En cours au Siège de l'ONU

Comité spécial de la décolonisation,
9e & 10e séances – matin & après-midi
AG/COL/3298

Comité de la décolonisation: le principe d’autodétermination ne s’applique pas aux Îles Falkland (Malvinas), selon l’Argentine

« Toutes les situations de colonisation ne se résolvent pas par le principe d’autodétermination car, dans certains cas, ces situations sont le résultat d’un conflit de souveraineté qui doit être résolu par les parties audit conflit », a affirmé aujourd’hui Mme Susana Malcorra devant le Comité spécial de la décolonisation.  Pour l’ancienne Chef de Cabinet du Secrétaire général des Nations Unies, aujourd’hui Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, c’est bien le cas avec les Îles Falkland (Malvinas) dont son pays et le Royaume-Uni se disputent la souveraineté.

« Décolonisation et autodétermination ne sont pas des synonymes » et le principe d’autodétermination n’est pas absolu: il s’arrête là où commence l’intégrité territoriale d’États existants, a ajouté Mme Malcorra.  Pour l’Argentine, les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich, ainsi que l’espace maritime qui les entoure font partie intégrante du territoire argentin « depuis la naissance de la nation » et sa souveraineté sur ces territoires, inscrite dans sa Constitution, est « imprescriptible ».

Toutefois, a ajouté Mme Malcorra, l’Argentine entend résoudre son différend de souveraineté avec le Royaume-Uni par des négociations, comme le demande l’Assemblée générale depuis qu’elle a reconnu en 1965 l’existence de ce différend, dans sa résolution 2065 (XX).  C’est là une « politique d’État » à laquelle adhèrent tous les partis politiques argentins, dont des représentants étaient présents aujourd’hui au sein de la délégation.

La Ministre argentine des affaires étrangères a donc réitéré la disposition de son gouvernement à reprendre les négociations avec le Royaume-Uni et a mis l’accent sur la volonté du nouveau Président argentin, Mauricio Macri, d’inaugurer une nouvelle phase de relations avec ce pays, y compris dans la région de l’Atlantique Sud, malgré le désaccord. 

Avant de décider par consensus, comme les années précédentes, de « poursuivre l’examen de la question, sous réserve des directives que l’Assemblée générale a formulées et pourrait formuler à cet égard », le Comité spécial de la décolonisation a pu entendre des opinions très différentes sur le statut de ce territoire situé dans l’Atlantique Sud et composé de deux grandes îles -East Falkland et West Falkland- et de centaines d’îles plus petites, pour une superficie totale d’environ 12 173 km2 et un peu plus de 2 500 habitants -sans compter les résidents temporairement absents, ni les civils travaillant pour une garnison de quelque 1 200 militaires britanniques.  Plus au sud, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud sont considérées comme un territoire distinct et sont administrées par le Gouverneur des Îles Falkland (Malvinas).

Puissante administrante, le Royaume-Uni n’était pas présent mais sa position est reflétée dans le rapport dont était saisi le Comité.  Pour ce pays, la souveraineté britannique sur les Îles Falkland (Malvinas) remonte à 1765, soit quelques années avant la naissance de la République argentine.

En outre le Royaume-Uni rappelle que ses dirigeants et ceux des territoires d’outre-mer ont réaffirmé à Londres en décembre dernier, lors de la quatrième réunion du Conseil ministériel conjoint, leur position commune sur l’autodétermination.  Ils y déclarent que les dirigeants des territoires d’outre-mer sont élus de manière démocratique par les peuples de ces territoires et sont responsables devant eux, et que le principe de l’égalité des droits des peuples et le droit de ceux-ci à disposer d’eux-mêmes s’appliquent aux peuples des territoires d’outre-mer.

Mais pour l’Argentine, le principe d’autodétermination ne peut s’appliquer aux habitants actuels des Malvinas, qui ne constituent pas un « peuple ».  Pour elle, la « question des Malvinas » remonte au coup de force commis en 1833 par le Royaume-Uni, qui a ensuite expulsé les habitants de l’archipel et les a remplacés par des propres colons, dans le cadre d’une politique migratoire très stricte qui explique la composition actuelle de la population.

Les pétitionnaires présents ont présenté des visions divergentes.  Deux Membres de l’Assemblée législative des îles Falkland ont assuré que celles-ci n’étaient en rien une colonie britannique.  « Nous ne payons pas d’impôts au Royaume-Uni et nous n’en recevons rien », a affirmé l’un d’eux, M. Michael Summers, qui a mis l’accent sur l’autosuffisance du territoire en tout, à l’exception de la défense.  Grâce à des politiques économiques judicieuses et à la réforme agraire, nous avons pu évoluer vers une situation qui fait des îles Falkland « un pays à part entière », a ajouté son collègue, M. Gavin Short.  Ce dernier a également demandé au Comité spécial de ne pas imposer des formules qui n’ont rien à voir avec la volonté de la population des îles, alors que M. Summers précisait que les îles ne souhaitent en aucun cas devenir une colonie argentine. 

Les divergences de vue concernent aussi la population du territoire.  À ceux qui prétendent qu’il s’agit d’une population britannique implantée, M. Summers a répondu que le territoire comptait 57 origines ethniques différentes, y compris des migrants récemment arrivés du Pérou, du Zimbabwe, de la Thaïlande et des Philippines.  M. Short a pour sa part rappelé que ses ancêtres étaient arrivés dans les îles Falkland en 1849.

Mais un autre pétitionnaire, M. Alejandro Betts, dont les ancêtres sont eux aussi arrivés aux îles Falkland au milieu du XIXe siècle a noté que les habitants du territoire n’évoquaient pas une conscience nationale différente de celle du Royaume-Uni et qu’au dernier recensement en 2012, 91,4% des habitants avaient un passeport britannique.  Pour lui, la situation des îles Malvinas est caractérisée par une « politique migratoire féroce » dont l’objectif est la colonisation.  De son côté, une descendante du premier Gouverneur argentin des îles Malvinas, a souligné qu’un décret de 1831 avait officialisé la souveraineté de l’Argentine, en précisant qu’après le coup de force de 1833, les titres de propriété des habitants avaient été dispersés et leurs propriétaires remplacés par des colons établis par les Britanniques.

Les représentants des États et groupes qui ont pris la parole devant le Comité ont pour leur part largement appuyé la position de l’Argentine.

Le Comité spécial tiendra la dernière réunion au titre de sa session de 2016 demain, vendredi 24 juin, à partir de 10 heures.

QUESTION DES ÎLES FALKLAND (MALVINAS) (La souveraineté sur les Îles Falkland (Malvinas) fait l’objet d’un différend entre le Gouvernement argentin et le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord) (A/AC.109/2016/6 et A/AC.109/2016/L.7)

Audition de pétitionnaires

M. MICHAEL SUMMERS, Membre de l’Assemblée législative des îles Falkland, a assuré que les îles Falkland, situées dans l’Atlantique Sud à 480 km du continent sud-américain, ne sont pas une colonie britannique et ne souhaitent en aucun cas devenir une colonie argentine.  « Nous ne payons pas d’impôts au Royaume-Uni et nous n’en recevons rien », a-t-il précisé.  Les programmes d’explorations pétrolières menées depuis les années 1970 laissent entrevoir un potentiel de 500 millions de barils dans la zone économique exclusive des îles Falkland.  Les îles Falkland sont autosuffisantes en tout, à l’exception de la défense.  « Si le Comité se rendait dans les îles, il constaterait le niveau de développement et verrait qu’elles ne sont pas une colonie britannique.  Notre Constitution révisée de 2009 mentionne des libertés fondamentales telles que l’autodétermination », a souligné l’élu qui représente la sixième génération de sa famille sur l’île et ses mes petits-enfants, la huitième génération. 

À ceux qui prétendent que les habitants des îles Falkland sont une population britannique implantée, il a répondu que le territoire compte 57 origines ethniques différentes et que des migrants viennent d’arriver du Pérou, du Zimbabwe, de la Thaïlande et des Philippines.  Si le nouveau Gouvernement argentin a fait des déclarations « encourageantes », l’élu a néanmoins regretté que ces déclarations ne se soient pas encore traduites en évolution concrète.

M. GAVIN SHORT, Membre de l’Assemblée législative des îles Falkland, a d’abord rappelé que ses ancêtres sont arrivés dans les îles Falkland en 1849, avant d’estimer que l’Argentine ne cesse de nuire au développement économique des Îles.  « La présence d’importantes réserves de pétrole dans la zone peut expliquer pourquoi nos voisins tentent de s’emparer de nos terres » a-t-il soupçonné.  Grâce à des politiques économiques judicieuses et à la réforme agraire, nous avons pu évoluer vers une situation qui fait des îles Falkland « un pays à part entière », a ajouté M. Short.  Il a demandé au Comité spécial de la décolonisation de ne pas imposer des formules qui n’ont rien à voir avec la volonté de la population des Îles. 

M. MICHAEL SUMMERS, Membre de l’Assemblée législative des îles Falkland, a assuré que les îles Falkland, situées dans l’Atlantique Sud à 480 km du continent sud-américain, ne sont pas une colonie britannique et ne souhaitent en aucun cas devenir une colonie argentine.  « Nous ne payons pas d’impôts au Royaume-Uni et nous n’en recevons rien », a-t-il précisé.  Les programmes d’explorations pétrolières menées depuis les années 1970 laissent entrevoir un potentiel de 500 millions de barils dans la zone économique exclusive des îles Falkland.  Les îles Falkland sont autosuffisantes en tout, à l’exception de la défense.  « Si le Comité se rendait dans les îles, il constaterait le niveau de développement et verrait qu’elles ne sont pas une colonie britannique.  Notre Constitution révisée de 2009 mentionne des libertés fondamentales telles que l’autodétermination », a souligné l’élu qui représente la sixième génération de sa famille sur l’île et ses mes petits-enfants, la huitième génération. 

À ceux qui prétendent que les habitants des îles Falkland sont une population britannique implantée, il a répondu que le territoire compte 57 origines ethniques différentes et que des migrants viennent d’arriver du Pérou, du Zimbabwe, de la Thaïlande et des Philippines.  Si le nouveau Gouvernement argentin a fait des déclarations « encourageantes », l’élu a néanmoins a regretté que ces déclarations ne se soient pas encore traduites en évolution concrète.

Mme MARIA ANGELICA VERNET, Directrice de musée à Buenos Aires, a affirmé que l’histoire des Malvinas intéresse tous les Argentins, ses propres ancêtres ayant vécu dans les îles jusque dans les années 1830.  Elle a parlé de l’un d’eux, formé aux États-Unis et installé en Argentine en 1817 où il a créé une société en 1831 qui aidait les gens à s’installer de manière permanente dans les îles.  Elle a souligné que le décret de 1831 a officialisé la souveraineté de l’Argentine sur les Malvinas dont son ancêtre Luis Vernet a été Gouverneur.  Toutefois, après le coup de force britannique de 1833, les titres de propriété des établis ont été dispersés et leurs propriétaires remplacés par des colons établis par les Britanniques.

Déclarations

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a présenté le projet de résolution au nom de plusieurs États latino-américains, en précisant que le texte reprend les principes de la première résolution que l’Assemblée générale a adoptée, il y a 50 ans.  Le projet de résolution reconnaît en effet que la situation des Îles Falkland (Malvinas) constitue un cas différent des autres situations inscrites à l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation, compte tenu du différend sur la souveraineté.  Soutenant l’Argentine, le représentant a insisté sur le fait que les Îles Falkland (Malvinas) représentent « un cas de colonialisme ».  Il a regretté que les négociations directes entre l’Argentine et le Royaume-Uni n’aient pas pu reprendre, malgré les demandes réitérées en ce sens.

Mme SUSANA MALCORRA, Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, a rappelé que, lors de la création des Nations Unies en 1945, le monde comptait quelque 80 territoires non autonomes dans lesquels vivaient 750 millions de personnes.  La Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux que l’Assemblée générale a adoptée a donc constitué une véritable Charte.  Depuis le début, l’Argentine a appuyé ce processus, comme en atteste sa contribution active au Comité spécial.

La question des îles Malvinas est un thème central de la politique étrangère de l’Argentine, dont la Constitution consacre la souveraineté imprescriptible du pays sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich, ainsi que sur l’espace maritime qui les entoure.  La Ministre a répété que ces îles font partie intégrante du territoire argentin depuis la naissance de la nation.  Elles sont « occupées » par le Royaume-Uni depuis 1833.  C’est ce « coup de force » qui est à l’origine des problèmes, un « coup de force » qui n’a jamais été reconnu par l’Argentine laquelle réclame depuis lors la restitution de sa souveraineté pleine et entière.

Le temps n’a en rien affaibli la validité de cette revendication ni la conviction de l’Argentine selon laquelle le différend sur la souveraineté doit être réglé par des négociations directes entre les deux parties.  C’est là une véritable politique d’État qui transcende les clivages politiques dans le pays, comme en témoigne la délégation présente composée de représentants des différents partis politiques, a ajouté la Ministre.  Elle a réitéré au Comité spécial l’entière disposition de son gouvernement à reprendre les négociations avec le Royaume-Uni afin de trouver une solution pacifique et définitive au différend, comme le demandent les résolutions successives de l’Assemblée générale.  Mme Malcorra a rappelé que l’Assemblée générale a reconnu dès 1965 l’existence de ce différend par sa résolution 2065 (XX).

La Ministre a estimé que le principe d’autodétermination s’arrête là où commence l’intégrité territoriale d’États existants.  Ce principe ne peut donc s’appliquer aux habitants actuels des Malvinas, qui ne constituent pas un « peuple ».  En effet, lorsque le Royaume-Uni a occupé les îles par la force en 1833, il a expulsé les autorités et la population pour installer ses colons et contrôler fermement la politique migratoire, ce qui explique la composition actuelle de la population du territoire.  Décolonisation et autodétermination ne sont pas des synonymes, a poursuivi la Ministre: toutes les situations de colonisation ne se résolvent pas par le principe d’autodétermination car dans certains cas, ces situations sont le résultat d’un conflit de souveraineté qui doit être résolu par les parties audit conflit et c’est le cas de l’Argentine et du Royaume-Uni. 

La Ministre a rappelé qu’après l’adoption de la résolution 2065 (XX) de 1965 et jusqu’en 1981, des négociations avaient lieu, ajoutant que, pendant cette période, l’Argentine avait pris des mesures pour améliorer les conditions de vie de la population, que ce soit en matière de santé ou de communications avec le continent.  Malheureusement, a-t-elle ajouté, à partir de 1982, le Royaume-Uni a adopté une position « rigide » de refus, malgré la volonté persistante de l’Argentine de poursuivre les négociations et malgré les appels réitérés de l’Assemblée générale.  Cela fait maintenant 26 ans que les deux pays ont rétabli leurs relations diplomatiques, a souligné la Ministre.

Depuis son élection en décembre dernier, le Président Mauricio Macri a exprimé sa volonté d’inaugurer une nouvelle phase des relations avec le Royaume-Uni, a ajouté la Ministre, qui a fait observer qu’elle vient de rencontrer le Secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères, M. Philip Hammond, à l’occasion de la première réunion de travail depuis 14 ans.  Ils ont convenu que le différend sur la souveraineté ne doit pas empêcher les relations positives s’agissant de l’Atlantique Sud et de l’Antarctique.  L’Argentine espère que les deux pays pourront travailler dans un esprit de coopération et faire preuve d’imagination. À cette fin, la Ministre a appelé le Royaume-Uni à mettre fin à son action unilatérale dans les domaines qui relèvent du différend.

Avec de la volonté politique, il est possible de trouver une solution définitive à la question des îles Malvinas, a répété Mme Malcorra, qui a conclu son intervention en remerciant les pays latino-américains qui ont coparrainé le projet de résolution, ainsi que tous les pays et groupes de pays qui manifestent en permanence leur soutien à un règlement pacifique du différend, dans les forums multilatéraux ou régionaux.

Cette déclaration a été saluée par M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) qui a souhaité que l’Amérique latine et les Caraïbes soient bientôt libérées du fléau du colonialisme.  Il a rappelé que 40 années se sont écoulées depuis l’adoption de la résolution 2065 de l’Assemblée générale et souhaité que soit respectée la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, les îles Sandwich du Sud, les îles de la Géorgie du Sud et les zones maritimes environnantes. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a déclaré que les 17 territoires non autonomes qui existent toujours plusieurs décennies après la création du Comité spécial de la décolonisation « nous incitent à intensifier la lutte contre la colonisation qui constitue un crime humanitaire surtout lorsqu’elle s’accompagne d’une implantation et d’une occupation ».  Le représentant a fermement appuyé la revendication de l’Argentine, arguant qu’on ne saurait utiliser le principe d’autodétermination comme prétexte pour violer l’intégrité territoriale de l’Argentine.  Il a rejeté toutes les mesures unilatérales prises par le Royaume-Uni et a exhorté ce dernier à mettre en œuvre les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et à engager un dialogue séreux avec l’Argentine pour régler pacifiquement ce différend.   

Ce processus n’a que trop duré, s’est impatienté M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur).  Il a exhorté les deux Gouvernements à reprendre les négociations, dans le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies.  L’autodétermination de la « petite population » des îles Malvinas n’est pas acceptable dans la mesure où « nous avons à faire à une population britannique transplantée et à une occupation par la force armée en 1833 ».  

 M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a remercié le Comité spécial pour l’appui unanime apporté au projet de résolution, qu’il a présenté comme « un devoir ».  Les îles Malvinas, la Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les espaces maritimes qui les entourent sont bien entendu une question centrale pour l’Argentine, mais aussi pour les pays latino-américains et caribéens, a-t-il affirmé.  La géographie montre bien que les Malvinas appartiennent à l’Argentine, a-t-il tranché, en invoquant aussi le droit international.  Que se passerait-il si un des pays latino-américains violait le droit international comme le fait Royaume-Uni?  Il y aurait sans doute, a pronostiqué le représentant, l’imposition de sanctions, d’embargos, de zone aérienne exclusive.  Il a dénoncé l’inégalité de traitement entre les États, en refusant de croire à l’idée que le principe « sacré » de l’autodétermination puisse être utilisé pour conforter le colonialisme.

La question des Malvinas est un « anachronisme », a commenté à son tour M. XU ZHONGSHENG (Chine) dont le pays a toujours appuyé la revendication de l’Argentine, une revendication, a insisté le représentant, conforme aux principes des Nations Unies dont celui du règlement pacifique des différends.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a estimé que c’est le manque de volonté politique de négocier de bonne foi qui est la cause des tensions militaires et diplomatiques auxquelles on assiste depuis des années.   Saint-Vincent-et-les Grenadines est profondément « frustrée » de l’absence de progrès sur cette question et demande au Royaume-Uni et à l’Argentine de reprendre les négociations.

Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a rejeté les guerres colonialistes et « l’usurpation britannique d’une partie du sol argentin ».  Malgré l’adoption de 32 résolutions, aucun progrès n’a été enregistré, s’est impatientée la représentante.  Cinquante-ans après l’adoption de la première résolution, le Royaume-Uni refuse toujours de reprendre le dialogue avec l’Argentine.  Il est temps, a-t-elle tranché, que soit respectée la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, les îles Sandwich du Sud, les îles de la Géorgie du Sud et les zones maritimes environnantes. 

Au nom de l’Union des nations d’Amérique du Sud (UNASUR), M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a plaidé pour le respect de la souveraineté de l’Argentine sur les territoires qu’elle revendique.  Il a rappelé que la résolution 3149 de l’Assemblée générale demande aux deux parties de s’abstenir de toute action unilatérale et dans ce contexte, il a estimé que la présence militaire du Royaume-Uni dans les îles Malvinas est contraire à la politique de la région et à sa volonté de trouver une solution pacifique au différend sur la souveraineté.  Il a condamné les activités d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables par le Royaume-Uni aux Malvinas.  Il a prévenu que l’organisation d’un référendum sur les îles Malvinas et son éventuel résultat ne modifieraient en rien le processus en cours au sein du Comité spécial de la décolonisation. 

Reprenant la parole, la Ministre des affaires étrangères de l’Argentine a confirmé la volonté de son pays de faire preuve de « créativité » pour trouver une solution.

M. ACHSANUL HABIB (Indonésie) a dit que la situation des Îles Falkland (Malvinas) est une question « unique » au Comité spécial de la décolonisation.  C’est pourquoi, il a exhorté l’Argentine et le Royaume-Uni à trouver une solution juste et durable.

Les parties doivent faire preuve de sagesse et de responsabilité, a déclaré M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie), les appelant à lancer le plus rapidement des négociations.  Il s’est dit préoccupé par la militarisation possible de l’Atlantique Sud et espéré que le Traité de Tlatelolco sera respecté.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes CELAC, M. JOSÉ BLANCO CONDE (République dominicaine) a rappelé que le quatrième Sommet de la CELAC a été l’occasion de plaider pour le respect de la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, les îles Sandwich du Sud, les îles de la Géorgie du Sud et les zones maritimes environnantes.  Il a rappelé que la résolution 3149 de l’Assemblée générale demande aux deux parties de s’abstenir de toute action unilatérale et dans ce contexte, a insisté sur la disposition permanente du Gouvernement argentin à négocier.

Au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR) M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a indiqué que la dernière et quarante-neuvième réunion du MERCOSUR a été l’occasion de réaffirmer la pertinence de la déclaration du 25 juin 1996 du MERCOSUR sur les îles Malvinas.  Il a précisé que le MERCOSUR a souligné, une nouvelle fois, les droits légitimes de l’Argentine dans le différend qui l’oppose au Royaume-Uni.  Il a exhorté ce dernier à s’abstenir de toute initiative unilatérale dans l’exploitation des ressources naturelles, notamment des hydrocarbures.  Il a précisé que le 16 décembre 2015 a marqué le cinquantième anniversaire de la résolution 2065 de l’Assemblée générale, première référence onusienne à la question des îles Malvinas.  En sa qualité nationale, le représentant de l’Uruguay a appuyé la déclaration faite ce matin par la Ministre des affaires étrangères de l’Argentine.  

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a dit appuyer fermement les droits légitimes de l’Argentine.  Les territoires en question connaissent une situation coloniale particulière du fait du différend sur la souveraineté depuis le coup de force de 1833 et l’installation d’une population britannique sur cette partie du territoire argentin.  C’est le territoire qui est colonisé, pas la population, a expliqué le représentant, en réitérant son souhait de voir les deux parties reprendre au plus vite les négociations en vue d’un règlement pacifique du conflit.

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a réitéré son appui « ferme et historique » aux droits légitimes de l’Argentine.  Les Malvinas font partie du territoire argentin dont l’intégrité territoriale est soutenue par le Brésil.  Le principe d’autodétermination ne saurait s’appliquer dans ce cas puisque des Britanniques et leurs descendants se sont installés dans le cadre d’une occupation illégale.  Le Brésil appelle les deux parties à reprendre les négociations et se félicite des contacts de haut niveau qui viennent d’avoir lieu, notamment la récente visite de la Ministre argentine des affaires étrangères à Londres.  Le représentant a demandé au Royaume-Uni de mettre fin à ses activités unilatérales d’exploration et d’exploitation des ressources, renouvelables ou non, dans le territoire qui fait l’objet du différend.  M. Sobral Duarte a également rappelé que le Brésil n’ouvre ni ses ports ni ses aéroports à des embarcations ou aéronefs à destination des Malvinas.

Par ailleurs, le Brésil rappelle que l’Atlantique Sud est une zone de paix et de coopération, exempte d’armes nucléaires et de destruction massive, une zone d’harmonie et de plein respect du principe de règlement pacifique des différends, comme le souhaitent les pays d’Amérique latine et des Caraïbes et les pays africains de l’Atlantique Sud.  Le Brésil continue aussi d’appuyer la mission de bons offices confiée par l’Assemblée générale au Secrétaire général, convaincu que le règlement pacifique du différend est la seule voie possible.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a reconnu la validité juridique et historique des droits de l’Argentine et souhaité une solution pacifique, durable et acceptable.  Il a également rappelé la Déclaration que les chefs d’États et de gouvernement ont adoptée lors du Sommet ibéro-américain de Vera Cruz, qui va dans le même sens.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a exhorté les Gouvernements argentin et britannique à reprendre au plus vite les négociations pour régler le différend de souveraineté.  Il a rappelé que la résolution 3149 de l'Assemblée générale demande aux deux parties de s’abstenir de toute action unilatérale et estimé que les revendications argentines sont conformes au droit international.    

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a dit que l’accord de paix signé aujourd’hui en Colombie mettant fin à 60 ans de guerre est une démonstration de la possibilité de régler les situations les plus compliquées par le dialogue.  Il a souhaité le règlement de la « question coloniale spéciale et particulière », avant d’exhorter les parties à donner suite aux résolutions pertinentes de l'Assemblée générale.  Il a en effet regretté que malgré l’adoption en 1965 de la résolution 2065, le différend n’ait toujours pas été réglé.

M. JOSÉ DE JESÚS MARTÍNEZ (Panama) a précisé, à son tour, que la résolution 2065 de l’Assemblée générale a constaté dès 1965 l’existence d’une situation coloniale dans les îles Malvinas.  Il a salué la disposition permanente du Gouvernement argentin à négocier et rappelé le combat mené par son pays pour récupérer, par le dialogue, le canal interocéanique de Panama dont la version agrandie sera d’ailleurs inaugurée à la fin de la semaine.  

M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a rappelé que son pays avait toujours appuyé les droits souverains de l’Argentine sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud, ainsi que sur les espaces maritimes environnants.  Cet appui se retrouve dans des déclarations unilatérales, bilatérales, régionales et multilatérales.  Pour le Pérou, il n’y a pas d’autres solutions possibles que la négociation entre les parties impliquées.  Le représentant a donc renouvelé ses vœux de voir l’Argentine et le Royaume-Uni reprendre au plus vite leurs négociations, conformément à la demande des Nations Unies et de l’Organisation des États américains.

Mme JULIA ANSELMINA MACIEL GONZÁLEZ (Paraguay) a réitéré la nécessité d’une reprise rapide des négociations, afin de mettre fin au plus vite à ce différend prolongé.

Mme DULCE SÁNCHEZ (Honduras) a rappelé que son pays a proclamé à de nombreuses reprises son soutien aux revendications de l’Argentine.  Le Honduras souhaite la reprise rapide des négociations et demande à chaque partie de s’abstenir de toute mesure ou décision unilatérale susceptible de constituer une modification du statut du territoire contesté ou de porter atteinte à ses ressources, renouvelables ou non, en particulier le pétrole.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) s’est joint aux appels répétés pour que le Royaume-Uni et l’Argentine reprennent les négociations.  Il s’est dit convaincu que ces deux pays peuvent s’appuyer sur les liens forts qui les unissent dans de nombreux domaines pour avancer sur la question spécifique des îles Malvinas, regrettant qu’aucune avancée n’ait pu être observée depuis l’adoption de la résolution 2065 du 16 décembre 1965.   

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