Comité spécial de la décolonisation,
6e & 7e séances – matin & après-midi
AG/COL/3296

Le Comité spécial de la décolonisation réaffirme le droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance du « territoire colonial » de Porto Rico  

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a adopté aujourd’hui, sans vote, sa résolution annuelle par laquelle il réaffirme le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance.  Porto Rico, État libre associé aux États-Unis, a été qualifié de « territoire colonial » par plusieurs pétitionnaires et sa Constitution de 1952 de « farce ».

Dans la résolution, présentée par Cuba et intitulée « Décision du Comité spécial en date du 22 juin 2015 concernant Porto Rico »*, le Comité spécial rappelle que le peuple portoricain constitue « une nation latino-américaine et caribéenne dotée de sa propre identité nationale ».  Il demande de nouveau au Gouvernement des États-Unis de prendre davantage de mesures pour permettre au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance et d’agir, de manière souveraine, afin de répondre aux graves difficultés économiques et sociales qui sont les siennes, notamment le chômage, la marginalisation, l’insolvabilité et la pauvreté. 

Le Comité spécial prie l’Assemblée générale d’examiner la question de Porto Rico sous tous ses aspects et exhorte à nouveau le Président des États-Unis à libérer sans plus attendre le prisonnier politique portoricain Oscar López Rivera, « détenu depuis plus de 35 ans dans les prisons américaines pour des raisons touchant à sa lutte pour l’indépendance de Porto-Rico et dont la situation revêt un caractère humanitaire ». 

La libération d’Oscar López Rivera a été réclamée par la presque totalité des intervenants, dont sa propre fille, Mme Clarisa López, « New York Coordinator to Free Oscar López Rivera».  C’est sous les applaudissements que le Président du Comité spécial, M. Rafael Darío Ramírez Carreño du Venezuela, a annoncé au cours de la séance qu’il venait de parler au téléphone avec le détenu et l’avait informé de l’attitude du Comité spécial à son égard, ajoutant qu’il lui avait proposé de s’adresser au Comité mais que « la liaison téléphonique avait été interrompue ».

Le Comité spécial a décidé que sa présidence proposerait ses bons offices afin de favoriser un dialogue entre les États-Unis et Porto Rico.  Dans sa résolution, le Comité prend acte du débat en cours dans l’île concernant la mise en œuvre d’un mécanisme qui assurera la pleine participation de représentants de tous les courants d’opinion portoricains, notamment une assemblée constitutionnelle sur la question du statut.

Porto Rico bénéficie actuellement du statut d’État libre associé aux États-Unis, en vertu de la Constitution de 1952, « une farce » ou « une fable » selon des pétitionnaires.  Les principaux partis politiques se distinguent essentiellement par leur position au sujet du statut politique définitif: le Partido Popular Democrático (PPD) souhaite un élargissement de l’actuel statut d’État libre associé, qui ne serait ni un territoire dépendant, ni une colonie; une partie du PPD prône la reconduction du statut d’État libre associé, qui a été rejeté à l’occasion du premier volet du plébiscite du 6 novembre 2012; le Partido Nuevo Progresista (PNP) veut que Porto Rico devienne un État des États-Unis à part entière; et le Partido Independentista Puertorriqueño (PIP), réclame l’indépendance de l’île.**

Du fait de son statut actuel, Porto Rico ne figure pas sur la liste des 17 territoires non autonomes dont s’occupe le Comité spécial de la décolonisation.  En 1953, l’Assemblée générale, dans la résolution 748 (VIII), avait reconnu que « le peuple portoricain s’administre lui-même en tant qu’entité politique autonome » dans le cadre de ce statut qui « l’investit d’attributs de souveraineté politique ».

C’est pourtant bien une relation « coloniale » que la majorité des pétitionnaires a continué de dénoncer aujourd’hui.  Ils en ont vu la démonstration dans l’affaire Puerto Rico c. Sánchez Valle dont est saisie la Cour suprême des États-Unis et à l’occasion de laquelle le Procureur général des États-Unis a affirmé que Porto Rico reste placé sous la souveraineté des États–Unis et pleinement soumis à l’autorité du Congrès.  C’est en vertu de cette déclaration et de la clause territoriale de la Constitution américaine que le Congrès des États-Unis s’apprête à mettre en place à Porto Rico une autorité de contrôle financier, un « coup d’État » selon le pétitionnaire de « Puertorriqueños Pro Pacto de Associacion »

« En tant que Gouverneur élu par mon peuple, il m’incombe de vous informer que nous estimons que la position des États-Unis est incompatible avec l’exercice du pouvoir politique du peuple du Porto Rico », a déclaré M. Alejandro García Padilla, Gouverneur de Porto Rico.  Pour le Gouverneur, le Comité spécial doit saisir l’Assemblée générale pour lancer le processus nécessaire à l’exercice du droit à l’autodétermination.  C’est aussi l’exigence de nombreux autres pétitionnaires, dont plusieurs ont parlé non de « Porto Rico », mais de « l’État national de Borinquen ».  Pour eux, dès lors que le caractère colonial de la relation est clairement établi par le Procureur général des États-Unis et qu’une autorité de contrôle financier est sur le point d’être imposée, Porto Rico doit être réinscrit sur la liste des territoires non autonomes.

Allant plus loin, plusieurs pétitionnaires ont demandé à ce que l’Assemblée générale accorde à « l’État national de Borinquen » un siège ou au moins un statut d’observateur.  Quelques pétitionnaires ont défendu d’autres options que l’indépendance, y compris celle de la « réunification avec l’Espagne, comme droit naturel du peuple de Porto Rico ». Devant un débat aussi riche, le pétitionnaire de « Frente Soberanista de Puerto Rico » s’est impatienté devant un Comité spécial qui se contente « de nous offrir chaque année une résolution recyclée ».  « Nous venons aux Nations Unies sans l’espoir réel d’être entendus », s’est-il désolé.

En fin de séance, une dizaine de pétitionnaires se sont exprimés en espagnol alors que les services d’interprétation en langue française avaient cessé.  Leurs déclarations ne figurent pas dans ce communiqué de presse.

Le Comité spécial poursuivra ses travaux demain, mardi 21 juin, à partir de 10 heures.

DÉCISION DU COMITÉ SPÉCIAL EN DATE DU 22 JUIN 2015 CONCERNANT PORTO RICO: (A/AC.109/2016/L.13 et A/AC.109/2016/L.6)

Déclaration liminaire

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a rappelé l’importance que son Mouvement attache à la question de la décolonisation et a réaffirmé le plein soutien de celui-ci aux aspirations des peuples sous domination coloniale à exercer leur droit à l’autodétermination, conformément à la Charte et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Il a réitéré son soutien au Comité spécial et demandé, une nouvelle fois, aux puissances administrantes de coopérer avec ce dernier.  Malheureusement, s’est-il résigné, nous sommes encore loin de la pleine mise en œuvre de la Déclaration de 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux.  Le représentant a donc appelé les Nations Unies et leurs agences spécialisées à accélérer le processus de décolonisation, en appuyant le Plan d’action de la troisième Décennie pour l’élimination du colonialisme. 

Il réaffirmé la position de son Mouvement concernant Porto Rico, à savoir que son peuple a le droit à l’autodétermination et à l’indépendance sur la base de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale.  Il a demandé aux Nations Unies d’étudier la question du territoire sous tous ses aspects, rappelant que cette question est depuis plus de 40 ans à l’ordre du jour du Comité spécial qui a adopté 34 résolutions.  Se félicitant que lors de la deuxième Décennie pour l’élimination du colonialisme, ces résolutions aient pu être adoptées par consensus, il a appelé à leur mise en œuvre immédiate.  Le Mouvement des pays non alignés appelle les États-Unis à assumer leurs responsabilités en permettant au peuple portoricain d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination, a insisté le représentant.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, doivent rendre les territoires occupés, les installations de Vierque Island et la station navale de Roosevelt Road.  Ils doivent libérer immédiatement Oscar López Rivera, prisonnier politique depuis plus de 35 ans.

Audition de pétitionnaires

M. ALEJANDRO J. GARCÍA PADILLA, Estado Libre Asociado de Puerto Rico, a rappelé que la Constitution de 1952 instituant l’État libre associé de Porto Rico, qui a été accepté par les États-Unis, consacre le principe selon lequel le pouvoir émane du peuple.  « En tant que Gouverneur élu par mon peuple, il m’incombe de vous informer que nous estimons que la position des États-Unis est incompatible avec l’exercice du pouvoir politique du peuple du Porto Rico ».  Le pétitionnaire a dénoncé le fait que les propositions visant à renforcer le statut actuel d’État libre associé restent problématiques car le Congrès américain pourrait décider unilatéralement de revenir sur le principe du consentement mutuel.  Le Comité spécial, a-t-il estimé, doit saisir l’Assemblée générale sur le cas de Porto Rico pour lancer le processus nécessaire à l’exercice du droit à l’autodétermination.  Le pétitionnaire a appelé à une initiative urgente pour régler la question de l’endettement sans précédent de Porto Rico.  Il a conclu en demandant la libération du « plus ancien prisonnier politique portoricain », Oscar López Rivera, détenu aux États-Unis depuis 1981.  

M. MARK ANTHONY BIMBELA, de l’Ordre des avocats de Porto Rico, a déclaré que Porto Rico restait une colonie soumise aux lois des États-Unis.  Il ne peut y avoir de Pacte bilatéral entre Porto Rico et les États-Unis, parce que ces derniers s’opposent à cette possibilité contrairement à l’engagement qu’ils avaient pris en 1952.  « Nous sommes opposés à la création d’une autorité de contrôle financier de Porto Rico », a-t-il ajouté, avant de demander, à son tour, la libération d’Oscar López Rivera.  

M. ANGEL A. TOLEDO LÓPEZ, Boricua¡ Ahora Es!, a déclaré que la commission des droits civils de Porto Rico avait conclu en 2016 que les relations entre Porto Rico et les États-Unis étaient marquées par un nouveau fait important lié à l’adhésion des États-Unis au pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) en 1992. 

M. FÉLIX R. HUERTAS GONZÁLEZ, Associación Puertorriqueña de Historiadores, a souligné l’importance d’établir un mécanisme pour permettre aux Portoricains de choisir démocratiquement le statut de leur pays dans le respect du droit international mais sans ingérence extérieure.  Il s’est attaché à démontrer qu’il n’y avait pas eu de changement fondamental dans la relation coloniale de Porto Rico, qui reste une colonie, servant de vitrine de la démocratie américaine dans la région.  C’est l’évolution des intérêts géopolitiques des États-Unis qui a amené ces derniers à accorder à Porto Rico le statut d’État indépendant associé en 1951 mais il est clair que l’île n’a pas de souveraineté.  Elle ne peut pas par exemple intégrer les organisations régionales des Caraïbes dont certaines pourraient lui permettre de sortir de sa situation économique défavorisée.  L’Association demande aussi la libération d’Oscar López Rivera, a conclu le pétitionnaire.  

M. HECTOR BERMUDEZ-ZENON, Grupo per la Igualdad y la justicia de Porto Rico, a jugé honteux que la question coloniale de Porto Rico soit encore si peu connue.  Nous sommes un peuple « esclave » soumis aux États-Unis depuis le 10 mai 1898, a-t-il affirmé.  Il a rappelé qu’en 2007, le candidat à la présidence des États-Unis, M. Barack Obama avait promis, à Porto Rico, de résoudre la question de son statut durant son premier mandat, ce qui n’a « évidemment pas » été le cas dans un pays qui est en fait dirigé par le complexe militaro-industriel.  « Cuba et Porto Rico sont les deux ailes d’un même oiseau et reçoivent les balles dans un même cœur », a affirmé M. Bermudez-Zenon.  Mais, a-t-il ajouté, alors que les relations des États-Unis avec Cuba évoluent, les États-Unis ne disent rien du territoire national de Porto Rico.

M. RAMÓN NENADICH, Estado Nacional Soberano de Borinken, a dit demander au Comité spécial de soumettre au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale la pétition transmise au Secrétaire général en juillet 2014 pour demander l’admission aux Nations Unies de l’« État national de Borinken » dont le nom colonial est Porto Rico.  L’« État national de Borinken » ne reconnait aucune légitimité aux décisions américaines concernant Porto Rico.  Il ne faut donc pas demander aux États-Unis de prendre des mesures pour résoudre le problème colonial qu’ils ont créé il y a 118 ans. Il faut en revanche que le Comité spécial assume ses responsabilités.  Si le Conseil de sécurité se refusait à la décision demandée, le Comité spécial devrait alors demander à l’Assemblée générale de se prononcer.  En cas de désaccord à l’Assemblée générale, le Comité spécial devrait au moins présenter une résolution de son cru visant à ce que l’Assemblée générale octroie à « l’État national de Borinken » le statut d’observateur.

M. HÉCTOR PESQUERA SEVILLANO, Movimiento Independista Nacional Hostosiano, a estimé que les États-Unis ont trompé la communauté internationale en laissant entendre que la Constitution de 1952 de l’État libre associé de Porto Rico consacrait un système bilatéral.  Aujourd’hui, la dette de Porto Rico estimée à 73 milliards de dollars n’est qu’une conséquence des abus des États-Unis, a affirmé le pétitionnaire.  Il a rappelé que lors de l’occupation de Porto Rico en 1898, les États-Unis avaient dévalué la monnaie locale de 40%.  Le pétitionnaire a conclu en estimant que si une décennie plus tard, les États-Unis octroyaient la nationalité américaine aux Portoricains, ce n’était que pour inciter les jeunes à s’enrôler et à aller combattre sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale.   

Mme OLGA I. SANABRIA DÁVILA, Comité de Porto Rico aux Nations Unies (COPRONU), a jugé inacceptable que les trois pouvoirs, judiciaire, législatif et exécutif, des États-Unis aient statué que la Constitution de Porto Rico relève des pleins pouvoirs du Congrès américain.  Les masques sont tombés, a-t-elle dit, en exhortant les États-Unis à lancer enfin le processus qui permettra au Porto Rico d’exercer son droit à l’autodétermination.  Elle a demandé la libération du plus ancien prisonnier politique portoricain, Oscar López Rivera, ajoutant qu’il symbolise aujourd’hui toute la résistance du peuple de Porto Rico au colonialisme américain.  

M. EDGARDO ROMÁN ESPADA, Coalition portoricaine contre la peine de mort, a dénoncé le fait que les États-Unis imposent la peine capitale au Code pénal de Porto Rico où cette peine a été abolie en 1929, comme le confirme la Constitution de 1952.  Il a jugé inacceptable que les résidents de Porto Rico puissent-être extradés aux États-Unis pour y être condamnés à mort. C’est la preuve que Porto Rico n’a jamais pu exercer son droit à l’autodétermination puisqu’il n’a aucun moyen de s’opposer à une extradition a dit le pétitionnaire.  

M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, The ProLibertad Freedom Campaign, a dénoncé toute une série de violations de droits de l’homme commises par le Gouvernement des États-Unis contre Porto Rico, ajoutant que la liste complète de ces violations « prendrait 117 ans ».  Il a accusé les États-Unis de vouloir faire payer par un peuple qui ne l’a pas contractée une dette colossale et de présenter comme des terroristes ceux qui ont voulu lutter contre le colonialisme américain.  Il a dénoncé l’emprisonnement d’Oscar López Rivera, un « militant communautaire » de Chicago, « combattant de la liberté », qui a été maltraité en détention.

Mme MARÍA DE LOURDES SANTIAGO, Partido Independentista puertorriqueno, a rappelé que son parti avait dénoncé « l’ignominie du colonialisme des États-Unis » à Porto Rico, ainsi que le « mythe » de l’association et du « colonialisme par consentement ».  Le statut colonial de Porto Rico doit être reconnu, a-t-elle affirmé, estimant que cette relation coloniale est apparue clairement dans un récent litige juridique.  La Cour suprême des États-Unis a en effet jugé que la Constitution de l’État libre associé de Porto Rico n’altérait pas le statut constitutionnel de Porto Rico en tant que territoire des États-Unis et que la source ultime de souveraineté de Porto Rico incombait au Congrès des États-Unis.  La relation de Porto Rico avec les États-Unis a été jugée analogue à celle d’une municipalité au sein d’un État américain.  Porto Rico est donc bien un territoire, donc une colonie des États-Unis, s’est révoltée Mme de Lourdes Santiago, qui a dénoncé la « farce » du statut d’État libre associé.  Elle a dit appuyer le projet de résolution en discussion visant à ce que le Comité spécial demande à l’Assemblée générale de se saisir de la question de Porto Rico.

Mme ALYSON KENNEDY, Socialist Workers Party, qui s’est présentée comme la candidate de son parti à la présidence des États-Unis, a expliqué que son parti était favorable à l’autodétermination du peuple portoricain et demandait la libération d’Oscar López Rivera.  L’indépendance de Porto Rico est dans l’intérêt de la grande majorité des Américains et les travailleurs américains et les Portoricains ont des intérêts communs et un ennemi commun: le système capitaliste.  Mme Kennedy a dit comprendre la nécessité de nombreux Portoricains d’émigrer du fait de la violence de la crise économique qui frappe l’île.  Elle estime que la révolution socialiste cubaine est un exemple pour les travailleurs du monde, y compris ceux de Porto Rico et des États-Unis.

Mme CARMEN YULÍN CRUZ SOTO, Municipalité autonome de San Juan, a fustigé l’avènement d’un conseil colonial qui réduirait à néant les dernières attributions des institutions portoricaines.  Les États-Unis ont perdu toute leur crédibilité, en instituant un régime colonial à Porto Rico, a-t-elle ajouté, avant de juger urgent d’ajouter Porto Rico à la liste des territoires à décoloniser et de présenter ce cas à l’Assemblée générale en tant que source de violations graves des droits de l’homme.  La communauté internationale aura ainsi une occasion de faire valoir ses principes et de rompre l’indignité coloniale, en aidant le peuple de Porto Rico à briser ses chaînes, a-t-elle conclu 

M. FRANCIS A. BOYLE, Association internationale des droits de l’homme des minorités américaines, a déclaré que les trois branches du pouvoir des États-Unis estiment que Porto Rico n’est rien d’autre qu’une simple propriété des États-Unis dont ces derniers peuvent jouir comme ils veulent.  « Cela prouve le caractère criminel de l’impérialisme américain contre le peuple de Porto Rico ».  L’imposition du rééchelonnement d’une dette de 73 milliards de dollars à son avantage n’est qu’une nouvelle étape des abus du système colonial américain, s’est désolé le pétitionnaire.   

M. IVÁN RIVERA, Movemiento Amplio Soberanista De Puerto Rico (MAS), a expliqué que son organisation étudie le cas de Porto Rico dans la perspective du droit public international moderne.  Porto Rico, en a-t-il conclu, est « un triste exemple » du non-respect de ce droit.  Illustrant son propos, il a cité la création par les États-Unis d’une entité chargée de régir les décisions fiscales et budgétaires en faisant fi des institutions compétentes de Porto Rico.  Estimant que le Comité spécial n’a que des compétences limitées pour faire appliquer la résolution 1514 de l’Assemblée générale, il a jugé indispensable que cette dernière se saisisse à nouveau du cas de Porto Rico et sollicite, entre autres, l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Mme VILMA M. MACHÍN VÁZQUEZ, Fundacion Yo Soy Boricua, Inc., a affirmé que les « politiques tyranniques du Gouvernement impérialiste étranger » étaient les causes principales de la situation actuelle de Porto Rico, qui a fait récemment l’objet d’une des mesures les plus honteuses, à savoir l’imposition d’une autorité de contrôle financier.  La nation, qui a envahi notre patrie, a la pleine autorité et le Conseil en question n’est pas fait pour aider le peuple de Borinquen.  La dette qui lui est attribuée par le Gouvernement des États-Unis et d’autres pays impérialistes, à savoir plus de 73 milliards de dollars, ne peut en aucun cas être remboursée par le peuple de Borinquen dont les acquis sociaux pourraient être en question par les mesures prises.  La politique du Gouvernement colonial augmente la précarité des jeunes, facilitant l’exode et la pauvreté, a dénoncé le pétitionnaire.  La seule solution consiste à reconnaître le Gouvernement de l’État national de Borinquen comme étant le seul Gouvernement légitime du peuple qui proclamera que la dette ne peut être remboursée et obligera le Gouvernement des États-Unis à l’assumer, ce qui sera normal puisqu’il s’agit d’une Puissante occupante illégale.  L’État national souverain de Borinquen demande un siège à l’Assemblée générale, a ajouté le pétitionnaire, appelant aussi les Nations Unies à demander la libération immédiate d’Oscar López Rivera.

Mme GRACIELA ORTIZ-PAGÁN, Alianza Comunautaria de Borinken, s’est dite profondément préoccupée par le nombre de maladies mentales à Porto Rico, estimant que la situation coloniale que le pays connait depuis la fin du XVe siècle et le sentiment d’infériorité qui en résulte en sont la cause.  Il y a encore plus de sources de stress aujourd’hui du fait de la situation économique, du chômage et de la violence.  La dernière décision de la Cour suprême des États-Unis définissant clairement Porto Rico comme une propriété des États-Unis qui peuvent en faire ce qu’ils veulent, a contribué à aggraver la situation, de même que l’imposition d’une autorité de contrôle financier, qui va supprimer les rares pouvoirs du Gouvernement de l’île.  L’État national de Borinquen doit pouvoir rétablir sa pleine souveraineté pour lequel l’Alliance réclame un siège à l’Assemblée générale.  Elle demande aussi la libération d’Oscar López Rivera et Ana Montes.

M. RICARDO ROSSELLÓ, Partido nuevo Progressita, a rappelé qu’il avait proposé par le passé que le Séminaire régional du Comité spécial se tienne à Porto Rico et que le territoire soit réinscrit sur la Liste des territoires non autonomes dont est saisi le Comité spécial, ce qui a été refusé.  Pour lui, la décision que vient de prendre la Cour suprême dans l’affaire Puerto Rico c. Sanchez Valle confirme le fait évident depuis des décennies que Porto Rico est une colonie des États-Unis.  Le projet d’autorité de contrôle financier, qui prévoit de limiter la gouvernance démocratique, a été mis en place sans le consentement du peuple de Porto Rico, a–t-il rappelé.  M. Rosselló a donc demandé, une nouvelle fois, à l’Assemblée générale réinscrire Porto Rico dans la liste des territoires non autonomes.  À défaut, a-t-il prévenu, les Nations Unies et ce Comité démontreront leur inconséquence et leur inaction, ce qui les rendra complices du colonialisme et de la violation des droits de tout un peuple.

Au nom de la Jeunesse Boricua, M. ORLANDO ORTIZ AVILES, a exigé que le Comité spécial donne une suite positive à la pétition envoyée en juin 2014 au Secrétaire général demandant la reconnaissance de l’État de Boriquen et son entrée aux Nations Unies en tant qu’État Membre.   Il a fustigé les abus de l’économie capitaliste qui entraine l’exode de la population et crée des chaînes de migration. 

M. JUAN ANTONIO CASTILLO, Coordinadora de Soldaridad Diaspora Boricua (COSODIBO), a dénoncé « le cas de colonialisme le plus brutal des temps modernes».  Malgré l’adoption par ce Comité de 34 résolutions reconnaissant les droits des Portoricains à l’autodétermination, aucune évolution n’a été constatée depuis 1961, a-t-il regretté en notant que la moitié du peuple portoricain a été obligé d’émigrer.  Il a jugé indispensable que le cas de Porto Rico soit examiné le plus rapidement possible par l’Assemblée générale.    

Mme MARIELITA NEVARES RAMOS, Coordinadora Mexicana de Apoyo al Estado Nacional Soberanista de Puerto Rico, a demandé au Comité d’adresser à l’Assemblée générale une demande d’adhésion aux Nations Unies de l’État national de Boriquen.  Elle a accusé les États-Unis de « tromperie » en notant que le statut d’État libre associé validé en 1952 n’a aucune valeur juridique aujourd’hui.

M. JOSÉ M. UMPIERRE MELLADO, Acción Soberanista, a regretté que le Comité spécial n’ait pas répondu à l’invitation qu’il lui avait adressée il y a deux ans, en espérant que ce n’est pas dû au fait que les États-Unis n’aient pas accordé d’autorisation.  En effet, tous les événements de la vie des Portoricains sont décidés ou contrôlés par les lois fédérales américaines.  Lorsqu’en 1953, il a été décidé de retirer Porto Rico de la liste des territoires non autonomes de l’ONU, le postulat était que l’île était un territoire souverain.  Or, les éléments de souveraineté ont été supprimés et il est évident qu’aujourd’hui Porto Rico n’est pas une entité souveraine.  Le pétitionnaire a accusé l’Assemblée générale de complicité avec les États-Unis et a exigé qu’elle reconnaisse « la relation coloniale indigne » entre les États-Unis et Porto Rico.

M. JOSÉ R. ORTIZ VÉLEZ, Frente Soberanista de Puerto Rico, a regretté que malgré la détérioration de la situation de Porto Rico, le Comité se contente « de nous offrir chaque année une résolution recyclée ».  Aujourd’hui, les chaînes ont été remplacées par la prison et la dette.  « Nous allons aux Nations Unies sans l’espoir réel d’être entendus », s’est-il désolé.

M. ANÍBAL ACEVEDO VILÁA, Officina de Extragobernadores, s’est dit très préoccupé de l’avenir de son « pays ».  Il a demandé aux Nations Unies d’utiliser leurs bons offices pour inciter les États-Unis à accélérer le processus de décolonisation.  Il leur a suggéré à cette fin de prendre comme point de départ les récentes décisions des autorités américaines.  Le Comité spécial doit aussi répudier de manière énergique les décisions que le Congrès s’apprête à approuver concernant Porto Rico.  Si elles devaient néanmoins être prises, le Comité spécial devrait se rendre sur place.  Les Nations Unies devraient aussi s’engager à ce qu’un vrai dialogue entre les autorités américaines et les Portoricains soit entamé dans un délai de cinq ans.

M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, Comité Pro Derechos Humanos De Puerto Rico, a jugé nécessaire de clarifier le statut de Porto Rico.  Il est indispensable de rendre des pouvoirs souverains à son « pays » et de reconnaître la nature coloniale du lien entre Porto Rico et les États-Unis.  Le pétitionnaire n’a pas manqué de demander la libération d’Oscar López Rivera.

M. FAVIO RAMIREZ-CAMINATTI, El Centro de Immigrante, a jugé invraisemblable qu’au XXIe siècle, 3,1 millions de citoyens américains se trouvent dans une situation d’infériorité due, entre autres, à la politique économique et commerciale pratiquée par les États-Unis.  Il a dénoncé la loi sur le boycott, qui a contribué à ruiner l’économie locale, le « MEDICARE » inférieur à celui des continentaux et les frais universitaires excessifs.  Après 118 ans d’un régime injuste, le moins que nous puissions faire est d’exiger que les Portoricains puissent choisir leur gouvernants et qu’on ne prétende pas que c’est le cas aujourd’hui puisqu’une autorité de contrôle financier choisie par le Président des États-Unis a été investi de pouvoirs plus importants que ceux des élus du peuple portoricain. 

Le statut politique de l’île doit être choisi par les Portoricains eux-mêmes, a insisté le pétitionnaire, ajoutant qu’aussi longtemps que l’État libre associé de Porto Rico sera un territoire américain, ses habitants devraient avoir le droit d’élire le président des États-Unis où qu’ils résident.  L’orateur a également demandé la libération d’Oscar López Rivera, en rappelant que ce dernier avait été décoré pour son action pendant la guerre du Viet Nam, « pour avoir défendu le drapeau américain ».

M. MANUEL RIVERA, Puertorriqueåos Unidos en Acción, a rappelé que l’Administration Obama a indiqué que Porto Rico relevait des pleins pouvoirs du Congrès américain.  C’est cette même Administration, a-t-il dénoncé, qui a créé une autorité de contrôle financier, nommé ses sept membres et doté ces derniers des pleins pouvoirs sur Porto Rico.  Rien ne justifie une telle « tutelle », s’est-il révolté, ne voyant qu’un but: que le peuple de Porto Rico paye la dette. 

M. YAMIL A. MISLA, Americains for Puerto Rican Statehood, a rappelé que l’interprétation juridique la plus récente précise que la source ultime de pouvoir n’émane pas de la Constitution de l’État libre associé de 1952 mais bien d’une délégation de pouvoirs émanant du Congrès américain.  Il s’est particulièrement inquiété de la création d’une autorité de contrôle financier et, face à ce constat, il a dit l’urgence de mettre en place des formules de décolonisation et appelé l’Assemblée générale à reconnaître que Porto Rico est un territoire non souverain, conformément à la résolution 478 de l’Assemblée générale datée de 1953.  

Mme MARÍA DE LOURDES GUZMÁN, Movimiento Unión Soberanista, a dit que la situation coloniale imposée par les États-Unis représente une « situation d’humiliation » permanente du peuple de Porto Rico.  Elle a vu dans la future « autorité de contrôle financier » un moyen de piller Porto Rico.  Elle a exhorté le Président des États-Unis à libérer sans plus attendre le prisonnier politique portoricain Oscar López Rivera, âgé de 73 ans et détenu depuis plus de 35 ans dans une prison américaine pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico.  Oscar López Rivera ne mérite pas un jour de plus de prison et Porto Rico ne mérite pas de rester sous le joug des États-Unis, a-t-elle conclu.

Mme CLARISA LÓPEZ, New York Coordinator to Free Oscar López Rivera, s’est présentée comme la fille d’Oscar López Rivera et a déclaré qu’entre 1986 et 1998, son père était en isolement total, dans l’État de l’Indiana puis dans celui du Colorado.  Aucun contact physique n’était permis lors des visites, de même qu’aucune photo ne pouvait être prise.  Depuis lors, la famille a changé.  Beaucoup de gens sont morts et toute une génération n’a jamais vu Oscar López Rivera libre.  Mais, a-t-elle ajouté, il a fait cela pour que les générations futures puissent vivre libres et non plus victimes du colonialisme.  Mme López a ensuite lu une lettre de son père dans laquelle celui-ci explique avoir toujours vécu sous le joug du colonialisme et ajoute que quiconque luttait pour la liberté de Porto Rico était déclaré « ennemi mortel » et traité comme tel.  Oscar López Rivera dit avoir l’image des peuples et des personnes qui ont lutté pour la liberté de leur pays et parfois payé de leur vie, comme Patrice Lumumba de l’ancien Congo belge.

M. ANTONIO J. FAS ALZAMORA, Puertorriquenos Pro Pacto de Associacion, membre du Sénat portoricain qu’il a présidé, a déclaré que Porto Rico avait toute une série de caractéristiques qui en font une nation.  Il a rappelé que des études menées dans les années 2000 avaient toutes démontré que Porto Rico n’était pas un territoire souverain.  Pour lui, la future autorité de contrôle financier est un « coup d’État ».  Déjà en 1953, les États-Unis avaient menti pour faire adopter la résolution 738 (VIII) de l’Assemblée générale qui les dispensait de faire rapport en vertu du Chapitre XI de la Charte des Nations Unies.  Le pétitionnaire a rappelé qu’il avait proposé un statut qui permettrait de définir dans la dignité le lien entre Porto Rico et les États-Unis.  Malheureusement, du fait de l’attitude des États-Unis, Porto Rico n’a pas aujourd’hui de « statut digne ».  Il a donc demandé que l’Assemblée générale remette Porto Rico sur la liste des territoires non autonomes et exigé, à son tour, la libération d’Oscar López Rivera.

M. MARCO ANTONIO RIGAU, Ateneo Puertorriqueño, Président de l’Assemblée municipale de San Juan, s’est félicité de l’adoption de la résolution.  Il s’est aussi félicité de la présence dans la salle d’un membre de la Mission des États-Unis car, a-t-il ajouté, le processus de décolonisation de Porto Rico ne sera pas possible sans la présence des États-Unis.  Il est clair que personne n’est content de la situation actuelle, a poursuivi M. Rigau: le Gouverneur, favorable à un statut d’État associé, n’est pas content; les partisans de l’indépendance non plus, en encore moins les militants de la libre association ou de l’intégration en tant qu’État fédéré.  Il n’y a personne à Porto Rico pour défendre le statu quo, a-t-il affirmé.

M. OSVALDO TOLEDO, American Association of Jurists, a affirmé d’emblée que la Constitution de 1952 est une « constitution coloniale ».  Il a rappelé que le 27 novembre 1953, la résolution 748 de l’Assemblée générale a exclu Porto Rico de la liste des territoires non autonomes parce que les États-Unis estimaient que le statut d’État libre associé conférait à Porto Rico un statut d’autonomie.  Fustigeant cette manœuvre, il a insisté sur le fait Porto Rico est « toujours prisonnier d’un statut colonial ».

M. MANUEL MELENDEZ LAVANDERO, A Call to Action on Puerto Rico, a aussi estimé que la Constitution de 1952 est « une farce » qui a permis aux États-Unis de tromper leur monde sur leurs réelles intentions coloniales.  La situation économique actuelle est le fruit de ce statut colonial et l’énorme dette est « immorale et illégale ».  Ajoutant que les « partis coloniaux » qui se succèdent au pouvoir ne sont préoccupés que par la gestion du pouvoir, il a estimé que ces derniers ne peuvent être considérés comme des éléments du pouvoir.  Si nous n’avons pas les armes pour lutter contre la marine américaine, nous avons les armes juridiques et la volonté de nous battre contre le colonialisme et faire entendre notre voix dans le monde. 

M. JOSÉ L. NIEVES, Brigada Guarionex, a dit que les États-Unis ont installé à Porto Rico un Gouvernement colonial nommé « État libre associé ».  Il faut que justice soit faite pour les actes commis par les États-Unis contre les indépendantistes.  « Partout où il y a colonialisme, il faut se battre pour la liberté », a-t-il insisté avant de préciser que le peuple de Porto Rico a le droit de réclamer la restitution de ses terres.

Mme IRIS COLÓN DIPINI, Partido Nacionalista de Puerto Rico, a demandé au Comité spécial, au nom de son parti, « Mouvement de libération nationale », de présenter à l’Assemblée générale la question de l’occupation illégale de Porto Rico par les États-Unis.  Elle a estimé que la « loi 600 »  des États-Unis avait pour but de faire échouer le processus de décolonisation et que le statut d’État libre associé était « une fable ».  Mon Mouvement rejette ce statut qui ne fait que légitimer la domination des États-Unis.  La souveraineté de Porto Rico se trouve en fait aux États-Unis, a-t-elle affirmé, ajoutant que la création de l’autorité de contrôle financier le démontre bien.

Mme JAN SUSLER, National Lawyer’s Guild, a estimé qu’une bonne partie de ce qui s’est dit aujourd’hui dresse un triste tableau, mais le peuple de Porto Rico résiste et tente de s’organiser au sein de la diaspora.  Ce peuple est en prison, comme l’illustre Oscar López Rivera, a-t-elle ajouté, en rappelant que le cas de ce dernier est soulevé de plus en plus souvent: lors de la visite du pape François et lors des primaires démocrates.  Le prisonnier politique reçoit de nombreuses visites, a ajouté Mme Susler, avant de rappeler que près de 10 000 personnes ont défilé dans les rues de San Juan lors du trente-cinquième anniversaire de son arrestation.  Beaucoup de gens dans le monde demandent sa libération. 

Se présentant comme « citoyenne portoricaine-américaine résidant aux États-Unis », Mme DARLLEN GARCÍA, Generacion 51, a affirmé que le peuple portoricain ne peut s’exprimer.  Le 6 novembre 2012, 61% de la population a « voté pour la décolonisation », a-t-elle souligné, en demandant au Comité spécial d’examiner le cas de Porto Rico, « un apartheid moderne ».

M. JOSÉ NIEVES SEISE, Mouvement de réunification de Porto Rico avec l’Espagne, a déclaré que Porto Rico était une terre espagnole au même titre que les îles Canaries.  L’invasion américaine n’a eu comme conséquence que de briser l’intégrité territoriale de l’Espagne.  Nous ne pouvons parler d’autodétermination si on ignore la réunification, comme « droit naturel » du peuple de Porto Rico, a-t-il dit avant de juger qu’il est temps que les Portoricains retournent chez eux, auprès de leur mère patrie, l’Espagne. 

Mme GLORIA E. QUIÑONES VINCENTY, DiaspoRicans, a dressé le sombre tableau des Portoricains forcés de quitter leur terre et précisé qu’il y a autant de Portoricains aux États-Unis qu’à Porto Rico.  Nous avons maintenant une pyramide des âges inversée un taux de natalité au plus bas, s’est-elle alarmée.    

Les États-Unis contrôlent tout à Porte Rico, s’est lamentée Mme MARTHA QUIÑONES DOMÍNGUEZ, Sociedad Puertorriqueña de Planification.  Elle a fustigé la création de l’autorité de contrôle financier pour gérer la dette de Porto Rico.  Si les États-Unis disent que Porto Rico est une colonie américaine alors la dette ne relève pas de Porto Rico, a-t-elle plaidé.  Il a exhorté les États-Unis à indemniser Porto Rico pour la dégradation de l’environnement, soulignant que ce pays est le principal responsable de la dégradation économique et sociale de l’île.

Mme MARÍA DE LOURDES MARTÍNEZ AVILÉS, Collège des professionnels des œuvres sociales, a déclaré que les lois imposées de l’extérieur ont donné libre cours à des politiques publiques contraires aux intérêts du développement durable et entraînant une émigration massive.  La mise en place de l’autorité de contrôle financier est une confirmation du statut colonial de Porto Rico, a-t-elle asséné. 

Mme MYRNA VEDA PAGAN, Vidas Viequenses Valen, a fustigé les conséquences néfastes des activités militaires de la marine américaine et de ses alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui se sont traduites par le vol de terres, le déplacement des populations et la hausse du taux de mortalité compte tenu de la pollution générée par ces activités.  Elle a précisé que son mari et son fils sont morts dans leur trentaine de plusieurs cancers.  Chaque membre de ma famille a été diagnostiqué positif à la contamination aux métaux lourds, notamment au mercure, dont la présence est directement liée aux activités militaires sur l’île de Vieques.  « On parle de la dépollution de l’environnement, mais rien n’est prévu pour sauver les êtres humains », s’est-elle offusquée.

Déclarations

Le représentant de Cuba s’est félicité de la qualité d’une séance qui a permis d’entendre 22 pétitionnaires.  Il a exhorté le Président du Comité spécial à entendre la revendication du Parti indépendantiste de Porto Rico et à favoriser un dialogue entre les États-Unis et Porto Rico sur l’exercice du droit à l’autodétermination.  

Le Comité a pris note des propos du représentant cubain.

Le représentant du Venezuela a déclaré que Porto Rico est une cause latino-américaine  et que son pays appuie l’indépendance du territoire.  La Constitution de 1952 qui aurait dû asseoir l’autonomie de Porto Rico n’a finalement servi que de prétextes à l’entreprise coloniale des États-Unis.  Cette colonisation a eu des effets économiques et sociaux désastreux et le traitement fiscal dont bénéficient les entreprises américaines est contraire à l’intérêt des Portoricains.  Le représentant a demandé la libération du prisonnier politique portoricain le plus ancien, Oscar López Rivera.  Il a exhorté les États-Unis à entendre les appels du Comité spécial et à permettre à Porto Rico d’exercer son droit à l’autodétermination.

Le représentant de l’Équateur a indiqué que le 28 août 1972, le Comité spécial a approuvé une résolution historique par laquelle il inscrivait la question de Porto Rico dans la liste des territoires non autonomes.  Cette résolution, a-t-il insisté, couronnait une période de 20 ans pendant laquelle la Puissance occupante, les États-Unis, a manipulé le concept d’État libre associé.  En 1972, l’Équateur avait subi des pressions politiques et des menaces économiques pour qu’elle ne soutienne pas cette résolution.  Le droit du peuple de Porto Rico à l’autodétermination et à l’indépendance est inaliénable, a tranché le représentant avant de demander de nouveau au Gouvernement des États-Unis d’assumer la responsabilité qui lui incombe de prendre davantage de mesures pour permettre au peuple portoricain d’exercer pleinement ce droit.   

Le représentant du Nicaragua a rappelé le caractère latino-américain et caraïbe de Porto Rico.  Au vu des présentations des pétitionnaires, il apparait clairement que l’économie coloniale, reflet du statut de Porto Rico, est une catastrophe, a-t-il ajouté.  Les décisions récentes des plus hauts organes de pouvoir des États-Unis ne font que confirmer ce statut colonial.  Le Comité spécial doit donc redoubler d’efforts pour que l’Assemblée générale examine sous tous les aspects la situation coloniale de Porto Rico.  Le Nicaragua demande en outre la libération du prisonnier politique portoricain Oscar López Rivera, devenu en détention un éducateur et un artiste.  Il est important que le Comité spécial renouvèle cet appel en cette dernière année de présidence de M. Barack Obama.  Le Nicaragua espère une adoption par consensus du projet de résolution.

Le représentant de la Bolivie a déploré qu’après 70 ans d’existence, les Nations Unies ne soient pas encore parvenues à mettre fin au colonialisme.  Or, en juillet prochain, il y aura 118 ans que les États-Unis occupent Porto Rico, et ce, alors que 34 résolutions ont été adoptées en faveur de l’autodétermination de ce territoire.  Il est pourtant évident que le peuple de Porto Rico veut être libre.  Le représentant a dénoncé le fait que le Gouvernement des États-Unis veut désormais imposer de manière unilatérale une autorité de contrôle financier qui n’inclurait pas le Gouverneur de Porto Rico.  Il a conclu en appelant, à son tour, à la libération pour des raisons humanitaires d’Oscar López Rivera, détenu depuis 35 ans. Il a aussi appuyé le principe d’une visite du Comité spécial dans sa prison.  Nous ne serons pas totalement libres tant que Porto Rico ne sera pas libre, a ajouté le représentant, en demandant aux membres du Comité spécial d’adopter le projet de résolution par consensus. 

Le représentant de la République arabe syrienne a rappelé qu’il y a près de 38 ans que le Comité spécial se penche sur la question de Porto Rico et réaffirme son droit inaliénable à l’autodétermination.  Le représentant a demandé aux États-Unis d’assumer leurs responsabilités et d’accélérer l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple portoricain.  Il a souhaité que le projet de résolution soit adopté, comme les années précédentes, par consensus, sans oublier de réclamer la libération d’Oscar López Rivera, détenu « pour avoir simplement défendu le droit de son peuple ».

Intervenant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CARICOM, le représentant de la République dominicaine a rappelé que le peuple portoricain constitue une nation latino-américaine et caribéenne dotée de sa propre identité nationale comme l’a souligné le Sommet de Quito, le 27 janvier 2016.  « Nous nous engageons à travailler dans le cadre du droit international pour faire en sorte que la région d’Amérique latine et des Caraïbes soit débarrassée du colonialisme », a dit le représentant  

Adoption de la résolution intitulée « Décision du Comité spécial en date du 22 juin 2015 concernant Porto Rico » (A/AC.109/2016/L.6)

Le représentant de Cuba s’est félicité de ce que cette nouvelle résolution ait encore une fois été adoptée par consensus, ce qui démontre combien est grand l’appui au peuple de Porto Rico.  Il a rappelé qu’en 1968, à deux semaines d’intervalle, Cuba et Porto Rico ont pris des mesures similaires pour l’indépendance de leur pays.  Estimant que Porto Rico ne peut pas être considéré comme une « affaire intérieure » des États-Unis, le représentant a exhorté l’Assemblée générale à se prononcer le plus rapidement possible.  

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