La Deuxième Commission adopte trois textes sur le développement durable dont l’un par vote sur « l’entrepreneuriat au service du développement durable »
La Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, a adopté, ce matin, trois projets de résolution, dont l’un intitulé « L’entrepreneuriat au service du développement durable », à l’issue d’un vote enregistré.
Ce texte présenté par Israël, et oralement amendé, a ainsi été adopté par 123 voix pour, 30 contre et 8 abstentions (Afrique du Sud, Bangladesh, Chine, Équateur, Guinée, Mali, Niger et Sri Lanka).
Si elle suivait les recommandations de sa commission, l’Assemblée générale demanderait aux organismes et organes compétents des Nations Unies de continuer de faire une place à l’entrepreneuriat et de l’intégrer sous ses différentes formes dans leurs politiques, programmes et rapports.
Avant l’adoption de ce projet de résolution, la représentante de la République arabe syrienne a estimé qu’Israël essayait d’améliorer son image, et que le pays faisait semblant de s’intéresser au développement durable alors qu’il a mis en œuvre des politiques visant à l’autoriser à exploiter les ressources naturelles palestiniennes et syriennes.
Le représentant de l’Algérie, s’exprimant au nom du Groupe des États arabes, a expliqué que des rapports pertinents des Nations Unies laissaient voir que l’occupation israélienne des territoires palestiniens est une atteinte au droit au développement et à l’entrepreneuriat des Palestiniens. En outre, Israël agit en violation flagrante du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU sur la question, et c’est pour ces diverses raisons que le Groupe des États arabes a appelé à voter contre ce texte.
Le représentant de la Grèce a, pour sa part, rappelé que l’« ex-République yougoslave de Macédoine » était l’appellation légale de ce territoire au sein des instances onusiennes, en invitant la délégation israélienne à en tenir compte.
Après l’adoption du projet de résolution, le représentant d’Israël a expliqué qu’Israël avait su profiter de l’innovation et de l’entrepreneuriat pour transformer un environnement hostile et désertique en un écosystème propice au développement. Soulignant que l’entrepreneuriat devrait être utilisé comme levier de l’essor des pays en développement, il a accusé les pays arabes de voter contre leur propre peuple en s’opposant à ce texte.
Son homologue de la Colombie a expliqué que tout en se joignant au consensus, sa délégation regrette cependant que le texte ne contienne pas le libellé convenu par la communauté internationale sur la question du transfert des technologies dans des conditions favorables.
Réagissant aux commentaires faits par la délégation israélienne, qui s’est targuée de ce qu’Israël était devenu un modèle de succès en matière de développement grâce à la transformation d’un désert en un pays productif et prospère, l’observateur de la Palestine a tenu à rappeler que ce désert était précisément la terre historique de la Palestine dont le mouvement sioniste s’est servi en pillant des villes. « Dans ce désert, qu’on nous a forcé à quitter, nous avons laissé des milliers de maisons » et des infrastructures, a-t-il expliqué, citant ainsi trois aéroports, de grands ports comme celui d’Haïfa, des écoles, des cinémas, des chemins de fer qui sont désormais utilisés par des « pseudo-civilisés », des services postaux, une compagnie d’électricité, des hôtels, des équipes de football, et « une agriculture qui est aujourd’hui pillée par les Israéliens ». « Ces territoires n’ont jamais été un désert et ne le seront jamais », a-t-il martelé.
Outre ce projet de résolution, la Deuxième Commission a adopté sans vote un autre texte présenté par l’Islande et intitulé « Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique ». Si elle adoptait ce texte, l’Assemblée générale engagerait les pays développés parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, à appuyer activement les efforts déployés par les pays en développement parties à la Convention.
Le dernier texte intitulé « Développement durable dans les régions montagneuses », présenté par le Pérou au nom de ses coauteurs et adopté sans vote, recommande à l’Assemblée générale d’engager les États, l’ensemble des parties prenantes et la communauté internationale à redoubler d’efforts pour assurer la préservation des écosystèmes montagneux et l’amélioration du bien-être des populations locales.
En fin de séance, le Président de la Commission, M. Dian Triansyah Djani, de l’Indonésie, a lancé un appel aux délégations afin que la Deuxième Commission puisse achever ses travaux le 23 novembre prochain. Il a rappelé que six textes avaient déjà été adoptés et qu’une trentaine faisait encore l’objet de négociations. Il a encouragé les délégations à respecter les délais afin que tous les textes soient adoptés au cours de cette session.
La prochaine séance plénière de la Deuxième Commission aura lieu mardi, 22 novembre, à 15 heures.
PRÉSENTATION ET DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION
Développement durable
La Deuxième Commission a adopté, tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « L’entrepreneuriat au service du développement durable » (A/C.2/71/L.20/Rev.1*), à l’issue d’un vote, par 123 voix pour, 30 contre et 8 abstentions (Afrique du Sud, Bangladesh, Chine, Équateur, Guinée, Mali, Niger et Sri Lanka).
Si elle suivait les recommandations de sa commission, l’Assemblée générale demanderait aux organismes et organes compétents des Nations Unies de continuer de faire une place à l’entrepreneuriat et de l’intégrer sous ses différentes formes dans leurs politiques, programmes et rapports, selon qu’il conviendra, et inviterait les organismes des Nations Unies, en particulier la CNUCED, à continuer de fournir soutien et assistance aux États Membres s’ils en font la demande, pour définir, formuler, mettre en œuvre et évaluer des politiques cohérentes sur l’entrepreneuriat et la promotion des microentreprises ainsi que des petites et moyennes entreprises.
Par ce texte, l’Assemblée générale engagerait les pays à envisager de mettre en place des centres d’excellence en matière d’entrepreneuriat ou des organes similaires et de renforcer ceux qui existent, et préconiserait la coopération, la création de réseaux et l’échange de pratiques optimales. En outre, aux termes de ce texte, l’Assemblée générale soulignerait également qu’il importe de disposer d’indicateurs pouvant servir à formuler des politiques ciblées sur la création d’entreprises et à mesurer leurs effets sur les objectifs de développement durable et, à cet égard, encouragerait les États Membres, en coopération avec toutes les parties intéressées, à définir et à mettre au point de nouveaux indicateurs aux niveaux national et régional, selon qu’il conviendra, et à continuer de contribuer aux travaux de la Commission de statistique sur le cadre mondial d’indicateurs.
La Deuxième Commission a ensuite adopté par consensus le projet de résolution intitulé « Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique » (A/C.2/71/L.38*).
En vertu de ce texte, l’Assemblée générale engagerait les pays développés parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, à appuyer activement les efforts déployés par les pays en développement parties à la Convention pour promouvoir des pratiques de gestion durable des terres et s’efforcer de parvenir à un monde sans dégradation des terres en fournissant des ressources financières substantielles, en facilitant l’accès aux technologies appropriées et en apportant d’autres types d’appui, notamment sous la forme de mesures de renforcement des capacités.
Elle constaterait qu’il est profitable de coopérer, notamment d’échanger des informations sur le climat, la météorologie et les systèmes de prévision et d’alerte rapide concernant la désertification, la dégradation des sols et la sécheresse, sans oublier les tempêtes de poussière et de sable, aux niveaux mondial, régional et sous-régional, et estimerait, à cet égard, qu’il faut que les États et les organismes compétents coopèrent davantage pour agir dans ce sens.
L’Assemblée générale réaffirmerait aussi que si les terres dégradées étaient remises en état, on pourrait notamment reconstituer les ressources naturelles et, ce faisant, améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition dans les pays touchés et, notamment, accroître l’absorption des émissions de carbone.
Après l’Adoption de ce texte, le projet de résolution A/C.2/71/L.10 a été retiré.
La Deuxième Commission a également adopté sans vote le projet de résolution intitulé « Développement durable dans les régions montagneuses » (A/C.2/71/L.18/Rev.1).
Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale engagerait les États à adopter une vision à long terme et des approches intégrées, notamment en incorporant des politiques pour les régions montagneuses dans les stratégies nationales de développement durable, et à redoubler d’efforts pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions et lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, l’exclusion sociale, la dégradation de l’environnement et les risques de catastrophe dans les régions montagneuses.
À cet égard, elle engagerait les États à renforcer leur gouvernance des risques de catastrophe afin de mieux gérer ces risques et améliorer les stratégies existantes, afin que les régions montagneuses puissent faire face aux phénomènes extrêmes tels que les éboulements, les avalanches, les débâcles glaciaires et les glissements de terrain, que peuvent aggraver les changements climatiques et le déboisement, conformément au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030).
En outre, l’Assemblée générale engagerait les États, l’ensemble des parties prenantes et la communauté internationale à redoubler d’efforts pour assurer la préservation des écosystèmes montagneux et l’amélioration du bien-être des populations locales, notamment en encourageant les investissements dans les infrastructures des zones montagneuses dans des domaines tels que les transports et les technologies de l’information et des communications, et en appuyant les programmes d’éducation, de vulgarisation et de renforcement des capacités.
Par ailleurs, constatant que les chaînes de montagnes s’étendent généralement sur plusieurs pays, l’Assemblée générale encouragerait les États concernés à instaurer une coopération transfrontalière pour assurer de concert le développement durable de ces ensembles montagneux et échanger des informations à cette fin.