Terrorisme international: les délégations souhaitent plus de collaboration mais buttent sur l’adoption de la convention internationale
Depuis le dernier examen de la question du terrorisme international par la Commission il y a un an, le monde n’a cessé d’être le témoin d’atrocités terroristes et ce fléau de nature insidieuse et délétère menace chacun d’entre nous. Face à ce constat, l’ONU apparait comme le cadre idoine de lutte et pourtant, les États Membres ne parviennent pas à s’entendre sur l’élaboration d’un projet de convention générale sur le terrorisme, ont une nouvelle fois constaté les délégations qui se sont exprimées aujourd’hui à la Sixième Commission au deuxième jour de son débat sur « les mesures visant à éliminer le terrorisme international ».
Comme la veille, les délégations ont condamné dans leur ensemble le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Le terrorisme est une menace à la paix et la sécurité internationales, au développement économique et social, que rien ne peut justifier. Le monde a besoin d’une coopération internationale marquée par la collaboration et l’assistance de tous, ont rappelé plusieurs pays.
En même temps, la réponse militaire n’est pas suffisante, ont rappelé des États comme l’Algérie et le Maroc, lequel a mis l’accent sur le dialogue et la tolérance, tout en affirmant développer une approche cohérente orientée vers la prévention et l’action, en harmonie avec les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale: d’un côté le volet répressif, de l’autre les mesures préventives. L’Afghanistan aussi a qualifié le dialogue interreligieux d’élément important pour la lutte contre le terrorisme.
Si le terrorisme continue d’exister, c’est que les causes et racines n’ont jamais été traitées, ont souligné d’autres délégations, comme celles de Syrie, d’Iraq, d’Azerbaïdjan ou encore d’Arabie saoudite, au nom de l’Organisation de la coopération islamique. Parmi ces causes ont été cités la pauvreté et les injustices sociales, les discriminations, les discours islamophobes, mais aussi l’occupation militaire, les frustrations ou encore la politisation et la pratique du « deux poids deux mesures » dans les affaires internationales. À défaut de changement de paradigme, il est à craindre que le terrorisme perdure, a averti l’Iraq.
Sous prétexte de faire la guerre au terrorisme, certains pays commettent des atrocités contre des États souverains, qui ont donné naissance à un cycle d’actes violents et à l’émergence de groupes tels que l’« État islamique », a déclaré la République populaire démocratique de Corée, qui a accusé les États-Unis de désigner les pays qui leur sont opposés comme étant des États soutenant le terrorisme et de leur appliquer ensuite des sanctions basées sur la défense de leurs propres intérêts. Cette prétendue « guerre contre la terreur » est en fait utilisée comme un instrument pour poursuivre des objectifs politiques, a-t-elle affirmé. Dans le même sens, la Syrie estime que le terrorisme perdure car il est utilisé par certains pays pour en déstabiliser d’autres, tandis que d’autres encore ferment les yeux.
Les Nations Unies ont un rôle central à jouer dans le domaine de la coordination de la lutte contre le terrorisme, ont réaffirmé de nombreux intervenants, à l’image de la Chine, pour laquelle il faut avant tout faire appliquer la Charte de l’ONU et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, tout en utilisant au mieux la division du travail au sein de l’Organisation, ceci afin de créer des synergies qui rendraient cette lutte efficace. Pour l’Afghanistan, c’est même une lapalissade: les États doivent respecter leurs obligations et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies reste le cadre le plus efficace pour les États de s’acquitter de celles-ci.
La question d’une convention générale sur le terrorisme, qui fournirait un cadre multilatéral pour cette lutte, a de nouveau été posée. Elle butte toujours sur la question de la définition du terrorisme, que certains veulent distinguer de la lutte légitime des peuples pour l’autodétermination, tandis que d’autres sont en désaccord sur la définition d’un « terrorisme d’État ». La Sixième Commission a entendu au cours des dernières années, des milliers de discours et adopté plus 30 résolutions sur le terrorisme, a rappelé la République arabe syrienne, alors que l’Inde déplorait qu’après 11 années, la Sixième Commission n’arrive toujours pas à être à la hauteur de sa tâche et à élaborer une telle convention.
Dans ces circonstances, et vu que l’absence de définition du terrorisme laisse une marge de manœuvre aux groupes terroristes, l’Inde se demande si la Sixième Commission ne devrait pas abandonner et confier cette tâche à d’autres enceintes, comme le Liechtenstein l’avait suggéré hier. Elle souhaite en tout cas qu’une décision sur cette question soit prise maintenant.
La Sixième Commission se réunira demain, à 10 heures, pour terminer l’examen des mesures pour éliminer le terrorisme international avant de se consacrer à l’examen de l’état de droit aux niveaux national et international. En outre, la Sixième Commission recevra la visite du Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson.
MESURES VISANT À ELIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/71/182, A/71/182/ADD.1 ET A/71/182/ADD.2)
Déclarations
M. NAWAF ALTHARI (Arabie saoudite), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a déclaré que le terrorisme est contraire aux valeurs de l’Islam et que par conséquent, les deux ne peuvent être associés. Toute tentative en ce sens ne fait que créer un conflit avec le monde musulman, a déclaré le représentant. Cela dit, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) est d’avis que lutter contre le terrorisme exige que l’on s’attaque à ses causes premières, au nombre desquelles, il y les situations d’occupation et les injustices sociales. L’OCI rappelle, en outre, qu’il est primordial de distinguer le terrorisme de la lutte légitime des peuples pour leur droit à l’autodétermination, laquelle est reconnue par le droit international. Parallèlement, les États membres de l’OCI insistent sur la nécessité de mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale et de parvenir à une convention générale sur le terrorisme qui contient une définition claire du terrorisme, qui, là encore, fasse bien la distinction d’avec les luttes légitimes pour le droit à l’autodétermination.
M. Wu Haitao (Chine) a rappelé que, cette année, le monde avait été victime de nombreux actes terroristes. Pour lutter contre ce fléau, le représentant a estimé qu’il fallait prendre des mesures financières et économiques. Afin de lutter contre les actions terroristes, il faut avant tout faire appliquer la Charte de l’ONU et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et faire en sorte que la division du travail soit utilisée au mieux, afin de créer des synergies qui rendraient cette lutte efficace.
Le représentant qui, a par ailleurs, rappelé que le terrorisme ne pouvait être lié à une ethnie ou une religion, a insisté sur la nécessité de lutter contre le cyberterrorisme car, a-t-il souligné, les terroristes utilisent l’Internet pour propager leur message de haine. Les États devaient également renforcer les contrôles aux frontières pour endiguer les flux transfrontières de combattants étrangers. Il est aussi nécessaire de réguler les trafics d’armes et les ressources pétrolières pour empêcher les terroristes de recevoir des ressources financières pétrolières car c’est ainsi qu’ils financent leurs actes haineux, a poursuivi M. Wu. Le représentant a également appelé les États à s’engager à construire de nouvelles relations dans lesquelles chacun respecterait les autres, faisant ainsi en sorte que les différentes ethnies puissent vivre ensemble et collaborer.
La Chine est elle-même victime du terrorisme, a poursuivi le représentant, qui a rappelé que son pays est confronté à un mouvement islamique au Turkestan. Celui-ci représente une menace, non seulement pour la Chine, mais aussi pour l’ensemble de la région. En tant que membre actif du camp antiterroriste, la Chine a dû prendre des mesures très fortes pour lutter contre le terrorisme, a expliqué le représentant. Pour ce faire, elle a partagé des informations et fourni une aide matérielle à d’autres pays. M. Wu a également rappelé que, le 21 octobre, le Gouvernement chinois accueillerait un atelier de lutte contre le cyberterrorisme, avant de conclure en réitérant la disponibilité de son pays pour partager des informations afin de contribuer à la stabilisation de la paix mondiale.
Mme INGA KANCHAVELI (Géorgie) a estimé que le défi posé par le terrorisme et sa nature à la fois transnationale et transfrontalière nécessitaient une approche commune, coordonnée et durable de la communauté internationale. Évoquant les conflits en Syrie et en Iraq, elle a rappelé que les djihadistes, recrutés par des organisations terroristes comme Daech pour servir leurs intérêts, provenaient du monde entier et notamment de son pays. La Géorgie, a-t-elle souligné, soutient sans réserve la Coalition internationale contre l’ « État islamique d’Iraq et du Levant » et prend part à trois de ses groupes de travail afin d’accroître les échanges d’informations entre membres.
Pour preuve de l’implication de son pays dans la lutte antiterroriste, la représentante a fait état du fonctionnement en Géorgie d’une Commission inter-agences pour la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, chargée en particulier d’actualiser la liste des personnes soupçonnées d’activités terroristes ou en lien avec des organisations terroristes. Elle a ajouté que des amendements au code pénal de Géorgie avaient été adoptés afin de renforcer l’arsenal législatif antiterroriste, conformément aux préconisations de la résolution 2178 du Conseil de sécurité. Convaincue que les sanctions punitives ne peuvent suffire, la Géorgie prévoit, par ailleurs, de lancer des programmes spécifiques de réhabilitation psychique et de déradicalisation des auteurs d’actes terroristes pendant leur emprisonnement et au-delà, a par ailleurs précisé Mme Kanchaveli.
M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a déclaré que l’Asie du Sud-Est constituait un terreau fertile de recrutement pour des groupes terroristes tels que Daech. « Malheureusement, l’utilisation des médias sociaux a aidé les extrémistes à faire l’apologie de la violence et de l’extrémisme, et à recruter des adeptes », a-t-il déploré.
Pour combattre la menace posée par le terrorisme et l’extrémisme violent, M. Gafoor a souligné que Singapour s’était doté d’une stratégie antiterroriste complète, mettant l’accent sur le renforcement de sa capacité de réponse en matière sécuritaire, notamment en fournissant des outils et formations mieux adaptés aux forces de sécurité. Par ailleurs, le représentant a insisté sur l’importance de la dimension communautaire dans la lutte contre le terrorisme. À ce titre, Singapour a lancé une campagne de sensibilisation contre le terrorisme à l’échelle nationale, avec le soutien d’organisations religieuses et interconfessionnelles, dans le but de contrecarrer la dissémination des idéologies extrémistes. Cette campagne, a précisé le représentant, comprend également des programmes de déradicalisation.
Sur le plan international, M. Gafoor a rappelé que son pays était partie à 14 accords de lutte contre le terrorisme et demeurait engagé à tous les mettre en œuvre. « Nous nous engageons également à travailler avec nos amis et partenaires de la région », a-t-il ajouté, mentionnant l’adhésion de Singapour, en 2007, à la Convention de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la lutte contre le terrorisme. Le représentant a par ailleurs souligné les efforts de son pays pour renforcer son cadre juridique de lutte contre le blanchiment d’argent, en application des principes contenus dans la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme. Il a également mentionné les efforts de Singapour pour accroitre la coopération internationale dans ce domaine. Enfin, M. Gafoor a souligné que son pays appuyait la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
Mme NANG PHYU SIN THAN MYINT (Myanmar) a déclaré qu’en dépit des efforts de la communauté internationale, la menace posée par le terrorisme à l’échelle planétaire ne s’était pas amoindrie. Dans ce contexte, la réponse doit être globale, concertée et basée sur la responsabilité de chaque État à respecter l’état de droit et à contribuer aux efforts internationaux visant à lutter contre ce fléau. Le Myanmar a pour sa part pris une série de mesures concrètes pour combattre le terrorisme au plan national, régional et international.
Au niveau national, le Myanmar a renforcé en 2014 plusieurs législations et ses institutions. Ainsi, une loi sur la criminalisation de toute forme de terrorisme a été adoptée, de même qu’une loi contre le blanchiment d’argent. L’unité spéciale de la police chargée de la lutte contre le terrorisme a été renforcée. Le gouvernement a également ratifié la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.
À l’échelon régional, le Myanmar est membre du groupe d’Asie-Pacifique sur le blanchiment d’argent et a ratifié le Traité de l’ASEAN sur l’assistance juridique et a signé en 2007 la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme. Le Myanmar est par ailleurs partie à la Convention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est sur la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic illicite de la drogue. Il a également adhéré en 2014, à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes biologiques ou à toxines et sur leur destruction, et en 2015 à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction. Il a enfin déposé l’instrument de ratification à la convention sur l’interdiction complète des essais nucléaires, a indiqué la représentante.
Mme NGUYEN TA HA MI (Viet Nam) a noté que, depuis le dernier examen de la question du terrorisme international par la Commission il y a un an, notre monde n’avait cessé d’être le témoin d’atrocités terroristes. Elle a rappelé que le terrorisme constitue une violation des principes de la Charte des Nations Unies et doit être condamné, quel qu’en soient les auteurs et les objectifs. C’est là un défi international qui exige une action internationale concertée, a souligné la représentante. Nous devons conjuguer nos efforts pour promouvoir la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme, a-t-elle ajouté.
La loi de lutte contre le terrorisme du Viet Nam fournit un cadre complet de lutte contre ces actes atroces et le pays collabore, par ailleurs, au niveau régional avec l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a expliqué la représentante. Ainsi, l’ASEAN a mis en place cette année une convention contre la prise d’otage et les attentats à la bombe. En outre, le Viet Nam appuie la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et est attaché au Plan du Secrétaire général pour lutter contre l’extrémisme violent.
M. TAN SRI DATO’ SRI MOHAMED APANDI ALI (Malaisie) a réitéré l’engagement de son pays à contribuer aux efforts menés dans le cadre des Nations Unies pour prévenir et éliminer le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. La Malaisie, a-t-il dit, a pris acte de la résolution 70/120 de l’Assemblée générale recommandant à la Sixième Commission de créer un groupe de travail afin de finaliser la rédaction d’un projet de Convention générale sur le terrorisme international. Elle est à cet égard convaincue que la poursuite des efforts destinés à réduire les différences de vue débouchera sur un succès.
Le représentant a, d’autre part, rappelé que la Malaisie avait mis en vigueur l’année passée deux nouvelles lois antiterroristes visant à couvrir les vides législatifs dans ce domaine, conformément aux dispositions de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité relatives aux combattants terroristes étrangers, tout en poursuivant le renforcement de son arsenal juridique national, notamment via le National Security Council Act promulgué le 1er août dernier. Cette approche n’exclut pas la mise en place de programmes de déradicalisation et de réhabilitation d’éléments extrémistes, pour lesquels la Malaisie est disposée à partager son expérience avec d’autres nations, a précisé le représentant
M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a déclaré qu’aucun pays ne pouvait se targuer d’être à l’abri du terrorisme. Dès lors, la réponse de la communauté internationale doit être globale, basée sur la coopération internationale, régionale et sous régionale, tant par l’échange d’information que d’expertise. La réponse doit également tenir compte des réalités locales et observer un équilibre entre les quatre piliers de la stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Dans le cadre de sa propre stratégie de lutte contre le terrorisme, le Maroc a opté pour une approche fondée sur la coopération bilatérale, la coordination régionale et sous régionale et l’engagement multilatéral au sein des Nations Unies. Il a ainsi organisé plusieurs réunions destinées à contrer le flux de combattants étrangers terroristes, à renforcer la sécurité des frontières, à dynamiser l’échange et le partage d’informations sur l’état de droit, à utiliser les données d’Interpol ou encore à consolider le cadre juridique pour la lutte contre le terrorisme.
Le Maroc et les Pays-Bas ont organisé le 21 septembre dernier la septième réunion ministérielle du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, a expliqué M. Atlassi. Cette réunion a donné lieu à l’adoption entre autres du Mémorandum de la Haye/Marrakech sur les bonnes pratiques pour une meilleure réponse aux phénomènes des combattants étrangers. En matière de lutte contre l’extrémisme violent, le Maroc a organisé en avril 2015 à Fès le premier forum sur le rôle des leaders religieux dans la prévention de l’incitation à la haine. En janvier dernier, a ajouté le représentant, Marrakech s’est transformé en capitale du dialogue, de la tolérance à l’occasion de la conférence sur la protection des minorités religieuses dans les sociétés musulmanes. Le Maroc a en outre développé une approche cohérente orientée vers la prévention et l’action, en harmonie avec les quatre piliers de la stratégie antiterroriste mondiale: d’un côté le volet répressif, de l’autre les mesures préventives, comprenant la formation des jeunes prédicateurs et prédicatrices aux préceptes de l’Islam, a encore fait valoir le représentant.
M. JO JONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a souligné que la crise des réfugiés à laquelle nous assistons dans sa pire forme avait de graves conséquences sur la paix et la sécurité de l’Europe et du monde. Il faut se poser la question de savoir quelles sont les racines de cette crise, a déclaré le représentant. Pour lui, sous prétexte de faire la guerre au terrorisme, certains pays commettent des atrocités contre des États souverains, qui ont donné naissance à un cycle d’actes violents et à l’émergence de groupes tels que l’« État islamique ». Les États-Unis désignent les pays qui leur sont opposés comme étant des États soutenant le terrorisme, a poursuivi le représentant, et ils décident ensuite de leur appliquer des sanctions basées sur la défense de leurs propres intérêts. C’est cela qui cause la crise des réfugiés d’aujourd’hui. Le terrorisme d’État ne peut se justifier, a souligné le représentant, pour qui, il faut faire attention à ce que cette prétendue « guerre contre la terreur » ne soit en fait utilisée comme un instrument pour poursuivre des objectifs politiques.
La République populaire démocratique de Corée s’oppose au terrorisme sous toutes ses formes, a encore affirmé le représentant, qui a rappelé que son pays était partie à plusieurs instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, telles que la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme et la Convention des Nations Unies contre le crime transnational organisé. Cela prouve notre engagement et la volonté du gouvernement de coopérer sur la question de la lutte contre le terrorisme, a-t-il déclaré, ajoutant que son pays assumerait ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme dans la péninsule coréenne.
Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a déclaré que la coordination des efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme devait être assurée par les Nations Unies, ajoutant que c’est la raison pour laquelle le Kirghizistan est partie à 10 des 16 principaux instruments internationaux de lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, au plan national, le Kirghizistan a adopté des législations criminalisant le terrorisme et le mercenariat à but terroriste, a ajouté la représentante
M. HUSSAIN MAKLOUQ (Bahreïn) a déclaré que l'histoire de son pays avait démontré que Bahreïn avait toujours coopéré avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme. Bahreïn a adhéré à un certain nombre de conventions et instruments internationaux et régionaux, a poursuivi le représentant, qui a souligné que son pays avait soutenu l’alliance internationale contre Daech. En outre, Bahreïn s’est engagé à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme. Bahreïn continuera notamment à contrôler les frontières et à adopter une stratégie de sécurité pour lutter contre l’extrémisme violent, a ajouté M. Maklouq.
Depuis 2001, un comité de gouvernement a été mis en place pour lutter contre le blanchiment d’argent, a encore précisé le représentant, qui a conclu en réaffirmant la position de principe de son pays condamnant le terrorisme sous toutes ses formes, quels que soient les motifs et les raisons invoqués.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a commencé par affirmer qu’il n’y pas eu consensus sur la compétence du représentant d’Israël pour présider la Sixième Commission cette année. Cette compétence doit être mise en rapport avec le contexte international, a-t-il affirmé, ajoutant que le pays dont est originaire le président de la Commission refuse d’appliquer le droit international, y compris les résolutions des Nations Unies, occupe des territoires et impose la nationalité israélienne à des citoyens syriens. À cette liste, il faut ajouter le soutien qu’il accorde à des groupes terroristes dans le Golan syrien occupé, a encore déclaré le représentant.
La Sixième Commission a entendu des milliers de discours et adopté plus de 30 résolutions sur le terrorisme, a ensuite rappelé M. Ja’afari. Et pourtant, le terrorisme perdure car il est utilisé par certains pays pour en déstabiliser d’autres, tandis que d’autres pays ferment les yeux et font semblant d’ignorer cette réalité, a poursuivi le représentant. Parmi ces pays soutiens du terrorisme international ou qui détournent leurs regards, il y a des États Membres permanents du Conseil de sécurité, a déploré le représentant, pour qui, pendant que certains font ici état des mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la réalité pour sa part est bien différente.
La « guerre sale » qui ravage la Syrie depuis plus de six ans est la preuve de ce « deux poids deux mesures », a poursuivi le représentant, pour qui, le problème est le manque de volonté politique. Comment expliquer que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2253(2015) adoptée fin décembre 2015, restent lettre morte, s’est-il demandé. La réalité est que, parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, certains États continuent d’appuyer des groupes terroristes et leur offre des tribunes, a-t-il également assuré.
Dans ce contexte et pour réellement parvenir aux objectifs de lutte contre le terrorisme, il faut au plus vite parvenir à une convention générale sur le terrorisme, qui contienne une définition du terrorisme ne l’assimilant pas aux luttes légitimes des peuples sous domination ou occupation, a affirmé le représentant. Il faut aussi mettre en œuvre toutes les résolutions du Conseil de sécurité sur le terrorisme, notamment les résolutions 2253 et 2256, qui portent sur la Syrie. Par ailleurs, la guerre contre le terrorisme devant être une œuvre collective, il faut que les États renoncent à utiliser le terrorisme pour servir leurs desseins politiques et que les autres cessent de fermer les yeux sur cette réalité, a encore déclaré le représentant.
Sur un autre sujet, le représentant a rejeté les tentatives d’intervention militaire sur le territoire de la Syrie, sans le consentement préalable de son gouvernement. Cela serait considéré comme un acte d’agression, a-t-il prévenu, ajoutant que les agissements de la coalition internationale avaient démontré sa partialité, comme l’a montré l’attaque de la coalition contre des postes de l’armée syrienne, qui se bat contre Daech. Cette attaque a permis à ce groupe terroriste d’occuper temporairement une vaste zone, a dit le représentant. Il a par ailleurs regretté que les États-Unis se retirent de l’accord signé le 9 septembre avec la Fédération de Russie, ajoutant qu’en agissant ainsi, les États-Unis n’honoraient pas leurs engagements. Cela risque de mener au chaos, a encore prévenu M. Ja’afari.
Mme MAHLET H. GUADEY (Éthiopie) a souligné que le monde était aujourd’hui confronté à des défis sans précédents. Or, la coopération internationale fait toujours défaut pour lutter contre ce fléau, a-t-elle déploré, ajoutant que la politique des « deux poids deux mesures » était toujours de mise. Elle a par ailleurs estimé que les conséquences négatives de l’Internet étaient réelles, notamment du fait que les media sociaux véhiculent de fausses informations que les jeunes peuvent prendre pour argent comptant. Par ailleurs, la communauté internationale doit s’attaquer aux causes du terrorisme, a ajouté la représentante.
Au plan national, l’Éthiopie a pris des mesures pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a poursuivi la représentante. Mme Guadey a rappelé à quel point son pays était disposé à coopérer avec tous les pays pour combattre ce fléau, avant de demander la tenue d’un sommet international pour faire face au terrorisme et de se dire favorable à l’élaboration d’une convention internationale.
M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a déclaré que le péril terroriste imposait une réponse factuelle et rapide, à commencer par la compréhension des phénomènes qui y mènent. C’est pourquoi la Tunisie est favorable à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, car celle-ci fournit les outils pour aborder la question des combattants étrangers terroristes. Au plan national, la Tunisie a pris des initiatives pour criminaliser les actes de terrorisme, mais aussi pour prévenir l’afflux de combattants étrangers et le financement du terrorisme, a expliqué le représentant. Dans ce contexte, la Tunisie souhaite un renforcement de la coopération en matière d’échange d’informations sur les flux financiers, le blanchiment d’argent et le contrôle des frontières. Il souligne aussi qu’en la matière, les Nations Unies ont un rôle central à jouer dans le domaine de la coordination de la lutte contre le terrorisme.
M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a déclaré que le terrorisme représentait la forme la plus flagrante de violation des droits de l’homme. Dans son propre pays, de nombreux attentats terroristes ont été perpétrés et il suffit de porter un regard sur ce qui se passe pour comprendre que les menaces terroristes sont allées croissantes ces dernières années. Affirmant que les talibans avaient été repoussés par les forces de l’armée afghane, le représentant a affirmé qu’il fallait être plus efficace dans la lutte contre le terrorisme. À cette fin, la stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies reste le cadre le plus efficace pour les États de s’acquitter de leurs obligations, a estimé le représentant.
C’est une lapalissade: les États doivent respecter leurs obligations, a poursuivi M. Saikal. Et pourtant, alors que les multiples résolutions du Conseil de sécurité restent d’actualité, bien souvent, certains éléments protègent encore les terroristes, notamment dans notre région, pour promouvoir un dessein en matière de politique étrangère, a accusé le représentant, qui a demandé que l’on s’attaque aux sanctuaires que certains États fournissent aux terroristes. Il a par ailleurs souligné que l’Afghanistan avait adopté une démarche globale dans la lutte terroriste. « Nous avons sans relâche mené une lutte contre les éléments extrémistes tout en laissant la porte ouverte à ceux qui voudraient y renoncer», a-t-il affirmé.
Il est important de mettre un point final au projet de convention générale antiterroriste, c’est une priorité, a également insisté le représentant, qui a par ailleurs qualifié le dialogue interreligieux d’élément important pour la lutte contre le terrorisme. En conclusion, il a insisté sur la détermination de son pays à mettre en échec le terrorisme, « comme le fait vaillamment notre peuple depuis deux décennies ».
M. GHASSAN SADDAWI (Iraq) a déclaré que la communauté internationale avait échoué à éliminer le terrorisme, qui continue de déstabiliser des sociétés et des États. Les groupes terroristes aujourd’hui sont transfrontaliers. Ils ont conquis des pans entiers de territoires qu’ils utilisent pour déstabiliser des États. Le point de vue de l’Iraq sur cette question est simple: prendre toutes les mesures adéquates pour mettre un terme au terrorisme, dans un esprit de coopération et la traduction en justice des auteurs de ces actes, a résumé le représentant.
Pour sa part, l’Iraq est partie à nombre d’instruments internationaux relatifs à la lutte antiterroriste et a participé à maintes réunions internationales sur la question. En tant que pays victime du terrorisme et de Daech en particulier, groupe qui a conquis une partie du territoire iraquien, l’Iraq et son peuple connaissent mieux que personne la réalité du terrorisme. Les Iraquiens luttent contre le terrorisme au nom du monde entier. Ils attendent en retour l’appui de la communauté internationale pour mener à bien ce combat, a déclaré le représentant.
La question que l’on devrait se poser est de savoir pourquoi ce phénomène existe et perdure, a encore déclaré M. Saddawi. Pour le représentant, il faut s’interroger sur les causes profondes qui mènent au terrorisme, à savoir la pauvreté, les discriminations, les discours islamophobes, mais aussi l’occupation militaire, les frustrations ou encore la politisation et la pratique du « deux poids deux mesures » dans les affaires internationales. À défaut de changement de paradigmes, il est à craindre que le terrorisme perdure, a déploré le représentant en conclusion.
M. DUNCAN MUHUMUZA LAKI (Ouganda) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ajoutant que l’ONU était l’organisation idoine pour lutter contre le terrorisme. Au fil des ans, l’Ouganda a délogé de nombreux groupes terroristes de son territoire, a poursuivi le représentant, qui a ajouté que les efforts nationaux devaient pourvoir être appuyés par des financements adéquats. Nous demandons à tous les États de coopérer pour que tous les groupes terroristes soient démantelés, a ajouté le représentant, qui a rappelé les actes terroristes commis sur le territoire d’Ouganda avant de se féliciter que certains de leurs auteurs soient désormais en passe d’être jugés.
M. Laki s’est par ailleurs félicité des travaux du Comité 1540 du Conseil de sécurité sur le terrorisme et s’est aussi dit extrêmement préoccupé par les déchets toxiques qui sont rejetés sur la cote somalienne, car ils peuvent être récupérés par des terroristes. Cela peut aussi présenter un danger nucléaire, a-t-il noté. Il faut aussi définir le terme « terrorisme », a encore déclaré le représentant, estimant qu’une telle définition permettrait de montrer le vrai visage des terroristes. Il faut les supprimer si nous voulons supprimer la menace, a estimé le représentant, pour qui, il faut aussi s’attaquer aux causes du terrorisme.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a déclaré que la lutte antiterroriste devait également inclure la lutte contre l’extrémisme violent et l’islamophobie, qu’il a présenté comme les deux nouveaux visages de la menace internationale. Dans ce cadre, il est besoin de renforcer la coopération au niveau international et bilatéral par le biais de l’échange d’informations, des bonnes pratiques et des expériences, a estimé le représentant.
Pour M. Bessedik, la Sixième Commission peut contribuer à cet objectif, en particulier en parvenant à une convention générale sur le terrorisme, définissant le terrorisme. L’Algérie appelle à cet égard à la tenue d’une conférence internationale sur le terrorisme, afin de trouver un consensus sur la définition du terrorisme. L’Algérie, qui a une politique très stricte concernant le financement du terrorisme par le biais du paiement de rançons, est satisfaite des efforts faits dans ce domaine par la communauté internationale, a ajouté le représentant. L’Algérie estime par ailleurs que la réponse militaire ne peut à elle seule lutter efficacement contre le terrorisme, a encore déclaré M. Bessedik
M. KOTESWARA RAO (Inde) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, avant de faire état des différents instruments de lutte contre le terrorisme qui ont été transcrits par l’Inde en droit interne et des mesures prises au plan national. On ne peut faire de distinction entre le bon et le mauvais terroriste, a-t-il souligné.
Le représentant a noté qu’une convention générale sur le terrorisme international pourrait certainement aider à la lutte contre le terrorisme mais a déploré que la Sixième Commission n’arrive pas à être à la hauteur de sa tâche et d’élaborer une telle convention. Il a rappelé que cela fait onze fois que la Commission s’essaie à cette tâche, sans succès. Nous sommes incapables d’être à la hauteur des attentes des dirigeants mondiaux, a-t-il regretté, avant de se demander s’il ne serait pas temps d’accepter que d’autres enceintes remplissent cette tâche. Faut-il abandonner, comme certaines délégations l’ont suggéré hier, s’est-il demandé, avant d’estimer qu’il faudrait prendre une décision sur cette question maintenant.
Par ailleurs, M. Rao a rappelé que son pays est partie à 14 des instruments internationaux de lutte contre le terrorisme. Au niveau régional, l’Inde est en outre partie à de nombreuses conventions de lutte contre le terrorisme. Le représentant s’est dit préoccupé par le financement du terrorisme ainsi que par la question des combattants terroristes étrangers, affirmant que son pays avait pris des mesures pour identifier de tels combattants. Il a également fermement condamné l’assistance financière apportée aux terroristes par certains États. La lutte contre le terrorisme doit être menée sans relâche et nous devons collaborer pour vaincre ce fléau, a-t-il conclu.
M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a déclaré que la situation géographique de son pays en faisait une cible du terrorisme. Depuis 1980, plus de 2000 Azerbaidjanais ont perdu la vie à cause du terrorisme, a poursuivi le représentant, avant de présenter la liste des mesures prises par son gouvernement pour combattre le terrorisme.
Mais si toutes ces mesures, de même que celles prises au plan international et par les Nations Unies, sont importantes, il ne faut pas oublier de résoudre les conflits, notamment les endroits où existe un conflit territorial, a averti M. Musayev. Il y a des situations de pays où des régions entières occupées ne sont pas couvertes par une surveillance internationale et où toute sorte de trafic d’armes de toute nature est facilitée, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, l’Azerbaïdjan appelle tous les États à se conformer à leurs obligations en matière de droit international, et notamment à ne pas utiliser de territoires étrangers sous leur contrôle pour parrainer le terrorisme.
M. TAIWO ABIDOGUN (Nigéria) a déclaré que le terrorisme était de nature insidieuse et délétère, ajoutant que la menace d’attentats terroristes pesait sur chacun d’entre nous. Nous avons besoin d’une coopération internationale marquée par la collaboration de tous, a-t-il ajouté. C’est pourquoi le Nigeria appuie toutes les initiatives de l’ONU dans ce sens. Convaincu de la nécessité de joindre les efforts de chacun, le représentant a demandé que la dernière main soit mise au processus de rédaction d’un projet de convention sur le terrorisme international.
Au fil des ans, le Nigeria a été confronté au terrorisme, notamment du fait du groupe Boko Haram, a rappelé M. Abidogun, qui a ajouté: ces attentats ne nous font pas baisser les bras, au contraire. Le 13 mai de cette année, le conseil national de sécurité du Nigeria s’est félicité des avancées de la Force internationale mise en place pour lutter contre Boko Haram et, cet été, le président du Nigeria a lancé la stratégie nationale révisée de lutte contre le terrorisme. Toutes les parties prenantes sont invitées à s’unir contre la terreur, quelles que soient leurs appartenances politiques, a expliqué le représentant, ajoutant que son président avait demandé une collaboration intersectorielle pour obtenir le meilleur résultat possible. Les forces armées nigérianes ont travaillé sans relâche pour récupérer des territoires, a encore déclaré le représentant, qui a souligné que, dans une telle situation, les droits de l’homme avaient été respectés. Nous avons encore cependant besoin de la coopération internationale, a conclu M. Abidogun.