Deuxième Commission: des délégations réaffirment la place centrale de l’éradication de la pauvreté pour parvenir à un développement durable
Des délégations de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, ont insisté, ce matin, sur l’importance de la lutte contre la pauvreté en vue de parvenir à un développement durable inclusif.
Au cours de la deuxième journée des travaux consacrée à l’examen de la question du développement durable, « enjeu majeur des travaux de la Deuxième Commission » comme l’ont relevé hier des délégations, de nombreuses voix, dont celles de l’Équateur et de la Chine, ont rappelé que l’élimination de la pauvreté était la priorité la plus importante pour le développement durable.
Soucieuse de s’assurer que personne ne soit laissé de côté, et engagée à soutenir les quelque 836 millions de personnes qui vivent encore dans l’extrême pauvreté, la communauté internationale avait établi, en 2015, que ce vœu constitue le premier des 17 objectifs de développement durable.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, a expliqué le délégué de l’Équateur, la pauvreté ne résulte pas d’un manque de ressources, mais de systèmes qui favorisent l’exclusion. Pour lui, combattre la pauvreté implique une meilleure distribution des revenus et des richesses à la fois au sein des sociétés et entre pays.
Il faut que les plus pauvres soient considérés comme « des agents dignifiés de leur propre autonomisation », a déclaré, de son côté, l’Observateur permanent du Saint-Siège qui rappelait ainsi les paroles du pape François. Il a demandé que le développement durable soit centré sur l’homme et appelé à une nouvelle vision qui tienne compte de la dignité humaine et du respect de la nature, afin de valoriser « une économie de solidarité ».
Pour El Salvador, il faudrait établir des mesures précises adaptées au caractère multidimensionnel de la pauvreté, notamment pour permettre aux pays à revenu intermédiaire de relever les défis du développement durable.
La déléguée de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait observer que 80% des plus pauvres de la terre, et qui connaissent également l’insécurité alimentaire, vivent dans les zones rurales des pays en développement. Si nous voulons vraiment agir pour ne laisser personne de côté, a-t-elle expliqué, alors il faudrait tenir compte du fait qu’une personne sur trois, vivant en montagne, soit confrontée au problème de l’insécurité alimentaire.
La FAO entend mettre en place un programme d’action en faveur de la sécurité alimentaire dans les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-elle indiqué. Pour la représentante de la Namibie, la lutte contre la pauvreté implique que l’Afrique doit sortir de sa dépendance aux seules ressources naturelles afin de promouvoir un nouveau modèle d’intégration sociale et industrielle.
De nombreux orateurs ont demandé que les efforts internationaux pour éradiquer la pauvreté et réaliser, ainsi, tous les objectifs de développement international, prennent compte des besoins et enjeux des pays en situation particulière.
Dans ce contexte, le délégué du Nigéria a expliqué que la désertification menaçait les plus pauvres en Afrique. La lutte contre ce phénomène naturel, a-t-il dit, est absolument nécessaire pour vaincre la pauvreté. Le Nigéria, a-t-il assuré, a ainsi adopté plusieurs mesures, dont le programme « Mur vert du Sahara » visant à stopper l’avancée du désert.
Les questions énergétiques ont également été évoquées au cours de cette session, avec la plupart des interventions appelant à la transition des économies vers des sources d’énergie renouvelables, une option qui permettrait également de réduire les émissions de gaz à effet de serre, principales responsables des changements climatiques.
Aujourd’hui, 173 pays ont défini des objectifs d’énergies renouvelables, contre seulement 43 en 2005, s’est félicitée la déléguée de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Elle a expliqué que la bonne gestion des politiques énergétiques pourrait faciliter la réalisation de presque tous les objectifs de développement durable. Le secteur de l’énergie renouvelable a créé environ 9,4 millions d’emplois en 2015, a-t-elle fait observer, en soulignant que la transformation énergétique en cours entraînera une transformation économique
Aucun pays ne peut parvenir au développement durable sans paix et sécurité, a prévenu le représentant de l’Ukraine, en soutenant que le renforcement de la paix universelle devrait devenir la force motrice pour que les objectifs de développement durable deviennent une réalité.
Jeudi prochain, la Deuxième Commission organisera, le matin, une manifestation parallèle sur le rôle des instances publiques chargées de la gouvernance et de toutes les parties prenantes dans la promotion de l’informatique et des communications à l’appui du développement durable. Dans l’après-midi, elle entamera l’examen du point de son ordre du jour consacré aux technologies de l’information et des communications au service du développement.
DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/71/76–E/2016/55, A/71/190, A/71/210, A/71/215, A/71/217 et A/71/376)
Fin du débat général
M. CARLOS MANUEL DA COSTA (Mozambique) a rappelé que le Mozambique était vulnérable aux catastrophes naturelles, en raison de sa situation géographique. Le Mozambique a renforcé la capacité nationale et s’est doté de deux objectifs stratégiques: la promotion d’études et de recherches visant à la réduction des risques et à l’adaptation aux changements climatiques d’une part, la réduction de la vulnérabilité des communautés, de l’économie et des infrastructures d’autre part. Il a attiré l’attention sur l’adoption d’un cadre institutionnel et d’un cadre juridique pour renforcer les capacités d’adaptation aux changements climatiques. Cela a eu des effets positifs mais beaucoup reste à faire, a-t-il souligné, en faisant observer que cela était entravé par le manque de ressources pour reconstruire les infrastructures détruites et améliorer les méthodes de planification. L’appui des partenaires du Mozambique pour le développement est indispensable, a-t-il souligné en les encourageant à augmenter leur aide.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a salué l’adoption de nouveaux instruments internationaux concernant le développement durable. Durant 16 ans, la Malaisie a fait d’énormes progrès en tant que pays à revenu intermédiaire mais les partenariats stratégiques doivent être renforcés en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, a dit le délégué. M. Ibrahim a également lancé un appel à des actions robustes internationales contre le terrorisme et l’extrémisme violent afin de pouvoir exécuter le programme de développement durable. Celui-ci est également affecté par l’incidence de la pauvreté. Le représentant a indiqué que le plan 2006-2020 de la Malaisie est le premier à aller au-delà des mesures du PIB et à introduire un indicateur de bien-être. Le pays est par ailleurs en train de ratifier l’Accord de Paris et compte réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici à 2030.
M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a indiqué qu’il mettrait tout en œuvre pour jeter les bases de suivi de tous les accords internationaux récemment adoptés. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il rappelé, présente des objectifs pour éliminer la pauvreté extrême et accorder un minimum de niveau de développement durable dans le monde. Il faudrait, a-t-il estimé, mieux démarquer le rôle du système des Nations Unies pour mettre en œuvre ces instruments, en se disant convaincu que les objectifs de développement durable ne seront pas atteints sans un appui approprié sur le terrain. Le représentant a toutefois regretté que l’on parle beaucoup de ce que les pays doivent faire mais peu des priorités des Nations Unies. Sans une aide publique au développement (APD) significative, il est impossible pour les pays en développement de réaliser les objectifs fixés, a-t-il prévenu.
S’agissant de l’Accord de Paris, le délégué a fait remarquer que ce sont les pays en développement qui souffrent le plus de la pollution générée par les pays développés. Le développement durable doit être abordé de façon intégrale et c’est pourquoi, il faut que des mesures précises adaptées au caractère multidimensionnel de la pauvreté soient prises, notamment pour permettre aux pays à revenu intermédiaire de relever les défis, a-t-il souligné.
Mme HUA YE (Chine) a recommandé à la communauté internationale de prendre des mesures plus actives et de mettre en place le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de façon intégrée et coordonnée. La représentante a souligné que l’élimination de la pauvreté était la priorité la plus importante, essentielle pour le développement durable. Il est important de parvenir à établir une harmonie entre humanité et environnement, a-t-elle souligné. La représentante a ensuite demandé que des mécanismes soient mis en place pour assister à la réalisation des objectifs de développement durable et pour que les pays développés puissent aider les pays en développement à améliorer leurs capacités nationales. Elle a estimé qu’il faudrait renforcer la coopération par laquelle tout le monde sera gagnant, notamment pour l’énergie et l’alimentation.
Au sujet de l’Accord de Paris, la déléguée de la Chine a souligné qu’il devrait être mis en œuvre intégralement. Il faudrait également œuvrer pour assurer à la fois la sécurité alimentaire et un système énergétique stable. La Chine a fait du développement l’un de ses objectifs principaux, en précisant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était intégré dans ses stratégies à long terme. Le Gouvernement chinois a toujours adopté une démarche responsable en ce qui concerne les changements climatiques et a tout mis en œuvre pour ratifier l’Accord de Paris, a-t-elle assuré.
Mme AYE MYA MYA KHAING (Myanmar) a indiqué que le Gouvernement du Myanmar a intégré les préceptes des objectifs de développement durable dans le plan de développement économique pour l’année 2016. Pour les autorités du pays, la paix et la réconciliation nationale sont des conditions préalables pour parvenir à un développement durable, d’autant plus que des décennies de guerre civile ont sapé le développement inclusif au Myanmar. La représentante a souligné l’importance de la science, la technologie et l’innovation comme catalyseurs du développement durable. Dans ce contexte, elle a salué les progrès en vue de la mise sur pied du mécanisme de facilitation des technologies.
Le Myanmar est engagé dans la promotion des sources d’énergie renouvelables, a-t-elle assuré en précisant que la préservation de l’environnement était un devoir pour tous les citoyens. Son pays est très vulnérable aux catastrophes naturelles, a-t-elle rappelé. À cet égard, elle a remercié l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour avoir assisté le Myanmar dans la réhabilitation des sites historiques détruits à la suite du tremblement de terre d’août dernier.
Mme HEBA ALSABAH (Koweït) a souhaité que la communauté internationale passe désormais des paroles aux actes dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de tous les défis auxquels elle est confrontée. Elle a plaidé pour le renforcement des partenariats entre pays développés et ceux en développement. Elle a invité les pays développés à mettre en œuvre leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).
Le Koweït a, pour sa part, établi un programme national de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a indiqué la représentante. Elle a ensuite salué l’annonce de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris le mois prochain et assuré que son pays entendait réduire sa dépendance aux hydrocarbures afin de préserver la couche d’ozone. Le pays est également confronté à l’avancée du désert et les autorités ont engagé des mesures pour y faire face, a-t-elle fait remarquer.
M. MAHE’ULI’ULI SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga) a estimé que les partenariats internationaux en faveur du développement étaient de la plus grande importance pour un pays comme les Tonga, un petit État insulaire en développement (PEID). Il a indiqué que son pays avait besoin du soutien de la communauté internationale afin de pouvoir faire face aux défis qui l’interpellent, notamment les changements climatiques. Le pays a identifié 29 cibles entrant dans le cadre de la contextualisation des objectifs de développement durable au niveau national. Une démarche nationale assure du reste que la question des changements climatiques soit intégrée à tous les niveaux de prise de décisions, tant au niveau national qu’au niveau des communautés. Il a également souligné l’importance de la préservation des ressources marines qui sont la base de l’économie des Tonga.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a exprimé ses condoléances et sa sympathie au Gouvernement et au peuple d’Haïti, frappés par l’ouragan Matthew. Le représentant a estimé qu’il faudrait renforcer les synergies et la cohérence pour appliquer les instruments adoptés dans les domaines social et environnemental. Les Nations Unies devraient aussi renforcer leur rôle afin de mieux assister les pays concernés à assurer leur développement. L’Éthiopie se prépare pour l’examen volontaire national en 2017 qui aura lieu dans le cadre du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, a indiqué le représentant. Les catastrophes menacent les acquis du développement, a-t-il souligné, en recommandant que le Cadre de Sendai soit appliqué par les gouvernements, le secteur privé et la société civile pour mieux se préparer à les gérer. Le Gouvernement éthiopien a intégré des mesures de préparation aux risques dans ses plans de développement et a pu épargner des vies humaines, avec l’aide de ses partenaires. La promotion de sources d’énergie renouvelables peut également contribuer à l’élimination de la pauvreté et la mise en œuvre de l’objectif 7 du développement durable pourrait contribuer à atténuer les conséquences des changements climatiques. La pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige un environnement propice à tous les niveaux, a-t-il conclu.
M. VITALII BILAN (Ukraine) a déclaré que l’Ukraine luttait pour renforcer sa stabilité et sa sécurité après l’annexion de la Crimée et l’agression externe qui a ralenti son développement. Le représentant a ensuite souligné que le développement durable unissait en tant qu’objectif pour le progrès et que l’Ukraine prend au sérieux ses engagements, en travaillant à la réalisation des objectifs de développement durable. En tant que membre du Groupe des amis du climat, l’Ukraine salue l’Accord de Paris, qu’elle a signé en avril 2016. Évoquant la catastrophe de Tchernobyl, le représentant a rappelé qu’il était important de donner plus de force à la dimension humaine dans la préparation à des urgences nucléaires au niveau des Nations Unies.
Par ailleurs, la protection de l’environnement dans la région du Donbass est un autre sujet de préoccupation après le bombardement d’infrastructures sensibles, a fait observer le délégué. Il est temps que les Nations Unies se penchent sur la protection de l’environnement dans les situations de conflit, a-t-il lancé, en ajoutant qu’il était évident qu’aucun pays ne peut parvenir au développement durable sans paix et sécurité. Par conséquent, le renforcement de la paix universelle devrait devenir une force motrice pour la réalisation des objectifs de développement durable.
M. PTANGME PEKETI (Togo) a indiqué que le Gouvernement togolais avait opté pour plus de transparence et des actions inclusives pour un développement durable du pays. Dans le cadre du processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Togo a lancé son plan national de développement durable pour la période 2015-2019, avec l’éradication de la pauvreté placée au centre des défis. Le représentant du Togo a également fait observer que le pays avait lancé un programme de construction et de réhabilitation des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires. Il a ensuite plaidé pour une mise en œuvre des objectifs de développement durable qui soit inclusive, afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.
M. SEMISI SERUITANOA (Fidji) a déclaré que l’éradication de la pauvreté devrait être au centre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. L’entrée en vigueur de l’Accord de Paris est un exemple des avancées qui sont possibles lorsque la communauté internationale décide de travailler dans l’unité. Le représentant des Fidji a plaidé pour l’appui de la communauté internationale en faveur des pays en développement, notamment ceux qui se trouvent dans des situations particulières. Il n’y a pas de solution miracle s’appliquant à toutes les situations, a-t-il prévenu.
Le représentant a ensuite plaidé pour des partenariats renforcés en faveur des PEID pour la mise en œuvre des Orientations de Samoa. Il faudrait mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation efficients de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ces mesures, a-t-il expliqué, permettraient d’adapter le système des Nations Unies aux besoins véritables des États Membres. Avant de conclure, il a salué la tenue d’une réunion de l’Assemblée générale sur la question des océans, en mai 2017.
M. ABEL ADELAKUN AYOKO (Nigéria) a reconnu les défis importants à tous les niveaux en ce qui concerne le développement durable et les impacts négatifs de la crise. Le représentant a jugé nécessaire de redoubler d’efforts et recommandé aux pays développés d’honorer leurs engagements à l’égard des pays en développement. Les petits États insulaires en développement (PEID) sont confrontés à des défis structurels et extérieurs exceptionnels, surtout en Afrique, a fait observer le délégué, en estimant qu’il faudrait mettre en œuvre la stratégie de Maurice tenant compte de leurs spécificités. Il faudrait également s’attaquer aux causes profondes des risques de catastrophes naturelles, a-t-il souligné en demandant à la communauté internationale de renforcer la coopération technologique pour limiter les conséquences de ces catastrophes.
Le Nigéria est très attaché au développement durable dans toutes ses dimensions et l’a intégré dans sa politique nationale, notamment en ce qui concerne l’énergie, a indiqué son représentant. Il a ensuite demandé aux pays développés et aux institutions compétentes de redoubler d’efforts pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités nationales. « L’un des plus grands défis de notre époque est la désertification qui menace les plus pauvres en Afrique », a insisté le représentant. La lutte contre ce phénomène naturel est absolument nécessaire pour vaincre la pauvreté, a-t-il assuré. En ce sens, le Nigéria a adopté plusieurs mesures, dont le programme « Mur vert du Sahara » visant à stopper l’avancée du désert. Les Nations Unies doivent concrétiser les efforts collectifs pour assurer un développement large et inclusif, créateur d’emploi décent, a conclu le délégué.
M. ADNAN ALTAY ALTINÖRS (Turquie) a déclaré que la Deuxième Commission était essentielle pour traduire la vision en matière de développement en actions concrètes. La Turquie est attachée au programme universel et transformateur de développement durable à l’horizon 2030 qu’elle est en train d’intégrer dans ses plans nationaux de développement, a indiqué le délégué. Sa mise en œuvre doit aboutir à l’élimination de la pauvreté et de la faim et tenir compte des enjeux des pays en situation spéciale. Par ailleurs, la Turquie est candidate pour accueillir la COP14 de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité en 2018 et la COP26 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 2020. La mise en œuvre de ces conventions et des objectifs de développement durable requiert les capacités adéquates, des ressources et une aide aux pays en développement, a expliqué le délégué. Dans ce contexte, la Turquie a lancé l’initiative d’Ankara pour la période 2016-2019 qui vise à renforcer la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le programme de développement à l’horizon 2030.
Mme VESNA BAUS (Croatie) a souhaité que cette session de l’Assemblée générale soit véritablement consacrée à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Elle a salué le succès de la dernière session du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, réuni sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC). La représentante a plaidé pour des établissements humains durables, et appelé à assurer une qualité de vie acceptables aux citoyens, notamment dans le sillage de la tenue prochaine Conférence ONU-Habitat III qui commence la semaine prochaine à Quito, en Équateur. Elle a aussi salué le rôle des petites et moyennes entreprises, en souhaitant qu’un soutien soit apporté particulièrement aux femmes entrepreneurs.
M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a souhaité que la communauté internationale change de vision et de paradigme et se tourne désormais vers l’efficience dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Il a ainsi plaidé pour des politiques visant à promouvoir une croissance économique inclusive. Il a par ailleurs plaidé pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris que son pays vient de ratifier. Il a rappelé que le Fonds vert pour le climat, qui devrait recevoir, de la part des bailleurs de fonds, au moins 100 milliards de dollars par an, pourrait aider les pays durement touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes. Pour s’assurer de la mise en œuvre du programme de développement international, une conférence nationale sur le développement durable a été organisée, a indiqué le délégué. Le pays entend désormais établir un cadre institutionnel et des mécanismes financiers efficaces pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il assuré.
Mme YILIANNE SÁNCHEZ RODRÍGUEZ (Cuba) a adressé ses condoléances aux pays amis des Caraïbes à la suite du passage de l’ouragan Matthew. La dégradation de l’environnement et les effets négatifs des crises économiques et financières montrent qu’il est nécessaire de changer les modèles insoutenables de production et de consommation et de construire des modèles durables qui en finissent avec les inégalités, la discrimination, la pauvreté et l’exclusion sociale, a fait observer la représentante. Les petits États insulaires en développement sont encore plus vulnérables en raison de leur situation géographique, a-t-elle ajouté. À cet égard, Cuba favorise les capacités d’enquête afin de mieux comprendre les impacts des changements climatiques pour la période 2050 à 2100. Le pays a également fait des efforts pour lutter contre les catastrophes, avec un système de défense civile efficace et une approche intégrale, de la prévention à la récupération. Cuba est disposée à appuyer tous les pays dans la gestion des catastrophes naturelles et vient d’envoyer une brigade d’intervention en Haïti pour soulager les victimes de l’ouragan Matthew, a assuré Mme Sanchez.
Mme LINDA ANNE SCOTT (Namibie) a fait observer que le cadre de surveillance au niveau mondial était exceptionnel et permettait d’assurer le suivi de la mise en place du Programme de développement durable à l’horizon 2030. La réalisation des objectifs de développement durable exige une démarche multidimensionnelle, incluant de nombreux processus, a souligné la représentante. Dans ce contexte, la zone de libre commerce et le passeport panafricain sont un exemple d’instrument efficace de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle dit, convaincue que l’Afrique doit sortir de la dépendance aux seules ressources naturelles et promouvoir un modèle d’intégration sociale et industrielle. Les changements climatiques sont l’un des plus grands défis de l’humanité, a-t-elle rappelé.
Évoquant le passage de l’ouragan Matthew, la déléguée de la Namibie a présenté ses condoléances au peuple d’Haïti et exhorté la communauté internationale à l’aider avec toute l’assistance nécessaire. La Namibie est très concernée par la question de la dégradation des terres et de la désertification, très liée avec celle de la sécheresse et des changements climatiques, qui s’alimentent et gênent les efforts pour le développement durable. À ce sujet, le Gouvernement avait organisé à Windhoek en août dernier, en collaboration avec le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la première conférence sur la sécheresse en Afrique, qui s’est concentrée sur les besoins spécifiques des pays africains pour améliorer la résilience.
M. ESTEBAN CADENA (Équateur) a fait observer que l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes, et de la pauvreté extrême en particulier, était le défi majeur de notre temps et un préalable à la réalisation des objectifs de développement durable. La mise en œuvre du Programme 2030 demande de mobiliser de nouvelles ressources et de mettre l’accent sur le rôle complémentaire de la coopération Nord-Sud et triangulaire pour renforcer les capacités institutionnelles dans les domaines des infrastructures, social, éducatif et sanitaire, a souligné le représentant. Le développement incombe, en premier lieu, aux États, a-t-il estimé. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la pauvreté ne résulte pas d’un manque de ressources, mais de systèmes qui favorisent l’exclusion, a-t-il lancé, en dénonçant une propagande néolibérale. Combattre la pauvreté implique une meilleure distribution des revenus et des richesses à la fois au sein des sociétés et entre pays, a estimé M. Cadena. Il a réitéré le soutien de sa délégation au Forum politique de haut niveau pour le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la reconnaissance qu’il existe différentes visions pour définir les priorités de développement durable.
Mme CAMILLE BOUILLON-BÉGIN (Canada) a rappelé que le Canada avait annoncé, le 17 juin dernier, son intention de ratifier la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Elle a indiqué que la désertification avait un lien avec certaines des priorités de développement du Canada, notamment la sécurité alimentaire, l’agriculture, la paix et la sécurité, l’accès à l’eau, la production animale, les énergies renouvelables, ainsi que les risques que la désertification pose sur les objectifs de développement durable.
M. MOHAMED OMAR GAD (Égypte) a plaidé pour un financement adéquat du système de développement des Nations Unies qui a l’expérience requise en matière d’aide au développement. Il a indiqué que l’élimination de la pauvreté était centrale pour l’atteinte du développement durable. Le Gouvernement égyptien en a fait l’une de ses priorités, comme cela a pu être constaté au cours de la présentation que le pays a faite au cours de l’examen volontaire devant le Forum politique sur le développement durable, réuni en juillet dernier sous les auspices de l’ECOSOC.
Pour faire face aux changements climatiques, a estimé le représentant, il faudrait fournir aux pays en développement les ressources nécessaires pour financer les mesures d’adaptation. Il a également insisté sur la question de l’eau, en souhaitant que des données précises soient fournies afin que des solutions idoines soient apportées à ce défi.
Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a demandé que le développement durable soit centré sur l’homme. Il a appelé à une nouvelle vision qui doit tenir compte de la dignité humaine et du respect de la nature, afin de valoriser « une économie de solidarité ». Il faut que les plus pauvres soient considérés comme « des agents dignifiés de leur propre autonomisation », a-t-il insisté en rappelant ainsi les paroles du Pape François. Il a appelé la communauté internationale à ne pas se limiter à tenir compte des enjeux économiques, mais également à prendre en considération le bien commun. Il a précisé que les marchés avaient certes un rôle important à jouer pour la croissance, tout en estimant qu’il ne faudrait pas oublier que sans des hommes et femmes dignes, le développement durable n’est pas possible.
Mme YERA ORTIZ DE URBINA, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a fait remarquer que les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris avaient placé les énergies renouvelables au cœur de la transformation de nos économies. Ces énergies offrent, en effet, des réponses aux problèmes de climat et de sécurité énergétique, de même que de nouvelles opportunités pour les moyens de subsistance de ceux qui n’y ont pas accès. Aujourd’hui, 173 pays ont défini des objectifs d’énergies renouvelables, contre seulement 43 en 2005. De plus, l’énergie sera nécessaire pour réaliser presque tous les objectifs de développement durable, a indiqué Mme Ortiz de Urbina. Elle a ainsi cité l’exemple de l’irrigation des fermes fonctionnant à l’énergie solaire, ce qui réduit, a-t-il dit, la vulnérabilité à une pluviométrie irrégulière. L’IRENA estime aussi que le secteur de l’énergie renouvelable a créé environ 9,4 millions d’emplois en 2015. En conclusion, Mme Ortiz de Urbina a souligné que la transformation énergétique en cours entraînera une transformation économique, tout en souhaitant que la Deuxième Commission en tienne compte.
M. APPOLINAIRE DINGHA (Congo) a fait part des préoccupations de son pays concernant la mise en œuvre des objectifs de développement durable, de la Convention sur la diversité biologique et de la lutte contre la désertification. L’année 2015 a marqué une avancée majeure avec l’Accord de Paris, a souligné le représentant, en rappelant qu’il n’y avait pas de plus grand obstacle au développement durable que les changements climatiques. Le représentant a souligné que le multipartisme devrait rester un pivot central pour trouver des solutions globales. Le Congo, a-t-il assuré, fait de la promotion des énergies renouvelables un axe central du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.
Mme CARLA MUCAVI de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué que les changements climatiques constituaient une menace à la sécurité alimentaire et au développement rural. Elle a salué l’annonce de l’entrée en vigueur future de l’Accord de Paris, avant de rappeler que le phénomène El Niño avait causé la sécheresse et des inondations destructrices, exposant ainsi à de graves risques l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’alimentation de plus de 60 millions de personnes à travers le monde. Elle a affirmé que la FAO, sensible à la vulnérabilité particulière des petits États insulaires en développement (PEID) face aux changements climatiques, s’est engagée à la mise en œuvre des Orientations de Samoa, notamment par la mise en place d’un programme d’action en faveur de la sécurité alimentaire dans les PEID.
Mme Mucavi a également souligné l’importance des écosystèmes de montagnes qui fournissent eau et énergie tout en jouant un rôle majeur en matière de conservation de la biodiversité. « Si nous voulons vraiment agir pour ne laisser personne de côté, alors il nous faut tenir compte du fait qu’une personne sur trois vivant en montagne est confrontée au problème de l’insécurité alimentaire », a-t-elle fait observer. Mme Mucavi a aussi noté que 80% des plus pauvres de la terre, et qui connaissent également l’insécurité alimentaire, vivent dans les zones rurales des pays en développement.