus, a-t-il informé, encourageant à la poursuite de ces efforts.
Il a souligné par ailleurs que la Jordanie, le Liban, la Turquie mais également l’Égypte et l’Iraq, continuaient d’accueillir des millions de réfugiés syriens, tout comme l’Iran et le Pakistan abritent des réfugiés afghans depuis 40 ans, et des pays africains comme l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda reçoivent encore des réfugiés de différents voisins en proie à la guerre.
Il a précisé que huit réfugiés sur dix dans le monde étaient accueillis dans des pays en développement, lesquels sont confrontés aux conséquences sociales, économiques et politiques des conflits et dont l’infrastructure et les services publics, déjà fragiles avant la crise, sont sérieusement mis à l’épreuve.
L’appui à ces pays demeure une des premières responsabilités du Haut-Commissariat, a affirmé M. Grandi.
Dans tous ces contextes dramatiques, le Haut-Commissaire a souligné l’importance cruciale de l’accès à la protection, dénonçant la fermeture des frontières dans certains cas et le refoulement des réfugiés dans les zones de conflit.
L’arrivée massive de réfugiés et de migrants dans les pays du nord a suscité la peur chez certains, et donné lieu à l’érosion des normes fondamentales de protection, a-t-il observé, ajoutant que la réponse basée sur la coopération et la responsabilité partagée a été particulièrement mise à mal par l’incapacité des États européens à gérer la crise survenue l’année dernière, restés sourds aux appels du Haut-Commissariat.
M. Grandi a aussi mis l’accent sur le déséquilibre entre les pays européens, l’Italie ayant vu l’arrivée sur ses côtes de 160 000 réfugiés et migrants depuis le début de l’année.
S’agissant de la situation du Haut-Commissariat, M. Grandi a dit s’être appuyé sur l’héritage de M. Guterres, qui a laissé une organisation « solide et efficace », et dont il a salué l’élection comme Secrétaire général de l’ONU. « Nous aurons comme neuvième Secrétaire général de l’ONU une personne disposant d’une profonde connaissance et d’une expérience directe des conséquences humaines de la guerre et de la persécution. Il ne fait aucun doute que cela le rendra plus résolu dans son engagement en faveur de la paix, du développement et des droits de l’homme », a déclaré le Haut-Commissaire.
Le représentant de l’Algérie a déploré l’incapacité de la communauté internationale à assurer la protection dont ont besoin les réfugiés à travers le monde. Traditionnellement un pays d’accueil, l’Algérie a assisté ces dernières années à un débat au sein du HCR sur la question de l’intégration qui risque, selon lui, de « dévoyer le mandat originel du Haut-Commissariat ». Il faut se concentrer sur le retour.
La représentante de la Norvège a souhaité savoir comment le Haut-Commissaire pouvait travailler avec un éventail d’acteurs du développement et du secteur privé.
Le représentant du Japon, qui plaide depuis longtemps pour l’implication des partenaires du développement dans les crises humanitaires, lui a demandé s’il estimait que les cloisons ont été abattues.
Le représentant de la République islamique d’Iran s’est dit préoccupé face au fait que le Sommet de septembre sur la gestion des déplacements massifs n’avait pas été l’occasion de nouveaux engagements. Son pays accueillant une des plus grandes communautés de réfugiés dans le monde, il a espéré que le travail du HCR permettra d’inverser les tendances pour que les réfugiés soient réinstallés dans les pays d’origine.
Son pays a été confronté à une situation sans précédent avec l’afflux de réfugiés le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale, a souligné le représentant de la Grèce. Il faut trouver des solutions fondées sur la responsabilité partagée des États. La Grèce essaye de mettre à jour les centres d’accueil avec ses partenaires européens, en donnant la priorité aux enfants, et juge la contribution du HCR essentielle à cet égard.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a souligné les trois solutions possibles pour les réfugiés: rapatriement librement consenti, réinstallation dans les pays tiers et réintégration locale. Le rapatriement volontaire reste « la solution de choix », mais le défi est qu’il dépend d’une solution politique au conflit qui a causé le déplacement en premier lieu, ce qui va au-delà de la capacité du HCR. C’est le cas en Afghanistan et en Somalie où les conflits continuent, a expliqué M. Grandi. Il a espéré que les rapatriements reprendront.
Le Haut-Commissaire a reconnu le potentiel énorme des acteurs du développement. Il a salué le travail récent de la Banque mondiale, dont le Président a lancé un fonds pour les pays à revenu intermédiaire accueillant des réfugiés, que le HCR est déjà en train de tester en Jordanie et au Liban.
Revenant sur le pacte pour les réfugiés à élaborer d’ici à 2018, M. Grandi a précisé qu’il s’agissait d’adopter « une approche ascendante à la Déclaration de New York », dont les annexes contiennent beaucoup de détails. Le HCR a un rôle de catalyseur à jouer et il tient à œuvrer auprès des pays hôtes.
M. Grandi s’est rendu deux fois en Grèce cette année. La réinstallation est une initiative positive destinée à aider les pays se trouvant en première ligne. Si nous voulons une réponse d’ensemble à la crise des réfugiés, il faut une réponse mondiale, a-t-il déclaré.
Le délégué de l’Iraq a salué l’apport du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés qui fournit une aide aux autorités en vue d’assister les réfugiés iraquiens. Il a donc demandé au Haut-Commissaire de détailler son programme de réhabilitation et d’aide aux femmes réfugiées, mais également de faire des propositions pour mettre un terme aux discriminations basées sur le genre, en les incluant dans les processus de prise de décisions.
La représentante du Canada a voulu savoir, en ce qui concerne la question de la xénophobie, ce que les États pouvaient accomplir pour lutter contre les tendances actuelles.
Quant au délégué de l’Union européenne, il a axé son intervention sur le réexamen de la question des personnes déplacées, souhaitant obtenir des précisions sur le sujet.
La représentante de la Jordanie a dit qu’avec ses ressources limitées, son pays avait toujours apporté une aide aux personnes qui fuyaient les conflits, se félicitant que le HCR l’eût cité en exemple comme s’étant acquitté de ses responsabilités.
À cet égard, elle a demandé au Haut-Commissaire ce que les États concernés pouvaient faire en vue de redoubler d’efforts et de transformer leurs promesses en actes.
Répondant à l’Iraq, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a dit que 3,3 millions de personnes étaient déplacées à l’intérieur de ce pays, lequel continuait d’accueillir des réfugiés, remerciant ses autorités pour leur générosité. Pour ce qui est de la question de l’égalité homme-femme, il a indiqué qu’il existait des projets du HCR qui appuyaient les femmes, car les réfugiées sont souvent seules avec leurs enfants.
Il a salué la Jordanie pour ses efforts visant à mieux insérer les réfugiés dans le marché de l’emploi.
En guise de réponse au Canada, M. Grandi a souligné que ce pays était un pionnier en matière d’insertion des réfugiés syriens. Selon le Haut-Commissaire, le modèle canadien de partenariat public-privé du Canada est excellent et propose des réponses à la question de la xénophobie car les communautés accueillent des réfugiés, favorisant l’acceptation par les autres.
M. Grandi a précisé que deux tiers des réfugiés étaient des déplacés, soulignant que ce chiffre était important. Il a ainsi affirmé qu’il mettait tout en œuvre pour parvenir à comprendre pourquoi certaines situations de crises étaient mieux gérées que d’autres.
Selon lui, il est important d’examiner les problèmes, qu’ils soient politiques ou financiers. Par ailleurs, il a noté la nécessité de comprendre la manière dont l’ONU pourrait prendre en main les personnes déplacées.
Le représentant du Maroc a demandé au Haut-Commissaire quelles mesures concrètes pouvaient être prises pour prévenir le détournement de l’aide humanitaire. Dans les situations où les pays hôtes continuent d’opposer une fin de non-recevoir face aux demandes répétées d’enregistrement, comment pallier les taxes que certains pays imposent sur les produits de l’aide humanitaire?
Le représentant de l’Éthiopie n’a pas été sûr que le rapport du HCR soit suffisamment exhaustif. L’allocation du budget doit refléter les réalités sur le terrain, a-t-il par ailleurs souligné.
Le représentant de la Turquie a assuré le HCR de son appui. Le Gouvernement tâche d’apporter une vie digne aux Syriens réfugiés dans son pays. Suite à l’adoption de la Déclaration de New York, dans quels domaines les pays hôtes peuvent-ils le plus contribuer?
Le représentant de la Fédération de Russie, dont le pays a accueilli plus d’un million de réfugiés, a appuyé le mandat du HCR et ses activités en matière de protection des réfugiés. Il a toutefois demandé à M. Grandi d’accorder davantage d’attention au phénomène de l’apatridie, qui existe partout dans le monde, y compris en Europe.
Le représentant de la Colombie a estimé que l’expérience de son pays en matière de personnes déplacées profitera à d’autres pays. Une commission nationale de haut niveau a permis d’améliorer la situation des réfugiés colombiens en Équateur. Quels conseils le Haut-Commissaire peut-il donner afin de diffuser les bonnes pratiques?
« Le HCR est toujours présent sur le terrain », a rappelé le Haut-Commissaire pour les réfugiés, ce qui diminue le risque de détournement de l’aide humanitaire. C’est la raison pour laquelle il exige de vérifier la bonne utilisation de l’aide. En matière de fiscalité, le HCR s’efforce de résoudre de manière amicale les questions complexes avec les administrations des pays concernés. Quant à l’enregistrement, c’est essentiellement une responsabilité du pays hôte.
Le travail avec les pays d’accueil est une priorité du HCR, a répété M. Grandi. Il faudra du temps pour que le Cadre d’action global décidé en septembre prenne effet pour obtenir davantage de ressources, d’acteurs et d’approches et pour que tous assument leur part de responsabilité.
L’augmentation des besoins est plus rapide que l’augmentation des ressources, a-t-il ensuite affirmé.
Le statut d’apatride est une partie essentielle de son mandat, a reconnu M. Grandi. On a fêté le deuxième anniversaire de la campagne lancée à ce sujet à Genève, dont l’un des mots d’ordre est de dire qu’il y 10 millions d’apatrides. « Dans de nombreux pays, c’est une question politique extrêmement délicate. »
En juillet dernier, M. Grandi s’est rendu en Colombie où il a été frappé par l’engagement de la société civile à trouver des solutions pour relever ce défi « titanesque » des personnes déplacées.
Débat général
Mme JOANNE ADAMSON de l’Union européenne, a signalé que les États membres de l’Union européenne avaient reçu plus de 1,3 million de demandes d’asile en 2015, et autant en 2016. Elle a rappelé qu’en moyenne, une personne déplacée le restait pendant 10 années. D’autre part, environ neuf réfugiés sur dix dans le monde sont accueillis dans les pays du Sud, que l’Union européenne assiste.
La représentante a assuré de l’engagement européen à cet égard, insistant par ailleurs sur la nécessité d’un renforcement de la protection, de l’amélioration de la situation des personnes vulnérables et de la recherche de solutions durables.
Alors que le monde passe d’une crise à une autre, elle a recommandé de prévenir le déplacement forcé, d’examiner ses causes et d’intensifier les efforts visant à des solutions pour les personnes affectées. Elle a insisté sur le fait que des problèmes d’une telle complexité ne sauraient être résolus par la seule communauté humanitaire et qu’il importait d’adopter une approche à long terme dans laquelle tant les acteurs politiques que ceux du développement auront un rôle crucial à jouer.
Elle a rappelé qu’à l’occasion du Sommet humanitaire mondial, l’Union européenne avait réaffirmé que la résolution et la prévention des conflits, ainsi que la prévention de leur récurrence, étaient les principaux objectifs de sa politique étrangère.
Mme KYLIE HOLMES (États-Unis) a déclaré que les besoins humanitaires à travers le monde s’étaient accrus en raison notamment du nombre de personnes réfugiées et déplacées dans le monde. La déléguée a souligné que son pays était engagé dans les efforts de réponses aux crises humanitaires, précisant qu’il avait fourni une aide de 1,5 million de dollars au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Elle a affirmé qu’il était vital d’encourager les partenariats, lesquels devaient appuyer le travail du HCR mais également d’augmenter la résilience de l’agence. La représentante s’est déclarée convaincue de ce que la communication et la coordination des partenaires permettront d’alléger les souffrances des autres.
Il est également essentiel que le HCR garantisse le contrôle de qualité avec un personnel dédié dans les zones de crise, se réjouissant de ce que l’agence mettait sur pied des systèmes censés la rendre plus réactive.
Elle a rappelé qu’à l’occasion de l’anniversaire de la Convention sur les réfugiés de 1951, l’humanité devait tout mettre en œuvre pour ne pas tourner le dos aux millions de déplacés et créer les conditions propices à leur retour.
M. GILLES CERUTTI (Suisse) a considéré que la Déclaration de New York était « le début d’un chemin, pas la fin ». Dans ce cadre, il a encouragé le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à étudier une variété de contextes, allant de situations prolongées de réfugiés à des situations mixtes, ainsi que des situations impliquant des mouvements de retour.
Abordant la question de la protection et de la prévention, il a noté que les déplacés forcés se trouvaient souvent « dans des situations de vulnérabilité intolérable ». Leurs droits fondamentaux ne sont pas respectés, leur sécurité n’est pas garantie, leur vie est en danger. De plus, les déplacés à l’intérieur d’un pays sont souvent les réfugiés de demain. Il faut donc davantage résoudre les causes profondes du déplacement et prendre des mesures permettant d’éviter les déplacements successifs, a-t-il ajouté.
Parmi les 60 millions de personnes déplacées de force, plus de la moitié sont des jeunes ou des enfants, a poursuivi le représentant. Il est dans l’intérêt de tous que les jeunes déplacés puissent participer à la prise de décisions et que leur potentiel soit pleinement exploité.
Les défis soulevés par les déplacements forcés demandent des interventions conjointes et coordonnées de l’ensemble des acteurs humanitaires, du développement, des droits de l’homme et de la promotion de la paix. Ces interventions visant à travailler sur les causes profondes des déplacements forcés doivent aussi fournir des solutions concrètes et durables, a-t-il conclu.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a estimé que la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants était un jalon dans la bonne direction compte tenu du fait que, l’an dernier, plus de 65 millions de personnes ont dû se déplacer à cause des conflits et des persécutions, soit un chiffre record depuis la Seconde Guerre mondiale.
Il s’agit d’une tendance alarmante si on le compare au nombre insignifiant de personnes ayant effectivement regagné leur foyer pendant la même période. L’Argentine a exhorté à rechercher des solutions durables sous l’égide des Nations Unies, ancrées dans le principe de solidarité.
Notant que les mouvements massifs de réfugiés concernaient davantage les pays en développement, indépendamment de leur degré de développement et de leur emplacement géographique, l’intervenant s’est alarmé du déficit financier du système international de protection des réfugiés, qui ne manque pas d’influer sur les capacités d’amélioration de la situation de millions de personnes sur le terrain.
À l’origine de l’initiative des Casques blancs, l’Argentine a indiqué que plusieurs d’entre eux se trouvaient dans les camps de réfugiés syriens au Liban. En outre, un programme de visas humanitaires a été institué par Buenos Aires pour faciliter l’entrée de personnes affectées par le conflit syrien.
M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a salué le travail de l’équipe du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans son pays, ainsi que pour la coordination en matière de protection et d’assistance aux populations les plus vulnérables. La Colombie a reconnu l’existence de huit millions de victimes du conflit armé interne, dont 6,9 millions de déplacés internes. Il a précisé que ces chiffres étaient cumulatifs depuis le 1er janvier 1985.
Le représentant a souligné que les défis étaient énormes pour cette population, raison pour laquelle le Gouvernement colombien a pris des mesures, notamment législatives, pour faire justice aux victimes et leur accorder une réparation intégrale.
Ainsi, à ce jour, 600 000 victimes ont perçu une indemnisation, quoique beaucoup reste encore à faire. Dans cet objectif, le Haut-Commissariat a été un partenaire précieux dans l’assistance à la conceptualisation de plans pluriannuels conjointement signés avec lui.
Ces plans concernaient la formulation et l’exécution de solutions durables comme la stabilité socioéconomique des victimes à travers diverses politiques de développement et de génération de revenus.
Comme le Haut-Commissaire a pu le constater lors de sa visite en juillet dernier, ces solutions exigent une synergie entre les organismes nationaux, les autorités locales, les victimes de déplacement et la solidarité de la communauté internationale, a fait valoir M. Ruiz Blanco.
M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a déclaré que son pays était encore l’un des principaux pays d’origine des réfugiés dans le monde, en dépit des progrès significatifs dans les domaines économique et social.
Quarante ans d’instabilité politique ont conduit à une crise humanitaire qui fait qu’il existe à présent quatre catégories de réfugiés afghans. Il s’agit de ceux qui sont récemment arrivés en Europe, ou qui tentent d’entrer dans une nation européenne légalement ou illégalement; ceux qui cherchent à quitter l’Afghanistan et sont en pleine procédure; ceux qui vivent depuis longtemps dans des pays voisins comme le Pakistan et l’Iran; et la diaspora qui vit dans la crainte de représailles à cause des attentats terroristes dans le monde.
La délégation a réitéré la volonté du Gouvernement d’assister au rapatriement volontaire et à la réinstallation de ses citoyens, une priorité majeure.
M. GOTYAEV (Fédération de Russie) a estimé qu’il fallait commencer par résoudre les conflits pour résoudre le problème des réfugiés. S’agissant des crises actuelles, il a blâmé « la politique irresponsable d’ingérence dans les affaires internes d’États souverains ». Il a jugé indispensable le travail efficace du HCR.
En effet, a-t-il précisé, la Russie est le deuxième État au monde en termes d’accueil de réfugiés, de demandeurs d’asile et d’apatrides. Elle continue d’accueillir des citoyens ukrainiens « contraints de quitter leur pays en raison d’un conflit armé », soit plus d’un million de personnes, dont 400 000 ont obtenu un statut de réfugié. Elle accueille également des Syriens et des Afghans.
Le représentant a rappelé que, dans la récente Déclaration de New York pour les migrants et les réfugiés, le rôle du HCR en matière d’élaboration de mesures de protection des réfugiés a été renforcé. Toutefois, a-t-il insisté, il faut obtenir l’accord des États concernés et s’assurer que les efforts soient mis en œuvre de manière « non politisée ».
M. ALMABROK (Libye) a déclaré que des milliers de personnes au Sahara avaient été forcées de quitter leur pays, une situation que connaît la Libye, qui demeure un pays de transit. Cette situation a créé des défis notamment politiques et sociaux dangereux, a affirmé le représentant. Selon lui, cette situation a également conduit ces déplacés à être des proies d’activités illicites dont la traite des personnes.
Il a salué la générosité de la société libyenne, laquelle a garanti le droit de ces personnes au travail et à la vie. Le délégué a indiqué que son pays essayait de les protéger en renforçant des efforts de coordination avec les agences pertinentes pour garantir leur rapatriement.
Il a aussi souligné l’importance d’établir une synergie internationale pour renforcer la stabilité, la paix et la sécurité afin de prévenir le déclenchement des crises. Le délégué a souhaité que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 crée la base d’une intégration de ces personnes dans les stratégies locales visant à créer un développement socioéconomique.
M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a jugé essentiel de renforcer les principes juridiques concernant les réfugiés et de mieux partager les responsabilités en la matière. Ainsi faudrait-il augmenter l’appui aux pays hôtes dans le monde en développement pour garantir les droits essentiels des réfugiés, et trouver des mesures novatrices pour élargir les voies d’admission. Pour sa part, s’est félicité le représentant, le Brésil offre aux réfugiés un accès universel à l’emploi, à l’éducation et à la santé avant même la reconnaissance de leur statut.
La population réfugiée au Brésil devrait augmenter de près de 60% d’ici la fin de l’année prochaine, a indiqué M. Sobral Duarte. Le Gouvernement a institué un « visa humanitaire » qui a notamment bénéficié aux Haïtiens affectés par le tremblement de terre de 2010. Il a aussi permis d’accueillir plus de 2 300 Syriens. En 2017, a-t-il annoncé, le Brésil contribuera financièrement au programme de réinstallation nationale, qui inclura des réfugiés colombiens et du triangle du nord de l’Amérique centrale, en mettant l’accent sur les femmes et les filles qui ont été victimes de violence.
M. TOM AMOLO (Kenya) a déclaré que la réponse à la crise des déplacés dans le monde avait été très décevante et qu’au même moment, des pays avaient pris des mesures inhabituelles de fermeture des frontières, l’érection de clôtures, ainsi que l’adoption de lois visant à dissuader les arrivées.
Le Kenya a donc interpellé les États Membres sur la nécessité d’examiner la Convention sur les réfugiés pour s’assurer qu’elle pouvait répondre aux défis auxquels sont confrontés les réfugiés.
Il a aussi évoqué la situation dans son pays, lequel avait accueilli depuis son indépendance des réfugiés venant de la région de la Corne de l’Afrique, en particulier les Somaliens. M. Amolo a souligné que cette situation prolongée avait évolué en une crise complexe, posant des défis significatifs, avec le manque d’appui de la communauté internationale pour faire face aux besoins des réfugiés du complexe de Dadaab.
Il a également souligné que le Kenya était convaincu que les attaques terroristes de Wesgate et Garissa avaient été planifiées à partir de Dadaab; ce qui posait un véritable problème de sécurité, a-t-il dit.
Toutefois, le Gouvernement kényan, a-t-il dit, a continué d’assurer la protection des réfugiés en vertu de la Convention sur les réfugiés et ses Protocoles de 1967. À cet égard, il a assuré que la Somalie s’était engagée dans le cadre d’un accord tripartite avec le Kenya et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à assurer le retour de ses nationaux en toute sécurité.
La crise des réfugiés n’est qu’un effet des souffrances des Syriens et illustre la militarisation de la crise syrienne par certains, a déploré M. AMJAD QASSEM AGHA (Syrie). Il a cité Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, qui a dit que l’exode de la Syrie s’inscrivait dans une stratégie dirigée contre le régime syrien, et qui sert à garder les prix du pétrole relativement bas.
De plus, a-t-il ajouté, le monde voit comment la Turquie a utilisé les réfugiés syriens pour exercer des pressions sur l’Union européenne en vue faire avancer sa demande d’adhésion. Des millions d’enfants syriens dans les camps de réfugiés turcs n’ont pas accès à l’éducation et doivent travailler dans l’industrie textile pour des marques aussi connues que Marks et Spencer ou Zara; de plus 36% de femmes syriennes y sont contraintes de se marier.
Le représentant a conclu qu’il fallait mettre un terme au terrorisme et aux mesures unilatérales imposées au peuple syrien et qui expliquent la destruction des infrastructures et la pénurie d’emplois.
Mme KARIMA BARDAOUI (Tunisie) a déploré l’augmentation du nombre de personnes déplacées par les conflits, avec 65 millions dont 12,4 millions de personnes nouvellement déplacées. La déléguée s’est ainsi félicitée de l’adoption par l’Assemblée générale de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants qui illustre l’importance de réfléchir à une meilleure stratégie internationale pour répondre efficacement à ce phénomène qui prend de l’ampleur.
Elle a ainsi attiré l’attention sur la crise humanitaire des réfugiés en Palestine, exhortant à renouveler l’appel et l’importance de s’accorder sur leur droit au retour, et la nécessité de parvenir à une solution juste, et durable à leur sujet.
Elle a rappelé que la Tunisie faisait partie des pays d’accueil qui ont maintenu leurs frontières ouvertes face au désarroi des peuples qui fuyaient leurs pays, précisant que, malgré ses moyens modestes, elle poursuivait son assistance aux réfugiés et aux migrants.
La représentante a rappelé que son pays avait répondu présent au Sommet humanitaire mondial en mai dernier, en Turquie, demandant à la communauté internationale d’honorer ses engagements pour répondre aux besoins de ces personnes vulnérables.
Sur le plan national, elle a dit que la Tunisie était en train d’élaborer une stratégie nationale pour la mise en place de structures habilitées à gérer la migration interne, notamment le développement et la mise à jour des textes législatifs relatifs à la migration interne et à la protection des droits de migrants.
M. AL BANWAN (Koweït) a reconnu qu’il fallait trouver des approches plus novatrices pour permettre le retour volontaire des réfugiés et des personnes déplacées. Il a appelé la communauté internationale à renforcer le rôle de la prévention et de la médiation pour désamorcer les conflits et améliorer les niveaux de vie dans les pays et atténuer l’impact des changements climatiques.
La crise en Syrie étant l’un des défis actuels les plus saillants, le représentant s’est félicité que son pays ait accueilli trois conférences internationales pour les bailleurs de fonds sur la Syrie en 2013, 2014 et 2015, et qu’il ait coprésidé celle de Londres, au Royaume-Uni, en février dernier. Le Koweït s’efforce également de financer des programmes de santé et d’éducation pour les enfants de réfugiés.
Le pays, a-t-il souligné, accueille plus de 130 000 réfugiés syriens, soit 10% de sa population. Il a doublé ses contributions volontaires annuelles aux agences de l’ONU travaillant avec les réfugiés et déboursé plus de 2 milliards de dollars au cours des cinq dernières années.
Mme BURAPACHAISRI (Thaïlande) a déclaré qu’il était indéniable que la migration et le déplacement forcés avaient été des thèmes clefs cette année, soulignant que la question du retour des réfugiés était une priorité pour son pays. La Thaïlande travaille ainsi de manière étroite avec le Myanmar pour faciliter le retour des personnes déplacées originaires du Myanmar.
Selon la déléguée, un premier groupe pilote est retourné grâce à la coopération soutenue du Gouvernement de Myanmar avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Sur la question de l’apatridie, la représentante a annoncé que son pays avait amélioré ses mesures visant à faciliter l’accès au processus d’application pour la nationalité thaïlandaise aux étudiants apatrides dans les zones reculées de la Thaïlande. Cette initiative, a-t-il déclaré, a bénéficié à plus de 65 000 personnes.
Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a rappelé que, depuis plus de 20 ans, son pays souffrait du fardeau du déplacement forcé du fait de l’occupation de 20% de son territoire et de plusieurs vagues d’épuration ethnique conduites par la Puissance occupante. En dépit des appels de la communauté internationale, des centaines de milliers de Géorgiens déplacés sont empêchés de rentrer dans leurs foyers.
Aujourd’hui, a poursuivi la représentante, la Géorgie fait face à la menace d’une nouvelle vague de déplacements forcés avec le processus d’occupation des régions d’Abkhazie et de Tskhinvali et les mesures discriminatoires qui sont adoptées contre la population d’ethnie géorgienne. À cet égard, elle a remercié le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour son appui et pour la mission d’évaluation qu’il a conduite en août dernier avec son gouvernement. Elle a souhaité que le HCR puisse accéder sans entraves aux territoires et à la population affectés par le conflit.