La Cinquième Commission termine ses travaux 2016 en adoptant 16 projets de résolution dont l’esquisse budgétaire 2018-2019 estimée à 5,4 milliards de dollars
La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a achevé, cet après-midi, « trois heures plus tôt que l’année dernière », selon sa Présidente, les travaux de la partie principale de sa session par l’adoption de 16 recommandations à l’Assemblée générale dont une sur l’actualisation du budget 2016-2017 et une autre sur l’esquisse budgétaire 2018-2019.
Chiffrée à 5 milliard 395 000 000 dollars, l’esquisse budgétaire a été saluée par la représentante des États-Unis comme « une stabilisation » du budget depuis trois exercices biennaux consécutifs. La Commission a tout de même revu à la hausse le budget biennal 2016-2017, réévalué à 5,6 milliards de dollars, soit une augmentation de 205,4 millions de dollars par rapport au budget adopté en décembre 2015. Les 5,6 milliards de dollars couvriront aussi, en 2017, les besoins de 34 missions politiques spéciales estimés à 649,6 millions de dollars, dont 78 millions de dollars pour la nouvelle Mission des Nations Unies en Colombie.
Ce projet de résolution de 38 pages et de 19 chapitres a fait l’objet de trois propositions d’amendement, finalement rejetées, sur les incidences financières des résolutions du Conseil des droits de l’homme. Le Groupe des États d’Afrique s’est opposé au financement du mandat de l’expert indépendant sur la violence et la discrimination fondée, entre autres, sur l’orientation et l’identité sexuelles. Israël a voulu priver de ressources la résolution appelant à dresser la liste des entreprises israéliennes impliquées dans les colonies de peuplement. Enfin, Cuba a dit ne pas voir pourquoi des activités relatives à « la responsabilité de protéger », une notion qui n’a pas l’assentiment international, devrait être financée. L’Union européenne mais aussi la Suisse et la Norvège ont rappelé qu’il n’appartient pas à la Cinquième Commission de se prononcer sur des questions de fond, son mandat étant de fournir des ressources à la mise en œuvre des décisions prises par d’autres organes de l’ONU.
Parmi ses autres recommandations, la Cinquième Commission a réservé, dans le budget 2016-2017, une enveloppe de 98 millions pour le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), une de 2 millions pour celui du Rwanda (TPIR) et une dernière de 135,7 millions de dollars pour le Mécanisme international appelé à exercer leurs fonctions résiduelles.
Par ailleurs, la Commission a adopté pour la première fois en quatre ans un ensemble de recommandations sur la réforme de la gestion des ressources humaines, la mobilité, le système dit « des fourchettes optimales », la composition du Secrétariat de l’ONU, les questions de discipline, l’amendement au règlement du personnel et le Bureau de la déontologie.
En clôturant leurs travaux, de nombreuses délégations se sont inquiétées des retards chroniques dans la publication des documents. Le représentant de la Fédération de Russie a par exemple noté qu’à cause de ce problème, la Commission n’a pu programmer toutes ses réunions en octobre et en novembre. Sans les documents, a commenté son homologue du Japon, c’est la marge de manœuvre et la motivation des délégations qui se voient diminuées, sans compter l’incapacité de parvenir à un consensus dans les délais impartis. Nous devrions examiner la méthode de travail de la Commission et fixer un délai précis pour la parution des rapports du Secrétaire général, a insisté le représentant.
La Cinquième Commission reprendra sa session en mars 2017 et puis une nouvelle en mai, pour examiner exclusivement le financement des opérations de maintien de la paix.
ADOPTION DES PROJETS DE RÉSOLUTION DE LA CINQUIÈME COMMISSION
Rapports financiers et états financiers vérifiés et rapports du Comité des commissaires aux comptes (A/C.5/71/L.7)
Par ce projet de résolution, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de prier à nouveau le Secrétaire général et les chefs de secrétariat des fonds et programmes des Nations Unies de veiller à ce que les recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC) et celles connexes du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) soient promptement appliquées dans leur intégralité, de continuer à tenir les directeurs de programme responsables en cas de non-application de ces recommandations et de remédier aux causes profondes des problèmes constatés par le Comité des commissaires aux comptes.
L’Assemblée générale prierait d’ailleurs le Secrétaire général d’indiquer dans ses rapports dans quel délai et dans quel ordre il prévoit d’appliquer les recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC) et quels fonctionnaires devront en répondre.
Plan des conférences (A/C.5/71/L.12)
Dans ce texte, l’Assemblée devrait, selon sa Cinquième Commission, approuver le projet de calendrier révisé des conférences et des réunions de l’Organisation des Nations Unies pour 2017 et noter avec satisfaction la prise en compte des dispositions concernant le vendredi saint orthodoxe, les fêtes chômées de l’Eïd al-Fitr et de l’Eïd al-Adha, Yom Kippour, la Journée du Vesak, Diwali, Gurpurab et le Noël orthodoxe. S’agissant de l’utilisation des ressources, l’Assemblée devrait demander au Comité des conférences de tenir des consultations avec les organes qui ont régulièrement sous-utilisé les ressources qui leur étaient allouées au cours des six dernières années et de faire les recommandations qui s’imposent afin que les ressources affectées aux services de conférence soient utilisées au mieux.
L’Assemblée devrait aussi exhorter les organes intergouvernementaux dont le taux d’utilisation est inférieur à la norme de 80 pour cent depuis six ans à prendre ce taux en considération lorsqu’ils planifieront leurs sessions, de manière à atteindre la norme. Après le chapitre sur l’exploitation des technologies et l’évaluation de la qualité des services de conférence, le texte parle de la documentation et des publications, chapitre dans lequel l’Assemblée devrait, selon sa Commission, noter avec préoccupation que les documents destinés à la Cinquième Commission sont régulièrement publiés à une date tardive et rappelle le paragraphe 29 de sa résolution 70/247 du 23 décembre 2015. L’Assemblée devrait également s’inquiéter de devoir prier de nouveau le Secrétaire général de veiller à ce que les règles régissant la distribution simultanée des documents dans les six langues officielles soient strictement respectées. Elle devrait prier le Secrétaire général de solliciter de nouvelles contributions volontaires pour financer la numérisation des documents anciens importants de l’Organisation, notamment en faisant appel à de nouveaux donateurs.
Quant aux questions relatives aux services linguistiques, l’Assemblée devrait prier le Secrétaire général de continuer de veiller à ce que la terminologie employée par les services de traduction et d’interprétation corresponde aux normes linguistiques et terminologiques les plus récentes des langues officielles, afin que les prestations fournies soient de la plus haute qualité. Le Secrétaire général devrait être prié de veiller à ce que tous les services linguistiques soient placés sur un pied d’égalité.
La Commission recommande ensuite à l’Assemblée de noter le développement d’un système expérimental de traduction automatique statistique (Tapta4UN) destiné à accélérer la traduction de certaines catégories de documents de qualité. Le Secrétaire général serait prié de continuer à alimenter et tenir à jour le portail terminologique mondial pour que le personnel de l’ONU, les États Membres et le grand public puissent l’utiliser, le but étant l’harmonisation de la terminologie employée dans tous les Centres de conférence de l’ONU.
Le Secrétaire général devrait aussi pourvoir les postes vacants dans les services linguistiques, notamment dans les services de traduction, dans les meilleurs délais et de tout faire pour faciliter la participation des candidats de toutes les régions, en ouvrant si possible des centres d’examen à proximité des lieux où se trouvent ces candidats.
Gestion des ressources humaines (A/C.5/71/L.11)
S’agissant de la réforme de la gestion des ressources humaines, la Commission recommande à l’Assemblée de prier le Secrétaire général de continuer à moderniser, à rationaliser et à intégrer les différentes structures de gestion de ces ressources au sein de l’ONU, de garantir l’égalité de traitement pour les candidats aux compétences similaires, de trouver les raisons pour lesquelles le délai de 120 jours pour pourvoir un poste n’est toujours pas respecté, de revoir sa proposition de remplacer l’examen général actuel par un test général sur les capacités cognitives et sociales, d’actualiser son rapport sur les progrès enregistrés dans la parité au sein du personnel et d’introduire un cadre plus sophistiqué pour l’évaluation des performances.
Concernant la mobilité, l’Assemblée devrait demander au Secrétaire général d’analyser la mise en œuvre du premier exercice de mobilité, de donner des détails sur sa proposition d’inclure d’autres lieux d’affectation à cette politique de mobilité et d’assurer une application cohérente et transparente des critères d’exception.
Le texte parle des systèmes de fourchette souhaitable avant de s’attarder sur la composition du Secrétariat de l’ONU. Ici la Commission recommande à l’Assemblée de prier le Secrétaire général d’inverser la tendance du taux élevé des postes de direction par rapport aux grades inférieurs et de réduire le recours aux consultants. Pour ce qui est des questions de discipline, l’Assemblée devrait, selon sa Commission, prier le Secrétaire général de finaliser la circulaire administrative sur ces questions.
L’Assemblée devrait aussi amender le règlement 3.2 du personnel qui stipulerait que les paiements incitatifs pour le recrutement d’experts très spécialisés doit se faire sous les conditions fixées par le Secrétaire général et que ce paiement ne devrait pas dépasser 25% du salaire annuel de base.
Quant aux activités du Bureau de déontologie, l’Assemblée devrait prier le Secrétaire général de continuer à encourager les hauts fonctionnaires à divulguer leurs biens, à collecter toutes les données relatives aux cadeaux et autres présents reçus par les fonctionnaires et de suivre la tendance en la matière. Le Secrétaire général devrait aussi finaliser sa politique sur la protection contre les représailles, en assurer une rapide mise en œuvre et promouvoir une culture organisationnelle dans laquelle un fonctionnaire ne craint pas de dénoncer un acte délictuel et dans laquelle ceux qui en sont responsables sont punis.
Régime commun des Nations Unies (A/C.5/71/L.15)
Par ce texte, l’Assemblée générale est priée de réaffirmer son rôle dans l’approbation des conditions de service et des prestations sociales pour l’ensemble du personnel des organisations appliquant le régime commun des Nations Unies, gardant à l’esprit les articles 10 et 11 des statuts de la Commission. S’agissant du versement à la cessation de service, l’Assemblée regretterait qu’aucune décision n’ait été prise sur la question des indemnités de départ pour le personnel à durée déterminée durant les 64e et 65e sessions de l’Assemblée générale. Pour ce qui est de l’évolution de la marge de rémunération et de la gestion de la marge autour du point médian considéré comme souhaitable, l’Assemblée demanderait à sa Cinquième Commission de donner d’autres informations.
Régime des pensions des Nations Unies (A/C.5/71/L.6)
Si elle adopte ce texte, l’Assemblée générale noterait que l’évaluation actuarielle fait apparaître au 31 décembre 2015 un excédent égal à 0,16% de la masse des rémunérations considérées aux fins de la pension et soulignerait, à cet égard, qu’il importe de continuer à obtenir, à long terme, un taux de rendement réel de 3,5% par an de façon à assurer la solvabilité future de la Caisse des pensions.
La Caisse, demanderait l’Assemblée, doit remédier aux insuffisances décelées par le Comité des commissaires aux comptes (CCC) en ce qui concerne les postes de direction non pourvus, la gestion des risques, la gestion des investissements, les gérants de portefeuille externes, la gestion du versement des prestations et certaines procédures administratives.
L’Assemblée soulignerait aussi que le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) doit rester le seul organe de contrôle interne du secrétariat et des investissements de la Caisse et que toute modification dudit mandat reste sa seule prérogative. L’Assemblée générale constaterait par ailleurs avec une vive inquiétude que certains nouveaux bénéficiaires et retraités de la Caisse continuent d’être payés en retard et soulignerait à nouveau que le Comité mixte doit faire le nécessaire pour que la Caisse règle les problèmes qui causent ces retards. À cet égard, le Secrétaire général devrait inviter les chefs de secrétariat des organisations affiliées à prendre les mesures appropriées, notamment en accélérant le traitement de l’information pour les nouveaux bénéficiaires et les retraités.
Administration de la Justice des Nations Unies (A/C.5/71/L.13)
Par ce texte de 10 pages, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de demander au Secrétaire général de présenter dans son prochain rapport les mesures prises pour renforcer les mesures de protection contre les représailles.
Pour ce qui est du système informel d’administration de la justice, l’Assemblée générale devrait souligner l’importance pour le personnel et les cadres de bien comprendre la gestion des conflits afin de les anticiper. Pour ce qui est du système formel, l’Assemblée devrait, selon sa Commission, demander aussi au Secrétaire général de continuer à assurer la redevabilité des cadres pour toute négligence grave.
L’Assemblée générale devrait enfin demander au Secrétaire général de continuer de suivre les données du Groupe du contrôle hiérarchique et du Tribunal du contentieux administratif des Nations Unies afin d’identifier les tendances émergentes.
Financement du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) (A/C.5/71/L.10)
Par ce texte, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de charger le Bureau des services de contrôle interne de réaliser les dernières opérations de contrôle concernant le Tribunal, visant, entre autres, l’efficacité de la liquidation. Elle devrait prier le Secrétaire général de tirer les enseignements de cette liquidation et l’approuver
le montant définitif des crédits ouverts pour l’exercice biennal 2016-2017, d’un montant brut de 2 086 100 dollars (montant net: 1 978 800 dollars) ainsi que le transfert et l’imputation d’un montant brut de 3 726 700 dollars (montant net: 3 466 000 dollars), destiné à couvrir la partie du montant estimatif des dépenses totales et, le cas échéant, des dépenses supplémentaires venant en sus des crédits ouverts pour le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux.
Financement du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) (A/C.5/71/L.8)
Par ce projet de résolution, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de décider qu’une fois achevés les travaux de fond du Tribunal, les opérations de liquidation résiduelles seront menées par le Mécanisme international et qu’un crédit d’un montant brut de 98 064 000 dollars (montant net: 86 917 900 dollars) soit ouvert pour l’exercice 2016-2017.
Financement du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux (A/C.5/71/L.9)
Par ce texte, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée d’adopter un montant brut de 135 747 700 millions de dollars, contre 125 153 500 dollars initialement approuvé pour l’exercice biennal 2016-2017. L’Assemblée générale devrait, selon sa Commission, noter que les dépenses venant en sus des crédits ouverts au budget du TPIR d’un montant de 3 700 000 dollars ont été imputées sur le budget du Mécanisme, et prier le Secrétaire général de lui rendre compte, dans son deuxième rapport sur l’exécution du budget du Mécanisme.
Examen du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (A/C.5/71/L.14)
Ici, la Commission recommande à l’Assemblée de demander au Secrétaire général de profiter de la colocation du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour continuer à optimiser l’efficacité des soutiens administratifs communs et pour inclure les informations pertinentes dans le cadre de la soumission des prochains budgets.
Financement de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) (A/C.5/71/L.18)
Par ce texte, l’Assemblée générale est appelée à allouer à l’Opération un budget annuel de 171 937 848 dollars pour la période allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017.
Incidences budgétaires sur le budget biennal 2016-2017 (A/C.5/71/L.16)
Par ce projet, la Cinquième Commission informe l’Assemblée des incidences budgétaires de 692 000 dollars d’un projet de résolution de sa Première Commission sur les négociations multilatérales en matière de désarmement nucléaires et de 289 000 dollars d’un autre projet de résolution relatif au traité d’interdiction de la production de matière fissile.
L’Assemblée aurait aussi à débloquer une somme de 326 300 dollars pour l’enquête sur les circonstances de la mort de Dag Hammarskjöld, 254 300 dollars pour le nouvel agenda urbain et 748 100 dollars pour le droit de la mer.
Questions spéciales relatives au budget programme biennal 2016-2017 (A/C.5/71/L.19)
Avant l’adoption sans vote de ce projet de résolution de 38 pages et 19 chapitres, la Cinquième Commission a rejeté trois projets d’amendement présentés par le Groupe des États d’Afrique, Israël et Cuba. L’amendement du Groupe africain visait à s’opposer au financement des activités relatives à la question de l’orientation et de l’identité sexuelles, celui d’Israël, à s’opposer au financement de la mise en œuvre d’une résolution du Conseil des droits de l’homme appelant à dresser la liste des entreprises israéliennes impliquées dans les colonies de peuplement, et celui de Cuba, au financement des activités relatives à la « responsabilité de protéger ».
Proposition d’amendement du Groupe des États d’Afrique
Au nom du Brésil, du Chili, de la Colombie, du Costa Rica, du Salvador, du Mexique et de l’Uruguay, la représentante de l’Argentine a dit craindre la mise en péril du mandat proposé par l’expert indépendant contre la violence et la discrimination. Elle a rappelé que ce Groupe a déjà essayé de bloquer les choses à la Troisième Commission et à la Plénière, des tentatives rejetées par les autres groupes régionaux qui reconnaissent l’intégrité et l’indépendance du Conseil des droits de l’homme.
La Cinquième Commission, a martelé la représentante, n’est pas l’enceinte appropriée pour débattre des questions de fond relevant d’une autre instance. Un vote sur les prévisions budgétaires du Conseil des droits de l’homme serait, a prévenu la représentante, une violation du principe de base de la Cinquième Commission qui est d’assurer la pleine application des mandats par la mise à disposition des ressources nécessaires. Demandant « un vote enregistré », la représentante a dit craindre pour l’intégrité du processus budgétaire.
Son homologue de la Norvège a renchéri en soulignant que le rôle de la Cinquième Commission est de se prononcer sur les financements nécessaires à la mise en œuvre des mandats et non de les remettre en question.
S’opposant également à l’amendement, la représentante des États-Unis a jugé que le mandat de l’expert indépendant établi par la résolution 32/2 du Conseil des droits de l’homme est un pas en avant pour améliorer les conditions de vie de millions de gens, dont les LGTB.
Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Slovaquie s’est aussi opposé à cet amendement, en expliquant, à son tour, que la Cinquième n’est pas le lieu pour discuter de questions de fond examinées par d’autres organes. La résolution 32/2 du Conseil des droits de l’homme a été adoptée conformément à son mandat et dans le respect des règles et procédures, a-t-il insisté avant de déplorer l’opposition du Groupe africain et l’introduction « d’éléments politiques » dans une Commission dont le mandat porte exclusivement sur les questions budgétaires.
Le représentant de la Suisse a également rejeté l’amendement, avant que son homologue du Cameroun n’explique que l’amendement ne s’attaque pas à des questions de fond mais illustre au contraire le souci de ne gaspiller des ressources financières précieuses. En outre, le Groupe des États d’Afrique n’a pas demandé de vote mais souhaite se limiter à un amendement oral.
L’amendement a finalement été rejeté par 82 voix contre, 65 voix pour et 16 abstentions.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant du Burkina Faso a dit respecter les résultats du vote et a tenu à souligner que la notion d’orientation et d’identité sexuelles n’a pas encore de fondement juridique en droit international. Le mandat de l’expert risque de polariser davantage les États Membres, a prévenu le représentant, en indiquant d’emblée que son Groupe se dissocie d’emblée du mandat de l’expert indépendant et qu’il se réserve le droit de prendre toutes les dispositions pratiques nécessaires pour le respect des législations nationales.
Projet d’amendement d’Israël
Les représentants de Cuba et du Groupe des États arabes se sont fermement opposés à cet amendement visant à refuser les ressources nécessaires à l’établissement de la liste des entreprises israéliennes qui travaillent dans les colonies de peuplement, conformément à la demande du Conseil des droits de l’homme
Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Slovaquie s’est également opposé à l’amendement, ajoutant que la Cinquième Commission n’est pas l’enceinte appropriée pour se pencher sur des questions de fond examinées par d’autres instances. Nous sommes préoccupés par l’introduction « d’éléments politiques » dans les travaux de la Cinquième Commission, a-t-il avoué.
Les représentantes de la Suisse et de la Norvège ont adopté la même position, rappelant que la Cinquième Commission doit se limiter aux questions administratives et budgétaires.
L’amendement a été rejeté par 151 voix contre, 6 voix pour (Australie, Canada, États-Unis, Guatemala, Israël et Palaos) et 6 abstentions (Cameroun, Côte d’Ivoire, Géorgie, Ghana, Honduras, République centrafricaine).
Proposition d’amendement de Cuba
Dans le cadre de l’examen du financement des missions politiques spéciales et notamment du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général sur la prévention du génocide, le représentant de Cuba a tenu à rappeler qu’il n’y a pas d’accord international sur la définition de la notion de « responsabilité de protéger » ni sur son champ d’application et encore moins sur d’éventuels indicateurs de résultats.
Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Slovaquie a dit qu’il revient à la Cinquième Commission de veiller à ce que les organes de l’ONU obtiennent les moyens de fonctionner et non de débattre du fond des mandats adoptés.
Les représentants de l’Iran et du Nicaragua ont appuyé l’amendement cubain, arguant que « la responsabilité de protéger » doit s’appuyer sur la reconnaissance claire des principes de souveraineté nationale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.
Leur homologue de la Syrie a déclaré que la question de la protection est une des questions les plus controversées et que l’application de « la responsabilité de protéger » constitue une violation flagrante des principes de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale.
L’amendement a été rejeté par 82 voix contre, 25 voix pour et 46 abstentions.
Après l’adoption de la résolution A/C.5/71/L.19, le représentant d’Israël s’est dissocié de la décision d’allouer un budget à la résolution du Conseil des droits de l’homme qu’il a qualifiée d’« anti-israélienne ». Cette résolution qui appelle à dresser la liste des entreprises impliquées dans les colonies de peuplement est « sans précédent ».
Le représentant de la Fédération de Russie a regretté l’adoption des incidences budgétaires de la résolution sur les activités relatives à « la responsabilité de protéger » dont la notion n’est pas clairement définie. Il a affirmé que ces activités ont été approuvées « sans l’accord préalable des délégations ».
Budget 2016-2017 (A/C.5/71/L.20)
En adoptant ce projet de résolution, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’adopter un projet de budget biennal révisé 2016-2017 d’un montant de 5 milliards 614 162 000 soit une augmentation de 205 millions 442 500 dollars par rapport au budget de 5 milliards 408 719 500 adopté en décembre 2015.
Esquisse budgétaire 2018-2019 (A/C.5/71/L.17)
Ici la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale que le projet de budget biennal 2018-2019 recoure à la méthodologie existante pour l’actualisation des coûts.
Par ailleurs, l’Assemblée générale devrait décider que le fonds de réserve de l’exercice biennal 2018-2019 représentera 0,75% des estimations préliminaires, soit 40 millions 462 500 dollars.
Par ce texte, l’Assemblée générale devrait aussi décider que les priorités de l’ONU pour la période 2018-2019 seront la promotion d’une croissance économique soutenue et d’un développement durable, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et aux décisions issues des récentes conférences des Nations Unies; le maintien de la paix et de la sécurité internationales; le développement de l’Afrique; la promotion des droits de l’homme; la coordination efficace des opérations d’aide humanitaire; la promotion de la justice et du droit international; le désarmement; le contrôle des drogues, prévention de la criminalité et la lutte contre le terrorisme international sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.
Questions reportées (A/C.5/71/L.21)
La Cinquième Commission recommande enfin à l’Assemblée générale de reporter l’examen du Réseau des coordonnateurs résidents, des enseignements tirés de l’utilisation du fonds de réserve, et de la lutte contre les abus sexuels et l’exploitation sexuelle commis par le personnel de l’ONU.
Déclarations de clôture
La représentante de la Thaïlande a rappelé que, ces trois derniers mois, la Cinquième Commission a passé de « nombreux jalons », citant notamment la garantie d’un appui à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, un an après leur adoption. Elle s’est, à ce titre, félicitée de ce que des ressources soient allouées aux commissions régionales et à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). La représentante a également salué le succès des négociations sur la réforme de la gestion des ressources humaines, espérant que la résolution pertinente offrira des orientations au Secrétaire général en vue d’une répartition juste et équitable des fonctionnaires issus des pays en développement, des femmes et les jeunes. En conclusion, elle a félicité la Présidente de la Cinquième Commission qui a « prouvé à ceux qui s’étaient montrés perplexes qu’elle a bien été à la hauteur de ses fonctions »
Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant du Tchad a aussi félicité la Présidente de la Commission pour sa « philosophie de travail » et l’excellente façon dont elle a guidé les travaux. « Vous avez permis aux délégations de présenter leur point de vue de façon souple et transparente », s’est-il réjoui, remerciant au passage les membres du Bureau et le Secrétariat de la Commission pour leur dévouement et leur persévérance. Rappelant que certaines délégations ont fait des « sacrifices », il a salué le travail mené dans les domaines de la gestion des ressources humaines, du budget 2016-2017, de l’appui au Programme 2030 et au Plan d’action d’Addis-Abeba et des missions politiques spéciales. Malgré ces succès, il a déploré les retards dans la publication de certains documents, ce qui a eu, selon lui, des effets néfastes sur la tenue des débats.
Son homologue de l’Union européenne a également salué les résultats « extraordinaires » de la Commission, se réjouissant de la prorogation de certaines missions politiques spéciales et rappelant leur complexité et leur importance pour les droits de l’homme et l’état de droit. Il s’est dit convaincu qu’il faut faire plus pour que le Secrétariat puisse appuyer les programmes de développement et s’est inquiété de l’incapacité de la Commission d’organiser des consultations sur la modification de la structure régionale du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. À cet égard, il s’est dit préoccupé de la tendance constante à remettre en cause des budgets déjà approuvés et de questionner des décisions adoptées par d’autres organes des Nations Unies.
S’agissant de la résolution sur l’esquisse budgétaire, le représentant a estimé qu’elle permettra au Secrétaire général de s’acquitter de ses mandats, tout en maintenant une discipline budgétaire. Le représentant n’a pas manqué de saluer le travail sur la question de la réforme de la gestion des ressources humaines, qui, selon lui, offrira des instruments propres à harmoniser et à rationaliser la politique des ressources humaines. Il a conclu en regrettant le report de l’examen de certaines questions dont celles sur le Réseau des coordonnateurs résidents.
La représentante des États-Unis a estimé que l’esquisse budgétaire d’un montant de 5,395 milliards de dollars pour la période 2018-2019 reflète totalement et correctement le niveau de ressources demandées. Cette esquisse, s’est-elle réjouie, souligne notre effort commun en faveur de la discipline budgétaire car c’est le troisième exercice biennal consécutif qui voit le niveau du budget inchangé. Il est important, a-t-elle poursuivi, de noter que les bénéfices que nous commençons à réaliser après les investissements dans Umoja sont reflétés dans l’esquisse budgétaire 2018-2019.
Notre décision sur le dispositif de prestation de services centralisés rassemble les différentes initiatives « transformationnelles » qui permettront à l’ONU de rationaliser et de consolider ses services de manière rentable. Ce dispositif exige plus de réflexion sur sa mise en œuvre mais conceptuellement, c’est une étape « logique et financièrement responsable ». La représentante a ensuite estimé que le cadre global de la gestion des ressources humaines, qui sera présentée à la soixante-treizième session, permettra à l’ONU d’établir des priorités et de mieux aligner le capital humain sur les exigences des mandats présents et futurs. Durant cette session, a-t-elle résumé, la Commission a pris d’importantes décisions sur plus de 30 missions politiques spéciales, y compris la Syrie, la Libye, l’Iraq et l’Afghanistan ainsi que des décisions sur l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).
Le représentant du Japon a parlé du grave impact de la parution tardive des documents. Cette question, a-t-il affirmé, constitue un défi supplémentaire pour les États Membres puisque sans documents c’est la marge de manœuvre et la motivation qui se voient diminuées, sans compter l’incapacité de parvenir à un consensus dans les délais impartis. Nous devrions examiner la méthode de travail de la Commission et fixer un délai précis pour la parution des rapports du Secrétaire général, a insisté le représentant.
Son homologue du Mexique a salué le fait que la Commission ait pu terminer ses travaux avant Noël et sur un consensus. Il s’est félicité de l’accord sur les ressources humaines, l’esquisse budgétaire et les missions politiques spéciales, et plus particulièrement la Mission des Nations Unies en Colombie.
Le représentant de la Chine s’est à son tour félicité que la Commission soit parvenue au consensus notamment sur la question de la gestion des ressources humaines. Cela montre, s’est-il réjoui, la volonté des États Membres de renforcer le rôle des Nations Unies et son administration interne. Il s’est dit particulièrement heureux de l’appui apporté à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et à Umoja, le progiciel de gestion intégré. Il a salué le fait que les États Membres ont convenu de leur appui à la Mission des Nations Unies en Colombie.
Le représentant de la République de Corée a estimé que l’ONU est à la croisée des chemins avec l’entrée en fonctions d’un nouveau Secrétaire général en janvier. Ma délégation, a-t-il affirmé, continuera de dialoguer de façon constructive dans le cadre de la Commission.
Son homologue de la Colombie a remercié les délégations pour le soutien et les ressources financières accordées à la Mission des Nations Unies en Colombie, qui « permettront d’avancer sur la voie de la paix durable que nous attendons tous ». Au nom des 47 millions de Colombiens, a-t-il poursuivi, nous vous remercions pour votre geste et vos marques d’appui pour bâtir la paix et l’avenir de notre pays.
Au nom de l’Australie et de la Nouvelle Zélande, le représentant du Canada s’est dit ravi que des décisions aient permis la mise en œuvre des trois piliers de l’ONU: paix et sécurité, développement et droits de l’homme. Il s’est dit particulièrement heureux de l’appui à la Mission des Nations Unies en Colombie, tout en saluant le fait que le Conseil des droits de l’homme recevra les ressources qu’il lui faut. Le représentant s’est félicité du soutien apporté au modèle global de prestations de service et a estimé qu’il faut faire plus pour rapprocher l’ONU des pays et des personnes qui cherchent son soutien. « Nous travaillerons pour débloquer le potentiel de l’ONU dans les sessions à venir », a-t-il conclu.
Enfin, le représentant de la Fédération de Russie a salué les décisions consensuelles de la Commission, en relevant que la session a été « particulièrement complexe ». Il a par exemple déploré qu’elle ne soit pas parvenue à organiser des réunions durant 11 jours en octobre et en novembre à cause des documents manquants. « C’est un problème grave qui requiert une attention prioritaire », a-t-il prévenu, en se disant néanmoins satisfait de l’adoption de plusieurs résolutions, notamment celle sur Umoja, le progiciel de de gestion intégrée.
« Malgré les retards, la Cinquième Commission a terminé ses travaux 3 heures plus tôt que l’année dernière », s’est félicitée la Présidente.