Soixante-dixième session,
38e séance – matin
AG/EF/3445

Des délégations regrettent l’absence de consensus sur la réforme des travaux de la Deuxième Commission

La Deuxième Commission (économique et financière) a achevé, ce matin, les travaux de sa soixante-dixième session, sur une note de déception partagée par certaines délégations qui s’inquiètent de sa capacité à contribuer efficacement à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 quand, ont-elles fait remarquer, elle n’est pas en mesure d’améliorer ses propres méthodes de travail.

« Nous avons échoué dans nos efforts d’assurer la pertinence à venir de cette Commission en alignant son programme de travail au Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a résumé le délégué du Canada, M. Erich Cripton.

C’est pourtant plein d’espoir que le Président de la Commission, M. Andrej Logar (Slovénie), avait annoncé, à la fin de la session d’automne, précisément le 14 décembre dernier, que la Deuxième Commission avait décidé de revoir ses méthodes de travail et d’adapter son programme de travail afin de rendre la Commission plus à même d’accompagner la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  De nombreuses délégations avaient alors vivement critiqué la manière dont les travaux de la Commission avaient été organisés.

Le Président avait invité M. Reinhard Krapp (Allemagne), Vice-Président de la Commission, et M. Ahmad Chandra (Indonésie), Vice-Président de la Commission, à faciliter les négociations portant sur les méthodes de travail de la Deuxième Commission.  Dans le même temps, Mme Chantal Uwizera (Rwanda), Rapporteuse de la Commission, et M. Nate Henderson (Australie) devaient mener les discussions relatives à la revue du programme de travail de la Commission.  Les deux processus ont eu lieu sous la forme de consultations informelles entre la mi-janvier et fin avril 2016.

En ce qui concerne les méthodes de travail, a indiqué le Président ce matin, les deux facilitateurs ont établi un rapport qui synthétise les différents points de vue des délégations et portant sur des sujets aussi variés que la gestion du temps, l’organisation des évènements parallèles, les réunions conjointes de la Commission et du Conseil économique et social, ou encore les implications financières des résolutions qu’elle recommande pour adoption à l’Assemblée générale. 

Les discussions sur le programme de travail ont ainsi permis aux facilitateurs de dégager quatre grands chapitres thématiques qui s’alignent au Programme de développement durable à l’horizon 2030: les questions de politique macroéconomique; le développement durable et l’éradication de la pauvreté; le suivi des conférences des Nations Unies; et la cohérence du système des Nations Unies.

Appelé à se prononcer, ce matin, sur les résultats de ces négociations, le représentant de la Thaïlande, M. C. Bamrungphong s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a jugé que ces consultations, même si elles n’ont pas donné les résultats escomptés, ont permis d’établir un processus important.  Concernant les négociations portant sur l’amélioration des méthodes de travail de la Commission, il a regretté que toutes les propositions faites par son groupe n’aient pas été prises en compte, et il a souhaité les présenter à nouveau au cours de la soixante onzième session.

Au sujet des consultations sur l’ordre du jour, il a fait remarquer que la volonté de rationnaliser cet ordre du jour de la Commission ne devrait pas s’apparenter à un exercice de réduction systématique des questions que la Commission aborde à sa session de fond.  Il a ensuite fait part de la disponibilité du G77 à poursuivre les négociations informelles sur ces diverses questions, en se disant cependant opposé à la transmission des conclusions de ces exercices au Président de l’Assemblée générale.

L’Observateur de l’Union européenne, M. A. Parenti, a regretté que les consultations n’aient pas donné des résultats probants.  Les conclusions de ces négociations informelles ont donné lieu à deux textes qui ne sont pas parfaits et ne sont pas à la hauteur des attentes pour la modernisation des travaux de la Commission, a-t-il estimé.  M. Parenti a néanmoins dit espérer que ces textes seraient transmis au nouveau bureau qui continuera à travailler à leur amélioration.  La Commission, a-t-il recommandé, doit revenir au consensus qui est, selon lui, sa pratique traditionnelle.

Pour la représentante de la Nouvelle-Zélande, Mme Angela Hassan-Sharp, le principe du consensus si cher à la Deuxième Commission est en train de perdre de son importance et c’est pourquoi, il est important de le rétablir pour les travaux de la Commission.

M. Ahmed Sareer (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, a souligné que la revitalisation des travaux de la Commission devrait être un processus cohérent et consensuel.  Il a également plaidé en faveur de la prise en compte des difficultés logistiques et financières des petits États insulaires en développement (PEID) qui ne peuvent assister à plusieurs réunions parallèles faute de personnels suffisants.  « Ma délégation, dans certains cas, n’est pas en mesure de suivre toutes les négociations parallèles engagées par la Commission », a renchéri la déléguée du Japon, Mme Michiko Miyano.  Se disant déçue par ces échecs, elle a insisté sur le fait que la Commission, pour assurer l’efficacité de ses travaux, devrait améliorer ses méthodes de travail.   

C’est un avis qui a été partagé par la représentante de l’Australie, Mme Caitlin Wilson.  La Deuxième Commission n’arrivera jamais à déployer son potentiel si le statu quo persiste, a-t-elle prévenu.  Elle a souhaité que les dispositifs qui existent et qui ont fait leur preuve soient mis en œuvre en attendant qu’aboutissent ces discussions sur de nouvelles méthodes de travail.

La Commission a besoin de réformes, et le manque de dialogue entre les grands groupes est un frein au bon fonctionnement de ses travaux, a de son côté noté Mme Sarah Mendelson, des États-Unis.  Pour elle, c’est l’inertie bureaucratique qui a prévalu au cours de ces négociations, a-t-elle déploré, en soulignant que des décisions audacieuses et importantes doivent être prises pour s’assurer que la Commission puisse remplir ses fonctions pleinement.

Selon Mme Dilyara S. Ravilova-Borovik, de la Fédération de Russie, il ne faut pas perdre espoir car, a-t-elle dit, ces négociations ont tout de même permis de connaître les points de vue des différents groupes et d’être conscients sur ce qu’il y a à faire pour des accords futures sur les méthodes de travail au cours de la prochaine session.   

La représentante de la Norvège, Mme Marianne Loe, a déclaré, de son côté, que les États Membres doivent faire plus pour ajouter à la pertinence de cette Commission, tandis que son homologue de la Finlande, M. Kai Sauer, a souhaité que les propositions faites au cours des consultations soient transmises au prochain bureau.  Les améliorations ne peuvent se faire sur un coup de baguette magique, a fait remarquer Mme Bénédicte Frankinet, de la Belgique.

Même si un accord n’a pas été trouvé, il faut continuer de travailler pour renforcer l’impact de la Deuxième Commission, a préconisé Mme Von Steiger Weber, de la Suisse, tandis que son homologue du Royaume-Uni, M. Martin Shearman a exprimé la frustration de sa délégation face à l’échec de ce processus.  À l’instar d’autres délégations, il a espéré que le prochain bureau poursuivra ces efforts. 

À ce propos, M. Dian Trianshyah Djani (Indonésie), Président élu de la Commission pour la soixante onzième session de l’Assemblée générale, a invité les délégations à lui apporter leur soutien aux travaux qu’il aura à présider.  Il a rappelé que les travaux de la Commission avaient un impact qui va au-delà des Nations Unies.  Il s’est dit optimiste que la Commission sera capable de trouver des solutions à cette impasse concernant la revitalisation de ses travaux.  Il a conclu en disant que « le verre est à moitié plein et qu’il faut désormais le remplir à ras bord ».

L’Assemblée générale avait élu, hier, les membres du bureau de la Deuxième Commission.  Le Président sera assisté des trois Vice-Présidents suivants: M. Arthur Andambi, du Kenya; Mme Galina Nipomica, de la République de Moldova; et M. Ignacio Diaz de la Guardia Buena, de l’Espagne.  M. Glauco Seoane, du Pérou, assumera les fonctions de Rapporteur.

La prochaine séance plénière de la Deuxième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

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